tag:blogger.com,1999:blog-47658479275915900042024-03-06T03:45:05.159+01:00Les PARIS d'Alain RustenholzPiéton de passage ("Traversées de Paris"), parisographe du taf ("Paris ouvrier"), tous derrière et lui devant ("Paris des avant-gardes"), grand sens de l'orientation ("Paris des pas perdus"), que vous soyez parisien ou "Parisienne(s)", je vous balade de n'importe où au boulevard Voltaire et de là au quai du même nom ("Paris la ville rêvée de Voltaire"). A l'occasion, j'actualise ici tel ou tel de mes livres.Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comBlogger137125tag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-52090024002307146932024-02-05T15:23:00.002+01:002024-02-22T21:33:59.635+01:00LES BARRICADES DES MISÉRABLES, OU LA LUTTE DES CLASSES COMME MALADIE AUTO-IMMUNE DU PEUPLE<p>
</p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i>Quand deux
soixante-huitards, nés donc quarante-huitards (dix-neuf-cent-), se penchent sur
une Révolution centenaire à leur naissance, est-ce parce que ça sent très fort
le 18 Brumaire ?</i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Viennent de
paraître, à deux mois d’écart, <i>Du drapeau rouge à la tunique bleue</i>, ma
biographie historique de deux mécaniciens ferroviaires, <b>Charles Marche</b> et <b>Jean-Jacques
Witzig</b>, grévistes de ce Mai-là, et la déambulation vagabonde d’<b>Olivier Rolin</b>
derrière deux chefs-barricadiers de Juin, exilés duellistes <i>Jusqu’à ce que
mort s’ensuive </i>: <b>Emmanuel Barthélemy</b>, mécanicien lui aussi, et <b>Frédéric
Cournet</b>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Dans la
distribution travestie de 1848, deux de nos personnages se sont vu donner pour
nom de scène Spartacus. <b>Lamartine</b> décrit Marche en « Spartacus de cette
armée de prolétaires intelligents » qui, le 25 février, « força les
consignes, pénétra en vociférant, en brandissant toutes sortes d’armes, entoura
et pressa le gouvernement ». En Barthélemy, <b>Alexandre Herzen</b> décelait
« une soif inextinguible, à la Spartacus, d’un soulèvement de la classe
ouvrière contre la classe moyenne. Cette pensée était chez lui inséparable d’un
désir sauvage d’exterminer la bourgeoisie. »</span><span style="font-size: xx-small;"><a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[1]</span></span></span></span></a></span><span style="font-size: large;">
[Bourgeoisie et classe moyenne sont alors, chez <b>Marx</b> également, synonymes.] </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6B7-IDmCIVGsL_oyiqYUPS4gF3luFhdWMZT_WurrJfG6qMxbea27QDUCYO2wA62PjBuhjPm5PFujlbF7W7SlIfV3cvB3p0YqD9j49swOVQoN7hIHTYswf3emjsyZcyEzAGHJhKMe5o32Wwx0JLOOdKnGVFzc3rAO7OkHej14EgS8iy3ck-XkbWU3PQO8/s1554/4decouvpoche.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1554" data-original-width="1089" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6B7-IDmCIVGsL_oyiqYUPS4gF3luFhdWMZT_WurrJfG6qMxbea27QDUCYO2wA62PjBuhjPm5PFujlbF7W7SlIfV3cvB3p0YqD9j49swOVQoN7hIHTYswf3emjsyZcyEzAGHJhKMe5o32Wwx0JLOOdKnGVFzc3rAO7OkHej14EgS8iy3ck-XkbWU3PQO8/w448-h640/4decouvpoche.png" width="448" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">En Barthélemy, quelque chose de Spartacus, selon le <i>Times</i><br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br />« Les
héros, ainsi que les partis et les masses de la première Révolution française
accomplirent sous le costume romain et avec des phrases romaines la tâche de
leur époque », écrit Marx dans le <i>18 Brumaire</i>. Ceux de la
seconde Révolution avaient adopté costumes et mots de la première mais,
concernant les ouvriers mécaniciens, ces êtres que leurs pères n’avaient pas
connus, ils en étaient restés au romain !</span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Pour un
troisième de nos personnages, <b>Victor Hugo</b> osa la mise en abyme : « il
y avait en Cournet quelque chose de <b>Danton</b>, comme, à la divinité près, il y
avait en Danton quelque chose d'Hercule. »</span><span style="font-size: xx-small;"><a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[2]</span></span></span></span></a></span><span style="font-size: large;">
Il avait oublié, ce faisant, l’autre membre de son duo funèbre, Barthélemy. Aussi
<b>Charles Hugo</b>, l’un de ses fils, se hâta-t-il de réparer l’étourderie :
« Il y avait quelque chose de Santerre dans Cournet, et il y avait dans
Barthélémy quelque chose de <b>Hébert</b>. »</span><span style="font-size: xx-small;"><a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[3]</span></span></span></span></a></span>
</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">On a cité Marx
mais c’est <b>Engels</b> qui, au lendemain même du coup d’état, avait refilé à son
compère l’idée d’une répétition hégélienne de l’histoire, mais de tragique en
bouffon : « piètre farce, <b>Caussidière</b> pour Danton, <b>Louis Blanc</b> pour
<b>Robespierre</b>, Barthélemy pour <b>Saint-Just</b>, <b>Flocon</b> pour <b>Carnot</b>, et l’autre avorton
et ses douze premiers venus de lieutenants criblés de dettes pour le petit
caporal et ses maréchaux de la Table ronde. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Bon, si on
voulait trouver un peu d’authenticité, il y avait du décapage à faire. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Concernant les
têtes d’affiche, <b>Blanqui</b> s’était déjà chargé de dire que derrière les farceurs,
il y avait des assassins, et derrière leurs dindons des morts. Barthélemy lui
ayant demandé un toast pour le banquet des Égaux, qui allait, à l’Highbury Barn
Tavern de Londres, célébrer le troisième anniversaire de la proclamation de la
république, le prisonnier de Belle-Île avait envoyé ceci :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">« Quel
écueil menace la révolution de demain ? </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">L'écueil où
s'est brisée celle d'hier : la déplorable popularité de bourgeois déguisés en
tribuns. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><b>Ledru-Rollin</b>,
Louis Blanc, <b>Crémieux</b>, Lamartine, <b>Garnier-Pagès</b>, Dupont de l'Eure, Flocon,
<b>Albert</b>, <b>Arago</b>, Marrast ! </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Liste funèbre !
Noms sinistres, écrits en caractères sanglants sur tous les pavés de l'Europe
démocratique. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">C'est le
gouvernement provisoire qui a tué la Révolution. C'est sur sa tête que doit
retomber la responsabilité de tous les désastres, le sang de tant de milliers
de victimes. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">La réaction n'a
fait que son métier en égorgeant la démocratie. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Le crime est
aux traîtres que le peuple confiant avait acceptés pour guides et qui l'ont
livré à la réaction. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Évidemment, le toast
n’a pas été lu aux quelque 700 présents recensés par le <i>Morning Post</i>,
Louis Blanc étant l’un des parrains de l’évènement, aux côtés de réfugiés
blanquistes et de cette fraction de la ligue des Communistes que Marx-Engels
nomment « la clique <b>Willich</b>-<b>Schapper</b> », — laquelle va d’ailleurs expulser
<i>manu militari</i> du banquet les deux représentants de la fraction marxienne.
Mais cet Avis au peuple (le titre du toast), ayant été publié par des journaux
français, Louis Blanc dira d’abord qu’il s’agit d’une supercherie blanquiste :
le soi-disant toast n’aurait jamais été envoyé ; Barthélémy avouera
ensuite l’avoir reçu mais avoir préféré le garder pour lui ; enfin, Vidil
révèlera qu’au contraire, le texte en a bien été porté à la connaissance du
comité d’organisation qui, par 7 voix sur 13, s’est prononcé contre sa lecture
publique. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Marx et Engels
sautent sur l’aubaine, le traduisent et le diffusent à quelque trente mille
exemplaires en Allemagne comme en Angleterre.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Ça donne une
idée de l’ambiance dans ce petit monde de l’exil que l’on voit, lorsqu’il n’est
pas en train de commémorer, passer du salon de la baronne <b>von Brüning</b>, sur les
hauteurs de St John's Wood, — à lire <b>Carl Schurz</b></span><span style="font-size: xx-small;"><a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[4]</span></span></span></span></a></span><span style="font-size: large;">,
Barthélemy y jette un froid certain —, à la salle d’armes de Rathbone Place,
sur Oxford Street (fleuret, épée et sabre, y compris d’estoc, au grand dam des
Allemands qui prohibent cet emploi du sabre, hélas pour eux la salle est
française ! ; pistolet), — <b>Wilhelm Liebknecht</b></span><span style="font-size: xx-small;"><a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[5]</span></span></span></span></a></span><span style="font-size: large;">
y mène de fréquent assauts contre Barthélemy, et y voit Marx de temps en temps,
affrontant des Français, réussir à compenser son manque de technique par beaucoup
d’ardeur. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Barthélemy passera
ainsi quelque cinq ans à Londres, sous les yeux des deux sexes, Madame Marx,
qu’il effraye, la baronne Bruning, qu’il glace, <b>Malwida von Meysenbug</b>,
préceptrice des filles d’Alexandre Herzen, qu’il charme : « L'impression
que me fit cet homme fut si forte, que Herzen, qui l'avait trouvé très
intéressant lui-même, se moqua de mon enthousiasme. »</span><span style="font-size: xx-small;"><a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[6]</span></span></span></span></a></span><span style="font-size: large;">
Et les regards de Herzen, donc, et de Charles Hugo, de Liebknecht, futur
fondateur du SPD et de la IIe Internationale, ou encore de Schurz. Tout cela
hors de tout évènement, dans le cadre de la vie sociale ordinaire, ce qu’il
faut pour une bonne peinture de caractère.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Par opposition,
Marche ne nous est connu que dans le moment de son irruption du 25 février. Les
hommes qui lui font face, Lamartine, Louis Blanc, Garnier-Pagès, etc., diront
dans quels termes, sur quel ton, avec quels gestes il a revendiqué le droit au
travail, et ils ne diront que cela. Sa biographie est matérialiste, tirée de
ses seuls faits et gestes chacun dans son contexte, et <i>Du drapeau rouge à la
tunique bleue</i> quasi totalement inédit.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7xVZZbUOLscWSO6EAOlz0CxURE0pRs8TeSR040huq3zaVrdgS4msM-C91Hk15jFdtMC8Q2WpOWaxLqCgwJjnFg-XwM0QFsFe0aHQ9qvk9Pjr2KTuyJtwnVD8YLyF0d1Apmi3Q8OozNdCrfQqOuFdeV-Q-Eg-BtLRnyen7S-D_Vt2NxBhFbdMkaMPvE6g/s1512/CrimeThink.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1512" data-original-width="921" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7xVZZbUOLscWSO6EAOlz0CxURE0pRs8TeSR040huq3zaVrdgS4msM-C91Hk15jFdtMC8Q2WpOWaxLqCgwJjnFg-XwM0QFsFe0aHQ9qvk9Pjr2KTuyJtwnVD8YLyF0d1Apmi3Q8OozNdCrfQqOuFdeV-Q-Eg-BtLRnyen7S-D_Vt2NxBhFbdMkaMPvE6g/w390-h640/CrimeThink.png" width="390" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La couv. de la brochure de CrimethInc (2016)<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br />À Londres,
Barthélemy était arrivé de surcroît en évadé de la prison des Conseils de
guerre de la rue du Cherche-Midi, et il y finirait au bout d’une corde pour le
meurtre de deux importuns qui s’étaient mis en travers de sa route alors qu’il
partait assassiner <b>Napoléon III</b>. Entre temps, il avait été le témoin de
Willich dans un duel logiquement tenu aux frontières, sur une plage belge, et
le vainqueur d’un autre incongrûment organisé à deux pas du château de Windsor
de la reine Victoria ; il y avait tué Cournet. Barthélemy était, de son vivant,
« lionised », objet d’autant de curiosité que les lions de la Tour de
Londres ; il l’est resté après son exécution, et rien que pour l’époque
récente, on dispose, en anglais et à gauche, du fascicule de 36 pages d’un
groupe anarchiste et dématérialisé, CrimethInc., qui l’affiche en couverture
« Combattant prolétarien, Conspirateur blanquiste, Rescapé des galères,
Vétéran des soulèvements de 1848, Fugitif, Duelliste, Voyou, & Presque
ASSASSIN DE KARL MARX », on verra pourquoi plus loin. <span lang="EN-US">C’était en 2016. Deux ans plus tard, <b>Marc
Mulholland</b>, professeur d’histoire moderne à Oxford, publiait <i>The murderer of
Warren Street: the true story of a nineteenth-century revolutionary</i>, qui
sera <i>Daily Express</i> Book of the year.<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaX5MttMU3NJs-Zkr_2v79YSfydgmptfzjLSuqyY3eCEtkfWUY6DzdWdGhDDsZcPd8xdXikdyU2L1cVPPzWEaWu3IWvAhwtgxJ7I4Opf0Az5htfhlztRazdh3TsSO_oVn9Zp1ONZjwptVT85lD1Es0MRFKK6KZIbjykHc2ww_CCtTPDN8ROzJFLhxapLY/s1569/4decouv1e%CC%80ree%CC%81d.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1569" data-original-width="1047" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaX5MttMU3NJs-Zkr_2v79YSfydgmptfzjLSuqyY3eCEtkfWUY6DzdWdGhDDsZcPd8xdXikdyU2L1cVPPzWEaWu3IWvAhwtgxJ7I4Opf0Az5htfhlztRazdh3TsSO_oVn9Zp1ONZjwptVT85lD1Es0MRFKK6KZIbjykHc2ww_CCtTPDN8ROzJFLhxapLY/w428-h640/4decouv1e%CC%80ree%CC%81d.png" width="428" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">4ème de couv. du livre de Marc Mulholland (2018)<br /></td></tr></tbody></table><br /></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Dans l’un comme
l’autre des deux titres anglais, </span><span style="font-size: large;">les barricades
anthropomorphes</span><span style="font-size: large;"> dites « La Charybde du Faubourg Saint-Antoine et la Scylla du Faubourg
du Temple » qui, au début du tome 5 des <i>Misérables</i>, expriment Barthélemy et Cournet à la façon dont <b>Man Ray</b>
minéralise le <b>marquis de Sade</b> avec les pierres de la Bastille, occupent la
place, imposante, qui leur revient chez Victor Hugo. Le proscrit de Jersey et
Guernesey connaissait Cournet dès avant son exil : le 82, rue Popincourt, ateliers
de l’ancien officier de marine, avait été la base d’où des représentants et
« plusieurs blouses » étaient partis, le 2 décembre 1851, tenter de rallier
à eux le faubourg Saint-Antoine par l’exemple de la pauvre barricade sur
laquelle tomba <b>Baudin</b></span><span style="font-size: xx-small;"><a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[7]</span></span></span></span></a></span><span style="font-size: large;">.
Barthélemy, Hugo le connut à Londres.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Une amplification
du résumé en cent quarante-six mots que donne Hugo de la vie de Barthélemy à la
fin du premier chapitre de ce tome V, s’ouvrant sur l’« espèce de
gamin tragique » de sa première ligne pour se clore sur « le drapeau
noir », épitaphe du pendu, à la dernière, c’est déjà le procédé
qu’utilisait l’historien italien <b>Innocenzo Cervelli</b> dans un article de 126
pages, (étayé de 432 notes infrapaginales), de la revue de l'Institut Gramsci, <i>Studi
storici</i>, « Emmanuel Barthélemy, in memoria ».</span><span style="font-size: xx-small;"><a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[8]</span></span></span></span></a></span><span style="font-size: large;">
<i>Jusqu’à ce que mort s’ensuive</i> inscrit ses 200 pages dans le même
intervalle, Olivier Rolin n’apportant de neuf que les doigts légers dont il reprend
l’enquête, le nez en l’air qu’il y garde en cheminant.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Innocenzo
Cervelli, né pendant la guerre, a quelques années de plus que nous. Ce n’est
pas ici un nous de majesté mais de baby-booming. Olivier Rolin s’interrogeant
sur les raisons qui l’ont poussé à son livre, voit dans « l’ouvrier
Barthélemy et l’ex-officier Cournet, deux types absolument différents mais
qu’on rencontre toujours dans les grands tumultes révolutionnaires, qu’on peut
distinguer en termes de classe, bien sûr — le prolétaire et le bourgeois —,
mais aussi de façon plus existentielle : celui que des causes sociales,
matérielles, obligent à vouloir la fin de l’ordre établi, passionnément mais
aussi logiquement, dirait Rimbaud, et celui que le combat attire pour lui-même,
avec tout ce qu’il entraîne d’oubli de soi, de fraternité rêvée, de vie
dangereuse, de mépris et en même temps d’idéalisation de la mort — figures du
militant et de l’aventurier, pour reprendre les mots de Sartre dans sa préface
au <i>Portrait de l’aventurier</i> de Roger Stéphane, “qui s’affrontent, se
connaissent et se reconnaissent, quelquefois s’allient et se combattent quelquefois“.
Je crois que lorsque les jeunes gens de ma génération, la plupart, pas tous
mais moi en tout cas, nous faisions nôtres les mots et souvent les actes de la
révolution, c’est ce second modèle que nous poursuivions, sans nous l’avouer ni
même le savoir. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Ben, pas moi.
C’est mon père, ouvrier mécanicien, que des « causes sociales,
matérielles, oblig(eai)ent à vouloir la fin de l’ordre établi », mais s’il
a voulu cette fin, il n’a rien fait pour la hâter ; je m’y suis senti
obligé. N’ayant commencé à militer qu’à la fac, le gauchisme de l’époque m’a
permis d’exprimer sociologiquement mon père tout en m’en distinguant. J’enfilai
des habits trotskistes, Rolin se mit en Mao, c’est-à-dire en Staline.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Là où l’on s’attendait
qu’il fît de Barthélemy et Cournet, comme il se le propose lui-même, « des
personnages, et même des personnes », Rolin revient donc aux types, aux
figures, en l’occurrence « absolument différentes » du militant et de
l’aventurier. À quelques lettres près, il est marxiste, la clique « aventuriste »
que l’on a vu plus haut nommée Willich-Schapper, l’étant aussi parfois
Willich-Barthélemy.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Au Banquet des
Égaux du 24 février 1851, Willich avait porté son toast « Au moyen extrême ! »
et terminé ainsi : « Frères prolétaires, (…) C'est seulement quand
les rois et leurs suppôts seront écrasés par nos armes, qu'ils seront à notre
merci, sous notre <i>glaive</i>, et que la puissance du canon sera pour
toujours assurée au Peuple, c'est alors seulement qu'il y aura <i>possibilité</i>
de commencer la création du nouveau monde, annoncé par nos penseurs, tant
désiré par les opprimés.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">A l'armée
révolutionnaire ! Au moyen extrême ! »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Au bas de quoi
il signait, les toasts étant lus : « Auguste Willich, Capitaine
d'artillerie, commandant des corps-francs pendant l'insurrection de
Bade. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Revenant, en
1885 et en <i>Quelques mots sur l'histoire de la Ligue des communistes,</i> Engels
écrira : « La crise industrielle de 1847, qui avait préparé la
révolution de 1848, était passée ; une nouvelle période de prospérité
industrielle inouïe s'était ouverte ; et quiconque avait des yeux pour voir, et
s'en servait, s'apercevait forcément que la bourrasque révolutionnaire de 1848
s'apaisait peu à peu. » C’était « une époque où Ledru-Rollin, Louis
Blanc, <b>Mazzini</b>, <b>Kossuth</b>, (…) et tutti quanti, constituaient en masses à Londres
de futurs gouvernements provisoires, non seulement pour leurs patries
respectives, mais encore pour toute l'Europe, et où il ne restait plus qu'à
réunir, au moyen d'un emprunt révolutionnaire émis en Amérique, l'argent
nécessaire pour réaliser en un clin d'œil la révolution européenne, ainsi que
les différentes républiques qui devaient en être la conséquence naturelle. (…) Que
la plupart des ouvriers de Londres, en majorité des réfugiés, les ait suivis
dans le camp des démocrates bourgeois, faiseurs de révolution, qui pourrait
s'en étonner ? Bref, la réserve que nous préconisions n'était pas du goût de
ces gens ; il fallait essayer de déclencher des révolutions ; nous nous y
refusâmes de la façon la plus absolue. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Si bien
qu’outre l’assassinat de Ledru-Rollin, son souci constant, et avant de
concentrer ses efforts à comment estourbir Louis Bonaparte, Barthélemy songea
un temps à liquider un Marx jugé bien tiède. D’où sa désignation, sur la
brochure anarchiste, en « presque assassin » dudit. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Pour tuer le
futur Napoléon III, raconte Herzen, « il inventa un fusil doté d’un
mécanisme spécial rechargeant celui-ci après chaque coup, de sorte que toute
une série de balles pouvaient être tirées sur la même cible, l’une à la suite
de l’autre. » « C’était un excellent mécanicien », remarque-t-il,
ajoutant : « Notons en passant que ce fut des rangs des mécaniciens,
des ingénieurs, des cheminots, que sortirent les combattants les plus résolus
des barricades de Juillet. » [celles de Juin dans son calendrier julien.]</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Le moment de rappeler,
bien sûr, que Charles Marche et Jean-Jacques Witzig étaient mécaniciens et
cheminots !</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Les deux figures
« absolument différentes » du militant et de l’aventurier, Barthélemy
et Cournet, sont en fait pour Hugo absolument identiques, chacun des deux
hommes-barricades étant en lui-même, Jekyll et Hyde, « la populace contre
le peuple », « la Carmagnole défiant la Marseillaise ». Si bien
que leur « duel funèbre » sera comme un redoublement de cet écartèlement
intime. À preuve, la description que fait Hugo de la barricade du faubourg
Saint-Antoine, celle de Cournet pourtant, des deux celui qui a sa
sympathie : « elle attaquait au nom de la Révolution, quoi ? la
Révolution. Elle, cette barricade, le hasard, le désordre, l'effarement, le
malentendu, l'inconnu, elle avait en face d'elle l'assemblée constituante, la
souveraineté du peuple, le suffrage universel, la nation, la République ».</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJZrwkz-3rs36k5R9QUEhV3peI_zDlcjl7Tp9LG_k9VghpoYnhRUhS_6HuoI05VWu844GkzL6QulLKE1oxA7IMIXUIE8Y9E4UqZCUvXNInMdL3BPLSqEm_cCR-7qcNKk3lYSFGmF341J_RKzXukO9f8rULpSMImPLMGJysi1BcC0Z9V-SPcqTcXfb9qmE/s1569/ManRay1936.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1569" data-original-width="1125" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJZrwkz-3rs36k5R9QUEhV3peI_zDlcjl7Tp9LG_k9VghpoYnhRUhS_6HuoI05VWu844GkzL6QulLKE1oxA7IMIXUIE8Y9E4UqZCUvXNInMdL3BPLSqEm_cCR-7qcNKk3lYSFGmF341J_RKzXukO9f8rULpSMImPLMGJysi1BcC0Z9V-SPcqTcXfb9qmE/w458-h640/ManRay1936.png" width="458" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Portrait imaginaire de Sade par Man Ray, 1936<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /> </span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">La barricade
est « sphinx », elle est « une énigme », Hugo reste, devant
elle, comme pétrifié. À la publication des <i>Misérables</i>, en 1862. Le 24 juin 1848, au contraire, les
barricades du Temple et du Marais lui posaient moins de questions, il en avait
mené l’attaque et la prise « vaillamment », mais seulement « après
avoir épuisé tous les moyens de conciliation ». Pire, devant celle érigée
à <span>l’angle des rues de Poitou et de Berry (auj.
Charlot), </span>alors que <b>Pierre Turmel</b>, capitaine de la 7<sup>ème</sup>
légion de la garde nationale, en sortait et s’avançait en parlementaire vers
les représentants Hugo et <b>Galy-Cazalat</b>,<span> </span>Hugo,
si l’on en croit le témoignage que Turmel fit à <b>Lacambre</b> au terme de ses deux
ans de prison, le saisit au collet et le livra traîtreusement aux soldats en
leur disant : « Celui-ci, c'est le chef, gardez-le bien »</span><span style="font-size: xx-small;"><a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[9]</span></span></span></span></a></span><span style="font-size: large;">.
Le lendemain, le parti de l’ordre avait à peine fini de noyer dans le sang
l’insurrection, qu’Hugo résumait en ces termes, dans ses carnets, ce qui venait
d’avoir lieu : « Sauver la civilisation, comme Paris l'a fait en
juin, on pourrait presque dire que c'est sauver la vie au genre humain. »</span><span style="font-size: xx-small;"><a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[10]</span></span></span></span></a></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Le 28 septembre, Pierre Turmel passe en conseil de
guerre. Son défenseur, Me <b>Madier de Montjau</b> demande que Victor Hugo soit cité
comme témoin. Sollicité à quatre reprises, Hugo se refuse quatre fois à venir
déposer. Quand il y consent enfin, le lendemain, et en retard sur l’heure
fixée, c’est pour commencer ainsi : « Je dois dire bien haut qu’il
n’appartient à personne, à aucune autorité, de déranger un membre de
l’Assemblée nationale » Et comme le commissaire du gouvernement fait
observer à « l’illustre poète » que « l’Assemblée qui fait les
lois ne peut se mettre au-dessus des lois déjà faites : (…) la loi est
une, elle est pour tout le monde » ; que des représentants assez
nombreux, dont</span> Galy-Cazalat, se sont d’ailleurs pliés à ce qu’Hugo
qualifie « d’injonction », de « sommation », <span>le député de la Seine continue de soutenir qu’une
exception existe pour les représentants, et qu’il lui fallait défendre leur
inviolabilité. Il termine en disant : « J’ai simplement à réserver mon
droit, à le maintenir ».</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Sur les faits, « trois mois après », il ne
se rappelle que ceci : « un képi à galons d’argent, se débattait
vivement au milieu des gardes nationaux qui l’entouraient ; il s’adressa à
moi, en me disant, si j’ai bonne mémoire : “Citoyen représentant du peuple, je suis
innocent ; faites-moi mettre en liberté !“ L’adjoint du 6e arrondissement
et les gardes nationaux me dirent que c’était un homme dangereux, et je dus
maintenir l'arrestation. Voilà tout ce que je puis dire. »</span></span><span style="font-size: xx-small;"><span><a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[11]</span></span></span></span></a></span></span><span style="font-size: large;"><span> Turmel
est condamné à 2 ans.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">On peine à croire
que la revendication hugolienne d’une exceptionnalité supra-judiciaire du
représentant ne soit que l’expression d’une morgue hautaine ou de son embarras
face à une nouvelle prière de Turmel après celle qu’il a déjà refusé d’entendre
trois mois plus tôt. On préfère y voir une sacralisation de la fonction qu’il
semble être le seul de l’Assemblée à porter à ce niveau de fétichisme. Quoi
qu’il en soit, c’est assez loin du « tendre et profond amour du
peuple » que <i>L’Évènement</i>, le journal populaire à 2 sous qu’il
vient de fonder fin juillet avec ses fils pour soutenir la candidature de
Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République, affiche en
sous-titre à sa Une.<span> </span><span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Me Madier de Montjau souligne la
contradiction :</span> « M. Victor Hugo a écrit, sur les <i>Dernières
heures d'un condamné à mort</i>, quelques pages qui resteront comme l’une des
œuvres les plus belles qui soient sorties de l’esprit humain. Les angoisses de
l’accusé ne sont pas aussi terribles que celles du condamné mais elles
demandent aussi à ne pas être prolongées. Eh bien, si M. Victor Hugo, qui le
pouvait comme M. Galy-Cazalat, était venu hier ici, Long [co-accusé] et Turmel
auraient été jugés hier et ils n’auraient pas passé une nuit de plus sous le
coup d’une accusation qui ne les expose à rien moins qu’aux travaux forcés à
perpétuité. »<span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Au début de novembre,
on peut encore lire dans l’<i>Évènement</i>, — dont le pendant du « tendre
et profond amour du peuple » est, on a omis de le dire, « haine vigoureuse
de l’anarchie » —, que « l’insurrection de juin est criminelle et
sera condamnée par l’histoire, comme elle l’a été par la société. (…) Si elle
avait réussi, elle n’aurait pas consacré le travail, mais le pillage ».</span><span style="font-size: xx-small;"><a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[12]</span></span></span></span></a></span><span style="font-size: large;">
<span> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Le 24 février 1851, troisième anniversaire de la
révolution, <b>Paul Meurice</b>, rédacteur en chef de <i>l’Évènement</i> hugolien,
écrit « Le suffrage universel est le pouvoir supérieur et la justice
suprême. Il a, en 1848, réparé une partie des fautes de la révolution ; il
corrigera une partie des fautes de la réaction, en 1852. (…) M. Thiers décimant
les électeurs [par la loi du 31 mai 1850, qui en supprime trois millions],
commet la même erreur que M. Ledru-Rollin retardant les élections. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Ledru-Rollin, ou plutôt le gouvernement provisoire,
ne les avait reportées que de deux semaines ! Blanqui était favorable à un
ajournement indéfini. Pour tous les révolutionnaires de février, il était clair
qu’à cet instant-là, des élections étaient le contraire de la démocratie :
après un demi-siècle sans droit de réunion, sans presse libre, elles ne
pouvaient que faire le lit de la réaction. </span>Les trois journées
révolutionnaires des 17 mars, 16 avril et 15 mai, — Charles
Marche en était, on ignore ce que fit Barthélemy — se sont faites dans un
rapport de défiance vis-à-vis de la représentation : pour le report ou
l’ajournement avant qu’elle ne soit élue, puis par l’intervention directe pendant
sa session, le 15 mai, après qu’elle l’eut été. Voir, dans <i>Du drapeau
rouge</i>, le journal inédit d’<b>Hippolyte Carnot</b> convaincu que les intrus
« voulaient simplement déposer une pétition en faveur de la Pologne et
défiler devant l’Assemblée, comme ils ont lu que cela se passait à la
Convention. La parodie aura encore joué son rôle dans cette déplorable
circonstance »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Ce même 24 février 1851, au banquet de </span>l’Highbury
Barn Tavern<span>, Barthélemy — « Ouvrier
mécanicien, proscrit de Juin 1848 », selon sa souscription dans la
brochure commémorative — porte son toast « Au triomphe du Socialisme ! à
la souveraineté véritable du Peuple ! » Pour rendre cette souveraineté
véritable, Barthélemy ne croit pas à la démocratie directe de « trente-six-mille
assemblées communales de la France » : « cette foule de citoyens
dont l'éducation politique et surtout républicaine est encore si imparfaite ;
de tant de milliers d'hommes que l'obligation du travail, et peut-être même
l'indifférence viendraient éloigner des assemblées où se traiteraient leurs
intérêts les plus chers, mais quelquefois les moins compris », ne
délibérerait pas mieux qu’elle ne voterait. Des représentants. Restent
nécessaires, encore que « les Socialistes ne se sont jamais servis que [du
mot] de mandataire ou de commis, lequel exprime mieux la subordination de l'élu
à l'électeur. » </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Finalement</span>, citant le <i>Contrat social</i>
de <b>Rousseau</b>, il croit pouvoir en déduire que l’expression de la volonté
générale, c’est la révocabilité à volonté de la représentation nationale :<span> « nous voulons le gouvernement direct du Peuple
par lui-même, mais nous le voulons possible et réel, et il ne saurait être tel,
qu'à la condition d'être exercé par les mandataires du Peuple, rendus
sérieusement responsables et incessamment révocables. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>On est évidemment assez loin de la conception du
représentant manifestée par Hugo devant le conseil de guerre : le
représentant ne devant pas même être « dérangé », c’est dire s’il
pouvait être révocable !</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Et puis Louis Bonaparte avait violé le suffrage
universel [masculin] qui l’avait élu pour un mandat unique de 4 ans aux
termes d’une constitution adoptée par des représentants eux-mêmes élus au
suffrage universel [masculin]. Il était devenu <i>Napoléon le petit</i>.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Moins de trois mois après le pamphlet, dans un
poème au titre anodin, « Au bord de la mer » baignant Jersey, Victor
Hugo absolvait par avance qui se chargerait d’éliminer le tyran : </span>«
Tu peux tuer cet homme avec tranquillité. »</span><span style="font-size: xx-small;"><a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[13]</span></span></span></span></a></span><span style="font-size: large;">
Sans autre rapport que de concomitance, Barthélemy venait de révolvériser
Cournet en duel, après que le rolliniste (partisan de Ledru-Rollin) — ce qui
était une circonstance aggravante — eut colporté des ragots le disant entretenu
par une prostituée. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Charles Marche
a dû passer par Londres avec femme et enfants, au printemps 1853, à peu près au
moment où Barthélemy, ses témoins et ceux de feu Cournet sortaient de prison,
le juge ne retenant que l’homicide involontaire et leurs cinq mois de
préventive couvrant la peine légère à laquelle il les condamnait.<span>, Pendant qu’ils étaient à l’ombre, le partenaire
de Barthélemy dans la « clique aventuriste », August Willich, rejoignait
<b>Kinkel</b> à New York, l’un comme l’autre étant selon Marx « des <i>entrepreneurs</i></span></span><span style="font-size: xx-small;"><span><i><a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><b><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[14]</span></b></span></span></span></a></i></span></span><span style="font-size: large;"><span>
de l'affaire de l'emprunt révolutionnaire anglo-américain ». Caussidière
allait les suivre dans la capitale américaine pour y diffuser la récente
adresse « Au peuple américain » de cette « Commune révolutionnaire »
dont il était l’un des fondateurs, en même temps qu’y placer un équivalent de
l’emprunt allemand : des bons de souscription à 1 franc,
remboursables par un futur gouvernement révolutionnaire.</span> Marche,
arrivant à New York sur ses traces, pourrait voir dans la salle de réunion de
la Société Républicaine Universelle des exilé français, au 80 Leonard Street
(entre Church et Broadway), le vers de Hugo tracé sur les murs en lettres géantes :
TU PEUX TUER CET HOMME AVEC TRANQUILLITÉ. Sous cette forme, ce n’est plus
seulement une absolution, c’est un commandement, voire un mot d’ordre — aux jambages
d’autant plus bravaches qu’on est à quelque six mille kilomètres du trône
impérial ! </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhqClnsxsbWZ7Kei8UKm8UVqlsyim_-_bSncGe7bbOmPP1U03hBZRD36VYdNXO1_HcpemrWRuXgt6Oqq_V5l8WkAQc7i1E9ToOwFxS7a4J8Lll8rCeus1D9sk6qJEvrWgt2y_18-obIg6c6NJG6uvEwqA6u3y0y-SQI8nQTXy438B5DjNQvMglr40RVI8/s1797/Bonhomme%CC%812.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1089" data-original-width="1797" height="388" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhqClnsxsbWZ7Kei8UKm8UVqlsyim_-_bSncGe7bbOmPP1U03hBZRD36VYdNXO1_HcpemrWRuXgt6Oqq_V5l8WkAQc7i1E9ToOwFxS7a4J8Lll8rCeus1D9sk6qJEvrWgt2y_18-obIg6c6NJG6uvEwqA6u3y0y-SQI8nQTXy438B5DjNQvMglr40RVI8/w712-h388/Bonhomme%CC%812.png" width="712" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br /> </span>
<span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">La
colossale barricade barrant la rue du faubourg du-Temple à la hauteur de la rue
Bichat, autrement dite « la Scylla du Faubourg du Temple », celle de
Barthélemy, gravée par Bonhommé qui nous en nomme les protagonistes : Au
centre, le général Cavaignac, debout de dos au sommet de la passerelle ;
en dessous, le cavalier Lamartine, tourné vers nous ; à la croupe de son
cheval, le chef d’escadron d’état-major, Husson de Prailly, qu’on emporte sur
une civière. À g., à l’entrée du pont tournant, le représentant Pierre-Napoléon
Bonaparte, commandant la légion étrangère en Algérie, à côté de son cheval mort ;
plus à g., derrière le cavalier portant la main à son haut de forme, l’officier
d’état-major [Aynard de] Latour du Pin, grièvement blessé, tombant de cheval.
Il n’y manque que Victor Hugo.</span><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;"> </span> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">En 1862, dans
les <i>Misérables</i>, Hugo requalifie Juin 48, à l’aune du pronunciamento
du 2 décembre 1851, en « coup d’État populaire ». Marx observait
déjà qu’à ne voir dans le premier, comme fait le proscrit de Jersey, que l’œuvre
d’un seul individu, <i>Napoléon le petit</i>, c’est peindre celui-ci, en dépit
de l’adjectif méprisant, en très grand homme. On pourrait ajouter encore qu’un
coup d’État populaire, cela s’appelle une révolution. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Sa
sanctification répétée de l’élection permet à Hugo et d’absoudre un éventuel
tyrannicide et de se disculper lui-même : « Il arrive quelquefois
que, même contre les principes, même contre la liberté, l'égalité et la
fraternité, même contre le vote universel, même contre le gouvernement de tous
par tous, (…) la populace livre bataille au peuple. » Ces « coups
d'État populaires doivent être réprimés. L'homme probe s'y dévoue, et, par
amour même pour cette foule, il la combat. Mais comme il la sent excusable tout
en lui tenant tête ! comme il la vénère tout en lui résistant ! C'est là un de
ces moments rares où, en faisant ce qu'on doit faire, on sent quelque chose qui
déconcerte et qui déconseillerait presque d'aller plus loin ; on persiste, il
le faut ; mais la conscience satisfaite est triste, et l'accomplissement
du devoir se complique d'un serrement de cœur. » </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">On croirait
entendre « on tire et on pleure », ce qui, outre le titre du
documentaire de David Benchetrit (2000), a été un genre littéraire et
cinématographique à part entière en Israël.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">On croirait
entendre les sophismes de Macron défendant sa contre-réforme des
retraites : « On ne peut pas faire comme s'il n'y avait pas eu
d'élection il y a quelques mois… »<b> </b>Ou, après les gilets jaunes :
« ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont
inacceptables dans un État de droit. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Ne penser qu’en
termes de peuple et non de classes, aura permis à Hugo de voir en Juin 48 non
le premier massacre de masse des ouvriers par la république, c’est-à-dire par
la bourgeoisie républicaine, mais seulement une sorte de maladie auto-immune.
« Mais, au fond, que fut juin 1848 ? Une révolte du peuple contre
lui-même. »</span><br clear="all" style="break-before: page; mso-special-character: line-break; page-break-before: always;" />
</p>
<div style="mso-element: footnote-list;"><br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[1]</span></span></span></span></a>
<i>Passé et méditation</i>, t. IV, éd. L’Âge d’homme, 1981, p. 75 à 90.</p>
</div>
<div id="ftn2" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[2]</span></span></span></span></a>
<i>Les Misérables</i>, 5<sup>ème</sup> partie, Jean Valjean, p. 12-13.</p>
</div>
<div id="ftn3" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[3]</span></span></span></span></a>
<i>Les Hommes de l’exil</i>, 1875, p. 30 à 42.</p>
</div>
<div id="ftn4" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[4]</span></span></span></span></a>
<i>Memoires</i> de Carl Schurz, vol. I, chap. 14, 1908 pour la trad anglaise.</p>
</div>
<div id="ftn5" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="mso-footnote-id: ftn5;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[5]</span></span></span></span></a>
<i>Reminiscences of Marx and Engels</i>, (trad. anglaise de <i>Karl Marx zum
Gedächtniss</i>), éd. De Moscou, p. 112-13.</p>
</div>
<div id="ftn6" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="mso-footnote-id: ftn6;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[6]</span></span></span></span></a>
<i>Mémoires d’une idéaliste</i>, t. II, Librairie Fishbacher, 1900, p. 20-21. </p>
</div>
<div id="ftn7" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="mso-footnote-id: ftn7;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[7]</span></span></span></span></a>
<i>Histoire d’un crime</i>, in <i>Œuvres Complètes</i>, librairie Ollendorf,
1907, p. 379-409.</p>
</div>
<div id="ftn8" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="mso-footnote-id: ftn8;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[8]</span></span></span></span></a>
41<sup>ème</sup> année, n° 2, avril-juin 2000. Tous les textes
correspondant à ces notes sont disponibles en ligne.</p>
</div>
<div id="ftn9" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="mso-footnote-id: ftn9;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[9]</span></span></span></span></a>
Maurice Dommanget, <i>Auguste Blanqui et la révolution de 1848</i>, Mouton,
1972 ; repris par Cervelli.</p>
</div>
<div id="ftn10" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="mso-footnote-id: ftn10;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[10]</span></span></span></span></a>
<i>Choses vues</i> <i>1830-1848</i>, 25 juin 48, p. 688.</p>
</div>
<div id="ftn11" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="mso-footnote-id: ftn11;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[11]</span></span></span></span></a>
Voir le <i>Moniteur</i> à ces dates sur RetroNews.</p>
</div>
<div id="ftn12" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="mso-footnote-id: ftn12;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[12]</span></span></span></span></a>
<i>L’Évènement</i> nº 94, 2 et 3 nov. 1848, RetroNews.</p>
</div>
<div id="ftn13" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="mso-footnote-id: ftn13;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[13]</span></span></span></span></a>
Le 25 octobre 1852, repris dans les <i>Châtiments</i> début 1853.</p>
</div>
<div id="ftn14" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" style="mso-footnote-id: ftn14;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[14]</span></span></span></span></a>
En français dans le texte.</p>
</div>
</div>
<p><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}h1
{mso-style-priority:9;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-link:"Titre 1 Car";
mso-style-next:Normal;
margin-top:12.0pt;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:0cm;
mso-pagination:widow-orphan lines-together;
page-break-after:avoid;
mso-outline-level:1;
font-size:16.0pt;
font-family:"Calibri Light",sans-serif;
mso-ascii-font-family:"Calibri Light";
mso-ascii-theme-font:major-latin;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-theme-font:major-fareast;
mso-hansi-font-family:"Calibri Light";
mso-hansi-theme-font:major-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:major-bidi;
color:#2F5496;
mso-themecolor:accent1;
mso-themeshade:191;
mso-font-kerning:0pt;
font-weight:normal;}p.MsoFootnoteText, li.MsoFootnoteText, div.MsoFootnoteText
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Note de bas de page Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:10.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}span.MsoFootnoteReference
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
vertical-align:super;}a:link, span.MsoHyperlink
{mso-style-priority:99;
color:#0563C1;
mso-themecolor:hyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
color:#954F72;
mso-themecolor:followedhyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}p.MsoListParagraph, li.MsoListParagraph, div.MsoListParagraph
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoListParagraphCxSpFirst, li.MsoListParagraphCxSpFirst, div.MsoListParagraphCxSpFirst
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoListParagraphCxSpMiddle, li.MsoListParagraphCxSpMiddle, div.MsoListParagraphCxSpMiddle
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoListParagraphCxSpLast, li.MsoListParagraphCxSpLast, div.MsoListParagraphCxSpLast
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}span.Titre1Car
{mso-style-name:"Titre 1 Car";
mso-style-priority:9;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Titre 1";
mso-ansi-font-size:16.0pt;
mso-bidi-font-size:16.0pt;
font-family:"Calibri Light",sans-serif;
mso-ascii-font-family:"Calibri Light";
mso-ascii-theme-font:major-latin;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-theme-font:major-fareast;
mso-hansi-font-family:"Calibri Light";
mso-hansi-theme-font:major-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:major-bidi;
color:#2F5496;
mso-themecolor:accent1;
mso-themeshade:191;
mso-font-kerning:0pt;
mso-ligatures:none;
mso-fareast-language:FR;}span.NotedebasdepageCar
{mso-style-name:"Note de bas de page Car";
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Note de bas de page";
mso-ansi-font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:10.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-ascii-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-font-kerning:0pt;
mso-ligatures:none;
mso-fareast-language:FR;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style> <br /></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-36471146456466836832024-01-16T14:36:00.010+01:002024-02-22T21:46:10.564+01:00COMMENT CHARLES MARCHE N’A ÉTÉ NI « TRANSPORTÉ » NI COLON EN ALGÉRIE<p><span style="font-size: large;"> Présentation de :</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlNwBiatyw7G1lJNEfbdywYQV7cKw-udl-mZzPRJ2EhssBTFxhdVhhlZVHcsCaV0ZutLYPBPhr3kGVVrT4cCCMu6s3Oh4Sp2MIl9PQd-WhDeT_puBE5EVpPH6K14hwhh6uQyJwh3TVZs56b1JTemDz39FXncXID6bDMnAC251LmuQnhyphenhyphenrQGatDrAH2T5g/s480/CouvHteDe%CC%81f.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="480" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlNwBiatyw7G1lJNEfbdywYQV7cKw-udl-mZzPRJ2EhssBTFxhdVhhlZVHcsCaV0ZutLYPBPhr3kGVVrT4cCCMu6s3Oh4Sp2MIl9PQd-WhDeT_puBE5EVpPH6K14hwhh6uQyJwh3TVZs56b1JTemDz39FXncXID6bDMnAC251LmuQnhyphenhyphenrQGatDrAH2T5g/w200-h200/CouvHteDe%CC%81f.jpeg" width="200" /></a></span></div><p><span style="font-size: large;">à la librairie Jonas, Paris 13ème, le 10/01/2024.</span></p><p><span style="font-size: large;"> </span></p><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">La révolution de 1848
est très présente dans la toponymie parisienne, avenues, boulevards et métros :
<b>Barbès</b>, <b>Blanqui</b>, <b>Ledru-Rollin</b>, <b>Louis Blanc</b>, etc. Dans le 13ème, sur le
mode de la rue ordinaire, la rue de Tolbiac parcourt les deux bouts de la
chaîne, de la rue Albert, l’ouvrier coopté au gouvernement provisoire le 24
février, à la rue Damesme, le sabreur mortellement blessé lors de sa sanglante besogne
répressive du 24 juin. La rue Albert, on en veut à la Troisième République de
ne pas l’avoir baptisée, en 1896, plus justement rue de « <b>l’ouvrier
Albert</b> », ou rue « <b>Albert, ouvrier</b> », seule dénomination, dans
les actes officiels du gouvernement provisoire, la presse de l’époque ou l’historiographie,
d’Alexandre Martin, son nom à l’état-civil. La plaque s’est vue précisée, il y
a quelques décennies, par ces mentions : « Ouvrier mécanicien – Homme
politique 1815-1895 », mais ce n’est qu’un pis-aller. L’attribution à Damesme,
décidée par Napoléon III, est restée non explicite sur la plaque de
l’autre rue, taisant le général comme le répresseur et, à défaut de « cancel »,
on s’en accommodera. </span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2UVzEvWUqYaRF7ZzQEsAgcDRrWdGWOWMonj2Ew5iaJiiWIApiKkInDuO7zcyf3_cx5SLhCI1kumlCexRHSgXn4mmZJo3pt0eN59NEe3P3cgi-O2vFijLFsnbNh6z9PRJa6X0cSxBz3hBxb5LWKDplc_v3t9cwEMe_9RVbkO3V4yCJvlHgBB12OfDVpAQ/s3009/Plaque_Rue_Albert_-_Paris_XIII_(FR75)_-_2021-06-30_-_1.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2894" data-original-width="3009" height="308" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2UVzEvWUqYaRF7ZzQEsAgcDRrWdGWOWMonj2Ew5iaJiiWIApiKkInDuO7zcyf3_cx5SLhCI1kumlCexRHSgXn4mmZJo3pt0eN59NEe3P3cgi-O2vFijLFsnbNh6z9PRJa6X0cSxBz3hBxb5LWKDplc_v3t9cwEMe_9RVbkO3V4yCJvlHgBB12OfDVpAQ/s320/Plaque_Rue_Albert_-_Paris_XIII_(FR75)_-_2021-06-30_-_1.jpg" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">MARX 1818 - 1883 MARCHE 1819 - 1893<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /><br /></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">On a dit les deux
bouts de la chaîne : 24 février – 24 juin, quatre petits mois, un mois et
demi de plus seulement que la Commune. Un bain de sang au bout, un peu moindre
que celui de la Semaine sanglante. Une présence bien plus forte dans la topographie
— mais on manque vraiment d’une rue Marche — mais bien plus faible dans les
mémoires, si bien que Michèle Riot-Sarcey et Maurizio Gribaudi ont pu co-écrire,
en 2008, <i>1848 La révolution oubliée</i>, (La Découverte). </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">48, c’est pourtant
une révolution qui se produit sous les yeux de <b>Marx</b>, lequel arrive à Paris dans
les premiers jours de mars avec sa femme, leurs trois enfants, Jennychen, Laura
et le petit Edgar, âgé à peine d’un an, et, j’allais dire surtout, dans ses
bagages, un millier d’exemplaires du <i>Manifeste du parti communiste</i>, en
allemand, tout frais imprimés. Passager du Bruxelles-Paris du chemin de fer du Nord,
son train passe devant les ateliers de la Cie, à La Chapelle, où Marche est
mécanicien tourneur, puis Charles Marx (on francise à l’époque les prénoms
étrangers), à l’embarcadère du Nord, descend en voiture la rue du Faubourg-Saint-Denis
— le bd Magenta, le bd de Strasbourg n’ont pas été percés, le flux des
circulations, c’est l’étoile à trois branches de la révolution espagnole :
la rue du Fbg-St-Denis jusqu’à la porte du même nom, puis les grands boulevards
à droite et à gauche.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Descendant vers
l’arc de triomphe, donc, Charles Marx passe devant le logis de <b>Charles Marche</b>
qui habite au 62 rue du Fbg-St-Denis (n° 54 – 56 actuels, face au
passage-cour des Petites-Écuries. Mais pour goûter l’homonymie presque parfaite
des deux noms, Charles Marche est notre Karl Marx, encore faut-il savoir ce que
l’historien californien (de Santa Cruz), Mark Traugott, méconnaissait encore en
2015, je le cite : « on ignore presque tout de Marche – à commencer
par son prénom ».</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Sitôt débarqué,
Marx donne à traduire en français le<span> <i>Manifeste
du parti communiste</i></span> à son vieux complice du <i>Vorwärts, </i>le
médecin <b>Hermann Ewerbeck</b> qui, l’année précédente, avait mis en allemand le <i>Voyage
en Icarie</i> de <b>Cabet</b>. Ewerbeck se met au travail, et intéresse à la
publication de la traduction à venir une personne à laquelle il enseigne
l’allemand, <b>Charles Paya</b>, créateur d’une petite agence de presse démocratique
et républicaine. C’est une dépêche sortie de l’agence de Paya qui, le
23 mai 1848, indique que « le citoyen Marche, cet intrépide et
audacieux ouvrier qui, dans la journée du 25 février dernier, est parvenu,
par son énergique langage, à arracher, séance tenante, le fameux décret relatif
à l’organisation du travail, et qui, employé au chemin de fer du Nord, a
organisé la grève qui dure encore maintenant », a été arrêté.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-right: 42.55pt; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Lequel
Marche répond aussitôt aux journaux qui ont diffusé la nouvelle :
« Que mes amis se rassurent, je suis libre encore », et il signe
« Marche jeune, ouvrier mécanicien, rue du Faubourg-Saint-Denis,
62. » On en sait déjà un peu plus : que vit aussi à Paris un Marche
aîné, son père ou son frère.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-right: 42.55pt; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrw3z0HrjVUKDDOlz8amSxipJ_X3P4Bb8qaTYjDhiYGYKHbtKd8kNi16UkuDC5dX__fMSEmqY8_wjc9Gm1EUIsyDkwcJO6nlyEGRdxOtIsk9u_8K_-kDjLtlUFzpPwPkzsvKkZmADsEucmuUY29ez_TrhyQvtETKIhyphenhyphennKEfl3worhx-PdH7HwPj1FuDbY/s1566/LaChapelleetleVe.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1566" data-original-width="1188" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrw3z0HrjVUKDDOlz8amSxipJ_X3P4Bb8qaTYjDhiYGYKHbtKd8kNi16UkuDC5dX__fMSEmqY8_wjc9Gm1EUIsyDkwcJO6nlyEGRdxOtIsk9u_8K_-kDjLtlUFzpPwPkzsvKkZmADsEucmuUY29ez_TrhyQvtETKIhyphenhyphennKEfl3worhx-PdH7HwPj1FuDbY/w486-h640/LaChapelleetleVe.jpg" width="486" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">LE Ve ARRONDISSEMENT ET LA CHAPELLE<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-right: 42.55pt; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">La
traduction du <i>Manifeste</i> est achevée au 13 juin 1849, date à
laquelle les députés de la Montagne, Ledru-Rollin à leur tête, engagent le fer,
tout pacifiquement, lorsque le président de la République élu en décembre,
Louis Bonaparte, envoie au mépris de la constitution des troupes françaises et
républicaines rétablir le Pape dans ses États temporels. Marx, revenu à Paris,
est à nouveau le témoin oculaire de ce dernier soubresaut démocratique, et de
son échec : Hermann Ewerbeck est emprisonné pour deux bons mois mais,
surtout, Paya, arrêté lui aussi, se voit condamné à la déportation par la Haute
Cour de justice de Versailles. Il faudra attendre 1885 pour lire une traduction
française du <i>Manifeste</i>, celle de Laura, la deuxième fille de Marx, qui
aura entretemps épousé <b>Paul Lafargue</b>.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-right: 42.55pt; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-right: 42.55pt; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Par
Ewerbeck, par Paya peut-être, ces deux contemporains - Marx n’est que de
9 mois l’aîné de Marche – auraient pu se rencontrer. Mais Marx est
d’emblée accaparé par l’urgence d’empêcher une Société démocratique allemande,
ainsi qu’elle se nomme elle-même, d’aller de France et les armes à la main
établir par la force la République en Allemagne. Dans ce but, et <b>Engels</b> l’ayant
rejoint à Paris le 21 mars, ils écrivent « au citoyen Cabet »,
qui fait partie comme eux et selon les termes mêmes de leur lettre, du
« parti communiste » (à ne pas entendre ici, pas plus que dans le
titre du <i>Manifeste</i>, comme un parti au sens propre mais comme un courant
de pensée). Marx et Engels demandent à Cabet d’insérer dans <span>son</span> <i>Populaire</i> un communiqué
mettant en garde les ouvriers allemands contre ce qui serait « un
croc-en-jambe à la révolution en Allemagne ».</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-right: 42.55pt; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">On
a cité deux fois déjà Cabet, et on en profite pour dire que la biographie secondaire
de ce livre, celle de <b>J-J Witzig</b>, mécanicien au chemin de fer d’Orléans, lui, comme
Marche l’est à celui du Nord, est justement un ami de Cabet, qu’il précédera en
Amérique pour y préparer l’implantation de l’Icarie, cette cité idéale où doit
régner la communauté des biens.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-right: 42.55pt; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-right: 42.55pt; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Finalement,
Marx et Engels, n’ayant rien pu faire pour barrer la route à l’inconscience de
la Légion allemande repartent par le chemin de fer du Nord, (et repassent
devant… et devant…), direction Cologne, « la partie la plus avancée de
l’Allemagne », le 6 avril. Ils ne se sont pas munis d’armes mais d’un
programme : des « Revendications du Parti communiste en Allemagne »,
qui sont la « République une et indivisible », « l’armement
général du peuple », le suffrage universel [masculin, inutile de le
préciser, à l’instar de celui qui vient d’être proclamé en France], la
nationalisation des domaines princiers et féodaux, des banques privées, des
moyens de transport ; l’instauration de « forts impôts
progressifs », la séparation de l’Église et de l’État et
« l’instruction générale et gratuite du peuple ».</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-right: 42.55pt; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Marx
et l’ouvrier Marche, qu’attendait et qu’annonce le <i>Manifeste,</i> resté de
l’allemand pour les Français, se seront seulement croisés.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-right: 42.55pt; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-right: 42.55pt; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Revenons
donc aux premiers jours de la révolution et passons, pour changer, à <b>Proudhon</b>
et à ses<i> Confessions d’un révolutionnaire,</i> <i>pour servir à l’histoire
de la Révolution de Février,</i> (3<sup>e</sup> édit., p. 67) : « Le
24 février avait eu lieu la déchéance du Capital ; le 25 fut inauguré le
gouvernement du Travail. Le décret du gouvernement provisoire qui garantit le
droit au travail fut l’acte de naissance de la République de février. » </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Par
« déchéance du Capital », Proudhon veut sans doute seulement dire la
chute de la monarchie bourgeoise de <b>Louis Philippe</b>, assimilée au capital
financier, c’est-à-dire, dans sa pensée, à Rothschild et consorts.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">En réalité, le 24
février, qu’est-ce qui avait bien pu déchoir le Capital ? La petite place
donnée au gouvernement provisoire à Albert ? </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Louis Philippe
vient d’abdiquer. Au <i>National</i>, journal de l’opposition dynastique, rue
Le Peletier, une poignée de députés se cooptent en gouvernement provisoire. À
la <i>Réforme</i>, journal de l’opposition républicaine, rue Jean-Jacques
Rousseau, quelques publicistes travaillent à s’adjoindre à la liste ; par
des navettes entre les deux titres, on doit arriver à un consensus. Quand d’une
fenêtre du 1<sup>er</sup> étage des bureaux de la Réforme, Louis Blanc égrène à
une foule rassemblée dans un silence solennel, le chapelet des noms sur
lesquels on s’est entendu, un nom supplémentaire monte de la cour,
littéralement un nom d’en bas : « Albert ! Albert ! » La plupart
des gens de <i>La Réforme</i> ne le connaissent pas, écrit Louis Blanc, qui
assure ne l’avoir jamais vu. C’était, poursuit-il, </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.0cm; margin-right: 42.55pt; margin-top: 0cm; margin: 0cm 42.55pt 0cm 1cm; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">un
pauvre ouvrier mécanicien qui tirait peut-être son dernier coup de fusil à
quelque barricade au moment même où, loin de lui, à son insu, ses camarades
acclamaient son nom. […] il n’avait jamais figuré au milieu des notabilités
démocratiques. N’y avait-il pas dans ce seul fait <u>l’avènement d’un monde
tout nouveau</u> ? (c’est moi qui souligne) C’était l’idée du travail
réclamant sa place dans le gouvernement des choses humaines ; c’était la
souveraineté du Peuple demandant à être représentée par un homme du Peuple. Ce
fut les yeux humides que j’inscrivis : « Albert, ouvrier ».</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span> </span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Dans un complément
ultérieur à ses <i>Pages d’histoire de la révolution de février 1848</i>, (<i>Révélations
historiques</i>, en réponse au livre de <b>lord Normanby</b> intitulé : <i>A Year
of Révolution in Paris</i>, Bruxelles, 1859, t. 1er, p. 76), Louis Blanc
parlera non plus seulement de « l’avènement d’un monde tout
nouveau », mais de « l’avènement d’un ouvrier au pouvoir ».</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Aux yeux humides
de Louis Blanc fera écho six jours plus tard, dans la même tonalité
sentimentale, une « Proclamation du gouvernement provisoire aux
ouvriers » : « Et maintenant, citoyens, hâtez-vous de reprendre vos
travaux. Songez qu'une heure de retard est un trésor perdu pour la patrie. Vous
êtes une des forces et une des sollicitudes du gouvernement provisoire de la
République. Il vous aime ; ayez confiance en lui, et sachez bien qu'il est
presque plus impatient de votre bonheur que vous-mêmes. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Le 25 février, lendemain
du jour où Albert a été invité à la table des grands, autre ambiance, que le
même Louis Blanc décrira ainsi : « nous étions occupés de
l’organisation des mairies, lorsqu’une rumeur formidable enveloppa tout à coup
l’Hôtel de Ville. Bientôt, la porte du conseil s’ouvrant avec fracas, un homme
entra, qui apparaissait vraiment à la manière des spectres. Sa figure, d’une
expression farouche alors, mais noble, expressive et belle, était couverte de
pâleur. Il avait un fusil à la main, et, ardemment fixé sur nous, son œil bleu
étincelait. Qui l’envoyait ? que voulait-il ? Il se présenta au nom
du Peuple, montra d’un geste impérieux la place de Grève et, faisant retentir
sur le parquet la crosse de son fusil, demanda la reconnaissance du droit au
travail. » </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><b>Lamartine</b>,
poursuit Louis Blanc, s’avance « vers l’étranger d’un air
caressant », se met « à l’envelopper des plis et replis de son
abondante éloquence. Marche – c’était le nom de l’ouvrier – fixa pendant
quelque temps sur l’orateur un regard où perçait une impatience
intelligente ; puis, accompagnant sa voix d’un second retentissement de
son mousquet sur le sol, il éclata en ces termes : – Assez de phrases
comme ça ! »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-right: 1cm; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Dans
une description jusque-là inédite de l’entrée en scène de Marche, que vous
découvrirez dans le livre, vous l’entendrez poser d’abord et avant même toute
revendication plus concrète, cette question de démocratie directe :</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">« Et d’abord
nous demandons pourquoi nous sommes forcés, pour arriver jusqu’à eux [ceux qui
se disent nommés par nous], de renverser des gens qui nous barrent le passage ?
Qu’avez-vous à nous répondre ? »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Puis Marche exige que
soit reconnu le droit au travail, et adopté le drapeau rouge comme une
affirmation, une garantie de la couleur sociale de la république. Là encore, vous
verrez, selon les témoins oculaires, Marche réclamer tantôt le droit, tantôt le
drapeau, rarement les deux à la fois, et l’hypothèse que je propose pour
résoudre cette contradiction.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">1. Les 8 versions
du 25 février</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span> </span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">On dispose de pas
moins de huit versions différentes de cette scène inaugurale, dont deux
inédites, celle de <b>Félix Bouvier</b>, secrétaire du gouvernement provisoire les
premiers jours, et qui la raconte, dans la presse, exactement six semaines
après les faits, et celle d’<b>Hippolyte Carnot</b>, appuyée sur son journal et jamais
publiée. A la fin, Marche sort de l’Hôtel de Ville avec le décret qu’il a « arraché
séance tenante », « dicté », écrira Marx dans <i>Les Luttes de
classes en France</i>. Louis Blanc et <b>Garnier-Pagès</b> le signent les premiers, Lamartine
l’entérine plus tard, malgré qu’il a juré, selon l’une des versions :
« Vous me ferez couper la main avant que je signe cela », et, selon
une autre : « Vous me mettriez à la bouche de vingt pièces de canon
que vous ne me feriez pas signer… »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Pour faire résumer
l’évènement par un autre anarchiste, <b>Charles Benoist</b>, choisi par esprit de
clocher rive gauche (les<i> Temps nouveaux,</i> dont on cite ici le numéro du
3 août 1907, étaient alors rue Broca après avoir été rue Mouffetard),<i> </i><span> </span>« L'ouvrier Marche parlant au
gouvernement provisoire, c'est, dans « la rumeur formidable » et par « le geste
impérieux » du Nombre, [Benoist reprend là les termes de Louis Blanc] le
travail signifiant sa volonté, et dictant sa loi — la loi — à l'État. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Après cette
débauche de descriptions, huit pour une scène qui aura duré ½ h, 1 heure ?
et qui malgré leur nombre laisse des questions irrésolues, plus rien ! À
lire l’historien américain Donald C. McKay : « Marche, après cette
unique apparition, retourne d’où il vient, dans l’oubli ». L’affirmation date
de 1933, mais on a vu Traugott, cent dix-huit ans plus tard n’être pas plus
avancé.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Fini Marche
portraituré par Lamartine en « Spartacus d’une armée de prolétaires
intelligents », par Louis Blanc en « orateur (au) regard perçant d’impatience
intelligente » — intelligents jusque dans leur impatience, ces ouvriers de
48 ! </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Retourné dans
l’oubli parce qu’a la salve de portraits tirée par Bouvier, Carnot, Freycinet,
Garnier-Pagès, Lamartine, Louis Blanc, lord Normanby, Pelletan, a succédé le
feu roulant des journées de Juin ? L’hypothèse qu’il y ait été tué, on a
pu la lire ici ou là comme plus que probable. Trois mille, cinq mille ?
ouvriers ont été fauchés sur les barricades ou fusillés sans jugement celles-ci
tombées — Jacques Houdaille va jusqu’à 12 000 dans « Les détenus de
Juin 1848 », (article de <i>Population,</i> 36<sup>e</sup> année n° 1,
janvier février 1981, p. 164 à 171), mais il se borne à y reprendre <i>Les
journées de juin</i> (1966), du douteux Pierre Dominique (nom de plume de P. D.
Lucchini), directeur durant l’occupation de l'Office français d'information de
Vichy puis rédac-chef de <i>Rivarol</i>.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglw7jr6joYbeJqwhTxK6z2V1ZXjMd_XPRoX9rakQUEsgJVCIw7zhm2NQW0BiN-tkT4Lo3R_gF-JHN3-e6uxSBfTfY2UEutxJCMDiHOs_t90vYHg1FhQdSEkaeQ3Wvj5aJxqXh4qWnTP1mMCJrn29csRDbGh0bfSV9WvVyuAT8x8YdIvkeXspInPNq_xpw/s1578/PlandesbarricadesJuin1848.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1578" data-original-width="1527" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglw7jr6joYbeJqwhTxK6z2V1ZXjMd_XPRoX9rakQUEsgJVCIw7zhm2NQW0BiN-tkT4Lo3R_gF-JHN3-e6uxSBfTfY2UEutxJCMDiHOs_t90vYHg1FhQdSEkaeQ3Wvj5aJxqXh4qWnTP1mMCJrn29csRDbGh0bfSV9WvVyuAT8x8YdIvkeXspInPNq_xpw/w621-h640/PlandesbarricadesJuin1848.jpg" width="621" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Les barricades de juin 1848 dans le XIIe arrondissement de l'époque, rive gauche<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">2. La déposition
du constructeur mécanicien Cavé</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span> </span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Sauf que dès le 1<sup>er</sup>
juillet 1848, un démenti à cette hypothèse était donné non pas dans un document
confidentiel, rare, peu accessible, que sais-je encore, mais dans un recueil
qui est un usuel pour tout historien s’intéressant à la période, le <i>Rapport
fait au nom de la Commission d’enquête sur l’insurrection qui a éclaté dans la
journée du 23 juin et sur les événements du 15 mai. </i><b>François
Cavé</b>, constructeur mécanicien installé depuis des lustres en haut du faubourg Saint-Denis,
qui après avoir fourni des locomotives à la Cie du Nord continue de livrer des
roues et d’autres pièces détachées à l’atelier de réparations et d’entretien de
La Chapelle où Marche est tourneur, dépose le 1<sup>er</sup> juillet devant la
commission parlementaire, et il lui dit ceci concernant Marche : « Il
n’a pas été arrêté. Depuis les évènements, il se promène vêtu avec recherche.
Cependant, il y a quelque temps, les ouvriers, les sachant, lui, sa femme et
ses enfants fort malheureux, avaient fait une souscription à leur profit ;
mais ce n’est pas cette souscription qui peut le mettre en état de vivre comme
il le fait, car il ne travaille plus. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">« Il n’a pas
été arrêté », donc il ne le sera plus. Au 1<sup>er</sup> juillet, le filet
est plein, près de 12 000 insurgés y ont été ramassés. Dès le 27 juin,
un décret de l’Assemblée nationale a créé pour eux une peine originale, « la
transportation » dans les colonies française d’outre-mer « autres que
celles de la Méditerranée », une décision qui sera prise sans jugement,
sans magistrats et sans contradictoire par des commissions administratives.
Seuls les « chefs, fauteurs ou instigateurs » auront droit à une
justice certes militaire mais respectant certaines formes, c’est-à-dire aux
conseils de guerre.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Le 31 juillet,
<b>Cavaignac</b>, le répresseur en chef, que l’Assemblée nationale vient de faire
maréchal et président du Conseil des ministres, nomme une commission qui
étudiera les lieux possibles de cette transportation. Les propositions
affluent ; parmi celles-ci, deux concernent le Texas, et on les cite parce
que c’est au Texas que Cabet et ses communistes, dont Witzig, envisagent
d’établir leur Icarie. Finalement, le choix gouvernemental va s’arrêter sur
l’Algérie, que l’Assemblée nationale avait écartée d’abord parce que trop
proche, il semblait trop facile de s’en évader, et parce qu’on craignait que
les transportés n’y répandent chez les indigènes leurs perverses idées démocratiques.
La citadelle de Belle-Île formera à compter du 21 septembre, le dépôt
provisoire de l’avant-transportation. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Des commissions vont
ainsi examiner le cas de 11 671 raflés ; 97 % d’entre eux habitent la
Seine, 77 % Paris. Les ouvriers des métaux en représentent 20 à 23 %, soit
le double de leur poids dans la population au recensement de 1856, le premier pour
lequel on dispose de pourcentages par profession. Dans le Paris d’alors, celui
à 12 arrondissements, c’est le VIIIe qui paye, de loin, le plus lourd tribut à
la répression : 8,2 % de la population masculine adulte y est
interpellée ; le XIIe vient en second. Le VIIIe, c’est le bastion de l’industrie
« ancienne » de Paris, et des 4 quartiers de cet arrondissement, celui
de Popincourt — Albert y est mécanicien chez le fabricant de boutons
Bapterosses, dans l’actuelle rue Léon Frot (anc. de la Muette) — représente à lui seul près des
trois-quarts des détenus de l’arrondissement : 1 036. Le second
quartier parisien en termes de défèrement, celui de la Porte Saint-Martin
(celui du domicile de Marche), dans le Ve, en compte moins de la moitié :
496. </span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span></span></span></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioXIIFTHqAXUvrtEbpgZloKRG-GCtGgm4Ir_2jfQRw-e5rTW1yrAf4N0Q0ZTmd_oqFRm63g6nPT_xMiXG-92Qvu4Izd1vdxKHCraMMP7fbHXNIZJzHRPfFHnu-UhMMuBl0pqkTh1zPYzHWH_LyVhhwoTtaBIN62opfMJXMPLZdsrgQ2LRtUBtap2dgJos/s1802/VIIIearr.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1802" data-original-width="1262" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioXIIFTHqAXUvrtEbpgZloKRG-GCtGgm4Ir_2jfQRw-e5rTW1yrAf4N0Q0ZTmd_oqFRm63g6nPT_xMiXG-92Qvu4Izd1vdxKHCraMMP7fbHXNIZJzHRPfFHnu-UhMMuBl0pqkTh1zPYzHWH_LyVhhwoTtaBIN62opfMJXMPLZdsrgQ2LRtUBtap2dgJos/w448-h640/VIIIearr.jpg" width="448" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">LE VIIIe ; la rue de la Muette entre Roquette et Charonne </td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr></tbody></table><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">J. Houdaille, prenant
en compte les chiffres de 1856 pour les raisons dites plus haut, rapportés aux
limites géographiques de l’actuel 13<sup>ème</sup> arrondissement, (soit le XIIe
ancien, 122 815 habitants en 1856, plus la partie d’Ivry, commune alors de
13 000 habitants, comprise entre le mur des Fermiers généraux et les
fortifications), montre qu’avec 1 434 suspects passant devant ces
commissions, c’est 1,1 % de la population d’alors de ce 13<sup>ème </sup>anticipé,
et 12,3 % du total des interpellés parisiens. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Sachant que les
détenus sont à 97,5 % des hommes, et compte tenu de ce que les hommes
adultes doivent représenter en gros le quart de la population, j’en arrive à
environ 4,4 % des hommes adultes du futur 13<sup>ème</sup> déférés pour
éventuelle transportation. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Sur cette même
base (H = ¼ de la pop.), et en estimant maintenant une population moyenne entre
les recensements de 1846 et de 1851, je trouve qu’à La Chapelle, où sont les
ateliers de la Cie du Nord, c’est 9 % des hommes adultes de 1848 qui auront
été arrêtés ; à Ivry, où sont les ateliers de la Cie d’Orléans, c’est 5,2 %
de de la population masculine adulte qui l’aura été. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Voir aussi Jacques
Houdaille, « Les détenus de Juin 1848 », dans <i>Population, </i>la
revue de l’Ined, n° de janvier- février 1981, p. 164 à 171. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">À Ivry, commune de
6 880 hab. en 1846, de 7 671 habitants en 1851, soit d’environ
1 820 hommes adultes en 1848, 96 personnes passent devant les commissions.
Sur ce nombre, 21 appartiennent au chemin de fer d’Orléans : 6 y sont dits
employés et 3 ouvriers sans plus de précision, mais on trouve aussi dans la
liste, 1 sous-chef de gare, 1 chef d’équipe, 1 conducteur, 1 chauffeur, 2
hommes d’équipe, 1 facteur, 1 aiguilleur, 1 poseur de rail, 1 lampiste. Ils
ont entre 24 et 51 ans. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Un seul est né à
Ivry, 1 autre à Corbeil, à l’autre bout du premier embranchement ; les
autres le sont, pour 3 d’entre eux, à Paris, 2 en Seine-Inférieure, 2 en Seine
& Oise, 1 en Seine-et-Marne. Hors de Paris et des départements limitrophes,
1 est né en Belgique, puis 1 dans chacun des départements du Jura, du Lot, de
la Gironde, du Nord, de l’Indre, du Calvados, de l’Yonne, de la Moselle. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Sur ces 21
cheminots, 9 habitent la rue du Chevaleret, qui est aussi celle de 7 autres déférés,
presque tous ouvriers mécaniciens, sans autre indication de leur lieu de
travail. Sur les 21 cheminots de l’Orléans, 12 seront libérés, les autres
connaîtront les pontons (ces navires à quai servant de prison) de Brest, ou le
fort du Hommel à Cherbourg, etc…</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Voir la base de
données de <b>Jean-Claude Farcy</b> et <b>Rosine Fry</b>, <i>Inculpés de l’insurrection de
Juin 1848</i>, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En
ligne].</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwNhq2uZNgP65pTb4wq-uiuV07q9EcX8xqwYK97muIG33Kf_w1KLapLgmsMqpv5ijnIAgm7n8XyXui90T16-7ur_yZAsCWPzLx8qF_E6b4E74WirF_5FG_Ipq5IfZy8sNpahwt5RQB471DRzNBVyDMEV8sgWQs3GZhG-YZ6l2DtqTEvIOCXDtGTLUPp_8/s1874/XIIearr.ethautd'Ivry.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1528" data-original-width="1874" height="522" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwNhq2uZNgP65pTb4wq-uiuV07q9EcX8xqwYK97muIG33Kf_w1KLapLgmsMqpv5ijnIAgm7n8XyXui90T16-7ur_yZAsCWPzLx8qF_E6b4E74WirF_5FG_Ipq5IfZy8sNpahwt5RQB471DRzNBVyDMEV8sgWQs3GZhG-YZ6l2DtqTEvIOCXDtGTLUPp_8/w640-h522/XIIearr.ethautd'Ivry.jpg" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le XIIe et la portion d'Ivry entre mur des Fermiers généraux et fortifications<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Fin novembre 1849,
bien que diverses grâces aient diminué le nombre des justiciables de la
transportation, environ 600 personnes croupissent encore sur les pontons de
Cherbourg, et 1 200 à Belle-Île.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Finalement, 462 seront
effectivement transportées en Algérie et il leur aura fallu attendre le début
de 1850. Sur ces 462, 25 % habitaient la Rive Gauche Est, spécialement les
rues Saint-Jacques, Mouffetard (qui s’étend alors sous ce nom jusqu’à la
barrière de Fontainebleau, auj. place d’Italie), de la Montagne-Sainte-Geneviève
et Saint-Nicolas-du-Chardonnet, autour de Polytechnique. Concernant les
professions, 17 % des transportés (80 individus) exerçaient un métier du
fer : fondeur, forgeron, mécanicien, tourneur et surtout serrurier. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Alors qu’il
s’agissait surtout de ne pas risquer qu’ils contaminent la colonie, la loi de
janvier 1850 envisage maintenant leur rédemption en colons. Elle stipule que :
“Les individus transportés seront réunis sur les terres du domaine de l’État,
et y formeront un établissement disciplinaire spécial. Trois années après le
débarquement des transportés en Algérie, ceux qui justifieront de leur bonne
conduite pourront obtenir, à titre provisoire, la concession d’une habitation
et d’un lot de terre sur l’établissement. Après une nouvelle période de sept
années, si le concessionnaire provisoire déclare vouloir s’établir en Algérie,
et s’il a continué à tenir une bonne conduite, la concession deviendra
définitive. Il sera pourvu par l’État aux dépenses de voyage des femmes
légitimes et des enfants de transportés, quand l’état de l’établissement
permettra qu’ils soient réunis à leurs maris ou à leurs pères.”</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Marche, qui
« n’a pas été arrêté », ne sera pas passé devant ces commissions
administratives, Cavé nous l’a appris, mais il était possible, dès l’automne
1848, seize mois avant que les transportés ne finissent par arriver en Algérie,
d’y partir en colon volontaire. Marche était dans une très mauvaise passe avant
sa soudaine aisance, inexpliquée, des derniers jours de juin. Il y avait de
quoi : « il ne travaille plus », dixit Cavé, sans doute depuis
le 21 mai, quand suite à la grève, le personnel du chemin de fer du Nord a été
licencié en bloc avant qu’une réembauche filtrante ne laisse dix-neuf meneurs
dehors, dont probablement lui. N’a-t-il pas fallu une
« souscription » des « ouvriers », sans doute ses ex-camarades
du chemin de fer, pour le soutenir, ? </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Le 19 septembre
1848, l'Assemblée Constituante votait un décret ouvrant « au ministère de
la Guerre un crédit de 50 millions de francs pour l'établissement de 42
colonies agricoles dans les provinces d'Algérie ». Douze mille colons,
installés aux frais de l'État, recevraient en plus d'une concession de terre de
2 à 10 ha selon l'importance de leur famille, une maison, des instruments, du
bétail, des semences et des rations journalières de vivres pendant trois ans.
L'Algérie ne comptait alors qu'une cinquantaine de villages de colonisation
peuplés d'environ vingt mille colons ruraux. Les candidatures affluent, une
commission dite des Tuileries les examine, composée de trois députés, des
maires des VIIe, VIIIe et IXe arrondissements, et présidée par <b>Ulysse Trélat</b>, ex-médecin
à la Salpêtrière, ex-ministre des Travaux publics — et, à ce titre, licencieur
le 28 juin <span>de l’ensemble du personnel des
gares et ateliers d’Ivry et de Paris, et de tous les conducteurs et chauffeurs
des deux compagnies associées, celle d’Orléans et celle du Centre — maintenant
député-maire du XIIe. Dès le 8 octobre 1848, un premier convoi de colons part
du quai de Bercy avec 800 personnes. Finalement, ils seront non pas 12 000
mais 14 000 heureux admis sur plus de 16 000 candidatures. </span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">La Commission des
Tuileries soulignera dans son rapport de janvier 1849 : « L'espérance de la
propriété individuelle a été le véritable stimulant de la colonisation.
Quelques-uns sont partis ayant l'esprit plus ou moins imbu de doctrines
inapplicables. La Commission a appris par diverses lettres qu'ils se sont
promptement modifiés et que ce sont ceux qui font avec le plus de zèle acte de
propriétaire ». À tel point que, selon un témoignage de 1849 : « Les Arabes
nomades désertent le voisinage des colons du décret, ils préféraient celui des
colons civils qui sont, disent-ils, moins féroces de la propriété. Il suffit du
moindre délit commis par des bestiaux arabes pour que les colons du décret en
poursuivent rigoureusement la répression ». </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Le problème de la
légitimité de la colonisation elle-même ne semble pas s'être posé à ces
républicains qu'on pourrait croire imbus du principe du droit des peuples à
disposer de leur territoire. Y avait-il seulement un peuple dans cette Algérie
que l'on devait justement peupler ? Les colons pouvaient en douter. On
leur parlait de « France africaine », on refusait de les appeler des
émigrants « afin d'effacer des esprits toute pensée d'expatriation, car
l'Algérie est une terre à jamais française ». </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Si la visée
disciplinaire de la transportation s’était finalement transformée en
colonisation accessoire, le colonat allait paradoxalement dépendre lui aussi de
l'autorité militaire, « seule chargée de la création des colonies
agricoles... Le service du génie exécute les travaux, celui de l'Intendance
distribue les vivres et prestations de toute nature aux colons, celui des
hôpitaux accueille les malades... En outre, les divers corps de troupes
fournissent les officiers pour exercer les fonctions administratives et
judiciaires ».</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">On cite depuis
quatre paragraphes, <b>Yvette Katan</b>, « Les colons de 1848 en Algérie : mythes
et réalités », <i>Revue d’histoire moderne et contemporaine</i>, tome 31, n°2,
avril-juin 1984 : La France et ses colonies, pp. 177-202.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Les Ve
(l’arrondissement de Marche, on l’a dit), VIe (celui du Temple et de Saint-Martin-des-Champs),
VIIIe (le 11<sup>ème</sup> et les deux-tiers du 12<sup>ème</sup> actuels), et le
XIIe (le 5<sup>ème</sup> actuel et le faubourg Saint-Marcel du 13<sup>ème</sup>)
envoient à eux seuls 52,5 % des colons : 1 371 personnes (480
familles) pour le Ve, 1 221 personnes (381 familles) pour le XIIe, quatrième
pourvoyeur.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Les ouvriers représentent 61,30 % des partants ;
cette fois, les menuisiers-ébénistes y sont plus nombreux (15,3 %) que les
métallos (11 %).</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Mais peut-être
Marche n’a-t-il pas eu besoin de partir pour l’Algérie ? La dernière fois
qu’on l’a vu, que Cavé l’a vu, il se « promen[ait] vêtu avec recherche ».
Si c’était grâce à l’argent bonapartiste, la nouvelle vague de répression qui
va s’abattre ne le concerne évidemment pas. Si c’était grâce à l’argent
légitimiste, étranger ; s’il n’y a là qu’une tentative de Cavé pour le
salir, alors il faut s’attendre au pire. Après <i>le 18 Brumaire de Louis
Bonaparte</i> (Marx), c’est-à-dire le coup d’État du 2 décembre 1851, la vague
est deux fois plus haute que la précédente : 26 889 personnes, (à
99,3 % des hommes), sont poursuivies, à cette différence près qu’en 1848, Paris
comptait pour 77 % d’entre eux, le département de la Seine pour 97 %,
la province pour rien... En 1851, c’est exactement le contraire : Paris ne
compte plus que pour 8,3 %, la Seine pour 10,8 % des poursuivis. Dans
nos arrondissements et banlieues ouvrières et ferroviaires, on dénombre, dans
le Ve, 281 inculpés en 1851 contre 827 en 1848 et, à La Chapelle, 52 contre 370
trois ans et demi plus tôt ; dans le XIIe, 160 en décembre 1851 contre
1 338 en juin 1848 et, à Ivry, 8 par rapport à 96. La classe ouvrière ne s’est
pas mobilisée pour défendre la république bourgeoise qui l’a fait massacrer. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Dans le XIIe +
Ivry, 168 hommes sont poursuivis, dont 9 métallurgistes (2 employés au chemin de
fer d’Orléans, 5 mécaniciens, dont 1 tourneur, 2 serruriers), soit à peine plus
de 5 % du total. 34, soit 20 %, seront condamnés à l’Algérie. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">A l’échelle
nationale, sur 26 889 poursuivis, 9 498 ont été désignés pour être transportés ;
6 247, soit 23 %, le seront effectivement.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Voir la base de
données de Jean-Claude Farcy et Rosine Fry, <i>Poursuivis à la suite du coup
d’État de décembre 1851</i>, Centre Georges Chevrier - (Université de
Bourgogne/CNRS), [En ligne].</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfFvx8uINor-S-SJ1Mu7uy7L-RInMfNdjls0RqoWrOtwEUzF_tF78rvL7i_AC6ERxxA0WnebB_JVI0HbWvUHyw44HzRsg8r1ZrkPhbXY8oBJsE69ShzWVOeADUTT8qVQrAoIk5IK5RMZ8Gldnuooxps5WyB_aMPvifki28OOr1KmAEB3SK0SaXK2JmdFI/s2334/11.transportHavreUlloa.jpeg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1587" data-original-width="2334" height="436" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfFvx8uINor-S-SJ1Mu7uy7L-RInMfNdjls0RqoWrOtwEUzF_tF78rvL7i_AC6ERxxA0WnebB_JVI0HbWvUHyw44HzRsg8r1ZrkPhbXY8oBJsE69ShzWVOeADUTT8qVQrAoIk5IK5RMZ8Gldnuooxps5WyB_aMPvifki28OOr1KmAEB3SK0SaXK2JmdFI/w640-h436/11.transportHavreUlloa.jpeg" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">LIGOTÉS TROIS PAR TROIS PAR LES POIGNETS<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Marche ne figure
pas sur les listes. Revenons au témoignage de Cavé : « lui, sa
femme et ses enfants ». Lamartine donnait à Marche 20-25 ans, plusieurs l’ont
décrit les manches roulées au-dessus du coude, les bras nus ; on se le
représentait du coup comme un Gavroche monté en graine, façon <i>Liberté
guidant le peuple</i> : bras nus en février, et alors que le réchauffement
climatique n’avait même pas commencé !</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Et voilà Cavé qui
nous dit que Marche est un père de famille ; ça change tout ! Jeune
célibataire, certainement né en province comme bon nombre d’ouvriers parisiens
(près de 70 % des inculpés de l’insurrection de Juin 1848 en sont natifs,
par exemple), comment aurait-on pu l’identifier ? Plus âgé, l’homme aurait
très bien pu être arrivé à Paris déjà marié et pourvu d’enfants : même
problème pour le retrouver. Tandis que si, à 20-25 ans, il a déjà épouse
et bambins, ce mariage, ces au moins deux naissances sont tout récents, 2-3 ans
au plus, et ont eu lieu à Paris : pour avoir été délégué à l’Hôtel de Ville
le 25 février, pour que ses camarades aient fait une souscription en sa faveur,
Marche ne pouvait pas avoir débarqué la veille.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">L’état-civil
parisien d’avant l’annexion de 1860 était centralisé à l’Hôtel de Ville ;
il a brûlé pendant la Commune mais a été reconstitué ; il est classé
alphabétiquement. Il suffit de consulter la liste des mariages depuis 1845 d’individus
nommés Marche, puis de croiser avec les naissances d’enfants Marche et d’en
trouver au moins 2 ayant les mêmes parents, pour apprendre que Marche se
prénomme Charles Michel, que Lamartine est un physionomiste médiocre :
Charles Marche a 29 ans ; que sur les barricades, il se battait aussi
pour Charles, 2 ans et 3 mois, et Louise, 2 mois.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">En poursuivant les
recherches d’état-civil au-delà de 1848, on constatera que lui et <b>Louise
Vincent</b>, sa femme, fleuriste, auront un troisième enfant (et second fils) le
28 octobre 1849 – les Marche ne sont donc pas partis coloniser l’Algérie –
et un quatrième (et seconde fille) le 27 avril 1852 – Charles Marche a donc
échappé aux « crimes du 2 Décembre ». </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Et peut-être
peut-on ajouter qu’ayant donné la vie à deux enfants de plus, les Marche ne vivent
sans doute pas dans la plus affreuse misère.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Le soupçon déjà
évoqué plus haut se fait plus insistant. Répétons la déposition de Cavé :
« Depuis les évènements [c-à-d depuis l’après-insurrection de juin], il se
promène vêtu avec recherche, [alors qu’il ne vivait auparavant que de la
souscription de ses collègues], (…) et ce n’est pas cette souscription qui peut
le mettre en état de vivre comme il le fait, lui qui ne travaille plus. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Au 1<sup>er</sup>
juillet, Marche vivrait soudain sur le grand pied permis par l’or légitimiste,
ou bonapartiste, voire étranger, enfin celui qui est censé avoir fomenté l’insurrection ?
Marche n’a-t-il échappé à toutes les répressions comme à la misère que parce
que, dès juin, il était un traître ? Il n’y a de vrai héros que mort au
combat, les rescapés déçoivent toujours…</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">3. La lettre au Dr
Lacambre</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Heureusement,
après les témoignages du 25 février 1848, puis la déposition de Cavé du 1<sup>er</sup>
juillet, nous arrive un siècle plus tard un troisième renseignement décisif par
une phrase de <b>Maurice Dommanget</b> dans <i>La révolution de 1848 et le drapeau
rouge, </i>(1948), publié aux éditions Spartacus comme ce livre-ci :
« Pour échapper à la répression, il [Marche] émigra en Amérique. Là-bas,
non perdu de vue par les blanquistes, il était encore en 1879 à la tête d’un
établissement agricole. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Tiens, en 1879,
Marche est donc toujours vivant, en Amérique, et que signifie ce « non
perdu de vue par les blanquistes » ? Ces derniers lui collent-ils aux
basques parce qu’après tant d’années ils n’ont pas renoncé à liquider l’infâme
traître ?</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Dommanget n’en dit
pas plus, ce n’est pas son sujet, mais on pourra relire cette même phrase, inchangée,
dans son <i>Histoire du drapeau rouge des origines à la guerre de 1939</i>, à
la Librairie de l'Étoile, en 1967.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span> </span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Dommanget a hérité
des papiers du <b>Dr Lacambre</b>, un très proche de Blanqui, dévoué au vieux
révolutionnaire jusqu’à avoir épousé l’une de ses très jeunes nièces, afin
qu’elle pût tenir le ménage et de Blanqui et de lui-même sans que cette
cohabitation avec deux hommes ne créât un scandale. L’épisode est assez
savoureux pour mériter la digression :</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">En août 1865,
Blanqui a pu s’évader et trouver refuge en Belgique. Lacambre échafaude des
plans pour lui venir en aide et, trois ans plus tard, le 29 novembre 1868, a
cette idée dont il présume qu’elle pourrait être reçue avec quelque ironie :
« n’allez pas en rire », commence-t-il sa lettre à Blanqui. « Si
l’une de vos nièces, Bérangère ou sa sœur, qui tiennent pension rue du
Faubourg-Saint-Denis, était douée d’assez de dévouement pour se consacrer au
service de deux vieillards, tout en servant en même temps une noble cause, à
quelque titre que ce fût, dût-elle se marier avec moi si cela était
indispensable, je m’arrangerais de façon à réaliser des ressources suffisantes
pour notre existence à tous les trois, puis nous choisirions un séjour qui,
tout en ne vous enlevant pas à vos influences indispensables, me permit à
moi-même d’exercer ma profession. (…) Je ne connais pas beaucoup vos deux
nièces et ne sais jusqu’où pourrait aller leur dévouement. (…) Bien entendu que
Bérangère, comme la plus rieuse, la plus gaie et la plus légère, remplirait
peut-être mieux les conditions nécessaires. » « N’en riez pas
trop », répète-t-il encore. Bérangère a 23 ans, Marie, sa sœur, en a
34 ; le docteur Lacambre en a 53.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Lacambre revient à
son idée dans un courrier à Blanqui du 9 décembre : « Quoique je
n’aie pas de grands penchants pour le mariage, (…) je ferais le sacrifice pour
nous mettre tous deux à l’abri des vicissitudes du service domestique — Pour
peu que Bérangère soit dévouée et femme de ménage, je parviendrai bien à nous
créer des ressources pour pouvoir nous suffire à tous en nous permettant de
nous occuper sérieusement de nos affaires les plus chères. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Blanqui peut
regagner la France grâce à l’amnistie générale du 14 août 1869, et son ami
Lacambre épouse presque aussitôt, le 11 septembre, à la mairie du Ve
arrondissement, Rose, Inès, Juliette, Bérangère Barrellier, née le 1er juillet
1845, dernier enfant de Sophie Blanqui (la sœur aînée d’Auguste), et de Charles
Barrellier. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Lacambre poussera
encore plus loin le « sacrifice », sans qu’on comprenne cette fois en
quoi il peut bien être utile à Blanqui, jusqu’à faire à Bérangère deux enfants :
René Gilbert, le 17 septembre 1872, puis Laure.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span> </span>Revenons à nos moutons. Dans les papiers du désormais
mari de Bérangère, Maurice Dommanget a trouvé une lettre, datée</span><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;"> </span><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">du
19 août 1879, expédiée au docteur Lacambre par un sien ami de jeunesse, Louis
Meyer, dont il était sans nouvelles depuis trente ans. C’est la lettre dont
Dommanget résume la teneur dans la phrase citée plus haut. À la lire — Dommanget
l’a déposée plus tard avec tous les papiers Lacambre et les siens propres à l’Institut
d’histoire sociale — on constate que le grand historien du blanquisme nous en a
donné une synthèse inexacte : rien n’y est dit du motif du départ de
Marche et « la répression » n’y est pas suggérée ; il n’y est
pas écrit non plus que Marche est « encore en 1879 à la tête d’un
établissement agricole » mais qu’il l’était « il y a bien longtemps ».
</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Le point capital
est qu’il en ressort que de mai 1848 à une date postérieure à juin 1857, le
docteur Lacambre, <b>Louis Meyer</b>, professeur d’allemand, et <b>Édouard Huet</b>, futur président
de la Société d’instruction républicaine de Paris, ont été en relation directe puis
épistolaire avec Marche, ce qui exclut une trahison de la part de celui-ci en
juin 1848. Ouf !</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">4. Une biographie
2.0</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Voilà pour les informations
accessibles à quiconque voulait savoir ce qu’était devenu Marche
postérieurement au 25 février 1848, et se le demandant postérieurement à 1948. Pour
le reste, il fallait attendre internet, la numérisation et les moteurs de
recherche… pour découvrir, par exemple, dans l’Annuaire professionnel de St.
Louis que Charles Marche, mécanicien, arrivant en ville à la mi-1857, s’y
domicilie au n° 226 de la Troisième rue Sud, voisin de palier, en quelque
sorte, de Jean-Jacques Witzig logé au n° 228. Ce qui ne peut être un
hasard et induit, rétroactivement, une familiarité antérieure certainement
nouée à Paris dans les grèves des chemins de fer de mai 1848.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtlidTWeo97clq7KSAWIOVcva3iuzEvt4qatHWwihTKGD8kL6DOFgAyneBfBRkzF3rT7V_jr2hhGnLEu3iy8gnoFARmjbN4NsrSPUvuvHlCcRr5GE7aQpc8nNEn6vmmqjdmNX_060Av7AvQxgWl8gvnXGcP9TBrBhzzG0i3q3f_zcZmQ_W6K6O5tXynGU/s2877/pontferroroutier.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1653" data-original-width="2877" height="368" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtlidTWeo97clq7KSAWIOVcva3iuzEvt4qatHWwihTKGD8kL6DOFgAyneBfBRkzF3rT7V_jr2hhGnLEu3iy8gnoFARmjbN4NsrSPUvuvHlCcRr5GE7aQpc8nNEn6vmmqjdmNX_060Av7AvQxgWl8gvnXGcP9TBrBhzzG0i3q3f_zcZmQ_W6K6O5tXynGU/w640-h368/pontferroroutier.png" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le pont, ferroviaire au niveau inférieur, qui, en 1874, raccorde à St. Louis les deux tronçons du chemin de fer transcontinental. J.-J. Witzig, décédé à cette date, ne le verra pas.<br /></td></tr></tbody></table><p><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Marche a 58 ans quand, en juillet 1877, une grève nationale des chemins de fer traverse les États-Unis comme une locomotive emballée, donnant naissance, dans la ville où il réside, à ce que la presse appellera la Commune de St. Louis.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvOAgmkYprFleMb7U68l4Zxsl1ch1UHR92FAFQSld71_WPtXD-k2JFbgGlQ8eGLPTpVmnHfds7qmohoMl7BeWWyS0NCoKLz8Zr1tSIteN2t2F0aktpxYWn6YZNVgAJ2Pq6HE2yTb-Bt2cI0gthWJkjsknjJOw3hNf37R6pHIqDJ9ekyV78fK33lZEJQxs/s2152/25.Pontenfeu1877.jpeg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1544" data-original-width="2152" height="460" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvOAgmkYprFleMb7U68l4Zxsl1ch1UHR92FAFQSld71_WPtXD-k2JFbgGlQ8eGLPTpVmnHfds7qmohoMl7BeWWyS0NCoKLz8Zr1tSIteN2t2F0aktpxYWn6YZNVgAJ2Pq6HE2yTb-Bt2cI0gthWJkjsknjJOw3hNf37R6pHIqDJ9ekyV78fK33lZEJQxs/w640-h460/25.Pontenfeu1877.jpeg" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Incendie volontaire du pont ferroviaire enjambant la Lebanon Valley, Pennsylvanie. Harper's Weekly du 11 août 1877<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><p></p><p></p>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoHeader, li.MsoHeader, div.MsoHeader
{mso-style-priority:99;
mso-style-link:"En-tête Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
tab-stops:center 8.0cm right 16.0cm;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoFooter, li.MsoFooter, div.MsoFooter
{mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Pied de page Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
tab-stops:center 8.0cm right 16.0cm;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}a:link, span.MsoHyperlink
{mso-style-priority:99;
color:#0563C1;
mso-themecolor:hyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
color:#954F72;
mso-themecolor:followedhyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}p.MsoListParagraph, li.MsoListParagraph, div.MsoListParagraph
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpFirst, li.MsoListParagraphCxSpFirst, div.MsoListParagraphCxSpFirst
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpMiddle, li.MsoListParagraphCxSpMiddle, div.MsoListParagraphCxSpMiddle
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpLast, li.MsoListParagraphCxSpLast, div.MsoListParagraphCxSpLast
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}span.En-tteCar
{mso-style-name:"En-tête Car";
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:En-tête;}span.PieddepageCar
{mso-style-name:"Pied de page Car";
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Pied de page";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style><p><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoHeader, li.MsoHeader, div.MsoHeader
{mso-style-priority:99;
mso-style-link:"En-tête Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
tab-stops:center 8.0cm right 16.0cm;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoFooter, li.MsoFooter, div.MsoFooter
{mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Pied de page Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
tab-stops:center 8.0cm right 16.0cm;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}a:link, span.MsoHyperlink
{mso-style-priority:99;
color:#0563C1;
mso-themecolor:hyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
color:#954F72;
mso-themecolor:followedhyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}p.MsoListParagraph, li.MsoListParagraph, div.MsoListParagraph
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpFirst, li.MsoListParagraphCxSpFirst, div.MsoListParagraphCxSpFirst
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpMiddle, li.MsoListParagraphCxSpMiddle, div.MsoListParagraphCxSpMiddle
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpLast, li.MsoListParagraphCxSpLast, div.MsoListParagraphCxSpLast
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}span.En-tteCar
{mso-style-name:"En-tête Car";
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:En-tête;}span.PieddepageCar
{mso-style-name:"Pied de page Car";
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Pied de page";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-19921430923724744622023-12-21T22:36:00.013+01:002023-12-25T18:39:13.212+01:00SUR LES TRACES DE CHARLES MARCHE (PAR JJ WITZIG INTERPOSÉ) AU FAUBOURG SAINT-MARCEL<p> </p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHki56bDNpwEOPuM3M3s0qdHoz_iPeHlCwd8l4PEbJRGTGL53Tg1mOG26u7wRk73Ul9q1li7o7P4x0nIk45PNHhQFiT1t91pnCdNInBVVqyvFJkBb3J1yyYhoeGHu1wclGkgc4iS0ehY6aj0MoDuZk2VZ886djUZ9MchzyUCNcbRL8xN5E_Mh-hnzj6H0/s5984/planCdFOrle%CC%81ans.jpeg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="4640" data-original-width="5984" height="496" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHki56bDNpwEOPuM3M3s0qdHoz_iPeHlCwd8l4PEbJRGTGL53Tg1mOG26u7wRk73Ul9q1li7o7P4x0nIk45PNHhQFiT1t91pnCdNInBVVqyvFJkBb3J1yyYhoeGHu1wclGkgc4iS0ehY6aj0MoDuZk2VZ886djUZ9MchzyUCNcbRL8xN5E_Mh-hnzj6H0/w640-h496/planCdFOrle%CC%81ans.jpeg" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Plan de Téort, 1848<br /></td></tr></tbody></table><br />
<p></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Ce
sont les journées de juin 1848 qui vont tracer la géographie du Paris
révolutionnaire et barricadier que l’on retrouvera tel quel en 1871 et encore
en 1944.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">«
La ville était divisée en deux camps », écrira <b>Friedrich Engels</b> dans la <i>Nouvelle
gazette rhénane</i> du 28 juin, par les rues du Faubourg St-Denis et St-Denis, Saint-Jacques
et du Fbg St-Jacques. « Ce qui était à l'est était occupé et fortifié par
les ouvriers ; c'est de la partie ouest qu'attaquait la bourgeoisie et qu'elle
recevait ses renforts. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Sur
la carte hachurée de barricades, les lignes de chemin de fer, qui tracent l’expansion
de l’industrie moderne, ne font pas exception : seules les compagnies
ferroviaires de l’Est parisien, celle du Nord et celle d’Orléans (celle de
Strasbourg n’est pas achevée), prennent leur part au combat.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Les
deux personnages principaux de <i>Du drapeau rouge à la tunique bleue</i>, <b>Charles
Marche</b> et <b>Jean-Jacques Witzig</b>, qu’on ne suivra pas ici jusqu’aux États-Unis où
leurs trajectoires se recouperont à nouveau, sont l’un et l’autre
« cheminots », mécanicien tourneur aux ateliers d’entretien–réparation
du chemin de fer du Nord pour le premier, mécanicien à la traction du chemin de
fer d’Orléans pour le second. Nous avons marché sur les traces de Marche,
autour des gares du Nord et de La Chapelle, dans un billet précédent, nous nous
baladerons cette fois autour de l’embarcadère d’Orléans (Austerlitz), de la
gare marchandises et du dépôt d’Ivry.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Au
départ de la librairie SMDbooks, par les rues N. Roret, Lebrun, l’av. des
Gobelins, la rue du Banquier, enfin le jardin Kateb Yacine qui, avec ses
jardins familiaux, fera fonction de machine à remonter le temps, on arrivera devant
l’entrée de l’ENSAM, 151 bd de l’Hôpital</span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">L’école
nationale supérieure des arts et métiers n’a remplacé ici les abattoirs dits de
Villejuif qu’en 1912. En 1848, il n’en existait encore que trois : celles
de Châlons (depuis 1806), d’Angers (à partir de 1815), d’Aix-en-Provence après 1843,
chacune desservant vingt-sept départements.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Le
jeune J.J. Witzig, est entré à celle de Chalons à l’âge légal de 13 ans, mais
n’y est resté que deux années sur les trois réglementaires, une décision
ministérielle du 30 août 1838 l’en ayant radié sans que l’on en sache la
raison. L’admission des 300 élèves s’y faisait, après qu’ils avaient déjà
effectué un an d’apprentissage, par des examens départementaux dont le
classement déterminait l’attribution de bourses complètes, de ¾ ou de ½ pensions.
A raison de 5 heures de théorie le matin, que suivaient l’après-midi 7 heures
de pratique (dont ½ h de pause), on y formait sinon des ingénieurs comme
aujourd’hui, en tout cas des élèves qui seraient pour les deux tiers « des
ouvriers habiles et instruits » et pour l’autre « des contremaîtres et des
chefs d’ateliers », voire, à leur tour, « des constructeurs distingués ».</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">C<span>ette même année 1838 où Witzig était renvoyé de l’école,
le polytechnicien <b>Georges-Luc Clarke</b> achetait en Angleterre au créateur de la
traction à vapeur sur voie ferrée lui-même, <b>George Stephenson</b>, quinze locomotives,
ainsi que des machines-outils destinées à l’atelier de réparations du chemin de
fer d’Orléans à naître : le tronçon Paris-Corbeil n’ouvrira qu’à l’automne
1840. Le rapport qu’il publia sur sa mission en Angleterre et en Belgique,
plein de détails sur le fonctionnement des chemins de fer de ces deux pays est
toujours disponible en librairie.</span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">En 1848, on retrouve J.J. Witzig mécanicien au dépôt d’Étampes
du chemin de fer d’Orléans (il est entré en fonction à la compagnie au 15
janvier 1845), dépôt qui compte trois machines voyageurs, cinq machines
marchandises, plus une de réserve, soit neuf machines au total, ce qui en fait
un dépôt plus important que celui de Paris-Ivry. Witzig est connu à Étampes
comme « communiste icarien », c’est-à-dire partisan d’<b>Étienne Cabet</b>
et de la décision de ce dernier, devant les embûches rencontrées en France, d’aller
mettre en œuvre la communauté des biens dans une colonie du Texas.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoI-emR3QUcJl72jTIfiZkQW1pac-tS5eGwoGk0xDXhhIco0p2zATf5W9naRRuoL6trOZYbE9BuIAgw9Vt8hj2HSAmnQG1JxDdC87zpop1a-dnxAqcXlJsIAurmldJFJabUMPghcDSDboS6u8tR8BN9m0jjI_jB4Sd1QteD-D0qx3nKY_Z4jalXOZ0Aig/s1482/5.VoyagenIcarieCabet;p39%20Gallica.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1482" data-original-width="1024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoI-emR3QUcJl72jTIfiZkQW1pac-tS5eGwoGk0xDXhhIco0p2zATf5W9naRRuoL6trOZYbE9BuIAgw9Vt8hj2HSAmnQG1JxDdC87zpop1a-dnxAqcXlJsIAurmldJFJabUMPghcDSDboS6u8tR8BN9m0jjI_jB4Sd1QteD-D0qx3nKY_Z4jalXOZ0Aig/s320/5.VoyagenIcarieCabet;p39%20Gallica.jpeg" width="221" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br /><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"><br /></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Dès le 15 mars, les mécaniciens-conducteurs et les
chauffeurs revendiquent, outre des augmentations, le « droit d'élire (leurs)
chefs immédiats tels que chef et sous-chef de dépôt ». Moins de deux
semaines plus tard, la Compagnie d’Orléans se voit contrainte de céder :
elle déclare ces postes vacants et Witzig est aussitôt élu par ses camarades chef
du dépôt d’Étampes, poste qui lui donne le pouvoir de délivrer des
laissez-passer pour Paris aux mécaniciens-conducteurs, soit la possibilité pour
ceux-ci de rencontrer leurs homologues des autres compagnies de chemin de fer
de la capitale.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Du
coup, quand une partie de la presse écrira, au lendemain de l’insurrection de
juin, le 26, qu’une locomotive fantôme a été vue sur la ligne, neuf hommes
serrés dans la machine, trois rencognés dans le tender, au milieu desquels on
suppose que se dissimulait Cabet, Witzig, qui avait reçu le père de l’Icarie
chez lui dix jours plus tôt, sera naturellement soupçonné d’être impliqué dans
l’affaire... qui s’avèrera rumeur sans fondement.<span></span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Le
bâtiment de l’ENSAM s’étend jusqu’à la rue Pinel</span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Cette
rue s’appelait encore en 1848, rue de l’Hôpital Général.<span> L'Hôpital Général, créé par <b>Louis XIV</b> en 1656, n’était pas un
établissement de soins mais « le renfermement des pauvres mendiants de la
ville de Paris et ses faubourgs ». Il s’agissait, la mendicité étant à compter
de cette date frappée d’interdiction à Paris, et un corps d'archers spécialisés
mis sur pied pour la faire respecter, « que les pauvres mendiants valides
et invalides de l'un et l'autre sexe soient enfermés dans un hôpital pour y
être employés aux ouvrages, manufactures et autres travaux, selon leur pouvoir ».
L’Hôpital Général se composait de cinq lieux où ils et elles étaient réparties
selon leur sexe et leur âge : la Salpêtrière, Bicêtre, la Pitié, la maison
Scipion (maison d'accouchement et d'allaitement sous le nom de Sainte-Marthe, nom
toujours visible à son portail), et la savonnerie de Chaillot. Aux femmes écherraient
les anciens bâtiments d’un arsenal et de sa fabrique de poudre (d’où le nom de
Salpêtrière), sommairement réaménagés.</span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span>Dès la
fin du 17<sup>ème</sup> siècle, quatorze loges abritaient les aliénées
enchaînées. </span></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">On ne
commencera à prodiguer des soins à la Salpêtrière que vers 1780 avec la
création de l’Infirmerie générale. </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span>Ces loges venaient d’être reconstruites par <b>Charles François Viel</b>, entre
1786 et 1789, quand <b>Philippe Pinel</b>, nommé médecin-chef en 1795, entreprit de délivrer les malades de leurs chaînes. Ces loges sont toujours visibles
aujourd’hui :<br /></span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhntHBBKw-Fac_-sQI9rpzTKM8iURbW4I-iyOnxR8zBph5nBVJ5TAWbm1hz8Q-mHy4xt1C-Sayn7OmDDprm0rLUHawb-UVjPwrTQbN3yN00PQnvnQuqsu6RobclfQFcoExBdfYx43ITI6nhtZEvqp5y-A8Q-CZQroveuulTZTDHMNwDbLoXj6how02PrQU/s913/Salpe%CC%82trie%CC%80rePetitesLoges.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="732" data-original-width="913" height="514" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhntHBBKw-Fac_-sQI9rpzTKM8iURbW4I-iyOnxR8zBph5nBVJ5TAWbm1hz8Q-mHy4xt1C-Sayn7OmDDprm0rLUHawb-UVjPwrTQbN3yN00PQnvnQuqsu6RobclfQFcoExBdfYx43ITI6nhtZEvqp5y-A8Q-CZQroveuulTZTDHMNwDbLoXj6how02PrQU/w640-h514/Salpe%CC%82trie%CC%80rePetitesLoges.jpg" width="640" /></a></div><br /></span></div><span style="font-size: medium;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif;"></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">On
poursuit le long du bd de l’Hôpital jusqu’à la place Louis Armstrong</span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Jusqu’en 1818, l’enceinte d’octroi, dite « mur des fermiers
généraux », — mur de 6 m de haut et de 50 cm d’épaisseur, percé
de place en place de portails grillés appelés « barrières » et
flanqués parfois d’un pavillon de l’architecte <b>Claude-Nicolas Ledoux</b>, à la fois
poste de garde et bureau de perception — cette fortification fiscale de Paris,
(de l’autre côté on était à Ivry), suivait le boulevard de l’Hôpital depuis la
barrière de Fontainebleau (auj. place d’Italie) pour se confondre ici avec le
mur extérieur de la Salpêtrière rue des Deux Moulins (auj. Jenner) et rue
Bruant. La barrière des Deux Moulins s’ouvrait donc là où nous sommes, avant
que l’annexion du village éponyme, (renommé en 1806 « d’Austerlitz »),
ne la repousse place aujourd’hui Pinel tandis que le mur d’octroi suivrait
désormais le bd de la Gare, aujourd’hui Vincent Auriol.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">La barrière, le village avec elle, tirait son nom de deux
moulins à vent qui depuis 1660 fournissaient en farine la boulangerie de la
Salpêtrière, installée rue Scipion dans les mêmes bâtiments de l’hôtel Sardini
que l’institution Sainte-Marthe citée plus haut. Cette boulangerie deviendrait
dix ou quinze ans plus tard la boulangerie de l’Hôpital Général et resterait
celle des hôpitaux de Paris jusqu'en 1974. Les deux moulins en question étaient
très vite devenus insuffisants, si bien que <b>Louis XV</b>, en 1769, cédait à
l’Hôpital Général ses moulins de Corbeil, dont l’architecte Charles-François
Viel reconstruisait une douzaine au débouché de l’Essonne dans la Seine. Ces
moulins, absolument indispensables à l’approvisionnement de Paris en farines — les
Grands Moulins de Corbeil restent encore auj. les premiers de France — feront
du chemin de fer d’Orléans et de son embranchement de Corbeil la ligne stratégique,
ce qui explique que la compagnie propriétaire sera mise sous séquestre dès le
4 avril 1848.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Le Jardin central, inauguré en 2019, a été dédié à <b>Federica
Montseny</b>, ministre de la Santé de la Seconde République espagnole au tournant
de 1936 et 1937, où elle avait œuvré à rendre l’avortement légal. Elle est l’auteur
de <i>Révolutionnaires, Réfugiés & Résistants</i>, éd. CNT, 2018, témoignages
sur l’accueil réservé en France à ceux de la <i>retirada,</i> dont un certain
nombre, soldats de la 2e DB et en particulier de sa 9<sup>ème</sup> compagnie,
la <i>Nueve</i>, majoritairement républicains espagnols, avaient été les
premiers à entrer dans Paris le soir du 24 août 1944. La Voie de la Libération qu’ils
ont suivie — de la Porte d'Italie à l'Hôtel de Ville — est balisée rue Esquirol
(rue d’Austerlitz en 1848), par une fresque murale sur une hauteur de cinq
étages. <br /></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">On croise l’entrée principale du groupe hospitalier
Pitié-Salpêtrière</span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">On est ici du côté “Pitié“ du groupe hospitalier : la
Nouvelle Pitié s’y est installée entre 1905 et 1911, après la démolition de l’ancienne,
en 1896, remplacée trente ans plus tard par la grande mosquée de Paris.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">On croise le portail d’entrée du 18<sup>ème</sup> siècle
de la Salpêtrière</span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Il faut imaginer, « un peu au-dessous de la porte de
l'Hôpital », le carrosse de Des Grieux. Le chevalier a résolu de faire
évader Manon, il fallait pour cela la déguiser en homme et il s’est revêtu de
plusieurs habits masculins superposés, mais il a oublié la double culotte !
</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">« L’oubli de cette pièce nécessaire nous eût sans doute
apprêtés à rire, si l’embarras où il nous mettait eût été moins sérieux.
J’étais au désespoir qu’une bagatelle de cette nature fût capable de nous
arrêter. Cependant je pris mon parti, qui fut</span> <span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">de sortir moi-même sans culotte.
Je laissai la mienne à Manon. Mon surtout était long, et je me mis, à l’aide de
quelques épingles, en état de passer décemment à la porte.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Le reste du jour me parut d’une longueur insupportable.
Enfin, la nuit étant venue, nous nous rendîmes dans un carrosse un peu
au-dessous de la porte de l’hôpital. Nous n’y fûmes pas longtemps sans voir
Manon paraître avec son conducteur. Notre portière étant ouverte, ils montèrent
tous deux à l’instant. » « La porte de l’hôpital », ce n’est pas
celle-ci, qui est de 1756, <i>Manon Lescaut</i> est de 1731.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Mais comment en est-on arrivé là ? <b>Colbert</b>, déjà,
tirait de l’enclos de la Salpêtrière les futures épouses et mères de colons qu’il
destinait au Québec : sur 770 de ces « filles du Roy », ainsi qu’on
les appelle, déportées de France entre 1663 et 1673, près du tiers en provenait,
comme le rappelle une plaque apposée dans la cour Sainte-Claire de l’hôpital.
En 1684, dans ce lieu déjà d’enfermement, a été construite une prison, « La
Force », destinée pour son quartier dit du « Commun » au tout venant des criminelles,
voleuses, débauchées et libertines, gibier des archers, et pour « La Grande
Force », sur lettres de cachet, à quelques prisonnières de marque.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizS_rKiFcGV1A8-CAH218cw_GF19q6Pel_tCPxu3nj1Sx73CFUx7XE67QlsPy3EvFLxSxtbxNV0VBiksm4OnwFLCE-2Lq0K0qRVQpu4jHA5Z4CvifnfI5jcCeWSGbp7lNfmGEX50Fhh0dq5EOgOWMdwng1-Xw3yTgLcBvOW0Lyx2RledPZ_6Xr0WacDP4/s1482/ForceManon.jpeg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1482" data-original-width="1101" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizS_rKiFcGV1A8-CAH218cw_GF19q6Pel_tCPxu3nj1Sx73CFUx7XE67QlsPy3EvFLxSxtbxNV0VBiksm4OnwFLCE-2Lq0K0qRVQpu4jHA5Z4CvifnfI5jcCeWSGbp7lNfmGEX50Fhh0dq5EOgOWMdwng1-Xw3yTgLcBvOW0Lyx2RledPZ_6Xr0WacDP4/w298-h400/ForceManon.jpeg" width="298" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La Force, le puits de Manon<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"><br /></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Cette même année était fondée la compagnie du Mississippi,
dont l'homme d'affaires écossais <b>John Law</b> — futur contrôleur général des
Finances du royaume de France, et inventeur du « système de Law » — allait
prendre le contrôle en 1717. Les prisonnières de « La Force » seront désormais orientées
vers le Mississipi et les Antilles pour y être appariées aux quelque 7 000 colons
que Law a réussi à y faire partir, dont 200 travailleurs et mécaniciens, outre
500 esclaves de Saint-Domingue, pour les mines de plomb du sud du Missouri. Ce
sont ces déportations vers la Louisiane française, qui s’étendait alors jusqu’aux
Grands Lacs en passant par le pays des Illinois, qui servent de toile de fond
au roman de l’<b>Abbé Prévost</b>. Et c’est au Missouri qu’on retrouvera, cent-trente
ans plus tard, Jean-Jacques Witzig, les Icariens et Cabet lui-même, rejoint
pour le premier par Charles Marche. <span> </span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">En 1823, la Salpêtrière devient l’Hospice
Vieillesse-femmes (l’Hospice Vieillesse-hommes est à Bicêtre). À l’avènement de
la IIe République, en 1848, les hospices civils passent sous l’administration
de l’Assistance publique.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">On poursuit jusqu’au débouché du pont d’Austerlitz</span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Ce n’est pas celui de 1848, il a été refait deux fois
depuis. Sur les barricades qui le ferment, le 24 février 1848, ce sont les
ouvriers de la gare de marchandises d’Ivry que l’on retrouve. Dès le lendemain,
après que Marche a dicté le décret sur le droit au travail, <b>Garnier-Pagès</b>,
maire de Paris, qui vient de signer en même temps que <b>Louis Blanc</b> ce décret, en
prend un autre : « Au nom du peuple français, le gouvernement provisoire,
considérant que le chemin de fer d’Orléans est la principale voie par laquelle
arrivent les denrées, donne mission à M. Banès [directeur de la Cie] de faire
continuer le service et ordonne à la Garde nationale des communes traversées
par la ligne du chemin de fer de prêter main forte à l’exécution de cette
mesure. » La ligne de Corbeil, on l’a dit, est celle des moulins de l’Essonne.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">On se déplace devant la grille du jardin des Plantes, dos
à la Galerie de Paléontologie et d’Anatomie comparée (1898)</span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">La gare actuelle est de la deuxième moitié des années
1860 et construite, pour sa partie côté Seine, sur l’emplacement de la prison
de la Garde nationale, dite hôtel des Haricots, installée là de 1837 à 1864. Les
conseils de recrutement communaux n’appelaient en réalité au service dans la
Garde nationale, théoriquement obligatoire pour tous les Français entre 20 et
60 ans (par périodes, bien sûr), que ceux ayant les moyens de payer leur
uniforme et leur armement, (leur cheval pour les officiers), ce qui en faisait la
milice bourgeoise qui avait été jusqu’à la révolution de Février, le ferme
soutien du roi bourgeois <b>Louis Philippe</b>. Le refus du service était puni de
quelques jours de détention, d’où cette prison. À l’hôtel des Haricots, les
cellules 7, 8 et 14 étant réservées aux artistes, le critique musical Albert de
Lasalle y a fait établir le relevé de tout ce qui en ornait les murs, dessins,
poèmes et partitions juste avant que le chemin de fer d’Orléans ne la démolisse
pour agrandir sa gare ; pour l’anecdote, le résultat en est visible sur
Gallica.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Le premier embarcadère du chemin de fer d’Orléans se
situait à droite de l’actuelle allée de la cour d’arrivée, qui correspond
grossièrement à l’ancienne rue de la Gare. Il est mis en service le 20
septembre 1840 (six ans avant l’embarcadère du Nord), la ligne n’atteignant Orléans
qu’en mai 1843. Les bureaux y font face aux premières maisons du bd de l’Hôpital.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">On
a vu <span>les ouvriers des ateliers et de la gare
marchandise d’Ivry sur la barricade du pont d’Austerlitz le 24 février, mais en
temps normal, ceux qui fréquentent la gare de Paris, ce ne sont que les conducteurs
et chauffeurs. La ligne compte au total vingt-sept machines en service chaque
jour, chacune avec son équipage ; pour ce faire, la compagnie emploie quarante
mécaniciens conducteurs, dix-sept autres lui étant prêtés de surcroît par la Compagnie
du Centre à laquelle elle est associée. Un certain nombre d’entre eux sont
probablement anglais : un tiers des mécaniciens du Nord, par exemple, le sont,
et la totalité de ceux du chemin de fer de Rouen et du Havre. </span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Les mécaniciens se sont regroupés dès les premiers jours
de la révolution en une « Société fraternelle des chemins de fer français »,
alors qu’on est encore très loin de toute compagnie nationale, quatre-vingt-dix
ans avant la SNCF, qu’il n’existe que des compagnies privées. Si la traction
forme déjà l’aristocratie ouvrière, (les chauffeurs sont payés 43 % de plus que
les ouvriers des ateliers d’entretien-réparation, et les mécaniciens-conducteurs
le double des chauffeurs), leur Société fraternelle est encore plus élitiste et
n'admet en son sein que les mécaniciens brevetés, en en excluant aussi bien les
élèves-mécaniciens que les chauffeurs. Sa première revendication vise des
conditions de travail et de salaire identiques à celle des mécaniciens anglais
employés en France.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Le 15 mars 1848, la traction réclame, outre des
augmentations, le « droit d'élire (les) chefs immédiats tels que chef et
sous-chef de dépôt », l’institution d’un conseil de discipline paritaire, enfin
des temps de repos compensatoires. Elle obtient des augmentations allant de 9 à
12%, et l’élection des chefs lui est accordée dans le principe, son application
devant se faire au cas par cas chaque fois qu’un chef ou sous-chef titulaire
quittera son poste pour départ à la retraite, obtention d’avancement, etc. Les
mécaniciens exigent alors son application immédiate et, le 28 mars, la
direction se voit contrainte de déclarer tous ces emplois vacants de sorte qu’ils
puissent être pourvus par élection. C’est ainsi que Witzig a été élu à Étampes.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Le 4 avril, le gouvernement provisoire décide de la mise sous
séquestre du chemin de fer d’Orléans, et <b>François-Clément Sauvage</b>, l’administrateur
désigné, pour en finir avec cette « corporation isolée et exclusive »
que sont les mécaniciens conducteurs, fusionne traction et matériel (les
ateliers de fabrication et d’entretien des machines) en une entité unique qu’il
place sous l’autorité de Georges-Luc Clarke, auparavant ingénieur en chef du
matériel. <br /></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Le 1<sup>er</sup> mai, tout le monde est dans la gare de
Paris, ceux des ateliers d’Ivry et ceux de la traction, y compris sans doute le
dépôt d’Étampes, ouvriers et employés mêlés, bannières en tête, pour écouter le
ministre des Travaux Publics, <b>Marie (Pierre Marie de Saint-Georges</b>, dit) :
« En établissant la République, nous avons eu la ferme intention de répartir
avec justice le produit du travail entre les travailleurs. Les administrations
passées n'avaient attribué à l'ouvrier que le salaire. II est juste que nous
fassions mieux, et que chacun ait désormais sa part aux bénéfices.
L'administration du chemin de fer d'Orléans avait admis ce principe mais avec
des distinctions de catégories qui doivent maintenant disparaître. II n'y a
plus pour nous qu'une seule catégorie, celle des travailleurs (…) ! À l'avenir
donc, les parts dans le bénéfice seront faites dans la proportion du
traitement. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">« À l'avenir donc », mais pour le passé ? Les
parts dans les bénéfices de l’année 1847 qui doivent être distribués maintenant ?
C’est désormais là que se porte la revendication.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Le 3 juin, un membre de la Société fraternelle des
chemins de fer français, mécanicien à la compagnie du Nord, vient annoncer à l’ingénieur
Sauvage, séquestre de l’Orléans et du Centre mais surtout représentant de l’État,
une grève générale sur tous les chemins de fer si le renvoi des mécaniciens
anglais du chemin de fer de Rouen n’est pas immédiatement prononcé. Le nouveau ministre
des Travaux publics, <b>Ulysse Trélat</b>, prend les devants et arrête qu'« aucun
mécanicien ou chauffeur ne pourra quitter le service du chemin de fer auquel il
est attaché sans prévenir l'administration au moins un mois à l'avance ». Il
doit signer « dans le délai de trois jours », « un engagement écrit » par
lequel il « déclare se soumettre à l'exécution pleine et entière de tous
les ordres de service », et déposer en garantie de cet engagement une caution
égale au montant d'un mois de salaire. Les autorités locales, la Garde
nationale, la gendarmerie et la force armée, requis d'intervenir partout où de
besoin, en seront une seconde caution. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Si les conducteurs savent faire l’unité à l’échelon des « chemins
de fer français », ils le savent pour leur seule corporation. Voyant qu’ils
ne pourront imposer cette revendication catégorielle malgré leurs fonctions
stratégiques dans le travail, ils renoncent à leur grève.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">On traverse la rue Buffon pour s’arrêter face à l’ancien
embarcadère</span></i></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"> </span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmsaLeBW7wYKoPbhNDtBGz6qacb-zpxFBdUvYS9976M-fbMBLGIEWmQUW2qT_sczquALgy_r9I36fIjvwGgbbOgAMj2c_AVnfIZ7vB_1TPsPqCY8rU26tzfNDH1V34Jm3nhgurEhbnAoXyyTcjafTosq_7-WjtJbPvgp-uySmm3_qiB9zSPw9kaG5iyW8/s2796/embarcade%CC%80re.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1440" data-original-width="2796" height="330" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmsaLeBW7wYKoPbhNDtBGz6qacb-zpxFBdUvYS9976M-fbMBLGIEWmQUW2qT_sczquALgy_r9I36fIjvwGgbbOgAMj2c_AVnfIZ7vB_1TPsPqCY8rU26tzfNDH1V34Jm3nhgurEhbnAoXyyTcjafTosq_7-WjtJbPvgp-uySmm3_qiB9zSPw9kaG5iyW8/w640-h330/embarcade%CC%80re.png" width="640" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br /><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"><br /></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Le 20 juin, l’Assemblée nationale décide de la fin des
ateliers nationaux : pour tous leurs ouvriers célibataires, ce sera
l’enrôlement dans l’armée ou la suppression de toute indemnité ; pour les
ouvriers non natifs de Paris, l’envoi forcé à des travaux de terrassement en
Sologne. Le 22 juin, ceux qui ont été convoqués à la gare d’Orléans pour un
prochain départ voient revenir un groupe parti précédemment sur la base du
volontariat et qui n’a rien trouvé en province pour l’accueillir. Rentrent
aussi par le train de Corbeil, des brigades qui ont abandonné précipitamment
leurs chantiers en découvrant dans <i>Le Moniteur</i> ce qu’ils qualifient de «
décret de proscription ». Tous ensemble montent vers la place du Panthéon, lieu
habituel de rassemblement des Ateliers nationaux parce qu’il était celui de la
paye quotidienne du soir. Une délégation est envoyée rencontrer la Commission
exécutive (qui a remplacé l’ex-gouvernement provisoire) ; Marie, qui y a été
nommé ministre du Travail se montre insultant. <b>Louis Pujol</b>, le délégué, qui en
rend compte, part avec ses mandants ameuter le faubourg Saint-Antoine. Le 23
juin, toute la moitié est de Paris s’hachure de barricades ; on entend, on
lit, tracés sur des morceaux de drap : « Du pain ou du plomb ! », « Mourir
en combattant ou vivre en travaillant ».</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Le 24 juin, des barricades, boulevard de l'Hôpital, rue
Buffon, place Valhubert, rue de la Gare cernent l’embarcadère d’Orléans. Les
fonctionnaires des bureaux et les dirigeants de la compagnie s'y trouvent
bloqués, privés de communications directes avec Paris, sinon par un long détour
par le sud, tandis qu’« un grand nombre d'hommes en armes de la commune d'Ivry,
soutenus par une partie des ouvriers, des mécaniciens et des employés de la
compagnie, se sont emparés de la gare d'Ivry » Quand ses enfants, qu’il a voulu
mettre à l’abri en les envoyant dans leur maison de l’Essonne, comme <b>Hippolyte
Carnot</b> (ministre de l’Instruction publique), le raconte dans son journal, parviennent
à la gare, « les rails ont été enlevés sur une étendue de plusieurs kilomètres
», ce qui voudrait dire jusqu’au dépôt d’Ivry.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Le 25, dans l'après-midi, un détachement de gardes
mobiles, on cite ici un article de presse, s'avance « par le Jardin des Plantes
et engage un feu assez vif avec les insurgés des barricades de la rue de Buffon
et de la place Valhubert. Vers quatre heures, M. Clarke était debout à la
fenêtre de son cabinet du 1<sup>er</sup> étage, situé sur le devant des bureaux
de l'administration du chemin de fer, au boulevard de l'Hôpital. Il avait
demandé qu’on lui envoyât des troupes pour empêcher l’enlèvement des rails.
Inquiet de ne pas voir les troupes arriver, voulant s’assurer des dispositions
des insurgés qui s’approchaient du chemin de fer, il était monté au premier
étage d’où il examinait les allures des factieux. Une balle partie des maisons
vis-à-vis, où plutôt du Jardin-des-Plantes même, l’atteignit en pleine
poitrine. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Clarke était capitaine de la 12<sup>ème</sup> légion
(correspondant à l’ancien 12<sup>ème</sup> arr., </span></span>
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">soit
les actuels 5<sup>ème</sup> et 13<sup>ème</sup> pour la partie comprise entre le
bd St-Marcel et le bd V. Auriol</span></span><style><font size="4">@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</font></style><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">) de la Garde Nationale, du coup, quantité de
récits font de lui une victime de l’insurrection. Il suffit, pour les démentir,
de lire le compte-rendu du Conseil d’Administration de la Compagnie d’Orléans, qui
le dit « mort atteint d’une balle dans l’exercice de ses fonctions ».</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Le 28 juin, Ulysse Trélat, médecin adjoint d’une division
de la Salpêtrière devenu ministre des Travaux Publics de la Commission
exécutive, signe le licenciement de l’ensemble du personnel des gares et
ateliers d’Ivry et de Paris, et de tous les conducteurs et chauffeurs des deux
compagnies associées, celle d’Orléans et celle du Centre.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"><span> </span></span><br /><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAy2S_awe_Gr4DyXTQiUyHIFKzpyUuIqngV0kQvxdAkm2Yxsjd4pIvO8kRAs0zNyZfGFpKCXsSLHXyo0eZHRlGfRwNrZ0p_t0wkPxAlHInQ3_bh0NQsofIfueAquJ1Lr0WmSK4whr5j3rE2519z7EyzyM8eJTKEVe3wf4aD3tCPo757qVYM1YLWu76ffg/s500/CdFOrle%CC%81ansc-rCA.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="318" data-original-width="500" height="408" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAy2S_awe_Gr4DyXTQiUyHIFKzpyUuIqngV0kQvxdAkm2Yxsjd4pIvO8kRAs0zNyZfGFpKCXsSLHXyo0eZHRlGfRwNrZ0p_t0wkPxAlHInQ3_bh0NQsofIfueAquJ1Lr0WmSK4whr5j3rE2519z7EyzyM8eJTKEVe3wf4aD3tCPo757qVYM1YLWu76ffg/w640-h408/CdFOrle%CC%81ansc-rCA.jpeg" width="640" /></a></div><br /><p></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Le lendemain, Sauvage décide d’une pension annuelle de
1 500 F pour la veuve de G-L Clarke (ce qui correspond à 4 francs, soit le salaire
journalier des ouvriers, multiplié par 365 jours) sa vie durant, tant qu’elle
restera en état de viduité, et de la même annuité pour son fils durant dix ans.
Le montant des deux pensions sera pris sur la participation aux bénéfices
revenant aux employés et, si les bénéfices s’avèrent insuffisants, imputé comme
dépense d’exploitation au chapitre du budget Accidents et indemnités.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Sur la barricade de la rue de Buffon d’où peut-être est
parti le coup de feu fatal à Clarke, il y a eu, le 25 juin à la mi-journée,
quelqu’un dont on reparlera plus loin, <b>Henri Daix</b>, dit « le pauvre de
Bicêtre », un indigent de 44 ans, que l’on aurait vu armé d’une pince
pour arracher des pavés qu’il aurait forcé les présents à porter sur la
barricade ; puis, armé d’un fusil, il aurait tiré sur la mobile. Le témoin
qui déposera devant le conseil de guerre de février 1849, l’incriminera de
plus, allusivement, dans la mort de Clarke, en disant qu’il l’a aperçu juste
avant qu’une balle ne frappe Clarke avec lequel il discutait. Mais si Daix
reconnaît sa présence à la barricade Buffon, il dit en être parti pour celle de
la barrière de Fontainebleau qu’il aurait rejointe vers 15h30. C’est d’ailleurs
et uniquement pour le meurtre du <b>général Bréa</b> à la barrière de Fontainebleau
qu’il comparaît, avec 25 autres personnes, devant ledit conseil de guerre.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">On
emprunte l’allée menant à la cour de l’arrivée, correspondant grosso modo à l’ancienne
rue de la Gare</span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvsje21aE9e4EgcBG_cMf8gjdXEqITeFgKFa8wiadb8S17hGDGhLIzS8iwk24YE-y365B9-caWmjdVCZKqb5pi7OaHI8tnp9X9uLRAcedZlz8btIU0BX-SmJMah1VW_qy6OIKtJt0xWKR70gwn144TVSzGN6l_teS5izTfCErz-B3YvaFB1AmiMcABxjA/s1782/plaquede%CC%81port.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1242" data-original-width="1782" height="223" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvsje21aE9e4EgcBG_cMf8gjdXEqITeFgKFa8wiadb8S17hGDGhLIzS8iwk24YE-y365B9-caWmjdVCZKqb5pi7OaHI8tnp9X9uLRAcedZlz8btIU0BX-SmJMah1VW_qy6OIKtJt0xWKR70gwn144TVSzGN6l_teS5izTfCErz-B3YvaFB1AmiMcABxjA/s320/plaquede%CC%81port.png" width="320" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif;"></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"><b>François Mauriac</b> écrira dans <i>Le Cahier noir</i>, qu’il
publie en 1943 aux éditions de Minuit sous pseudonyme : « A quel autre moment
de l'histoire les bagnes se sont-ils refermés sur plus d'innocents ? A quelle
autre époque les enfants furent-ils arrachés à leur mère, entassés dans des
wagons à bestiaux, tels que je les ai vus, par un sobre matin, à la gare d'Austerlitz
? ». Ces enfants et ces wagons, François Mauriac ne les a pourtant vus que
dans le récit bouleversé de sa femme, complété peut-être, plus tard, par les
mots de son fils Claude.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Ces mots, <b>Claude Mauriac</b>, qui accompagnait à la gare sa
mère allant rejoindre son mari déjà à Malagar, les a noté dans son journal à la
date du 20 juillet : « Un long train de marchandises, cerné par des forces
policières imposantes, avec de pâles visages d'enfants pressés aux étroites
ouvertures des wagons à bestiaux. Voilà ce que j'ai vu, hier matin, à la gare
d'Austerlitz où j'avais été conduire maman à son train. […] Maman est
bouleversée par ce spectacle. Notre séparation en fut attristée. Toute la
matinée j'ai gardé la hantise de cette vision déshonorante : un convoi de
gosses juifs, mené vers quel bagne ? Et les mères ? Où étaient les mères ? On ne
peut imaginer l'étendue des souffrances ainsi engagées ». Mauriac, Claude, <i>Les
espaces imaginaires. Le temps immobile, 2</i>, Paris, Grasset, 1975.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;">
</p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">On traverse la gare et l’on fait un crochet par le monument
en hommage aux brigades internationales, cour du départ : </span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">L’Apporteur d’espoir<i>,
de <b>Denis Monfleur </b></i></span></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTRw5ke7wWwn4Pi-p0UfrnZDfvK3a-KCPUqN38IwVdMNZKnOWI7EJgr5QCGxmfdsTJ8V3_ZvvI1InHNtox8hjSFTPT5ReLcmztTkpT8YiT6S6wJXNdBQzRV1haG_aOFPC03KR57M-M67JaylnQ_tu5fdtW_5eDUMCy4BQ_EZEToVEMSaRSuLaPKzUFoV4/s1623/Apporteur.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1623" data-original-width="1383" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTRw5ke7wWwn4Pi-p0UfrnZDfvK3a-KCPUqN38IwVdMNZKnOWI7EJgr5QCGxmfdsTJ8V3_ZvvI1InHNtox8hjSFTPT5ReLcmztTkpT8YiT6S6wJXNdBQzRV1haG_aOFPC03KR57M-M67JaylnQ_tu5fdtW_5eDUMCy4BQ_EZEToVEMSaRSuLaPKzUFoV4/s320/Apporteur.png" width="273" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Photo Jean-Louis Losi</td></tr></tbody></table><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><i><b></b></i></span></div><span style="font-size: medium;"><i><b><br /></b></i></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Les premiers départs « officieux » ont lieu d’ici en
octobre 1936, voir à ce propos le témoignage de <b>Lise London</b>, dans <i>Le
printemps des Camarades</i>, Le Seuil, 1996 : « Il fait nuit noire
lorsque nous arrivons à la gare d’Austerlitz. Le hall, les quais éclairés sont
bondés. Il y a là plus de 2.000 volontaires en partance, les membres des
familles, les amis, les délégués du PCF et des organisations antifascistes (…) Nous
nous dirigeons vers le stand d’accueil signalé par une banderole HONNEUR AUX
COMBATTANTS DE LA LIBERTE flanquée de deux drapeaux, l’un rouge et l’autre
tricolore. Un groupe de responsables du parti, des collaborateurs de <b>Maurice
Tréand</b>, entourent <b>Maurice Thorez</b> et <b>Victor Michaut</b>, qui tous deux ont un frère
volontaire dans ce convoi. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"> </span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Puis viendra le temps des retours : Le convoi du
dimanche 13 novembre 1938, composé de volontaires de la Seine, avec à leur tête
<b>André Marty</b>, donnera lieu à une imposante manifestation. Transportés dans des «
wagons de bois », sans communication entre eux, ils n’arriveront pas dans le
hall de la gare centrale mais dans celui de la rue Sauvage. Là, les attendent
diverses personnalités, dont Maurice Thorez, et une foule de Parisiens. Ils
défileront de la gare d’Austerlitz à la Maison des Métallos (aujourd’hui Rue
Jean-Pierre Timbaud). Voir le site des Amis des Combattants en Espagne Républicaine
(<a href="http://acer-aver.com/circuit-parisien-13e-arrondissement" target="_blank">ACER</a>)</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"> </span></i></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmWxEIAyZFmzI3Fj1XF_XW8FYf__B_YmBsZ14E1u-YjjHgJqgpwRby94NYhmR0DUXQ4TL-e-uPWkeAR4vrTx2cROfPB6DoWpNpA3ODCUKEmfLbwWXb2PeLdN6aZhViYCQy4Il0HzD52UeMhy0V8Fr9gBxleG14dePCHsqN3YMQFCfjh23CV-WD1ISWXhI/s2247/Sauvage.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1218" data-original-width="2247" height="346" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmWxEIAyZFmzI3Fj1XF_XW8FYf__B_YmBsZ14E1u-YjjHgJqgpwRby94NYhmR0DUXQ4TL-e-uPWkeAR4vrTx2cROfPB6DoWpNpA3ODCUKEmfLbwWXb2PeLdN6aZhViYCQy4Il0HzD52UeMhy0V8Fr9gBxleG14dePCHsqN3YMQFCfjh23CV-WD1ISWXhI/w640-h346/Sauvage.png" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Plan de 1950; la rue Sauvage sera détruite quatre ans plus tard</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"><br /></span></i></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"> </span></i></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"> </span></i></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"> </span></i></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"> </span></i></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"> </span></i></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"> </span></i></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"> </span></i></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Par l’av. Pierre Mendès-France, qui reprend à peu près l’ancienne
rue Sauvage, et la rue David Bowie, on arrive sur la rue Gisèle Freund, qui
longe les voies comme le faisait l’ancienne rue de la Gare</span></i></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"> </span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}a:link, span.MsoHyperlink
{mso-style-priority:99;
color:#0563C1;
mso-themecolor:hyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
color:#954F72;
mso-themecolor:followedhyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Par-delà les voies, la vue plonge sur la Salpêtrière :
le premier ensemble au débouché du nouveau pont est celui de l’école des
infirmières, de 1907, mais juste à gauche du pont, le long bâtiment bas, est
l’ancien logement des archers du roi. </span></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZF2AIQuvE78SATYAVleUhOo98tAG7KF9top1zGkhPwfusfiVhGUWIHdiBnjT-Kl93ddqCKc2PX-Nib4TiHD-KTJ2MiX0Dqt6FGFTh6usuDVrKq8Ps3WcyiXP4JcTb4Ui4Jp8CyR_PWk8l-uPktvMsKdp9sRgRE92LVRYh7yqUgub_F9NAfSYdip2iO_0/s2560/Rue_des_Archers_(Salpe%CC%82trie%CC%80re).jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2560" data-original-width="1920" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZF2AIQuvE78SATYAVleUhOo98tAG7KF9top1zGkhPwfusfiVhGUWIHdiBnjT-Kl93ddqCKc2PX-Nib4TiHD-KTJ2MiX0Dqt6FGFTh6usuDVrKq8Ps3WcyiXP4JcTb4Ui4Jp8CyR_PWk8l-uPktvMsKdp9sRgRE92LVRYh7yqUgub_F9NAfSYdip2iO_0/s320/Rue_des_Archers_(Salpe%CC%82trie%CC%80re).jpg" width="240" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le logement des Archers<br /></td></tr></tbody></table><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"><br />Derrière lui, de l’autre côté de la rue
des Archers, le bâtiment clair dont on ne voit que le dernier niveau (le
troisième) et les combles, c’est la Force, entourant quatre cours successives
qui se succèdent en s’éloignant perpendiculairement de nous. Le "puits de
Manon", où elle venait chercher l’eau de sa toilette, se trouve dans l’une
de ces cours intérieures. Puis vient après la plateforme des déchets, le
bâtiment perpendiculaire suivant, aux six chiens assis, est celui de la
lingerie. Faisant partie de l'ancien Petit Arsenal dont c'était le pavillon
d'État-Major, il avait été transformé d’abord en une « chapelle Saint-Denis »,
qui serait remplacée en 1678 (après dix ans de travaux) par la chapelle Saint-Louis. Datant
de 1634, c’est donc le bâtiment le plus ancien de la Salpêtrière, antérieur de
plus de vingt-cinq ans à l’Hôpital Général et aux pavillons Mazarin et Montyon
(1660). Enfin, mais on ne les aperçoit pas d’ici, masquées qu’elles sont par le
service central des blanchisseries, s’étendent en enfilade jusqu’au droit du
château d’eau, les trois « petites loges » des aliénées.</span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"></span></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwpNMsYNMf_omi6O2qkCaK_FqLHDdW7ATfMx0YKP7gxfHJkU6_LnzG83UHbElTX92Rx3DQqQYDeA67VIeXDnFh5u_ei2EuofBBYFgqzsx2fzCtcOVadsv_Z9TH-khQu1ST9em7YzxA9BKgDy1aRm7-BKVMbYhqgH7CQQLQWkRqK5rW7gWIGxHESp25hls/s2796/lingerie.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1578" data-original-width="2796" height="226" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwpNMsYNMf_omi6O2qkCaK_FqLHDdW7ATfMx0YKP7gxfHJkU6_LnzG83UHbElTX92Rx3DQqQYDeA67VIeXDnFh5u_ei2EuofBBYFgqzsx2fzCtcOVadsv_Z9TH-khQu1ST9em7YzxA9BKgDy1aRm7-BKVMbYhqgH7CQQLQWkRqK5rW7gWIGxHESp25hls/w400-h226/lingerie.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La lingerie avant son ravalement<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;"><br /> </span></span><p></p><p></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">On retrouve l’av. P. M.-F., on prend le bd Vincent Auriol
puis la rue Eugène Freyssinet</span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Au
sud (à g.) du boulevard de la Gare (auj. Vincent Auriol), on est à Ivry en
1848. La gare des marchandises et les ateliers du chemin de fer d’Orléans, sur
une partie de l’emplacement desquels sera construite, à la fin des années 1920,
la halle de la Sernam, qui restera en activité jusqu’en 2006, (l’actuelle
station F), tout cela est « la gare d’Ivry ».</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">C’est ici que les hommes d'équipe et de journée débutent la
grève dans les tout premiers jours de mars, sur, comme l’écrit l’administration,
à la fois des « questions de salaires et d'intervention directe dans la
conduite du service » : 4 Francs par jour au lieu de 3,50
F/j ; la journée de 12 heures et non plus de 15 à 16 heures
comme c’était trop souvent le cas pour les hommes de nuit [il faut considérer
que sur des durées pareilles, deux coupures de repas sont nécessaires, soit 14 heures
de présence pour 12 heures de travail] ; enfin que le nommé Sarrazin,
premier chef d'équipe, soit renvoyé immédiatement de la gare. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Ils exigent une réponse pour le 6 mars au plus tard. La
direction accorde le passage à 3 équipes de 12 heures repas compris, soit
l’application du décret pris par le gouvernement provisoire le 2 mars sur la
journée de 10 heures effectives pour l’agglomération parisienne, lequel décret
abolit aussi le marchandage. Concernant les salaires, la direction répond qu’ils
sont identiques à ceux du Nord et du Rouen, tout en reconnaissant que « sur ces
deux chemins le service des hommes est beaucoup moins pénible, les gares étant
d'une étendue suffisante et d'une disposition convenable pour que la presque
totalité des travaux se fasse à couvert ». Enfin elle refuse
catégoriquement le renvoi de Sarrazin — qui, quelque temps plus tard, sera
« violemment expulsé par ses subordonnés. »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Dès ces premiers jours, des émissaires ont été envoyés
aux chemins de fer de Rouen et du Nord pour les associer à la coalition. Puis les
ouvriers des ateliers de réparation et d’entretien réussissent ce que les mécaniciens-conducteurs
n’ont pas su faire, étendre la coalition au-delà de leurs entreprises : aux
ateliers de construction mécanique parisiens. Des conducteurs de locomotives,
il n’y en a que dans les chemins de fer, des mécaniciens tout court, il y en a ailleurs
et l’unité peut se faire d’autant mieux que les grandes entreprises de construction
mécaniques, fournisseurs des compagnies ferroviaires, sont en relations
constantes avec leurs ateliers.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Finalement, les ouvriers des ateliers de réparation en
grève, vinrent, accompagnés des délégués des principaux ateliers de
construction mécanique de Paris, réclamer l'abolition du marchandage et la
réduction de la durée du travail à neuf heures, soit une de moins que ce que
venait de fixer le décret gouvernemental du 2 mars.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-font-kerning: 0pt;">Trois jours avant la fin de leur ultimatum, fixée au 10
mars, les trois délégués des ouvriers mécaniciens au Luxembourg, <b>Jean-Pierre Drevet</b>
(travaillant chez Ch. Derosne & Cail), <b>Thomas Colin</b> (de chez Gouin) et <b>Louis
Lavoye</b>, de l’Orléans, signaient avec les patrons de l’Orléans et du Nord, au
Vauxhall de la rue de la Douane <span style="color: black;">(aujourd’hui
Léon-Jouhaux),</span> la journée de 9 heures. Sur cette durée, une seule
coupure de repas suffit, jugent-ils, ce qui ramène le temps de présence sur le
lieu de travail à 10 heures.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje1EOB7hm59Vsb6tZXQmxz56JrTzUj8XVXBYa2a4t4t8pK0jMGnPqXNO4j56fr3RCnhN_9BaNRIFc9FDgQaRvQOLqC7pYBwS4ud71X0S0FScMI2r_xmf2xtNAravu_BzL6XJHu2d8_vWu2BI20drYKwolbvCkJNgHqXSue2aAwWuJFOqO1qGrrtO0k-zs/s5624/14.Demande9heurestravail.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="5624" data-original-width="3712" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje1EOB7hm59Vsb6tZXQmxz56JrTzUj8XVXBYa2a4t4t8pK0jMGnPqXNO4j56fr3RCnhN_9BaNRIFc9FDgQaRvQOLqC7pYBwS4ud71X0S0FScMI2r_xmf2xtNAravu_BzL6XJHu2d8_vWu2BI20drYKwolbvCkJNgHqXSue2aAwWuJFOqO1qGrrtO0k-zs/w422-h640/14.Demande9heurestravail.jpeg" width="422" /></a></div><br /><span style="font-size: medium;"><br /><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif;"><br /></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Au
début mai, <span>les ouvriers des ateliers de construction
des wagons et machines locomotives de la gare d'Ivry réussissent de surcroît à
entraîner les mécaniciens-conducteurs de la compagnie pour revendiquer maintenant
un franc d'augmentation/jour pour tous sans distinction d'état ni de salaire ;
cela correspond pour eux à une augmentation moyenne de 25%, qu’ils obtiennent
rapidement, les charpentiers exceptés. Dès le 6 mai, Marche et ceux du Nord vont
exiger, en faisant référence à la Compagnie d’Orléans, les 1 F/jour, et une
participation aux bénéfices provenant des travaux de construction et réparation
du matériel pour tous les employés, ouvriers et aides. </span></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Et
puis arrivent l’insurrection de Juin. La gare d’Orléans est reprise le 25 ;
le service complètement rétabli sur les lignes de la compagnie deux jours plus
tard. Le 28 juin, la Cie d’Orléans – l’État donc, elle est toujours sous
séquestre — licencie en bloc tout son personnel pour le réembaucher
individuellement en laissant les indésirables à la porte.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Par
l’escalier, à dr., et la rue Maurice et Louis de Broglie qui le prolonge la rue
Louise Weiss traversée, on arrive rue du Chevaleret</span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Après
les horribles massacres de juin, vient encore la répression. Sur 96 inculpés
d’Ivry, tels qu’on peut les retrouver dans la base de données de <b>Jean-Claude
Farcy</b> et <b>Rosine Fry</b> (<a href="http://inculpes-juin-1848.fr/index.php">http://inculpes-juin-1848.fr/index.php</a>),
21 appartiennent au Chemin de Fer d’Orléans : 6 y sont dits employés et 3
ouvriers sans plus de précision, mais on rencontre aussi 1 sous-chef de
gare, 1 chef d’équipe, 1 conducteur, 1 chauffeur, 2 hommes d’équipe, 1 facteur,
1 aiguilleur, 1 poseur de rail, 1 lampiste ; ils ont entre 24 et
51 ans. Un seul est né à Ivry, 1 autre à Corbeil, à l’autre bout de la
ligne ; les autres le sont, pour 3 d’entre eux, à Paris, 2 en Seine-Inférieure,
2 en Seine & Oise, 1 en Seine-et-Marne, 1 en Belgique, puis 1 dans chacun
des départements du Jura, du Lot, de la Gironde, du Nord, de l’Indre, du
Calvados, de l’Yonne, de la Moselle. Sur ces 21 cheminots, 9 habitent la rue du
Chevaleret, où l’on trouve aussi 7 autres inculpés, presque tous ouvriers
mécaniciens, sans autre indication de leurs lieux de travail. Sur les 21
cheminots de l’Orléans, 12 seront libérés, les autres connaîtront les pontons
(ces navires à quai servant de prison) de Brest, le fort du Hommel à Cherbourg,
etc…</span></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgISeFRN3HBNvlEId-AktfL4M-J7JhuTe_SMO9Gcg_bbfXug-xBFcMWFw-NibROVk9XxDyMuQpDmL9HrPWzXgsIVOl0clLp9wSyLbVi0rWALzGYTDdLCeVDGZbX7tMjEnMVwKZWB4EoEa4IuCAwbnu6tTs-B_XKrYXiSKcBOePFea0IgzbUbA9NwWT_hwg/s1989/9.Juin48prisonniersLuco.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1518" data-original-width="1989" height="244" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgISeFRN3HBNvlEId-AktfL4M-J7JhuTe_SMO9Gcg_bbfXug-xBFcMWFw-NibROVk9XxDyMuQpDmL9HrPWzXgsIVOl0clLp9wSyLbVi0rWALzGYTDdLCeVDGZbX7tMjEnMVwKZWB4EoEa4IuCAwbnu6tTs-B_XKrYXiSKcBOePFea0IgzbUbA9NwWT_hwg/s320/9.Juin48prisonniersLuco.jpeg" width="320" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br /> <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZS9QQsbaPAKlYqhPMB9k34Zk-OE6sntDMJ_n3qAitODQMFBC0b9fEbEdYKuEUbF0hqn3tqHUinNL9vhLewuQjcD6L-0uIhSTrE97xDPPdS1Ttel7xROCMYGJ0BVZHLNMU95iQym4VHCcaR01aAmhcl0QU-QJC_r-GiuEuRm8O53rTokVyWE7PFG-g9fs/s1617/10.Famillesinsurge%CC%81sprison.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1617" data-original-width="1512" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZS9QQsbaPAKlYqhPMB9k34Zk-OE6sntDMJ_n3qAitODQMFBC0b9fEbEdYKuEUbF0hqn3tqHUinNL9vhLewuQjcD6L-0uIhSTrE97xDPPdS1Ttel7xROCMYGJ0BVZHLNMU95iQym4VHCcaR01aAmhcl0QU-QJC_r-GiuEuRm8O53rTokVyWE7PFG-g9fs/s320/10.Famillesinsurge%CC%81sprison.jpeg" width="299" /></a></div><br /></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Le message de la presse par ces choix de
cadrage : Voilà ce que vous ont apporté la Commission du Luxembourg et les
ateliers nationaux</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Par
les rues Clisson, Jeanne d’Arc, du Dr Charles Richet, on arrive rue Nationale,
en rattrapant ainsi l’itinéraire de la </span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Nueve<i>, que l’on suit jusqu’à la barrière des Deux
Moulins ou d’Ivry</i></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Habitent
à la barrière, <b>Nicolas Lahr</b>, 29 ans, maçon et pompier dans la Garde Nationale,
né en Belgique, et son frère Pierre, 24 ans, né au Luxembourg, qui sont parmi les
25 inculpés dans l’affaire du général Bréa, traduits devant le conseil de
guerre. Celui-ci condamne à la peine de mort, le 7 février 1849, Daix, « le
pauvre de Bicêtre », Nicolas Lahr, Nourrit, Choppart et Vapreaux jeune ;
Lahr cadet est libéré. Des cinq condamnés à mort, seuls Daix et Lahr aîné
seront guillotinés le 17 mars 1849, exceptionnellement sur le lieu de leur
crime, soit à la barrière Fontainebleau (place d’Italie), cernée par
20 000 hommes de troupes.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">On
ne rappellera pas ici l’affaire Bréa. On reproduira juste ici les lettres adressées
par deux exilés républicains à <b>Victor Schoelcher</b> en train de faire l’<i>Histoire
des crimes du 2 Décembre</i> (cf sur Gallica, p. 357 et 360). </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">« L’insurrection
avait été vaincue dans ce quartier dès le samedi soir ; le général Bréa
avait établi son quartier général sur la place du Panthéon. Le dimanche matin,
entre huit et neuf heures, j’allai chercher mes enfants, à leur pension chez M.
Amiel, rue Saint-Jacques. A l’angle de la rue Neuve-Soufflot et de la rue
Saint-Hyacinthe, <i>je vis</i> fusiller Raguinard, caporal de la GN, mécanicien
rue des Fossés-Saint-Jacques, à bout portant, en présence de plus de cinquante
gardes nationaux sous les armes. A la même place, j’aperçus une autre victime
dont je n’ai pu savoir le nom. M’autorisant alors de ma qualité de représentant
du peuple, je voulus faire comprendre aux gardes nationaux l’énormité de ce
meurtre, et observer que n’ayant pas même été pris durant le combat, mais le
lendemain seulement, ces deux malheureux pouvaient avoir été victimes d’une
méprise ou d’une vengeance particulière. Mes observations ne me valurent que
d’atroces menaces.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Tout
cela s’était passé à une très-petite distance du lieu où se tenait le général
Bréa. S’il n’avait tout ordonné, il avait certainement tout entendu, tout su,
sans rien empêcher. Ce fut le soir du même jour que le général fut fait
prisonnier, à son tour, à la barrière de Fontainebleau, l’une des plus voisines
de son quartier général, où l’insurrection avait conservé ses positions, et à
son tour fusillé par les insurgés. Il s’était, dit-on, présenté comme
parlementaire, et devait être protégé par cette qualité. Cela n’est que trop
vrai ; mais les citoyens fusillés dans la matinée presque sous ses yeux,
pour la part qu’ils étaient accusés d’avoir prise au combat de la veille,
n’étaient pas moins protégés par toutes les lois de la guerre et de la civilisation.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">J’ai
déposé de ces faits dans le procès des insurgés de la barrière de
Fontainebleau, comme d’une des mille preuves qu’en toute circonstance ce sont
les prétendus défenseurs de l’ordre qui ont pris l’initiative du brigandage.</span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> »</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span> </span>Lettre de <b>Félix Mathé</b>, Représentant du peuple [de
l’Allier, à la Constituante puis à la législative, exilé après le 2 décembre] à
V. Schoelcher, Londres, 12 mars 1852.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">« J’ai
connu Lahr, qui fut condamné à mort dans l’affaire dite du général Bréa, en
1848. C’était un excellent ouvrier qui, à force de travail, d’économie, de
sobriété était parvenu à amasser une somme de 4,000 fr. qu’il avait employée,
en 1847, à l’achat d’un fonds de logeur et de marchand de vin situé barrière
des Deux-Moulins.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Jusqu’à
la révolution de février, il n’avait pris aucune part à la politique. On sait
qu’à cette époque les travaux cessèrent dans un grand nombre d’ateliers.
Beaucoup de ceux qui logeaient chez Lahr, privés de travail, ne purent lui
rembourser les avances que l’on est obligé de faire dans des maisons de ce
genre. C’est à partir de ce moment, c’est-à-dire vers la fin d’avril, qu’il se
mit en relation avec les <i>agents</i> les plus actifs de M. Bonaparte. Ses
frères, qui travaillaient avec moi, disaient tous les jours que un ou plusieurs
messieurs se rendaient dans son cabaret (principal rendez-vous des Allemands),
et que toutes leurs conversations concernaient Louis-Napoléon. Il finit par
être tellement exalté pour le neveu de l’empereur, comme ils disaient tous,
qu’un jour il vint débaucher ses trois frères, qui travaillaient avec moi à la
mairie du 12e arrondissement de Paris ; je fus les chercher chez le
marchand de vin qui fait l’angle de la rue Saint-Jacques et de la rue Soufflot.
Aussitôt qu’ils m’aperçurent, ils m’offrirent un verre de vin, et en choquant
le verre, sur un signe de Lahr, ils crièrent par trois fois :<i> Vive
Louis-Napoléon ! Vive le petit Louis ! Nous le voulons et nous
l’aurons !</i></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">J’ai
su par plusieurs de mes amis, présents à la lutte de la barrière de
Fontainebleau, que Lahr distribuait du vin aux combattants pour être plus utile
à son prince ; car vous pouvez attester qu’il avait reçu de l’argent. Je
tiens ce fait de son frère et de deux de ses meilleurs amis. » <b>Martin
Nadaud</b> à Victor Schoelcher, de Londres, le 1<sup>er</sup> mars 1852</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><i>Par
les rues de Campo-Formio (ancienne rue des Étroites ruelles), Duméril, et
Jeanne d’Arc, on rejoint la rue Jules Breton</i></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">On aura
aperçu, au départ de la rue Pinel, au no 9, le siège récent de la Fédération
française du « Droit humain », la première et la plus ancienne fédération
de l'Ordre maçonnique mixte international « le Droit humain ». On arrive, au no
5 de la rue Jules Breton, devant le temple égyptianisant (1912-14) qui fut la
demeure de <b>Georges Martin</b>, le cofondateur de l'Ordre en 1901. La cofondatrice, <b>Maria
Deraismes</b>, née en 1828, a donc eu 20 ans en 1848 quand fut institué par la
Deuxième République naissante un suffrage qualifié d’« universel » et
pourtant seulement masculin, qui avait certes élargi l’ancien système
censitaire de 246 000 électeurs à près de 10 millions, mais en
excluant un nombre égal de femmes de l’« universel ».</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">On
rejoint notre point de départ par les rues Pirandello et Le Brun</span></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Beaucoup
des renseignements sur les cheminots du Corbeil et Orléans proviennent du
travail de <b>Jean-Pierre Amalric</b>, qui a eu accès à des archives détruites depuis
par le creusement de la gare souterraine banlieue d’Austerlitz : « La
révolution de 1848 chez les cheminots de la Compagnie du Paris-Orléans », <i>Revue
d’histoire économique et sociale,</i> vol. 41, n° 3, 1963,
p. 332-373.</span></span></p>
<p><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}h1
{mso-style-priority:9;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-link:"Titre 1 Car";
mso-style-next:Normal;
margin-top:12.0pt;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:0cm;
mso-pagination:widow-orphan lines-together;
page-break-after:avoid;
mso-outline-level:1;
font-size:16.0pt;
font-family:"Calibri Light",sans-serif;
mso-ascii-font-family:"Calibri Light";
mso-ascii-theme-font:major-latin;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-theme-font:major-fareast;
mso-hansi-font-family:"Calibri Light";
mso-hansi-theme-font:major-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:major-bidi;
color:#2F5496;
mso-themecolor:accent1;
mso-themeshade:191;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;
font-weight:normal;}a:link, span.MsoHyperlink
{mso-style-priority:99;
color:#0563C1;
mso-themecolor:hyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
color:#954F72;
mso-themecolor:followedhyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}p.MsoListParagraph, li.MsoListParagraph, div.MsoListParagraph
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpFirst, li.MsoListParagraphCxSpFirst, div.MsoListParagraphCxSpFirst
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpMiddle, li.MsoListParagraphCxSpMiddle, div.MsoListParagraphCxSpMiddle
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpLast, li.MsoListParagraphCxSpLast, div.MsoListParagraphCxSpLast
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}span.Titre1Car
{mso-style-name:"Titre 1 Car";
mso-style-priority:9;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Titre 1";
mso-ansi-font-size:16.0pt;
mso-bidi-font-size:16.0pt;
font-family:"Calibri Light",sans-serif;
mso-ascii-font-family:"Calibri Light";
mso-ascii-theme-font:major-latin;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-theme-font:major-fareast;
mso-hansi-font-family:"Calibri Light";
mso-hansi-theme-font:major-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:major-bidi;
color:#2F5496;
mso-themecolor:accent1;
mso-themeshade:191;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}ol
{margin-bottom:0cm;}ul
{margin-bottom:0cm;}</style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-18090814571890662342023-12-06T16:21:00.005+01:002023-12-10T11:11:25.723+01:00SUR LES TRACES DE CHARLES MARCHE AU FAUBOURG SAINT-DENIS<p>
</p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></i></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggdbCrwJWyF-5rSkld37j7IoCwfWd9HsMwFguxMdoO12voy-vKPzl8ijtoDZdldGhOSZ0Hyof7x38Xw6z4x2UoX_PTnGR3nnC5jzOckLBYrXuqZxC_mOaCjqFtcXovp33kp5vMQgLXz928QNTg58eGTvLzLWtZXQapLmq-BaDulSZnsn5uL2nh_9iLeEE/s6160/planCdFNord.jpeg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="6160" data-original-width="3512" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggdbCrwJWyF-5rSkld37j7IoCwfWd9HsMwFguxMdoO12voy-vKPzl8ijtoDZdldGhOSZ0Hyof7x38Xw6z4x2UoX_PTnGR3nnC5jzOckLBYrXuqZxC_mOaCjqFtcXovp33kp5vMQgLXz928QNTg58eGTvLzLWtZXQapLmq-BaDulSZnsn5uL2nh_9iLeEE/w365-h640/planCdFNord.jpeg" width="365" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">
<span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">Détail de <i>Paris
illustré et ses fortifications</i>, Auguste Logerot, 1847</span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></td></tr></tbody></table><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i></i></div><i><br /></i><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Départ sous l’arc
de triomphe de la porte Saint-Denis, face à la rue du Fbg-St-Denis</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Les années 1840, c’est
le temps des chemins de fer et, devant nous, il y a la rue menant au chemin de
fer du Nord, première et seule ligne internationale, connectée au réseau belge
et assurant ainsi non seulement la liaison Paris-Lille mais encore
Paris-Bruxelles et Paris-Cologne. À compter du début septembre 1848, l’embranchement
vers Calais et Dunkerque y ajoutera l’Angleterre. En l’absence d’un boulevard
de Magenta qui ne sera percé que douze ans plus tard, les deux bras des grands
boulevards, de notre gauche et de notre droite, rassemblent et projettent devant
nous leur trafic vers l’embarcadère (c’est le mot qu’on emploie plus que gare)
des voyageurs, au même emplacement qu’aujourd’hui, et la gare des marchandises,
plus au nord, de l’autre côté de la place de La Chapelle, donc de la barrière d’octroi.
Les ateliers d’entretien, de réparation des machines, et de construction des
wagons la flanquent. <i></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Comme l’écrit la <i>Démocratie
pacifique</i> du 3 septembre 1848, « le chemin de fer du Nord, par
l'importance de sa ligne-mère et de ses embranchements, est la ligne la plus
considérable de France ; aussi le mouvement et l'activité qui règnent nuit et
jour au grand débarcadère du clos Saint-Lazare et à la gare de La Chapelle,
grande comme une petite ville, sont-ils un des plus curieux spectacles de
Paris. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le 25 février
1848, ce sont les mécaniciens du Chemin de fer du Nord qui annoncent les
premiers à Bruxelles l’avènement de la république à Paris. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">C’est par le
chemin de fer du Nord que <b>Karl Marx</b>, vice-président de l’<span style="mso-bidi-font-style: italic;">Association démocratique (ayant pour but
l’union et la fraternité de tous les peuples), envoie</span> le Flamand <b>Spilthoorn</b>
et le Wallon <b>Braas</b> saluer le gouvernement provisoire et féliciter la
nation française. Quatre jours plus tard, au petit matin, il débarque lui-même à
Paris comme une quarantaine d’autres suspects expulsés la veille de Belgique.
Jenny et leurs trois enfants, Jennychen, Laura et le petit Edgar, âgé d’1 an
à peine, voyagent avec lui. Les Marx ont dans leurs bagages un millier
d’exemplaires du <i>Manifeste du parti communiste</i>, fraîchement imprimé à
Londres en allemand.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Sur les murs du
faubourg Saint-Denis, il peut voir cette affiche d’une Société démocratique
allemande : </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">« DES
ARMES ! Les démocrates allemands de Paris se sont formés en légion pour
aller proclamer ensemble la RÉPUBLIQUE ALLEMANDE. Il leur faut des armes, des
munitions, de l’argent, des objets d’habillement. Prêtez-leur votre
assistance ; vos dons seront reçus avec gratitude. Ils serviront à
délivrer l’Allemagne et en même temps la Pologne. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; tab-stops: 28.0pt 56.0pt 84.0pt 112.0pt 140.0pt 168.0pt 196.0pt 224.0pt 252.0pt 280.0pt 308.0pt 336.0pt; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 14.2pt;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJmIoW_9FhgErihs315Rp1XxEPegA-0fSez2hLhEbCeIn9Y46fqCsdTuUiHf28OucrDj6HHcI-i9o5fDiWHfQGrrg2kKYRgC2dTpmLxIoT_x60_g3BZTPwE68RCmJwzpy4jgQyP-9nEdXJ5q-jmpiNnjycmN8RzgaSXX3Cll7hvTIUq9JSzIqoVUnGAt8/s2322/8.Le%CC%81gionallemande;p51%20Les%20Murailles%20re%CC%81volutionnaires%20de%201848,%201852,%20Gallica.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1213" data-original-width="2322" height="334" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJmIoW_9FhgErihs315Rp1XxEPegA-0fSez2hLhEbCeIn9Y46fqCsdTuUiHf28OucrDj6HHcI-i9o5fDiWHfQGrrg2kKYRgC2dTpmLxIoT_x60_g3BZTPwE68RCmJwzpy4jgQyP-9nEdXJ5q-jmpiNnjycmN8RzgaSXX3Cll7hvTIUq9JSzIqoVUnGAt8/w640-h334/8.Le%CC%81gionallemande;p51%20Les%20Murailles%20re%CC%81volutionnaires%20de%201848,%201852,%20Gallica.jpg" width="640" /></a></div><br /><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"><br /><span style="mso-font-kerning: 0pt;"></span></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Marx va consacrer
l’essentiel de son mois de séjour parisien à combattre d’arrache-pied ce
projet, parce que vouloir « introduire de vive force, et en partant de
l’étranger, la révolution » en Allemagne serait suicidaire.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le 23 mars au soir,
une Légion belge qui ne cessait d’annoncer un départ imminent se rassemble place
de la Concorde. Par les Grands Boulevards et la rue du Faubourg-Saint-Denis,
tambours et drapeaux en tête, aux cris de « Vive la République
belge », elle remonte vers l’embarcadère du Nord. Ils sont environ 1 500
combattants sans armes (mais les arsenaux de Valenciennes et de Lille leur en
fourniront, dit-on), encadrés par quelques polytechniciens, à partir ce jour-là
et les suivants grâce aux subsides du préfet de police et au transport gratuit
qu’il leur a obtenu. <b>Caussidière</b> expliquera plus tard n’avoir eu d’autre
objectif que de débarrasser Paris d’ouvriers affamés.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyI3DdqEOfV1XpJBr6ewIcS5m5UF9ZF7RFdkpbBKnXPBT4SmXAeB5jFR8xyKZCnK85L8thlgym5hUeLJQS-S59CZtXbK6p73Cf-WHcEyDJ-6dMQ96b93yoSvHsxFPlAe5lyjfM42KqL_ugbh8xe1DP5wv5Nz4gsPf1rFmoB3yfI5Jb2VAvoPGt0Rw0nr4/s2280/9.AppelBelgique25mars;p51%20Les%20Murailles%20re%CC%81volutionnaires%20de%201848,%201852,%20Gallica.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1233" data-original-width="2280" height="346" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyI3DdqEOfV1XpJBr6ewIcS5m5UF9ZF7RFdkpbBKnXPBT4SmXAeB5jFR8xyKZCnK85L8thlgym5hUeLJQS-S59CZtXbK6p73Cf-WHcEyDJ-6dMQ96b93yoSvHsxFPlAe5lyjfM42KqL_ugbh8xe1DP5wv5Nz4gsPf1rFmoB3yfI5Jb2VAvoPGt0Rw0nr4/w640-h346/9.AppelBelgique25mars;p51%20Les%20Murailles%20re%CC%81volutionnaires%20de%201848,%201852,%20Gallica.jpg" width="640" /></a></span></div><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"><br /></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">La légion
allemande, sans que Marx ait pu l’en dissuader, part le 24 puis le 30, mais à
pied, pour rejoindre le grand-duché de Bade par l’Alsace. C’est Cologne,
« la partie la plus avancée de l’Allemagne », que rejoignent Marx et <b>Engels</b>
(venu le rejoindre entretemps), le 6 avril, par le chemin de fer du Nord.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On peut lire dans
la presse que la compagnie du chemin de fer du Nord assure en ce moment aux
Polonais, par suite d’arrangements pris avec les deux gouvernements de France
et de Belgique, le voyage gratuit jusqu’à Aix-la-Chapelle.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On se tourne vers
le sud, on traverse le boulevard et, avant d’emprunter la rue de la Lune, on désigne
la rue Sainte-Apolline, qui débouche juste en-dessous à gauche :</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">A lire <b>Lamartine</b>,
qui lui donne 20 – 25 ans, on pourrait s’imaginer <b>Charles Marche</b>
comme une sorte de <b>Gavroche</b> monté en graine, libre de toute attache. Notre
héros a pourtant, au n° 31 de la rue Sainte-Apolline, sa tante Armantine, sœur
de feu son père, et le mari de celle-ci, Jean Léon Thierry,
teinturier-dégraisseur. On exagère à peine en disant qu’à part eux, il n’y a
dans cette rue-là que des fleuristes : sept, auxquels s’ajoutent six
fabricants de fleurs artificielles, en à peine deux cents mètres, dont la
boutique des Vincent, au n° 9, où travaille une jeune fleuriste prénommée
Louise. C’est sans doute en venant chez sa tante Armantine, à la teinturerie des
Thierry, que Charles qui, habitant 31 rue du Grenier St-Lazare, arrive par la
rue Saint-Martin et passe devant la boutique des Vincent, a rencontré Louise,
sa future épouse. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">La rue d’Aboukir
(alors rue Bourbon-Villeneuve), débouche à droite, symétriquement à
Sainte-Apolline : </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Au 47 rue
Bourbon-Villeneuve, loge seule, en tout cas pas chez ses père et mère, <b>Louise
Vincent</b>, fleuriste, dont l’état-civil précise que, mineure, elle habite de
droit chez son père, rue du Faubourg-Saint-Martin. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On prend la rue de
la Lune jusqu’à l’église Notre-Dame de Bonne-Nouvelle</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Dans cette église
alors récente, (son achèvement est de 1830), Charles Marche et Louise Vincent
convolent, dans la paroisse de l’épouse, le 01/02/1845. Charles Marche,
mécanicien, né le 16/01/1819, vient d’avoir 26 ans ; Virginie Louise
Vincent, fleuriste, est ainsi qu’on l’a dit, mineure. <b>Hippolyte Marche</b>,
de 8 ans l’aîné de Charles, et mécanicien comme son cadet, est son témoin.
Charles et Louise savent signer l’un et l’autre ; Hippolyte aussi mais ce
n’est pas le cas de Gracy, son épouse. Le premier enfant du couple, Charles,
comme son père, naitra dès le 24/11/1845 rue du Grenier Saint-Lazare.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On descend la <i>rue Notre-Dame de Bonne Nouvelle,
on traverse le boulevard, on prend l’impasse Bonne Nouvelle, on traverse le</i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">jardin <b>Yılmaz
Güney</b> (inauguré en 2017), qui rentre pile dans notre balade ferroviaire en
ce qu’il remplace un ancien hall de stockage de la Sernam, la société de fret
de la SNCF, désaffecté à la mi-1990, squatté jusqu’en 2006 par le Théâtre de
Verre, etc. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On tombe rue de l’Échiquier,
qu’on prend à droite</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Nombreuses sont
ici les maisons que les Marche ont pu connaître : les n° 18, 10, 8 sont du
tout début du 18<sup>ème </sup>; les n° 24-26, le 13, les 2-4, le 1 de la
fin du 18<sup>ème</sup> ; les n° 15, 12, 11, 9, 7 de la première moitié du
19<sup>ème </sup>siècle.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On arrive rue du
Fbg-St-Denis que l’on remonte à gauche </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Les n° 39, 41 sont
de 1800. Le Passage de l’Industrie, au n° 42, de 1830 ; le n° 44 de la
première moitié du 18<sup>ème </sup>siècle. Les n° 51 – 53 de la première moitié
du 19<sup>ème</sup>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Les Marche s’installent
à l’ancien 62 rue du Fbg-St-Denis, face à la cour-passage des Petites-Écuries (correspondant
à peu près aux n° 54 ou 56 actuels), postérieurement à la naissance de
Charles junior, sans doute en 1846, qui est certainement aussi l’année où Charles
père entre comme tourneur aux ateliers de La Chapelle du chemin de fer du Nord.
Félicité Louise, la première fille du couple naitra ici le 30/12/1847.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">C’est cette
adresse qui figure au bas de la lettre de réponse que Charles Marche envoie à
différents journaux le 26 mai 1848, identifiant l’expéditeur sans aucun doute
possible comme l’« ouvrier [qui] dicta le décret où le Gouvernement
provisoire, à peine formé, s’engageait à assurer l’existence des travailleurs
par le travail, à fournir du travail à tous les citoyens, etc. », pour
citer Marx dans <i>Les Luttes de classes en France</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.0cm; margin-right: 42.55pt; margin-top: 0cm; margin: 0cm 42.55pt 0cm 1cm; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">« Citoyen
rédacteur, J’ai lu dans plusieurs journaux “que cet audacieux et intrépide
ouvrier qui, par son langage énergique, était parvenu à arracher le décret
relatif à l’organisation du travail, le citoyen Marche, était arrêté“. Quel
motif pourrait donc avoir le gouvernement de la République de me faire
incarcérer ? Ouvrier obscur, je me suis lancé avec autant d’ardeur que de
loyauté dans la voie que suivent les hommes qui ont, depuis le 24 février,
proclamé et gouverné la République. J’ai, au nom de tous les travailleurs mes
frères, exposé à l’Hôtel de Ville les besoins et la nécessité d’organisation
dans le travail, et le 25 février j’ai obtenu du gouvernement provisoire
le décret relatif à cette organisation. Ce décret, rendu après mûre
délibération, est fort loin d’être un décret <i>arraché</i>, les besoins de
l’époque le disent assez hautement. Ce que j’ai réclamé dès le principe, j’en
ai demandé plus tard l’exécution, et je saisirai toutes les occasions
favorables pour le réclamer, parce que je suis logique, parce que je suis
l’interprète du désir des travailleurs, parce que loin d’être un homme
politique, je ne suis qu’un ouvrier désireux de voir réaliser enfin les
améliorations si solennellement promises.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.0cm; margin-right: 42.55pt; margin-top: 0cm; margin: 0cm 42.55pt 0cm 1cm; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Quant
à l’organisation de la grève du chemin de fer du Nord, les ouvriers ont assez
de discernement et de probité pour agir d’après leur conscience et non d’après
de sottes instigations. Je n’ai fait que proclamer, au nom de tous mes
camarades, l’acte de justice qui avait été accordé la veille, pour ainsi dire,
aux ouvriers du chemin de fer d’Orléans. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Que mes amis se rassurent, je suis libre
encore.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Marche jeune, ouvrier mécanicien, rue du
Faubourg-Saint-Denis, 62. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Un mois plus tard,
la terrible répression de l’insurrection de juin fait 3 à 5 000 morts chez
les ouvriers parisiens. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On savait, par une
déposition du maître-mécanicien <b>François Cavé</b> devant la commission de l’Assemblée
nationale enquêtant sur ces faits, au 1<sup>er</sup> juillet, que Charles
Marche n’y avait pas été tué, mais à lire <i>La République</i> du 15 mars
1849, rendant-compte de la séance de l’avant-veille devant la Haute Cour de justice
de Bourges jugeant <b>Blanqui</b>, <b>Barbès</b>, <b>Félix-Vincent Raspail</b>,
<b>l’ouvrier Albert</b> et, par contumace, <b>Louis Blanc</b> et Caussidière,
on tombe sur le procureur général <b>Baroche</b> demandant au témoin Ramonnet :
« Marche, qui est mort depuis, ne vous avait-il pas proposé de vous prêter
un pistolet pour aller à la manifestation ? »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">La naissance d’un
troisième enfant au 62, rue du Faubourg-Saint-Denis, le 28 octobre 1849, celle
de leur deuxième garçon, Eugène, vient lever le doute. On peut aussi y voir, —
la société française maîtrisant ses naissances depuis la Grande Révolution —,
un indice sur la situation matérielle de la famille qui aurait pu être
inquiétante : au sortir de la grève de mai 1848 menée au chemin de fer du Nord
par Charles Marche, la compagnie avait licencié son personnel parisien en bloc,
ne le rembauchant ensuite qu’un par un de sorte de laisser 19 indésirables sur
le carreau. Au début de juillet 1848, le Nord avait fait pire : une réorganisation
totale se traduisant par le licenciement de 1 100 ouvriers et de cinq
ingénieurs, pour ne plus laisser aux ateliers de La Chapelle que 400 personnes,
chiffre à ne plus dépasser désormais : 300 pour les ateliers des machines
et 100 pour les ateliers des voitures. Une partie de l’outillage de La Chapelle
était conséquemment transportée aux ateliers d’Amiens et de Lille (dont
l’augmentation de personnel ne pourrait se faire que par un recrutement local
et non par transfert), une autre vendue.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Que Charles Marche
soit encore au chemin de fer du Nord ou bien ailleurs, cette naissance donne à
penser que sa famille n’est pas dans la misère.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On remonte encore
la rue du Fbg-St-Denis</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le n° 71, à l’angle
sud-ouest de la rue des Petites-Écuries, est du 17<sup>ème</sup> siècle, l’une
des plus anciennes maisons du faubourg. Les n° 83 et 87 sont de la fin du 18<sup>ème</sup>
siècle.</span></p><p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjykPQzN8KykWHzKUMLSmwX_3PbEV53Zoe6zEMAp-kqzjMqkPueirsoxEJA6cfIpfmgPCoRAevghnvIbc_n01GPnxkrLiCdHgM9gjoo8OI_BeSlYTRrRbvuXEUeHN4DOrooUecAs3VK9qP2qpht5Z_r91ie81NiqOxSh8i5ctjWTOKlG1xf_bFVXu9tjww/s500/L'unedes+vieillesduFbg.jpeg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="395" data-original-width="500" height="506" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjykPQzN8KykWHzKUMLSmwX_3PbEV53Zoe6zEMAp-kqzjMqkPueirsoxEJA6cfIpfmgPCoRAevghnvIbc_n01GPnxkrLiCdHgM9gjoo8OI_BeSlYTRrRbvuXEUeHN4DOrooUecAs3VK9qP2qpht5Z_r91ie81NiqOxSh8i5ctjWTOKlG1xf_bFVXu9tjww/w640-h506/L'unedes+vieillesduFbg.jpeg" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">71, rue du Fbg St-Denis, maison du 17ème siècle (PLU)<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"><br /> </span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Au n° 84, soit
exactement au 2, passage du Désir, leur nouveau domicile, Louise Marche met au
monde le 27 avril 1852 leur quatrième enfant et leur deuxième fille, Gracée<i> </i>Pauline.
Gracée est une autre orthographe du prénom de sa tante Gracy, l’épouse d’Hippolyte,
et de sa cousine Gracy Marie, bientôt 7 ans, fille de ses oncle et tante. Charles
Marche a donc échappé aussi aux « crimes du 2 Décembre » 1851,
ceux du coup d’état de <b>Louis Napoléon Bonaparte</b>. Cependant, la
sollicitude que continue de lui manifester un quatuor de professeurs
blanquistes ou réputés tels interdit de penser qu’il soit passé au travers des
répressions gouvernementale ou patronale grâce à un reniement de ses
convictions.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Les n° 86 et 94 sont
du début du 19<sup>ème</sup> siècle. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On prend la rue de
la Fidélité</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Au percement des
boulevards de Magenta et de Strasbourg, la façade du XVIIe siècle de l’église Saint-Laurent,
hors alignement, va être détruite et l'église allongée d'une travée entre 1863
et 1867 ; une nouvelle façade de style néogothique flamboyant, ornée de
sculptures, et une flèche en plomb lui étant adjointes. Un fronton en lave
émaillée de Paul Balze sera ajouté en 1870.<b><u></u></b></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Ce n’est donc pas
la configuration existant au 1<sup>er</sup> janvier 1848, baptême de Félicité
Louise Marche, dont Hippolyte est le parrain. Pas davantage au baptême d’Eugène,
le 29 octobre 1849, ni, le 29 avril 1852, à celui de Gracée dont la tante Gracy
est la marraine.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Par le bd de
Magenta, on va reprendre la rue du Fbg-St-Denis.</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"></span></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; tab-stops: 28.0pt 56.0pt 84.0pt 112.0pt 140.0pt 168.0pt 196.0pt 224.0pt 252.0pt 280.0pt 308.0pt 336.0pt; text-align: justify; text-autospace: none; text-indent: 14.2pt;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdTkLQyqDSXedOOLM1aQvh5v_6MjT8shEt-j4XeZlCZkfdcYJWyCxPCpt-B2RHoQs0b_QzuXtP9mJsBYqMxpX-rDbMwx00wLfnbSP7x-nA2pZxIFQTaJz0TBEjLCQ2YoA0SJanqyiK6HoTu3OrYZNgd8bQMQ2jHBDFXHOalNyghBi58MAnVtbejBFsjGI/s718/12.abolition%20esclavage4mars.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="662" data-original-width="718" height="590" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdTkLQyqDSXedOOLM1aQvh5v_6MjT8shEt-j4XeZlCZkfdcYJWyCxPCpt-B2RHoQs0b_QzuXtP9mJsBYqMxpX-rDbMwx00wLfnbSP7x-nA2pZxIFQTaJz0TBEjLCQ2YoA0SJanqyiK6HoTu3OrYZNgd8bQMQ2jHBDFXHOalNyghBi58MAnVtbejBFsjGI/w640-h590/12.abolition%20esclavage4mars.jpeg" width="640" /></a></div><br />
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: medium;">À notre droite, à l’emplacement de l’actuelle
gare de l’Est, il n’y a rien encore en 1848, comme le montrait le plan d’A. Logerot en tête
de cet article. Le tronçon Paris-Meaux du chemin de fer de Strasbourg sera mis
en service le 5/7/1849, l’embarcadère inauguré en 1850.</span></span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Au n° 132, naquit <b>Victor
Schoelcher</b>. Au n° 148, le passage Delanos, reconnaissable à la tête de
vache qui orne son portail, est une ancienne laiterie dont les étables
entouraient les deux premières cours, de 1830.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvlOmJU4FVA_uwhYiaPlZPSHqd4y5pqB_s0V5N7KvvS7C3_-YRbTmaruQhug8S3eTGKar1lcJ9C2tEtN4hSo4fknzbD7Ykwb-XPRqfo_fEhLLmHFeGNF4xGe5OX0hUhpm_O3rzialH5yHf-wZHniDFlndE66ehcNynRfpcV5TC13a_jVlysy9vUDfBGEM/s2268/11.Schoelcherlibe%CC%81rateurAvril.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1548" data-original-width="2268" height="436" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvlOmJU4FVA_uwhYiaPlZPSHqd4y5pqB_s0V5N7KvvS7C3_-YRbTmaruQhug8S3eTGKar1lcJ9C2tEtN4hSo4fknzbD7Ykwb-XPRqfo_fEhLLmHFeGNF4xGe5OX0hUhpm_O3rzialH5yHf-wZHniDFlndE66ehcNynRfpcV5TC13a_jVlysy9vUDfBGEM/w640-h436/11.Schoelcherlibe%CC%81rateurAvril.jpg" width="640" /></a></div><br /><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">L’embarcadère du
Nord se situait en face de la rue des Magasins (auj. de St-Quentin). Le projet
de cette ligne internationale était né en 1843, l’année de l’« enrichissez-vous »
de <b>Guizot</b>. Dans ce type de partenariat public-privé, l’État acquérait
les terrains, construisait ouvrages d’art et gares et y posait les rails, avant
de concéder l’ensemble à une compagnie qui y ferait circuler ses trains, ici une
société emmenée par <b>Rothschild</b> <b>Frères</b> qui, heureuse adjudicataire
à l’automne 1845, avait pu passer à l’exploitation et à l’inauguration de l’embarcadère
de Paris dès le 14 juin 1846. [Sa façade sera démontée en 1857 et remontée à
l'identique sur la gare de Lille-Flandres.]</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Et à l’inauguration
de l’embranchement vers le détroit de Douvres, la <i>Démocratie pacifique</i> du
4 septembre 1848 écrivait : « Hier matin, à huit heures, un
convoi spécial partait de l’embarcadère du chemin de fer du Nord. Dans un
superbe wagon on voyait le ministre des Travaux publics, MM. Rothschild, des
ingénieurs, plusieurs notabilités, etc., etc. Les autres wagons étaient montés
par différents citoyens, des Calaisiens et des Dunkerquois. Il s'agissait
d'aller faire l'inauguration solennelle des deux importants embranchements du
chemin de fer du Nord sur Dunkerque et Calais. A cette occasion, de grandes
fêtes et réjouissances étaient préparées dans les deux villes. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Avant la mi-mai
1853, la famille Marche remontera sa rue du Faubourg-Saint-Denis jusqu’à
l’embarcadère et, par le chemin de fer du Nord, en longeant l’atelier de La Chapelle
où Charles a été si longtemps derrière son tour, gagnera le détroit du pas de
Calais et, de là, Londres. La « dernière lettre » de Marche que
reçoit <b>Louis</b> <b>Meyer</b>, l’un des professeurs du quatuor évoqué plus
haut, y a été postée.<span style="color: red;"></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Au n° 200, l’hôpital
Fernand Widal, est l’œuvre de <b>Théodore Labrouste</b> en 1858. <b>Henry
Murger</b>, l’auteur des <i>Scènes de la vie de bohème</i>, dont <b>Puccini</b>
a tiré son opéra, <i>La Bohème</i>, y est mort.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Avant la rue Cail,
peut-être à l’emplacement du n° 210, immeuble datant de 1901, s’étendaient
depuis 1826 sur bientôt deux hectares et demi, les ateliers de François Cavé, surmontés
d’une cheminée de cinquante mètres de haut. Cette fabrique totalement intégrée,
« où s’opèrent tous les travaux depuis la fusion de la fonte et le travail
de la forge jusqu’aux derniers ajustages », a été la première et longtemps
la seule à Paris à fabriquer des locomotives à vapeur quand celles-ci venaient
encore essentiellement d’Angleterre. Dès la fin de 1844, elle a été l’adjudicataire
d’un lot de douze machines avec tenders et pièces de rechange, destiné au
tronçon Paris – Clermont-de-l’Oise du chemin de fer du Nord. La fourniture de
pièces de rechange, des roues en particulier, maintient des relations étroites
avec l’atelier de réparation de La Chapelle. Les sept à huit cents
ouvriers travaillant chez Cavé, ajoutés à ceux du Nord, forment ainsi un
ensemble de quelque deux mille ouvriers, soit la plus grosse concentration
industrielle de Paris, devant Ch. Derosne & Cail.<b><u></u></b></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Cela fait du haut
faubourg Saint-Denis un quartier qui connaît les drames de l’industrie moderne.
Le 15 janvier 1848, par exemple, « au moment où une quantité de
quarante milliers de fonte métallique était en ébullition, une trouée s’est
faite au bassin du fourneau de fusion, et la fonte s’est répandue tout à
l’entour comme si elle fût sortie d’un cratère volcanique. Huit ouvriers, qui
n’ont pu se sauver assez rapidement, ont eu les pieds atteints jusqu’à la
cheville. Les malheureux sont dans un état affreux, et les hommes de l’art
craignent d’être obligés de leur faire l’amputation des jambes. Cet affreux
malheur a jeté la consternation dans la grande usine et dans tout le quartier.<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">[1]</span></span></span></span></a> »
Deux d’entre eux succomberont à leurs blessures.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le constructeur
mécanicien François Cavé, d’origine modeste, n’a pas fait d’études d’ingénieur
et s’est formé sur le tas. Il sera l’un des trois délégués des
maîtres-mécaniciens au collège patronal de la Commission du Luxembourg, avec <b>Ernest</b>
<b>Gouin</b>, dont les ateliers sont aux Batignolles, et <b>Chapelle</b>, le
fondeur et constructeur de la rue du Chemin-Vert.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le 16 mars
1848, Marche a cosigné avec Cavé une lettre-réponse à <i>La Liberté</i>, <span style="mso-bidi-font-style: italic;">« journal des idées et des faits »</span>,
qui avait publié le matin même cette nouvelle : </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.0cm; margin-right: 42.55pt; margin-top: 0cm; margin: 0cm 42.55pt 0cm 1cm; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">« Les
ouvriers de M. Cavé ayant réclamé, outre la diminution d’une heure de
travail, 1 fr. d’augmentation par jour, M. Cavé crut devoir leur dire
que, ne pouvant accéder à des conditions aussi dures, il préférait se retirer
des affaires et qu’il les congédiait. Nous regrettons d’avoir à ajouter qu’à la
suite de ces paroles, M. Cavé eut à subir de graves voies de fait,
auxquelles il ne s’est soustrait que par miracle. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Ce que démentait
la lettre-réponse : </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.0cm; margin-right: 42.55pt; margin-top: 0cm; margin: 0cm 42.55pt 0cm 1cm; tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">« “les
ouvriers de mon établissement n’ont pas demandé d’augmentation de 1 franc
par jour, mais bien une diminution de deux heures de travail, ce que j’ai
accepté provisoirement ; je n’ai été exposé à aucun mauvais traitement de
leur part.“</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left: 1cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Les délégués des
mécaniciens, Marche, Baigneux, Ledos (Léon), tant en leurs nom qu’au nom de
tous les autres délégués des mécaniciens de Paris, se joignent à M. Cavé
pour certifier la bonne et loyale conduite des ouvriers. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left: 1cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">En 1853, l’année
ou Marche immigre aux Etats-Unis, Cavé céde son usine à une compagnie et ne s’y
réserve d’autre titre que celui d’ingénieur-conseil. Voyant après quelques mois
que ses avis ne sont pas écoutés, il se désintéresse de l’entreprise qui
périclite avant d’être démantelée.</span></p>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5mWnpINUw5XvxZ5JRcGk-g5BMZxj_D0VPjG_P0HmpFSb3_8BVEPCw7gWd2Kk56agalyhPmLRbNLP3ecAoyajPlRDdBEHeZWbLa3iHqu2aVqt7oZ0AG0HCHXnHiy7Tsch66YiJkD3dIt5_wrci1PG5WYd_sFR7YGEmJqwxXyNas_kQhdLHLBu9GwhB_zA/s2434/3.NPPFMarieBernard.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2434" data-original-width="1912" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5mWnpINUw5XvxZ5JRcGk-g5BMZxj_D0VPjG_P0HmpFSb3_8BVEPCw7gWd2Kk56agalyhPmLRbNLP3ecAoyajPlRDdBEHeZWbLa3iHqu2aVqt7oZ0AG0HCHXnHiy7Tsch66YiJkD3dIt5_wrci1PG5WYd_sFR7YGEmJqwxXyNas_kQhdLHLBu9GwhB_zA/w503-h640/3.NPPFMarieBernard.jpg" width="503" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Des Grands boulevards aux barrières, le Faubourg Saint-Denis<br /></td></tr></tbody></table><br /><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><br /><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"><br /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">La barrière dite
de La Chapelle ou de Saint-Denis, est flanquée d’un pavillon de Ledoux, poste
de garde et d’octroi. En juin 1848, une barricade « formidable » s’est élevée
devant les ateliers de Cavé, deux cents pas plus bas, bien protégée sur ses arrières
par ce mur des Fermiers généraux comme on l’appelle encore depuis
Louis XVI, six mètres de haut et cinquante centimètres d’épaisseur. Pour l’attaquer,
le 7<sup>ème</sup> de ligne aura recours au canon dès le samedi 24, avant d’ajouter
une batterie de flanc rue Rochechouart, mais c’est seulement en la prenant à
revers par une percée du mur à la barrière Poissonnière et son escalade à la
barrière Rochechouart que la ligne, la mobile et les gardes nationaux d’Amiens
et de Rouen parviendront à l’enlever le dimanche. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On est maintenant
hors Paris, à La Chapelle. Au-dessus de la rue de Jessaint s’étend l’atelier de
La Chapelle pour l’entretien et la grosse réparation des locomotives et
des voitures, auquel l’ingénieur <b>Oscar</b> <b>Valerio</b> a ajouté la
construction de wagons. Y travaillent un millier d’ouvriers spécialisés –
Marche, on l’a dit, y est tourneur –auxquels s’ajoutent deux cent cinquante
manœuvres, une soixantaine d’apprentis, vingt-cinq contremaîtres et au moins
cinq ingénieurs. Sans compter les employés du secrétariat, et cela fait une
entreprise quasi semblable aux nôtres. Plus haut encore, vient la gare des
marchandises, celles-ci étant toujours au-delà du mur douanier qui enserre
jusqu’en 1860 le Paris des 12 arrondissements.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On prend la rue de
Jessaint, dont le côté gauche (les numéros impairs) n’existe plus</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">C’est 19, rue de
Jessaint qu’habite <b>François Ramonnet</b>, l’ami mécanicien de Charles
Marche, que l’on a vu plus haut interrogé par le procureur Baroche, sans que,
curieusement, il ne démente la prétendue mort de Marche — mais les comptes-rendus
d’audience sont la plupart du temps parcellaires. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Alors que Marche
et les siens sont déjà aux États-Unis depuis dix-sept ans, passés par New-York,
Saint-Louis, puis une ferme du Missouri, avant de nouveau Saint-Louis, avec dans
l’intervalle trois années d’enrôlement dans les rangs de l’Union lors de la
guerre de Sécession, on peut lire dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La</i>
<i>Marseillaise</i> du 23 février 1870, dans sa rubrique de petites
annonces dite le « bulletin des travailleurs », une demande d’emploi
émanant de François Ramonnet. On peut constater, par l’adresse qui y figure,
que Ramonnet, toujours au 19, rue de Jessaint, à La Chapelle, n’en a, lui,
jamais bougé.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On redescend dans
Paris par la rue de Maubeuge</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Du côté droit de la rue, l'hôpital de la
République (ex-Louis Philippe et futur Lariboisière, en 1854), dont seul, à l’extrémité
opposée, le pavillon sud-ouest est déjà construit, va servir, le 25 juin 1848,
de bastion aux insurgés qui crénèlent le mur d'enceinte de l'hôpital en
espaçant sur son faîte des moellons du chantier, et percent de meurtrières le
mur d’octroi, au nord.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">En restant sur le
trottoir de gauche, on continue tout droit sous les quatre arcades</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">À main droite, le siège
social de la Cie du Chemin de Fer du Nord, construit en 1862 en même temps que la
nouvelle gare, sous la direction de l'architecte <b>Jacques Hittorff</b> (né à
Cologne, l’une des destinations, par la Belgique, du chemin de fer du Nord </span><span style="font-family: Wingdings; font-size: 14pt; mso-ascii-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-char-type: symbol; mso-hansi-font-family: "Times New Roman"; mso-symbol-font-family: Wingdings;"><span style="mso-char-type: symbol; mso-symbol-font-family: Wingdings;"></span></span><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On descend la rue de
Compiègne, le bd de Magenta. Au pan coupé du marché St-Quentin (1866), on prend
le passage de la Ferme St-Lazare, puis par la Cour de la Ferme St-Lazare, la rue
Léon Schwartzenberg, le jardin St-Lazare de la médiathèque Françoise Sagan, on rejoint
à nouveau la rue du Fbg-St-Denis</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Au passage, on
aura vu la sous-station Magenta de la Compagnie Parisienne de Distribution d’Électricité
(1924-26, béton armé) ; la chapelle et l’infirmerie (classées : façade
sur jardin de la médiathèque, galerie du r-d-c, 2 escaliers), de <b>Louis-Pierre
Baltard</b> (père de <b>Victor Baltard</b>), 1834 ; la crèche Paul-Strauss,
1935.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Les n<sup>os</sup> 105
(sur le pignon duquel s’affiche le portrait de <b>saint Vincent de Paul</b>, 1987),
103, 101 et 99, sont des immeubles de rapport construits par les pères de la
Mission, les Lazaristes, au début du 18<sup>ème</sup> siècle.<i></i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Face au premier
logis des Marche, on tourne à droite dans la Cour-Passage des Petites Écuries.
C’est le trajet que n’a pas pu ne pas faire Charles pour fréquenter les séances
du Club Blanqui.</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt; mso-bidi-font-style: italic;">Le 13 mars 1849, </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> <i>Constitutionnel</i>
entendait le procureur général Baroche, lors du procès déjà évoqué, demander au
témoin Ramonnet à propos de la manifestation du 16 avril 1848 :
« Un nommé Marche, orateur du club Blanqui, vous avait engagé à prendre
des pistolets ? »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Aucune raison d’apporter
plus de crédit à Baroche pour cette phrase que pour son autre, précédemment
citée, concernant « Marche, qui est mort depuis ». Sauf que si Marche
n’a pas été orateur du club Blanqui, il aurait été le seul à n’en pas être au
moins auditeur, comme on le comprendra plus loin.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le n° 5 est de la
1<sup>ère</sup> moitié du 19<sup>ème</sup>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On débouche rue d’Enghien</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">À notre gauche, le
n° 16 est l’ancienne imprimerie du <i>Petit Parisien</i>, 1876 ; mais
c’est à droite que l’on tourne. Les n°<sup>s</sup> 26, 27, 40 à 44, sont de
style Louis Philippe ; le n° 51, qui fait l’angle avec la rue du Fbg Poissonnière,
est la maison Orsel, de 1792.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On prend à g. la rue
du Fbg Poissonnière </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le n° 16-18, rue
du Fbg Poissonnière, angle rue de l’Échiquier, est fin 18<sup>ème</sup>, début 19<sup>ème</sup> ;
n° 17 : bureaux de l’administration se prolongeant, rue Bergère, par
le central téléphonique, 1911-14. Suit, du même architecte, <b>François Le Cœur</b>,
à l’angle Bergère/Conservatoire, un bureau de poste de 1919.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On s’est engagé
rue Bergère</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">1 rue Bergère, maison
à pan coupé est construite en 1782-85 par <b>François-Joseph Bélanger</b>,
architecte des Menus-Plaisirs, pour <b>Etienne Morel de Chefdeville</b>, dont
le monogramme “M“ orne les ferronneries des balcons du deuxième étage.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On a tourné, à
dr., rue du Conservatoire</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">La Société
républicaine centrale (dite Club Blanqui) s’est constituée en association salle
de la Redoute du Tivoli d’hiver, 45, rue de Grenelle-Saint-Honoré ; est
passée salle Valentino, 251, rue Saint-Honoré ; a connu trois séances dans
chapelle St-Hyacinthe pour s’établir enfin au Conservatoire de Musique. L’entrée
principale s’en trouvait alors rue du Faubourg-Poissonnière, au n° 17 devant
lequel nous sommes passés. Une seconde entrée se trouvait rue Bergère, d’où le
nom donné parfois de club de la rue Bergère. La rue du Conservatoire comme la
rue Sainte-Cécile n’ont été ouvertes qu’en 1853. </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGYAXtrkbx2jveVH70unIWWNlQulccHPOb8zKXL0-MQRTeoHpC2j1wAlWRsqnfNX2ICR3vfrirRWe-x6NgqdXuubQ08IC-TbJCOdC1CYBLK9SLe-dU7UXMpo_TJ1FtVM2PU9Tz4wF6YBV_LcjA87KRMHGE5bI3xwwPwQbi6M0yJNGAUn8ovCqGJXiwG8M/s500/Conservatoire.jpeg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="321" data-original-width="500" height="410" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGYAXtrkbx2jveVH70unIWWNlQulccHPOb8zKXL0-MQRTeoHpC2j1wAlWRsqnfNX2ICR3vfrirRWe-x6NgqdXuubQ08IC-TbJCOdC1CYBLK9SLe-dU7UXMpo_TJ1FtVM2PU9Tz4wF6YBV_LcjA87KRMHGE5bI3xwwPwQbi6M0yJNGAUn8ovCqGJXiwG8M/w640-h410/Conservatoire.jpeg" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">< virtalmagie.com,
<span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">Histoire du théâtre du
Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique par Pierre Guédin</span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:0pt;
mso-ligatures:none;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></td></tr></tbody></table><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"><br /> </span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On cite maintenant
<b>Maurice Dommanget</b> : « Des montagnards en armes et cravatés de
rouge, envoyés par la préfecture de Police, surveillaient l’entrée de la rue
Bergère, accès à la salle des Menus-plaisirs mise à la disposition de Blanqui
tous les soirs sauf le dimanche, vers sept heures et demie. Pour pénétrer, il
fallait faire queue comme au théâtre entre la muraille et une balustrade et,
comme au théâtre, il fallait payer sa place. Il se faisait même aux alentours,
ainsi qu’au voisinage des spectacles, un commerce assez actif de billets de
faveur et de places dans certaines loges. C’est que le club attirait une
affluence considérable non seulement, comme il était normal, de prolétaires et
de républicains accentués, mais aussi de conservateurs ou même de simples
curieux qui désiraient voir de près l’homme passant “pour le plus terrible des
révolutionnaires“. Et de même que des bourgeois s’y risquaient en redingotes
et en chapeau mou, on y trouvait des femmes du monde parées de bijoux. Un
membre a pu dire que “les tribunes étaient garnies de dames comme au théâtre“.
L’une d’elles, au cours d’une collecte en faveur de la légion germanique
n’offrit-elle pas sa montre enrichie de diamants ? On y venait de très
loin pour voir “le monstre“ mais, comme le dit un témoin, “après l’avoir vu et
entendu, on était tout étonné de le trouver si raisonnable et si doux“. Des
amateurs anglais venus de Londres en excursion pour entendre Blanqui réclamer
des têtes s’en retournèrent déçus, la réalité ne correspondant pas à leurs
espérances. “Ces pauvres théâtres de Paris ont dû bien souffrir de la concurrence
que nous leur faisions, dira Blanqui plus tard. La plupart des clubs étaient
bien plus comiques que le Palais-Royal.“</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Les membres ou
simples sociétaires prenaient place à l’orchestre et au parterre. Ils étaient
pourvus d’une médaille en cuivre servant de carte d’entrée et comportant, outre
les mentions utiles adéquates, des formules républicaines, des figures
emblématiques telles que le bonnet phrygien et le niveau égalitaire avec tout
autour l’avers, l’inscription : “République française, Blanqui président“ et,
au revers : “République démocratique, sociale et universelle.“ Seuls les
porteurs de cette médaille avaient le droit de parole et de vote. Le simple
auditeur, privé de tout droit à délibérer, recevait un billet d’entrée pour la
soirée ou une carte rouge valable pour un mois sur laquelle figuraient son nom,
sa profession et son domicile. Cette carte revêtue du cachet ovale de la
société et portant en tête la devise républicaine “Liberté, Égalité, Fraternité“,
contenait deux avertissements : l’un à gauche spécifiant que la parole est
interdite au porteur, l’autre à droite notant que le citoyen qui troublera
l’ordre “sera exclu de l’assemblée“. Quant au bureau, il siégeait sur la scène,
autour d’un tapis vert à gauche des auditeurs. Enfin, dominant le club, se
dressait la forte personnalité d’<b>Auguste Blanqui</b>. » </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On y verra <b>Baudelaire</b>,
<b>Sainte-Beuve</b>, <b>Leconte de L’Isle</b> ; les économistes <b>Alphonse
Toussenel</b> et <b>François Vidal</b>, rédacteurs au <i>Travail Affranchi</i>
et membres de la Commission du Luxembourg, tant d’autres.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Par la rue
Sainte-Cécile, on retombe dans la</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> <i>rue du Fbg Poissonnière, face au n°30 :</i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Hôtel Benoît de
Sainte-Paulle, 1773-78 ; n° 23, Maison Bellot des Marais, vers 1800 ;
n° 19-21, François-Joseph Bélanger vers 1788.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On prend la rue de
l’Échiquier à gauche</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">N° 40, maison de
1789 ; n° 43, hôtel du baron Louis, ministre des Finances sous la
Restauration ; n° 39, Restauration ; n° 34, angle rue
d'Hauteville, vers 1830.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On passe la porte
cochère du n° 27 vers le jardin Yilmaz Güney</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">N° 3 impasse
Bonne-Nouvelle, (angle avec 26 bd de Bonne Nouvelle), Immeuble Restauration / Monarchie
de Juillet. En face, le central téléphonique de Bonne Nouvelle, côté impasse, est
de 1954-59-65, sur le boulevard, il est de 1954. Il a remplacé ici le Bazar
Bonne-Nouvelle. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le Bazar
Bonne-Nouvelle, sur 5 niveaux, combinait un marché de comestibles au sous-sol,
un bazar d'ustensiles de maisons au rez-de-chaussée, le grand Café de France au
premier étage, des salles de spectacles (théâtre, cirque) et des salons de
réunion au deuxième étage ainsi qu'une galerie de peinture. Du 11 janvier au 15
mars 1846, une exposition s’était tenue là au profit de la caisse de secours de
la société des artistes, dont les pièces maîtresses étaient dix tableaux de <b>David</b>,
— dont le <i>Marat</i>, son « chef d’œuvre », à lire Baudelaire, qui
poursuit ainsi dans le <i>Corsaire Satan</i> du 21 janvier 1846 : « M.
<b>Ingres</b> étale fièrement dans un salon spécial onze tableaux, c’est-à-dire
sa vie entière, ou du moins des échantillons de chaque époque, — bref, toute la
Genèse de son génie. M. Ingres refuse depuis longtemps d’exposer au Salon, et
il a, selon nous, raison » de lui préférer, c’est le titre de l’article, « Le
musée classique du Bazar Bonne-Nouvelle ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Après
l’envahissement de l’Assemblée nationale, le 15 mai 1848, la Société
républicaine centrale a été dissoute par décret et les chefs blanquistes ont dû
passer à la clandestinité. Pour lui succéder, le poète, romancier et historien <b>Alphonse
Esquiros</b>, grand admirateur de Lamennais devenu blanquiste avec la même
ferveur, annonce le 11 juin l’ouverture d’un Club du peuple, dans la salle
des spectacles-concerts du Bazar Bonne-Nouvelle, au n° 20 du boulevard. Le
journal qu’il lance en même temps, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’<span style="mso-bidi-font-style: italic;">Accusateur public,</span></i> sera « le
journal de tous les sociétaires du club et tous les membres du bureau en seront
rédacteurs ». Le n° 4 du journal va donner la composition du
bureau : président, Alphonse Esquiros ; vice-présidents, <b>Deflotte</b>
et <b>Pierre Lachambeaudie</b> ; secrétaires, Feuillâtre, Béraud, Leroué,
[Eugène] Fombertaux fils ; membres du bureau : Toupie, Marche,
Guitera, Morel, Desjobert, Javelot, Pétrimant, Lefèvre, Thomassin.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Marche est pour la
première fois au bureau d’un club et ce club est blanquiste, et l’on va enfin pouvoir
lire ce qu’il pense de la situation. Déjà, on a trouvé dans les n° 3 et 4
les signatures de Pierre Lachambaudie et de Thomassin, les initiales F., celle
de Feuillâtre sans doute, et G. ou C.G., de Guitera. Le n° 4 du
bihebdomadaire a paru le 21 juin, le suivant devrait sortir le 26…</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Évidemment, il y
aura eu entre temps les quatre « journées de Juin » ; il ne paraîtra
jamais.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On rejoint la
porte St-Denis puis, entre celle-ci et la porte Saint-Martin, on fait l’aller
sur un trottoir, le retour sur l’autre</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Les chefs
blanquistes passés à la clandestinité n’ont pu réapparaître en public que grâce
à l’anonymat permis par les rassemblements très denses qui se tiennent chaque
soir boulevard Saint-Denis. L’ex-club Blanqui étrenne là un fonctionnement péripatéticien,
de la porte Saint-Denis à la porte Saint-Martin et vice versa : durant une
heure chaque soir, on argumente, on écoute, on réfléchit tout en marchant. Et
puis le 28 mai, le docteur <b>Lacambre</b>, Fomberteaux père, puis Flotte
sont arrêtés et emprisonnés à la Conciergerie. Blanqui l’a été deux jours plus
tôt et enfermé au château de Vincennes.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: right 418.2pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Tous les soirs,
ouvriers et gamins continuent de déborder sur la chaussée du boulevard, rendant
difficile la circulation des voitures. Tous les soirs la garde nationale fait
des charges, des sommations, des arrestations ; la foule hue et siffle,
chante la <i>Marseillaise</i> et le <i>Chant du départ</i>, crie « À bas
Thiers ! », et joue à ce question-réponse : « Nous
l’aurons ! – Quoi ? – La République démocratique et
sociale ! » Cependant, un détail devrait alerter : au
« Quoi ? » on entend certaines voix répondre :
« Poléon ! »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le 7 juin
tombe la loi sur les attroupements armés, première loi répressive depuis la
révolution. Pour qu’un attroupement soit dit « armé », il suffit de
plusieurs hommes portant des armes cachées ou d’un seul portant des armes
apparentes. Dès la deuxième sommation, ne pas obtempérer est passible d’un à
trois ans de prison ; si le rassemblement est dispersé par la force, la
peine encourue est de cinq à dix ans.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le Club du peuple,
on l’a vu, prend alors le relais de l’expression blanquiste, jusqu’aux
massacres qui mettent fin aux journées de Juin.</span></p>
<div style="mso-element: footnote-list;"><br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<h1 style="margin-top: 0cm;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span color="windowtext" style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 16pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; mso-fareast-theme-font: major-fareast; mso-font-kerning: 0pt; mso-ligatures: none;">[1]</span></span></span></span></span></a><span color="windowtext" style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt;"> <i>Journal
des débats politiques et littéraires</i>, 17 janvier 1848, p. 3.</span><span color="windowtext" style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></h1>
</div>
</div>
<p><style>@font-face
{font-family:Wingdings;
panose-1:5 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:77;
mso-generic-font-family:decorative;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 -2147483647 0;}@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}h1
{mso-style-priority:9;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-link:"Titre 1 Car";
mso-style-next:Normal;
margin-top:12.0pt;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:0cm;
mso-pagination:widow-orphan lines-together;
page-break-after:avoid;
mso-outline-level:1;
font-size:16.0pt;
font-family:"Calibri Light",sans-serif;
mso-ascii-font-family:"Calibri Light";
mso-ascii-theme-font:major-latin;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-theme-font:major-fareast;
mso-hansi-font-family:"Calibri Light";
mso-hansi-theme-font:major-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:major-bidi;
color:#2F5496;
mso-themecolor:accent1;
mso-themeshade:191;
mso-font-kerning:0pt;
font-weight:normal;}p.MsoFootnoteText, li.MsoFootnoteText, div.MsoFootnoteText
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Note de bas de page Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:10.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}span.MsoFootnoteReference
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
vertical-align:super;}a:link, span.MsoHyperlink
{mso-style-priority:99;
color:#0563C1;
mso-themecolor:hyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
color:#954F72;
mso-themecolor:followedhyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}p.MsoListParagraph, li.MsoListParagraph, div.MsoListParagraph
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpFirst, li.MsoListParagraphCxSpFirst, div.MsoListParagraphCxSpFirst
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpMiddle, li.MsoListParagraphCxSpMiddle, div.MsoListParagraphCxSpMiddle
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpLast, li.MsoListParagraphCxSpLast, div.MsoListParagraphCxSpLast
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}span.Titre1Car
{mso-style-name:"Titre 1 Car";
mso-style-priority:9;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Titre 1";
mso-ansi-font-size:16.0pt;
mso-bidi-font-size:16.0pt;
font-family:"Calibri Light",sans-serif;
mso-ascii-font-family:"Calibri Light";
mso-ascii-theme-font:major-latin;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-theme-font:major-fareast;
mso-hansi-font-family:"Calibri Light";
mso-hansi-theme-font:major-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:major-bidi;
color:#2F5496;
mso-themecolor:accent1;
mso-themeshade:191;
mso-font-kerning:0pt;
mso-ligatures:none;
mso-fareast-language:FR;}span.NotedebasdepageCar
{mso-style-name:"Note de bas de page Car";
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Note de bas de page";
mso-ansi-font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:10.0pt;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}ol
{margin-bottom:0cm;}ul
{margin-bottom:0cm;}</style>
<style>@font-face
{font-family:Wingdings;
panose-1:5 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:77;
mso-generic-font-family:decorative;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 -2147483647 0;}@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}h1
{mso-style-priority:9;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-link:"Titre 1 Car";
mso-style-next:Normal;
margin-top:12.0pt;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:0cm;
mso-pagination:widow-orphan lines-together;
page-break-after:avoid;
mso-outline-level:1;
font-size:16.0pt;
font-family:"Calibri Light",sans-serif;
mso-ascii-font-family:"Calibri Light";
mso-ascii-theme-font:major-latin;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-theme-font:major-fareast;
mso-hansi-font-family:"Calibri Light";
mso-hansi-theme-font:major-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:major-bidi;
color:#2F5496;
mso-themecolor:accent1;
mso-themeshade:191;
mso-font-kerning:0pt;
font-weight:normal;}p.MsoFootnoteText, li.MsoFootnoteText, div.MsoFootnoteText
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Note de bas de page Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:10.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}span.MsoFootnoteReference
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
vertical-align:super;}a:link, span.MsoHyperlink
{mso-style-priority:99;
color:#0563C1;
mso-themecolor:hyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
color:#954F72;
mso-themecolor:followedhyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}p.MsoListParagraph, li.MsoListParagraph, div.MsoListParagraph
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpFirst, li.MsoListParagraphCxSpFirst, div.MsoListParagraphCxSpFirst
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpMiddle, li.MsoListParagraphCxSpMiddle, div.MsoListParagraphCxSpMiddle
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoListParagraphCxSpLast, li.MsoListParagraphCxSpLast, div.MsoListParagraphCxSpLast
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}span.Titre1Car
{mso-style-name:"Titre 1 Car";
mso-style-priority:9;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Titre 1";
mso-ansi-font-size:16.0pt;
mso-bidi-font-size:16.0pt;
font-family:"Calibri Light",sans-serif;
mso-ascii-font-family:"Calibri Light";
mso-ascii-theme-font:major-latin;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-theme-font:major-fareast;
mso-hansi-font-family:"Calibri Light";
mso-hansi-theme-font:major-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:major-bidi;
color:#2F5496;
mso-themecolor:accent1;
mso-themeshade:191;
mso-font-kerning:0pt;
mso-ligatures:none;
mso-fareast-language:FR;}span.NotedebasdepageCar
{mso-style-name:"Note de bas de page Car";
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Note de bas de page";
mso-ansi-font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:10.0pt;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}ol
{margin-bottom:0cm;}ul
{margin-bottom:0cm;}</style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-23966029582895757012023-11-29T22:32:00.004+01:002023-12-12T12:12:04.108+01:00LES GRANDS PREMIERS RÔLES DE 1848 CROQUÉS SUR LE VIF AU 15 MAI. Ier épisode<p> <span style="font-size: large;">SAUREZ-VOUS RETROUVER CHARLES MARCHE SUR L'IMAGE ?</span><br /></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizmBiYClEi-VuwZIkzNx3zd2pyzcXPoqtrhyT2MjbDZUTGBBT65jlhHWler9kcWnPSRMIB8O7kd8bvnmcLokzOGifXLSWjJVcKRlLZVGuXBBLvAr1bHUbusiuAbwYsj8fDIJj4yhctQTeRbDq736mBaiOEj1j-vrbR_BxNSz9hvmJ4O2UP22prpKe69tQ/s1278/1.Bonhomme%CC%81lesgds1ero%CC%82les.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1278" data-original-width="879" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizmBiYClEi-VuwZIkzNx3zd2pyzcXPoqtrhyT2MjbDZUTGBBT65jlhHWler9kcWnPSRMIB8O7kd8bvnmcLokzOGifXLSWjJVcKRlLZVGuXBBLvAr1bHUbusiuAbwYsj8fDIJj4yhctQTeRbDq736mBaiOEj1j-vrbR_BxNSz9hvmJ4O2UP22prpKe69tQ/s16000/1.Bonhomme%CC%81lesgds1ero%CC%82les.jpg" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"> </td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"> </td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"> </td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"> </td></tr></tbody></table><p><span style="font-size: large;">GRÂCE À LA LÉGENDE CI-DESSOUS, ÇA SEMBLE FACILE...</span></p><p><span style="font-size: large;"> </span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"> </td><td style="text-align: center;"> </td><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyHIDcDu8xcLgMV1ueg1v9wL2peDLyc80kfthJKZU0yDtIHYwCUpF7F1nuoWE8wS0q8Rlry0NM4XnOeYn4wFfqq-JvgNeLbTcR5p-I4cILsTUX9iq8ELrs0FYEDhDz29zdfyntGVSvIV2S6p3WMg5tFfgvbTmcbEBKUZvAkv19TTpulGm6yI3o1-MXBTY/s1042/1.Bonhomme%CC%81tranchegauche.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="566" data-original-width="1042" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyHIDcDu8xcLgMV1ueg1v9wL2peDLyc80kfthJKZU0yDtIHYwCUpF7F1nuoWE8wS0q8Rlry0NM4XnOeYn4wFfqq-JvgNeLbTcR5p-I4cILsTUX9iq8ELrs0FYEDhDz29zdfyntGVSvIV2S6p3WMg5tFfgvbTmcbEBKUZvAkv19TTpulGm6yI3o1-MXBTY/s16000/1.Bonhomme%CC%81tranchegauche.jpg" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;">SAUF QUE MARCHE N'Y EST PAS NOMMÉ...</span><br /><p><br /></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-68336857860072031622023-11-29T22:31:00.005+01:002023-12-12T12:53:39.467+01:00LES GRANDS PREMIERS RÔLES DE 1848 CROQUÉS SUR LE VIF AU 15 MAI. 2nd épisode<p></p><p><span style="font-size: large;">IL "VINT SE PLACER DEVANT MON BANC", ÉCRIT HIPPOLYTE CARNOT.</span></p><p><span style="font-size: large;">OUI, MAIS OÙ EST CE BANC ?</span><br /></p><div style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtEAsDlyyXP6KyDtogw3bUwUjfoYOpOrvIm1HxoaaUhbch1pWqZ6huHSKbuuBvPUzLh-1h46oUqFsQYdEaafJ7uqz5OojuS-okZxdH4-57rFlfzZB2_cRfvanhggrUzUU0JOA6Ap0a3rl96jhhYFdvQkJHM2-nJ3C2U5KyvyJJfU-KQSIEqf70aBzOlmQ/s1198/1.Bonhomme%CC%81ministres.jpg"><img border="0" data-original-height="1198" data-original-width="658" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtEAsDlyyXP6KyDtogw3bUwUjfoYOpOrvIm1HxoaaUhbch1pWqZ6huHSKbuuBvPUzLh-1h46oUqFsQYdEaafJ7uqz5OojuS-okZxdH4-57rFlfzZB2_cRfvanhggrUzUU0JOA6Ap0a3rl96jhhYFdvQkJHM2-nJ3C2U5KyvyJJfU-KQSIEqf70aBzOlmQ/s16000/1.Bonhomme%CC%81ministres.jpg" /></a></div><p></p><div style="text-align: left;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6HeygcTullnbwA1e2jhbkVCuZmvK_LFpl0Ntwj_rQnjtPzMPJO1WOnhZYIRkGnNbM0kltvN0pXAlDzFEbV_KpbAJ-vl8oDRNCFZ7q1f9LdzAgsoGOydWlROPMyQd94NaHjPqwHa9rAULVM2V7ZBPspk33fzQp8HFeC9W6jbqjUW9W6oU_vbQTkE_tK7A/s739/1.Bonhomme%CC%81Centre%20Gallica.jpg"><img border="0" data-original-height="531" data-original-width="739" height="460" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6HeygcTullnbwA1e2jhbkVCuZmvK_LFpl0Ntwj_rQnjtPzMPJO1WOnhZYIRkGnNbM0kltvN0pXAlDzFEbV_KpbAJ-vl8oDRNCFZ7q1f9LdzAgsoGOydWlROPMyQd94NaHjPqwHa9rAULVM2V7ZBPspk33fzQp8HFeC9W6jbqjUW9W6oU_vbQTkE_tK7A/w640-h460/1.Bonhomme%CC%81Centre%20Gallica.jpg" width="640" /></a></div><p></p><p><span style="font-size: large;">Celui des ministres (H. Carnot l'est, de l'Instruction publique), ou un banc ordinaire de député (il est aussi représentant de la Seine) ? <br /></span></p><p><span style="font-size: large;">Au banc des ministres, à côté du trio qui s'est levé, on en aperçoit deux autres assis à droite de Duclerc (ministre des Finances), ayant chacun debout devant lui un "envahisseur". Carnot et Marche forment-ils l'une de ces deux paires ? Ce portrait d'Hippolyte Carnot par Devéria en 1848 peut-il vous aider à trancher ? Hum, ce n'est pas sûr qu'il soit d'un grand secours...</span></p><p> <br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvGlCJXoGY39mB0E6ws_Z4NwTbqN1Xy3S7AS6MmVslJ-DOO-_1dK3nK0eGdRt78gCQxu9ueA1M-XbzboLl1RTzj8O6LFwJ5tprL3T20VrmTqHtepg1sOzAfoW6MukAzmljjDVxmCM7lG16SYxcWzEZwzQDmsKS_tIJuchln5-NTGKZwFgV43VZV2r-2u4/s2238/Deve%CC%81riaCarnot.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2238" data-original-width="1892" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvGlCJXoGY39mB0E6ws_Z4NwTbqN1Xy3S7AS6MmVslJ-DOO-_1dK3nK0eGdRt78gCQxu9ueA1M-XbzboLl1RTzj8O6LFwJ5tprL3T20VrmTqHtepg1sOzAfoW6MukAzmljjDVxmCM7lG16SYxcWzEZwzQDmsKS_tIJuchln5-NTGKZwFgV43VZV2r-2u4/s320/Deve%CC%81riaCarnot.jpg" width="271" /></a></div><br /> <br /><p></p><p><br /></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-51061903115582911212023-11-29T22:30:00.001+01:002023-11-30T20:34:12.123+01:00LES GRANDS PREMIERS RÔLES DE 1848 CROQUÉS SUR LE VIF AU 15 MAI. 3ème épisode<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWWea3bHCK3DGQQKVdvTGcsaxCIZnRVZNCiIjWTo8AmSLMOzhOG87xKxSDsCBiGQhfT562-J7vV8URcapahIuQNjpTwgSN4kvvaZZg98VbyhNPEsqsclDhTiAQm-j2vrkLVbKEwqLN2p9kkj9lK8hlzXEw5dNZ30AODhixoEE_SXNzwI4imZ68vWxP4AI/s851/1.Bonhomme%CC%81LouisBlanc.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="739" data-original-width="851" height="556" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWWea3bHCK3DGQQKVdvTGcsaxCIZnRVZNCiIjWTo8AmSLMOzhOG87xKxSDsCBiGQhfT562-J7vV8URcapahIuQNjpTwgSN4kvvaZZg98VbyhNPEsqsclDhTiAQm-j2vrkLVbKEwqLN2p9kkj9lK8hlzXEw5dNZ30AODhixoEE_SXNzwI4imZ68vWxP4AI/w640-h556/1.Bonhomme%CC%81LouisBlanc.jpg" width="640" /></a></div><p></p><p><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZLww62ykTLIKf26zvsNemIOjfmXVrGhVd39C3QoOOqKIvBf95S4_CAMhFIUwzdpOOri7zkzJV9tyNxPgOqFqFTLoOh7idlG7ACRb5LTYOkC9KVXwTmkjMElQrkUeFPu4BEkaSnhQx7-J92WNedlPzGFv0kXHu2KJLsvloxe5CK2UFKW28KXDGzFqesWM/s855/1.Bonhomme%CC%81Htetranchedroite.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="525" data-original-width="855" height="392" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZLww62ykTLIKf26zvsNemIOjfmXVrGhVd39C3QoOOqKIvBf95S4_CAMhFIUwzdpOOri7zkzJV9tyNxPgOqFqFTLoOh7idlG7ACRb5LTYOkC9KVXwTmkjMElQrkUeFPu4BEkaSnhQx7-J92WNedlPzGFv0kXHu2KJLsvloxe5CK2UFKW28KXDGzFqesWM/w640-h392/1.Bonhomme%CC%81Htetranchedroite.jpg" width="640" /></a></div><br /><p><br /></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-74573954866173169602023-11-28T22:50:00.005+01:002023-11-29T12:28:38.558+01:00DU DRAPEAU ROUGE À LA TUNIQUE BLEUE - SUR LES TRACES DE CHARLES MARCHE... <p> </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="410" src="https://www.youtube.com/embed/mFubEsR2lO0" width="494" youtube-src-id="mFubEsR2lO0"></iframe></div><br /> <p></p><p> </p><p>LE CONTEXTE HISTORIQUE. UN PARALLÈLE MARCHE / ALBERT
</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Février 1848,
c’est la 1<sup>ère</sup> fois que des ouvriers apparaissent dans l’espace du
pouvoir politique. L’un y est invité, l’autre pas. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Paris est couvert
de barricades. Le roi Louis Philippe vient d’abdiquer. Dans les bureaux des
journaux de l’opposition dynastique, le <i>National</i>, et de l’opposition républicaine,
la <i>Réforme</i>, (5 000 abonnés à eux deux dont 60 % pour le <i>National</i>),
une petite dizaine de députés — des députés élus par un corps électoral de
moins de 250 000 personnes, c’est-à-dire 2,5 % de ce que serait (et sera deux
mois plus tard) le corps électoral d’un suffrage universel masculin — ces
députés et quelques journalistes, se cooptent en gouvernement provisoire ;
une navette entre les deux journaux assure les ajustements de la liste. <b>Louis
Blanc</b> en donne l’état présent depuis une fenêtre de la rue Jean-Jacques
Rousseau, siège de la <i>Réforme</i>, et des voix qui montent de la cour
suggèrent : <b>Albert</b>…, Albert... C’est le seul nom qui vienne d’en bas, au
sens propre : la fenêtre d’où il parle est à l’étage. Louis Blanc ajoute
le nom d’Albert, qu’il n’a jamais vu, et court vers la rue Le Peletier et le <i>National</i>.
Voilà Albert ministre du gouvernement provisoire. Pas tout à fait ; les
non-parlementaires, c’est aussi le cas de Louis Blanc, ne se voient attribuer
d’abord qu’un titre de « secrétaire », et puis les portefeuilles
n’ont pas été distribués.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">L’arrivée de
<b>Charles Marche</b> à l’Hôtel de Ville, où s’est réuni ce gouvernement provisoire,
le lendemain, est plus mouvementée : lui n’est pas invité, coopté, il
s’invite ; il met le pied dans la porte, l’épaule, il entre de
force :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">« Nous venons
demander à ceux qui se disent nommés par nous ce qu’ils veulent faire pour
nous… et d’abord nous demandons pourquoi nous sommes forcés, pour arriver
jusqu’à eux, de renverser des gens qui nous barrent le passage ? »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On cite ici le
récit quasi contemporain des faits et pourtant resté inaperçu de la « grande
Histoire », celui du témoin oculaire Félix Bouvier, qui montre chez Marche
une conception très aiguë de la démocratie directe et des rapports
représentants / représentés.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le « nous »
parce que Marche se veut porte-parole d’un groupe plus large même s’il est le
seul à avoir pu rentrer.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Après quoi Marche
leur dicte, je cite ici <b>Marx</b> dans <i>Les Luttes de Classes en France</i>,
« le décret où le Gouvernement provisoire, à peine formé, s'engageait à
assurer l'existence des travailleurs par le travail, à fournir du travail à
tous les citoyens, etc. » Marche a donc là, très concrètement, une
activité législative immédiate, il est le premier ouvrier, en France, à faire
la loi.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Après, quand il
s’agira de la mettre en œuvre et que soit créé pour ce faire un ministère du Travail,
ou du Progrès, les deux appellations sont employées indifféremment, que Louis
Blanc et Albert réclameront sous la pression restée constante du peuple en
armes, menaçant de démissionner s’il ne l’est pas et si aucun portefeuille ne
leur est donné, les vrais ministres bourgeois ne concèderont qu’une « commission »,
celle dite « du Luxembourg », sans pouvoirs et sans budget. Sous les
stucs dorés et les velours cramoisis de l’ancienne chambre des Pairs, Albert, vice-président,
ne sera que l’ombre portée de Louis Blanc, son président. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Toujours est-il
que pour retrouver des ouvriers faisant la loi, il faudra attendre cent ans, en
gros, et des ministres communistes dans les circonstances particulières de la
Libération.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">En février 1848,
quel est le contexte, quand des ouvriers s’approchent du pouvoir politique ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">En 1830, le soulèvement
populaire a mis fin à la Restauration par laquelle les deux frères de
Louis XVI successivement, Louis XVIII puis Charles X, prétendaient
effacer tout souvenir de la Première république. Et puis il y a eu
« l’escamotage » : la classe dominante a sorti de son chapeau
Louis Philippe, le fils de ce duc d’Orléans qui, député de la Convention,
renommé Philippe Égalité, avait voté la mort du roi son cousin (avant d’être
décapité à son tour en 1793). Louis Philippe est l’homme le plus riche de
France — la branche cadette des Bourbons surpassait sa branche aînée, et tout
lui avait été rendu à la Restauration — mais il s’est battu à Jemmapes dans les
armées de la 1<sup>ère</sup> République et il ne sera plus que le roi non de
France mais des Français ; à l’entendre, le roi du « juste milieu ».
Sous cette monarchie maintenant constitutionnelle, le pouvoir politique est
réservé à la frange supérieure de la bourgeoisie. Une illustration très
saisissante en est fournie par le feuilletage des « annuaires du commerce,
de l’industrie, de la magistrature et de l’administration », dits aussi
« almanachs des 500 000 adresses ». On y trouve par ci par là,
pas plus de 2, 3 fois par page, suivant un nom propre, “élect.“ ou “élig.“, abréviations
d’électeur et d’éligible. Pour être l’un il faut avoir plus de 25 ans,
pour l’autre plus de 30 ; les conditions d’âge sont celles de la charte
constitutionnelle. Les autres, fixées par la loi ordinaire, donc susceptibles d’être
abaissées ou relevées, sont une contribution fiscale sur le foncier, les portes
et fenêtres, les patentes, etc. de 200 francs dans un cas (100 francs pour les
membres notoires des professions libérales ou de la fonction publique), et de
500 francs pour l’éligibilité. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">A ceux qui
revendiquent une citoyenneté politique un peu plus large, le ministre <b>Guizot</b>
répond en termes de classes — il s’exprime toujours en termes de classes, c’est
lui qui écrivait dès 1828, vingt ans avant le <i>Manifeste</i>, que l’histoire de
l’Europe moderne était celle de la lutte des classes — Guizot répond donc, en
substance : votre, notre, classe a conquis s<span class="citation">es droits
sociaux et politiques, c’est fait, « passons à d’autres choses, </span>ne
poursuivez plus pour le moment la conquête des droits politiques…<span class="citation"> enrichissez-vous », et vous rejoindrez un corps électoral
qui vous accueillera à bras ouverts sitôt que vous aurez dépassé le niveau
contributif requis.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span class="citation"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span class="citation"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">D’un
côté la bourgeoisie s’enrichit, la bourgeoisie financière essentiellement, par
les chemins de fer ; de l’autre se prépare la guerre de classe. Pour ce
qui est des chemins de fer, 1843, l’année de l’enrichissez-vous, voit naître le
projet de la première ligne internationale, celle du Nord qui, raccordée au
réseau belge, ne sera pas seulement Paris-Lille et Valenciennes, mais
Paris-Bruxelles et Paris-Cologne, avant un embranchement sur Calais et
Dunkerque la reliant à Londres.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span class="citation"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">C’est
l’État qui acquiert les terrains, construit ouvrages d’art et gares, et y pose
les rails, avant de concéder l’ensemble à une compagnie qui y fera circuler ses
trains, ici une société emmenée par <b>Rothschild</b> Frères. Heureuse adjudicataire à
l’automne 1845, elle pourra passer à l’exploitation dès l’été 1846. Ce qui nous
intéresse, Charles Marche étant dès lors ? — en 1848 assurément —, tourneur
aux ateliers de La Chapelle de la Cie. </span></span><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">La guerre de
classe se prépare en même temps en Algérie à grand renfort d’enfumades. 1844, la
première, <b>Cavaignac</b> en est le boutefeu. L’année suivante, c’est au tour du
colonel <b>Pélissier</b> : une tribu tout entière, un millier de personnes,
femmes, enfants et vieillards asphyxiés. Pélissier s’est contenté d’appliquer
la doctrine <b>Bugeaud</b>, gouverneur-général de l’Algérie – « enfumez-les comme
des renards » - lequel Bugeaud justifie bien sûr l’action de son
subordonné avant une promotion digne de ce haut fait. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Les voisins de la
France s’inquiètent à l’idée d’une guerre qui les mettrait face à ce genre
d’armée-là. Le <i>Times</i> écrit « que l'Europe entière doit trembler de
l'idée que la France entretient en Afrique cent mille hommes élevés à pareille
école et capables d'actes de férocité comme celui que le colonel Pélissier a
commis. » </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">La Démocratie
pacifique</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">,
le journal des néo-fouriéristes dont Marche, pour certains historiens, a été le
porte-parole le 25 février, s’inquiète, elle, d’un endurcissement à usage
interne : « Nous avons entendu émettre une idée épouvantable :
que l'on était bien aise d'inoculer à l'armée, par la guerre d'Afrique, des
sentiments de cruauté et de férocité qui la séparassent complètement du reste
de la nation et la rendissent plus propre aux services qu'on pourrait un jour
avoir à lui demander à l'intérieur. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Les républicains
bourgeois pourront effectivement compter sur Cavaignac, précurseur de l’enfumade,
en juin 1848.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">L’élargissement du
suffrage, qui a déjà été réclamé en 1834, 35, 40, l’est de nouveau à partir de
l’été 1847 par le<i> National</i> et la <i>Réforme</i>. Les réunions politiques,
interdites, prennent alors la forme de banquets. On n’y tient pas de discours,
on y porte des toasts. Il y aura en gros 70 de ces tablées revendicatives qui
ne demandent guère que de porter le corps électoral à 500 000 hommes, soit
un simple doublement. Le banquet du 22 février est interdit. Le lendemain, Paris
s’agite, Louis Philippe renvoie Guizot. Dans la soirée, bd des Capucines,
l’armée tire tout à coup sur la foule, peut-être accidentellement. Paris
s’embrase. Le roi nomme à la tête de l’armée de Paris, Bugeaud, qui le
rassure : « Eussé-je devant moi cinquante mille femmes et enfants, je
mitraillerais ». Mais il est trop tard. A l’aube du 24, le jour se lève
sur plus de 1 500 barricades : 1 million 300 mille pavés s’entassent
sur 4 000 arbres abattus, les services de la voirie, sans doute, les
auront comptés après coup. Louis Philippe abdique en faveur de son fils. Le
peuple force le Palais-Bourbon pour y empêcher une tentative de régence ; la
composition du gouvernement provisoire concocté dans les bureaux du <i>National</i>
et de la <i>Réforme</i> y est lue. Puis ce gouvernement va rencontrer son
peuple, sa partie parisienne au moins, à l’Hôtel de Ville, où Lamartine se
laisse arracher la proclamation d’une république provisoire, dans l’attente
qu’elle soit ratifiée ensuite par des élections nationales.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Le lendemain 25
février, à la mi-journée, Charles Marche fait l’irruption que l’on sait :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">« Nous venons
demander à ceux qui se disent nommés par nous ce qu’ils veulent faire pour
nous… et d’abord nous demandons pourquoi nous sommes forcés, pour arriver
jusqu’à eux, de renverser des gens qui nous barrent le passage ? »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Parmi ceux qui
sont là, se disant nommés par les ouvriers, ou faisant semblant de l’avoir été,
figure donc Albert, mécanicien comme Marche mais, lui, révolutionnaire
professionnel, c’est-à-dire ancien des sociétés secrètes — et l’on s’étonne que
Louis Blanc ait fait comme s’il découvrait son existence, la veille, au siège
de la <i>Réforme</i> — alors que Marche n’a pas un tel passé.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Albert ne vient
pas à la rencontre de Marche. De même, lorsque son frère ouvrier va exiger le
drapeau rouge et le droit au travail, c’est-à-dire poser la question sociale,
le drapeau n’étant que la couleur de celle-ci et la garantie qu’elle sera prise
à bras le corps, Albert ne seconde pas Marche ni ne renchérit ; il est
parfaitement transparent dans les récits des témoins oculaires et des
protagonistes. Des deux « représentants de la classe ouvrière au sein du
gouvernement provisoire, Louis Blanc et Albert », c’est Marx qui les dit
tels, seul le non-ouvrier, Louis Blanc, réagit en prêtant sa plume à la dictée
de Marche.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Quelques jours
plus tard, Louis Blanc et Albert se laisseront enfermer, non sans quelque
protestation, dans « une commission d'étude, une commission sans budget,
une commission sans autre pouvoir que la parole ! » (Les mots sont de Louis
Blanc dans le plaidoyer qu’il rédige dès l’été 1848 depuis son exil londonien :
<i>Le Socialisme. Droit au travail<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">[1]</span></b></span></span></span></a></i>) </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_2NOEKcZSH9n34A1yukB-NbxERhzXk45naJPkD7QohfMpU90g19CuQosybfQvB61-l5rEPeCZ33Xnt-_r7yUZB3QiI0NMRWT7_zfYB9RAMHASkPdeu_O6zmBQdgRgX__KsTfv0xlK7fPp7DLrO8GjPW1m-jYITh6q345o3-14JiZD7xUBT_zSh6hICXo/s1200/Le_Socialisme_Droit_au_travail_Blanc_Louis.jpeg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="891" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_2NOEKcZSH9n34A1yukB-NbxERhzXk45naJPkD7QohfMpU90g19CuQosybfQvB61-l5rEPeCZ33Xnt-_r7yUZB3QiI0NMRWT7_zfYB9RAMHASkPdeu_O6zmBQdgRgX__KsTfv0xlK7fPp7DLrO8GjPW1m-jYITh6q345o3-14JiZD7xUBT_zSh6hICXo/w298-h400/Le_Socialisme_Droit_au_travail_Blanc_Louis.jpeg" width="298" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">
<span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">"De chacun selon ses
moyens, à chacun selon ses besoins" </span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></td></tr></tbody></table><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"><br />Marx dira la même chose plus ironiquement « une synagogue <i>socialiste</i>
dont les grands prêtres, Louis Blanc et Albert, avaient pour tâche de découvrir
la terre promise, de proclamer le nouvel évangile et d'occuper le prolétariat
parisien. A la différence de tout pouvoir d'État ordinaire, ils ne disposaient
d'aucun budget, d'aucun pouvoir exécutif. C'est avec leur tête qu'ils devaient
renverser les piliers de la société bourgeoise. » (<i>Les luttes de
classes en France</i>.)</span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Un ministère de la
parole pour un journaliste passe encore, mais pour un ouvrier dont le maniement
du verbe est moins encore alors qu’aujourd’hui l’atout principal ! Marche,
lui, le 25 février, avait fait parler sinon la poudre son récipient :
« entrant brusquement dans la salle du conseil, et faisant retentir sur le
parquet la crosse de son fusil, un ouvrier à l'œil étincelant et au front pâle
vint exiger, de par le peuple, la reconnaissance du droit au travail. » (C’est
toujours Louis Blanc qui parle dans<i> Le Socialisme. Droit au travail.)</i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">« Dès qu'une
classe qui concentre en elle les intérêts révolutionnaires de la société s'est
soulevée, elle trouve immédiatement dans sa propre situation le contenu et la
matière de son activité révolutionnaire (assure Marx dans <i>Les Luttes de
classes en France</i>). Elle ne se livre à aucune recherche théorique sur sa
propre tâche. La classe ouvrière française n'en était pas encore à ce point,
elle était encore incapable d'accomplir sa propre révolution. Le développement
du prolétariat industriel a pour condition générale le développement de la
bourgeoisie industrielle. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Les temps n’étaient
pas mûrs… Albert a fait son apprentissage chez son oncle maternel, maître
mécanicien, fabricant de tours, machines et outils de précision (médaille de
bronze à l’Exposition des produits de l’industrie française de 1839), mais il
travaille dans une maison qui appartient encore au type de la « manufacture
dispersée ». Il est mécanicien à l’outillage dans la boutonnerie de
Jean-Félix <b>Bapterosses</b> qui compte 150 ouvriers, des hommes pour les deux tiers,
mais autour de l’atelier de la rue aujourd’hui Léon Frot, ce sont 400 femmes, à
domicile, qui mettent ces boutons en cartes. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">À La Chapelle,
au nord de la rue de Jessaint, Marche est mécanicien-tourneur aux ateliers d’entretien
et de grosse réparation des locomotives et des voitures du chemin de fer du
Nord, auxquels l’ingénieur Valerio a ajouté la construction de wagons. Travaillent
là un millier d’ouvriers spécialisés, deux cent cinquante manœuvres, une
soixantaine d’apprentis, vingt-cinq contremaîtres, au moins cinq ingénieurs. À
quoi s’ajoutent les employés du secrétariat, et tout cela fait une entreprise moderne.
D’autant qu’un peu plus bas, au sud de la rue aujourd’hui Cail, les ateliers de
<b>François Cavé</b>, qui ont été les premiers adjudicataires, dès la fin de 1844,
d’un lot de douze locomotives avec tenders et pièces de rechange destinées au
tronçon Paris – Clermont-de-l’Oise du chemin de fer du Nord, sont en relation
constante avec l’atelier de La Chapelle pour lequel elles continuent de
fabriquer en particulier des roues. Chez Cavé, sur près de deux hectares et
demi, surmontés d’une cheminée de cinquante mètres de haut, dans une fabrique
totalement intégrée « s’opèrent tous les travaux depuis la fusion de la
fonte et le travail de la forge jusqu’aux derniers ajustages ». Sept cents
à huit cents ouvriers y travaillent, soit, avec ceux du chemin de fer du Nord, quelque
deux mille ouvriers dans ce haut du faubourg Saint-Denis, la plus grosse
concentration industrielle de Paris devant Charles Derosne & Cail à
Chaillot.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Albert, né à Bury
(Oise) de propriétaires ruraux, ayant perdu sa mère dès l’âge de 1 an, en
percevra un petit héritage en versements périodiques qui lui éviteront la
nécessité absolue d’être enchaîné à son travail. Du coup, il pourra dire avoir
combattu « en juin 1832 » (à 17 ans, donc, et à peine arrivé à Paris),
« en 1834 à la rue Transnonain, en 1839 avec Barbés, et en 1848 ; j’étais,
à cette époque, reconnu chef des sociétés secrètes, et c’est même ce qui me
valut l’honneur d’être admis comme membre du Gouvernement provisoire. » Il
aura même oublié, dans cette réponse à un journal, quelques jours avant de
mourir, son inculpation dans l’affaire de l’attentat contre Louis Philippe
commis par Darmès le 15 octobre 1840.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">Il sera, comme
Louis Blanc, élu de la Seine à l’Assemblée constituante le 23 avril ;
exclu par cette dernière, comme Louis Blanc, de la Commission exécutive substituée,
le 9 mai, au gouvernement provisoire ; arrêté le 15 mai après l’envahissement
du Palais-Bourbon et condamné, contre toute évidence, pour encouragement à l’insurrection.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On ne sait pas où
Marche, de quatre ans son cadet, né à Nonancourt (Eure), d’un père contremaître
de filature qu’il perd à 13 ans, a fait son apprentissage, ni quelle a pu être
son activité politique avant le 25 février. Après cette date, Marche sera
délégué primaire des mécaniciens pour le haut faubourg Saint-Denis et signataire
à ce titre, le 15 mars, avec le maître-mécanicien Cavé, d’un accord sur
une diminution de deux heures du travail journalier ; enfin organisateur,
deux mois plus tard, de la grève aux ateliers du chemin de fer du Nord.
Politiquement, il participera aux trois journées révolutionnaires des
17 mars, 16 avril et 15 mai, et on le verra, en juin, proche des
blanquistes.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 14pt;">On arrête ici le
parallèle, qui n’est pas le sujet du livre, où Albert cède la place à
<b>Jean-Jacques Witzig</b>, mécanicien ferroviaire lui-aussi mais dans la traction et
au chemin de fer d’Orléans, dont la bio recroise celle de Charles Marche dix
ans plus tard au Missouri.</span></p>
<div style="mso-element: footnote-list;"><br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">[1]</span></span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> C’est le plaidoyer, en passant,
auquel répondra le gendre de Marx, <b>Paul Lafargue</b>, dans <i>Le droit à la
paresse. Réfutation du « droit au travail » de 1848</i>. Sans que son
beau-père n’y trouve jamais à redire, pas plus dans ses écrits que dans sa
correspondance privée. </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAWlOV1plX9g0o1KUW_Yz5bchakg714b-gPj5i9WhxEM9BemvJY1dbvSLCg7zBX6y9esB1H-hvJeBFIEJGcJR6gkjY84FnO2_fDe58qU2SAg9parN0nsY5jN3TKNdcZUBKhmaOQrrg45Kn9eQnceChXXKcUt6PWaLvHpTSe47IWnTXitEt1HIaqkf8uqE/s1579/Le_droit_a%CC%80_la_paresse_Lafargue_Paul.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1579" data-original-width="1190" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAWlOV1plX9g0o1KUW_Yz5bchakg714b-gPj5i9WhxEM9BemvJY1dbvSLCg7zBX6y9esB1H-hvJeBFIEJGcJR6gkjY84FnO2_fDe58qU2SAg9parN0nsY5jN3TKNdcZUBKhmaOQrrg45Kn9eQnceChXXKcUt6PWaLvHpTSe47IWnTXitEt1HIaqkf8uqE/w301-h400/Le_droit_a%CC%80_la_paresse_Lafargue_Paul.jpg" width="301" /></a></span></div><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><br /><br /></span><p></p>
</div>
</div>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoFootnoteText, li.MsoFootnoteText, div.MsoFootnoteText
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Note de bas de page Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:10.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}span.MsoFootnoteReference
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
vertical-align:super;}span.citation
{mso-style-name:citation;
mso-style-unhide:no;}span.NotedebasdepageCar
{mso-style-name:"Note de bas de page Car";
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Note de bas de page";
mso-ansi-font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:10.0pt;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style><p><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}p.MsoFootnoteText, li.MsoFootnoteText, div.MsoFootnoteText
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Note de bas de page Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:10.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:1.0pt;
mso-ligatures:standardcontextual;
mso-fareast-language:EN-US;}span.MsoFootnoteReference
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
vertical-align:super;}span.citation
{mso-style-name:citation;
mso-style-unhide:no;}span.NotedebasdepageCar
{mso-style-name:"Note de bas de page Car";
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Note de bas de page";
mso-ansi-font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:10.0pt;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-10610507340020927402023-04-17T17:58:00.000+02:002023-04-17T17:58:03.853+02:00POUR EUX, ON EST DES COÛTS<p>
</p><p class="MsoNormal">On crée, on produit, on bâtit, on soigne, on aide, on
nourrit, on nettoie, on embellit… Mais non, pour eux, on est des coûts, rien
d’autre. Des coûts à réduire. Alors ils nous réduisent, mais c’est nos vies
qu’ils rognent, ils nous compressent mais c’est nos vies, ils nous diminuent
les indemnités de licenciement, les indemnités de chômage, les pensions, l’accès
aux soins, à l’éducation, les services publics.</p>
<p class="MsoNormal">ILS RESTAURENT L’INSÉCURITÉ SOCIALE, la peur du lendemain,
l’angoisse de l’accident, de la maladie, de la vieillesse.</p>
<p class="MsoNormal">C’est LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE ARRIÈRE, TOUTE !</p>
<p class="MsoNormal">Pour jargonner comme eux, C’EST LA START BACK NATION d’un
Buzz l’éclair à l’envers : « Vers le capitalisme originel et en-deçà ! »</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">Macron a « un cap » : le 19<sup>ème</sup>
siècle, Napoléon-le-petit. Dressé sur ses ergots, le Coq du CAC nous caquette
son chant de mort :</p>
<p class="MsoNormal">« Vous-vous rendez pas compte, les coûts, mais même un
smic d’ici, c’est les yeux de la tête, un pognon de dingue par rapport à là-bas
où, comme au bon vieux temps de chez nous, c’est les enfants à la mine à
10 ans, les journées de 15 heures, zéro droit. La mondialisation,
c’est un voyage dans l’espace-temps pour nos entrepreneurs, et vous n’avez
aucun avantage comparatif. Alors encore un effort, il reste des crans à vos
ceintures. Ne perdez pas une minute, leurs jets sont prêts à décoller. »</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">Macron, c’est le fossoyeur en chef, la grande pompe funèbre.</p>
<p class="MsoNormal">« Premiers de cordée » ? Comme dans la
parabole des aveugles, oui, vous voyez le tableau de Brueghel ? Sauf que
les premiers de Macron qui nous tirent à l’abîme, au dernier moment, ils
ouvriront leur parachute, doré.</p><p class="MsoNormal"> </p><p class="MsoNormal"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJqYiY93Oo3UIQoD-zW5U6oCUXCLTV_dQ3lIYkh9ZXyS2eoz5GDcGlCbWs_HnG2ouHQXyfgxQ3TnW03Qled_aKvc1__FJas6zR8ZPGTTWCC5bfQLl0U7HNhO1lBQMUrb3F2XlgIaqdkrR5xi3xCtbq2LRzzaaH2KxsLP1LNn4nqxBftygYjueYUciA/s1605/Parabole%20des%20aveugles.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1143" data-original-width="1605" height="456" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJqYiY93Oo3UIQoD-zW5U6oCUXCLTV_dQ3lIYkh9ZXyS2eoz5GDcGlCbWs_HnG2ouHQXyfgxQ3TnW03Qled_aKvc1__FJas6zR8ZPGTTWCC5bfQLl0U7HNhO1lBQMUrb3F2XlgIaqdkrR5xi3xCtbq2LRzzaaH2KxsLP1LNn4nqxBftygYjueYUciA/w640-h456/Parabole%20des%20aveugles.jpeg" width="640" /></a></div><br /> <p></p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">La seule chose qui ruisselle de ceux-là et de leur guide en
chef, c’est le mépris.</p>
<p class="MsoNormal">Macron fait confiance aux sondages, il est, de tous les
candidats, celui qui a dépensé le plus pour ça. Il sait donc à quel point la
population est opposée à sa contre-réforme. </p>
<p class="MsoNormal">L’unité hostile de syndicats représentatifs, aussi légitimés
par des élections professionnelles que lui par son score étriqué et par défaut,
et qui drainent depuis trois mois des manifestants par millions, elle ne peut
que lui sauter aux yeux. Et c’est parce que les députés eux-mêmes auraient
rejeté sa loi, qu’il est passé par le 49.3.</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">On vivra de moins en moins bien, nos enfants moins bien que
nous, nos petits et arrière-petits-enfants ne vivront peut-être pas du tout.
Évidemment, il lui faut la force brute, la guerre de classe pour nous imposer
pareil traitement. A Sainte-Soline, pour le profit de 12 exploitants, 200
blessés, 40 estropiés, deux personnes entre la vie et la mort. Une nouvelle
boucherie après celle des gilets jaunes. </p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">Il faut le raz-de-marée de la vie, le 1<sup>er</sup> Mai,
pour stopper cette œuvre de mort et, d’ici-là, travailler à lever tous les
obstacles qui pourraient en entraver le déferlement. </span>
<p><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-font-kerning:0pt;
mso-ligatures:none;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-17836361737191156782022-06-21T11:17:00.006+02:002022-06-26T14:45:01.799+02:00MARCHE vs L’AMÉRIQUE III. Les quarante-huitards français dans le Missouri<p><span style="font-size: medium;"> </span>
</p><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Les quarante-huitards français (et allemands) dans le Missouri<br /></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Si à Saint Louis le français s’est
maintenu dans un petit tiers de la population pour des raisons historiques, la
population étrangère de loin la plus importante est celle des Allemands. Les
Alsaciens, nombreux dans et hors les communautés icariennes dont ils sont
parfois issus, ressortissent d’une double sociabilité, jusque dans le drame. Ainsi,
le malheureux Frédéric, l’un des plus jeunes frères Bauer, qui se suicide le 8
décembre 1856, à 22 ans, au troisième anniversaire jour pour jour de
l’accident qui lui a valu une amputation des deux pieds — à peine arrivé à
Nauvoo, sa barge de corvée de bois, heurtée par les glaces que commençait à
charrier le Mississippi, s’était échouée sur un îlot ; il avait dû y passer
la nuit par moins 18° — demande-t-il : « que [ses] dernières pensées
soient insérées dans la <i>Revue de l'Ouest</i> et traduites en allemand dans
l'<i>Anzeiger des Westens</i> ».</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Cette <i>Revue de l'Ouest</i>
publie à l’occasion des articles de <b>Joseph Déjacque</b>, et appelle à une
souscription destinée à lui permettre, après ses<i> Lazaréennes, fables et
chansons : poésies sociales</i>, qui viennent de paraître à la Nouvelle
Orléans, d’y faire éditer son <i>Humanisphère</i>.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le patron de l’<i>Anzeiger</i>, français
depuis août 1848, possède hôtel, brasseries et, avec son <i>Théâtre des
Variétés</i>, la plus grande maison d’opéra de Saint Louis. Il est aussi
président de la Société des Hommes Libres, bien visible en ville par ses deux
gros bâtiments où s’étagent salles de réunion et d’enseignement.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtSvYkJmsazuQpU_MugVAvcq6yszyAMlq6h5RfVli13W5mlj6PK7R8nldieStZ_Ga_VF6n-YXaJICUbDJnnSpl-5MrEd_20fSC26pJF4iEMzQ7T4UrYtsIUl0wL97NeMwh819u30zQOtMr44LL8et90_VqLUEhwUNVsbVXYopEDyC6dsowJO6TYeSz/s800/signWitzigjeune%20etai%CC%82ne%CC%812%C2%B0Gdde%CC%81part.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="494" data-original-width="800" height="397" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtSvYkJmsazuQpU_MugVAvcq6yszyAMlq6h5RfVli13W5mlj6PK7R8nldieStZ_Ga_VF6n-YXaJICUbDJnnSpl-5MrEd_20fSC26pJF4iEMzQ7T4UrYtsIUl0wL97NeMwh819u30zQOtMr44LL8et90_VqLUEhwUNVsbVXYopEDyC6dsowJO6TYeSz/w640-h397/signWitzigjeune%20etai%CC%82ne%CC%812%C2%B0Gdde%CC%81part.png" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Bordereau d'enrôlement pour le 2ème grand départ. JJ Witzig ajoute "Jeune" à sa signature parce que son frère aîné signe sur la même feuille, en bas de page</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">L’Alsacien <b>Jean-Jacques Witzig</b>,
a été le découvreur de la ville moitié abandonnée de Nauvoo puis, quatre ans
plus tard, l’explorateur des rives de la Rivière rouge quand la communauté
icarienne espéra se resserrer sur elle-même, au désert, loin des influences
dissolvantes qu’elle subissait à Nauvoo dont elle partageait les rues avec
d’autres. Il fut aussi, à la gérance de Nauvoo, le directeur général de
l'Industrie et de l'Agriculture. Jean-Jacques Witzig a quitté l’Icarie et
repris, depuis 1855, son métier de mécanicien ferroviaire : il est
maintenant contremaître à la fonderie du Berlinois <b>William Palm</b>, à
l’angle sud-ouest de Lombard et de la Troisième, d’où sont sorties les dix
premières locomotives du Chemin de fer de l’Ohio et du Mississippi et où se
fabriquent pour l’heure celles du Missouri Pacifique dont le tronçon Saint
Louis – Jefferson City sera achevé dans l’année.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Witzig a fait venir presque
aussitôt à Saint Louis son ami étampois <b>Augustin Soufflot</b> — ces deux-là
sont quasi jumeaux, le premier est né le 6 février 1822, le second le 4 avril
— l’un des « chefs des socialistes » de la ville, à en croire la
sous-préfecture, et l’une des victimes de la répression que cite <b>Victor Schœlcher</b>
dans son <i>Histoire des crimes du 2 décembre</i>. <span> </span></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">A la mi-mai 1855, Augustin
Soufflot s’est ainsi embarqué au Havre, dans l’entrepont du <i>Globe</i>, avec
Victorine, sa femme, 34 ans, et leur fille Aurélie 7 ans. Trente-cinq
autres Français sont à bord ; ils touchent la Nouvelle Orléans le 15 octobre.
A son arrivée à Saint-Louis, une place de modeleur attend Augustin Soufflot à
la fonderie Palm.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Quand paraît à la mi-1857,
l’Annuaire professionnel de Saint Louis que lance <b>Robert V. Kennedy</b>, Charles
Marche, mécanicien, y est domicilié au n° 226 de la Troisième rue Sud, voisin
de palier, en quelque sorte, de Jean-Jacques Witzig qui est au
n° 228 ! Ce ne peut être un hasard : Witzig et Marche ont été tous
deux délégués des cheminots au Luxembourg, l’un pour le chemin de fer
d’Orléans, l’autre pour celui du Nord. Mais si l’on sait que Witzig est resté
en correspondance avec les socialistes d’Étampes, par quels intermédiaires les
échanges sont-ils passés avec Marche, à priori illettré ? Cette
sociabilité non écrite, forcément indirecte, entre Saint-Louis et New York,
nous échappe.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span> </span>On s’attendrait, d’autant plus qu’il sont l’un
et l’autre mécaniciens ferroviaires, à ce que Witzig fasse entrer Marche chez
Palm comme il a fait pour Soufflot qui, lui, ne l’était pas, mais lorsque
paraît l’annuaire qui les fait voisiner, Marche vient d’acquérir du domaine
public américain, le 10 juin 1857, cent-vingt acres, soit environ 48,5 hectares
de terres de colonisation, au beau milieu du Missouri, dans le comté d’Osage,
canton de Crawford, à cent-cinquante kilomètres à l’ouest de Saint-Louis, et une
trentaine de kilomètres à l’Est de Jefferson City. Le comté d’Osage, au
recensement de l’année précédente, comptait 6 493 habitants, chiffre
stable par rapport à l’édition antérieure, dont 271 esclaves. Changement
radical de vie pour Marche, donc, à 38 ans : grand saut de la loco à
la charrue, du Paris révolutionnaire et du cosmopolitisme progressiste de
New York à un État frontière de l’ouest où, dans les pages de l’annuaire
déjà cité, un « mécanicien » voisine très normalement avec un « marchand
d’esclaves » — un monsieur <b>Lynch</b>, ça ne s’invente pas ! — ou un
autre s'occupant de « ventes de biens fonciers, d'esclaves, de bétail, de matériels,
pièces d’occasions, etc. » Le Missouri a été, en 1821, le seul État
accepté dans l’Union malgré sa pratique de l’esclavage, qui y frappe dix pour
cent de la population ; cet esclavage dont la Révolution de 1848 a réitéré
l’abolition en France.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le prix d’achat de cette terre,
nous ne le connaissons pas, ces données étant absentes des archives du Missouri,
mais il pouvait aller de 1,25 $ l’acre (4 046,86 m<sup>2</sup>) pour les
nouvelles mises sur le marché, à 12,5 cents l’acre pour les parcelles en vente
sans avoir trouvé preneur depuis trente ans, soit une somme comprise entre
15 et 150 dollars pour ces 120 acres. Et nous savons que l’acquéreur les
paye cash, l’achat à tempérament ayant été supprimé au 1<sup>er</sup> juillet
1820.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Marche, on l’a dit, ne s’est
inscrit ni dans un des grands mouvements collectifs de colonisation agricole
partis d’Europe, icariens ou néo-fouriéristes, ni dans la croisade du Kansas appelée
depuis la Nouvelle Angleterre. Il participe pourtant, en s’installant comme
fermier au Missouri à la mi-1857, d’un certain boom : un journal local qui,
à la fin d’août, tire un bilan de l’activité récente dans les États et
territoires de la frontière, écrit qu’en « Iowa, il ne reste plus une acre
disponible ; que dans le Wisconsin et le Minnesota, les terres ont été
retirées du marché dans l’attente des attributions qui en seront faites au
chemin de fer ; et qu’au Kansas comme au Nebraska, on n’en est pas encore
à la vente, seulement au squat de préemption. Durant les quatre derniers mois,
les cessions de terres se sont essentiellement limitées au Missouri, et d’ici
quelques mois, il ne restera plus dans l'État aucune terre disponible de
quelque valeur. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le même jour que Marche en tout
cas, on a vu se présenter au Bureau foncier public du 61, rue Walnut,
quarante-huit personnes, dont neuf portant des noms supposément français, parmi
lesquelles <b>Pascal Decroix</b>, pour 80 acres, <b>Antoine Combe</b> pour 120,
<b>Charles F. Boillot</b> pour 200, etc.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Pascal Decroix avait été arrêté le
9 juin 1853 dans l’affaire dite du complot de l’Hippodrome, « attentat
contre la vie de l’empereur et contre la sûreté du gouvernement ». Au
terme des audiences, il avait demandé, si on le condamnait, à être banni avec
sa femme, <b>Marguerite Bobillot</b>, qu’il avait épousé, le 11 mai 1839, à Paris,
âgée de 42 ans ; ils n’avaient pas eu d’enfant. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">La cour avait accédé à sa demande avec
une peine de huit ans de bannissement, comme pour deux autres de ses
co-inculpés. Le verdict rendu, le 16 novembre 1853, les condamnés comme
d’ailleurs les acquittés étaient tous renvoyés, avec dix-neuf nouveaux
prévenus, devant le tribunal de police correctionnelle pour « délit de
société secrète », sous l’accusation d’avoir fondé ou été membre d’une
société résultant de la fusion du Cordon sanitaire, de la Société des Écoles et
de la Société des Deux-Cents. A quoi s’ajoutait, pour Decroix, Commes et
Ruault, la « détention d’armes de guerre ». Tous avaient été déclarés
coupables en janvier 1854, mais sans que des peines supplémentaires ne soient
prononcés pour ceux qui étaient déjà condamnés dans l’affaire de l’Hippodrome.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le couple Decroix avait dû arriver
peu après aux États-Unis, dans la mesure où la demande de naturalisation du
mari, pour laquelle une résidence d’un an dans le Missouri était nécessaire,
avait été déposée à Saint Louis le 27 mars 1855.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgfX9qYR8SCG67EtiNNUZTxKnil5ib6eMb1d0WE221Fvql7peazNoCmqkuu7kqG34u8tKsH0p5ltMxdawOAXZTZWXyn8TZhCkIfVrFWgT-zHgLCW_jLbJau0Wyz5NGCHdTWx1QEdutRXETAn6xb__T9dPBOYOC1uu0l0nMz16tvPvMY9fP1EuVTFOB/s800/DemandeNaturaDecroix.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="304" data-original-width="800" height="245" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgfX9qYR8SCG67EtiNNUZTxKnil5ib6eMb1d0WE221Fvql7peazNoCmqkuu7kqG34u8tKsH0p5ltMxdawOAXZTZWXyn8TZhCkIfVrFWgT-zHgLCW_jLbJau0Wyz5NGCHdTWx1QEdutRXETAn6xb__T9dPBOYOC1uu0l0nMz16tvPvMY9fP1EuVTFOB/w640-h245/DemandeNaturaDecroix.jpg" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La demande de naturalisation de Decroix, signée du demandeur<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Alors que le mécanicien
ferroviaire Jean-Jacques Witzig continue d’exercer et d’approfondir son métier —
on le trouve souscripteur, en 1858, d’un ouvrage consacré à <i>L’alimentation
des chaudières à charbon des locomotives des chemins de fer européens</i> devant
paraître à New York — le recensement agricole de 1860 enregistre que Marche
exploite dix acres de ses terres seulement et en laisse soixante-dix en jachère,
(il a donc déjà revendu quarante des cent-vingt acres achetées trois ans plus
tôt) ; qu’il possède un âne ou une mule, une vache laitière, six bœufs de
trait et un bovin à viande ; qu’il élève quinze porcs et qu’il a récolté
dans la saison qui s’achève au 1<sup>er</sup> juin, dix-huit boisseaux
(soit 460 kg) de blé, et deux-cent-cinquante boisseaux (soit 6,35 tonnes)
de maïs. L’administration chiffre la valeur de sa ferme à 500 $, plus
50 $ pour le matériel et 230 $ pour le bétail.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Un recensement spécifique montre
qu’il n’est pas propriétaire d’esclaves. On en dénombre vingt-deux dans son
canton de Crawford, qui possèdent quatre-vingts esclaves au total.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Et l’esclavagisme ne se borne
évidemment pas à l’emploi d’une main d’œuvre agricole servile. Deux ou trois
mois avant le recensement, la <i>Revue de l’Ouest</i>, publiait l’article
suivant : « Samedi soir, une centaine de bandits et de polissons
arrachèrent Sherman (époux d’une femme noire) <span> </span>de sa demeure, le mirent à cheval sur une
perche, portée par quelques-uns d’entre eux, et s’acheminèrent, fifre et
tambour en tête, vers l’East St. Louis [le quartier Est de la ville, sur la
rive gauche du Mississippi, de son vrai nom Illinoistown, le fleuve faisant
frontière entre les deux États du Missouri et de l’Illinois] ; là on fit de
copieuses libations en attendant le passage du bac, on fit remonter Sherman sur
sa perche, on le transporta dans le bateau et on l’amena à Saint-Louis, où la
bande se donna le plaisir de parader quelque temps sur la levée, avec sa
victime. Enfin ces honnêtes défenseurs de la moralité publique consentirent à
lâcher Sherman, en lui défendant de reparaître à Illinoistown, sous peine
d’être jeté, les mains liées derrière le dos, dans un canot troué, et abandonné
aux vagues du Mississipi. Voilà les infamies que la plupart des journaux de Saint-Louis
racontent comme une chose toute simple et toute naturelle, ou plutôt comme un
juste châtiment infligé à ce qu’ils appellent le péché d’<i>amalgamation</i>. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Jean-Jacques Witzig, citoyen
américain, a très certainement voté <b>Abraham Lincoln</b> aux élections du
7 novembre 1860, mais l’élection du champion du travail libre et de la
libre colonisation ne va pas suffire à écarter à elle seule à écarter la menace
de la guerre civile : le 20 décembre, la Caroline du Sud fait sécession.
Et dans le périple d’une douzaine de jours qu’il entreprend avant son
investiture, le nouveau président semble hésitant : le 12 février, par
exemple, il déclare aux délégués des sociétés ouvrières allemandes qui
l’accueillent à Cincinnati, qu’il « considère de [son] devoir d'attendre
jusqu'au dernier moment que les difficultés actuelles de la nation se soient
précisées avant de [s]'exprimer de façon définitive sur la voie [qu’il va]
suivre. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Sans attendre et dès la fin de
janvier 1861, les unionistes, réunis au Washington Hall de Saint-Louis,
décident que la protection de l’arsenal et des institutions fédérales présentes
dans la ville nécessite une milice armée et, pour diriger celle-ci comme pour
se coordonner avec les forces fédérales, désignent un Comité de sauvegarde de
six membres. Ce sont naturellement des personnalités, Américains natifs,
avocats ou riches hommes d’affaires, anciens maires de Saint-Louis pour deux
d’entre eux, avec à leur tête <b>Francis Preston</b>, dit <b>Frank, Blair</b>, propriétaire
du <i>Missouri Democrat</i>, ancien représentant au Congrès ; son frère
dirige le service postal des États-Unis et est un proche de Lincoln. Un seul
profil tranche dans cet aréopage de prééminents : Jean-Jacques Witzig, ni
notable ni natif, maître mécanicien à l’Iron Mountain Railroad, Français
naturalisé.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">On a pu lire qu’il avait été
choisi pour assurer la liaison, vitale, du Comité de sauvegarde avec
« l’élément allemand ». Cela n’explique pourtant rien. Saint-Louis ne
manquait pas d’Alsaciens du même âge, anciens icariens de plus ou moins fraîche
date, comme lui germanophones et comme lui américains depuis bientôt dix
ans ; ne serait-ce que <b>Vogel</b>, chargé du secrétariat et de
l’imprimerie, et donc des publications nombreuses de la colonie, en particulier
<i>Der Communist</i>, <i>organe de la communauté de biens d’Icarie</i>.<span style="color: red;"> </span></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">La ville manque encore moins de
notables allemands, au premier rang desquels <b>Heinrich Börnstein</b>. Celui-ci
est l’éditeur de l’<i>Anzeiger des Westens</i>, plus fort tirage de la presse
du Missouri toutes langues confondues, le directeur de l’Opernhaus, l’une des
meilleures scènes des États-Unis, et encore le président de la Société des
Hommes libres et de ses œuvres éducatives et sociales. Son journal venait
d’écrire, le 17 décembre 1860,<span style="color: red;"> </span>« Les
Allemands des États de l'Ouest, - auxquels le Missouri appartient - doivent être
fermes sur la liberté et le droit et s'opposer dans toute la mesure de leurs
forces à ce que cet État entre dans la confédération du Sud. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">La Confédération sécessionniste se
crée le 4 février. Le Missouri reste officiellement neutre, mais la forte
minorité irlandaise de Saint-Louis, par exemple, soutient très majoritairement
les confédérés, auxquels est favorable également le gouverneur Jackson.<span style="color: red;"> </span></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Börnstein est devenu la bête noire
des nativistes xénophobes du Know Nothing qui, ayant exhumé une loi interdisant
les représentations théâtrales durant le jour du Seigneur, lui envoient, le
dimanche 14 avril, le nouveau chef de la police et quarante agents boucler l’Opernhaus.
C’est signer l’arrêt de mort de sa salle : les Allemands habitant pour
l’essentiel l’extrême nord et sud de la ville, il ne leur est pas possible de
la fréquenter en semaine. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Les Wide Awakes, (les Vigilants),
— autant dire les “wokistes“, comme on le voit le terme ne date pas d’hier — qui
formaient le service d’ordre des réunions et défilés républicains étaient déjà
ici comme dans de nombreuses autres villes des quarante-huitards, ou plutôt des
<i>achtundvierziger</i>, majoritairement allemands ; ils vont maintenant
s’armer. Le 22 avril, après le bombardement de Fort Sumter le 12 et la
reddition de sa garnison unioniste le lendemain, première bataille de la Guerre
civile et première victoire confédérée, quatre puis cinq régiments de
volontaires se créent à l’arsenal de Saint-Louis, minuscule garnison de l’armée
fédérale ; Frank Blair prend la tête du premier, tous les autres sont commandés
par des Allemands : l’Heinrich Börnstein déjà nommé, <b>Franz Sigel</b>,
ex ministre de la guerre du gouvernement provisoire révolutionnaire badois de 1848-49,
le briquetier <b>Nicolas Schüttner</b>, de longtemps président du Chasseur
noir, club de tir des faubourgs allemands du sud de la ville, <b>Charles E.
Salomon</b>.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium;"> <br /></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKy3q-nlhmmrdvHIEbTy6sU_21yVRkbg-eYXSVnfSrEdN86PD3H4uNOlvdtgy-WqCBF1H--3suWhO0m3BnZUei-3KHIXyMySokGywrmCIUSuioc5mfufavDz2i3SbE9Qgs5WxiOP3DjreFNnj7BYJ7WNEhb3XDe1c3zohazFyvc9z3lZEks3ZduDHJ/s800/Witzigcite%CC%81dsComite%CC%81.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="433" data-original-width="800" height="346" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKy3q-nlhmmrdvHIEbTy6sU_21yVRkbg-eYXSVnfSrEdN86PD3H4uNOlvdtgy-WqCBF1H--3suWhO0m3BnZUei-3KHIXyMySokGywrmCIUSuioc5mfufavDz2i3SbE9Qgs5WxiOP3DjreFNnj7BYJ7WNEhb3XDe1c3zohazFyvc9z3lZEks3ZduDHJ/w640-h346/Witzigcite%CC%81dsComite%CC%81.png" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">En mai 1861, Witzig signataire pour le Comité de sauvegarde d'une demande d'émission de bonds de la défense pour l'État du Missouri à l'American Banknote Co </td></tr></tbody></table><br /><p></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Fin avril, le Comité de sauvegarde
auquel participe Witzig est reconnu par le Secrétaire d’État à la guerre, <b>Simon
Cameron</b>, et Lincoln invite le <b>général Harney</b> à collaborer avec lui.
Le 2<sup>nd</sup> Régiment du corps de réserve de l’armée fédérale se constitue
à Saint-Louis le 7 mai sous le commandement du <b>colonel Kallmann</b>, et
Jean-Jacques Witzig en est l’un des neuf capitaines. Le régiment compte 785
hommes, à 92% “allemands“ — la littérature américaine n'y distingue pas les
Alsaciens.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le bruit court bientôt que des
canons et des mortiers ont été débarqués du steamer <i>JC Swan</i> et
transportés au camp du peu sûr gouverneur <b>Claiborne Fox Jackson</b>, en vue d'une
attaque contre l'arsenal de la ville que prendraient en tenaille des groupes
venant du Nord et d’autres remontant le long de la voie ferrée de l’Iron Mountain
Railroad. Le commandant de la garnison de l’arsenal en l’absence du général
Harney, <b>Nathaniel Lyon</b>, en est informé par Witzig pour le Comité de
sauvegarde. Désirant s’en assurer par lui-même, il demande à Witzig de lui servir
de guide lors d’une reconnaissance qu’il fera déguisé en douairière, robe de
bombazine et voilette couvrante, rencogné au fond d’une calèche, si l’on en
croit <i>La vallée du Mississippi dans la Guerre civile</i>, publié en 1900 par
<b>John Fiske</b>, qui disait en tenir le récit de la vieille madame Blair
elle-même.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Convaincu que la menace est réelle,
Lyon marche sur Camp Jackson le 10 mai, en force la reddition et en ramène à Saint-Louis
669 prisonniers. Des injures accueillent les hommes de Börnstein qui les
escortent : « maudit Allemand », « saleté de mercenaire
hessois » (les Hessois ont été durant la révolution américaine des
auxiliaires de l’armée britannique) ; des jets de pierre accompagnent les
invectives. Un coup de feu part, et le régiment riposte. S’ensuivent quelques
jours d’émeute, les locaux du <i>Missouri Democrat</i> comme de l’<i>Anzeiger
des Westens</i> sont attaqués ; des soldats de Börnstein, rentrés en
permission et en civil, sont retrouvés et molestés jusque dans leur quartier. Deux
d’entre eux manqueront ensuite à l’appel, sans doute battus à mort puis jetés
dans le fleuve.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Mais, comme l’écrit <b>Adam
Goodheart</b> dans <i>1861: The Civil War Awakening</i>, « Concrètement,
la petite troupe de révolutionnaires allemands a réussi à Saint-Louis ce
qu’elle avait échoué à faire à Vienne et Heidelberg : renverser le gouvernement
réactionnaire de l’État. » </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">C’en est fini, pour les unionistes,
d’être sur la défensive. « Dès que la nouvelle de la prise de Camp Jackson
parvint dans la ville, écrira le général <b>Ulysses S. Grant</b> dans ses <i>Mémoires
personnels d’U. S. Grant</i>, la situation fut transformée. Les hommes de
l’Union étaient maintenant crânes, pugnaces et même, pourrait-on dire,
intolérants. Ils affichaient leurs convictions avec aplomb et ne supportaient
plus que difficilement tout ce qui pouvait passer pour un manque de respect envers
l'Union. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Sans l’action de Blair et Lyon,
ajoute-t-il, « Je n'ai pas le moindre doute que Saint-Louis serait tombé aux
mains des rebelles, et avec lui l'arsenal et toutes ses armes et munitions. »
</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le général Harney, de retour, passe
pourtant un accord avec l’ancien gouverneur et commandant de la garde d’État du
Missouri, <b>Sterling Price</b>, aux sentiments sudistes bien connus (il
rejoindra d’ailleurs la Confédération l’année suivante) : il s’engage à ne
pas intervenir contre ses milices pour peu qu’elles ne visent pas directement
le gouvernement fédéral. Le Comité de sauvegarde, dont John J. Witzig, signe
aussitôt, le 22 mai 1861, une lettre qui apporte à Washington la connaissance
de ces petits arrangements. Parallèlement, <b>C. L. Bernays</b> s’en va
remettre au gouvernement fédéral un rapport forcément bien informé de Börnstein
— puisque ce sont les hommes de son régiment qui ont répondu au feu — sur les
évènements ayant suivi Camp Jackson. L’<i>Anzeiger</i> du 23 mai écrit : «
Mais de quoi les Allemands sont-ils coupables ? De ce que le Sud a déclaré la
guerre aux États-Unis ? Que Claiborne Fox Jackson ait essayé d'enchaîner au Sud
<i>cet</i> État et <i>cette</i> ville, et ses soixante mille Allemands ? Non. Ils
sont coupables d’avoir déjoué la trahison sournoise de Claiborne Fox Jackson. »
</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Dans son comté rural, à
cent-cinquante kilomètres du Saint-Louis où Witzig est devenu un protagoniste
politique influent, Charles Marche s’engage le 14 juin 1861 dans la compagnie D
d’un bataillon de gardes territoriaux unionistes en formation. Le capitaine de
celle-ci, <b>Josias McKnight</b>, est son<span style="color: red;"> </span>voisin
direct du district de Crawford : un natif du Tennessee, de quatre ans plus
jeune mais déjà père de sept enfants, un fermier prospère dont la
propriété vaut six fois celle de Marche. Leur mission : surveiller la
ligne de chemin de fer du Pacifique et le télégraphe qui la borde ; patrouiller
le long du Mississippi et empêcher les sécessionnistes de le traverser
pour rejoindre les confédérés ; enfin, monter la garde à Jefferson City
pendant la session de la Convention.<span style="color: red;"></span></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Charles Marche est bientôt rejoint
à la compagnie D, (77 hommes), par ses voisins français : Antoine
Combe, le 21 juin, et Pascal Decroix, le 29.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le 25 juillet, quelques jours
après la nouvelle de la défaite unioniste de Bull Run (Manassas), le
commandant-en-chef pour l’Ouest nouvellement nommé, <b>John C. Fremont</b>,
installe son Quartier Général à Saint-Louis. A ses côtés, un certain nombre
d’Européens ayant connu l’expérience du feu dans les insurrections de 1848-49,
comme <b>Joseph Weydemeyer</b>, ancien officier artilleur et topographe, que
Marche avait pu croiser à New York dans la salle de la Montagne du
80 Leonard Street lors de réunions unitaires.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">La majorité des comtés du Missouri
est alors en état de quasi-insurrection et sa frontière sud a été franchie par les
confédérés en plusieurs points. La chute de Saint-Louis après celle de Manassas
donnerait aux sudistes un avantage pratiquement irréversible. Weydemeyer s’attelle
à la poursuite des travaux de défense de la ville que Lyon avait entrepris, par
la construction de dix forts.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Nathaniel Lyon et Franz Sigel,
devenu son adjoint, ont poursuivi les confédérés jusque dans le sud-ouest du
Missouri. Ayant dû se retrancher à Springfield, carrefour commercial de deux
mille habitants, ils y réclament des renforts, mais Fremont juge plus opportun
de renforcer son flanc oriental et en particulier le confluent stratégique des
fleuves Mississippi et Ohio, 220 km au sud-est de Saint-Louis. C’est forcément là,
à Cairo, que les confédérés attaqueront, juge-t-il, et il y envoie ce qu’il
peut réunir de troupes, dont six compagnies du 2<sup>nd</sup> Régiment du
corps de réserve de l’armée fédérale, où Witzig est capitaine. Lyon se voit
demander de se replier mais, tout au contraire, prend l’initiative d’aller
attaquer Sterling Price dix <i>miles</i> au sud de la ville, à Wilson’s Creek. Il
y est tué le 10 août. Springfield, troisième ville de l’État du Missouri, tombe
dans la foulée.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le colonel Börnstein a été nommé
par Lincoln consul américain à Brême. Il n’en reviendra qu’en 1864 pour
participer à la campagne de réélection du Président, « à l’invitation de
son ami Frank Blair », preuve qu’entre Blair et Börnstein, il n’y avait
nul besoin du truchement de Witzig. C’est donc par son seul activisme, pour ses
qualités propres d’agitateur et d’organisateur que le mécanicien ferroviaire
d’Étampes avait été porté au Comité de sauvegarde de Saint-Louis dès sa
création.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Les engagements des débuts de la
guerre étaient de trois mois et Witzig est démobilisé le 16 août, mais le
conflit ne va pas s’achever pour autant : mille deux cents batailles et accrochages
vont avoir lieu au Missouri, sans aucune pause ; vingt-sept mille
personnes, soit plus de 2 % de la population, y trouveront la mort. Le 30
août, Fremont décrète la loi martiale et l’émancipation des esclaves de tout
propriétaire partisan des confédérés. Le président Lincoln annule cette
décision douze jours plus tard et, de plus en plus sensible aux arguments des
conservateurs, démet Fremont de son commandement le 2 novembre. Weydemeyer est
promu lieutenant-colonel des compagnies F et S du 2e Régiment de volontaires
d’artillerie, qui va combattre dans le sud de l’État.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Witzig, rendu à la vie civile,
n’en reste pas moins impliqué dans les affaires militaires. Au hasard de
discussions avec des soldats, à Iron Mountain, terminus de la ligne de chemin
de fer où il travaille, il pense avoir découvert une escroquerie aux fournitures
portant sur leurs chaussures et leurs couvertures. Il s’en ouvre à <b>Oliver D.
Filley</b>, l’ancien maire, son collègue du Comité de sauvegarde. Les deux
hommes sont appelés à témoigner les 17 et 18 octobre 1861 devant le comité que
la Chambre des Représentants a nommé pour enquêter sur les contrats passés par
le gouvernement. A la suite de quoi, on propose à Witzig de prendre en charge
lui-même les problèmes qu’il a dénoncés en devenant quartier-maître fourrier du
2<sup>nd</sup> régiment d’artillerie du Missouri en train de se former. <span style="color: red;"></span></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Marche, démobilisé de la garde
territoriale comme Combe et Decroix le 5 octobre, n’attend pas un mois
pour aller se réengager, dans l’armée régulière cette fois, et pour trois ans.
On est pourtant en plein dans la période de récolte du maïs, sa principale
production, et il laisse à la ferme sa femme et leurs enfants dont les aînés
Charles jr et Louise n’ont encore que 16 et 14 ans. Y est-il poussé par la
nécessité économique ? Certes, le Congrès vient de voter l’octroi d’une
prime de 100 $, plutôt mal nommée « prime d’engagement »
puisqu’elle ne sera versée en fait qu’au terme de celui-ci. Sinon, la solde du
Deuxième classe est de 13 $ le mois, payée là où se trouve le soldat à ce
moment-là, ce qui rend plutôt compliqué d’en envoyer une partie chez soi. Si on
cherche un taux d’équivalence dans les comptes publiés régulièrement par les
Icariens qui, en 1858, estimaient le dollar à 5 francs 25, ça porte
la solde mensuelle — qui n’est versée au mieux que tous les deux mois et qui le
sera au pire avec quatre mois de retard, mais Marche ne peut pas le savoir
d’avance — à 68,25 francs. Mécanicien aux chemins de fer du nord à 4 francs par
jour en 1848, il gagnait presque moitié plus. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Toujours est-il que le 1er
novembre 1861, à Pacific, comté de Saint-Louis, Marche est incorporé au 26<sup>e</sup> Régiment
de volontaires d’infanterie, dans la compagnie F montée par un ancien
dentiste, <b>Benjamin Devor Dean</b>, qui en devient le capitaine. A bientôt
43 ans, Marche s’y enrôle à un poste non combattant, dans le transport du
matériel, comme « roulier auxiliaire ». La moyenne d’âge est de 26 ans
pour les 972 hommes du régiment. Ils n’y sont que vingt-cinq Français pour
soixante-six Irlandais, trente-cinq Prussiens et cent-vingt-deux autres
Allemands. Et l’on a enfin, grâce à l’armée américaine, une description de
Marche plus précise que celle de <b>Lamartine</b>, <b>Garnier-Pagès</b> ou <b>Louis
Blanc</b> : « 1,72 m, teint clair, yeux noisette, cheveux châtains » ;
« mécanicien dans le civil » — on notera qu’il ne se définit pas
comme fermier. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le 26<sup>ème</sup> régiment reste
engagé d’abord dans l’État du Missouri où les escarmouches de guérilla sont
incessantes, avant d’être dirigé le long du Mississippi pour forcer les
fortifications qui barrent le fleuve et empêchent sa descente. Pendant que le
26<sup>ème</sup> force à New Madrid la boucle presque fermée qu’y forme le
Mississippi, Sigel, qui partage maintenant avec <b>Samuel Ryan Curtis</b> le
commandement d’une armée au nord-ouest de l’Arkansas, prend sa revanche sur la
défaite de Wilson’s Creek. Cette victoire, à Pea Ridge, le 7 mars 1862, mène sa
popularité déjà très forte du côté de l’adoration. « I fights mit Sigel »
— « Je combats avec Sigel », mais baragouiné avec un mot d’allemand pour
deux d’anglais — devient le cri de guerre des Allemands qui montent au front,
qu’importe le nom véritable de qui les commande. Les Américains natifs
eux-mêmes utilisent désormais cette expression, et toute invitation à trinquer
se fait en référence à Sigel et en anglais mâtiné d’allemand : « You
fights mit Sigel ? den you trinks mit me. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">La guerre de Sécession a aussi
pour effet de transposer l’abolitionnisme du domaine des grands principes à l’utilitarisme
concret du terrain militaire. Les esclaves, qu’ils soient employés aux travaux
de défense (constructions de barricades, de tranchées, etc.), dans l’agriculture
vivrière qui a largement remplacé celle du coton pour assurer la subsistance des
troupes comme de la population, ou qu’ils rendent possible un enrôlement massif,
jusqu’au moindre des petits fermiers blancs chez lesquels les gros
propriétaires envoient de leurs « nègres » pour les remplacer,
participent à l’effort de guerre du Sud. Du coup, émanciper c’est affaiblir
l’ennemi. La règle est donc simple : derrière la ligne bleue des tuniques
de l’Union, tout esclave, qu’il s’y soit réfugié ou qu’il s’y trouve englobé
par l’avancée nordiste, est considéré comme prisonnier de guerre, ou encore
« contrebande de guerre ». Il est de ce fait émancipé par « confiscation »,
et définitivement. La Seconde loi de confiscation promulguée par le Congrès
fédéral en juillet 1862 officialise cette pratique — Fremont avait donc eu
raison un an trop tôt mais surtout le tort de l’avoir étendue au Missouri alors
qu’elle ne concerne dans la loi fédérale que les États du Sud. Une Proclamation
du président des États-Unis la renforcera encore le 24 septembre.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Curtis, qui après Pea Ridge a mené
« l’armée du sud-ouest », qu’il commande avec Sigel, vers le nord-est
de l’Arkansas où il a enlevé la ville d’Helena, sur le Mississippi, en aval de
Memphis, a commencé lui aussi, sans attendre la loi, à procéder à cette
émancipation à une échelle de masse – certains historiens parlent de trois
mille libérations — et à distribuer sur son parcours les certificats
d’affranchissement. Puis il a été nommé, en septembre, commandant de la région
militaire du Missouri, où les possesseurs d’esclaves loyaux envers le
gouvernement fédéral, sont censés voir leur propriété servile protégée par la
loi.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">En novembre, des soldats du 4e
Régiment de volontaires d’infanterie, qui gardent l’extrémité sud d’un pont sur
le Missouri, dans la petite ville d’Hermann — on est ici dans le comté de
Gasconade, voisin immédiat de celui d’Osage où Marche a sa ferme — voient
arriver depuis Loutre Island, sur la rive d’en face, un petit groupe d’esclaves.
Ils ont quitté trois fermiers qu’ils disent sympathisants de la Confédération,
dont l’un, propriétaire de vingt-six esclaves, a même fait quelques jours de
détention pour avoir cherché à éviter l’enrôlement dans la milice unioniste.
Les évadés ont choisi ce point de passage parce qu’ils savent que le 4<sup>e</sup>
Régiment compte de nombreux Allemands, comme le comté de Gasconade.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le capitaine de la troupe leur
déclare que, bien sûr, ils sont libres dès cet instant mais que dans la mesure
où il manque de rations militaires et n’a pas de travail à leur donner, il leur
faudra se débrouiller pour en trouver ailleurs dans le comté.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le 19 novembre, les trois
propriétaires d’esclaves — un second en possédait neuf, le troisième on ne sait
pas — viennent réclamer leur bien à un juge de paix, qui les déboute. Après six
jours de patientes recherches, ils dénichent un autre magistrat qui leur donne
gain de cause et fait mettre en prison quatre de leurs esclaves retrouvés.
Pendant que le <i>Missouri Democrat</i> de Blair titre sur « L’Évasion de
Loutre Island » et l’arrestation des fugitifs, le <i>Westlische Post</i> (Le
Courrier de l’Ouest) — journal d’un quarante-huitard allemand, condamné à dix
ans dans son pays d’origine et ancien éditeur de l’<i>Anzeiger</i> de Börnstein
avant que les deux hommes ne se brouillent — se fait l’écho des
« Allemands libres de Hermann » qui n’entendent pas que leur comté se
transforme en « terrain de chasse à l’esclave. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">La population allemande de
Gasconade, rassemblée autour de la prison, fait d’ailleurs savoir au même
journal que les captifs seront libérés le lendemain « par la voie légale
ou, à défaut, par l’assaut donné à la prison. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Sollicité par un activiste du
comté, qui lui rapporte que l’on ne peut laisser de telles affaires aux décisions
contradictoires de juges locaux, le général Curtis décide qu’elles seront
désormais confiées à la prévôté militaire et nomme un prévôt qui, quelques
minutes avant 9 heures du soir et l’expiration de l’ultimatum fixé par la
population en colère, fait remettre en liberté les quatre esclaves affranchis.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Curtis publie ensuite, le 24
décembre 1862, ses Instructions générales n° 35 à tous les prévôts de la Région
militaire du Missouri, leur enjoignant de « protéger la liberté et les
personnes de tous les “prisonniers de guerre” ou esclaves émancipés contre ceux
qui voudraient s’en prendre à eux d’une manière quelconque », de placer en
détention les anciens propriétaires abusifs comme contrevenant à la loi
militaire, enfin de fournir des « certificats d’émancipation », si
l’on peut appeler comme cela des certificats de confiscation de contrebande de
guerre, attestant de la qualité de « prises de guerre » desdites
personnes, et leur protection à ce titre par tout représentant de l’autorité
légale.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Surtout, il enjoint aux prévôts
d’accepter comme valides des témoignages d’esclaves. Le nom et l’adresse du ou
des témoins garants de la qualité de « prise de guerre » au titre de
la proclamation présidentielle du 24 septembre 1861, figureront sur le
certificat ou lui seront annexés. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le 26<sup>ème</sup> Régiment où
sert Marche, a combattu à Iuka, non loin du fleuve Tennessee (près de quinze
cents morts et blessés, dont Dean, le capitaine de la compagnie F, touché à
trois reprises), puis à Corinth, à la frontière des États du Mississippi et du
Tennessee, sans que Marche ne quitte le roulage ni ne monte en ligne. « Nous
n’avons jamais essayé de le faire servir dans le rang parce qu’il s’était
engagé comme roulier et rien d’autre », dira son nouveau capitaine, <b>William
L. Wheeler</b>, remplaçant Dean. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Depuis le 17 janvier 1863, le
26<sup>ème</sup> régiment cantonne à Memphis, Tennessee, où Marche, détaché de
sa compagnie, se trouve affecté comme cuistot à l’hôpital de la 3<sup>ème</sup>
brigade, 7<sup>ème</sup> division, 17<sup>ème</sup> corps d’armée. Le 1<sup>er</sup> mars,
il demande une permission d’une journée et on ne l’y revoit plus. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Witzig n’a tenu dans son grade de
quartier-maître fourrier qu’un petit mois et demi avant d’en démissionner. On
le retrouve pétitionnaire dans « un groupe de citoyens de Saint Louis »
(en gros le Comité de sauvegarde moins Blair, mais plus quelques autres), qui
le 1<sup>er</sup> mai 1863, <span> </span>dénonce
auprès du président Lincoln les agissements des « révolutionnaires »
du Missouri et de Curtis qu’ils estiment en être le chef : </span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJxs16hqWVFqEY55p_UpX1PLnhFmpU7Ka9L2EZkBqjjPKllk6x42rqPjSsXRvkV5VHadiOyF0nsr2-CUG6P7txNYZk5OAt4e1QsCQFKYUy9AaTOuPXAOp-EqG7TJVcJA-15zwNyCKhU5QFp0mo8AxEnh3R4inmHI8wk3KW6nYneOTufl3_HotIxHp5/s800/St.LouisMo1erMai1863.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="573" data-original-width="800" height="286" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJxs16hqWVFqEY55p_UpX1PLnhFmpU7Ka9L2EZkBqjjPKllk6x42rqPjSsXRvkV5VHadiOyF0nsr2-CUG6P7txNYZk5OAt4e1QsCQFKYUy9AaTOuPXAOp-EqG7TJVcJA-15zwNyCKhU5QFp0mo8AxEnh3R4inmHI8wk3KW6nYneOTufl3_HotIxHp5/w400-h286/St.LouisMo1erMai1863.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La pétition du 1er mai 1863<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><br /><br /></span><p></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><span> </span>« Les “révolutionnaires“, comme ils se
nomment eux-mêmes fièrement, dont la théorie et la pratique rejettent tout
principe de droit et d'ordre social, et dont le but avoué est l'abolition
immédiate de l'esclavage, quels que soient les droits constitutionnels de nos
citoyens, sont assistés dans leurs opérations par le commandant du département
militaire du Missouri ». </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le général Samuel R. Curtis,
assurent-ils, par ses Instructions générales du 24 décembre 1862, « autorise
ses officiers à juger du “statut“ du nègre non en vertu des dispositions légales
en vigueur mais par ce qu'il appelle les témoignages disponibles, et donc à recevoir
des affirmations comme une preuve recevable de leur droit à la liberté ». </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le texte poursuit ainsi : « Les
esclaves sont incités non seulement à quitter leurs maîtres, mais à emmener
avec eux chevaux, mules et autres biens à leur gré. Cette politique est
également préjudiciable à l'esclave et au maître, elle trouve des
encouragements continus de la part de ce parti, de notre commandement général
et de la presse qui parle en leur nom. (…) “Nous sommes la Révolution“
n'y est pas seulement leur principe affiché, mais l’esprit et la base mêmes de
leur action. Et à moins qu’on n’y mette promptement un coup d’arrêt, l'histoire
des Révolutions précédentes se reproduira bientôt parmi nous » sous sa
forme « sanglante ».</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Les conservateurs du Missouri, qui
ont déjà eu la peau de Fremont, obtiennent bientôt celle de Curtis que Lincoln,
trois semaines après avoir reçu la pétition, écarte le 24 mai au bénéfice
de <b>John M. Schofield</b>.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibJiIufvzB6cE_vGNBHF6nm-HYF5nYUj2Hf6WnepmP4SWp9hrhfskixML8eGyyIT0f-UScemuFUfywMWyZ7Ygg9W1UqXT46tD3sFXqzl9SomfVTKRPvnvuPKHjYcvRuUQlbLGcMU8FCaeFpznoje0FQXGv1KNK7kxpHKFuZHXa-OHvUl56FbjIfs0A/s800/signatureautographWitzig.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="435" data-original-width="800" height="348" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibJiIufvzB6cE_vGNBHF6nm-HYF5nYUj2Hf6WnepmP4SWp9hrhfskixML8eGyyIT0f-UScemuFUfywMWyZ7Ygg9W1UqXT46tD3sFXqzl9SomfVTKRPvnvuPKHjYcvRuUQlbLGcMU8FCaeFpznoje0FQXGv1KNK7kxpHKFuZHXa-OHvUl56FbjIfs0A/w640-h348/signatureautographWitzig.png" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;">Signature
autographe de JJ Witzig aux côtés de celles d'autres membres du Comité
de sauvegarde : John How, O.D. Filley, S. T. Glover, Jas. O. Broadhead, etc.<br /></span></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Dans la même veine et trois
semaines plus tard, le nouveau gouverneur du Missouri, <b>Hamilton R. Gamble</b>,
nommé à titre provisoire après révocation de Clairborne F. Jackson, réunit au
Capitole de Jefferson City une Convention de l’État censée adopter une loi sur
l’émancipation. Cette Ordonnance sur l’Émancipation, prise le 1<sup>er</sup>
juillet, repousse finalement l’abolition de l’esclavage au 4 juillet 1870.
Jusqu’à cette date, les esclaves demeureront sous le contrôle, et soumis à
l’autorité, de leurs anciens maîtres en tant que domestiques. Au-delà du
4 juillet 1870, les ex-esclaves âgés de plus de 40 ans y continueront
de servir pour le restant de leurs jours ; ceux âgés alors de moins de
12 ans jusqu’à leurs 23 ans ; tous les autres jusqu’au
4 juillet 1876.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">A l’automne, les « Unionistes
radicaux du Missouri », véritable étiquette qu’ils se donnent, réagissent
à l’action des « conservateurs » : ils tiennent des réunions
dans tous les comtés, dont cinquante-sept enverront finalement à Jefferson City
soixante-dix délégués représentant ainsi plus des trois-quarts de la
population. C’est à les en croire, un rassemblement de masse comme cet État
n’en a jamais connu. Le délégué choisi par le comté d’Osage est <b>John G.
McKnight</b>, frère du voisin qui a été le capitaine de Marche dans la garde
territoriale. Marche a-t-il participé à sa désignation et aux débats du
comté ? Avait-il, après sa désertion, retrouvé sa ferme et sa famille ?</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">« Les Radicaux, affirme leur
pétition adoptée le 30 septembre, considèrent que l’institution de
l’esclavage est la cause unique et la raison même de la rébellion, et
convaincus au plus profond d’eux-mêmes que cette institution est totalement
incompatible avec la sauvegarde du pays, ils ont dûment décidé de s’en faire
l’adversaire.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Ils réclament sa suppression
immédiate de l’État du Missouri non seulement pour leur propre bien mais comme
contribution au bien de l’Union, comme étape de son éradication complète et
définitive du sol américain. Ils s’opposent à son abolition graduelle. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Faisant référence à la
proclamation du président Lincoln du 1<sup>er</sup> janvier 1863, émancipant
tout esclave vivant dans une zone rebelle, et déclarant cette émancipation
irréversible, ils continuent ainsi : « Si vous, M. le président, avez
pensé que votre devoir envers le pays pouvait vous conduire à libérer sur
l’heure les esclaves des territoires rebelles, nous ne voyons aucune raison au
monde pour que le peuple du Missouri ne puisse, mû par le même sens du devoir,
extirper aussi immédiatement de son sein l’institution traîtresse et parricide. Les
Radicaux du Missouri souhaitent et demandent dans ce but l’élection d’une
nouvelle convention. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Leur pétition affirme que les
radicaux sont en danger de mort dans l’État ; elle rappelle que le nouveau
chef de la région militaire, le général Schofield, fidèle exécutant de la politique
esclavagiste des conservateurs, a aussitôt édicté un commandement qui restreint
la liberté d’expression et la liberté de la presse ; elle demande son
remplacement par le général <b>Benjamin F. Butler</b>.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Les soixante-dix signataires se
mettent en route pour Washington, où ils confèrent plusieurs heures avec le
président à la remise de leur texte. Le secrétaire du comité, <b>Chas D. Drake</b>,
attend ensuite dans la capitale, jusqu’au 10 octobre, une réponse qui ne
vient pas. Rentré avant lui dans son comté d’Osage, J. G. McKnight fait ce
compte-rendu optimiste à ses délégants : « Les gars, nous avons vu le
Père Abraham et il a prêté l’oreille à notre plainte. » Tous les présents
crient victoire, se congratulent. Marche avec eux ? </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">La décision présidentielle parvient
finalement à Saint-Louis le 19 octobre. Elle peut se résumer par
l’expression alors en vogue : « labourer autour de la souche ». Autant
dire contourner l’obstacle, ne pas s’attaquer à la racine des choses, laisser
en l’état.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Arrivé au terme de son engagement dans
le Second régiment de volontaires d’artillerie le 21 septembre 1863, Weydemeyer,
qui s’exprimait déjà dans les deux journaux germano-américains progressistes de
Saint-Louis, la <i>Westlische Post</i> et la <i>Neue Zeit</i> (Les Temps
nouveaux), — ce dernier lancé en 1862 par <b>George Hillgärtner</b> quand <i>l’Anzeiger
des Westens</i> de Börenstein s’était mis au service de la campagne de Blair
contre les Républicains progressistes du Missouri — peut entrer au comité
éditorial de la <i>Neue Zeit</i>, organe « de l’émancipation générale, du
bien-être et de l’éducation du peuple. » </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">C’est à Saint-Louis en tout cas,
et non dans son comté d’Osage, que Marche est arrêté le 22 janvier 1864
alors qu’il se rendait, dira-t-il, à la prévôté militaire pour y avoir des
nouvelles de son régiment. Dans la capitale économique de l’État, Jean-Jacques
Witzig est devenu l’un des neufs inspecteurs généraux du service fédéral de la
navigation à vapeur, en l’occurrence celui du quatrième district du Mississippi,
basé à Saint-Louis. C’est une fonction fédérale, exigeant nomination par le
président de la République, dotée d’un salaire de 1 500 dollars auxquels
s’ajoutent les frais de déplacement, avec cette prérogative, à compter du
10 mai 1864, de pouvoir exempter de service militaire les capitaines,
pilotes, mécanos, matelots et employés des steamers. <span> </span></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">La prévôté rapatrie Marche au 26<sup>ème</sup>,
alors occupé à la garde de la voie ferrée de Géorgie et d’Atlanta. Il lui en
coûte 30 $ de frais de transport avant de se voir déféré devant la cour
martiale de Huntsville, Alabama, le 30 mars. Marche choisit de se défendre
seul, et il plaide non coupable : « J’attendais, à l’hôpital, qu’on
m’accorde la permission que j’avais demandée ; ma compagnie a fait
mouvement pendant ce temps-là, je n’ai pas réussi à la rejoindre. (…) J’ai été
blessé en 1839 dans l’armée française et, à cause de cette blessure, exempté
ensuite de la conscription. Si je ne me suis engagé que comme roulier, c’est du
fait de cette blessure. » </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">C’est le seul verbatim de Charles
Marche que nous possédions, encore que sa parole soit peut-être ici filtrée et
résumée par le greffe d’une justice pressée. Elle semble correspondre du coup
au laconisme que relevait <b>Hippolyte Carnot</b> à propos de Marche, qu’il
avait rencontré les 25 février et 15 mai 1848. Cette parole n’est
malheureusement ici que factuelle, sans rien ni de politique ni d’intime.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">La cour martiale déclare Marche
coupable, le condamne à rembourser toute solde et indemnité éventuellement
perçues durant la quasi-année de son absence, et à une peine de trois mois de
travaux forcés dans une prison militaire, qui sera celle de Nashville,
Tennessee.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Marche est en prison quand les
Radicaux du Missouri, avant-garde des Républicains radicaux de l’Union, déçus
par la voie qu’emprunte l’administration Lincoln, décident de réunir à
Cleveland le 30 mai 1864, soit avant que la Convention nationale
républicaine ne se tienne à Baltimore, une Convention nationale populaire. Ils
y désignent John C. Fremont comme leur candidat aux présidentielles à
venir. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Weydemeyer, qui s’était mis au
service de Fremont dès la nomination de celui-ci au commandement en chef de
l’Ouest, trois ans plus tôt, fait maintenant tous ses efforts pour que la
désunion dans les présidentielles reste sans conséquence au niveau de l’État du
Missouri et que partisans de Fremont comme de Lincoln y votent pour la liste
radicale, c’est-à-dire pour <b>Fletcher</b>, le candidat au poste de gouverneur
qu’elle présente. La <i>Neue Zeit</i> éditorialise sans relâche sur ce thème
et, début juillet, le <i>Missouri Democrat</i> l’y rejoint.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Sur ces entrefaites, Price envahit
le Missouri, menaçant Saint-Louis. Le 3 septembre 1864, Weydemeyer se réengage
au 41ème Régiment de volontaires d’infanterie, chargé de la défense de la
ville ; il y a rang de colonel. Le 22 septembre, Fremont retire sa
candidature pour préserver l’unité du Parti républicain. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">L’avancée de Price sur Saint-Louis
est stoppée le lendemain à Pilot Knob, dans les montagnes métallifères, terminus
du chemin de fer de l’Iron Mountain, où avait travaillé Witzig. Le général
confédéré perd dans ces « Thermopyles de l’Iron County » dix pour
cent des douze mille cavaliers qu’il a lancés dans son raid.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">C’est le moment où le français <b>Auguste
Laugel</b>, jeune polytechnicien et ingénieur des Mines (il est né en 1830),
après Boston, Detroit et Chicago, arrive à Saint-Louis par le haut Mississippi
(<i>Les États-Unis pendant la guerre (1861-1865)</i>, Paris, 1866.) « La
ville, au premier abord, me parut triste et sale. Les maisons de brique qui avoisinent
le fleuve sont toutes délabrées. Saint-Louis a déjà, dans quelques parties, l'air
d'une vieille ville, bien qu'elle soit entièrement moderne. » De cette
sénescence précoce, il rend responsable l’esclavage qui « en a écarté
l'esprit d'entreprise, l'émigration, le génie industriel. » « Avec
les avantages naturels que possède Saint-Louis, maîtresse du plus grand fleuve
de l'Amérique du Nord, cette ville aurait fait des progrès bien plus rapides,
si elle n'eût été soumise aux énervantes influences de l'esclavage. » Ainsi,
malgré les riches gisements dont elle dispose, à Iron Mountain, à Pilot Knob, d’un
minerai de qualité égale à ceux de Suède ou de Norvège, « peut-on comparer
les forges et les usines à fer du Missouri à celles de la Pennsylvanie ? »
</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Malheureusement, « la population
française de Saint-Louis a été de tout temps et reste encore aujourd'hui
attachée à l'esclavage, aux anciennes traditions coloniales » qui font du « Saint
Louis des Français » une ville « endormie, paresseuse ». « C'est,
je dois le dire, pour un Français un spectacle douloureux que celui de cette population
aimable, riche, estimable, mais, par sa propre faute, presque absolument privée
d'influence. Tandis que tout marche autour d'elle, elle reste et veut rester stationnaire.
Elle ne descend point dans l'arène politique et n'a pas encore fourni à la république
un seul homme d’État. » </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">L’action civique de Marche, de
Witzig, on le voit, se distingue donc en tout point des mœurs majoritaires de
la communauté française. Tandis que Laugel oppose à cette dernière un « Saint-Louis
des Allemands » tout autre, reconnaissant ceux-ci comme « les
défenseurs les plus exaltés de l’Union, les ennemis les plus résolus de l’esclavage »,
« aussi américains, je dirais presque plus Américains que les <i>Yankees</i>. »
Ce qui corrobore ce que l’on a montré jusqu’ici.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le 17 décembre 1864, dans les
trois principaux quotidiens de Saint-Louis, une centaine d’ouvriers imprimeurs se
mettent en grève contre leurs employeurs, qui veulent leur imposer une
diminution de 1,05 $ de leur salaire journalier. Les grévistes expliquent
leur mouvement dans un quatre pages intitulé <i>Daily Saint-Louis Press</i>,
qu’ils transforment en un quotidien paraissant six jours sur sept et diffusé à
vingt mille exemplaires dès la deuxième semaine. Weydemeyer y publie de larges
extraits de l’Adresse inaugurale de l’Association internationale des
Travailleurs, que <b>Marx</b> lui a envoyée à la fin de novembre, accompagnés
d’une introduction regrettant que le manque d’espace en empêche la publication
intégrale. Ce sont ainsi les lecteurs du<i> Daily Saint-Louis Press</i> qui les
premiers en Amérique sauront que « La conquête du pouvoir politique est
devenue le premier devoir de la classe ouvrière. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Pendant que le Missouri subissait
le raid de Price, Marche, sorti de prison, et le 26<sup>ème</sup> régiment
participaient à la campagne d’Atlanta de l’été et de l’automne puis, à compter
du 15 novembre, à la « Marche vers la mer » du <b>général Sherman</b>.
Soixante mille soldats avalaient quatre cent soixante kilomètres de route avant
d’assiéger Savannah entre le 10 et le 20 décembre 1864. C’est là que Marche, la
veille, à Millers Station précisément et sans que sa désertion ne lui porte
préjudice, est « honorablement démobilisé ». Son régiment aura vu
12 % de ses hommes tués ou mortellement blessés au combat et, en y
ajoutant les morts de maladie ou accidentelles, aura eu 30 % de pertes. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Les prisonniers de la Guerre
civile rentrent peu à peu. Le 27 avril 1865, près de deux mille unionistes
libérés remontent le Mississippi sur le <i>Sultana</i>, un vapeur flanqué de
roues à aubes latérales quand, à deux heures du matin, ses chaudières
explosent. Le bateau est alors à sept <i>miles</i> au nord de Memphis. Plus de
la moitié des passagers périssent dans l’incendie qui se déclare, ou se noient
dans l’eau glacée du fleuve. C’est la pire catastrophe navale de l’histoire des
États-Unis.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">L'enquête sur les causes de l’accident
entre dans les attributions de l’inspecteur général Witzig, qui en attribue
l’origine à une réparation défectueuse des chaudières, et la responsabilité
légale au chef mécanicien du bord qui, en ne s’opposant pas au départ du
navire, l’a endossée. Witzig consigne cela dans son rapport puis en témoigne
devant une cour martiale le 17 janvier 1866 et les jours suivants. La licence
du chef mécanicien, <b>Nathan Wintringer</b>, lui est retirée.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le mis en cause envoie alors une
lettre au <i>Missouri Democrat</i>, dont on s’étonne qu’elle soit publiée tant
elle est injurieuse, mais le journal qu’on a connu comme celui de Frank Blair,
collègue de Witzig au Comité de Sauvegarde, est maintenant sur la ligne de
Radicaux qui lui sont hostiles — Blair vient d’ailleurs de quitter le
Parti républicain pour le Parti démocrate. Wintringer dépeint dans sa lettre un
Witzig ivre de bière la moitié du temps, dont l’ivrognerie l’aurait même fait passer
par-dessus bord lors d’un voyage vers Memphis et manqué de peu de le noyer. Il
demande que l’accident soit réexaminé par les deux inspecteurs ordinaires du
bureau de Saint-Louis et assure qu’il se soumettra à leur verdict, quel qu’il
soit.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Les inspecteurs locaux exonèrent
bientôt Wintringer de toute faute, du fait qu’il n’était pas de quart au moment
du drame, tandis qu’ils chargent le mécanicien en second, disparu dans le
naufrage. Sa licence est rendue à Wintringer.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">L’hostilité entre Witzig et ses
subordonnés est-elle née là ? Existait-elle antérieurement et en a-t-elle seulement
été aggravée ? Toujours est-il que dans son rapport au secrétariat fédéral
des Finances pour l’année comptable se terminant au 30 septembre 1866, Witzig
explique que son compte rendu ne peut être que lacunaire, les chiffres du
bureau de Saint-Louis ne lui ayant pas été fournis. Il signale également qu’en
infraction à la règle édictée en juillet par le bureau des inspecteurs
superviseurs de Boston, les deux inspecteurs de Saint-Louis ont accordé des
certificats de conformité à des vapeurs non équipés de la valve de sécurité
verrouillable désormais requise.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Au final, c’est lui qui, au
18 janvier 1867, sera démis de ses fonctions pour « malfeasance in
office », faute grave, ce que l’on ne sait que par la mention qui en est
faite sur le décret de nomination de son successeur, sans connaitre pour autant
les faits précis qui lui ont valu son licenciement.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium;"><span> </span></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">L’annuaire de Saint-Louis pour
1868 réinscrit dans ses pages « Marche, Charles, Engineer [mécanicien], à
l’arrière du n° 21 de la Troisième rue Sud ». Cette adresse, provisoire —
elle va changer dès l’édition suivante pour demeurer stable ensuite — comme la
réapparition dans le répertoire citadin, semblent indiquer que la famille
Marche est de retour en ville pendant la période où se réactualise l’annuaire,
soit vers la fin de 1867. Une parenthèse paysanne de dix ans, déjà interrompue
par la guerre et le service aux armées, se clôt définitivement. Peut-être
Marche vient-il saisir la chance d’une croissance industrielle qui, durant la « Reconstruction »,
aura été de plus de 75% entre 1865 et 1873, et voit Saint-Louis rivalisant avec
Chicago pour le titre de capitale du chemin de fer. </span></p><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjV_MmMOzZOU3RSIZncaDKZII_EsazzlHxOm-EkFKKetKDYRHhpoO5mkeT5509ykuwUjLaTTrgKkRMBGoCmLtOqsTPcjU-SXE_HcS9M8FpoXX9EIIx-PgqdjjXmKdsZAQAmvg241DByvtElSFDtWL1dPrS_5LuJYZjiqAPPtwgDupRtB089UODZUApP/s1012/naturalMarchescan.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="323" data-original-width="1012" height="204" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjV_MmMOzZOU3RSIZncaDKZII_EsazzlHxOm-EkFKKetKDYRHhpoO5mkeT5509ykuwUjLaTTrgKkRMBGoCmLtOqsTPcjU-SXE_HcS9M8FpoXX9EIIx-PgqdjjXmKdsZAQAmvg241DByvtElSFDtWL1dPrS_5LuJYZjiqAPPtwgDupRtB089UODZUApP/w640-h204/naturalMarchescan.jpg" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Obtention par Marche de la nationalité américaine. Malheureusement, ces certificats ne sont pas signés par le récipiendaire.<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><br /> </span><p></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">C’est finalement en ville et non à
travers la colonisation agricole que Marche s’enracine aux États-Unis : le
25 août 1868, il obtient la nationalité américaine à titre militaire, le
certificat mentionnant son « enrôlement dans l'armée » et sa « démobilisation
honorable ». Il dépose en même temps une demande de naturalisation pour
son fils aîné, Charles Victor Eugène. Son voisin Antoine Combe, rentré lui
aussi à Saint-Louis où il tient maintenant pension de famille au 39 Walnut
Street, en fait autant le 9 décembre. Pour la génération des pères, cette
décision marque sans doute l’abandon de toute idée de retour en France, mais
aussi, depuis le lointain exil, un dernier rejet de l’usurpateur du 2-Décembre :
l’acte de naturalisation stipule que le bénéficiaire « refuse à jamais la
moindre allégeance ou fidélité à quelque autre pouvoir, prince, état ou
souverain que ce soit et, dans le cas présent, à l’empereur de France dont il
est aujourd’hui le sujet. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">L’annuaire de l’année suivante
montre que l’ancien mécano de la Chapelle, parti de sa ferme à cause des
ravages de la guerre, par inaptitude agricole ou pour profiter du boom économique,
et l’ancien mécano d’Étampes, licencié de son poste administratif important,
ont tous deux repris le chemin de l’atelier. Charles Marche est <i>finisher</i>
(finisseur) chez Collins & Holliday, fabricants de machines à vapeur et de
chaudières fixes et mobiles, scies et moulins à vapeur, laminoirs et
grenailleuses, etc. Jean-Jacques Witzig est <i>patternmaker</i> (concepteur)
chez Jacob Felber, fabricant de machines à bois. Mais ils ne sont plus
voisins : Witzig est toujours dans la Troisième rue Sud, mais maintenant
au numéro 813 ; les Marche sont au 621 de la Cinquième rue Nord : Charles
Jr, le fils aîné, y fabrique des fleurs artificielles à domicile, Eugène, le
cadet, est chapelier chez Joseph Schiller and Co.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le foyer compte un cinquième
enfant, Marie, dont le recensement de juin 1870, qui lui donne « 4 ans »,
montre qu’elle est née juste au sortir de la Guerre civile, au second semestre
de 1865 ou au premier de 1866. La mère et sa fille aînée font elles aussi des
fleurs artificielles.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">John J. Witzig, dernier de ses
engagements civiques, contribuera comme <i>assistant marshal</i> à ce recensement-là,
qui le montre, à 48 ans, pourvu d’un patrimoine mobilier de 500 $,
toujours mécanicien, habitant du 4ème quartier avec sa femme, Eugénie (41 ans),
et leurs enfants Léon (15 ans), Adèle (9 ans) et Julie (8 ans). </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">C’est au retour des Marche à
Saint-Louis que des Français et francophones, anciens Icariens et quarante-huitards
créaient, le 20 octobre 1868, l’Union républicaine de langue française
(URLF). C’est à l’appel de Saint-Louis que New York répondait cinq mois plus
tard par une puis deux sections, sans compter celle de Newark, avant de lancer
un <i>Bulletin</i> pour « rallier en un faisceau », à l’échelle des
États-Unis, tous les partisans de la République universelle et sociale sans
exclusive.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">La section de Saint-Louis se
réunit maintenant tous les premiers dimanches de chaque mois à 15 heures, dans
la salle des Druides, au coin sud-ouest de Park avenue et de la Septième rue.
Elle y prépare depuis trois mois le vingt-deuxième anniversaire du 24 février
1848, que célèbreront avec elle l’association dite <i>Camp Fremont</i>, ou
encore <i>Poste français de la Grande Armée de la République</i>, qui regroupe
d’anciens combattants unionistes de la Guerre Civile, et le <i>Club français</i>.
Huit cents personnes sont présentes ce jour-là. Se peut-il que Marche, que Witzig,
n’y soient pas ?</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">— De l’autre côté de l’Atlantique,
contrepoint saisissant aux tribulations américaines de Marche, on peut lire
dans le « bulletin des travailleurs », la rubrique spécialisée de
la <i>Marseillaise</i> d’<b>Henri Rochefort</b>, ce 23 février 1870,
une demande d’emploi émanant de <b>François Ramonnet</b>, l’ami mécanicien-tourneur
de chez Cavé que Marche était passé chercher à son domicile, le dimanche
16 avril 1848, pour la manifestation du Champ-de-Mars et la pétition à l’Hôtel
de Ville. On constate au bas de l’annonce que Ramonnet, depuis leur compérage
de 1848, durant ces vingt-deux ans donc, n’a jamais bougé, lui, du 19 rue de
Jessaint, à La Chapelle, toujours son adresse. —</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Presque autant de monde qu’en février
pour l’anniversaire de la Deuxième, se retrouve en septembre en l’honneur de la
nouvelle et Troisième République qui vient d’être proclamée. Et quelques-uns, partant
rejoindre la « défense nationale » face aux Prussiens, transitent par
Saint-Louis. <b>Charles Sardou</b>, par exemple, l’un des pionniers de Topeka, qui
laisse sa ferme que le tout récent recensement estime à 22 000 $ pour
déposer dès le 26 septembre, à New York, sa demande de passeport pour la France. Son
témoin dans cette démarche est <b>Pierre Alphonse Gerdy</b>, bottier et
marchand de cuir qui s’est occupé dès la déclaration de guerre et donc avant le
retour de la République, d’organiser la solidarité avec le pays natal.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Dans les trois ans qui suivent le
crash financier de 1873, la moitié des sociétés de chemin de fer font faillite.
Les patrons des compagnies licencient le tiers de leurs ouvriers et baissent
les salaires de ceux qui restent, tout en augmentant leur charge de travail et
en ne les employant plus que de manière intermittente. A la mi-juillet 1877, les
cheminots répondent à cette attaque sans précédent par une grève qui se répand
dans le pays comme une traînée de poudre. Le samedi 21 juillet, elle touche East
St. Louis, c'est-à-dire </span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;">Illinoistown,</span> partie industrielle de l’agglomération mais commune à part entière, séparée de Saint-Louis par le Mississippi. East St.
Louis rassemble sur son territoire le nœud ferroviaire, qui répartit en
particulier le charbon des mines de l’Illinois, de nombreux parcs à bestiaux et
les conserveries de viande qui vont avec, etc. Les cheminots qui entrent en
grève décident de bloquer le trafic marchandises et de lui interdire l’unique
pont sur le Mississippi qui, trois ans plus tôt, a permis le raccordement du
chemin de fer transcontinental. Ils font rapidement débrayer toutes les
entreprises de la ville, et c’est au comité de grève que le maire d’East St.
Louis, <b>John Bowman</b>, quarante-huitard allemand, remet le soin de l’ordre
public et de la sécurité des biens industriels occupés.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><b>Otto Weydemeyer</b>, le fils de
Joseph (mort en 1866 du choléra), a créé l’année précédente avec des membres de
feue la Ière Internationale et quelques autres petits groupes, le Workingmen’s
Party of the US (WPUS), qui compte à Saint-Louis un millier de membres, à
soixante pour cent allemands. Le dimanche 22, les grévistes d’East St. Louis,
réunis en meeting à la gare de triage, voient arriver de l’autre côté du
Mississippi quelque cinq cents membres du WPUS, la moitié du parti !, qui débarquent
du ferry en chantant la <i>Marseillaise</i>. Monté sur le wagon plateforme qui
sert de tribune, l’un des arrivants délivre aux grévistes ce message qui semble
une reprise de l’Adresse inaugurale de l’AIT que Weydemeyer père publiait douze
ans et demi plus tôt : « Messieurs, vu que vous avez le nombre, tout
ce que vous avez à faire est de vous unir autour de cette seule idée que c’est
le travailleur qui doit diriger le pays. Ce que fait l’homme lui appartient, et
ce pays a été fait par les travailleurs. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Les grévistes votent pour la
restauration de leurs salaires au niveau de 1873.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le lendemain soir, le WPUS réunit
au marché Lucas de la Douzième rue, en plein cœur de Saint-Louis, quatre à cinq
mille personnes. Une délégation de cinq membres, dont un afro-américain du nom
de <b>Wilson</b>, y est désignée pour rencontrer le maire <b>Henry Overstoltz</b>,
tout aussi allemand que son collègue de l’autre rive mais issu, lui, d’une
famille patricienne de Cologne, et déjà établi à Saint-Louis antérieurement à
1848. Le porte-parole élu de cette délégation sera le dirigeant de la section
anglaise du parti, un Danois du nom de <b>Peter Lofgreen</b>, diplômé de
l’université de Copenhague, avocat. Né juste avant 1848, il est de la même
génération qu’Otto Weydemeyer, né en 1849, ou que celui qui s’adresse en ce
moment à la foule en allemand, <b>Albert Currlin</b>, secrétaire de la section germanique
du WP, la plus nombreuse, qui est né, lui, en 1853 et arrivé aux États-Unis assez
récemment.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">On aurait aimé, à l’heure où une
grève du chemin de fer embrase les États-Unis, pouvoir y situer l’ancien
cheminot d’Étampes et l’ancien cheminot de la Chapelle. A défaut, leurs
enfants, qui sont de cette génération des «<span class="q4iawc"> héritiers
intellectuels et politiques de Sigel et Weydemeyer », comme l’écrit <b>Walter
Johnson</b></span>. On sait seulement que Jean-Jacques Witzig est décédé. On
l’a trouvé une dernière fois dans l’annuaire de 1871, mécanicien, sans
indication d’appartenance à une entreprise ; en 1875, il y était remplacé par
sa veuve, Eugénie, couturière. Leur fils Léon, employé quatre ans plus tôt, étant
alors encaisseur.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Charles Marche (depuis longtemps
Marsh), toujours mécanicien, sans indication d’employeur, est enregistré par le
même annuaire au 1008 de la Dixième rue Nord ; Eugène, le cadet, toujours
chapelier, vit au domicile paternel, tandis que l’aîné, Charles Junior, semble
s’être associé avec Edwin A. Anthony dans la société « E. A. Anthony &
Co, confiseurs, vente en gros de noix, fruits, conserves et feux d’artifice » ;
il en est détaché, à ce moment-là, dans l’État de New York.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Le 24 juillet, la grève est déjà
quasi générale à Saint-Louis, les tonneliers, les garçons de journaux, les
ouvriers du gaz, ont été les premiers à s’y joindre, avec les dockers et
soutiers des vapeurs du Mississippi, quasi-tous africains-américains. À Lucas
Market, le soir, le meeting compte déjà dix mille personnes quand mille cinq
cents mouleurs et mécaniciens le rejoignent, fifre et tambour en tête, marchant
à quatre de rang, barre de fer ou de bois à l’épaule pour certains. Un Comité
de grève d’une cinquantaine de membres, où domine le WPUS, y fait adopter une
résolution qui, le lendemain, sera distribuée par toute la ville en anglais et
en allemand :</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">« Comme la condition d’un
nombre immense de personnes réduites au chômage forcé, et les grandes
souffrances pour faire face aux nécessités de la vie que provoque le monopole aux
mains des capitalistes, l’assemblée appelle de façon pressante les classes ouvrières
à une action rapide et, pour éviter l’effusion de sang ou la violence, à la
grève générale de toutes les branches de l’industrie pour obtenir la journée de
huit heures de travail : elle demande au législateur de promulguer
immédiatement une loi des huit heures, assortie de sanctions sévères pour sa
violation, ainsi que l’interdiction du travail des enfants de moins de
14 ans. La grève ne cessera qu’à la satisfaction de ces revendications. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Quand un représentant des ouvriers
des quais, un Africain-Américain, a demandé à la foule, la veille,
« Serez-vous à nos côtés sans vous soucier de la couleur de
peau ? », le meeting a répondu : « Nous le
serons ! » Et le 25, effectivement, c’est Blancs et Noirs mêlés qui
vont imposer aux capitaines des steamers une augmentation des salaires de 50%.
Mais quand, dans l’après-midi, ce sont des Africains-Américains qui se
retrouvent un moment en tête du cortège qui sillonne durant trois heures les
rues de la ville, Currlin et d’autres membres de son parti s’inquiètent de l’éventuel
effet de cette présence aux yeux des travailleurs blancs. Et alors que le
Comité de grève représente maintenant la réalité du pouvoir à Saint-Louis — les
grévistes, qui laissent circuler les trains de voyageurs, encaissent eux-mêmes
le prix du billet ; c’est au Comité de grève que <b>Belcher</b>, le patron
de la raffinerie sucrière du même nom, vient demander la permission de rouvrir
pour 48 heures, de sorte que quelques tonnes de sucre en attente ne soient
pas gâchées — il décide de suspendre toute manifestation de rue, défilés comme
meetings, pour cacher, Currlin l’avouera plus tard, ces Noirs trop visibles. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Les quelque deux mille personnes
qui se réunissent spontanément à Lucas Market le 26 au soir sont de ce fait
livrées à elles-mêmes, et quand un Africain-Américain inconnu y tient une harangue
passionnée, un membre du WPUS, l’Irlandais <b>Henry Allen</b> va dénoncer ce « discours
incendiaire » à la police et en obtient la permission de procéder lui-même
à l’arrestation de « l’agitateur »… qui aura fui avant son retour.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Les grévistes ne font donc plus quotidiennement
l’épreuve de leur nombre ni de leur force. Le vendredi 27, à trois heures, cinquante
policiers montés chargent sans relâche la petite foule en attente de consignes
autour de Schuler’s Hall, le QG du Comité. Derrière les chevaux, deux lignes de
police à pied, baïonnettes au canon, six cents membres d’une milice citoyenne
armée par la municipalité et le patronat, des éléments de la Garde Nationale. Deux
pièces d’artillerie sont disposées pour croiser leurs feux sur la façade, au
coin de la Cinquième et de Biddle Street. L’assaut du bâtiment de trois étages
est lancé, une vingtaine de personnes s’échappent par les toits,
soixante-treize sont arrêtées : quarante-six Allemands, quatorze natifs,
cinq Irlandais, un Français. C’en est fini de ce que la presse locale appelait
la Commune de Saint-Louis, en référence à celle de Paris. On a eu là « la
dernière image, que l’on saisit dans l’éclair du flash et qui s’éteint avec
lui, de ce qu’était la promesse démocratique de l’ère de l'abolition »,
écrit encore Walter Johnson dans <i>The Broken Heart of America: St. Louis and
the Violent History of the United States</i>.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Peut-être à la demande de Blanqui
récemment libéré et qu’il héberge depuis le mois de juin 1879, le <b>Dr
Lacambre</b> tente de rassembler des informations sur les vieux camarades
dispersés. Le 19 août, lui parvient une lettre de <b>Louis Meyer</b>, qui fut
pion en même temps que lui à la pension Chataing et comme lui membre de la
Société des Saisons dès la fin des années 1830, quarante ans plus tôt. Une
lettre que <b>Maurice Dommanget</b> résume ainsi : « Pour échapper à
la répression, il [Marche] émigra en Amérique. Là-bas, non perdu de vue par les
blanquistes, il était encore en 1879 à la tête d’un établissement
agricole. »<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[1]</span></span></span></span></a></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Ces renseignements sont sans doute
arrivés jusqu’au 43 rue de Rivoli, cabinet du docteur, par les communards
blanquistes, assez nombreux, réfugiés aux États-Unis postérieurement à la
Semaine sanglante, après on ne sait combien et quels intermédiaires. Ils sont
tout à fait erronés : à la date, Marche a quitté sa ferme depuis une
douzaine d’années. S’il a toujours été « non perdu de vue par les
blanquistes », c’était tout de même d’assez loin. Parmi ceux qui sûrement avaient
été les mieux renseignés, sans être pour autant blanquistes, Caussidière est mort
depuis dix ans et Jean-Jacques Witzig depuis cinq. Marche, lui, a toujours été
empêché par son illettrisme d’entretenir une correspondance.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Dans ces conditions, que l’on ait
encore de ses nouvelles — fussent-elles anciennes — alors qu’il avait mis un
océan entre la France et lui un quart de siècle plus tôt, à quoi il avait rajouté
quinze cents kilomètres de terre ferme jusqu’à un district encore innommé dans
un <i>Border-State</i> du <i>Midwest</i>, manifeste que « cet intrépide et
audacieux ouvrier qui, dans la journée du 25 février [1848, était] parvenu, par
son énergique langage, à arracher, séance tenante, le fameux décret relatif à
l'organisation du travail », comme on avait pu le lire dans la presse
trois mois plus tard, n’était pas, en dépit de l’historien de Harvard, <b>Donald
Cope Mc Kay</b>, « après cette unique apparition, retourné dans l’oubli ».
</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Au recensement de 1880, Charles
Michel Marche, mécanicien, habite toujours la 13ème rue à Saint-Louis. Sa femme
est décédée durant la décennie écoulée, il vit maintenant avec une veuve
Irlandaise de 52 ans. Seule la petite Marie, 14 ans, écolière, vit
encore au foyer.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">En octobre 1889, Charles Marsh,
comme est orthographié son nom depuis longtemps, quitte Saint Louis pour le
Foyer national des combattants volontaires invalides de Leavenworth, sur la
rive gauche du fleuve Missouri qui fait ici frontière avec le Kansas. Il y
meurt de vieillesse le 23 mars 1893. Il est enterré au cimetière militaire de
la ville. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><div><span style="font-size: medium;"><br clear="all" /></span>
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size: medium;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[1]</span></span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> Maurice Dommanget, <i>La
Révolution de 1848 et le drapeau rouge </i>(éd. Spartacus, mars 1948)</span></span></p>
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size: medium;"> </span></p>
</div>
</div><span style="font-size: medium;">
</span><p><style><font size="4">@font-face
{font-family:Wingdings;
panose-1:5 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:77;
mso-generic-font-family:decorative;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 -2147483647 0;}@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073697537 9 0 511 0;}@font-face
{font-family:Consolas;
panose-1:2 11 6 9 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:modern;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:-520092929 1073806591 9 0 415 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoFootnoteText, li.MsoFootnoteText, div.MsoFootnoteText
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Note de bas de page Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:10.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}span.MsoFootnoteReference
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
vertical-align:super;}a:link, span.MsoHyperlink
{mso-style-priority:99;
color:#0563C1;
mso-themecolor:hyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
color:#954F72;
mso-themecolor:followedhyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}pre
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Préformaté HTML Car";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
tab-stops:35.4pt;
font-size:10.0pt;
font-family:Consolas;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoListParagraph, li.MsoListParagraph, div.MsoListParagraph
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoListParagraphCxSpFirst, li.MsoListParagraphCxSpFirst, div.MsoListParagraphCxSpFirst
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoListParagraphCxSpMiddle, li.MsoListParagraphCxSpMiddle, div.MsoListParagraphCxSpMiddle
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoListParagraphCxSpLast, li.MsoListParagraphCxSpLast, div.MsoListParagraphCxSpLast
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}span.NotedebasdepageCar
{mso-style-name:"Note de bas de page Car";
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Note de bas de page";
mso-ansi-font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:10.0pt;}span.PrformatHTMLCar
{mso-style-name:"Préformaté HTML Car";
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Préformaté HTML";
mso-ansi-font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:10.0pt;
font-family:Consolas;
mso-ascii-font-family:Consolas;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-hansi-font-family:Consolas;
mso-bidi-font-family:Consolas;
mso-fareast-language:FR;}span.acopre
{mso-style-name:acopre;
mso-style-unhide:no;}span.q4iawc
{mso-style-name:q4iawc;
mso-style-unhide:no;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}ol
{margin-bottom:0cm;}ul
{margin-bottom:0cm;}</font></style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-18909490105705125672022-04-22T15:28:00.007+02:002022-05-16T23:11:12.469+02:00MARCHE VS L’AMÉRIQUE II. Les quarante-huitards français à New York<p>
</p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;">MARCHE VS
L’AMÉRIQUE <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>II. Les quarante-huitards
français à New York</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOxRHkWSF0QUPhKzmhSAubY4BqRwDgiP67bFw4iB0aG_m7JOo_FwtIzl1yKFlpsmn3ucAYwa6wl_Efg6gz22wbhYzXdxLyBzshcABUEcdjUzeUMKIyTiD19FyavAIbrMkJT9Dl-znV1hFsqmuJytuz7ItX_EELgLVXttciqFjAVJThVjHqBHwIYXNA/s809/ListepassMarche.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="382" data-original-width="809" height="189" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOxRHkWSF0QUPhKzmhSAubY4BqRwDgiP67bFw4iB0aG_m7JOo_FwtIzl1yKFlpsmn3ucAYwa6wl_Efg6gz22wbhYzXdxLyBzshcABUEcdjUzeUMKIyTiD19FyavAIbrMkJT9Dl-znV1hFsqmuJytuz7ItX_EELgLVXttciqFjAVJThVjHqBHwIYXNA/w400-h189/ListepassMarche.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Chas, diminutif de Charles, March sans e final, et il a 34 ans! <br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr></tbody></table><br />Quand la famille Marche arrive à
New York, le 14 juin 1853, seuls une cinquantaine d’autres Français débarquent
avec elle. C’est bien peu pour ne pas se sentir perdu au milieu du demi-million
d’habitants de Manhattan. Les résidents français y sont moins de six mille. Les
quarante-huitards y publient pourtant depuis cinq semaines un quotidien de
langue française, voisin immédiat, au 17 Spruce street, des prestigieux <i>New
York Times</i> et <i>New York Tribune</i>, <i>Le</i> <i>Républicain</i>, que dirigent
<b>Jean Souvy</b> et <b>Eugène Quesne</b>. Ce dernier, évadé de Cayenne avec deux compagnons,
avait réussi à monter sur un brick américain descendant le Suriname. A
l’embouchure du fleuve, un capitaine de vapeur français, ayant eu vent de la
présence des fugitifs, avait voulu se les faire livrer ; le consul
américain, pour s’y refuser, s’était dit prêt à recourir à la force des armes.<p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">La république américaine est donc
plutôt bienveillante aux républiques déchues de l’Europe, à leurs bannis,
exilés, fugitifs et proscrits. En septembre 1849, New York avait accueilli déjà
avec une impressionnante pompe militaire, entre l’Université et l’Hôtel de
Ville, le général <b>Giuseppe Avezzana</b>, retour d’un an de combats, commandant de
la Garde nationale de Gênes, puis ministre de la Guerre de la République
romaine, l’homme qui avait nommé Garibaldi général.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><b>Garibaldi</b>, justement, Manhattan avait
pu voir souvent, entre le 30 juin 1850 et le 28 avril 1851, la petite
barque à voile de ses loisirs forcés, qu’il avait construite avec son ami
<b>Meucci</b>, peinte en vert, en blanc et en rouge, et baptisée du nom de son
chapelain, <b>Ugo Bassi</b>, fusillé par les Autrichiens.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le 5 décembre 1851, entre Staten
Island et le port de New York, le steamer amenant <b>Kossuth</b> avait été salué par une
salve de trente-et-un coups de canon partant de Governors Island, à laquelle
répondaient cent-vingt coups tirés de la rive du New-Jersey, avant les hourras
de deux cent mille personnes poussés par des accents hongrois, italiens,
français et, très majoritairement, allemands.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Kossuth avait quitté New York le
14 juillet 1852. Le 6 mars 1853, c’est <b>Alessandro Gavazzi</b> qui y accostait,
prédicateur barnabite, grand ami d’Ugo Bassi, et aumônier du « Bataillon
italien de la mort » dès la création de celui-ci par Garibaldi, le 18
juillet 1848. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7Q41gquvmFPP-Xkw6jq7PISMIgmZ7qUUvyddEqzFpfUsIRKeW31UstGzCVjHbI6cK-ZXK4FNFRl-RKbMFJQRh994oSNwAcy6KDVbIQj4LLaJkrW976fMUMNlJUzsUZ9pcdBcF6QqDsvbIDHBqiRTE1UpuaT-T47yLobJbOJ3CGrXd1wslNMvXkFRG/s800/listePassCausidie%CC%80re.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="383" data-original-width="800" height="154" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7Q41gquvmFPP-Xkw6jq7PISMIgmZ7qUUvyddEqzFpfUsIRKeW31UstGzCVjHbI6cK-ZXK4FNFRl-RKbMFJQRh994oSNwAcy6KDVbIQj4LLaJkrW976fMUMNlJUzsUZ9pcdBcF6QqDsvbIDHBqiRTE1UpuaT-T47yLobJbOJ3CGrXd1wslNMvXkFRG/w320-h154/listePassCausidie%CC%80re.jpg" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Sur la liste des passagers de l'<i>Africa</i><br /></td></tr></tbody></table>Le 14 mars, <b>Marc Caussidière</b>
débarquait de ce même steamer <i>Africa</i> sur lequel était reparti <br />Kossuth,
dix jours après l’investiture du nouveau président américain, <b>Franklin Pierce</b>.
Il était porteur de Bons de souscription d'1 franc émis par la Commune
révolutionnaire, à placer auprès des républicains locaux, et de l’adresse <i>Au
peuple américain</i> qu’il avait signée à Londres avec Pyat et Boichot. Cette
adresse, ils l’avaient rédigée précisément après que l’élection du 2 novembre
1852 eut choisi Pierce « dans les rangs de la pure démocratie ». Or
« Les Whigs disaient : Chacun pour soi ; les Démocrates
disent : Chacun pour tous. C’est la politique d’intervention. »
Caussidière, sous ses habits de marchand de vins et spiritueux, vient donc
demander rien moins qu’une intervention :<span style="mso-spacerun: yes;">
</span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">« Intervenez donc ! le
Nouveau-Monde doit secourir l'ancien ; la jeune Amérique doit relever la
vieille Europe, sa mère. Le culte des parents a toujours été honorable et utile
aux enfants. Intervenez ! car notre pauvre continent n'est plus qu'un cirque
païen, un cirque sanglant où vos aînés sont livrés aux bêtes pour le plaisir
des Césars. Intervenez, si vous ne voulez nous suivre tôt ou tard dans l'arène.
Le devoir, c'est l'intérêt. Intervenez, car ce n'est pas tout de vaincre la
nature, de dompter la matière, de maîtriser les éléments. Il y a pour votre
courage herculéen d'autres ennemis, d'autres obstacles, d'autres monstres à
vaincre. Les tyrans sont les ennemis du genre humain. Intervenez donc
immédiatement, spontanément. Le temps presse, prenez, prenez vite l'initiative.
Devancez, préparez votre gouvernement, s'il se peut. N'attendez pas l'action
officielle qui n'en sera que plus puissante après vos sympathies. Serrons-nous
la main ! Les monarchies ont des alliances ; pourquoi pas les
démocraties ? Les rois eux-mêmes nous ont appris la sainte-alliance des
peuples. L'alliance de la France et de l'Amérique, mais c'est la liberté du
monde, c'est la liberté invincible faisant le tour des deux hémisphères,
éclairant, échauffant, fécondant et vivifiant, comme le soleil, le globe
entier ; c'est la République démocratique et sociale universelle. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Bien que Caussidière ne soit pas arrivé
dans un but politique, croit savoir le <i>New York</i> <i>Herald</i>, ses amis
lui avaient préparé un grand banquet pour le samedi suivant, mais les
inscriptions ont été si nombreuses qu’il a dû être reporté à une date
ultérieure. Du coup, le premier acte public de l’ex-préfet de police sera
l’enterrement d’<b>Hercule Raveneau</b>, longtemps président du Comité démocratique
français. La procession est colorée de drapeaux rouges et si, sur le chemin du cimetière
de la Baie, sa fanfare joue des marches funèbres, au retour, après les éloges
funèbres prononcés par Caussidière et <b>Morel</b>, c’est à la <i>Marseillaise</i>
qu’elle se consacre.</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Comme il le faisait déjà à Londres
et à Jersey, Caussidière mêle harmonieusement commerce et politique, et ses
tournées serviront l’un et à l’autre. Il s’est domicilié commercialement chez
A.C. Rossire & Co, grosse maison de commerce du sud de Manhattan,
12 Beaver street, à deux pas du Bowling Green et du commencement de
Broadway. Représentant exclusif des champagnes Delbeck & Lelegard, c’est
sans doute avec un ravissement ironique qu’il souligne dans ses publicités du <i>New
York Herald</i> que cette maison a été « fournisseur de l’ex-roi Louis
Philippe et de la cour de France ».</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Débarquant trois mois après son
« ami intime », on peut supposer que Marche a trouvé pour lui et sa
famille le terrain préparé.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Caussidière agrège rapidement la communauté
des proscrits, dont il prend la tête. L’écho en arrive à Paris par le <i>Journal
des Débats</i> du 4 Mai 1853, reprenant le <i>New York Herald</i> :
« Les démocrates français de New-York se sont réunis en grand nombre
samedi dernier 30 avril pour procéder à l'élection d'un comité permanent. MM.
Caussidière, Morel, Quesne, <b>Martinache</b> et <b>Campdoras</b> ont été élus au premier
tour de scrutin à une grande majorité. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Caussidière mis à part, ils n’ont
pas participé, à Paris, à la Révolution de février 48 ; ce sont des
résistants au coup d’État de décembre 1851, des quatre coins de la province. Campdoras,
chirurgien de 3e classe de la marine, a quitté son bâtiment mouillé dans le
port de Saint-Tropez pour se mettre à la tête de l’insurrection, piller les
armes de la mairie de Gassin, village voisin du golfe, et marcher sur
Draguignan. Le Dr Martinache avait accepté, en espérant ainsi la garantir, de
présider la plus grosse coopérative lilloise (1 200 sociétaires en 1850),
que le préfet souhaitait dissoudre. Au coup d’État, il avait dû fuir par la
Belgique. C’est à Nancy qu’Eugène Quesne, ancien rédacteur du <i>Travailleur</i>
et du <i>Républicain de la Moselle</i>, avait été condamné à la déportation,
transporté à Lambessa, Algérie, puis à Cayenne, d’où il s’était évadé.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">L’adresse « Au Peuple
américain » se diffuse par voie de presse : le 7 mai 1853, c’est le <i>Courrier
des Opelousas</i>, journal français de la petite ville de Louisiane, qui la publie.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">En exil depuis déjà cinq ans,
c’est à New York que Caussidière apprend, ce 22 juillet 1853, que dans
l’affaire de la Commune révolutionnaire, pendante depuis ces arrestations
d’avril, qui peut-être ont précipité le départ de Marche, il est condamné, et
avec lui <b>Félix Piat</b>, <b>Jean-Baptiste Boichot</b>, <b>Louis Avril</b> et <b>Jean-Baptiste
Rougée</b>, à 10 ans de prison et 6 000 francs d’amende.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">L’actualité newyorkaise reste arrimée
à celle de l’Europe : on s’y passionne maintenant pour l’affaire Koszta.
Ce républicain hongrois, partisan de Kossuth, réfugié aux États-Unis et en voie
de naturalisation, s’est trouvé pour affaires à Smyrne. Il y a été arrêté par
les Grecs et livré aux Autrichiens qui l’ont mis aux fers sur l’un de leurs
navires. Les protestations du consul américain sont restées vaines. Sur ces
entrefaites, une corvette de la <i>navy</i>, l’<i>USS</i> <i>Saint Louis</i>,
vient à mouiller à Smyrne. Son capitaine, <b>Duncan Ingraham</b>, se fait conduire
auprès du prisonnier. La question qu’il pose à <b>Martin Koszta</b> tient en peu de
mots : </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">— Avez-vous demandé la protection
des États-Unis ? </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">— Certainement. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">— Eh bien vous allez en mesurer
l’effet ! </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Là-dessus, il se tourne vers les
Autrichiens pour leur dire que si d’ici quatre heures leur prisonnier
n’est pas à son bord, il ouvrira le feu.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le 20 août, c’est à l’appel de
Campdoras, Caussidière, Martinache et Morel, que des délégués allemands, polonais,
italiens se réunissent au Shakespeare Hotel, sur William Street pour préparer un
hommage solennel au nouveau héros de tous les républicains de New York :
Ingraham. Campdoras est élu à la tête du comité de préparation chargé de lui
obtenir aussi une médaille d’or du Congrès.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSyJtMcBqqDGWXUQWie_8DBd0WU88h6q-Z6Ricfhu6Ilq0VcNO9BJehTL1f4qpWJLZ2HTysXijfTWHoAmyTtBLjL6Wl-JX0OMcV_IuuysaWtiKDF38pPRcpKMva0DfchJcBFqlzM26D2g7I_LFtLyFnk-D9PI4dp_dIOKn2D7vQNqF4BBxv0umLD6o/s800/Metropolitan1850Convent.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="601" data-original-width="800" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSyJtMcBqqDGWXUQWie_8DBd0WU88h6q-Z6Ricfhu6Ilq0VcNO9BJehTL1f4qpWJLZ2HTysXijfTWHoAmyTtBLjL6Wl-JX0OMcV_IuuysaWtiKDF38pPRcpKMva0DfchJcBFqlzM26D2g7I_LFtLyFnk-D9PI4dp_dIOKn2D7vQNqF4BBxv0umLD6o/w640-h480/Metropolitan1850Convent.png" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Metropolitan Hall, un jour de convent franc maçon<br /></td></tr></tbody></table><br /><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le 22 septembre, jour
anniversaire de la proclamation de la Première République française, cinq mille
personnes se pressent au Metropolitan Hall, la salle du 624 Broadway, « sans
rivale dans le monde pour le nombre des sièges et le luxe de la décoration », à
en croire le <i>Putnam's Monthly</i>.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">A droite de la tribune, la
bannière de la République romaine, où s’inscrit la devise mazzinienne <i>Dio e
Popolo</i> (Dieu et le Peuple) ; à gauche, celle de la Hongrie proclame,
en magyar : Justice, Liberté, Égalité ; entre les deux, les étendards
de Cuba, de la Pologne, des États-Unis. Sur une large banderole, l’assurance
que donna le capitaine Ingraham à Martin Koszta : “Do you claim the
Protection of the United-States ? Then you shall have it !“ Un autre
calicot affiche : “Liberté civile et indépendance religieuse partout dans
le monde.“ Quand le porteur français d’un drapeau rouge, frappé du triangle
noir égalitaire et de la devise républicaine “Liberté, Égalité, Fraternité“,
soulignée par “Union socialiste“, « entra dans la salle, écrit le <i>New York
Daily Times</i> du lendemain, le public fut en proie à une frénésie insensée.
Jamais homme n’a connu accueil plus chaleureux. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">On écoute le sénateur <b>John P.
Hale</b>, candidat malheureux du parti abolitionniste à l’élection présidentielle
de novembre précédent ; le patriote cubain <b>Porfirio Valiente</b>, membre de la
Junte révolutionnaire repliée à New York ; <b>Conrad Schramm</b>, de la Ligue des
Communistes de Marx et Engels et leur proche ami. Une lettre de Garibaldi est
lue ; Padre Gavazzi est là.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Pour les quarante-huitards
français, l’orateur n’est pas Caussidière, dont les Montagnards, ceinture rouge
à la taille et bonnet orné du triangle égalitaire, avaient été à l’époque comme
enroulés dans ce drapeau même qui vient de susciter le délire de la salle ;
ce n’est pas non plus Marche, l’ouvrier qui a dicté « ce décret où le
Gouvernement provisoire, à peine formé, s'engageait à assurer l'existence des
travailleurs par le travail, à fournir du travail à tous les citoyens,
etc. » La parole est donnée au vétérinaire et poète <b>Félix Vogeli</b>, de
Chartres, condamné à l’expulsion de France pour avoir « tenu, dans la soirée du
3 décembre [1851], des discours en public dont l'effet immédiat a été de porter
les populations à insulter grossièrement les autorités. » Il s’est établi
à New York depuis déjà un an.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">La réunion se termine par l’hymne
national polonais, puis par la <i>Marseillaise</i>. La salle entière se lève à
ses échos, mains et mouchoirs s’agitent au-dessus des têtes, vivats ; on
escalade la tribune pour déployer dans l’air tous les drapeaux qui la décorent.
Le <i>Yankee doodle</i> clôt définitivement la soirée.</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">L’entrée politique de Caussidière
dans la société newyorkaise a eu lieu le 6 septembre lors de la
célébration par les « Gardes Lafayette » de l’anniversaire de
naissance du Héros des deux mondes, sous le patronage duquel cette milice
urbaine est placée depuis 1820. Le banquet se tient à Elm Park House, dans ce
qui est alors le village de Bloomingdale et aujourd’hui à peu près l’angle de
Columbus avenue et de la 91ème rue. Quelqu’un porte un toast « Au citoyen Caussidière »,
relate le <i>New York Times</i> ; la salle applaudit chaudement. Il se
lève, remercie pour l’accueil qui lui est fait. Il dit qu’à l’avenir, comme par
le passé, il sera guidé par les impératifs du devoir. « Mais la France,
ajoute-t-il, n’est plus la république. Nous avons suivi l’exemple des
États-Unis, nous avons confié au président quatre années de pouvoir ; il détient
entre ses mains l’entièreté de la puissance publique ; il l’a utilisée
pour détruire la liberté. La France est aujourd’hui piétinée ; mais elle
se relèvera ; elle lavera la tache du 2 Décembre. Ces évènements ne
sont encore ni connus dans tous leurs détails ni complètement compris. La
France a été conquise par surprise, de nuit, pendant son sommeil. Elle n’a pas
prêté la main à sa propre ruine. Elle a été trahie par des hommes
corrompus ; les hommes au pouvoir se sont parjurés pour la détruire. Pour
ce qui est de nous, nous ne pouvons faire mieux qu’une guerre de propagande,
jusqu’à ce que nous soyons en état de recourir à des moyens plus décisifs.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">L’Angleterre est en danger. Les
despotismes cherchent à s’unir pour mettre à bas sa constitution ;
ensuite, si ce pays reste sans réaction, nous serons attaqués à notre tour et
traînés dans la poussière. Dans l’intérêt de leur propre sécurité, l’Angleterre
et l’Amérique doivent soutenir leur unique ami : la démocratie de l’Europe
continentale. C’est par cette démocratie, et par cette démocratie seulement,
que l’Europe et l’Amérique seront sauvées. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le <i>Républicain</i> diffuse
alors les mêmes analyses : le tsar Nicolas de Russie et Louis Napoléon
Bonaparte seraient secrètement alliés ; toutes les chancelleries d’Europe
auraient pour principe directeur la haine de l’Angleterre et des États-Unis. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">De même qu’à Londres la <i>Commune
révolutionnaire</i> entretenait des liens étroits avec l’association
d’éducation ouvrière des exilés allemands, l’<i>Arbeiterbildungsverein</i>,
avec les socialistes polonais ou les chartistes d’Ernest Jones, quand
l’association des proscrits français se formalise, c’est dans la perspective
d’une union des démocrates de toutes les nations, que résume son titre :
Société de la république universelle. A sa fondation, le 8 octobre 1853, aux
noms déjà cités lors de la préfiguration du 30 avril, s’ajoutent <b>Bacarisse</b>,
ancien avoué ayant « pris part aux troubles qui ont eu lieu dans
l'intérieur de Marmande » et condamné à l’expulsion par la commission
mixte du Lot-et-Garonne, et des membres d’une émigration pré-républicaine,
datant des dernières années 1830 : <b>Pierre Gerdy</b>, cordonnier, déjà naturalisé
américain depuis janvier, ou <b>Bernard St-Gaudens</b>, un autre cordonnier, parti
après son tour de France de compagnon, ayant passé dix ans à Londres puis à
Dublin pour débarquer finalement à Boston à l’automne 1848. Il est nommé
trésorier de cette SRU qui va s’étendre sans trop de difficultés aux villes de
la Louisiane historique, celles qui ont gardé le français dans leur nom :
La Nouvelle Orléans et Saint Louis.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">« Un Socialiste Américain »,
<b>Albert Brisbane</b>, « dont les parents possèdent des terres dans la proximité
de Nauvoo et qui a des renseignements très exacts sur ce pays », donnait
ainsi son avis au <i>Populaire</i> du 15 avril 1849 : « Je crois
devoir répéter, en terminant, que je considère la ville de Nauvoo comme un
point très favorable, le climat en est sain, et le pays défriché. Il est arrosé
par un fleuve magnifique qui vous met en relation directe avec l’Océan, et par
conséquent avec la France. On peut y acquérir à bon marché des fermes en pleine
culture, et on a l’agrément d’habiter le voisinage de Saint Louis, ville
importante, d'origine française, et qui possède encore beaucoup de Français. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Cette verticale du Mississippi,
qui est alors la frontière ouest d’une Union à trente-et-un États, après
laquelle il n’y a plus que des « territoires » jusqu’à la lointaine
Californie, là-bas, sur le Pacifique, quarante-cinq Icariens, partis du Havre
le 8 septembre 1853 sur le <i>Sea Queen</i> avec cent-vingt autres Français et,
majoritairement, des Badois, Bavarois, Hessois, Wurtembergeois, Suisses sans
compter quelques Savoyards, sont en train de la remonter.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><b>Jean Veniger</b>, 61 ans, est mort
durant la traversée ; les six Yunger font défection à l’arrivée à
Saint-Louis, le 19 novembre. Les rescapés atteignent trois jours plus tard Keokuck,
terme du service fluvial remontant, où ils attendent les charriots et le bateau
à fond plat de la colonie, et ce n’est que le 23 novembre que Cabet peut présider
à leur admission dans la communauté de Nauvoo.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Tandis qu’à New York, le <i>Républicain</i>
ouvre ses colonnes à deux transfuges qui arrivent de la colonie icarienne.</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Si à Saint Louis le tiers de la
population parle le français selon <b>Louis Cortambert</b>, installé là depuis 1840 et
qui s’apprête à y lancer un hebdomadaire de langue française, <i>la Revue de
l’Ouest</i>, les Allemands, vingt fois plus nombreux que les Français ici comme
à New York, ont l'<i>Anzeiger des Westens</i> (l’Indicateur de l’Ouest), qui
est non seulement quotidien mais aussi le plus fort tirage de la presse locale
toutes langues confondues !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Pour l’anecdote, l’<i>Anzeiger</i>
est dirigé par deux hommes qui ont été, en 1844, les deux premiers
propagandistes « marxistes » de Paris : <b>Heinrich Börnstein</b>, et <b>Karl
Ludwig Bernays</b>. Le second, collaborateur de ces <i>Annales franco-allemandes</i>
de <b>Karl Marx</b> et <b>Arnold Ruge</b>, qui n’auront eu qu’un numéro, rue Vaneau, avait
pris début juillet la direction du <i>Vorwärts</i>, écho des « nouvelles
de Paris concernant les arts, les sciences, le théâtre, la musique et la vie
sociale », publié par Börnstein et le compositeur <b>Meyerbeer</b> à l’angle de
la rue des Moulins et de celle des Petits-Champs, dans le quartier des
théâtres, et en avait fait un organe politique radical où se côtoyaient Marx,
Engels, <b>Heine</b>, <b>Bakounine</b> et on en passe…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Ce sont les puissants journaux des
<i>Acht-und-vierzigers</i>, des quarante-huitards allemands, qui dès que le
nonce du pape a posé le pied sur le sol américain ont posé la question : “Wo
ist Monsignor Bedini ?“, Qui est Mgr Bedini ?, pour répondre :
« le Boucher de Bologne », celui qui, gouverneur de la ville, a livré
aux Autrichiens — ou, à tout le moins, les a laissé fusiller sans intercéder en
sa faveur, le patriote garibaldien Ugo Bassi.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Outre l’<i>Anzeiger</i>, Börnstein
est également président de la Société allemande des hommes libres, trois cents
membres à Saint Louis, deux centres sociaux et scolaires, deux cent
quarante-sept élèves, enseignement gratuit pour les plus pauvres, pas plus de
50 cents par mois pour les autres.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">C’est du Freeman’s Hall, siège de
la société homologue de Cincinnatti, sur Vine Street au-dessus de la 12<sup>ème
</sup>rue, que le 24 décembre 1853, part le cortège en direction de
l’archevêché dont Bedini est l’hôte. « Une police hors-la-loi, — ce sont
les mots du correspondant local du <i>New York Tribune</i>, — charge violemment
le défilé pacifique et le moindre Allemand stationnant sur les
trottoirs. » Elle fait un mort, le jeune <b>Eggerling</b>, quinze blessés, dont
un ancien membre du conseil municipal, M. Stolz, et fourre en prison
soixante-trois personnes. « La vraie émeute, c’était celle des
policiers », conclut l’article.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">1854 s’annonce comme une année archétypique
de la vie républicaine française à New York, qui va de la célébration de
l’anniversaire de 1848 à celui de 1792. Entre les deux, la <i>Revue de l’Ouest</i>
de Saint Louis aura écrit, dans son numéro du 3 juin, « Si nous
demandons le mot qui résume le mieux l’histoire et le génie de la France, tout
le monde répondra : Révolution. »</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le 24 février, donc, pour
l’anniversaire de l’avènement de la Deuxième République, un défilé de quelques
centaines de Français, Italiens, Cubains, Espagnols, Allemands, Hongrois, Slaves
et Polonais part avec drapeaux, insignes et fanfare du tout nouveau siège de la
SRU, 80 Leonard Street (entre Church et Broadway). La salle de réunion s’en
orne, en très gros caractères, d’un vers des <i>Châtiments</i> que <b>Victor Hugo</b> écrivit
à Jersey en octobre 1852, de cette absolution qu’y donne au tyrannicide
Harmodius la Conscience : </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">“TU PEUX TUER CET HOMME AVEC
TRANQUILLITÉ“. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">On va de là, par l’Hôtel de Ville,
le City Hall, au siège du <i>Républicain </i>qui, au 17 Spruce Street, est
dans le quartier des journaux, à l’égal du <i>New York Times</i> et du <i>New York
Tribune</i>. Puis l’on gagne le Shakespeare Hotel, sur William street, pour une
réunion et un banquet de deux à trois cents personnes. Avezzana, Caussidière,
<b>Rodriguez</b>, de Cuba, <b>Maggi</b>, de Rome et le Polonais <b>Spartzec</b> y discourent chacun
dans sa langue, à l’exception notable de M. Rose qui parle quatre langues à la
fois ! On porte des toasts « A l’abolition de la royauté en Europe et
de l’esclavage aux États-Unis ! », « A Barbès, le Bayard de la
démocratie ! », « Aux patriotes de Cuba ! » etc.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">De tous les présents, seuls
Caussidière et Marche ont été sur les barricades de Février. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">En septembre, peut-on lire dans la
presse, « l’anniversaire de la proclamation de la République française de 1792
a été célébré par quelques-uns des résidents français de notre ville, parmi
lesquels Marc Caussidière, le Préfet de Police de Paris en 1848. Les
participants sont partis ensuite en excursion vers Staten Island. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><b>Joseph Déjacque</b> ne figurait sans
doute pas dans les participants. La petite colonie newyorkaise ne l’avait probablement
pas vu arriver au printemps sans quelque malaise, spécialement Caussidière, qui
le connaissait de Londres et de Jersey. Deux ans plus tôt, le 24 juin 1852,
au quatrième anniversaire donc des massacres de juin, les exilés londoniens
enterraient au cimetière d’Hampstead le cordonnier <b>François Goujon</b>, victime de
ses conditions misérables d’existence. <b>Ledru-Rollin</b>, <b>Louis Blanc</b>, Caussidière,
Félix Pyat, Nadaud, <b>Pierre</b> et <b>Jules</b> <b>Leroux</b>, <b>Greppo</b>, <b>Martin Bernard</b>, tous
ex-représentants du Peuple, qui ont conduit le cortège s’apprêtent à se séparer
quand — on laisse <b>Gustave Lefrançais</b>, dans ses <i>Souvenirs d’un
révolutionnaire</i>, raconter la suite —<i> </i>« Tout à coup émerge
un homme, jeune encore et pourtant déjà presque chauve, la figure hâve et
blafarde, au regard à la fois triste et narquois, véritable type enfin de
prolétaire parisien. Le colleur de papier, Déjacque, le poète des misérables,
relie cette scène à l’anniversaire de Juin 1848 et lance, aux mitrailleurs des
prolétaires, cette vigoureuse apostrophe : “Alors, comme aujourd’hui, / En Juin
quarante-huit, / C’était jour d’hécatombe ; (…) Aujourd’hui, comme alors,
assassins et victimes / Se trouvent en présence ! / Ceux qui nous
proscrivaient, à leur tour sont proscrits. (…) Le coup d’État de Juin, ce
vampire anonyme, / En vous, tribuns, en vous, bourgeois, s’est incarné, / Et
Décembre n’en est que l’enfant légitime.“ »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Déjacque avait réitéré à Jersey, le
26 juillet 1853 — Caussidière n’y était plus mais les nouvelles circulent entre
les deux rives de l’Atlantique — lors des obsèques de la proscrite Louise
Julien, morte à 38 ans. Prenant la parole après Victor Hugo, qui a clos
son éloge funèbre d’un « Vive la République universelle », (soit le
nom exact de cette SRU newyorkaise que l’ex-préfet de police a contribué à créer),
le colleur de papiers peints explique que poursuivre la réalisation du rêve de
<b>Louise Julien</b> « c’est d’employer au service de la révolution sociale, au
triomphe de l’idée égalitaire, la pensée et la parole, le bras et l’action,
l’encre et le salpêtre. », ce qu’il résume d’un « Vive la république
démocratique et sociale ! »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Hugo en avait pris quelque
ombrage : « Ici, nonobstant une décision prise à la presque
unanimité, le Déjacque que vous connaissez a cru devoir parler après
moi », écrit-il à <b>Victor Schoelcher</b> le 2 août. « J’ai déclaré à
la proscription que, puisqu’elle ne savait pas faire respecter ses décisions,
je ne consentirai plus à me faire le porte-voix de tous. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">La Société de la République
universelle accepte cependant de prêter la salle de ses séances au trublion pour
une lecture publique de sa<i> Question révolutionnaire</i>, un texte rédigé à
Jersey les années précédentes. Mais la lecture n’en est pas plutôt faite que la
SRU s’en désolidarise par un communiqué envoyé au <i>Républicain</i> :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">« La Société de la République
universelle <i>la Montagne </i>désirant faciliter autant qu’il est en son
pouvoir la propagande républicaine, a décidé qu’elle prêterait la salle de ses
séances, chaque fois que la demande lui en serait adressée par une société
démocratique n’ayant pas de lieu fixe de réunion, ou lorsqu’un citoyen
désirerait faire une lecture ayant pour but le développement des principes
républicains.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Conformément à cette résolution,
le citoyen Joseph Déjacque a été admis à lire, devant un nombreux auditoire, un
travail sur la question révolutionnaire.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Dans ce travail se trouvent émises
des pensées anti-sociales contre lesquelles les membres de <i>la Montagne</i>,
à l’unanimité, ont résolu de protester énergiquement. Loin de <i>faire la
guerre à la civilisation </i>par des moyens criminels, ils veulent préparer la
réforme des abus et activer la marche bienfaisante de la civilisation, en
prenant toujours pour point de départ et pour but l’équité et la fraternité. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Quand, quelques semaines plus
tard, Déjacque publie son texte dans une brochure vendue 25 cents, il le
fait précéder du communiqué de la SRU et de la réponse qu’il lui a donnée :
« Sans doute la religion, la famille, la propriété, le gouvernement sont
votre arche sainte, et cela ne me surprend pas. Sans gouvernement, vous ne
pourriez espérer de places de préfets ou de commissaires de police » — on
voit que Caussidière est visé ici individuellement mais, finalement, les
dirigeants de la Montagne le seront tous — « sans la religion, enfin,
vous n’auriez pas un tas de gens crétinisés pour vous regarder sans rire quand
vous passez en procession par les rues de New York ou que vous posez
superbement dans votre salle des séances déguisés en représentants de l’autre Montagne,
celle à 25 F par tête. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">[Une indemnité de 25 francs par
jour pour la durée de la session parlementaire avait été décidée le 5 mars 1848
pour que chacun, et plus seulement les possédants, puisse être député. Un
ouvrier gagnait alors 1,50 à 2 francs par jour. Déjà le 13 mai, lors d’une
première manifestation de soutien à la Pologne sur les boulevards, on avait
lancé aux députés : « <i>A bas les 25 francs</i> ! » Victor Schoelcher, faisant
l’<i>Histoire des crimes du 2 décembre</i>, écrira en 1852 :
« Les gagistes du suffrage universel, les vingt-cinq francs ! ainsi
nous appelaient follement quelques-uns même de nos propres amis. »]</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Sur le fond, Joseph Déjacque
tranche ainsi la <i>Question révolutionnaire</i> : « Le droit au
travail, voilà ce qui, dans les formules de 48, a le plus vivement impressionné
les prolétaires. Voilà le coin qui, à défaut de la sape, pénétrera dans les
entrailles de la propriété et finira par en avoir raison. Mais il ne s’agit
pas, comme en Février, de le proclamer en principe, il faut le décréter
matériellement, le solidifier, lui donner un corps (…) Déclarer crime et délit
l’exploitation de l’homme par l’homme. (…) Que celui qui aura un atelier, des
outils, s’il ne l’occupe, s’il ne les fait fonctionner seul, soit tenu de
s’associer ceux qui travailleront avec lui. (…) Capital ! monstre aux
nerveuses rapines, ton heure a sonné aussi au cadran de la réprobation
publique, et tu n’échapperas point au harpon du droit au travail ! Puisse
la propriété personnelle qui t’a vomi ne pas échapper quelque jour au même
destin, et l’humanité se baigner bientôt librement dans les ondes bleues de la
communauté ! » </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">N'est-ce pas là ce que <b>Lamartine</b>
appelait « le programme de l’impossible » en le prêtant à Marche :
« l’extermination de la propriété, des capitalistes, la spoliation,
l’installation immédiate du prolétaire dans la communauté des biens, la
proscription des banquiers, des riches, des fabricants » ? </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Entre Caussidière et Déjacque, de
quel côté penche Marche ? Quelle part prend-il à ces débats si l’entretien
d’une famille de quatre enfants lui en laisse la possibilité ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">L’annuaire newyorkais pour 1854-55
a dans ses colonnes Déjacque, Joseph, “poseur de papier peint“, au bout de la
rue Laurens (devenue ensuite West Broadway), donnant sur le canal (auj. Canal
street), ce bout que l’on appelle la <i>rotten row</i>, la rangée pourrie,
antre de voyous notoires, entre taudis et bordels. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Caussidière, Marc, “imprimeur“ — (il est membre
en effet du comité directeur de l’Imprimerie démocratique française, nouvel
éditeur du Républicain) — est au 15 Pine Street (l’emplacement actuel du Trump
building !). Du mécanicien Marche, nulle trace.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Depuis le printemps, New York
discute de l’ouverture à la colonisation des territoires à l’ouest du fleuve
Missouri. Le gouvernement fédéral avait déplacé là les Indiens des plaines
vivant à l’Est du Mississippi, qu’il va maintenant pousser plus loin, vers
l’Oklahoma, pour ouvrir la voie au chemin de fer transcontinental. Deux
nouveaux États doivent naître à terme de la colonisation, le Kansas et le
Nebraska. La loi prévoit que le choix de l’esclavage ou de la liberté y sera réservé
à la « souveraineté populaire ». Les abolitionnistes de Nouvelle
Angleterre y voient l’opportunité d’empêcher le futur Kansas d’adopter
l’esclavage où le voisinage du Missouri le pousserait : il suffit d’y
envoyer un grand nombre d’émigrants adeptes de la liberté. Un homme politique
du Massachussetts, <b>Eli Thayer</b>, lance dans ce but sa « croisade du
Kansas » dès la mi-mai. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le <i>Kansas-Nebraska Act</i> est
promulgué fin mai ; à mi-juillet, la <i>New England Emigrant Aid Company</i>,
société d’aide à l’émigration, voit le jour sous le slogan :
« Scieries à vapeur et Liberté ». La société, outre un accompagnement
des volontaires dans toutes leurs démarches puis à toutes les étapes du
parcours, construira pour leur arrivée dans ces terres vierges trois scieries
et un moulin à farine. Des réunions publiques se tiennent à New York et dans toutes
les villes de Nouvelle Angleterre ; le <i>New York Tribune</i> d’<b>Horace
Greeley</b> — l’un des fondateurs du nouveau parti républicain —, et le <i>New York
Evening Post</i> de William <b>Cullen Bryant</b> sont mis à contribution. Le 20
juillet, quatre cents émigrants du Massachussets arrivent à Saint Louis,
Missouri ; le 1<sup>er</sup> août, l’établissement de Wah-ka-ru-sa est
fondé à une quarantaine de kilomètres en amont de Kansas City. (L’<i>Emigrant
Aid Company</i> le baptisera bientôt Lawrence, du nom de son principal bailleur
de fonds.)</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Deux proscrits français au moins,
newyorkais de fraîche date, partent pour le Kansas dans cette atmosphère-là. Le
premier, <b>Gilbert Billard</b>, 38 ans, est un agriculteur de l’Allier, arrivé
après son évasion de Cayenne et rejoint à New York par son épouse, Antoinette,
et leurs deux fils Charles et Julius. Le second, <b>Charles Sardou</b>, ouvrier
bouchonnier de 30 ans, ayant échappé à la répression de la journée
insurrectionnelle hyéroise du 5 décembre 1851 par sa fuite à Nice (alors partie
du royaume sarde), a débarqué à New York à la fin de janvier 1854, avec
Joséphine, son épouse et leur fils, né pendant la traversée et qu’ils ont
baptisé Freeman. Si l’on en croit une encyclopédie du Kansas passablement
farfelue, ils seraient les premiers blancs à avoir posé le pied, dès le
28 août, sur des terres situées elles aussi sur la rive du Kansas mais quarante
kilomètres plus en amont de Wah-ka-ru-sa, que neuf agents prospecteurs de l’<i>Emigrant
Aid Company</i> ne découvriront qu’au mois de novembre. Ce sont ces derniers
qui lui donneront son nom : Topeka.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">La colonisation se passe
ainsi : on repère un endroit favorable, on le délimite, sachant qu’on a
droit à 160 acres au plus, on s’y installe de façon évidemment sommaire parce
qu’on est au milieu de nulle part, et on file en revendiquer la possession
auprès du bureau foncier quand il s’en sera établi un. Ensuite, on attend,
souvent plusieurs années, que le cadastre soit légalement établi et que le
gouvernement vous vende à 1,25 $ l’acre, assortie d’un titre de propriété,
la terre que vous squattiez jusque-là. Entretemps, il aura fallu évidemment
s’en éloigner le moins possible, éventuellement la défendre par les armes. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le 9 octobre 1854, le <i>New
York Daily Times</i>, concurrent du <i>Tribune</i>, publie un reportage :
son correspondant vient d’effectuer le trajet Saint Louis - Kansas City en
compagnie d’<b>Andrew Reeder</b>, nommé gouverneur du territoire pour y mettre en
œuvre la loi Kansas-Nebraska. Il faut alors trois jours de navigation sur le <i>Polar
Star</i>, le plus rapide des vapeurs, pour atteindre la ville de
600 habitants, tête de pont de l’<i>Emigrant Aid Company</i>. Là comme à
Wah-ka-ru-sa, le journaliste se voit au regret de l’écrire, la situation n’a
rien à voir avec la <i>couleur du rose</i> (en français dans le texte), sous lequel
la compagnie la dépeignait. Les promesses faites à ses <i>protégés</i> (idem)
n’ont pas été tenues. Le groupe qu’il voit débarquer du <i>Banner State</i> lui
rappelle malheureusement les Irlandais tout aussi désemparés sur un quai de New
York, abandonnés aux aigrefins qui les plument. Après dix jours de voyage, des
dépenses de route plus élevées qu’annoncées, des proches ou des bagages restés
en arrière, on ne leur propose qu’un hôtel malpropre à 1 dollar et 25 cents
par jour quand ils étaient censés trouver un hébergement à 1 dollar et demi la
semaine ! A Wah-ka-ru-sa, ce n’est pas beaucoup mieux, la compagnie s’y est
réservée les meilleurs terrains tandis qu’à côté éclatent d’aigres conflits. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Alors le journaliste y va de ses
conseils : si la compagnie vous propose des billets à prix réduits,
prenez-les mais voyagez individuellement ; munissez-vous de toutes les
provisions nécessaires au voyage et, à l’arrivée, soyez prêt à leur filer entre
les doigts. Suivent des conseils pratiques : le train New York – Saint
Louis, par Buffalo et Chicago (ligne de la rive du lac), coûte 27 $ pour un
trajet d’environ deux jours ; on y trouve des repas à 50 cents, mais les
correspondances ne sont pas toujours respectées, ce qui peut entraîner des
frais d’hôtel. De Saint Louis à Kansas City, c’est 10 à 12 $ selon la rapidité
du bateau, repas compris ; certains vapeurs ne partent que lorsqu’ils sont
complets. Le meilleur hôtel de Saint Louis est à 2 $ par nuit. Pour finir,
sachez que les gens du coin sont plutôt hostiles aux abolitionnistes, qu’ils traitent
de « voleurs de nègres ».</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Billard et Sardou, partis sans
leurs familles, ont certainement écrit ; leurs lettres ne sont pas
connues. On a, en revanche, celles adressées à son épouse, à Meadville,
Pennsylvanie, par <b>Cyrus Kurtz Holliday</b>, l’un des neuf prospecteurs de la <i>Company</i>,
les 10, 24 et 31 décembre 1854. Il en ressort qu’à Topeka, ils sont trente
en tout, des hommes uniquement, dans les cabanes sans fenêtres qu’ils se sont bâties
comme ils ont pu. Il porte la même chemise depuis deux semaines, dort tout
habillé avec bottes et chapeau, enroulé dans deux couvertures et une peau de
bison, sur un peu de paille étalée. Trois fois par jour, la même pitance : bouillie
de gruau, mélasse et bacon, mêlés de beaucoup de poussière. Mais le climat est
très agréable, il n’y a pratiquement pas eu de gel, à peine de neige ; il
vient de passer toute la semaine, la dernière de décembre, en bras de chemise.
Il a déposé une revendication sur une parcelle, il en espère une issue
favorable.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le gouverneur Reeder est passé par
Topeka le 9 décembre, poursuit Cyrus Kurtz Holliday, et il a eu des mots très
encourageants. Ils espèrent une scierie à vapeur pour bientôt, ce qui leur permettrait
de construire de vraies maisons. Lui a été élu président de leur
association pour le premier semestre de l’année prochaine. Il redoute des
problèmes possibles avec les Missouriens…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Ces problèmes vont en effet se
concrétiser rapidement sous la forme des <i>Border ruffians</i> (les Bandits
frontaliers), qui vont mener des raids d’intimidation pour tenter d’imposer
l’esclavage.</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Marche n’a pas participé à ce
grand mouvement pour instaurer la liberté par l’émigration agricole. Mais parce
que le 25 février 1848, lors de son irruption fracassante dans la réunion du
gouvernement provisoire, il était porteur d’une pétition rédigée par un
« rédacteur de la Démocratie pacifique », et qu’on a pu le penser
« fouriériste », peut-être est-il toujours attentif à ce qui touche ce
mouvement ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le 6 septembre 1854, le <i>New
York Times</i> publie une lettre de l’associationniste <b>Marx Edgeworth Lazarus</b>.
Le jeune médecin, familier du phalanstère de Brook Farm, près de Boston,
jusqu’à ce qu’un incendie mette fin à son existence, et assidu maintenant du
North American Phalanx du New Jersey, s’indigne de l’arrestation et de
l’incarcération par la police belge de Victor Considérant. Comment est-il
possible que le chef de l’école sociétaire, qui ne se soucie plus de politique
européenne, tout tendu qu’il est vers son départ pour les États-Unis où il doit
établir la colonie dont il vient de tracer les fondements, en avril, dans sa
brochure,<i> Au Texas</i>, ait été ainsi jeté en prison ? Seule hypothèse vraisemblable :
on aura mal interprété l’achat de fusils dont Albert Brisbane lui avait
recommandé de faire provision pour parer à toute attaque éventuelle de bandes
de Comanches.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Considérant était en effet,
l’année précédente, au moment où Marche arrivait à New York, parti explorer, en
compagnie d’Albert Brisbane, l’introducteur du fouriérisme en Amérique, qui, en
1834, prénommait son premier fils Charles Fourier, et du major <b>Merril</b>, de
l’armée américaine, des sites d’établissement possibles. De Cincinnati, en
descendant l’Ohio puis le Mississipi et en remontant la <i>Red River</i>, ils
étaient parvenus au nord-ouest du Texas, qui l’avait enthousiasmé. Il avait
aussi rencontré des anciens de <i>Brook Farm</i>, le pasteur <b>John Allen</b> et sa
jeune épouse Ellen (sœur cadette de Marx Lazarus), qui avaient prénommé leur
fils de son nom : Victor Considérant. C’est dire s’il était attendu. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtF8e02Bj81Z2J5_eJx_-IvLlvfLeZLVibJVhyy_raipu6ALjixTQYQdXqFa33Aio-JMMIoUZL9dIngsNdXG0g__fFLkm-hNPbZ5v9RrSlpUIeWjGqVMZtoKVlS0OLEH75g3o9Ef5K9TTiSuy1JNbKVTceuC96SKxljERCpROoAVInD8TNB-Q1p8Bh/s800/AuTexas.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="586" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtF8e02Bj81Z2J5_eJx_-IvLlvfLeZLVibJVhyy_raipu6ALjixTQYQdXqFa33Aio-JMMIoUZL9dIngsNdXG0g__fFLkm-hNPbZ5v9RrSlpUIeWjGqVMZtoKVlS0OLEH75g3o9Ef5K9TTiSuy1JNbKVTceuC96SKxljERCpROoAVInD8TNB-Q1p8Bh/s320/AuTexas.png" width="234" /></a></div><br />Retour à son exil belge, la
librairie phalanstérienne avait publié <i>Au Texas</i>, et le 2 rue de Beaune,
à Paris, enregistrait les souscriptions.<p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Au sortir de ses neufs jours d’encellulement,
Considérant rédigeait, le 30 août 1854, <i>Ma justification</i>, se
terminant par ces mots : « ALLONS-NOUS-EN ! ALLONS-NOUS-EN BIEN
VITE !... », et par ce « P. S. : Voilà quelques vingt ans
que nous nous ruinons à <i>répandre nos idées</i>… Nous allons maintenant nous
enrichir, — et éclairer le monde, — en les <i>semant en bonnes terres</i>. Quand
les Civilisés verront que le Phalanstère est une <i>bonne affaire</i>, soyez
tranquilles, sa fortune dans le monde sera bientôt faite… Mais chut ! ceci
est entre nous… Attention à ne leur en dire pas plus, sur ce point, que <i>de
nos noms et de nos adresses</i> !... »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Sa détention avait retardé le
départ de ses éclaireurs : <b>François Cantagrel</b>, fondateur de la <i>Démocratie
pacifique</i>, député, insurgé du 13 juin 1849, réfugié en Belgique et condamné
par contumace à la déportation, et le jeune étudiant en médecine belge <b>Edmond
Roger</b>, parlant l’allemand et un peu d’anglais.</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le 28 septembre 1854, des
délégués de l’<i>Ouvrier Circle</i> (américains), de l’<i>Arbeiterbund</i> (“Fédération
des travailleurs“, nouvelle organisation socialiste allemande), du <i>Turnerbund</i>
(société gymnique et culturelle), de la <i>Freie Gemeinde</i> (libre-penseurs),
de la <i>Free Democratic League</i> (abolitionnistes), de la <i>Social Reform</i>,
de la <i>Democratic Union</i> (naturalisés), des Démocrates cubains et polonais ;
les sections italienne et française de la République universelle, cette
dernière étant l’hôte, tiennent leur réunion bimensuelle dans la salle au
slogan tyrannicide du 80 Leonard street. Le <b>colonel Forbes</b> y attire l’attention
sur la lettre envoyée par le Comité d’aide aux réfugiés politiques en
Angleterre, signée de Victor Hugo, du docteur <b>Jacques Barbier</b>, de l’ex-député
romain <b>Luigi Pianciani</b>, du polonais <b>Zeno Swietoslawski</b> et du hongrois <b>Sandor
Téléki</b>. Un M. Wiechel dit que pareille lettre montre que Hugo sait peu de
choses des États-Unis. <b>Benjamin F. Price</b> explique qu’il faudrait lui écrire que
nombre d’Américains natifs comme lui-même, et pas seulement des réfugiés
étrangers, traînent dans les rues en se demandant comment ils vont payer leur
garni. Ce serait une grave erreur de croire qu’ici, indépendamment des riches,
tous ont leurs besoins satisfaits.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">On décide qu’un projet de réponse
sera soumis à la prochaine assemblée.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le colonel Forbes en donne lecture
le 11 octobre. On y explique que se développe dans tout le pays une puissante
organisation de natifs, connue sous le nom de <i>Know Nothing</i>, qui a pour
but de priver les étrangers des droits dont ils jouissent actuellement. Le projet
de réponse cite un éditorial expliquant qu’un grand nombre d’immigrants s’en
retournent en Europe, parfois sur le même bateau qui les a amenés, du fait des
conditions de travail, de la cherté des prix comparés au niveau des salaires, de
l’hostilité envers les immigrants qu’ont suscitée les <i>Know Nothing</i>. Telle
est la vérité crue.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">La lettre se fait encore plus
didactique : une fois énoncé que la place d’un homme politique est au plus
près du champ de bataille, sous-entendu pour Hugo et les autres en Angleterre, les
Américains rappellent que les pionniers agricoles trouveront certes dans leur
pays de la terre à bas prix, mais qu’il faut attendre au moins un an pour en récolter
les fruits ; et comment écouler sa production, acheter vêtements ou tout autre
bien quand il n’y a pas de marchés à proximité, en l’absence de tout moyen de
transport ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Concernant les ouvriers, les bras qui
cherchent un travail sont plus nombreux ici que les travaux en attente. Avec la
récession qui frappe le pays, cet hiver, il n’est pas rare que l’ouvrier natif
lui-même, malgré ses relations, reste sans emploi. Comment un réfugié politique,
ignorant jusqu’à la langue, en trouverait-il un ? </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">On évoque ensuite l’esprit
américain, celui des pionniers fondateurs luttant pour la survie matérielle,
« qui a semé le chacun pour soi sur ce sol vierge où seules la fraternité
et la philanthropie auraient dû s’enraciner » ; le poids des clergés,
naturellement conservateurs, opposés à la moindre critique de l’autorité dans
quelque domaine que ce soit. Enfin l’esclavage, qui va occuper tout le restant
de la lettre.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">« L’emprise de l’esclavage se
fait sentir sur le moindre recoin du territoire, y compris ceux dont il est
censément exclu. Sans l’esclavage, ce pays serait le plus progressiste et le
plus puissant que le monde n’ait jamais connu. (…) Les États libres, à eux
seuls, s’ils n’étaient entravés par les États esclavagistes, pourraient par
cette proclamation : “Liberté pour tous“, dissiper les ténèbres qui
recouvrent l’Europe et apporter la délivrance aux peuples opprimés. Mais aussi
longtemps que la Liberté restera engagée dans une alliance contre nature avec
l’esclavage, il ne faut s’attendre à aucun altruisme envers les libéraux qui
ont fui la persécution de leur pays. Si quelque mouvement révolutionnaire
commençait à poindre et s’il s’avérait suffisamment fort pour laisser espérer
sa victoire, alors il se peut que la partie la plus éclairée et la plus
généreuse de la population pût contribuer à fournir une aide matérielle, en
dehors du gouvernement des États-Unis, duquel aussi longtemps qu’il demeure
sous l’emprise de l’esclavage, rien de bon ne peut venir.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">La lutte entre la liberté et
l’esclavage vient de s’engager dans ce pays, paradoxalement grâce à
l’introduction par le sénateur <b>Stephen A. Douglas</b> et cette petite fraction
pro-esclavagisme du parti pseudo démocrate se qualifiant abusivement de <i>Jeune
Amérique</i>, de la loi Kansas-Nebraska.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Si le principe de liberté s’en
trouve revitalisé en Amérique, alors peut-être pourrez-vous recevoir de ce
quart du globe quelque geste de sympathie ; du principe d’esclavage, il ne
faut rien attendre — pas plus qu’on ne peut, quand on aime la liberté, passer
quelque alliance que ce soit avec le principe opposé ; pas plus qu’on ne
le pourrait avec le tsar esclavagiste. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Datée du 9 octobre 1854, signée H.
Forbes, secrétaire correspondant, et endossée par la douzaine de sociétés représentées
à la réunion.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Décision est prise d’en envoyer
copie à Kossuth, Ledru-Rollin, Mazzini, Saffi et autres, « pour corriger
leurs idées fausses ».</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le dirigeant de l’<i>Arbeiterbund</i>,
<b>Joseph Weydemeyer</b>, est un vétéran de la Ligue des Communistes de Marx et Engels.
Il a publié à New York, deux ans plus tôt, <i>le 18 Brumaire de Louis Napoléon
Bonaparte</i>, de Marx. Il connaissait, avant de quitter l’Allemagne, les articles
de la <i>Neue Rheinische Zeitung</i> consacrés par Marx à la Deuxième
République française, dans le premier desquels se lit : « Un ouvrier,
Marche, dicta le décret par lequel le Gouvernement provisoire à peine formé
s’engageait à garantir l’existence des travailleurs par le travail, à fournir
du travail à tous les citoyens, etc. » Et Marche est sans doute là, non
loin de lui, parmi la foule des auditeurs…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le 3 octobre 1854, François
Cantagrel, l’émissaire fouriériste, avait pu finalement s’embarquer à Ostende,
accompagné de sa femme, enceinte, et de leur fils. Sur la passerelle du
débarquement, trois semaines plus tard, sa femme portait dans ses bras avec la
plus grande précaution une petite fille née dans le bateau la veille. Cantagrel
était porteur de 130 000 dollars de souscriptions à consacrer à l’achat de
terres. Laissant sa famille à New York, il s’était rendu presque aussitôt à
Washington pour tenter d’y rencontrer le président Franklin Pierce puis, avec
Roger, il avait continué sur Cincinnati où devait se joindre à eux le révérend
John Allen.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">À Noël, une douzaine de
fouriéristes, conduits par <b>Vincent Cousin</b>, s’étaient embarqués à Anvers, sur l’<i>Uriel</i>,
emportant vers la Nouvelle Orléans quatre cent cinquante plants de vignes
d’Auxerre, cent plants de chasselas, un raisin d’Ischia, trois mille arbres
fruitiers et plus de deux mille pieds de fraises. Un second groupe avait quitté
le Havre sur le <i>Lexington</i> le 12 janvier 1855, avec quarante mille
plants de vigne de divers vignobles, quarante mille plants sauvageons d’arbres
fruitiers de toutes sortes, plusieurs centaines de plants greffé et un
assortiment de graines, pépins, noyaux, etc.</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le 3 février 1855, <b>Victor
Considérant</b> arrive à New York avec sa famille, sur le vapeur <i>Union</i>.
Selon le <i>Tribune</i>, il est à la tête d’une société de colonisation dont
les fonds avoisinent maintenant le million de dollars, et plusieurs centaines
d’agriculteurs et d’ouvriers français, belges et allemands, dès que les
premiers aménagements nécessaires y auront été faits, le rejoindront au Texas sur
des terres que Cantagrel est occupé à déterminer. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">La colonie atteindra ensuite
graduellement plusieurs milliers de personnes. Quelques traits
d’associationnisme y seront en vigueur : l’achat en gros de la plupart des
biens, fournis ensuite à prix coûtant aux sociétaires, les soins médicaux
gratuits, l’école commune, les divertissements réguliers. Mais la mise en œuvre
de l’organisation industrielle selon Fourier ne sera pas à l’ordre du jour
avant quelque temps.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Un certain nombre de journaux
américains, reprenant une correspondance de Strasbourg, ont annoncé que
« le parti socialiste » d’Alsace allait émigrer <i>en masse</i> (en
français dans le texte) vers le Texas ce printemps.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgas3CI_3r6aa0wx3OS9xEFfB9hm0VdbcpEQ20gKF-p3xZclbgWLJmS4RMGtB5Q3QLRj1Nxp9g8MhxsoOpFLXO74OsEVAcYy72yXUbXJe6ymehmcBrWw_6HzjEBGerMqf8m4Kbk9tP7bQTvOVfwDOyKQ-OJKQXdhe4pRpCzqUMUAiZQACJzltdW9rh0/s800/EnMasse.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="228" data-original-width="800" height="182" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgas3CI_3r6aa0wx3OS9xEFfB9hm0VdbcpEQ20gKF-p3xZclbgWLJmS4RMGtB5Q3QLRj1Nxp9g8MhxsoOpFLXO74OsEVAcYy72yXUbXJe6ymehmcBrWw_6HzjEBGerMqf8m4Kbk9tP7bQTvOVfwDOyKQ-OJKQXdhe4pRpCzqUMUAiZQACJzltdW9rh0/w640-h182/EnMasse.png" width="640" /></a></div><br /><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">L’<i>Austin State Gazette</i>
avertit que les sectes socialistes et abolitionnistes, telles que celle qui
s’annonce sous la direction de John Allen et de Victor Considérant, ne seront
pas les bienvenues. Il a fallu, écrit le journal, accepter les communautés
indiennes pour des raisons humanitaires ; il y a bien sûr celle des
Mormons, mais eux respectent scrupuleusement notre Constitution ; nous
n’en tolérerons pas vivant sous leurs propres lois. Le <i>Perrysburg Journal</i>
se veut, lui, plutôt rassurant : « si Louis Blanc, Considérant et
consorts, destructeurs de la famille et de la propriété, sont responsables de
la fin de la République de 1848, la colonie texane sera inoffensive. <i>Economy</i>
en Pennsylvanie, [une cité fondée par des harmonistes allemands au nord-ouest
de Pittsburg, dont le nom est un hommage à l’économie divine], <i>Ebenezer</i>,
dans l’État de New York [œuvre de huit cents Alsaciens de la “Communauté de la véritable
inspiration“ installés en 1843 au sud-ouest de Buffalo], et <i>Icaria</i> en
Illinois ont montré qu’elles n’affectaient pas la société autour d’elles. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Enfin le <i>Daily American Organ</i>,
qui reprend lui aussi la nouvelle de l’émigration attendue d’Alsaciens <i>en
masse</i>, en assimilant comme il est habituel Alsaciens et Allemands, voit les
choses d’un tout autre point de vue. Citant une récente conférence newyorkaise
du quarante-huitard <b>Friedrich Kapp</b> sur l’émigration allemande au Texas dans la
dernière décennie, le quotidien rappelle que les Allemands, qui y réussissent
magnifiquement dans la culture du coton, et unanimement indignés par
l’esclavage, — <i>Jamais un Allemand n'entrave la fuite d'un esclave</i> — montrent
par leur exemple même que le travail servile est voué à disparaître. Pour
conclure l’article ainsi : « Au nord-ouest du Texas, les Allemands
forment les deux cinquièmes de la population et constituent une barrière solide
contre l’influence de gens comme Stephen Douglas et ses amis, qui ne rencontrent
quelque succès que dans l’ouest du Missouri, hors de la zone d’influence
allemande. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Arrivés à la Nouvelle Orléans avec
leurs ceps et leurs graines, les fouriéristes se sont transbordés sur un bateau
pour Galveston puis ont poursuivi sur Houston en traversant le bayou. L’idée
était ensuite de remonter la <i>Trinity River</i> mais le niveau de l’eau étant
trop bas, il avait fallu se procurer des chars à bœufs et endurer vingt-six
jours de marche derrière les bêtes. Le 26 avril 1855 enfin, ils avaient atteint
le site de la colonie, baptisée <i>Réunion</i>, un peu à l’ouest de Dallas.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">On a laissé Déjacque aux prises
avec la Question révolutionnaire dans la « rangée pourrie » de la rue
Laurens ; on l’y retrouve recrutant par voie de presse « un garçon
entre 12 et 15 ans parlant français et anglais », et lui promettant
une « bonne rémunération ». Sans doute pour qu’il lui serve
d’interprète : six ans plus tard, en effet, le poseur de papier peint et
poète écrira encore à <b>Vésinier</b> « Je ne connais pas la langue de ce pays,
je ne sais ni la parler, ni l’écrire, ni la lire ; c’est un peu ma faute,
mais c’est aussi beaucoup la faute de ses habitants. La répulsion qu’ils
m’inspirent, est si puissante et l’attraction si faible qu’il m’est impossible
d’étudier cette langue en Amérique. Je l’apprendrai bien plutôt à distance, en
Suisse ou en Belgique. De loin j’apercevrais peut-être quelque qualité qui
m’attirerait vers ce peuple ; de près je ne vois rien dans toute son
infinie personne qui ne me repousse. » </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Déjacque quitte donc assez
logiquement New York au printemps pour la Nouvelle Orléans ; là-bas, ils
parlent français. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Campdoras, pourtant suffisamment
intégré, lui, à la société newyorkaise pour avoir été à la tête du comité
préparatoire à l’hommage solennel rendu au capitaine Ingraham, quitte lui aussi
la ville mais pour Topeka où il rejoindra les croisés du Kansas, Billard et
Sardou.<br style="mso-special-character: line-break;" />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">La polémique contre la colonie
fouriériste de <i>Réunion</i> ne faiblit pas. Le <i>Washington Sentinel</i> renchérit
sur l’article d’un confrère texan intitulé « Le Socialisme ne s’établira
pas au Texas » : il devine derrière tous ces mouvements en direction
du sud la même main, celle de la <i>Tribune</i> de New York, qui après avoir
suscité une colonisation du Kansas par des abolitionnistes, soutient une
société européenne d’abolitionnistes socialistes au Texas.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">On présume une proximité de
<b>Charles Marche</b> avec les idées fouriéristes plutôt du côté de l’organisation de
la production et de l’associationnisme que de la « liberté des
affections ». C’est ce dernier thème qui déjà présent dans le débat
newyorkais quand les Marche y ont débarqué, prend maintenant un tour plus
passionné. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">La publication par le Dr. Marx E. Lazarus
de son ouvrage consacré aux questions de l’amour et du mariage avait provoqué une
discussion dans les colonnes de la <i>Tribune</i>, entre le patron du journal,
Horace Greeley, tenant du statu quo, l’écrivain <b>Henry James</b>, qui souhaitait
rendre le divorce plus facile, et le libertaire <b>Stephen Pearl Andrews</b>, tenant
de la plus grande liberté en amour et de sa mise en œuvre concrète. Le débat s’était
traduit en brochure en 1853. En même temps, s’était constitué un club de
l’amour libre qui se réunissait discrètement, deux fois par semaine, au premier
étage du Taylor’s Hotel, au 555 Broadway. On y donnait des conférences, on y
jouait aux dames, aux échecs, au backgammon, on y écoutait de la musique, on y
dansait.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Et puis Greeley avait publié un
article retentissant pour dire que le fouriérisme était étranger à tout ça, et
pour s’étonner de l’inaction de <b>Fernando Wood</b>, le maire nouvellement élu. A
peine Albert Brisbane et son secrétaire, <b>Henry Clapp</b>, ouvraient-ils la réunion
du 22 octobre 1855, que la police pénétrait dans les salons où avaient
pris place quelque trois cents personnes, des très jeunes aux plus chenus, dont
pas loin de la moitié de femmes. Sans se démonter, Brisbane poursuivit son
exposé consacré à la prostitution : “New York n’est rien d’autre qu’un
grand club d’amour libre. On y vient de partout pour ça. Mercer Street [la rue chaude
newyorkaise] est une succession de clubs d’amour libre. Sans eux, New York ne
serait pas ce qu’elle est. Ce ne serait qu’une ville terne et niaise, rien
d’autre qu’une guilde de commerçants… » Là-dessus, la police s’empara sans
ménagements de l’orateur, de son secrétaire et de deux autres personnes et les
conduisit au poste. La <i>Tribune</i> du lendemain, comme les autres quotidiens
newyorkais, se lança aussitôt dans une défense farouche de la liberté
d’expression.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le Kansas reste tout de même au
cœur du débat politique. Une « constitution de Topeka » s’y élabore,
qui proscrit l’esclavage tout en refusant aux Noirs libres le droit de
résidence. Les trois quarts des colons partisans d’un État libre s’avèrent finalement
en faveur d’un État libre blanc. Et c’est à Lawrence et Topeka que le vote
hostile à la liberté de résidence des Noirs s’avère le plus important.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Quand paraît l’édition 1855/56 de
l’annuaire professionnel de New York, on y trouve pour la première fois un “Charles
March“, mécanicien, qui pourrait bien être le nôtre. Il habite au 97 Walker,
soit pas beaucoup plus loin de Canal Street que n’habitait Déjacque. Si ce
dernier logeait dans la « rangée pourrie », Marche se trouve en
lisière du bidonville de Five Points dont Dickens, dans ses <i>Notes
américaines</i> de 1842, écrivait : « On voit ici tout ce qui est
répugnant, flétri, pourri. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Avec la nouvelle année 1856 commence
le feuilleton du <i>Bleedy Kansas</i>, du Kansas sanglant. Le calviniste <b>John
Brown</b>, abolitionniste fervent, très engagé dans le « chemin de fer clandestin »,
ce réseau d’aide aux esclavages fugitifs ; l’homme qui a offert à
<b>Frederick Douglass</b> [esclave évadé, exact opposé, évidemment, de Stephen
Douglas] de prendre la tête d’une armée insurrectionnelle des esclaves, est
venu en octobre 1855 rejoindre cinq de ses fils au Kansas. Il y a vite pris la
tête de la contre-guérilla anti-esclavagiste et, après avoir protégé Lawrence d’une
mise à sac le 21 mai 1856, a mené la contre-attaque à Pottawatomie, à une
vingtaine de kilomètres au sud-est, trois jours plus tard. Cinq esclavagistes y
ont trouvé une mort qu’on lui impute et qu’il récuse. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le 2 juin, à Black Jack, il
obtient par son audace la reddition du Virginien Henry Pate, capitaine de la
gendarmerie fédérale mais ici à la tête d’une troupe de Bandits frontaliers. Il
écrira ensuite au <i>Tribune</i> de New York que ç’a été « la première
bataille régulière, au Kansas, entre les forces de l’État libre et celles des
esclavagistes. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le 30 août, après que son fils Frederick,
parti en avant-garde, a été tué, John Brown tend une embuscade devant Osawatomie
à une troupe de Bandits dix fois plus nombreux arrivants du Missouri avec un
canon. Tirant le premier, il en tue vingt ou trente, en blesse autant, décroche
in extremis. Six des siens sont tombés. Retiré sur une colline, pendant que les
bandits incendient des maisons, pillent la poste et les magasins alentour et
emportent tous les chevaux et le bétail qu’ils peuvent, il confie à son fils
Jason : « Je n'ai qu’une courte vie à vivre, une seule mort à mourir,
et je mourrai en combattant pour cette cause. Il n'y aura pas de paix dans ce
pays tant que l'esclavage n'aura pas disparu. Je leur donnerai d’autre occupation
que continuer d’étendre leur terre d’esclavage. Je porterai cette guerre en
Afrique. » Il entend par là les États du Sud, les <i>Slave states</i>. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Sa légende s’inaugure ici :
il a mis à bas le cliché du nordiste peu enclin à se battre, du yankee
couard ; on ne l’appelle plus qu’<i>Osawatomie Brown</i>. Il sera même
plus tard, sous la plume de <b>John J. Ingalls</b>, sénateur d’un Kansas désormais admis
dans l’Union, le nouveau Léonidas de nouvelles Thermopyles. Mais l’idée fixe de
John Brown est maintenant d’aller combattre l’esclavage directement dans son
fief, d’aller envahir « l’Afrique ». Il part pour la Nouvelle
Angleterre lever des fonds à l’usage de cette campagne.</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">A <i>Réunion</i>, suite à un
afflux trop rapide, mal préparé, de colons, Victor Considerant et Vincent
Cousin ont quitté la colonie début juillet ; Cantagrel a démissionné, est retourné
à son exil belge alors même que le <i>Dallas Herald</i> du 16 août annonçait
l’enregistrement de cette Société européenne et américaine de colonisation au
Texas, formée à Bruxelles le 26 septembre 1854 et certifiée le 20 janvier
1855 par le consul des États-Unis à Anvers, qui venait d’effectuer sa demande
de terres publiques.</p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYn4g6_uZuqSY92isobwGGgLjFFE0QUeg7ETlVL3xpdDtdprxK6oo-h5NrwPE6jwCNkFssTMTXKN1AMexXE6cvXeY3PxLC9Os-KTbkym0Wr8QgEBDez_nx95H6VvMni2nwNHvCoEiPvV12Wdf5jIww_xq3gTJ1RYTFBKSUtvMfurU-bEGY_tR0JP4G/s800/Cimetie%CC%80reLaRe%CC%81union.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="669" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYn4g6_uZuqSY92isobwGGgLjFFE0QUeg7ETlVL3xpdDtdprxK6oo-h5NrwPE6jwCNkFssTMTXKN1AMexXE6cvXeY3PxLC9Os-KTbkym0Wr8QgEBDez_nx95H6VvMni2nwNHvCoEiPvV12Wdf5jIww_xq3gTJ1RYTFBKSUtvMfurU-bEGY_tR0JP4G/s320/Cimetie%CC%80reLaRe%CC%81union.png" width="268" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Cantagrel laisse derrière lui un enfant mort en bas-âge<br /></td></tr></tbody></table><br /><p></p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">A Nauvoo, « A coup d’État in
Icaria » avait éclaté 14 février 1856 selon le<i> Daily Missouri
Democrat</i> de St. Louis : « Nous lisons dans l’<i>Icarian Review</i>,
le journal officiel de l’Icarie, que M. Cabet, président de la République
communiste de Nauvoo, etc. (…) M. Cabet était le dictateur de la colonie qu’il
avait établie mais, contraint par la force de l’opinion publique américaine, il
avait donné à son peuple une constitution démocratique… »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Et en octobre 1856, chassé par la
dissidence, <b>Étienne Cabet</b> était arrivé à St. Louis à la tête de soixante-quinze
hommes, quarante-sept femmes et cinquante enfants. Ils s’étaient installés
comme ils pouvaient dans cinq grandes maisons. Cabet n’allait pas y survivre,
il expire le 8 novembre. </p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Dans sa tournée de levée de fonds,
John Brown vient de quitter Boston, où il a rencontré, le 7 janvier 1857, <b>Amos
A. Lawrence</b>, le principal bailleur de fonds de la <i>New England Emigrant Aid Company</i>,
duquel la ville de Lawrence, Kansas, tire son nom. Il sera à l’Astor House de
New York, le 24 janvier.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le numéro du <i>Tribune</i> du 12
janvier, en même temps qu’il nous décrit « Old Brown of Osawatamie »,
visage émacié, yeux perçants d’un bleu sombre, figure exprimant une indomptable
volonté malgré ses 57 ans, énonce trente-quatre faits à l’usage des
émigrants vers le Kansas, compilés à Boston le 30 décembre 1856, parmi lesquels :
</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">13. Tout homme a la possibilité,
sinon le droit légal, de vendre sa terre préemptée avant de l’avoir
payée ; et s’il l’a située judicieusement, il n’aura aucune difficulté à
l’écouler. De jeunes gens aux moyens limités peuvent ainsi réaliser de bonnes
affaires s’ils sont capables de se retrousser les manches et suffisamment
acharnés pour mettre en valeur la parcelle revendiquée.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">14. Tout homme adulte, toute veuve,
est fondé(e) au regard des lois fédérales à préempter 160 acres sans être
tenu de s’en acquitter avant la date de mise en vente des terres publiques.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">15. Les mandats fonciers — à
l’exception de ceux émis en 1850 — seront acceptés en paiement de terres
préemptées.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">16. Ceux — partisans de l’État
libre — qui ne disposeront pas des 200 $ nécessaires quand le paiement de
leur terre viendra à échéance, n’auront aucune difficulté à les emprunter ou à
hypothéquer leur ferme.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">17. Toutes les tribus indiennes
sont bien disposées à l’égard des partisans de l’État libre.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">18. On compte actuellement au
Kansas, selon les estimations les plus basses, six partisans de l’État libre
pour un ami de l’iniquité qui est de droit dans les États du Sud.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">27. Pour 50 à 100 dollars, on peut
se monter une cabane de rondins sur sa terre préemptée.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">28. Une tente, qui coûte 8 à
15 $, à condition que le colon ou sa famille l’occupent, — ce qui n’est
pas un désagrément l’été — suffit à préempter une parcelle de 160 acres.</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">C’est d’autre part l’époque où
l’Illinois Central Railroad Co met en vente deux millions d’acres de terres arables
ou sylvicoles qui lui restent de ce que l’État lui a alloué. Où le Bureau des
pensions, en vertu de la loi du 3 mars 1855, attribue des « bons de
terre » à quiconque a servi au moins quatorze jours, dans quelque fonction
que ce soit, durant l’une des guerres américaines depuis 1790, ou à ses
héritiers. Ces bons sont librement cessibles. A fin avril 1857, on en est à
quasi vingt-cinq millions d’acres.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le nouveau président, <b>James Buchanan</b>,
est investi le 8 mars. Sa déclaration inaugurale « s’oppose à la
spéculation sur le foncier public et veut réserver les terres d’État à l’usage
de ceux qui les travaillent »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le philanthrope <b>Elihu Burrit</b>, dans
la <i>Tribune</i> du 5 mai 1857 « Une partie considérable du domaine
public se situe dans les États esclavagistes et, de ce fait, est peu demandée
et a peu de valeur. L’abolition de l’esclavage amènerait une augmentation des
deux par un afflux croissant et continu d’hommes et de capitaux issus des États
libres et d’Europe. Au Missouri, par exemple, treize millions d’acres de terres
publiques restent invendues et sans propriétaires. L’extinction de l’esclavage
les rendrait aussitôt attractives, et le produit de leur vente suffirait à
financer l’émancipation de tous les esclaves de l’État. Le Missouri serait
ainsi débarrassé de ce fléau sans que cela coûte un sou au trésor public, et
sans passer par la moindre acre extérieure à ses frontières. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Le « forgeron lettré »,
tel est son surnom, poursuit sa démonstration - « L’émancipation se
traduirait par un développement agricole et minier si rapide et si massif du
Missouri que son exemple serait contagieux pour le Kentucky, le Tennessee, le
Maryland, le Delaware et la Virginie, etc. » - mais ce qu’en retient
peut-être Marche, ce sont ces « treize millions d’acres de terres
publiques invendues ». La loi du 3 août 1854 abaisse de 25 cents
l’acre par tranche de cinq ans de vacuité, le prix d’achat des terres en
attente d’acquéreur. Il est donc possible de trouver dans des comtés, des
districts dûment cadastrés, pourvus de bureau de poste — Billard et Sardou ont
attendu sept mois qu’il s’en installe un à Topeka — de routes et d’autres
facilités, moins cher que les terres de colonisation du Kansas. Et s’il y en a
treize millions d’acres, ce ne sont pas autant de tas de cailloux incultivables ;
l’auteur a sans doute raison, ce qui empêche leur vente, c’est l’esclavage.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Et puis il y a eu, dans le <i>New York
Dispatch</i> du 23 novembre 1856, cet article ressemblant à une nouvelle,
« rédigé spécialement pour le journal », dit une parenthèse
introductive : « Les Rois de l’Argent », « Bref aperçu des
Rothschild de leur ascension à aujourd’hui ». Non signé, c’est en réalité
la traduction du <i>Rothschild</i> de la série « Les Contemporains »
d’<b>Eugène de Mirecourt</b>, publié à Paris en 1855. Seule la plaisanterie antisémite
finale en a été supprimée : « M. le baron <b>James de Rothschild</b> a
soixante-trois ans. Nous ignorons la date précise de sa naissance, et le
lecteur comprendra que nous n’ayons pu nous procurer son acte de
baptême. » Sinon, tout y est, en particulier ces 30 000 Francs que le
baron aurait envoyés à Caussidière pour le remercier d’avoir « gardé non
seulement son hôtel mais encore les propriétés qu’il avait aux alentours de la
capitale ». « Vous me les rendrez dans dix ans, dans vingt ans,
quand vous voudrez », disait avec nonchalance une lettre d’accompagnement.
Avec ces 30 000 Francs, soulignait Mirecourt, Caussidière « a fondé à
Londres un entrepôt de vins et d’eaux de vie. Il est en train de faire une
belle fortune. »<a href="#_edn1" name="_ednref1" style="mso-endnote-id: edn1;" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[1]</span></span></span></span></a></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">L’article a été repris dans le <i>Quasqueton
Guardian</i>, de l’Iowa, du 27 décembre, dans le <i>Memphis Daily Appeal</i>
du 18 janvier 1857, dans le Virginien <i>Staunton Spectator</i> du 21
janvier, enfin dans l’<i>Anti-Slavery Bugle</i> d’Ohio le 31 du mois.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">A la parution de l’ouvrage de
Mirecourt, Marche était à New York depuis deux ans. Il était en revanche à
Paris quand <b>Alphonse Toussenel</b>, l’un des fondateurs de la <i>Démocratie
pacifique</i>, avait publié le sien à la Librairie de l'École sociétaire, procès
de la féodalité financière et de la Compagnie des chemins de fer du Nord :
« Le gouvernement dit à une compagnie Rothschild : “J'ai grand besoin que
vous me veniez en aide pour la construction de mon chemin de fer du Nord. Le
trésor est à sec : ces maudites fortifications me ruinent et m'interdisent de
songer à aucune entreprise d'utilité publique. Si vous compatissiez à mes
peines, nous partagerions la besogne. Je vous concéderais tous les profits et
je garderais pour moi, c'est-à-dire pour le contribuable, pour la nation,
toutes les dépenses et toutes les charges.“ »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Pour Marche, Rothschild n’est donc
pas un capitaliste en soi mais son exploiteur direct, celui pour qui il a trimé
des années durant. Si l’ami Caussidière a touché, il ne s’est pas seulement vendu
aux patrons, il s’est vendu carrément à son patron à lui !<span style="color: red;"></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Trois mois exactement plus tard, le
2 mai 1857, le <i>New York Herald</i> publie cette brève : « Caussidière,
ex-préfet de police du gouvernement provisoire de 1848, désormais résident de
cette ville, a été agressé brutalement mercredi 29 avril au soir sur Greene street,
près de Broome, par une bande de voyous. M. Caussidière, grand et vigoureux,
serait venu à bout de trois ou quatre assaillants, mais à dix ils étaient trop.
Il a été sérieusement frappé à la tête et au corps avant qu’on ait pu lui
porter assistance. Aucun des agresseurs n’a été arrêté. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">L’article, qu’on cite in extenso,
ne donne pas la moindre explication à cette attaque à dix contre un. Greene
street, à la date, n’est pas encore la rue chaude qu’elle sera dans les
décennies suivantes. On pense donc spontanément à cette « belle
fortune » que le <i>Dispatch</i> prêtait à Caussidière. Si le vol était le
motif, c’est que son opulence est manifeste. S’il s’agissait, pour d’anciens
amis politiques de lui donner une correction, c’est que depuis les révélations
de la presse, sa réussite, qui leur était connue, n’est plus le fruit d’une
habileté commerciale mais le salaire de la trahison. Enfin, à supposer l’agression
xénophobe de <i>Know Nothing</i>, c’est d’être un Français d’une insolente
richesse, et non un pauvre bougre de Français, qui l’aura fait prendre pour
cible.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">A deux ans et demi d’écart, un
correspondant newyorkais du <i>Charleston Mercury</i> dressera de Caussidière
un portrait qui devait être déjà le sien au moment des faits : « Parmi
les célébrités qui empruntent chaque jour le <i>trottoir</i> (en français dans
le texte) de Broadway, ignorées de la foule affairée, se distingue la stature
gigantesque de Marc Caussidière qui, rappelez-vous, fut le ministre de la
police du bref gouvernement provisoire de 1848. Caussidière est l’homme de la
ville le plus grand et le mieux bâti, à l’exception du général Scott.
L’ex-ministre de la police est maintenant <i>Marchand de Vin</i> (en français
dans le texte) sur Broadway. Sa carrure impressionnante et son allure
impérieuse le destinaient d’évidence aux devoirs périlleux et aux lourdes
responsabilités de son ancienne fonction », etc. </p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Dans les <i>Luttes de classes en
France</i>, quatre ou cinq paragraphes après qu’il a cité Marche, Marx poursuit :
« Le prolétariat parisien se laissa docilement employer par Caussidière à
des fonctions de police pour protéger la propriété à Paris, de même qu'il
laissa régler à l'amiable les conflits de salaires entre ouvriers et maîtres
par Louis Blanc. »</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">Marche qui est mieux placé que
quiconque pour savoir comment il a laissé la main à Louis Blanc, vient-il de
comprendre que, par ses liens avec Caussidière, il s’est placé aussi du côté de
la défense de la propriété ? De celle de Rothschild, son patron, de surcroît ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;">La rancœur née des révélations
concernant « l’ami intime » s’est-elle ajoutée à cette découverte que
les prix de la terre étaient les plus avantageux au Missouri ? On a
juxtaposé ces éléments, ce ne sont bien sûr qu’hypothèses, au départ de Marche
de New York. Toujours est-il que c’est maintenant, quatre ans après son arrivée
et en dehors de tout mouvement collectif, alors qu’il a ignoré l’appel de Cabet,
- Allons en Icarie ! -, celui des fouriéristes, - Au Texas -, et
pareillement la Croisade du Kansas, que l’ouvrier Marche va quitter New York
pour se muer en paysan, dans le Missouri !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="color: red;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"> </p>
<div style="mso-element: endnote-list;"><br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="edn1" style="mso-element: endnote;">
<p class="MsoNormal"><a href="#_ednref1" name="_edn1" style="mso-endnote-id: edn1;" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-size: 10pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[1]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size: 10pt;"> </span>Allégations sans fondement ? Dans un
article consacré aux témoignages d’amitié envoyés aux Rothschild, — « “Si
constante et si sûre” : testimonies of Rothschild friendships », <i>The
Rothschild Archive</i>, avril 2005 - mars 2006 —, Mélanie Aspey, directrice
des archives de la famille, mentionne une lettre du « préfet de police,
Louis-Marie Caussidière », expédiée du Market Street Hotel, Philadelphie, le
10 février 1854. Elle la résume en disant qu’il y remercie le baron James
« pour son obligeance et les secours apportés dans son infortune
présente ».</p>
<p class="MsoEndnoteText"><span style="font-size: 12pt;">Cette lettre est donc
antérieure à la parution de l’opuscule de Mirecourt ; on aimerait savoir
si elle comporte des précisions sur les « secours apportés ».</span></p>
</div>
</div>
<p><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoHeader, li.MsoHeader, div.MsoHeader
{mso-style-priority:99;
mso-style-link:"En-tête Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
tab-stops:center 8.0cm right 16.0cm;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoFooter, li.MsoFooter, div.MsoFooter
{mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Pied de page Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
tab-stops:center 8.0cm right 16.0cm;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}span.MsoEndnoteReference
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
vertical-align:super;}p.MsoEndnoteText, li.MsoEndnoteText, div.MsoEndnoteText
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Note de fin Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:10.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}a:link, span.MsoHyperlink
{mso-style-priority:99;
color:#0563C1;
mso-themecolor:hyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
color:#954F72;
mso-themecolor:followedhyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}p
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoListParagraph, li.MsoListParagraph, div.MsoListParagraph
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoListParagraphCxSpFirst, li.MsoListParagraphCxSpFirst, div.MsoListParagraphCxSpFirst
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoListParagraphCxSpMiddle, li.MsoListParagraphCxSpMiddle, div.MsoListParagraphCxSpMiddle
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoListParagraphCxSpLast, li.MsoListParagraphCxSpLast, div.MsoListParagraphCxSpLast
{mso-style-priority:34;
mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-type:export-only;
margin-top:0cm;
margin-right:0cm;
margin-bottom:0cm;
margin-left:36.0pt;
mso-add-space:auto;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}span.NotedefinCar
{mso-style-name:"Note de fin Car";
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Note de fin";
mso-ansi-font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:10.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-ascii-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-language:FR;}span.En-tteCar
{mso-style-name:"En-tête Car";
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:En-tête;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-ascii-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-language:FR;}span.PieddepageCar
{mso-style-name:"Pied de page Car";
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Pied de page";
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-ascii-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-language:FR;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;
mso-footnote-position:beneath-text;
mso-endnote-numbering-style:arabic;}</style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-47283662325977683392022-02-15T18:51:00.003+01:002022-02-16T00:08:21.099+01:00MARCHE VS L’AMÉRIQUE I. L’Amérique à Paris<p><span style="font-size: medium;"> I. L’Amérique à Paris</span></p><p><span style="font-size: medium;"> </span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhfsCHZW09UB9bFwtmtbjfi7uJKWdKYMeB43XmCUpywB5rT56XIZW0JHX5BssUld2YgtJe4jvrZj-7Xty8p4zoXOVOLognTCmOU6_cbxHEr62Z70YDs2Bvq8b6BQN6yu-FggsklCSVe3g4C4B4zVBGUK31-JCgMPEmYZoKFNFZOG7oaICggj199Mua0=s800" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="536" data-original-width="800" height="429" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhfsCHZW09UB9bFwtmtbjfi7uJKWdKYMeB43XmCUpywB5rT56XIZW0JHX5BssUld2YgtJe4jvrZj-7Xty8p4zoXOVOLognTCmOU6_cbxHEr62Z70YDs2Bvq8b6BQN6yu-FggsklCSVe3g4C4B4zVBGUK31-JCgMPEmYZoKFNFZOG7oaICggj199Mua0=w640-h429" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Les deux premières, et la dernière, pages du Prospectus icarien d'appel au large<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><b>L’ouvrier
Marche</b> (voir la chronique précédente), dont on était sans nouvelles
politiques depuis le 1<sup>er</sup> juillet 1848 et la déposition de <b>François
Cavé</b> lors de l’instruction de « l’affaire du 15 mai »,
débarque à New York le 14 juin 1853. Comment en est-il arrivé là ?
Dans quel contexte l’hypothèse américaine, exil ou émigration, s’est-elle
présentée à lui ?</span></div><span style="font-size: medium;"><b></b></span><p></p><span style="font-size: medium;"></span><span style="font-size: medium;"> </span><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEioAwvuLI25iMp5W7EjZwNQ4tJf0846v5puIi47Mh1V7wFlvb0_lny7LiNCEFk4uHGWIBThVwhVFsh_spHu8dnthOaoXLlJcUORcgh8EI-mM1RX2pfX7bUvdTEKHREZG4g6IBPWJWk_TVL05RLafIJEVeUR9RZL8w1pKz-ghgQfsRnAHPU_GdX6s0RF=s800" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="479" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEioAwvuLI25iMp5W7EjZwNQ4tJf0846v5puIi47Mh1V7wFlvb0_lny7LiNCEFk4uHGWIBThVwhVFsh_spHu8dnthOaoXLlJcUORcgh8EI-mM1RX2pfX7bUvdTEKHREZG4g6IBPWJWk_TVL05RLafIJEVeUR9RZL8w1pKz-ghgQfsRnAHPU_GdX6s0RF=w192-h320" width="192" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br />En France,
dans les dernières années 1840, l’Amérique est un projet communiste. D’un
communisme pré-marxiste, bien sûr, dont le but n’est évidemment pas l’Amérique
mais la communauté des biens en Icarie. Seulement l’Icarie, il lui faut un sol
sous les pieds et <b>Etienne</b> <b>Cabet</b>, dans ses recherches, a
finalement cru possible d’acquérir un million d’acres, plus de quatre mille
kilomètres carrés, sur les bords de la Rivière Rouge, au Texas, soit plus que
la superficie du Rhône ou du Haut-Rhin.</span><p></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Cabet, <b>Friedrich</b>
<b>Engels</b> en faisait, dès la fin de 1843, dans une publication oweniste,
« le représentant reconnu de la grande masse des prolétaires
français ». « On évalue les communistes icariens français à environ
un demi-million de membres, femmes et enfants non compris. Une jolie cohorte,
n’est-ce pas ? »<a href="#_edn1" name="_ednref1" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[i]</span></span></span></span></a> écrivait-il.
Énorme surestimation, mais qui explique que la <i>Revue communiste</i> de <b>Marx</b>
et Engels, dans son numéro de septembre 1847, leur adresse cette mise en garde
en listant les terribles déconvenues qui attendent à coup sûr les
Icariens :</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">« En
outre, nous n’avons pas encore mentionné les persécutions auxquelles les
Icariens, s’ils veulent rester en rapport avec la Société extérieure, seront
probablement, voire presque certainement, exposés en Amérique. – Que chacun de
ceux qui veulent aller en Amérique avec M. Cabet commence par lire un rapport
sur les persécutions auxquelles les Mormons, une secte religioso-communiste,
furent et sont encore exposés là-bas. Telles sont les raisons pour lesquelles
nous considérons comme dangereux le projet de Cabet d’émigrer et pour
lesquelles nous crions aux communistes de tous les pays : Frères, restons sur
la brèche de notre vieille Europe ; travaillons et luttons ici, car ce n’est
qu’en Europe qu’il existe actuellement déjà tous les éléments pour
l’établissement d’une communauté des biens, et cette communauté sera établie
ici ou ne le sera nulle part. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Le texte est
publié à Londres, et en allemand, mais Cabet le fait connaître à Paris en
entreprenant de le réfuter dans la livraison de novembre de son bulletin
d’étape, <i>Réalisation de la Communauté d’Icarie</i>.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Le samedi 29
janvier 1848, à 11 heures du soir, une première avant-garde icarienne,
soit soixante-neuf personnes, quitte Paris en train pour Le Havre, qu’elle
atteint à 6 heures le matin du lendemain. Cabet passe la journée avec
elles sur le voilier américain de mille tonneaux, tout neuf, loué pour
l’occasion. Le <i>Rome</i> lève l’ancre le 3 février. Les voilà partis pour
cinquante-trois jours de traversée, et pour rater la révolution. </span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhf283v23BuimYx9XIE7UQN3xmTmX8axmOAZ5SXtxncZi3xCLJfx9xw4l7eEtb6d-WZ1wd6tWY3T7TeMBC8ZMUY8pDL60KeoeT4URDZo-6wiDCBq47KDuWep5TbjvL786uBSftHSivclz0BcoVm73j-yibnT9MFFYc6JX6GZxgcavWgsD6ilBffN0WC=s800" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="638" data-original-width="800" height="255" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhf283v23BuimYx9XIE7UQN3xmTmX8axmOAZ5SXtxncZi3xCLJfx9xw4l7eEtb6d-WZ1wd6tWY3T7TeMBC8ZMUY8pDL60KeoeT4URDZo-6wiDCBq47KDuWep5TbjvL786uBSftHSivclz0BcoVm73j-yibnT9MFFYc6JX6GZxgcavWgsD6ilBffN0WC=s320" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le <i>Rome</i> de la 1ère avant-garde icarienne<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">A la fin de
mars, c’est au citoyen Cabet que Marx et Engels s’adressent afin qu’il insère dans
son <i>Populaire</i> un communiqué mettant en garde les ouvriers allemands
contre une « soi-disant Société démocratique allemande de Paris ».
Cette société, lui écrivent-ils, « est essentiellement anticommuniste, en
tant qu’elle déclare ne pas reconnaître l’antagonisme et la lutte entre la
classe prolétaire et la classe bourgeoise. » Leur mise en garde est donc
conforme « aux intérêts du parti communiste [à ne pas entendre ici comme
organisation mais comme communauté d’idées] et c’est ce qui nous fait présumer
de votre obligeance, terminent-ils. (Cette lettre est strictement
confidentielle.) Salutations fraternelles. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Les rapports
de Marche au communisme icarien et à son hebdomadaire aux plus de cinq mille
abonnés, le <i>Populaire</i>, on n’en connaît rien.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">L’avant-garde
icarienne n’apprend la proclamation de la République qu’avec un mois de retard,
en débarquant le 27 mars 1848 à la Nouvelle-Orléans.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Après trois
jours d’incertitude, passés à se demander s’il faut rentrer pour œuvrer à
consolider la révolution, l’avant-garde rembarque, dans un vapeur cette fois,
pour remonter le Mississippi puis la Rivière rouge durant quatre jours. Quand
ils en descendent, l’Icarie qu’ils croyaient s’étendre le long du fleuve est
encore à dix jours de marche et de charriot. Ils touchent au but le
4 avril, mais c’est le 6 mai seulement que l’on a, à Paris, la nouvelle de
leur arrivée… à la Nouvelle-Orléans.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">A cette date,
une seconde avant-garde de deux à quatre cents personnes aurait dû être en
route mais la révolution occupant désormais l’essentiel des énergies, ce sont
dix-neuf nouveaux icariens seulement qui partent le 13 juin. L’exode
massif est désormais prévu à compter de la fin septembre ou du début d’octobre,
à raison d’un embarquement par mois voire par quinzaine. L’entrée en Icarie passe
par l’abandon de ses biens à la communauté et un paiement de 600 francs ;
chacun emportera avec lui des vêtements pour deux ans, un matelas, un
traversin, deux paires de draps, une ou deux couvertures.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"> </span></div><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Au 1<sup>er</sup>
juillet 1848, Marche, indéniablement acteur du 15 Mai et sans doute de
Juin, « n’a pas été arrêté ». Son « ami intime », si l’on
en croit Cavé, et premier préfet de police de la République, <b>Marc Caussidière</b>,
est lui mis en cause par la « commission d’enquête nommée pour découvrir
les causes des évènements de mai et de juin », et devance son arrestation
plus que probable en s’enfuyant en Angleterre avec Louis Blanc, le 26 août
1848.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Alors que l’on
a voté, les 10 et 11 décembre pour la première élection française au suffrage
électoral masculin, qui va proclamer dix jours plus tard <b>Louis-Napoléon
Bonaparte</b> élu président de la République pour quatre ans, Cabet rallie l’Angleterre
le 13 décembre, d’où il s’embarque à Liverpool pour New York. Il doit rejoindre
à la Nouvelle-Orléans une centaine de ses Icariens qui ont pris la route du sud
sur le <i>Hargrave</i> et le <i>Pie IX</i>. Il y est avant eux, le
31 janvier, tandis que le premier des deux voiliers n’arrive que le
5 février, et le second, qui a connu une traversée très dure et déplore un
décès, le 7. Cabet fait le point trois jours plus tard, en substance :
plusieurs des membres des deux avant-gardes ont renié l’Icarie et sont repartis
pour la France, tous les autres ont abandonné le site du Texas, invivable ;
« nous restons environ trois cents dans une grande maison commune composée
de trois maisons contiguës », etc.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Des journaux
parisiens évoquent déjà des rumeurs concernant une plainte pour escroquerie
engagée par d’anciens Icariens.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Le <i>Populaire</i>
du 18 février 1849, évoque pour la première fois sous la signature de <b>Louis
Bertrand</b> ces mormons, au sort funeste desquels Marx et Engels conjuraient
les Icariens de ne pas s’exposer. « Les mormons, explique l’article,
formaient une population de dix à douze mille âmes à Nauvoo ; la ville
était belle et ornée d'un vaste temple au centre ; cet édifice avait coûté
des sommes considérables. En abandonnant leur ville, ils vendirent leur
propriété à vil prix, et l'endroit est resté quelque temps à peu près désert.
Je pense qu'il doit y avoir beaucoup de maisons non encore occupées ou que l'on
peut acquérir à bon marché. Conséquemment, il est probable que le citoyen Cabet
pourra se procurer là les moyens d'y loger immédiatement les colons icariens et
les mettre à l'abri de ces dangers inévitables qui attendent l'émigrant dans un
pays tout à fait neuf. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">La veille de
la parution, quatre hommes sont effectivement partis en éclaireurs vers cette
ville qui a perdu plus des quatre cinquièmes des 26 000 habitants de sa
période mormone, à cinquante lieues au nord de Saint Louis. Leur trajet est
épique, le Mississippi, encore gelé au 24 février en amont de Saint Louis,
les bloque plusieurs jours. Le dégel survenant, la navigation reste trop
dangereuse pour que le vapeur accepte d’aller au-delà de Keokuck. Il leur faut
ensuite, dans la boue jusqu’aux genoux, pousser la diligence plus souvent
qu’elle ne les transporte. Mais dans leurs pas, Cabet s’est mis en route avec
279 Icariens, soit 142 hommes, 74 femmes ou grandes-filles et
64 enfants ; ils sont à Nauvoo le 15 mars, y achètent bétail et
outils aratoires et se mettent à l’œuvre.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Le<i>
Populaire</i> du 20 mai 1849 se borne à citer ses confrères :
« Plusieurs journaux de Paris ont annoncé d'après le <i>Courrier des
États-Unis</i>, que le Gérant d'Icarie vient d'acquérir le célèbre temple de
Nauvoo, qui appartenait naguère aux mormons, et douze acres de terrains (plus
de cinq hectares) renfermant diverses constructions, moyennant la somme de 4000
livres sterling (plus de 100 000 francs) »</span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhedzGzPjB3hzy81Y7p2mQN9XPcNYiVkA-b4gGCxFbeadi0PpwyV60pl1Qf1NzX17iI8b5BDI0eapmdp2thDM__iussNN2YhwHmWuKNzq0F-T9yIESQgOVnYq3BO1ebxEdggD6ObOmRYmpbcqpVRXw6dJcuongF0qe-yA0K_NKNzSX7zjDbtqJ6GKX8=s800" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="496" data-original-width="800" height="397" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhedzGzPjB3hzy81Y7p2mQN9XPcNYiVkA-b4gGCxFbeadi0PpwyV60pl1Qf1NzX17iI8b5BDI0eapmdp2thDM__iussNN2YhwHmWuKNzq0F-T9yIESQgOVnYq3BO1ebxEdggD6ObOmRYmpbcqpVRXw6dJcuongF0qe-yA0K_NKNzSX7zjDbtqJ6GKX8=w640-h397" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le Temple de Nauvoo avant le passage de l'ouragan du 27 mai 1850<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Le 6 juin 49,
le tribunal correctionnel, après avoir entendu vingt-cinq témoins, engage des
poursuites pour escroqueries contre Cabet et <b>Louis Krolikowski</b>,
responsable de la rédaction du <i>Populaire</i>, qui est arrêté.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Marx revient à
Paris, pour la troisième fois, le lendemain 7 juin, dans un hôtel du 45 rue de
Lille, sous le faux nom de Ramboz. « Paris est morne. À quoi s’ajoute le
choléra, qui sévit dans toute sa virulence. Malgré cela, jamais une éruption
colossale du volcan révolutionnaire ne fut plus proche à Paris qu’à présent.
J’ai des contacts avec tout le parti révolutionnaire… »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Cette
éruption, doit-elle éclater avec la manifestation organisée pour protester
contre l’expédition militaire française qui a rétabli le pouvoir temporel du
Pape contre la République romaine ? Le 13 juin 1849, vers midi, un cortège
relativement modeste d’environ 6 000 personnes, dont 600 gardes nationaux
ayant à leur tête <b>Etienne Arago</b>, chef de bataillon de la 3<sup>e</sup> légion,
se forme au Château-d’Eau, sur le boulevard du Temple, et marche en direction
de l’Assemblée nationale « afin de lui rappeler le respect dû à la constitution ».</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Une heure plus
tard, le général Changarnier, commandant de l’armée de Paris et des gardes
nationaux de la Seine, à la tête de dragons, gendarmes mobiles et chasseurs à
pied, arrivant par la rue de la Paix, disperse les manifestants qui se
répandent dans les rues voisines.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"><b>Ledru-Rollin</b>
et une trentaine de députés, réunis au 6 rue du Hasard (aujourd’hui rue
Thérèse, partie comprise entre les rues Sainte-Anne et Richelieu), sous les
fenêtres desquels retentissent les « Aux Armes ! » que crient
les manifestants pourchassés, décident de gagner l’état-major de l’artillerie
de la garde nationale, au Palais-Royal, pour s’assurer le concours de Guinard, son
colonel, et de ses 400 hommes. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Ils avancent,
écrira Marx plus tard, « au cri de “Vive la Constitution !” poussé avec
mauvaise conscience, de façon mécanique, glaciale, par les membres du cortège
eux-mêmes, et renvoyé ironiquement par l’écho du peuple massé sur les trottoirs,
au lieu de s’enfler tel le tonnerre ». Les députés ceints de leur écharpe
vont vers le Conservatoire national des arts et métiers. Vers 14 h 30,
Ledru-Rollin parvient à se faire ouvrir les portes de l’établissement et une
proclamation constituant un gouvernement provisoire y est signée.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">On ressort des
Arts-et-Métiers pour aller « au-devant de l’armée pour l’encourager à se
joindre à nous », se souviendra le maçon <b>Martin Nadaud</b>, élu député
de la Creuse un mois plus tôt. Trois pauvres barricades sont improvisées rue
Saint-Martin pour gêner la cavalerie, et la troupe arrête les députés sans que
la foule ne réagisse plus que ça. Marche est-il sur le trottoir ? — les
Arts-et-Métiers, c’est tout près de chez lui qui habite trois cents mètres
au-dessus de la porte Saint-Denis —, on ne sait. On n’a de renseignements que
sur sa vie privée : que sa mère est décédée le 10 mars 1849, au 31
rue Sainte-Apolline, et que sa femme est enceinte de cinq mois.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Les députés
sont conduits au poste de la garde nationale, dont Martin Nadeau s’échappe,
avec deux autres camarades, en enjambant la fenêtre qui donne sur la rue
Saint-Martin. Il va se réfugier, à la barrière de l’Étoile, chez madame Cabet.
Ledru-Rollin parviendra à gagner Londres.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Cabet est condamné
par défaut le 29 septembre 1849 à deux ans de prison, 50 francs d’amende et cinq ans
de privation de ses droits civiques ; Krolikowski est acquitté. <b>Louise
Vincent</b>, <b>femme Marche</b>, accouche d’un garçon, Philippe Eugène, le
28 octobre, au 62 rue du Faubourg-Saint-Denis. Et Cabet ne s’étant
toujours pas présenté devant le tribunal, étant resté à Nauvoo, sa condamnation
est réitérée le 2 avril 1850.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">L’Amérique est
constamment présente au public du <i>Populaire</i>, qui se fait ainsi l'écho de
la tornade qui a frappé le foyer icarien des bords du Mississippi le 27 mai
1850 : « C'est le Temple ... le Temple dont nous préparions si
activement et si résolument la réédification, le Temple que nous comptions
couvrir cette année et dans lequel nous devions établir nos réfectoires, nos
salles de réunion, nos écoles, c'est le Temple, ce colossal monument, qui est
devenu la première victime des fureurs de l'ouragan ! »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Les nouvelles des
exilés de Londres parviennent à Paris par <i>Le Proscrit</i>, <i>journal de la
République universelle</i>, lancé en juillet 1850 et qui se veut l’émanation
d’un Comité Central Démocratique Européen réunissant aux côtés de Ledru Rollin,
l’Italien <b>Joseph Mazzini</b>, <b>Albert Darasz</b> pour la Centralisation
démocratique polonaise, et <b>Arnold Ruge</b>, membre de l’Assemblée nationale
de Francfort.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">En septembre, <b>Louis
Blanc</b>, Marc Caussidière, <b>Charles Delescluze</b>, Ledru-Rollin, et <b>Ribeyrolles</b>
mettent sur pied une “Société fraternelle des démocrates-socialistes à
Londres“, dont on pourra trouver les appels à la solidarité matérielle dans <i>Le
Proscrit</i>, (qui devient <i>La Voix du proscrit</i>, hebdomadaire, à compter
d’octobre), comme dans <i>Le Vote universel</i>, journal démocratique quotidien,
qui une semaine après son lancement, le 14 novembre, et pour avoir fait
état de « prétendues persécutions dont les prisonniers seraient
l’objet » dans un article titré « Mazas et Belle-Isle », voit
son gérant, <b>Joseph Vié</b>, et le signataire de l’article, <b>Maurice Treilhard</b>,
condamnés chacun à 6 mois de prison et 2 000 francs d’amende par la Cour
d’assisses de la Seine pour « excitation à la haine et au mépris du
gouvernement ».</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">En décembre
1850, ces mormons que le <i>Populaire</i> rendait déjà si présents à Paris y
débarquent en chair et en os en la personne de <b>John Taylor</b>, l’un des
douze apôtres de son église, envoyé en Europe à des fins d’évangélisation. Il n’est
pas plutôt arrivé qu’il baptise dans l’eau de la Seine, à Saint-Ouen, le
collaborateur de Cabet, Louis Bertrand. Avec lui, il établit la branche
nationale de l’église des Saints des Derniers Jours et, à compter de mai 1851,
publie un mensuel en français, <i>l’Etoile du Déseret</i>. Taylor rencontre
bientôt Louis Krolikowski, directeur du bureau parisien de l’Icarie, auquel il
dit assez crûment : « Cabet est allé à Nauvoo peu après que nous l'avons
eu abandonnée. On pouvait se procurer maisons et terrains pour une bouchée de
pain. De riches fermes étaient abandonnées et des milliers d'entre nous y
avaient laissé leur maison et leur mobilier, et presque tout ce qui peut
favoriser le bonheur de l'homme qui s'y trouvait. Il aurait été impossible
d'aller quelque part dans des circonstances plus favorables. (…) Quel a été le
résultat ? Je lis dans tous vos rapports, ceux qui sont publiés dans votre
propre journal ici, à Paris, un cri continuel pour recevoir de l’aide. (…) Votre
colonie à Nauvoo avec tous les avantages de nos champs et de nos maisons
abandonnés - il leur suffisait d'y entrer - y traîne une existence misérable »<a href="#_edn2" name="_ednref2" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[ii]</span></span></span></span></a>.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Si dans ces conditions
idéales l’émigration a été difficile, comment l’Amérique ordinaire pourrait-elle
apparaître comme un Eldorado aux yeux de l’ouvrier parisien ?</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">En tout cas,
Cabet peut accepter qu’on le considère comme plutôt dénué de sens pratique, il
lui est intolérable qu’on le traite plus longtemps comme un escroc et, au début
de juillet 1851, il se présente devant le tribunal. Il est acquitté le 26.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Au coup d’état
de Louis-Napoléon Bonaparte, c’est dans le quartier des Marche, à la hauteur
des Arts et Métiers, ou sur les boulevards, juste à l’ouest de la Porte Saint-Denis,
que s’élèvent des barricades dont le préfet de police, <b>Maupas</b>, écrit
dans une dépêche : <span>« Les
barricades prennent de grosses proportions dans le quartier St-Denis. Des
maisons sont occupées par l’émeute. On tire des fenêtres. Les barricades vont
jusqu’au deuxième étage. Nous n’avons encore rien eu d’aussi sérieux. »</span>
<span> </span></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Louise Marche
est enceinte et, au soir du 4 décembre 1851, Charles Michel Marche n’est
heureusement pas parmi les centaines d’ouvriers victimes des fusillades et du
canon, ou tués dans leurs maisons fouillées à la baïonnette. Il ne figure pas
non plus au nombre des près de 27 000 républicains poursuivis jusqu’au
début de l’année suivante par ces espèces de pseudo juridictions appelées Commissions
mixtes, dotées du pouvoir discrétionnaires de statuer sur le sort non seulement
de gens compromis dans des faits mais d’autres simplement jugés pernicieux,
dangereux pour l’ordre public, hostiles au gouvernement ou connus comme chefs
du socialisme. Ces commissions sont à l’origine d’une vague de proscrits, de
réfugiés, d’exilés, à Londres comme à Bruxelles, sans commune mesure avec les
précédentes.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Cabet, qui est
resté à Paris au terme du procès qui l’a vu acquitté, est arrêté le
26 janvier 1852. Considéré comme un « démocrate dangereux », il est
transporté à Calais, d’où il passe en Angleterre. Le proscrit <b>Victor Schœlcher</b>
arrive à Londres le 11 février. Devenant le trésorier honoraire de la “Société
fraternelle des démocrates-socialistes à Londres“, c’est lui qui va répartir
les sommes que <b>Michel Goudchaux</b>, l’ex-ministre des finances de la
République de 48, lui fait parvenir au 6 et au 20 de chaque mois. Pour ces
souscriptions, Goudchaux, malade du cœur, fait à Paris du porte à porte, au
prix de « 80 à 90 étages à monter par jour, avec des palpitations qui
[l’]empêchent de respirer quand [il] arrive aux étages supérieurs. »<a href="#_edn3" name="_ednref3" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[iii]</span></span></span></span></a></span> </p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">L’émigration
londonienne est très divisée. « Tout nouvel arrivant, écrit <b>Gustave</b>
<b>Lefrançais</b> rapportant un propos de <b>Joseph Déjacque</b>, trouve
habituellement au pont de Londres, dès qu’il y débarque, des amis de Ledru et
des amis de Pyat qui, en vrais garçons d’hôtel, se le disputent pour en faire
un adhérent de plus à leur clan respectif. » <b>Félix Pyat</b>, <b>Jean-Baptiste
Boichot</b> et Marc Caussidière, « à côté de la société fraternelle
exclusivement destinée à secourir les misères de la proscription, ont fondé
la société la Commune révolutionnaire dans un but tout politique : (…) correspondre
avec la France, essayer de relier les éléments épars de la Révolution (…) organiser
un noyau de forces capables de donner, dans des circonstances favorables, le
signal d’une insurrection contre le régime inauguré dans la nuit du 2 décembre. »<a href="#_edn4" name="_ednref4" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[iv]</span></span></span></span></a></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Cabet tente,
avec Louis Blanc et <b>Pierre Leroux</b>, de former une <i>Union socialiste</i>
entre cette Commune Révolutionnaire et le groupe de Ledru-Rollin, <i>La Révolution</i>.
Une réunion organisée le 13 juin, à Little Dean Street (auj. Bourchier St),
s’avère orageuse, et il n’en sort rien. Cabet quitte Londres cinq jours plus tard,
embarque à Liverpool. Le 30 juin, il est à New-York, le 23 juillet,
de retour à Nauvoo dans une Icarie de 365 membres.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">A la fin
d’octobre, les divergences entre factions ont des conséquences sur les secours
mêmes des proscrits. De nouvelles élections à la « commission de répartition » de
la Société fraternelle des démocrates socialistes donnent la prépondérance aux
Pyatistes, et plus de quatre-vingts Rollinistes menacent de démissionner<a href="#_edn5" name="_ednref5" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[v]</span></span></span></span></a>. Du
coup, Schoelcher suspend toute distribution dans l’attente d’un avis de
Goudchaux. Le 4 novembre 1852, on peut alors lire sur <br />
les murs du restaurant Morel, lieu de réunion des réfugiés français, une
affiche de la Commune révolutionnaire, signée par les citoyens Caussidière,
Pyat, <b>Thoré</b>, etc., qui déplore que « le citoyen Schoelcher [ait] refusé
de mettre à la disposition de la Société fraternelle les fonds qu'il reçoit
pour elle des démocrates de Paris ».</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Le 27 avril
1852, Mme Marche a mis au monde son quatrième enfant et sa deuxième fille, Gracie<i>
</i>Pauline, au 2 passage du Désir, leur nouveau domicile, un peu plus
haut dans le faubourg Saint-Denis. Est-ce l’une des portes auxquelles frappe
Goudchaux ? Charles Marche est-il en relations avec l’un des
« comités occultes établis dans les faubourgs de Paris »<a href="#_edn6" name="_ednref6" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[vi]</span></span></span></span></a> par
la Commune révolutionnaire de son « ami intime » Caussidière ? </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> <br /></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEh1hdx3MG3Ev-CqoZR-jr8hU1fLt1F9NT8vEm0TkIj5_JJ69VGrqsTgD58AmN9cta5TtrTJvOwYGqFNlNIucV88esVzQl58cf1cHx_SYpILw4Iwq_hJErg0g7ArZHQHGSPBbpejLrYQ_14rCxjoDz9BYiQj01PUItSW0p3JgMUWirPSUHOK1qC_B9ys=s800" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="506" data-original-width="800" height="404" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEh1hdx3MG3Ev-CqoZR-jr8hU1fLt1F9NT8vEm0TkIj5_JJ69VGrqsTgD58AmN9cta5TtrTJvOwYGqFNlNIucV88esVzQl58cf1cHx_SYpILw4Iwq_hJErg0g7ArZHQHGSPBbpejLrYQ_14rCxjoDz9BYiQj01PUItSW0p3JgMUWirPSUHOK1qC_B9ys=w640-h404" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Un bon de souscription, recto<br /></td></tr></tbody></table><br /><p></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhshPrF7Rr-XoRA0i70LatT5bVBRFhSTnp0lFTiNCCptdWeHnpOFFmH4hGdtkObq7yeYqaLgpKRjXn9bio_Zfcu-iDFc8yS1rx_UlNE6jN4rZSEUIf1pW-aLvU6jpCD7VBmxr_2sq-ZxZf4ihdiRgk7LNzgGdSteJtVgKTkEP-spQcfQbR6pZ1-HSqW=s800" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="518" data-original-width="800" height="414" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhshPrF7Rr-XoRA0i70LatT5bVBRFhSTnp0lFTiNCCptdWeHnpOFFmH4hGdtkObq7yeYqaLgpKRjXn9bio_Zfcu-iDFc8yS1rx_UlNE6jN4rZSEUIf1pW-aLvU6jpCD7VBmxr_2sq-ZxZf4ihdiRgk7LNzgGdSteJtVgKTkEP-spQcfQbR6pZ1-HSqW=w640-h414" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le verso du même bon<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Le 4 avril
1853, un premier émissaire de la Commune révolutionnaire est arrêté à
Paris : le tailleur <b>Auguste Berlier</b>, 32 ans. Il dira avoir été
chargé de vérifier auprès de Goudchaux la concordance des sommes distribuées à
Londres avec celles qu’il a envoyées. Trois jours plus tard, la police met la
main sur <b>Raoul Bravard</b> qu’elle a suivi depuis son départ de Londres. Son
faux passeport était censé le protéger d’abord de la condamnation par défaut
qui le menace depuis le 26 juin 1850 : 5 ans de prison et
6 000 francs d’amende pour sa « chanson communiste », le <i>Chant
des Jacques</i>.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Une
quarantaine de personnes tombent dans les jours qui suivent : deux de ces
Montagnards ou Gardiens de Paris que Caussidière avait substitués, en 48, à la
police municipale ; un ancien insurgé de Juin, détenu pour cela deux mois
à Bicêtre ; une fruitière de 57 ans dont la boutique, rue
Neuve-des-Augustins (auj. rue Daunou), est censée être un centre de diffusion
des manifestes de la Commune révolutionnaire. On saisit sur eux 1 500
billets à 1 franc, signés Boichot, Caussidière et Pyat, sortes
d’obligations remboursables par un futur gouvernement révolutionnaire, et
500 exemplaires de la <i>Lettre au Peuple français</i>, signée des mêmes,
votée à Londres le 15 août 1852 et publiée le 22 septembre, pour le 60<sup>ème</sup>
anniversaire de la proclamation de la Première République.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Est-ce le
rétablissement de l’Empire ? Est-ce la répression qui s’abat sur des gens
dont, sans doute, il partage les convictions ? — « Pour échapper à la
répression », écrira <b>Dommanget</b> résumant une lettre de <b>Meyer</b>
à <b>Lacambre</b> (voir la chronique précédente) — Marche s’embarque pour New
York à la mi-mai 1853.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiPoTDYOubdWGkp8olfm7ZgsysZ0hL14NHLxck7y1km9aviLmS8ASlq8osN-JXuazxGyOOUCQmtc08MFsVtR2YHznPABn-CWSH2zMx1JXABUrD0m-Dl1D4aNmAlD0Pt1U5WmXtIiqEQvS775vf9rGVZqG55b0kf1ycHfVttYTW6z6e2L_bHeK9O8RxG=s811" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="562" data-original-width="811" height="444" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiPoTDYOubdWGkp8olfm7ZgsysZ0hL14NHLxck7y1km9aviLmS8ASlq8osN-JXuazxGyOOUCQmtc08MFsVtR2YHznPABn-CWSH2zMx1JXABUrD0m-Dl1D4aNmAlD0Pt1U5WmXtIiqEQvS775vf9rGVZqG55b0kf1ycHfVttYTW6z6e2L_bHeK9O8RxG=w640-h444" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La famille Marche sur la liste des passagers de l'<i>Ocean Queen</i>, avec Charles diminutivé en Chas pour le père comme pour son fils aîné; une graphie anglaise de Marche; une coquille sur l'âge du père, qui a 34 ans et non 24, tandis que Chas fils n'aura 8 ans qu'à la fin de novembre. Le père est dit “Engineer“, qui correspond a mécanicien.<br /></td></tr></tbody></table><br /> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Difficile pourtant
de le penser poursuivi, s’échappant de justesse, alors qu’il monte à bord avec
femme et enfants, dont une petite dernière d’à peine 1 an. L’autre fait
curieux est que la famille Marche ne part pas du Havre, port transatlantique le
plus proche de Paris, et bien desservi par le train, — c’est de là que sont
partis tous les Icariens, c’est de là que part l’émigration d’Allemagne du Sud,
de Suisse, d’Alsace — mais qu’on la retrouve sur un navire de la Black X
Line, ligne qui a pour particularité de relier New York depuis la capitale
britannique, depuis Londres même. On serait donc assez tenté de croire que
Marche était déjà en Angleterre avant la répression d’avril. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> <table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgTNSx02lq5DOgQvq-DsdtkNjbLUNhNGdkSfwmzLWgdINXKrCVGZY3mSkDj1iGUHqKmqgOG716RmTbIDrPirO6PJAcAUxFAX7ed3K_3IR0N5B5jYK50uHKkLCJiFRgMPlCLGHfSo6Xgi_8IhH_qsbD4IP-1-gcJdI22Ejk1t1R87YNwopWzzetyyI9Z=s800" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="428" data-original-width="800" height="342" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgTNSx02lq5DOgQvq-DsdtkNjbLUNhNGdkSfwmzLWgdINXKrCVGZY3mSkDj1iGUHqKmqgOG716RmTbIDrPirO6PJAcAUxFAX7ed3K_3IR0N5B5jYK50uHKkLCJiFRgMPlCLGHfSo6Xgi_8IhH_qsbD4IP-1-gcJdI22Ejk1t1R87YNwopWzzetyyI9Z=w640-h342" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Marc Caussidière sur la liste des passagers de l'Africa. Il va avoir 46 ans et non 50 comme indiqué.<br /></td></tr></tbody></table><br /></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Y a-t-il
croisé son ami Caussidière ? La Commune révolutionnaire venait, le 24
février 1853, de rédiger une adresse <i>Au peuple américain</i>, signée comme à
l’accoutumée de Pyat, Boichot et Caussidière, qui devait accompagner ce dernier,
envoyé placer aux États-Unis les titres à 1 franc de l’emprunt de
solidarité républicaine. Le 1<sup>er</sup> mars, Caussidière prenait à
Liverpool l’<i>Africa</i>, vapeur de la Cunard Line et débarquait à New York le
14. Les Marche, dépourvus des moyens financiers de Caussidière qui, de Londres
à Jersey, s’était fait courtier en vins, faisaient la traversée sur un bateau à
voiles deux fois plus lent, et donc moins cher, l’<i>Ocean Queen</i>. Ils
arrivaient à New York le 14 juin. Le <i>New York Herald</i> contenait ce
placard publicitaire de Marc Caussidière, « représentant exclusif pour les
États-Unis des champagnes de la maison Delbeck & Lelegard, de Reims »,
qui ne manquait pas de sel : « Fournisseur de l’ex-roi Louis Philippe
et de la cour de France » !<span> </span>12
Beaver Street. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><div style="mso-element: endnote-list;"><span style="font-size: medium;"><br clear="all" />
</span><hr align="left" size="1" width="33%" /><span style="font-size: medium;">
</span><div id="edn1">
<p class="MsoEndnoteText"><span style="font-size: medium;"><a href="#_ednref1" name="_edn1" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[i]</span></span></span></span></a> Dans le <i>New Moral World</i>,
journal lancé par Robert Owen, du 4 novembre 1843.</span></p>
</div><span style="font-size: medium;">
</span><div id="edn2">
<p class="MsoEndnoteText"><span style="font-size: medium;"><a href="#_ednref2" name="_edn2" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[ii]</span></span></span></span></a><span lang="EN-US"> B. H. Roberts, <i>Life of John Taylor</i>, p.
226-227.</span></span></p>
</div><span style="font-size: medium;">
</span><div id="edn3">
<p class="MsoEndnoteText"><span style="font-size: medium;"><a href="#_ednref3" name="_edn3" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[iii]</span></span></span></span></a> Goudchaux à Schoelcher
le 15 août 1852.</span></p>
</div><span style="font-size: medium;">
</span><div id="edn4">
<p class="MsoEndnoteText"><span style="font-size: medium;"><a href="#_ednref4" name="_edn4" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[iv]</span></span></span></span></a> Jean-Baptiste Boichot,
Souvenirs d’un prisonnier d’Etat sous le second Empire, Leipzig, 1867.</span></p>
</div><span style="font-size: medium;">
</span><div id="edn5">
<p class="MsoEndnoteText"><span style="font-size: medium;"><a href="#_ednref5" name="_edn5" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[v]</span></span></span></span></a> David A. Griffiths,
« Victor Hugo et Victor Schœlcher au ban de l'Empire, d'après une
correspondance inédite du poète », <i>Revue d'Histoire littéraire de la France</i>
63e Année, No. 4 (Oct. - Dec., 1963).</span></p>
</div><span style="font-size: medium;">
</span><div id="edn6" style="mso-element: endnote;"><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoEndnoteText"><span style="font-size: medium;"><a href="#_ednref6" name="_edn6" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">[vi]</span></span></span></span></a> Boichot, ibid.</span></p>
</div>
</div>
<p><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}span.MsoEndnoteReference
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
vertical-align:super;}p.MsoEndnoteText, li.MsoEndnoteText, div.MsoEndnoteText
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Note de fin Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:10.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}span.NotedefinCar
{mso-style-name:"Note de fin Car";
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Note de fin";
mso-ansi-font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:10.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-ascii-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-language:FR;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-8141744191740296312022-01-15T18:14:00.015+01:002022-03-18T10:59:56.649+01:00TOUT, TOUT, TOUT SUR LE CHARLES MARCHE DE KARL MARX<p> </p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhQfxm1juxkwWzaSi9V1aeHzc4qNs0Fo-GSCdCBNmTOzz_Z_WGpN3ayzR0CdY2FMeG12u7B7HXL7RZDVPqE4AFdB-Gh9UKV_Dlbv5YGUs3ZQiRjOUfsn8aKwk4XBVc7v6gyp1CxfuNZWLUhsNTa3v8KDxnGymqy4CSJsGQlm--WPV2fvVG7-yD7xg5Z=s500" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="273" data-original-width="500" height="350" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhQfxm1juxkwWzaSi9V1aeHzc4qNs0Fo-GSCdCBNmTOzz_Z_WGpN3ayzR0CdY2FMeG12u7B7HXL7RZDVPqE4AFdB-Gh9UKV_Dlbv5YGUs3ZQiRjOUfsn8aKwk4XBVc7v6gyp1CxfuNZWLUhsNTa3v8KDxnGymqy4CSJsGQlm--WPV2fvVG7-yD7xg5Z=w640-h350" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Une
barricade de février 1848 par Eugène Hagnauer, lithographe et peintre
montmartrois né en Suisse le 20/9/1814. Refusé aux Salons de 1845 et 46,
il y est enfin admis en 1848 quand l'entrée en devient libre.<br /></td></tr></tbody></table><br />
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">« Un
ouvrier, <b>Marche</b>, dicta le décret où le Gouvernement provisoire, à peine formé,
s'engageait à assurer l'existence des travailleurs par le travail, à fournir du
travail à tous les citoyens, etc. » C’est presque la phrase inaugurale des
<i>Luttes de classes en France (1848-1850)</i>, de <b>Karl Marx</b>. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">« Marche,
après cette unique apparition, retourne d’où il vient, dans l’oubli », écrivait
en 1933 Donald Cope Mc Kay<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span lang="EN-US" style="mso-ansi-language: EN-US;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[1]</span></span></span></span></span></a>,
ce que ne dément pas, quatre-vingts ans plus tard, Mark Traugott qui ajoute :
« on ignore presque tout de Marche – à commencer par son prénom. »<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[2]</span></span></span></span></a></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"><b> </b></span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Marche, le
jeune ouvrier mécanicien qui, le 25 février 1848 vers midi et demi, le
« visage noirci par la fumée de la poudre », force à la tête d’une
délégation les portes de l’Hôtel de Ville et du gouvernement provisoire, <b>Lamartine</b>,
mauvais physionomiste en plus du reste, lui donne « 20 ou 25 ans ». Il
doit être d’allure très juvénile car en fait il en a 29 : <b>Charles Michel
Marche</b> est né le 16 janvier 1819 à Nonancourt, dans l’Eure.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">A lire
Lamartine, le « Spartacus de cette armée de prolétaires intelligents »
— il ne lui donne pas d’autre nom — réclame du gouvernement « le programme
de l’impossible » : « le renversement de toute sociabilité
connue, l’extermination de la propriété, des capitalistes, la spoliation,
l’installation immédiate du prolétaire dans la communauté des biens, la
proscription des banquiers, des riches, des fabricants, des bourgeois de toute
condition supérieure aux salariés (…) enfin l’acceptation sans réplique et sans
délai du drapeau rouge ».</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Selon <b>Garnier-Pagès</b>,
« Ouvrier, [Marche] parle pour les ouvriers ; il invoque leurs souffrances
et leur vie précaire. Enfants, un travail prématuré les étiole ; hommes,
un travail exagéré les épuise ; vieillards, un travail disputé les abandonne.
Ils n'ont pas le pain quotidien. Le salaire ne suffit pas à leur existence. La
concurrence les tue lentement. Ils meurent de privations au milieu des
richesses qu'ils produisent. Que réclament-ils ? Du travail ! un
travail limité, organisé. Le travail est le droit sacré du pauvre. Le
Gouvernement refusera-t-il, repoussera-t-il des vœux aussi justes ? Non !
Il ne le peut ! il ne le peut ! »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Charles Michel
Marche sait de quoi il parle : son père est mort à 52 ans, lui venait
d’en avoir 13. La famille n’était sans doute pas des plus pauvres : le
père, à son mariage puis aux déclarations de ses quatre enfants, est
successivement enregistré comme tisserand à Évreux, contremaître à la Grande
Filature de Brionne, contremaître de manufacture quelque part au faubourg
parisien de Saint-Marcel, contremaître à la manufacture de M. Josse, à
Nonancourt, enfin commis à la fabrique de bas de laine de Ville Lebrun, hameau
de Sainte-Mesme (Seine & Oise) à son décès. Comment la mère, à priori sans
profession, s’était-elle alors débrouillée ? Quelle instruction le petit
dernier avait-il eue ? Aux registres d’état-civil, ses deux parents, son
grand-père paternel, un oncle du même côté, huissier, signent avec facilité,
tandis que ce 25 février 1848, on va entendre Charles Michel répondre à
<b>Louis Blanc</b> qu’il ne sait pas écrire.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Lamartine,
obsédé par le drapeau rouge, n’a vu que cette couleur aux mains de son Spartacus :
« Il roulait dans sa main gauche un lambeau de ruban ou d’étoffe
rouge ; il tenait de la main droite le canon d’une carabine dont il
faisait à chaque mot résonner la crosse sur le parquet. » Le poète ignore
totalement l’écrit dont Marche est pourtant porteur :</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">“<i>A
Messieurs les Membres du Gouvernement provisoire</i>,</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Le soussigné
Aug. B. de Lancy, rédacteur de la <i>Démocratie pacifique</i>, chargé par une
députation d'ouvriers. Ils demandent :</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">1°
L'organisation du travail, le droit au travail garanti ;</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">2° Le minimum
assuré pour l'ouvrier et sa famille en cas de maladie ; le travailleur
sauvé de la misère, lorsqu'il est incapable de travailler, et, pour ce, les
moyens qui seront choisis par la nation souveraine.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Ce 25 février,
deuxième jour de la République.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Signé : Aug.
B. de Lancy, Moreau, Blanchet, <b>Marche jeune</b>.“</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Si Charles
Michel signe « Marche jeune » c’est qu’il a un frère de dix ans son
aîné, et aussi deux sœurs encore plus âgées : il est le benjamin d’une
fratrie de quatre.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Concernant le
rédacteur de la pétition, <b>Jean-Marcel Jeanneney</b> faisait observer, dès 1933, qu’on
ne trouve pas Aug. B. de Lancy dans les récapitulations d’auteurs donnés chaque
semestre par <i>La Démocratie pacifique</i>, et qu’il n’est question de la
pétition dans aucun numéro du journal. En revanche, le numéro du dimanche
27 février de la<i> Démocratie pacifique </i>porte pour la première fois
en frontispice : « La République de 1792 a détruit l’ordre ancien. / La
République de 1848 doit constituer l’ordre nouveau. / La réforme sociale est le
but, la République est le moyen. / Tous les socialistes sont républicains. / Tous
les républicains sont socialistes. » Ce qui pourrait constituer l’indice d’une
origine fouriériste de la pétition et placer Marche dans cette mouvance.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Ce n’est qu’après
avoir obtenu la transcription de sa pétition en un décret rédigé par Louis
Blanc, accompagnée d’un appendice sur « le million » rajouté par <b>Ledru-Rollin</b>,
ou par <b>Arago</b>, selon que l’on se fie aux souvenirs de Louis Blanc ou de
Garnier-Pagès — <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>“Le gouvernement
provisoire de la République française s’engage à garantir l’existence de
l’ouvrier par le travail ; il s’engage à garantir du travail à tous les
citoyens ; il reconnaît que les ouvriers doivent s’associer entre eux pour
jouir du bénéfice de leur travail ; le gouvernement provisoire rend aux
ouvriers, auxquels il appartient, le million qui va échoir de la liste civile.“
— que le jeune ouvrier aurait prononcé cette phrase qui sera mille fois répétée :
« Nous mettons trois mois de misère au service de la République. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Des quatre ou
cinq protagonistes ou témoins qui ont laissé des mémoires, seul Louis Blanc l’a
entendue, cette phrase, et c’est rétrospectivement, bien sûr, qu’il nous l’a
restituée. Si Marche l’avait prononcée, il aurait eu bien du mérite : il
n’est pas un jeune célibataire n’engageant que lui, il est marié de trois ans
plus tôt et il a déjà deux enfants : son fils n’a qu’un peu plus de 2 ans,
sa dernière-née a 2 mois. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">En réalité, la
première occurrence publique et contemporaine de l’expression n’apparaît pas,
en réalité, dans la bouche de Marche mais dans une brève du <i>Peuple
constituant</i> (le quotidien de <b>Lamennais</b>), du 10 mars 1848 : « On
parlait avec animation dans un groupe d’ouvriers, avant-hier, [soit le 8 mars]
des discussions sur l’organisation du travail dont M. Louis Blanc porte le
poids au Luxembourg. Quelques-uns disaient : “Il faut que ça en finisse,
les maîtres ont eu leur tour, à nous à présent !“ D’autres
répétaient : “C’est cela, il faut que nous vivions bien ! — Pas si
vite, les autres, répliqua un homme déguenillé ; et, arrêtant un élève de
l’École polytechnique qui passait : Tu peux dire au gouvernement
provisoire que nous avons encore trois mois de misère au service de la
République, pourvu qu’on s’occupe de nous ! ».</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">L’expression
fait florès, à tel point que dans une fête républicaine du 11 avril, à
Basse-Terre, Guadeloupe, banquet d’union de soixante-et-onze couverts que
rapporte <i>la Démocratie pacifique</i> du 8 mai, le dixième toast, de M.
de Bausire, président de la cour d’appel, — pas vraiment un rouge, il
conservera son poste sous le Second empire — est porté « Aux
Ouvriers ! à cette classe laborieuse et si abnégatrice (sic) de notre société
actuelle, dont la vie jusqu’ici n’a été environnée que de privations et de
souffrances. À ces hommes qui, au jour du triomphe, n’ont trouvé à faire entendre
que des paroles d’ordre, de travail et de confraternité. Puisse le gouvernement,
réalisant bientôt ses promesses, acquitter une dette ancienne, trop longtemps
oubliée et accrue de toute la grandeur de ce nouveau sacrifice si noblement
exprimé. Nous saurons attendre ; nous avons encore trois mois de misère au
service de la République ! »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">On retrouve
Marche mécanicien-tourneur à l’atelier central du chemin de fer du Nord, à la
Chapelle, juste de l’autre côté de l’enceinte des fermiers-généraux. Ce dimanche
16 avril, les ouvriers sont appelés au Champ-de-Mars pour choisir parmi eux quatorze
officiers de la Garde nationale dans une élection complémentaire, après que
celle du 5 avril les a vus évincés de tout poste d’état-major. Accompagné
d’un porte-drapeau, Marche arrive chez <b>Cavé</b>, dont les ateliers sont un peu plus
bas que le sien, dans les derniers numéros de la rue du Faubourg-Saint-Denis, et
entraîne avec lui une soixantaine d’ouvriers. Il est armé, ce qu’à priori un simple
rassemblement électoral ne justifierait pas. Les témoins ne donneront pas
d’autre détail à la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, diront
l’avoir perdu de vue sur les Champs-Élysées. Le rassemblement du Champ de Mars gagna
ensuite l’Hôtel-de-Ville pour protester de ce que l’organisation du travail se
faisait attendre, et demander le report des élections à l’Assemblée Constituante.
Ledru-Rollin le fit recevoir par les baïonnettes croisées des bataillons bourgeois
de la Garde nationale.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Marche ne
figure pas sur la liste des candidats aux élections à l’Assemblée nationale
constituante du 23 avril soutenue par le <i>Populaire</i> de <b>Cabet</b>, liste qui pour
le département de la Seine compte une moitié d’ouvriers (17 sur 34), délégués
des corporations et candidats du Luxembourg, parmi lesquels Adam<u>, </u>cambreur,
Drevet, mécanicien, Gautier (ou <b>Gauthier</b>) dessinateur et rédacteur du Père
Duchêne, Mallarmé (ou Malarmet), monteur en bronze, Savary, cordonnier, etc.
Pas un de ces « ouvriers du Luxembourg » ne sera élu.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Aux 30 avril
et 2 mai, Marche est à l’école mutuelle du 17 rue des Vinaigriers pour la
fondation de la « Société générale politique et philanthropique des
mécaniciens et serruriers et de toutes leurs subdivisions », qui élit à sa
tête <b>Drevet</b> et <b>Colin</b>. Le témoin Cavé, devant la même commission de l’Assemblée
nationale, dira que sous cette apparence de société de secours mutuels, il
devinait une société secrète. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">La présence de
Marche à l’envahissement de l’Assemblée constituante, le 15 mai, est attestée
par le journal non publié d’<b>Hippolyte Carnot</b>, alors ministre de l’Instruction
publique : « Un ouvrier vint se placer devant mon banc. C'était
précisément celui qui, le lendemain ou le surlendemain de la révolution, entra
dans le cabinet du Gouvernement provisoire pour porter la parole au nom de ses
camarades. Je l'ai reconnu et j'ai essayé d'entamer la conversation avec lui en
rappelant cette circonstance. Il est resté froid, impassible et laconique,
comme à l'Hôtel de Ville. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Le lendemain,
Marche participe au déclenchement de la grève aux chemins de fer du Nord, où il
travaille, pour obtenir l’augmentation d’1 franc par jour qu’ont décrochée la
veille les ouvriers, (charpentiers exceptés), du chemin de fer d’Orléans et du
Centre. La gare d’Ivry avait entamé la lutte dès le début mars et, la ligne
étant essentielle à l’approvisionnement de Paris, la société avait été rapidement
mise sous séquestre, prélude semblait-il à une nationalisation des chemins de
fer qui n’est pas venue. Au moins ont-ils eu les 1 franc par jour.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">On a des échos
du conflit de la Chapelle par le <i>Messager</i> du 22 mai, publication de
l’agence de presse “la Correspondance de Paris“, de Pauchet, Paya et Pellagot,
et de ce fait très repris par les journaux de Paris — <i>le Représentant du
Peuple</i> du 24 mai, par exemple — comme de province : « Parmi les
individus arrêtés dans la journée d'avant-hier se trouve le citoyen Marche, cet
intrépide et audacieux ouvrier qui, dans la journée du 25 février dernier, est
parvenu, par son énergique langage, à arracher, séance tenante, le fameux
décret relatif à l'organisation du travail, et qui, employé au chemin de fer du
Nord, a organisé la grève qui dure encore maintenant. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Ce à quoi
Marche répond dans la <i>Réforme</i> et dans la <i>Vraie République</i> du
26 mai — (par une lettre dictée ? on ne dispose pas des originaux
de l’état-civil de Paris, détruits en 1871, on ne sait donc même pas s’il
savait signer) — : « Citoyen rédacteur, J’ai lu dans plusieurs
journaux “que cet audacieux et intrépide ouvrier qui, par son langage
énergique, était parvenu à arracher le décret relatif à l’organisation du
travail, le citoyen Marche, était arrêté.“ Quel motif pourrait donc avoir le
gouvernement de la République de me faire incarcérer ? Ouvrier obscur, je
me suis lancé avec autant d’ardeur que de loyauté dans la voie que suivent les
hommes qui ont, depuis le 24 février, proclamé et gouverné la République. J’ai,
au nom de tous les travailleurs mes frères, exposé à l’hôtel de ville les
besoins et la nécessité d’organisation dans le travail, et le 25 février
j’ai obtenu du gouvernement provisoire le décret relatif à cette organisation.
Ce décret, rendu après mûre délibération, est fort loin d’être un décret <i>arraché</i>,
les besoins de l’époque le disent assez hautement. Ce que j’ai réclamé dès le
principe, j’en ai demandé plus tard l’exécution, et je saisirai toutes les
occasions favorables pour le réclamer, parce que je suis logique, parce que je
suis l’interprète du désir des travailleurs, parce que loin d’être un homme
politique, je ne suis qu’un ouvrier désireux de voir réaliser enfin les
améliorations si solennellement promises.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Quant à
l’organisation de la grève du chemin de fer du Nord, les ouvriers ont assez de
discernement et de probité pour agir d’après leur conscience et non d’après de
sottes instigations. Je n’ai fait que proclamer, au nom de tous mes camarades,
l’acte de justice qui avait été accordé la veille, pour ainsi dire, aux
ouvriers du chemin de fer d’Orléans.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Que mes amis
se rassurent, je suis libre encore.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Marche jeune,
ouvrier mécanicien, rue du Faubourg-Saint-Denis, 62. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Cette adresse
était déjà la sienne le 30 décembre 1847, à la naissance de sa fille, Félicité
Louise. Quand il avait épousé Virginie Louise Vincent, fleuriste, le 1<sup>er</sup>
février 1845, il habitait beaucoup plus au centre, 31 rue du Grenier Saint-Lazare ;
c’était devenu le domicile du couple et leur premier enfant, Charles Victor
Eugène Antoine, y était né le 24 novembre 1845.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Les élections
du 23 avril, sans obligation de résidence pour les candidats, laissaient
la possibilité d’être élu dans plusieurs circonscriptions. Après que les
représentants pluri élus eurent fait leur choix, les nécessaires élections
complémentaires ont été fixées aux 4 et 5 juin, avec 11 sièges à
pourvoir à Paris. Le <i>Représentant du Peuple</i> de <b>Proudhon</b> et la plupart
des journaux démocrates publient alors la même liste de 11 candidats, censément
adoptée par les clubs réunis, les corporations d’ouvriers, les ateliers
nationaux, la garde mobile et la garde républicaine ; elle ne compte plus
que trois ouvriers : <b>Louis Adam</b>, cambreur, <b>Jules Malarmet</b>, monteur en
bronze, et <b>André Savary</b>, ex-ouvrier cordonnier. La candidature de Marche est patronnée
en revanche par le <i>Père Duchêne</i> : outre deux de ses rédacteurs,
Gauthier et <b>Jean-Claude Colfavru</b>, sa liste propose <b>Caussidière</b>, <b>Blanqui</b>, <b>Raspail</b>,
Cabet, Proudhon, <b>Pierre Leroux</b>, Kersausie, <b>Huber</b>, ouvrier corroyeur, Marche,
ouvrier.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">« La
classe bourgeoise ayant le privilège de l’instruction, de la fortune, de la
lecture devait apporter dans les opérations du scrutin une tactique et un savoir-faire
dont la classe ouvrière ne se doute pas. (…) le suffrage universel consacre
plus que jamais la tyrannie du petit nombre, la tyrannie du fort sur le faible,
du riche sur le pauvre, du maître sur l’ouvrier », écrit <b>Alphonse Esquiros</b>
dans<i> l’Accusateur public</i> qui devient à partir du 11 juin l’organe du
Club du Peuple, d’inspiration blanquiste, qui va se réunir dans la salle des
Spectacles-Concerts du boulevard Bonne-Nouvelle. Les très réactionnaires
Alphonse Lucas et Charles Liadières donnent Marche comme l’un des membres
fondateurs de ce club que président Esquiros et Paul de Flotte ; ils sont,
nous semble-t-il, les deux seuls à en attester.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Si Marche a
été sur les barricades de Juin, on l’imagine sur celle, “formidable“, qui
s’élève dans son fief devant les ateliers de Cavé, à 200 pas de la barrière de
la Chapelle, et ses arrières protégés par le mur d’octroi de 6 m de haut
et 50 cm d’épaisseur. Elle est si puissante que c’est au canon que le 7<sup>e</sup>
de ligne l’affronte, dès le samedi 24. Une autre pièce sera mise en œuvre
rue de Rochechouart, tandis que le dimanche, les troupes, la mobile, les gardes
nationaux d’Amiens et de Rouen, arrivant par la banlieue, la prendront à revers
en réussissant une brèche à la barrière Poissonnière, et en escaladant le mur de
celle de Rochechouart. La bataille se poursuivra encore une partie de la
journée de lundi. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">La brochure
anonyme de 32 pages intitulée <i>Sanglante insurrection des 23, 24, 25, 26
juin 1848 ou narration exacte et authentique de tous les évènements qui
viennent de s’accomplir</i>, etc., qui n’est certes pas du côté des insurgés
mais qui, à cet endroit, se veut équitable, écrit que « les insurgés ont
désarmé beaucoup de mobiles, de gardes nationaux et de soldats du 23<sup>e</sup>
léger qu’ils ont renvoyés sains et saufs, tandis que quelques-uns des
vainqueurs fusillaient au fur et à mesure beaucoup d’insurgés pris dans les
maisons situées à gauche du faubourg Saint-Denis, entre la barricade Cavé et la
barrière. »</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Dans l’article
cité en commençant, Mark Traugott écrivait encore, à propos de Marche : « à
supposer qu’il ait survécu aux affrontements… » </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">On savait
pourtant qu’il avait survécu. <b>François Cavé</b>, qui déposait le 1<sup>er</sup>
juillet 1848 devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[3]</span></span></span></span></a>, y déclarait :
« C’est un nommé Marche, ami intime de M. Caussidière, qui a tout mis en
train. Il n’a pas été arrêté. Depuis les évènements, il se promène vêtu avec
recherche. Cependant, il y a quelque temps, les ouvriers, les sachant, lui, sa
femme et ses enfants fort malheureux, avaient fait une souscription à leur
profit ; mais ce n’est pas cette souscription qui peut le mettre en état
de vivre comme il le fait, car il ne travaille plus ». </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Le couplet sur
cette soudaine opulence est bien sûr la part que prend Cavé à la calomnie que
l’on retrouve partout dans la presse bourgeoise sur des insurgés tous
stipendiés par l’or monarchiste : à preuve ces liasses retrouvées dans les
poches des cadavres, ces femmes arrêtées tandis qu’elles distribuaient de
l’argent aux barricadiers, etc. Mais on peut accorder foi au reste :
Marche n’a été ni tué ni blessé sur les barricades, et pas non plus arrêté.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Des années
suivantes, on ne connaît que le décès de sa mère, sans profession, le 10 mars
1849 au 31 rue Ste-Apolline (au bas de la porte St-Denis) ; la naissance
d’un second fils, Philippe Eugène, le 28 octobre 1849 à l’adresse ancienne de la
rue du Faubourg-Saint-Denis, puis d’une seconde fille, Gracie — un prénom
anglais, indice de ce qui se prépare ? —<i> </i>Pauline, le 27 avril 1852
au 2 passage du Désir, un peu plus haut dans le faubourg. Charles Michel
se déclare toujours mécanicien. Les deux enfants sont baptisés à l’église
Saint-Laurent.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">On retrouve
trace des Marche sur la liste des immigrants qui débarquent à New York, le
14 juin 1853, de l’Ocean Queen, un grand voilier à trois mâts de la
compagnie américaine Griswold, Morgan & Co. Ils viennent de vivre environ
un mois, durée moyenne du trajet, sur ce bateau presque neuf mais dans les
conditions de l’entrepont, avec leurs quatre enfants âgés de 1, 3, 5 et
8 ans. Trois cents Allemands, cent-cinquante Anglais, une cinquantaine de
Français et dix-sept Hongrois les partagent avec eux, soit un total de cinq
cent dix-sept passagers, dont vingt-huit enfants. Trois enfants et un adulte
sont morts pendant la traversée.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"> </p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiZBpXKpjaga5v99StjRd8-fGIwUeZTWz14VoD6irOaoyE6BYLXu0jwxsoX9Brfc3-gw452FA_WJG9-QdarOTR-O_CugQOtQWrBnRvyioSVy0ad2T6G8R0h7kziWzYN-DkX54eKebCRAI7dR7eoPhJ0tBXvlGgeZ1xK-ghgEuqOLqid2oGB30k_qdBh=s500" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="500" height="341" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiZBpXKpjaga5v99StjRd8-fGIwUeZTWz14VoD6irOaoyE6BYLXu0jwxsoX9Brfc3-gw452FA_WJG9-QdarOTR-O_CugQOtQWrBnRvyioSVy0ad2T6G8R0h7kziWzYN-DkX54eKebCRAI7dR7eoPhJ0tBXvlGgeZ1xK-ghgEuqOLqid2oGB30k_qdBh=w640-h341" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La
tête de liste, avec les Américains qui rentrent chez eux et voyagent en
cabine. Les Marche sont quelques pages plus loin avec tous ceux de
l'entrepont.<br /></td></tr></tbody></table><br />
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Trois ans plus
tard, le 10 juin 1857, Charles Michel Marche acquiert du domaine public
américain des terres de colonisation : 120 acres, soit environ 48,5
hectares, au beau milieu du Missouri, dans le comté d’Osage, canton de Crawford, à une trentaine de
kilomètres de Jefferson City et cent-cinquante kilomètres de Saint-Louis. Le
Missouri est encore un État frontière de l’ouest, un État dont ne sont natifs
que 40 % de ses résidents et où les 13 % d’étrangers sont majoritairement
des Allemands, pour un gros quart des Irlandais, les Français n’y comptant que
pour 3 % avec 5 283 personnes au recensement de 1860.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">Le prix
d’achat de cette terre, nous ne le connaissons pas — l’état du Missouri ne les
archive pas — mais il peut aller de 1,25 $ l’acre (4 046,86 m<sup>2</sup>)
pour les nouvelles mises en vente, à 12,5 cents l’acre pour les parcelles qui
sont sur le marché sans avoir trouvé preneur depuis trente ans, soit entre
15 et 150 dollars pour ces 120 acres. Et nous savons que Marche les paye
cash, l’achat à tempérament ayant été supprimé au 1<sup>er</sup> juillet 1820.</span></p>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjh-C3iQpYT29188-D2frGQr5P0DZF97Ql7AhK3Mh8hb9huSluEzwdbIVKOoP4b326tPDx401CV6a6SmhjqFMXwhM3g_ymBUns090HHaEDXMk2AVB8pfrOthCdIkzhpnZO0wyveyUh4cuJeMxO2f7vaMph1q8-yOIUWAGPNu0ExCmucO--YA2m0GA-I=s800" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="509" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjh-C3iQpYT29188-D2frGQr5P0DZF97Ql7AhK3Mh8hb9huSluEzwdbIVKOoP4b326tPDx401CV6a6SmhjqFMXwhM3g_ymBUns090HHaEDXMk2AVB8pfrOthCdIkzhpnZO0wyveyUh4cuJeMxO2f7vaMph1q8-yOIUWAGPNu0ExCmucO--YA2m0GA-I=w408-h640" width="408" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">L'acte de propriété de Marche, sous James Buchanan, 15ème président des Etats-Unis<br /></td></tr></tbody></table><br /><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<span style="font-size: medium;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman", serif;">La révolution dont Marche a été l’un des protagonistes
a aboli l’esclavage, or le Missouri a été, en 1821, le seul État accepté dans
l’Union malgré cette pratique, qui frappe ici 10 % de la population. Un
recensement spécifique liste, en 1860, les propriétaires d’esclaves dans le
canton de Crawford : ils y sont vingt-deux, possesseurs de quatre-vingts
esclaves au total ; Charles Marche n’en fait pas partie. Le recensement
agricole de cette même année indique qu’il exploite dix acres sur sa ferme, et
en laisse soixante-dix en jachère — il a donc déjà revendu quarante acres des
cent-vingt achetés trois ans plus tôt <span> </span>—
qu’il possède un âne ou une mule, une vache laitière, six bœufs de trait et un
bovin à viande ; qu’il élève quinze porcs et qu’il a récolté dans la
saison qui s’achève au 1<sup>er</sup> juin, dix-huit boisseaux (soit 460 kg)
de blé et deux-cent-cinquante boisseaux (soit 6,35 tonnes) de maïs. L’administration
chiffre la valeur de sa ferme à 500 $, plus 50 $ pour le matériel et
230 $ pour le bétail.</span></span><span style="font-size: medium;">
</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">S’il est officiellement
neutre durant la guerre de Sécession, le Missouri fournit en réalité des
soldats aux deux camps : majoritairement à l’Union mais pour plus du tiers
tout de même aux confédérés. Et les immigrés de l’État sont aussi divisés :
plus de trente mille Allemands s’engagent dans les régiments unionistes tandis
que la forte minorité irlandaise de Saint-Louis soutient massivement les
confédérés. De 1861 à 1865, la guerre, au Missouri, ne connaîtra aucune pause :
mille deux cents batailles et engagements y auront lieu, vingt-sept mille
personnes, plus de 2 % de la population y trouveront la mort.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: medium;">
</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhUh75KIeEbPLlpTv2rtm82vM6JD5aOK-M4-knOaLtnDaaRRkGSi-L8LK-A2VM2jKr66gb-0oeCRXRoDq7zHWVRfAphqVCPHoXV-hFPcg5xgMXLLNJsD_GG9KxCyxkMUxrNOM7qguw_b1OKY4bgSCnWKqEWabvVBV8H3TPA-xjCvpi_2lLgbtZ520RZ=s663" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="663" data-original-width="345" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhUh75KIeEbPLlpTv2rtm82vM6JD5aOK-M4-knOaLtnDaaRRkGSi-L8LK-A2VM2jKr66gb-0oeCRXRoDq7zHWVRfAphqVCPHoXV-hFPcg5xgMXLLNJsD_GG9KxCyxkMUxrNOM7qguw_b1OKY4bgSCnWKqEWabvVBV8H3TPA-xjCvpi_2lLgbtZ520RZ=w209-h400" width="209" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br />Le 14 juin
1861, Charles Marche s’engagea, à Linn, dans la compagnie D (capitaine Josias
McKnight, 77 hommes) du bataillon de gardes territoriaux unionistes qui se
formait dans le comté d’Osage. Ce bataillon aurait pour mission de surveiller
la ligne de chemin de fer du Pacifique et le télégraphe, de patrouiller le long
du Mississippi, de détruire les embarcations des rebelles et d’empêcher ces
derniers de traverser pour rejoindre le général confédéré Sterling Price ;
enfin, de monter la garde à Jefferson City pendant la session de la Convention.</span><p></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">
</span></div><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Du petit
groupe de Français qui ont acheté comme lui leur terre dans le comté d’Osage le
10 juin 1857, et sont désormais ses voisins, Charles Marche a été le premier à
s’engager : Antoine Combe* le rejoignit à la compagnie D le 21 juin,
Pascal Decroix* le 29 juin. Ils sont tous démobilisés le 5 octobre 1861.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">
</span></div><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span> <br /><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">
</span></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium;">A peine un mois plus tard, le 1er novembre, Charles Marche
se rendait à Pacific, comté de Saint-Louis, pour s’engager comme deuxième
classe et pour trois ans dans le 26e régiment d’infanterie de volontaires, et
plus précisément dans sa compagnie F, montée par un ancien dentiste, Benjamin
Devor Dean, qui s’en fait du coup le capitaine. Sur 972 hommes du régiment, ils
ne sont que 25 Français ; les Irlandais sont 66, les Prussiens 35 et les
Allemands d’autres provenance 122. Marche s’est enrôlé comme « charretier
auxiliaire ».<br />
Alors qu’il va avoir 43 ans, — dans un régiment d’une moyenne d’âge de 26 —
l’armée américaine, plus précise que Lamartine ou Louis Blanc, nous décrit
Marche ainsi : 1,72 m, teint clair, yeux noisette, cheveux châtains ;
mécanicien dans le civil. </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium;">Le 26<sup>ème</sup> régiment reste engagé d’abord dans le
Missouri, avant de longer le Mississippi vers le sud, l’année 1862, et d’y
multiplier les combats, à Iuka, où son capitaine est blessé à trois reprises, ou
à Corinth, pour ne citer que ceux-là, avant d’atteindre Memphis, Tennessee le
17 janvier 1863. Là, détaché de sa compagnie et affecté comme cuistot à l’hôpital
de la 3<sup>ème</sup> brigade, 7<sup>ème</sup> division, 17<sup>ème</sup> corps
d’armée, il demande une permission d’une journée le 1<sup>er</sup> mars et
on ne le revoit plus. Il n’est arrêté à Saint Louis, comme déserteur, que le 22 janvier
1864, ramené en février au 26<sup>ème</sup> régiment, alors occupé à la garde
de la voie ferrée de Géorgie et d’Atlanta. Il passe en cour martiale à
Huntsville, Alabama, le 30 mars. Il y plaide non coupable : « J’attendais
une permission à l’hôpital, ma compagnie a fait mouvement pendant ce temps-là,
je n’ai pas réussi à la rejoindre. (…) J’ai été blessé en 1839 dans l’armée
française et, à cause de cette blessure, exempté ensuite de la conscription. C’est
du fait de cette blessure que je ne me suis engagé que comme charretier. »
La cour martiale le déclare coupable et le condamne à trois mois de travaux
forcés dans une prison militaire, en l’occurrence celle de Nashville,
Tennessee. </span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEj9GJCUDgDpEsBBc6MjnVcBArZPoMfeish1uQUQj210tVanjejJsXzqtSmu2whfummX7m-JTyKGVTNz0ICsFyqwc607c5mla1O4DBrY1tX98MLl5CtkB3fLtU1X41kwLeOFS-7IzVZ7Cvm_HWZU1Zv64QnZpk9FdqTypKA3-D_feLP8noPUZOBIrVpd=s800" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="506" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEj9GJCUDgDpEsBBc6MjnVcBArZPoMfeish1uQUQj210tVanjejJsXzqtSmu2whfummX7m-JTyKGVTNz0ICsFyqwc607c5mla1O4DBrY1tX98MLl5CtkB3fLtU1X41kwLeOFS-7IzVZ7Cvm_HWZU1Zv64QnZpk9FdqTypKA3-D_feLP8noPUZOBIrVpd=w405-h640" width="405" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Egalement présent 2e classe Charles Marche, Cie "F", 26ème Missouri Volontaires Infanterie, l'accusé</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><p><span style="font-size: medium;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span> </span><span> </span>Marche en est sorti quand le 26<sup>ème</sup> régiment se joint à la
« Marche vers la mer » du général Sherman qui, d’Atlanta, pousse
soixante mille soldats sur 460 kilomètres avant d’assiéger Savannah du 10 au 20
décembre 1864. C’est là que Marche est démobilisé, à Millers Station
exactement, le 19 décembre 1864. Son régiment a vu 12 % de ses hommes tués
ou mortellement blessés au combat et, en y ajoutant les morts de maladie ou
accidentelles, a eu 30 % de pertes.</span></span>
</p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></p><div style="text-align: justify;"></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">
</span></div><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> Le
25 août 1868, Marche obtenait la nationalité américaine à titre militaire, pourrait-on dire : le certificat mentionne son "enrôlement dans l'armée" et sa "démobilisation honorable" (à laquelle sa désertion n'a donc pas porté atteinte). Il a déposé une même demande de naturalisation pour
son fils aîné, Charles Victor Eugène. Antoine Combe en fera autant le
9 décembre. C’était une continuation de leur combat politique, l’acte de de
naturalisation stipulant que l’impétrant « refuse à jamais la moindre
allégeance ou fidélité à quelque autre pouvoir, prince, état ou souverain que
ce soit et, dans le cas présent, à l’empereur de France dont il est aujourd’hui
le sujet. »</span></span></p><div style="text-align: justify;"></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">
</span></div><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> Après la
Guerre civile et plus de trois ans pour le père loin de ses champs, les Marche ont
quitté, au recensement de 1870, le comté agricole d’Osage et sont retournés en
ville, dans la plus grosse de l’État, Saint-Louis (311 000 habitants). Leur
foyer s’est enrichi d’un nouvel enfant, Marie, née au second semestre de 1865
ou au premier de 1866 (elle a 4 ans au recensement, établi en juin 1870) ;
le père est mécanicien, la mère et ses deux aînés font des fleurs artificielles
— Louise était fleuriste à son mariage avec Marche, on se le rappelle —, le
fils cadet est chapelier. D’agriculture ou de propriété terrienne, il n’est plus
question.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">
</span></div><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgrJqDypYXkN3SG20gnGHfJcegCwPaqybfVpCbhJFpZ_G9NNNXIAbUvRsibvzP2lwV8CVwfkr9DfR33Ik1W_1d00JnwDIwHHvDhaFxlr71yOIuGgktCt6iuJj4XXWNetzF_8QG_nkMT2SmkZsTBwc14FUSK9N8ewpldiygV1ske5QosLGwcNdktYva5=s800" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="523" data-original-width="800" height="418" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgrJqDypYXkN3SG20gnGHfJcegCwPaqybfVpCbhJFpZ_G9NNNXIAbUvRsibvzP2lwV8CVwfkr9DfR33Ik1W_1d00JnwDIwHHvDhaFxlr71yOIuGgktCt6iuJj4XXWNetzF_8QG_nkMT2SmkZsTBwc14FUSK9N8ewpldiygV1ske5QosLGwcNdktYva5=w640-h418" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Coquille sur l'âge de Charles père : 52 ans et non 32. Dans la 4ème col, le W est pour White (Blanc).<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><br /></span></span><p></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">
</span></div><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> Ce sont
sans doute des renseignements périmés qu’obtient le Dr Lacambre quand,
peut-être à la demande de Blanqui récemment libéré et qu’il héberge depuis le
mois de juin 1879, il tente de rassembler des informations sur les vieux
camarades dispersés. Le 19 août, lui parvient une lettre de Louis Meyer, qui
fut pion en même temps que lui à la pension Chataing et comme lui membre de la Société
des Saisons dès la fin des années 1830, quarante ans plus tôt ! Une lettre
que Maurice Dommanget résume ainsi : « Pour échapper à la répression,
il [Marche] émigra en Amérique. Là-bas, non perdu de vue par les blanquistes,
il était encore en 1879 à la tête d’un établissement agricole. »</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">
</span></div><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">En
réalité, au recensement de 1880, Charles Michel Marche, mécanicien, habite
toujours la 13ème rue à Saint-Louis. Sa femme est décédée durant la décennie
écoulée et il vit maintenant avec une veuve Irlandaise de 52 ans. Seule la
petite Marie, 14 ans, écolière, vit encore au foyer.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> <span style="font-family: "Times New Roman", serif;">En octobre 1889, Charles Marsh, comme on trouve depuis longtemps son nom
orthographié, quitte Saint Louis pour le Foyer national des combattants
volontaires invalides de Leavenworth, sur la rive gauche du fleuve Missouri qui
fait ici frontière avec le Kansas. Il y meurt de vieillesse le 23 mars 1893. Il
est enterré au cimetière militaire de la ville.</span></span><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style><span style="font-size: medium;"> <style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span><br /></div>
<div><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEj5hLnf9ta8_dNtkhMbyBvuQbhtEywfUxOkQUvmKx_yFGSrOrRwxSk_bkFqSgLdwurvKpQ-rnXT5EHE48SMxkUyoDYzwfcmWWI12rBrSqQwB4mMEVViG0Dfr2SViX151i2Mg1dulsJ-OegDtGbG3qMw_TnOaRjNXs1DkFOsC67bDme6-oGUpkOogCQe=s879" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="755" data-original-width="879" height="550" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEj5hLnf9ta8_dNtkhMbyBvuQbhtEywfUxOkQUvmKx_yFGSrOrRwxSk_bkFqSgLdwurvKpQ-rnXT5EHE48SMxkUyoDYzwfcmWWI12rBrSqQwB4mMEVViG0Dfr2SViX151i2Mg1dulsJ-OegDtGbG3qMw_TnOaRjNXs1DkFOsC67bDme6-oGUpkOogCQe=w640-h550" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La tombe de Charles Michel Marche, 1819 Nonancourt - 1893 Leavenworth. (GBern.O, Find a Grave)<br /></td></tr></tbody></table><br /><div style="mso-element: footnote-list;"><br clear="all" /><br /></div><div style="mso-element: footnote-list;"><hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[1]</span></span></span></span></a><span style="mso-ansi-language: EN-US;"> <i><span lang="EN-US">The National Workshops : A Study in the French
Revolution of 1848</span></i><span lang="EN-US">, Cambridge, Harvard University
Press, 1933.</span></span></p>
</div>
<div id="ftn2" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoNormal"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 10pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[2]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size: 10pt;"> Dans « Les limites du protagonisme : une
anthropologie politique de 1848 », traduit de l’anglais par Hélène Boisson,
dans <i>Politix</i> 2015/4 (n° 112).</span></p>
</div>
<div id="ftn3" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[3]</span></span></span></span></a> Rapport de la Commission
d’Enquête sur l’insurrection du 23 juin et les évènements du 15 mai,
déposition de Cavé, vol. I, pp. 258-59.</p>
</div>
<div id="ftn4" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[4]</span></span></span></span></a> Maurice Dommanget, <span style="font-size: x-small;"><i style="-moz-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: Helvetica; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; text-align: start; text-decoration: none; text-indent: -24px; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px;">La Révolution de 1848 et le drapeau rouge<span class="Apple-converted-space"> </span></i><span style="-moz-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; display: inline; float: none; font-family: Helvetica; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; text-align: start; text-decoration: none; text-indent: -24px; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px;">(éd. Spartacus, mars 1948)</span></span></p>
</div>
</div></div>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-1806446462516634412021-05-09T18:39:00.014+02:002021-10-28T16:39:22.882+02:00MARSEILLE, L'AUTRE EMBOUCHURE DU RHIN<p class="MsoNormal"><span style="font-size: large;"> <span>Les lignes en <span style="color: #990000;">sanguine</span> sont tirées du <i><span style="color: #990000;">1 bis quai des Métallos </span></i><span style="color: #990000;">:</span><i><span style="color: #990000;"><br /></span></i></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><i><a href="https://1.bp.blogspot.com/-YJQJK7Q2n68/YJfDdXxU1dI/AAAAAAAAClI/0vd5HKyzHwMwSnybuDIx-1ZP8dWwiubPwCNcBGAsYHQ/s500/Couv500.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="279" height="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-YJQJK7Q2n68/YJfDdXxU1dI/AAAAAAAAClI/0vd5HKyzHwMwSnybuDIx-1ZP8dWwiubPwCNcBGAsYHQ/w112-h200/Couv500.jpg" width="112" /></a></i></span></div><span style="font-size: large;"><i><br /></i></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Je suis né à
Marseille et je m’appelle Rustenholz. Être un Alsacien de Marseille m’a
toujours paru cocasse : j’étais une rareté comme <b>Pierre Fresnay</b>, de son
vrai nom Pierre Laudenbach — soit le village de mon père, Lautenbach, à une
lettre près — et incarnation pourtant du Marius de Pagnol. Mais pour que je fusse
né à Marseille, encore fallait-il que mon père y eût été avant moi, et
d’ailleurs mon oncle avant lui.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Les deux frères
avaient été mis en apprentissage à Zlin, Tchécoslovaquie, chez Bata. Mon père
n’y était resté qu’à peine ; mon oncle s’était coulé dans le moule durant
trois ans, puis avait commencé comme mécanicien à Hellocourt, la Bataville
mosellane. A la déclaration de guerre, Bata avait replié son outil de
production chez Marbot, à Neuvic sur l’Isle, Dordogne, manufacture dont il
était devenu actionnaire majoritaire en dépit de la loi anti-Bata adoptée début
1936 pour lui interdire toute expansion en France. Mon oncle avait donc passé
la guerre chez Marbot. </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Durant
l’occupation, les Allemands avaient non seulement réquisitionné l’usine
d’Hellocourt au profit de la Luftwaffe mais revendu en outre la vingtaine de
succursales Bata d’Alsace et de Lorraine. A la Libération, Bata tentait devant
la justice de recouvrer ses biens spoliés, tandis qu’un certain nombre
d’acquéreurs de ses magasins ripostaient en accusant l’entreprise, devant les
commissions d’épuration, de collaboration économique avec l’ennemi.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Dans cette
incertitude, mon oncle s’était retrouvé, je ne sais comment, aux chaussures
Roger Soulet de Marseille. Dès les années 1930, la boîte n’était pas, à une
échelle infiniment plus réduite, bien sûr, sans analogie avec Bata. Une
publicité incessante vante sa mécanisation : elle est « la plus belle
usine du Sud-Est », ou « du Sud », voire « d’Europe » ;
« la seule travaillant à la chaîne “Ferrox“ » — (pour la simple
raison que ladite chaîne Ferrox est une création et une appellation maison et
non quelque Rolls des chaînes importée d’on ne sait où) — <span> </span>avec des « méthodes en avance de 50 ans
sur celles actuelles ». Elle vend à des prix d’usine dans des dépôts qui
sont d’abord ceux des frères Palombo 37, rue d’Aix et 145, boulevard de la
Madeleine, et sous la marque Palombo, les deux frères étant les créateurs des
modèles, les dépositaires de la marque ou les associés de Roger Soulet ? </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Ei957ZXR47s/YJfE4duXwbI/AAAAAAAAClQ/kNVFXeg2RFgFtz_YL21Y4BGu5wohL0XUQCNcBGAsYHQ/s900/bonimenter.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="704" data-original-width="900" height="313" src="https://1.bp.blogspot.com/-Ei957ZXR47s/YJfE4duXwbI/AAAAAAAAClQ/kNVFXeg2RFgFtz_YL21Y4BGu5wohL0XUQCNcBGAsYHQ/w400-h313/bonimenter.png" width="400" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br /><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Toujours est-il
qu’au printemps 1935, l’usine du 2, route Nationale, à Saint-Antoine,
s’agrandie sur 8 000 m<sup>2</sup>, ouvre une annexe à
Septème-les-Vallons, et produit 3 000 paires de chaussures par jour. Une journée
de fête et un bal de nuit réunissent pour l’occasion les plus de cinq cents
membres du personnel, outre le député des Bouches-du-Rhône, le conseiller
général du 7ème canton, le maire de Septème, etc... « Un membre du
personnel, raconte <i>Le Petit Provençal</i>, remit à M. Soulet, au milieu des
applaudissements unanimes, deux superbes bronzes représentant “L’Effort“ par
Nerva et portant cette heureuse dédicace : “Au robuste artisan de notre
bonheur. Hommage respectueux de tout le personnel.“ » (Voir en contrepoint
l’article de <i>Rouge-Midi</i> :) </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-tPLFx-DqfAs/YJfFGundpeI/AAAAAAAAClU/MstFBJRc0uc1s_vPBUf0UC2mfeVfhZ5KgCNcBGAsYHQ/s900/RougeMidi.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="567" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-tPLFx-DqfAs/YJfFGundpeI/AAAAAAAAClU/MstFBJRc0uc1s_vPBUf0UC2mfeVfhZ5KgCNcBGAsYHQ/w404-h640/RougeMidi.png" width="404" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">On ne sait si l’on
doit au même membre du personnel cette ode à la chaîne qu’ont publiée les <i>Tablettes
d’Avignon et de Provence</i> à l’occasion de la venue des chaussures Palombo à
la Foire de Printemps.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Le patron, <b>Roger
Soulet</b>, a été l’un des plus jeunes engagés volontaires d’août 1914 — à
17 ans ! Croix de guerre, médaille militaire, c’est un colosse à la
Raimu et un « sportif industriel », fondateur de l’Union Sportive
Soulet (USS), qu’il a dotée du stade Roger Soulet à Notre-Dame-Limite ;
organisateur de la Coupe Roger Soulet réservée aux équipes de foot non
licenciées et débutantes, du Cross-Country challenge Roger Soulet, du Grand
Prix Roger Soulet de cyclisme sous le patronage du <i>Radical</i>, etc. Outre
l’USS, il créera encore le Saint-Antoine Sports (SAS, couleurs blanches et
noires) et le Racing Club de St-Antoine (couleurs rouges et bleues). </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-qe48C9YChEE/YJfFpv_8tsI/AAAAAAAAClg/FYWRHOgLY-kevS-4TxnjDR_TzaQvJh3iQCNcBGAsYHQ/s900/chai%25CC%2582nenfants.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="809" data-original-width="900" height="360" src="https://1.bp.blogspot.com/-qe48C9YChEE/YJfFpv_8tsI/AAAAAAAAClg/FYWRHOgLY-kevS-4TxnjDR_TzaQvJh3iQCNcBGAsYHQ/w400-h360/chai%25CC%2582nenfants.jpg" width="400" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br /> <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-rT6HSGyBxXk/YJfF_68NeEI/AAAAAAAAClo/CbjegLGIKAImdUwVWKEES9AqlTLaY4ueACNcBGAsYHQ/s779/chaussureshommes.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="627" data-original-width="779" height="323" src="https://1.bp.blogspot.com/-rT6HSGyBxXk/YJfF_68NeEI/AAAAAAAAClo/CbjegLGIKAImdUwVWKEES9AqlTLaY4ueACNcBGAsYHQ/w400-h323/chaussureshommes.jpeg" width="400" /></a></div><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Il est aussi à
l’initiative de l’Estudiantina Roger Soulet dans le « but de développer
l'art musical » ; il est président d’honneur des Amis de
l’Instruction Laïque de Septème-les-vallons, et membre d’honneur de vélo-clubs
comme de groupes de boulomanes. Bref, les jours où sa publicité ne passe pas
dans le journal, le patron y est pour un parrainage sportif quelconque.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-vpCcPhY1R0Y/YJfG77iTT9I/AAAAAAAAClw/fHUCerroSzc6WwxSRm6if9f1Hs2LPFw-ACNcBGAsYHQ/s900/standAvignon.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="646" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-vpCcPhY1R0Y/YJfG77iTT9I/AAAAAAAAClw/fHUCerroSzc6WwxSRm6if9f1Hs2LPFw-ACNcBGAsYHQ/w288-h400/standAvignon.jpg" width="288" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le stand Palombo à la Foire d'Avignon<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /> </span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Mon oncle Jean
semble attendre chez Roger Soulet que Bata se réorganise — en Tchécoslovaquie,
les usines de Zlin ont été nationalisée, l’entreprise est en train de
transférer son siège mondial au Canada — et que la fabrique projetée en Algérie
au début de 1939 et refusée par les autorités françaises malgré sa modestie —150 ouvriers
pour 6 000 paires par semaine — voie enfin le jour et peut-être en plus
grand.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Il a trouvé à
louer pour lui et sa femme deux pièces à l’étage d’un cabanon de la Gavotte, muni
en tout et pour tout de l’eau courante sur un évier de pierre, mais d’où il
peut aller travailler à Saint-Antoine à pied. Le rez-de-chaussée en est libre
aussi et Jean propose à son cadet (donc à mes parents) d’y venir et de partager
avec lui l’aventure algérienne. Il lui trouvera bien du boulot en attendant,
par l’intermédiaire de ses amis arméniens, nombreux dans la chaussure et à
Saint-Antoine.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Et c’est ainsi qu’un
jour du printemps 1946, mon père se retrouve à la villa Les Coquelicots, 11,
allée des Fleurs, au domicile personnel de <b>Paul “Achille“ Papazian</b>. </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Son licenciement, le
17 juin 1938, de la Société Provençale de Construction Navale (SPCN) où il
était dessinateur principal, avait suscité une grève de solidarité de 6 ou
7 000 ouvriers et techniciens de la métallurgie, qui avait tenu bon durant
un mois et demi. Chaque jour, les journaux de Doriot, <i>la</i> <i>Liberté</i>
et <i>l’Émancipation nationale</i>, s’étouffaient de ce que celui qu’ils
n’appelaient qu’“Omar Papazian“, ce “turco-arménien soviétisé“, paralysât à lui
tout seul la ville de Marseille. </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">En 1942, sous le nom
de guerre d’Achille, il était l’un des dirigeants de l’union départementale
clandestine de la CGT ; en 1944, vice-président du comité de Libération
des Bouches-du-Rhône. Aujourd’hui, de la SPCN réquisitionnée et confiée à
la « gestion ouvrière » de la CGT, Paul Papazian est le directeur qui a été
proposé par le syndicat et agréé par le commissaire régional de la
République, <b>Raymond Aubrac</b>.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Et il embauche mon
père comme électricien, son métier, bien qu’il n’ait aucun fait de résistance à
son actif et ne soit même pas syndiqué. Parce qu’il a été victime, à
14 ans, de ce Bata qu’<b>Ilya Ehrenbourg</b> qualifiait dans le <i>Crapouillot</i>
de « Mussolini de la chaussure » ? </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Voilà les deux
frères alsaciens à Marseille, dans les starting-blocks pour l’Algérie, à la
suite de ce qui apparaît comme deux parcours individuels, originaux, l’un
linéaire, Bata aux pieds — Lautenbach, Zlin, Hellocourt, Neuvic-sur-l’Isle,
Marseille — l’autre erratique : Lautenbach, Zlin, Le Mans, Toulouse,
Saint-Béat, Le Mans, Saint-Pierre-des-Corps, Joué-lès-Tours, Paris, Marseille… </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Et pourtant cette
géographie a priori toute personnelle est naturellement sociologique. Au XIX<sup>e</sup>
siècle, quand les pays germanophones sont terres d’émigration, le Rhin a deux
embouchures, Rotterdam d’un côté et Marseille, par le sillon rhodanien, de
l’autre ; l’Algérie est l’Amérique de ceux qui n’ont pas les moyens de la
vraie : vingt à vingt-cinq pour cent des colons français y arrivent
d’Alsace et de Lorraine.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">L’annexion de
l’Alsace-Moselle par la Prusse, en 1871, qui accorde aux natifs un droit
d’option, c’est-à-dire d’émigration durant deux ans, n’est pas significative
pour ce qui est des flux. Elle l’est politiquement : c’est sur les
445 000 hectares séquestrées aux insurgés kabyles de <b>Cheikh El Mokrani</b> que
les “optants“ alsaciens et lorrains vont être installés en Algérie. Le fils
d’un de ces optants, <b>Victor Spielmann</b>, s’en fera l’écho dans <i>Le Cri de
l’Algérie</i> du 5 novembre 1912 : « Si nous, Alsaciens, nous
plaignons des spoliations et des vexations dont nous sommes victimes de la part
de l’Allemagne, que doivent dire les indigènes patriotes de leur Algérie, pour
avoir été, sous prétexte d’insurrection, dépouillés de centaines de milliers
d’hectares des meilleures terres, sans compter l’amende de guerre. Les
Allemands, en 1870, se sont contentés de l’amende et d’une partie de notre
territoire. C’est pour cela que je proteste contre toutes les injustices dont
on les abreuve. » Cité par <b>Gilbert Meynier</b>, « Victor Spielmann
(1866-1938), un Européen d’Algérie révolté contre l’injustice coloniale »<b>
</b>dans <i>Raison présente</i> 2017/3 (N° 203).</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Écho encore présent
dans <i>Le premier homme</i> d’<b>Albert Camus</b>, qui qualifie de « persécutés-persécuteurs »,
« réfractaires prenant la place chaude des rebelles », « ces
Alsaciens qui en 71 avaient refusé la domination allemande et opté pour la
France, et on leur avait donné les terres des insurgés de 71[ceux de la révolte
d’el-Mokrani et <b>el-Haddad</b>], tués ou emprisonnés ».</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Quelque deux cents de ces
insurgés rejoindront dans les bagnes de Nouvelle-Calédonie ceux de la contemporaine
Commune de Paris. « Un matin, dans les premiers temps de la déportation, écrit
<b>Louise Michel</b>, nous vîmes arriver, dans leurs grands burnous blancs, des Arabes
déportés pour s’être, eux aussi, soulevés contre l’oppression. Ces orientaux,
emprisonnés loin de leurs tentes et de leurs troupeaux, étaient simples et bons,
et d’une grande justice ; aussi ne comprenaient-ils rien à la façon dont
on avait agi envers eux. » <i>La Commune</i>, 1898.</span></p><p style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">
</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i>Le Progrès
de Sétif</i>, dont Victor Spielmann est un collaborateur occasionnel, « journal
républicain radical », bi-hebdomadaire, annonce à sa Une, le 19 octobre
1904, un passage prochain dans la ville d’<b>Ernest Girault </b>et de Louise Michel, promesse faite par celle-ci aux </span><span style="font-size: large;">"grands burnous blancs" quelque vingt-cinq ans plus tôt.</span><span style="font-size: large;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-s2xmf4xdiO8/YJq2il5-Y8I/AAAAAAAACmY/E9ql24UNAZMlX7icpGxcUi39CuYuLzwYQCNcBGAsYHQ/s1960/Unedu1910.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1960" data-original-width="980" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-s2xmf4xdiO8/YJq2il5-Y8I/AAAAAAAACmY/E9ql24UNAZMlX7icpGxcUi39CuYuLzwYQCNcBGAsYHQ/w320-h640/Unedu1910.jpg" width="320" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br />Les deux orateurs donnent leur première conférence le lendemain à l’Athénée d’Alger,
puis une autre le 30 octobre, à la Maison du Peuple, elle traitant de « l’éducation
intégrale », lui du « néo-malthusianisme ». Le même jour, ils publient
chacun un article dans <i>La Pensée libre</i>, revue hebdomadaire d’éducation
sociale (21 bd Bugeaud ! Alger). Girault titre le sien LA PESTE : « [Le
vapeur] La Marsa a apporté avec nous la peste à Alger… Quelle est donc la
nature de cette peste ? L’Internationale ! [Il désigne par-là l’Association
internationale antimilitariste (AIA) qui s’est créée en juin à Amsterdam]
Organiser l’antimilitarisme, aider les déserteurs, soutenir les insoumis,
défendre les révoltés, miner l’armée, cette école du crime, ébranler la
discipline, apprendre à haïr les chefs, créer un état de conscience capable d’empêcher
les jeunes gens de tirer sur le peuple (…) telle est l’œuvre que se propose la
nouvelle <i>Internationale</i>. »</span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Entretemps, le
26 octobre, cette fois en pages intérieures, <i>le Progrès de Sétif</i> <span> </span>a confirmé la venue des conférenciers pour les
7 et 8 novembre. </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-tytzpvoEWAQ/YJq4DIAMbDI/AAAAAAAACmw/ALJomunrhSUAqXTpGcqV7AXIo-BFWRFdACNcBGAsYHQ/s900/LouiseMich.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="580" data-original-width="900" src="https://1.bp.blogspot.com/-tytzpvoEWAQ/YJq4DIAMbDI/AAAAAAAACmw/ALJomunrhSUAqXTpGcqV7AXIo-BFWRFdACNcBGAsYHQ/s320/LouiseMich.png" width="320" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br />Ils sont exacts au rendez-vous et le numéro du 9 novembre
rend compte en Une de la soirée (ci-dessous). L’autre bi-hebdomadaire, <i>le Réveil
de Sétif</i>, « journal républicain démocratique », ne le fait que le
13novembre, mais plus longuement. Il précise qu’il « avait été décidé au
préalable que chacun des partis politiques de Sétif serait représenté à la
tribune et qu’en conséquence y avaient pris place MM. Pasquini, directeur du <i>Progrès</i>,
Deluca, rédacteur-en-chef du <i>Réveil</i>, et Georget, ouvrier. » Il rapporte
que le discours introductif de Louise Michel portait sur l’église, l’armée et
la propriété, et qu’il avait été salué « d’applaudissements frénétiques ».
Girault avait ensuite développé ces trois sujets, beaucoup plus minutieusement,
et si le journal l’approuvait sur les deux premiers, il ne le suivait pas sur l’armée.</span><span style="font-size: large;"><div style="text-align: left;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-62pgqELexVk/YJq3LyRjR0I/AAAAAAAACmo/RpLFEYjRjOwU3XC2nxD9O0MEk7zZQTNWACNcBGAsYHQ/s2510/Unedu911.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em;"></a><span style="font-size: large;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-tJkRclkG3hI/YJq4shnsTDI/AAAAAAAACm4/OGilpalpPIQnUc__dNjBAp3PhhaC70g6QCNcBGAsYHQ/s2510/Unedu911.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2510" data-original-width="1028" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-tJkRclkG3hI/YJq4shnsTDI/AAAAAAAACm4/OGilpalpPIQnUc__dNjBAp3PhhaC70g6QCNcBGAsYHQ/w262-h640/Unedu911.jpg" width="262" /></a></div><br /></span></div></span><span style="font-size: large;"><div style="text-align: left;"><span style="font-size: large;">Mais le plus
réjouissant, pour nous qui étions à la recherche d’indices d’une possible
rencontre de Louise Michel et de Victor Spielmann lors de cette tournée, c’est
que l’article du <i>Progrès</i>, qui finit sa phrase en page 2 : « …
citoyennes que leur place à toutes devrait être aux premiers rangs à une
pareille école. », fait voisiner du coup le compte-rendu de la réunion
avec celui d’une autre qui s’est tenue le dimanche 6 à la mairie de Bordj
Bou Arreridj en vue de la création d’une société de Secours-Mutuel. Victor
Spielmann, écrit le journal, l’ouvrit par ces mots : « En dehors des
bienfaits matériels, la mutualité prépare encore la Paix et la Fraternité parmi
les populations où elle règne. Elle hâte la solution de la question sociale. C’est
là notre rêve… » A la fin de quoi, Victor Spielmann, négociant, en était
élu vice-président. L’était avec lui, parmi 17 membres du bureau et
administrateurs divers, un « délégué des indigènes ».</span><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> </span></div></span><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Victor Spielmann fut-il, le lendemain lundi 7
novembre, à la conférence de Louise Michel et d’Ernest Girault ? C’est
plus que probable. Bordj Bou Arreridj n’est qu’à 65 km de Sétif, leur
liaison ferroviaire est assurée depuis plus de vingt ans — sur cette ligne
Alger-Constantine qu’empruntent les deux conférenciers — enfin la conférence avait
été vantée depuis trois semaines et se trouvait quasi « parrainée »
par un journal dont il était le collaborateur.</span></span><span style="font-size: large;"></span></p><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Mon père comme son
frère aîné sont nés après le retour de l’Alsace-Moselle à la France. C’est le
moment où l’Algérie, et plus largement l’empire colonial français, passent pour
les Alsaciens de terre d’émigration à débouché commercial, les deux n’étant pas
complètement sans lien. Dès 1923 la création d’un Office colonial est en germe
à Mulhouse ; elle sera effective trois ans plus tard, parce que « si
l’on sait s’adapter à leurs demandes, les soixante millions d’indigènes de nos
colonies peuvent remplacer les soixante millions d’Allemands défaillants »,
écrit la Commission d’initiatives de la Société industrielle de Mulhouse, la
fameuse SIM que cite <b>Nicolas Stoskopf</b> dans « La culture impériale du
patronat textile mulhousien (1830-1962) », (article de <i>L’esprit
économique impérial (1830-1970). Groupes de pression & réseaux du patronat
colonial en France & dans l'empire</i>. Paris : Société française
d'histoire d'outre-mer, 2008.) </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">« À l’activité
purement économique, poursuit-il, l’Office se proposait « <i>d’en ajouter
une autre : celle de faire connaître au grand public la ’’plus grande
France’’ </i>[…]. <i>Il s’efforcera de donner une image aussi vivante et exacte
que possible de la richesse et de la diversité de nos possessions d’outre-mer</i> ».
Les enfants des écoles étaient donc invités à participer à ces diverses
manifestations et des bourses de voyages étaient accordés aux meilleurs élèves
de l’École supérieure de commerce. En 1933, un bilan provisoire fit état de
trente conférences, trois films et trois grandes expositions au Musée des
Beaux-Arts sur Madagascar, l’AOF et le Maroc qui avaient attiré chacune 4 à
5 000 personnes, (…) ce qui permit à tout le moins aux Mulhousiens de tous
âges de découvrir un empire colonial largement ignoré jusque-là et au patronat
mulhousien de jouer un rôle pédagogique qui faisait traditionnellement partie
de ses ambitions sociales. »</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">À la fin de cette
année-là, mon père a 12 ans, mon oncle 14 et mon grand-père vient de
mettre la clé sous la porte de la minuscule fabrique de vis à bois qu’il avait
créée six ans plus tôt.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Jean était finalement parti non pas pour le Maghreb mais
rejoindre l’usine Bata de Rufisque, au Sénégal. Mes parents ne l’avaient pas
suivi. Il y avait sans doute eu un désir d’ailleurs colonial chez mon père
mais, à bien y réfléchir, Bata, c’était quand même un sale souvenir, il
<a href="http://www.alain-rustenholz.net/2021/04/hors-texte-1-bis-quai-des-metallos-le.html">n’avait qu’à regarder sa main</a>... Et à y accompagner Jean qui, lui, avait dix
ans d’ancienneté dans la boîte, il aurait forcément été le subalterne de
son frère... </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Georges et Lucienne étaient simplement montés remplacer
mon oncle à l’étage, pas plus confortable mais un rien plus lumineux qu’un
rez-de-chaussée encaissé sous l’escalier extérieur et son palier menant à
l’étage.</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Et ils avaient fait
pour l’État-civil, un Alsacien de Marseille.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Mon père avait
sillonné les routes maritimes de la « plus grande France » sur les
bateaux des Messageries Maritimes, de Djibouti à la Nouvelle Calédonie, en
passant par l’Indochine, et puis il était remonté à Mulhouse dans l’espoir d’en
repartir, toujours pour l’outre-mer mais cette fois avec son père et la
Manurhin.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">En juillet 1957, je
suis ainsi<span style="font-family: "AGaramondPro",serif;"> </span>en colo à
Joie et Santé, chez les salésiens de Ferrette, dans le Sundgau comme on
appelle le Jura alsacien.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Je reçois de Manman des enveloppes gonflées comme par des
lettres de vingt pages, parce qu’elle a découpé dans le journal tout ce qui
concerne la visite officielle du président René Coty. Manifestement, un
président de la République ça l’impressionne, et elle pense que ça m’intéresse.
J’ai droit aux photos du cortège de Tractions et de DS entrant à Colmar
derrière la limousine présidentielle, le 8 juillet ; à celles de l’inauguration
du bief de l’usine hydroélectrique de Fessenheim et, le lendemain, à la
réception de l’hôtel de ville : « Vous autres Mulhousiens représentez une
tradition et cette tradition, c’est la marche en avant. »</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Mais surtout, le président <b>René Coty</b> est venu repeindre
en bleu des Vosges le problème algérien. « Qu’on ne compte pas sur nous pour
sacrifier de l’autre côté de la Méditerranée une nouvelle Alsace-Lorraine.
Cette amputation que la violence nous avait imposée, les autres peuples ont
plus tard mesuré ce qu’il leur en coûtait d’en avoir été les spectateurs
passifs. En Algérie, le chaos et la misère qui suivraient une abdication de la
France, nul ne peut ignorer quels en seraient les profiteurs. »</span><span style="font-family: "AGaramondPro",serif;"> </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><br /></p><span style="font-size: large;"></span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><b></b></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-YW16wvBEjAc/YJgOLAL849I/AAAAAAAACmI/TrImSK9AkyUVvI3GO-GfbBRJ0NOvVo4ZACNcBGAsYHQ/s450/Ferhat.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="347" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-YW16wvBEjAc/YJgOLAL849I/AAAAAAAACmI/TrImSK9AkyUVvI3GO-GfbBRJ0NOvVo4ZACNcBGAsYHQ/w309-h400/Ferhat.jpg" width="309" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Coiffé de la toque d'Ataturk adoptée en 1922 <br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><b><br />Ferhat Abbas</b>, futur président
du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) retournera la
comparaison — “ L’Algérie est aussi une Alsace, mais c’est l’Alsace du
monde musulman et du Maghreb arabe ” — avec d’autant plus de force que ses
premiers articles de membre du mouvement Jeune Algérien ont été publiés, dès
1922, par <i>Le Trait d’Union </i>de<i> </i>Victor Spielmann. “ Ce courageux
Alsacien, dont j’évoque avec émotion le souvenir, écrira-t-il en 1962, ancien
colon de Bordj Bou Arreridj [là-même où la première attaque d’el-Mokrani avait
été portée, le 16 mars 1871], prenait violemment à parti les pouvoirs publics,
et dénonçait avec vigueur l’expropriation des Arabes et leur ruine. À certains
égards, il était un des plus valeureux défenseurs de notre cause. ” <i>La nuit
coloniale</i> pp. 26 et 118.<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-9RzqPsCEYGY/YJgM6rtBBJI/AAAAAAAACl4/UHeihVZMAKcrlbgR0o33c7QAVy_f0hmJgCNcBGAsYHQ/s900/mai81.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="894" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-9RzqPsCEYGY/YJgM6rtBBJI/AAAAAAAACl4/UHeihVZMAKcrlbgR0o33c7QAVy_f0hmJgCNcBGAsYHQ/w398-h400/mai81.png" width="398" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Rééd. du <i>Jeune Algérien</i> de F. Abbas chez Garnier en 1981<br /></td></tr></tbody></table><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Ferhat Abbas avait
déjà écrit au début de 1954 dans son journal, <i>La République algérienne</i>, que
le Haut-rhinois arrivé à 5 ans en Algérie avec son cordonnier de père, avait
été « un des tous premiers combattants pour la reconnaissance de la
personnalité algérienne », « le précurseur méconnu du Manifeste du
Peuple algérien ». (cité par <a href="http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2008/05/26/9129542.html">Gilbert
Meynier</a>)</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="margin: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><p><span style="font-size: large;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">J’étais en 3<sup>ème</sup> au Lycée de Molsheim — après notre détour par
la région stéphanoise, mes parents en étaient à leur douzième adresse — quand
deux rapatriés d’Algérie sont arrivés dans ma classe.</span></span></p><p><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"></span></span></p><div style="text-align: left;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-W1WlYU2I6d4/YXq1LfD6cYI/AAAAAAAACqY/Q9xeBEj9N4gBG6DTawoRnKHM9uDPYSIOgCNcBGAsYHQ/s2048/Fre%25CC%2581quenceprotestante.png" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1327" data-original-width="2048" height="129" src="https://1.bp.blogspot.com/-W1WlYU2I6d4/YXq1LfD6cYI/AAAAAAAACqY/Q9xeBEj9N4gBG6DTawoRnKHM9uDPYSIOgCNcBGAsYHQ/w200-h129/Fre%25CC%2581quenceprotestante.png" width="200" /></a></span></span></div><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><a href="https://frequenceprotestante.com/diffusion/les-impromptus-du-28-10-2021/">Sur Fréquence protestante</a><br /> </span></span><p></p><p><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Sur la chaîne YouTube <a href="https://www.youtube.com/channel/UCMIS0oYA8rW9hYe-D5Wf3vA"><i>Faire de l'Histoire... populaire</i></a> de <b>Gérard Noiriel</b> / Daja : </span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"></span></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"></span></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"></span></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"></span></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"></span></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"></span></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dxSCOLbqndI9wLW_OnkS4KaUr7z_mLT-2dZ-75BY92Bg-GVorSdawmQqyr8WyeHnmapeN1UGsFsCoH-gSM9RA' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe></span></span></div><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span>
</span><p></p><p><style><font size="5">@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:AGaramondPro;
panose-1:2 11 6 4 2 2 2 2 2 4;
mso-font-alt:Cambria;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:auto;
mso-font-signature:0 0 0 0 0 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}a:link, span.MsoHyperlink
{mso-style-priority:99;
color:#0563C1;
mso-themecolor:hyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
color:#954F72;
mso-themecolor:followedhyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}p
{mso-style-priority:99;
mso-margin-top-alt:auto;
margin-right:0cm;
mso-margin-bottom-alt:auto;
margin-left:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</font></style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-38748751084193036622021-04-28T20:24:00.041+02:002021-06-13T23:14:37.678+02:00“ROUTE DE L’ÉMEUTE“ OU “RUE SANS JOIE“ ?<p><span style="font-size: medium;"> <span>Les lignes en <span style="color: #990000;">sanguine</span> sont tirées du <span style="color: #990000;"><i>1 bis quai des Métallos </i></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://1.bp.blogspot.com/-LhTvAjO1Xac/YImQuJdOdHI/AAAAAAAACjg/qRs_HFl1_MM0kgyZTJ-14qr23HnCopq5QCNcBGAsYHQ/s500/Couv500.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="279" height="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-LhTvAjO1Xac/YImQuJdOdHI/AAAAAAAACjg/qRs_HFl1_MM0kgyZTJ-14qr23HnCopq5QCNcBGAsYHQ/w112-h200/Couv500.jpg" width="112" /></a></i></span></div><span style="font-size: medium;"><i><br /></i></span>
<p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">La Ricamarie, c’est une ville-rue et on est à son bas
bout où le ruban des maisons après s’être effiloché finit par disparaître.
Passé l’usine Jacquemond Frères, il n’y a plus qu’un grand terrain vague, avant
que ne commence de l’autre côté, par une effilochure semblable qui va ensuite
coaguler, le Chambon-Feugerolles. Dans le court intervalle entre les deux
communes, mais à l’écart de la route, le puits Pigeot se signale par un
chevalement monolithique de soixante-sept mètres de haut, tout en béton,
très moche, et un terril. Dans les années 1920, la Compagnie des mines a
choisi exprès de bâtir loin de tout, la cité des Combes, de sorte que ses
ouvriers polonais puissent conserver leur langue et leur culture jusqu’à leur
retour au pays.</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Notre appartement tout en longueur donne sur la nationale
88. « Cette route qui va de Saint-Etienne à Firminy, écrivait Léon de Seilhac*,
passe par La Ricamarie et Le Chambon, et les distances sont courtes sur cette
grande voie où pullulent les puits de mines et les grandes usines
métallurgiques. » Elle avait en 1912, précise-t-il, « le plus fort trafic
de France », et pas que de voitures : « Si une grève éclatait à
Firminy, c’était immédiatement l’exode vers Saint-Étienne, la démonstration
bruyante de la force ouvrière, et sur la route la manifestation faisait fermer
toutes les usines, vidait les puits de mine et se grossissait de tous les
ouvriers arrachés à leur travail. » Cette nationale, qu’il appelle « la
grande route de l’émeute », on l’a découverte hier au petit matin, quand
le jour nous a réveillés, moulus, éreintés après une nuit depuis Mulhouse,
entassés dans notre vieille 202. Et c’était dimanche. Le lundi matin, en
partant pour l’école, on se rend compte, sans avoir les chiffres, qu’en 1958
c’est huit à dix mille véhicules par jour qui y passent, dont un tiers de
trolley, d’autobus et de camions. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Des ouvriers du Chambon, nos voisins, le même Seilhac
disait qu’« individuellement, ce sont les gens les plus doux du monde.
Mais ils se trouvent par malheur sur la grande route de l’émeute ». Déjà
qu’en arrivant nous n’étions sûrement pas dans nos rapports intra-familiaux
les gens les plus doux du monde, maintenant qu’on est au bord de « la grande
route de l’émeute », ça va tourner comment ? </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">*<b>Léon de Seilhac</b>, <i>Les Grèves de Chambon</i>, Paris :
A. Rousseau, 1912.</span></span> </p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Il est pour
cette nationale 88 une autre qualification que l’on pourrait dire
populiste à l’inverse de celle, politique, de Léon de Seilhac : celle
d’<b>Eugène Claudius-Petit</b> qui, député de la Loire, écrivait à l’automne de 1949 « Si [le département] ne compte pas parmi les grands départements sinistrés aux
villes totalement détruites, aux villages disparus ou meurtris, il est hélas
trop connu pour sa Rue sans joie qui, de Rive-de-Gier à Firminy, déroule son
ruban monotone de taudis accumulés ».<br /> </span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-008c7OLKxok/YImSSdmaJUI/AAAAAAAACkA/JhdTehYTwaYrpOM_BFuACQ_5hiYrdUj-ACNcBGAsYHQ/s900/BorisBilisky.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="662" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-008c7OLKxok/YImSSdmaJUI/AAAAAAAACkA/JhdTehYTwaYrpOM_BFuACQ_5hiYrdUj-ACNcBGAsYHQ/s320/BorisBilisky.png" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Affiche de Boris Bilisky; sortie de 1925<br /></td></tr></tbody></table><br /><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span> </span>En 1960 encore, le <i>Monde</i> du
15 juillet lui fait dire : « A l’extrémité de cette rue sans
joie, presque ininterrompue, qui, de Rive-de-Gier en passant par Saint-Etienne,
emprunte la vallée de l’Ondaine, Firminy présente ses maisons noircies par les
fumées des usines et usées par le temps. » Faut-il que le désormais maire
de Firminy tienne à sa Rue sans joie pour distordre ainsi la géographie :
entre Rive-de-Gier et Saint-Etienne, point de vallée de l’Ondaine,
naturellement, mais celle du Gier. Le journaliste semble d’ailleurs rectifier
discrètement : « Le voyageur qui emprunte l'assez inconfortable
navette reliant Lyon à Saint-Etienne reste en effet coi devant les immeubles
désolés qui jalonnent la vallée du Gier. » Il devrait rester plus coi
encore : s’il descend à Saint-Etienne, il n’est qu’à mi-chemin de la
fameuse Rue. Pourquoi approuve-t-il alors d’un « en effet » un
qualificatif portant sur quelque chose dont il n’a vu que la moitié ?</span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-DjRcBA3addU/YImRfPefu9I/AAAAAAAACjw/ApWftjXNQNwu1nuS8kNwM6rMw8Z8Tv2XgCNcBGAsYHQ/s900/Freudlose70.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="633" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-DjRcBA3addU/YImRfPefu9I/AAAAAAAACjw/ApWftjXNQNwu1nuS8kNwM6rMw8Z8Tv2XgCNcBGAsYHQ/s320/Freudlose70.png" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Ressortie des années 1970<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">A la date, on l’habite
depuis deux ans la « Rue sans joie » de la vallée de l’Ondaine ;
je la remonte toute la semaine jusqu’à Saint-Etienne pour aller au lycée ;
je la descends tous les dimanches jusqu’au Chambon-Feugerolles où mon père me
largue dans un cinéma pendant qu’il va voir sa maîtresse. Avant tout, c’est une
« route nationale » : la N 88. Sur la quinzaine de
kilomètres qui nous intéresse, elle ne devient rue qu’épisodiquement, en
traversant la Rica (10 000 habitants environ), le Chambon (un peu moins de
20 000) ou Firminy (un peu plus de 20 000). Si on ne peut la dire
joyeuse, tout simplement parce qu’elle est sans caractère, sans qualité aucune,
parfaitement ordinaire, elle n’a rien du misérabilisme qu’évoque le film fameux
dont Claudius-Petit utilise le titre. Quel rapport entre une ruelle de la
Vienne des années Vingt, capitale impériale déchue, certes, mais capitale
encore, l’une des plus grandes d’Europe, quintessence d’urbanité, et la vallée
de l’Ondaine ? Quel rapport avec l’expressionisme de <b>Pabst</b>, <b>Greta Garbo</b>
et, peut-être, qui sait, les débuts de <b>Marlène Dietrich</b> ?</span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-sjhRtuU517g/YImR3z_1FdI/AAAAAAAACj4/y8iaG9nbB_YXXjx3WuIe0fIy3SFppk1TACNcBGAsYHQ/s900/MatospubSofar.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="686" data-original-width="900" height="305" src="https://1.bp.blogspot.com/-sjhRtuU517g/YImR3z_1FdI/AAAAAAAACj4/y8iaG9nbB_YXXjx3WuIe0fIy3SFppk1TACNcBGAsYHQ/w400-h305/MatospubSofar.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Matériel publicitaire de la Sofar Films en 1925<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Si le député de
la Loire, le maire de Firminy emploie une image manifestement inadaptée, c’est
sans doute qu’il ne cherche pas à être descriptif, évocateur de la réalité
forézienne de cette route-ci. Ce qu’affirme sa métaphore, c’est sa totale
allégeance aux idées de l’architecte dont il s’est fait le disciple définitif
en 1937 et le mentor depuis au moins l’Unité d’habitation de Marseille. Pour <b>Le
Corbusier</b>, toute rue est sans joie, la rue en soi l’est, il faut éradiquer la
rue de la Ville radieuse, c’est de sa suppression que la joie naîtra.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Dès le 20 mai
1929, dans <i>l'Intransigeant</i>, il écrivait sous ce titre « L’avis de
l’architecte… La rue », et sur quatre colonnes : « La rue est une
rigole, une fissure profonde, un couloir resserré. On touche à ses deux murs
des deux coudes du cœur ; le cœur en est toujours oppressé… » On en
passe, pour arriver à ce point : « Rien de cela n’exalte en nous la
joie qui est l’effet de l’architecture. » </span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-gYndarXVLGI/YImTQ9NpXhI/AAAAAAAACkI/iBJv4Zpf9zUwfm_d_WtQj91-o2gm6YuNgCNcBGAsYHQ/s900/RueCorbu.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="458" data-original-width="900" height="204" src="https://1.bp.blogspot.com/-gYndarXVLGI/YImTQ9NpXhI/AAAAAAAACkI/iBJv4Zpf9zUwfm_d_WtQj91-o2gm6YuNgCNcBGAsYHQ/w400-h204/RueCorbu.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">L'illustration de L'<i>Intransigeant</i> (Gallica)<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Eugène
Claudius-Petit se veut par l’architecture et l’urbanisme dispensateur de joie. Mais
de quelle joie ? La joie du Front populaire, des campeurs et des ajistes
en congés payés ? Ou la joie de l’encadrement des loisirs ouvriers par le
parti nazi, la Kraft durch Freude (la force par la joie), exact contraire de la
freudlose Gasse (la rue sans joie) ? </span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-upzzw6Hu1Ho/YIsPJPLzXwI/AAAAAAAACk8/NK_slTmJPOgZKA7nR43jzSYSNk-Usr9xwCNcBGAsYHQ/s900/Prora4%252C5km.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="169" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-upzzw6Hu1Ho/YIsPJPLzXwI/AAAAAAAACk8/NK_slTmJPOgZKA7nR43jzSYSNk-Usr9xwCNcBGAsYHQ/w120-h640/Prora4%252C5km.png" width="120" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Prora, île de Rügen<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span></span>La première aura pour traduction
architecturale le bâtiment de 4,5 km de long du complexe balnéaire de
Prora, conçu pour 20 000 vacanciers, dont les plans obtiennent le Grand
prix d’architecture à l’Exposition universelle de Paris en 1937.<br /></span><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> A l’autre bout
de l’expo, sur un terrain annexe de la porte Maillot, Le Corbusier a dressé son
Pavillon des Temps nouveaux, un « Essai de musée d'éducation populaire »
sous une gigantesque tente carrée qui lui permettra d’être itinérant. Il y
place, par exemple, son Plan de Paris pour une ville contemporaine de trois
millions d’habitants, qu’il a souvent remanié depuis 1922. C’est là qu’Eugène
Claudius-Petit rencontre les conceptions urbanistiques du Corbusier. Sur l’un
des nombreux panneaux didactiques, il y a ces lignes : « Ce qu’il
fallait établir, c’est la thèse de l’abri digne des hommes, un abri porteur de
joies essentielles. »</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKHp00dPg1bEQZUZYfNBQ4GdYR-NZtAOu-ItD_Tmbaba3tK3bnJgIdWOfEokfscdOz1tvIZF4rpk3cmr3xq8zckMuQxcQQIBb5zODvoj4PTfETPfrwLNQ0ncE0z60fdMXDIme7J0ovAeU/s900/riante.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="663" data-original-width="900" height="472" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKHp00dPg1bEQZUZYfNBQ4GdYR-NZtAOu-ItD_Tmbaba3tK3bnJgIdWOfEokfscdOz1tvIZF4rpk3cmr3xq8zckMuQxcQQIBb5zODvoj4PTfETPfrwLNQ0ncE0z60fdMXDIme7J0ovAeU/w640-h472/riante.png" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La ville de l'avenir sera... riante. Émilie Lefranc, La Voix du Peuple (Gallica)<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Deux décennies
plus tard, la prétendue rue sans joie devenue Firminy Vert ou, plus exactement,
la partie de Firminy vert due au Corbusier (la maison de la culture, le stade
et l’unité d’habitation) est entrée au patrimoine mondial de l’humanité
labellisé par l’Unesco, devenant un enjeu important pour la communauté d’agglomération
de Saint-Etienne métropole.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Et voilà qu’à
l’occasion du cinquantenaire de la mort de l’architecte, en 2015, et de
l’exposition à Beaubourg censée le célébrer, paraissent trois livres qui le
portraiturent en brun, ceux de <b>François Chaslin</b>, de <b>Marc Perelman</b>, et de <b>Xavier
de Jarcy</b>, le dernier explicite dans son titre : <i>Le Corbusier, un
fascisme français</i>. Et les noms d’oiseaux fusent, Luc Ferry se fendant d’un
« nazillon de la pire espèce » !</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Le précieux patrimoine s’en trouve du coup écorné, <b>Robert
Belot</b>, l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne et leur Encyclopédie du
patrimoine culturel européen ne peuvent rester sans réagir : « Le
concept d’unité d’habitation est d’abord à considérer comme une réinvention du
phalanstère de <b>Charles Fourrier</b>. En faire l’ombre portée d’une tentation
« totalitaire » est aussi incongru que de faire de Le Corbusier le
seul instigateur de ce mouvement, qui est largement européen ».</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Tellement incongru, poursuit le texte, qu’« à gauche,
on apprécie cette nouvelle conception. La CGT avait édité avant-guerre une
brochure qui était un hommage à Le Corbusier (…) Pour la CGT, l’architecture
rationnelle prônée par Le Corbusier “rejoint les préoccupations émancipatrices“. »
CQFD ? Encore faudrait-il s’entendre sur « la gauche » et sur
« la CGT ».</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-nW8Xvguy8M4/YImyLMqpwCI/AAAAAAAACkw/B3YUKYl8pQ4VaAzbTpsKURxRXDpCP4-vACNcBGAsYHQ/s900/La_Nouvelle_revue_socialiste.jpeg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="607" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-nW8Xvguy8M4/YImyLMqpwCI/AAAAAAAACkw/B3YUKYl8pQ4VaAzbTpsKURxRXDpCP4-vACNcBGAsYHQ/s320/La_Nouvelle_revue_socialiste.jpeg" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">
<span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">La N R S du 15 janv. 1930 (Gallica)</span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></td></tr></tbody></table><br />La gauche
d’abord. Celle qui « apprécie cette nouvelle conception », ce n’est
jamais que la douzaine d’intellectuels inspirés par le planisme d’<b>Henri de Man</b>,
qui vont publier leur programme chez Georges Valois, en juin 1932, sous le
titre de <i>Révolution constructive</i> et sous les signatures de <b>Maurice
Deixonne</b>, <b>Georges Lefranc</b> et <b>Pierre Boivin</b>. Alors quand dans <i>La Nouvelle
Revue Socialiste</i> du 15 janvier 1930, Maurice Deixonne signe un article
intitulé « Socialisme et architecture », dont le titre s’accompagne
de la note suivante : « En ce qui concerne l’architecture, nos camarades
trouveront l’essentiel des idées que nous exposons ici dans les différentes
publications de Le Corbusier : <i>Vers une architecture</i>, <i>Urbanisme</i>,
<i>Almanach d’architecture moderne</i>, <i>Une maison – un palais</i>
(Collection de <i>l’Esprit Nouveau</i>, chez Crès), et dans le magnifique
ouvrage d’Elie Faure : <i>L’Esprit des Formes</i> (chez Crès) », on
pourrait croire, en effet, que la doctrine socialiste de l’architecture – pour autant
que cette expression ait un sens – se trouve tout entière dans les écrits du
Corbusier. A condition de confondre ce groupe avec « la gauche ».</span></div><span style="font-size: large;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-U0Qmz0sVUV0/YImU4VlwKSI/AAAAAAAACkY/V9eKdSBVb0A6qj4egrYLqdwUNi_5YmvFACNcBGAsYHQ/s900/DesPharaonsauCorbu.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="527" data-original-width="900" height="234" src="https://1.bp.blogspot.com/-U0Qmz0sVUV0/YImU4VlwKSI/AAAAAAAACkY/V9eKdSBVb0A6qj4egrYLqdwUNi_5YmvFACNcBGAsYHQ/w400-h234/DesPharaonsauCorbu.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La Voix du Peuple, oct. 1935 (Gallica)<br /></td></tr></tbody></table><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">La CGT ensuite.
C’est ce même groupe, en la personne de Georges Lefranc, qui se trouve à la
tête de l’Institut Supérieur Ouvrier de la confédération. Un cycle de cours va
y être dispensé par <b>Émilie Lefranc</b>, l’épouse de Georges, sous l’intitulé <i>Des
pharaons à Le Corbusier</i>, qui se termine par cette apothéose :
« La vie harmonieuse dans la maison rationnelle » (XVII<sup>e</sup> et
dernier chapitre). L’ensemble sera publié en 1935 en cinq livraisons dans <i>la
Voix du Peuple</i>, le mensuel de la CGT, puis en brochure. Cette CGT-là, c’est
celle qui s’est maintenue lors de la scission de 1922 quand les communistes ont
créé la CGTU. De cette CGT socialiste, <b>René Belin</b> est un secrétaire confédéral
et le rédacteur en chef de l’hebdomadaire <i>Syndicats</i>. Sous Vichy, René
Belin devenu ministre de la Production industrielle et du Travail proposera à
Georges Lefranc d’entrer à son cabinet ; il engagera finalement l’épouse
de celui-ci. Le couple a approuvé l’armistice. Émilie Lefranc conservera sa
fonction au cabinet du ministre suivant, <b>Hubert Lagardelle</b>. Lequel Lagardelle
avait fondé en 1930 avec Le Corbusier et quelques autres la revue <i>Plans</i>,
considérée par de nombreux fascistes notoires, dont Robert Brasillach, comme
une « incarnation du fascisme », si l’on en croit François Chaslin.
Les Lefranc seront épurés l’un et l’autre à la Libération.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span> </span>En résumé, une gauche vichyste et une CGT
vichyste ont partagé les conceptions du vichyste Le Corbusier. Le même approuve
le même. Ce qui se voulait démonstration vire à la tautologie.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-at2FhZgV8pQ/YImwgY-AcdI/AAAAAAAACkg/6jdCb5XNcb0BHX0rnwiB5BmK9cj_Yon5gCNcBGAsYHQ/s900/ouvrier.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="601" data-original-width="900" height="268" src="https://1.bp.blogspot.com/-at2FhZgV8pQ/YImwgY-AcdI/AAAAAAAACkg/6jdCb5XNcb0BHX0rnwiB5BmK9cj_Yon5gCNcBGAsYHQ/w400-h268/ouvrier.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">
<span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Le Corbusier est un ouvrier (Gallica)</span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /> </span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Il n’en reste
pas moins que notre géographie familiale, ouvrière, a étonnamment côtoyé Le
Corbusier durant un quart de siècle. Au tournant de 1935/36, mon père et mon
oncle étaient envoyés en apprentissage aux usines Bata, entreprise pour
laquelle l’architecte allait multiplier les projets : pour Zlin, la
capitale du « roi de la chaussure », pour la Bataville mosellane
d’Hellocourt et, finalement, pour le pavillon de la marque à l’expo de
1937 ; projets tous refusés.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">A compter de
1946, mon père est, à Marseille, ouvrier dans la réparation navale puis à bord
des navires des Messageries Maritimes et ma mère nous emmène ma sœur et moi,
comme des milliers de marseillais, voir le chantier de la cité radieuse,
d’autant plus admiratifs que le cabanon sans électricité dans lequel nous
logeons doit être renversé par l’autoroute du soleil qui va faire là ses
premiers kilomètres.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Début juillet [1949], le bruit court à Marseille que
Claudius-Petit, le ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme, est revenu
à « l’unité d’habitation de grandeur conforme » de Le Corbusier pour, cette
fois, y passer une nuit incognito dans le premier appartement témoin. Pour
d’autres, c’est l’architecte qui s’y est enfermé « une journée entière,
seul, sans contact avec l’extérieur ». À sa sortie, il aurait dit simplement,
avec le laconisme qu’on lui connaît : « Ça va, ça ira. » Cela suffit à
hisser la Cité radieuse au rang des curiosités locales : une guinguette
s’installe devant le chantier, des guides y emmènent les visiteurs, leur
expliquent que les trente-deux pilotis sont posés dans des baquets de sable
munis de vannes dont l’ouverture permettrait de rétablir l’assiette du
bâtiment en cas de glissement de terrain, par exemple. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Évidemment, ces « villas superposées », qui
auront toutes vue sur la mer dès le quatrième étage, tous les appartements
étant traversant et bénéficiant de la double exposition à l’est et à
l’ouest, nous font rêver. Dans notre rez-de-chaussée sombre, on n’a la radio
que grâce à une pile carrée énorme, très chère, qui se décharge très
vite, et pour le bain hebdomadaire on chauffe l’eau du baquet en zinc au
butane. Pour les besoins nocturnes, il y a le seau hygiénique.</span><span style="color: red;"></span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"> </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: black; mso-themecolor: text1;">Mai 1958 nous voit arriver dans la
vallée de l’Ondaine, à la Ricamarie. Deux ans plus tard, </span><span style="color: #c00000;">« La machine à bien laver », c’est le slogan de notre Atlantic,
nous coûte quelque 1 300 nouveaux francs ou environ 130 000 anciens
francs. Nous sommes devenus les heureux propriétaires, comme 23,2% des
ménages ouvriers, d’un engin qui, chez nous, se balade énormément. Au risque
d’arracher ses tuyaux et son câble électrique, et surtout au risque
d’écraser mon tout petit frère qui a l’habitude de se laisser bercer par les
vibrations de ce que l’on n’appelle pas à l’époque lave-linge jusqu’à s’endormir
devant. Papa doit la lester de trois gueuses de fonte.</span><span style="color: black; mso-themecolor: text1;"> </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Le 17 avril 1961, Firminy-Vert inaugure avec un an et
demi de retard un chauffage urbain entièrement public qui associe la ville,
l’office d’HLM et l’hôpital-hospice, et qui alimente aussi en eau chaude une
laverie collective au rez-de-chaussée de l’immeuble-tour du nouveau
quartier : dix machines Speed Queen automatiques, capables de laver
chacune quatre kilos de linge en vingt minutes, et cinq séchoirs rotatifs
Huebsch d’une capacité de dix-huit à vingt-trois kilos. Pour patienter :
des fauteuils, la télé, des revues ! Chez nous, on lave en famille, et
il n’y a pas que le linge qui y soit sale. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Le Corbusier profite de l’excavation d’une ancienne
carrière de pierre pour y loger un stade de quatre mille places assises. Au
sommet du front de taille, quinze mètres plus haut, la Maison de la culture et
de la jeunesse, en gradins, sera la translation de la tribune couverte du
stade. Firminy-Vert aura de la gueule. Qu’attend-on pour y aller voir ? On
a visité tous les barrages de la région, on a de grands travaux à côté,
mais Papa me débarque une fois de plus devant les deux cinémas du
Chambon-Feugerolles...</span><span style="color: black; mso-themecolor: text1;"> </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: black; mso-themecolor: text1;"> </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Le Corbusier y a
déterminé l’emplacement de trois Unités d’habitation. Pour des raisons financières
et à la différence de celle de Marseille, elles ne bénéficieront pas de l’isolation
phonique tenant à la pose des appartements sur des poutres métalliques par
l’intermédiaire de boites isolantes en plomb, leur structure sera tout en béton.
Pas non plus pour elles de rue commerciale intérieure. Et finalement, les trois
unités se réduiront à une seule.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Mais bien avant
qu’elle ne sorte de terre, le ratio bâti / espaces verts du nouveau quartier de
Firminy est conforme à celui préconisé dans la charte d’Athènes, les
circulations sont différenciées, et le piéton marche droit. « L'Âne a
tracé toutes les villes du continent, déplorait Le Corbusier, Paris aussi,
malheureusement. » Outre le fait d’être « une rigole », « une
fissure », etc., la rue avait encore ce défaut rédhibitoire d’être
sinueuse, zigzagante ; ici le cheminement de l’homme au sein du grand parc
de Firminy Vert est enfin rectiligne.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><p><span style="font-size: large;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Fallait-il pour en arriver là le repoussoir d’une prétendue « rue
sans joie » et effacer sous elle la mémoire de la « grande route de l’émeute » ?</span></span></p><p><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Sur la chaîne YouTube <a href="https://www.youtube.com/channel/UCMIS0oYA8rW9hYe-D5Wf3vA"><i>Faire de l'Histoire... populaire</i></a> de <b>Gérard Noiriel</b> / Daja : </span></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dzJ2QxBR1gAYtrP-Me-IO0Ngw3emAZdruobX_b8yDsuzCZIEzTxpqYI_BD1fzSXA_p1BBMwn_7PO6AGcvtjqQ' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe></span></span></span></span></div><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span> </span>
</span><p></p><p><style><font size="5">@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</font></style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-54986605502233865692021-04-12T22:19:00.012+02:002021-10-26T11:35:04.655+02:00BATA, LE CORBUSIER, PAPA<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> Petit
hors-texte à <i>1 bis quai des Métallos </i>:<i><br /></i></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><i><a href="https://1.bp.blogspot.com/-LTWgUR8m5FM/YHSj2RrLn3I/AAAAAAAACh0/dY_NSsTAVCIdZ5HylTnNUZf702R2lXnHgCNcBGAsYHQ/s500/Couv500.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="279" height="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-LTWgUR8m5FM/YHSj2RrLn3I/AAAAAAAACh0/dY_NSsTAVCIdZ5HylTnNUZf702R2lXnHgCNcBGAsYHQ/w112-h200/Couv500.jpg" width="112" /></a></i></span></div><span style="font-size: large;"><i><br /></i></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Le 30 juin 1926,
le Tribunal d’Instance de Colmar immatricule sous le n° 5964 l’« atelier
de construction et mécanique » que créent à Lautenbach, leur village
natal, mon grand-père paternel, Jules, 33 ans, et son frère cadet, Xavier,
27 ans, qualifié sur le document de « procuriste », calque du
mot allemand que l’on peut traduire par mandataire commercial.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Joseph, leur
demi-frère, beaucoup plus âgé (46 ans), instituteur titulaire adjoint</span><span style="font-size: large;"><span style="font-size: large;"> depuis 1910</span> à
l’école de garçons de Sainte-Marie-aux-Mines (Markirch) — où il enseigne maintenant en français exactement de la même façon qu'il le faisait en allemand — attend en
cet été 1926 d’être nommé à la rentrée instituteur titulaire de l’école mixte
du faubourg de la Petite-Lièpvre (Klein-Leberau). Hors de l’école, on le retrouve
organiste, dirigeant le chœur de la chapelle catholique d’Échéry (Eckirch) ou <span class="jlqj4b">la chorale des jeunes filles pendant la messe en plain-chant de
l’église de Saint-Pierre sur l’Hâte, deux autres lieux-dits de </span>Sainte-Marie-aux-Mines<span class="jlqj4b">.</span></span> </p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Pour l’anecdote,
c’est à la Petite-Lièpvre que se trouve le studio du musicien <b>Rodolphe Burger</b>, où
<b>Jacques Higelin</b> s’est remis en selle après huit ans loin des bacs, en y
enregistrant l’album <i>Amor doloroso</i> en 2006, puis le suivant <i>Coup de
foudre</i> en 2010, avant de passer encore là trois semaines en octobre 2015
pour l’album qui serait son dernier, <i>Higelin 75</i>. </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Le 29 mai 1932,
quand il fait la déclaration de décès de sa mère, mon grand-père Jules est noté
sur le registre de l’État-civil comme « fabricant de vis à bois ».
Voilà six ans que son atelier fait des vis, Jules a eu jusqu’à cinq ouvriers,
mais la crise vient de rattraper la vallée : elle est là, tout autour. En
plus de son deuil, ce qui tourmente Jules c’est l’avenir de la fabrique et
celui de ses trois enfants : Jean, 12 ans, Georges — mon père —
10 ans, et la petite Juliette qui en a 4.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-LZOShQlwKs0/YHSkG6dvwEI/AAAAAAAACh8/nXelUsNrti4-7WSoTaoNNoclwCVnG3hlgCNcBGAsYHQ/s1000/L%2527Huma1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="217" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-LZOShQlwKs0/YHSkG6dvwEI/AAAAAAAACh8/nXelUsNrti4-7WSoTaoNNoclwCVnG3hlgCNcBGAsYHQ/w86-h400/L%2527Huma1.jpg" width="86" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br />Un mois et demi
plus tard, le 12 juillet, <b>Thomas Bata</b>, le roi du monde de la chaussure, le Ford
européen, se crashe dans son avion privé. Lui avait échappé à la crise
puisqu’il s’envolait visiter une future nouvelle usine suisse quand son Junker
F13 s’est écrasé. L’accident fait la Une des journaux partout mais spécialement
ici en Alsace-Moselle. C’est par les trois départements concordataires que Bata
s’est introduit en France : il a installé le siège de sa filiale
hexagonale à Strasbourg, au 1 rue Mercière, dès 1930. Deux ans plus tard, les
premiers bâtiments d’une future Bataville sortent de terre le long du canal de
la Marne au Rhin, à Hellocourt, où la production démarrera dès septembre. Il y
a un magasin Bata à Guebwiller, 78 rue de la République, et un autre à Colmar,
30 rue des Clefs. Quand on ne s’en chausse pas, on lit du Bata, en
allemand, à longueur de ces quotidiens qui n’ont d’imprimé en français que leur
sous-titre, à l’exception du <i>Journal de Guebwiller</i> (Gebweiler Tagblatt) qui
fait le contraire. Les <i>Colmarer Neueste Nachrichten</i>, (Les Dernières
Nouvelles de Colmar ; Le Démocrate du Haut-Rhin), comme les <i>Gebweiler Neueste
Nachrichten</i> (Les Dernières Nouvelles de Guebwiller) racontent la vie
édifiante du grand homme, sans oublier la note dramatique : « Sabotage
ou attentat ? » Quatre appareils de la firme ont connu des problèmes
depuis avril, cela peut-il être un hasard ? Enfin, ils s’inquiètent
pour l’avenir : Thomas Bata ne laisse qu’un fils unique, bien jeune pour
un tel empire…<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Xfl12N1bjKE/YHSkRwNeVII/AAAAAAAACiA/zHhIpmBB3koyL9nHxe2SthMklCkTu7_jgCNcBGAsYHQ/s1000/L%2527Huma2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="370" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-Xfl12N1bjKE/YHSkRwNeVII/AAAAAAAACiA/zHhIpmBB3koyL9nHxe2SthMklCkTu7_jgCNcBGAsYHQ/w148-h400/L%2527Huma2.jpg" width="148" /></a></div><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Tout cela ne
peut que fasciner les petits Rustenholz : Bata dans son avion, c’est
Mermoz, Saint-Exupéry, mieux, c’est Mercure, un roi qui a des ailes à ses
chaussures !</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Il y a toujours
des voix discordantes, mais parviennent-elles jusqu’au foyer ? <i>Die Neue
Welt</i> (organe du Parti communiste - Opposition d'Alsace-Lorraine), cite le
livre de <b>Rudolp Philipp</b>, <i>Der unbekannte Diktator</i> (Le dictateur inconnu), 465 pages,
qui dépeint un Bata « grand patron, maire [de Zlìn, sa ville-usine,
élu en 1923, réélu en 27] et chef à poigne de sa police, tout ça en une seule
et même personne ». <i>L’Humanité</i>, elle, ironise sur une remarquable hécatombe :
« Loewenstein ! Eastman ! Kreuger ! Bata ! “Le destin“
frappe à coups redoublés les dieux du capital. » (Le roi de la soie est
mort quatre ans plus tôt, lui aussi dans la chute de son avion ; le roi de
la photo et celui des allumettes viennent de se suicider au mois de mars). <i>Le</i>
<i>Populaire</i>, pareillement ironique, leur adjoint Gillette, le roi du
rasoir, mort trois jours avant Bata mais de mort naturelle. </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span> </span><span> </span>Le 10
février 1933, Jules est à nouveau à la mairie. Son père avait juré à son épouse
malade qu’il partirait avec elle. Il s’est laissé retenir par ses enfants,
pendant des mois, et puis la veille il s’est tiré une balle dans la tête*. Au
registre d’État-civil, le déclarant n’est plus « fabricant de vis à
bois », seulement « mécanicien ». Jules a dû mettre la clé sous
la porte. Avant d’ouvrir son atelier, il était électricien. Ces six dernières
années, il a été métallo, à tous les postes ; c’est là qu’il pense pouvoir
trouver au plus vite du travail. Son fils aîné, passé le certif, était entré à
l’atelier ; il faut le recaser lui aussi.<span>
</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span> </span>En Alsace-Moselle, il y a un rêve Bata qui est
comme le rêve américain. On y entre nu, sans bagages, comme dans la vie, comme dans
les ordres, et tout devient possible. C’est volontairement que, depuis son
fameux avion, Thomas Bata a choisi le site d’Hellocourt au milieu de nulle
part. A proximité de voies de communications certes, mais surtout pas en
fonction d’un bassin de main-d’œuvre qualifiée. Une main d’œuvre qualifiée,
c’est une main d’œuvre déjà viciée. Bata embauchera des paysans sans tradition
ouvrière, qu’encadrera une maîtrise venue de Zlín, et surtout des jeunes garçons
de 14 – 16 ans vierges de toute influence antérieure. Un passage obligatoire
par l’internat, dont la construction s’achève, autant ou plus que des méthodes
de travail, leur insufflera « l’esprit Bata ».</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Une fois qu’on
l’a acquis, Bata vous tient ouverte la porte du monde. La firme est depuis
longtemps présente aux États-Unis, en Angleterre, en Hollande, au Danemark, et
elle est en train d’ouvrir des succursales dans toute l’Indochine
française. Jean n’aura 14 ans que le 8 décembre prochain. D’ici là, Jules
espère avoir trouvé du travail… </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Il a réussi à
se faire embaucher aux presses du secteur munitions de la Manurhin, à Mulhouse.
Concernant ses fils, ses idées se précisent : il faut viser Zlín, le saint
des saints, plutôt qu’Hellocourt, et les y envoyer ensemble, aucune raison de
ne pas donner la même chance à chacun. Ils ne seront pas trop de deux pour
supporter trois ans d’internat à mille kilomètres de la maison. Ils ont cette
chance d’avoir appris l’allemand avec leur grand-père, c’est un sésame, la
Tchécoslovaquie a été autrichienne jusqu’en 1918 et elle compte 20 ou 25% de
Sudètes. Les deux garçons ont exactement deux ans d’écart : quand Georges atteindra
l’âge requis, Jean sera encore dans la tranche admissible.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Les échos de
Bata ponctuent les jours, parfois tragiques comme ces huit ouvrières qui
meurent en mai 1933 à la division caoutchouc d’Hellocourt, empoisonnées par des
émanations gazeuses.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Le 3 mai 34,
c’est cette annonce à la Diogène, la seule en français dans les <i>Colmarer
Nachrichten </i>:<i><br /></i></span></p><div style="text-align: right;"><span style="font-size: large;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-GxWLjs5FugQ/YHSklHfgZbI/AAAAAAAACiM/7Qg5SRDTURAV5hMtHTrVHJKRQjwMhv8hACNcBGAsYHQ/s500/PAHello03%253A05%253A34.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em;"><img border="0" data-original-height="271" data-original-width="500" height="216" src="https://1.bp.blogspot.com/-GxWLjs5FugQ/YHSklHfgZbI/AAAAAAAACiM/7Qg5SRDTURAV5hMtHTrVHJKRQjwMhv8hACNcBGAsYHQ/w400-h216/PAHello03%253A05%253A34.png" width="400" /></a></span></div><span style="font-size: large;"> A l’autre bout de l’année, le 5 décembre, l’internat
d’Hellocourt recrute ses apprentis : « On recherche Jeunes Gens de
nationalité française, âgés de 14 à 16 ans, pour l’École d’apprentissage.
Indemnités immédiates d’au moins 80 Frs par semaine. Perspectives d’avenir
garanties. Fini d’être à la charge des parents. Adressez-vous au magasin Bata de
Guebwiller ou écrivez à Usine Bata par Avricourt (Moselle) » :<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-xciCxhWKHsk/YHSk-1boBII/AAAAAAAACiU/w2x35vskt60nwrqrJgvCOqFCv_Cg02VHQCNcBGAsYHQ/s500/PAallHello05%253A12%253A1934.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="199" data-original-width="500" height="159" src="https://1.bp.blogspot.com/-xciCxhWKHsk/YHSk-1boBII/AAAAAAAACiU/w2x35vskt60nwrqrJgvCOqFCv_Cg02VHQCNcBGAsYHQ/w400-h159/PAallHello05%253A12%253A1934.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">
<span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Gebweiler Neueste Nachrichten du 5 décembre 1934</span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></td></tr></tbody></table><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Le 13 avril 35,
Zlín s’adresse à ceux qu’attire le grand large : « Nous recherchons
plusieurs Vendeurs, Étalagistes, Gérants de magasin, Instructeurs, Responsables
de services techniques, Cordonniers, désireux de travailler à l’étranger.
Préférence sera donnée aux candidats qui peuvent justifier d’une garantie
adéquate. Envoyer offres manuscrites avec photo à Bata A.S. Service du
Personnel – Export, Zlín 2, (Tchéco-slovaquie) » :</span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Rw0sGsCDfeI/YHSl8xHDLlI/AAAAAAAACic/ILwHZ61Pr2Uh1ztx0TwEF2JtPmiV_5cegCNcBGAsYHQ/s500/PAZlin13%253A04%253A1935.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="344" data-original-width="500" height="275" src="https://1.bp.blogspot.com/-Rw0sGsCDfeI/YHSl8xHDLlI/AAAAAAAACic/ILwHZ61Pr2Uh1ztx0TwEF2JtPmiV_5cegCNcBGAsYHQ/w400-h275/PAZlin13%253A04%253A1935.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">
<span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Colmarer Neueste Nachrichten du 13 avril 1935</span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Enfin</span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"></span><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style>, tandis que Sainte-Marie-aux-Mines honore les 25 ans de services de Joseph et lui vote une gratification de 250 Frs, Jules remplit, en allemand, l’autorisation dont on donne ici l’équivalent
français tel qu’il figure dans la brochure d’Hellocourt, <i>Jeunesse, au
travail !</i> « L’autorisation des parents devra mentionner qu’ils
confient leur fils aux bons soins des Usines Bata (…) Le jeune homme ne pourra
quitter l’usine et l’internat sans autorisation expresse de ses parents. Une
mention à ce sujet devra être faite dans l’autorisation que les parents
délivreront. »</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Les deux garçons
sont arrivés dans cette curieuse ville où près de 2 700 maisons de brique
rouge sont simplement semées dans l’herbe, sans potager, sans rien autour. Des
cubes au toit plat — les combles, ce n’est pas hygiénique, jugeait Thomas Bata
— qui ne ressemblent à aucune des maisons qu’ils ont pu voir des fenêtres du
train au cours de leur interminable voyage. </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-V2FUzzKEUgU/YHSmQVtEFDI/AAAAAAAACik/tdTxze-F4mcvE53v-9D3EcJHS5B_yAutwCNcBGAsYHQ/s500/maisonnettes.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="276" data-original-width="500" height="221" src="https://1.bp.blogspot.com/-V2FUzzKEUgU/YHSmQVtEFDI/AAAAAAAACik/tdTxze-F4mcvE53v-9D3EcJHS5B_yAutwCNcBGAsYHQ/w400-h221/maisonnettes.png" width="400" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Ils ont passé
la visite médicale obligatoire et, dès le lendemain, c’est tous les matins pour
tous les apprentis lever à 5 H 30, direction le terrain de sport. Ils sont plus
d’un millier d’internes, dont seulement une cinquantaine de Français. Il y a
aussi une vingtaine d’Indiens et presque autant d’Africains. Finalement, c’est le
sport le moins dépaysant : Georges et Jean se sont toujours classés dans
le premier tiers de la « Société de gymnastique du Florival de Lautenbach
et Lautenbach-Zell ». </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Puis tout ce
monde défile au mausolée de Thomas Bata, </span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-pZH6-hVEsms/YHSmjCpyZJI/AAAAAAAACis/yBqBUs5rJhwRO_Q3b8EXo3JfvVyx8Yy1QCNcBGAsYHQ/s500/ATomasBata.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="279" data-original-width="500" height="224" src="https://1.bp.blogspot.com/-pZH6-hVEsms/YHSmjCpyZJI/AAAAAAAACis/yBqBUs5rJhwRO_Q3b8EXo3JfvVyx8Yy1QCNcBGAsYHQ/w400-h224/ATomasBata.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">L'auteur du bâtiment, F.L. Gahura, a été l'élève du Corbusier<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br />grand parallélépipède de verre dans
lequel est suspendu l’avion du dernier voyage et, autour, des photos, des objets
personnels, des documents illustrant la vie du père fondateur. Des graphiques dessinent
l’évolution de la production et des ventes de l’entreprise qu’il a créée.</span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-JSF5qX5C1BU/YHSnZ1zIMSI/AAAAAAAACi0/xxZ4huLsdgohXX3ovvHG60hAyANWYyfuwCNcBGAsYHQ/s500/Junker.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="346" data-original-width="500" height="276" src="https://1.bp.blogspot.com/-JSF5qX5C1BU/YHSnZ1zIMSI/AAAAAAAACi0/xxZ4huLsdgohXX3ovvHG60hAyANWYyfuwCNcBGAsYHQ/w400-h276/Junker.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">L'avion de malheur. Les deux photos sont de 1936<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /> </span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Pendant ce
temps, en France, l’industrie de la chaussure est en émoi. Bata s’apprête à agrandir
son usine d’Hellocourt et projette d’en construire une nouvelle à Vernon, dans
l'Eure ; il vient pour cela d’acheter le champ de courses de la ville. Et
« des succursales s'ouvrent actuellement dans tout le pays à une cadence
effrayante ». Dès le 28 février 1936, la Chambre discute le projet d’une
loi dirigée directement contre ce que le <i>Populaire</i> nomme « les
monstrueux établissements Bata ». Il s’agit d’interdire pour deux ans « d'ouvrir
de nouvelles entreprises de l'industrie de la chaussure et d’agrandir ou de
transférer des entreprises existantes ». Le projet ajoute même aux usines « l’interdiction
d’ouverture de nouveaux magasins de vente, comme l’agrandissement ou le
transfert des magasins existants. » Le texte est voté le lendemain. Un amendement
réclamant aux chausseurs français, qui viennent d’obtenir cette loi
protectionniste, les 40 heures dans leurs entreprises, le salaire minimum
et les congés payés est repoussé.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-7z7AOas75W0/YHSoMDh8w6I/AAAAAAAACi8/qaVUdB6wfzA7cIG6eJI8wW4FJirnSXEjACNcBGAsYHQ/s500/CorbuZlin.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="376" data-original-width="500" height="301" src="https://1.bp.blogspot.com/-7z7AOas75W0/YHSoMDh8w6I/AAAAAAAACi8/qaVUdB6wfzA7cIG6eJI8wW4FJirnSXEjACNcBGAsYHQ/w400-h301/CorbuZlin.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le Corbusier à Zlin, sur la terrasse de la maison commune<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /><b>Le Corbusier</b>
— sans que l’entreprise le lui ait demandé — est en train de dessiner les plans
de cette future extension d’Hellocourt. Il imagine une ville de 32 000
habitants composée de « treize gratte-ciels cartésiens », treize tours tripodes
sur pilotis de 45 mètres de haut, dont les appartements assureront une
surface de seize mètres carrés à chaque individu. Dans chaque tripode, des installations
collectives : cuisines, restaurants, bibliothèques, etc. Tout le
contraire, donc, du semis de maisonnettes de Zlín.<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-LLt3d1KvL0w/YHSojzm1pRI/AAAAAAAACjE/reDq_surdFgApKf-xdxorO2mRTFSsiEpACNcBGAsYHQ/s500/tripode.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="408" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-LLt3d1KvL0w/YHSojzm1pRI/AAAAAAAACjE/reDq_surdFgApKf-xdxorO2mRTFSsiEpACNcBGAsYHQ/w326-h400/tripode.png" width="326" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Maquette d'un tripode.
<span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Photo Albin Salaün<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>© FLC/ADAGP</span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></td></tr></tbody></table><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Et puis Georges
laisse le bout d’un doigt dans une machine. En dépit du règlement, malgré son
frère, il saute dans le premier train venu et, tout seul, refait à l’envers les
mille kilomètres qui le ramènent chez ses parents. Deux mois plus tard, la
cartoucherie de la Manurhin est éloignée des frontières jusqu’au Mans, une
partie du personnel doit suivre, dont Jules, et la famille quitte l’Alsace.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Jean est resté
à Zlín. Il y suit normalement ses trois ans d’apprentissage. Il s’y trouve quand
sort de terre le nouveau bâtiment administratif de quatorze étages, qui restera
longtemps le plus haut de Tchécoslovaquie. Quatorze étages que parcourra de bas
en haut et de haut en bas le fameux bureau-ascenseur directorial, tout vitré,
installé pour <b>Jan Bata</b>, le demi-frère de Thomas, à la tête de l’entreprise
depuis la mort du fondateur.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">A la fin de son
apprentissage, Jean sera affecté à Hellocourt puis, après la guerre, à la S.A.
BATA Africaine, dans l’usine toute neuve de Rufisque, près de Dakar. Il y occupera
pendant quelque trente ans le poste de « chef mécanicien ».</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Georges aura
gardé de Zlín, outre son doigt ébréché, le souvenir des planeurs lancés à
l’élastique depuis les collines entourant le site : Bata proposait le vol
à voile parmi les innombrables activités physiques conseillées aux pensionnaires
comme à tout le personnel. Autarcique en ce domaine comme dans les autres,
l’entreprise fabriquait d’ailleurs elle-même ses planeurs ; elle passera
ensuite aux avions à moteur. Au Mans, « l’aviation populaire » promue
par <b>Pierre Cot</b> et <b>Léo Lagrange</b>, ministres du Front populaire, permettra à
Georges de voler sur un modèle très semblable au Z-I de Bata. Voir le billet de
mars 2021 : <a href="http://www.alain-rustenholz.net/2021/03/au-mans-mon-pere-volait-voile.html">Au Mans, mon père voulait voler à voile</a>.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">
</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;"><i>*Der
Republikaner</i>, sous-titré en français Le Républicain du Haut-Rhin Quotidien
socialiste (était l’organe de la SFIO, l’équivalent pour le département du <i>Populaire </i>; mon arrière-grand-père y était abonné), rend compte ainsi du drame : </span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Lautenbach, 13.
Febr. (1933) Freitod. Der 71 Jahre alte Nachtwächter J.R. von hier hatte sich
den Tod seiner vor Jahresfrist verstorbene Gattin derart zu Herzen genommen,
dass er das Leben nicht mehr lebenswert fand. <span lang="EN-US">Am Freitagabend schoss sich der Unglücklich
eine Kugel in den Kopf. </span>Der Enkel des Mannes war es, der zuerst die
Leiche seines Grossvaters in dessen Zimmer fand.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: medium;">Que l’on peut
traduire ainsi :</span></p><p><span style="font-size: medium;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Lautenbach, 13 février. Suicide. Le veilleur de nuit J.R. d'ici avait
tellement pris à cœur la mort de sa femme, décédée il y a un an, qu'il ne
trouvait plus la vie digne d'être vécue. Vendredi soir, le malheureux s'est
tiré une balle dans la tête. C'est le petit-fils de cet homme qui a le premier
découvert le corps de son grand-père dans sa chambre.</span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Sur la chaîne YouTube <a href="https://www.youtube.com/channel/UCMIS0oYA8rW9hYe-D5Wf3vA"><i>Faire de l'Histoire... populaire</i></a> de <b>Gérard Noiriel</b> / Daja : </span></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dyVShnGbrKdsz6yUXrnJ_SCvOmqx418ccrc09gpSik9BT5sR4TCPXFCR8jZUzWADErFUK28BIHhqLZR3S1vMw' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe></span></span></span></span></div><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span> </span></span>
<p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style> <br /></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p><style><font size="5">@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}span.jlqj4b
{mso-style-name:jlqj4b;
mso-style-unhide:no;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</font></style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-34264929929322809382021-03-30T15:08:00.013+02:002021-06-13T23:16:16.092+02:00DU CÔTÉ SOCIOLOGIQUE DE LA LANGUE<p> <span style="font-size: medium;">Les lignes en <span style="color: #990000;">sanguine</span> sont tirées du <span style="color: #990000;"><i>1 bis quai des Métallos</i></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-GAZYIe41zuU/YGMiRpNZCjI/AAAAAAAACes/Gg0P5RVsK0YPLmVx_xOYC-ZkrrcY_XLJACNcBGAsYHQ/s500/Couv500.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="279" height="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-GAZYIe41zuU/YGMiRpNZCjI/AAAAAAAACes/Gg0P5RVsK0YPLmVx_xOYC-ZkrrcY_XLJACNcBGAsYHQ/w112-h200/Couv500.jpg" width="112" /></a></div><br /><p></p><p>
</p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="color: red; font-family: "Times New Roman",serif;"><br /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">L'intermède ci-dessous se situe page 105,
au printemps 1951. Je viens de fêter mon troisième anniversaire un gros mois plus
tôt. La famille quitte Marseille (la Gavotte) pour Mulhouse, et mon père la
marine marchande. Durant mes trois premières années d’existence, il aura été sur
les flots la moitié du temps et jusqu’à six mois d’affilée. Il avait quitté son
Alsace natale à 14 ans, il y retourne à la trentaine. Dans l’intervalle,
il a connu ma mère, sarthoise, au Mans. Armelle est ma sœur aînée.</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;">Intermède 1</span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;"><span> </span></span></i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;"></span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;">Les cent pages
précédentes comptent un peu moins de vingt-cinq mille mots. Ce ne sont que
0,13 % de ceux que j’ai entendus à la Gavotte : je suis allé à l’essentiel.
Comment je le sais ? Grâce à un détour par Kansas City. Aux environs de
1980, deux chercheu•r•se•s en sciences sociales, <b>Betty Hart</b> et <b>Todd R. Risley</b>,
ont posé leur magnétophone dans quarante-deux foyers socialement différents
de la ville. Arrivés tôt, auprès de bébés n’ayant encore que de 7 à 9
mois, de sorte que les familles soient totalement habituées à leur présence
au moment où commencerait l’acquisition du langage par les petits, nos deux
chercheurs les ont suivis jusqu’à leur troisième anniversaire, enregistrant,
à raison d’une heure par mois, ce qu’on disait aux enfants, ce qu’ils disaient
eux-mêmes, ce qui se disait autour d’eux.<sup>1</sup> </span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;">Ce qui leur était
dit ou que simplement ils entendaient, c’était dans les foyers de catégorie
socio-professionnelle supérieure (CSP+) 2153 mots par heure, dans les foyers
ouvriers 1251 mots/<sub>heure</sub> et dans les foyers bénéficiant de
l’aide sociale, 616 mots/<sub>heure</sub>. Hart et Risley extrapolent ces
résultats à une semaine de cent heures et une année de cinq mille deux cents
heures et, si tant est que Marseille vaille Kansas City et les dernières
années 1940 les premières années 1980, j’ai donc entendu durant mes trois
années de Gavotte dix-neuf millions et demi de mots, dont le plus grand nombre
(99,87 %), et sans doute le pire, vous a été épargné.</span><span style="color: #c00000;"></span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;">Papa chantait une
part non négligeable d’entre eux avec la voix de Tino Rossi. Maman s’exprimait
avec « le plus bel et le plus pur accent », celui que Michelet attribue à la
Touraine, et le Maine n’en est pas loin, elle insistait beaucoup là-dessus.
Quand il se bornait à parler, Papa n’avait d’alsacien qu’une légère
assimilation des b aux p et des d aux t. </span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;">S’agissant de ce que
les enfants disaient eux-mêmes, la transposition est moins aisée. Si dans les
familles loquaces, montrent Hart et Risley, l’enfant, depuis qu’il a commencé
à parler et jusqu’ à ses 3 ans, a répliqué douze millions de mots, et dans
les familles mutiques quatre millions seulement, et si, on s’en doute, les
familles aisées sont prolixes et les familles bénéficiaires de l’aide
sociale mutiques, les familles ouvrières présentent tout l’éventail des plus
loquaces aux plus mutiques. Chez nous, Maman est bavarde, Papa l’est bien
moins, outre qu’il n’est pas souvent à portée d’oreille. Maman a dû n’en
être que plus bavarde, et Papa, une fois à terre, se rattraper. Après tout,
ils s’y sont repris à deux fois pour m’avoir (avoir un garçon, avoir un
Alain, est-ce qu’on sait ce qu’ils voulaient, au juste ?) J’espère que ce
n’était pas pour rester là ensuite comme deux ronds de flan, sans piper mot.
En faisant une pondération entre ces éléments disparates, disons que j’ai
répondu six ou huit millions de mots, dont vous avez eu sous les yeux quatre
seulement : « Papa Lor » et « Manman Lulu ». </span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;">Un dernier élément
qu’Hart et Risley jugent capital pour l’acquisition de vocabulaire, c’est outre
leur volume, la charge affective entourant les mots : d’approbation ou
d’improbation. Leurs enregistrements montrent qu’en une heure un enfant de CSP+
reçoit trente-deux messages d’encouragement et six d’interdiction ; un
enfant d’ouvriers, douze messages valorisants et sept messages négatifs, et
un enfant de foyer défavorisé cinq messages positifs seulement pour onze
dévalorisants. Armelle dirait bien sûr que les parents m’avaient surclassé
en catégorie socioprofessionnelle supérieure et qu’on l’avait traitée, elle,
en Cendrillon. Mais à son arrivée à Marseille, elle avait déjà quasi 8
ans, ça ne compte plus, elle n’entre pas dans le corpus de l’étude.</span><span style="color: #c00000;"> </span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><sup><span lang="EN-US" style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;">1</span></sup><span lang="EN-US" style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;"> <i>Betty Hart et Todd R. Risley</i>,
Meaningful Differences in the Everyday Experience of Young American Children («
Différences significatives dans l’expérience quotidienne des jeunes enfants
américains »), <i>Baltimore, E.-U., </i>1995. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span lang="EN-US" style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;"> </span></span></p><span style="font-size: large;"><span lang="EN-US" style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;"></span></span><p></p><span style="font-size: large;"><span lang="EN-US" style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;"></span></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Le
second intermède se situe page 208. J’ai 9 ans, on habite encore Mulhouse,
dans la cité HLM dite du Drouot. J’y ai commencé ma scolarité tardivement :
à la dernière année de maternelle. Si mon nom ne me distingue pas des autres,
ma langue si, de ce qu’à la maison je n’ai jamais entendu parler l’alsacien.</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-3xK19A854NQ/YGN1qnWXrLI/AAAAAAAACfE/Xc5xwJu2YA8bm3RXq5azfa7tQe-UGt6hACNcBGAsYHQ/s912/Fe%25CC%2582teMater.JPG" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="516" data-original-width="912" height="362" src="https://1.bp.blogspot.com/-3xK19A854NQ/YGN1qnWXrLI/AAAAAAAACfE/Xc5xwJu2YA8bm3RXq5azfa7tQe-UGt6hACNcBGAsYHQ/w640-h362/Fe%25CC%2582teMater.JPG" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La fête de fin de maternelle au Drouot...</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr></tbody></table><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-eADvuAUPdmQ/YGN2Pf2nLCI/AAAAAAAACfM/VprRQq-AgMc9_XUw9OA_eNp26ox9ozUTgCNcBGAsYHQ/s900/DrouotCP54.JPG" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="900" height="354" src="https://1.bp.blogspot.com/-eADvuAUPdmQ/YGN2Pf2nLCI/AAAAAAAACfM/VprRQq-AgMc9_XUw9OA_eNp26ox9ozUTgCNcBGAsYHQ/w640-h354/DrouotCP54.JPG" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">... la rentrée en CP à l'école des garçons.<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><br /></span></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;">Intermède 2</span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;"><span> </span></span></i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;"></span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;">En 1983, Hart et
Risley ont laissé leurs petits sujets d’étude, à 3 ans, en butte à ce
qu’ils nommeront dans un article ultérieur « une catastrophe originaire » :
les enfants d’ouvriers (et moi parmi eux) avec un vocabulaire de sept cent
quarante-neuf mots ; en dessous, les gosses des bénéficiaires de l’aide
sociale avec cinq cent vingt-cinq mots ; au-dessus, les héritiers des CSP+
avec mille cent seize mots. Et leur recherche se clôt sur cette question
angoissée : l’école saura-t-elle apporter des correctifs à cette
colossale inégalité de départ ? </span></i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;"></span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;">La réponse tombe six
ou sept ans plus tard. À Kansas City toujours, une collègue chercheuse, <b>Dale
Walker</b>, fait passer à vingt-neuf des quarante-deux enfants suivis par Hart et
Risley – ils ont maintenant 9 à 10 ans, ils sont en CE2 (« 3rd grade » américain)
– les trois tests censés évaluer leurs capacités de lecture et de
compréhension, connus aux États-Unis par leurs acronymes : le PPVT-R
(échelle de vocabulaire en images Peabody – révisée), le TOLD-I (test de
développement langagier – intermédiaire) et le CTBS/U (test complet des
compétences de base). Après trois années de scolarité primaire, l’écart
n’a pas bougé d’un iota, l’école n’a servi à rien. </span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;">Pour cette raison
simple que le nouveau s’assimile grâce à son contexte. Induire le sens de 10 %
de mots inconnus nécessite de comprendre, donc de connaître, 90 % des mots qui
l’environnent ; la pauvreté du vocabulaire de départ interdit et la
compréhension et l’apprentissage. <b>Keith Stanovich</b><sup>1</sup>, professeur
émérite de psychologie appliquée et de développement humain à l’Université
de Toronto, pointe là un de ces « effets Mathieu » dont les sociologues ont
puisé le nom dans la parabole des talents (Matthieu, XXV-29) : « à celui qui
a, il sera beaucoup donné et il vivra dans l’abondance, mais à celui qui n’a
rien, il sera tout pris, même ce qu’il possédait ».</span><span style="color: #c00000;"> </span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif;">Socialement, mon
école du Drouot est sans doute très homogène : on n’y a tous que 66 % du
vocabulaire d’un gosse de bourges ; j’ai l’avantage de l’avoir presque à
100 % made in France de l’intérieur. Il y en a sans doute, des comme moi, chez
les filles : Colette Simonin, ma voisine de palier, et une copine
d’Armelle, dans la barrette d’en face, dont le père est originaire de Haute-
Saône. Je n’ai pas d’exemples chez les garçons.</span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><sup><span lang="EN-US" style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;">1</span></sup><span lang="EN-US" style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;"> <i>Keith E. Stanovitch, « Matthew
effects in reading : Some consequences of individual differences in the
acquisition of literacy. »</i> Reading Research Quarterly, <i>vol. 21, n° 4, p.
360-406, 1986.</i> </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Sur la chaîne YouTube <a href="https://www.youtube.com/channel/UCMIS0oYA8rW9hYe-D5Wf3vA"><i>Faire de l'Histoire... populaire</i></a> de <b>Gérard Noiriel</b> / Daja : </span></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dx9oGDtkIKmYimP7FQ68p3qzLhwmV8fSbdBGNl72qbmYqu4fv7vP35h1P-joQmdaZAeZAp_gWoJU-wBc5tQog' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe></span></span></span></span></div><span style="font-size: large;"><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span> <br /></span></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><i><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;"><span> </span></span></i></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: EN-US;"> </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p><style><font size="5">@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</font></style><span style="font-size: large;"> </span><br /></p><p>
</p>
Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-2560442045378210912021-03-21T18:48:00.009+01:002021-06-13T23:16:40.608+02:00AU MANS, MON PÈRE VOULAIT VOLER À VOILE<p><span style="font-size: medium;"><span style="color: #990000;"> <span style="color: black;">En prolongement du quai des Métallos</span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-UXkXqFrN1VI/YFd8-UykacI/AAAAAAAACdk/xNzqW9pI7eMwfR_oWU9SJlrjCqyUcTK6ACNcBGAsYHQ/s500/Couv500.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="279" height="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-UXkXqFrN1VI/YFd8-UykacI/AAAAAAAACdk/xNzqW9pI7eMwfR_oWU9SJlrjCqyUcTK6ACNcBGAsYHQ/w112-h200/Couv500.jpg" width="112" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br /></span>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span><br /></span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span> </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>En Alsace, à Lautenbach, aux environs de 1926, mon
grand-père avait monté avec son frère une petite fabrique de vis à bois ;
ils avaient eu cinq salariés. Six ans plus tard, contrecoup de la Crise de 29,
ils avaient mis la clé sous la porte. Mon grand-père avait dû aller s’embaucher
à la Manurhin de Mulhouse, quant à ses fils de 14 et 16 ans, sur la foi d’une
petite annonce du quotidien local, il les avait envoyés en apprentissage aux
chaussures Bata, à Zlín (Tchécoslovaquie), la Ford européenne aux quarante
mille ouvriers, la ville-usine rationnelle inspirée du Corbusier, que <b>Jean
Echenoz</b> a fait revivre dans sa biographie romancée d’<b>Émile Zátopek</b>, <i>Courir</i>.
</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Presque aussi sec, mon père était victime d’un
accident : une machine lui arrachait le bout du majeur de la main gauche.
Il rentrait dare-dare chez ses parents. Son frère aîné y restait et suivrait le
cursus jusqu’au bout. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Le nazisme grondant de plus en plus fort de l’autre côté
de la frontière, la Manurhin en éloigna sa cartoucherie jusqu’au Mans, avec une
partie de son personnel. Début mars 1936, mes grands-parents devinrent manceaux.
Le Front Populaire arrivait pratiquement sur leurs talons : le 11 août
1936, le ministère de la Guerre nationalisait la cartoucherie de la Manurhin, tandis
que la triade <b>Pierre Cot</b>, <b>Jean Zay</b>, </span></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><span style="color: black;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-sPcd1KoWOlE/YFd9SWH45cI/AAAAAAAACds/IkJE7qqDmiQ8433BX0ly-z1OS6G5CJfpACNcBGAsYHQ/s500/insigne.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="214" data-original-width="500" height="86" src="https://1.bp.blogspot.com/-sPcd1KoWOlE/YFd9SWH45cI/AAAAAAAACds/IkJE7qqDmiQ8433BX0ly-z1OS6G5CJfpACNcBGAsYHQ/w200-h86/insigne.png" width="200" /></a></span></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Sur le site de l'aéro-club du Dauphiné<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span><br /><b>Léo Lagrange</b> lançait l’Aviation Populaire,
vaste programme destiné à orienter le plus possible de jeunes vers la formation
de pilotes dont il était clair que le pays manquerait gravement en cas de
conflit. Seules ces Sections d'aviation populaire (S.A.P.), où un enseignement
quasi gratuit permettait aux jeunes ouvriers et employés d’accéder au pilotage,
avait quelque chance d’en accroître le nombre. On offrait ainsi dès l’école,
aux enfants de 9 à 14 ans, une initiation à l’aéronautique par la pratique des
modèles réduits ; le vol à voile prenait le relais pour les 14 - 17 ans,
le vol à moteur bouclait le cycle chez les 18 - 21 ans. Et pour faire naître
davantage encore de vocations, des voix demandaient que l’on place Auberges de
Jeunesse et installations sportives au bord des terrains d’aviation.<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-TBL3Nre5p-A/YFd92mPrm_I/AAAAAAAACd0/nQFJt02qH_091XTlXdRs-AlTF76tLWqyQCNcBGAsYHQ/s500/surunecasquette.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="149" data-original-width="500" src="https://1.bp.blogspot.com/-TBL3Nre5p-A/YFd92mPrm_I/AAAAAAAACd0/nQFJt02qH_091XTlXdRs-AlTF76tLWqyQCNcBGAsYHQ/s320/surunecasquette.png" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Brodé sur une casquette, sur eBay<br /></td></tr></tbody></table><br /></span></span><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>L’État devait fournir aux S.A.P. avions, moniteurs et
personnel d’entretien. Devant la lenteur de la réponse des industriels, il
sollicita les aéro-clubs privés pour qu’ils prêtent leurs appareils d’école et
leurs encadrants moyennant compensations financières.</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Le Mans possédait l’un des
plus vieux aéro-clubs de France, installé à Pontlieue sur les terrains du
polygone d’artillerie. Il était, depuis 1932, équipé d’un treuil fourni par la
maison Bollée pour le lancement des planeurs. Un planeur en effet, à cette
époque, ça se lance, principalement avec un sandow qu’une dizaine de personnes tendent
en courant en V, façon fronde géante. Cela fonctionne d’autant mieux qu’il y a
quelque part au bout du terrain une pente un peu raide. Dans la plaine qui s’étend
à Pontlieue entre l’Huisne, la Sarthe et la ligne ferroviaire de Tours, le
câble de traction s’enroulant à grande vitesse sur un treuil, ce n’est pas du
luxe.</span></span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style><br /></p><span style="font-size: large;">
</span><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><span style="color: black;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-U1X1FpRH7V4/YFd_BefXPdI/AAAAAAAACeE/QchJpWOvMS0iINgJrULyInj1mPik5-ijQCNcBGAsYHQ/s500/autreAvia.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="243" data-original-width="500" height="156" src="https://1.bp.blogspot.com/-U1X1FpRH7V4/YFd_BefXPdI/AAAAAAAACeE/QchJpWOvMS0iINgJrULyInj1mPik5-ijQCNcBGAsYHQ/w320-h156/autreAvia.png" width="320" /></a></span></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">L'Avia 11-A sur www.cab.asso.fr<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span><br />Le planeur d’initiation de l’Aéro-Club de la Sarthe est
alors un Avia 11-A, soit une chaise posée au bout d’une poutre allongée sur un
patin pas plus large qu’une spatule de ski, le tout accroché à une aile de dix
mètres d’envergure.</span></span><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span> </span></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><span style="color: black;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-fvQ8jBJ4RwM/YFd_1SfKhdI/AAAAAAAACeM/laYgtDfiDaYyKP08CVaQcifURbOVWHj8QCNcBGAsYHQ/s500/Avia.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="286" data-original-width="500" src="https://1.bp.blogspot.com/-fvQ8jBJ4RwM/YFd_1SfKhdI/AAAAAAAACeM/laYgtDfiDaYyKP08CVaQcifURbOVWHj8QCNcBGAsYHQ/s320/Avia.png" width="320" /></a></span></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">L'Avia 11-A sur www.j2mcl-planeurs.net<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span><br /></span></span><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Quand ses parents emménagent à Pontlieue, mon père a
14 ans. Les maisonnettes de la cité-jardin de l’allée de Funay ne sont qu’à
un gros kilomètre du polygone d’artillerie, de Renault où il entre comme
électricien, de la Cartoucherie où travaille son père. Alors que le Front
Populaire, avec la loi des 40 heures, vient de diminuer le temps que l’on est
contraint de passer sur son lieu de travail, mon père retourne sur le sien, pour
ainsi dire, le samedi et le dimanche : il s’est inscrit à la Section
d’Aviation Populaire ouverte dans le cadre de l’aéro-club.</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Il y découvre aussitôt que dans le vol à voile, contrairement
à ce dont il rêvait, on ne prend pas l’air. En tout cas sûrement pas tout de
suite et sans doute pas avant longtemps. Ici, ni appareil biplace ni double
commande : ce n’est pas en vol que l’on apprend à voler. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Au début, et s’il y a un minimum de vent (au moins 6 m/s),
on se contente, en agissant sur les commandes du planeur posé sur le ventre,
tout à fait fixe, de maintenir les ailes parallèles au sol. Ça peut durer deux
mois comme ça. Ensuite le treuil te tirera, de plus en plus fort mais jamais
assez pour te faire décoller : tu feras des glissades sur le sable pendant
lesquelles tu devras, là encore, garder tes ailes horizontales en manœuvrant le
manche et le palonnier. Un jour enfin, le treuil mettra la gomme et tu
décolleras. Pas très haut, plus haut que le toit des bâtiments quand même et,
tu verras, c’est assez impressionnant. Tu as été projeté en ligne droite et, au
bout, ton planeur se pose tout seul comme quand tu lances un avion en papier.</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Chez nous, nos sauts de puces se mesurent en centaines de
mètres ; c’est en dizaines pour l’altitude et ça dure quelques secondes.
Imagine-toi, pour le Brevet A, tu dois réussir un vol de 30 secondes en ligne
droite. Pour le Brevet B, c’est trois vols : deux de 45 secondes et
un troisième d’1 minute avec deux virages. C’est lent, c’est long,
beaucoup parmi vous abandonneront en cours de route, mais c’est le meilleur
apprentissage qui soit pour un futur pilote. </span></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><span style="color: black;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-VJiw_kDeT0Y/YFeCgESO5oI/AAAAAAAACek/TV3REo3qhZUpZXnHnafwe7uIz3r7XgGDQCNcBGAsYHQ/s343/Papainsigne%2B.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="343" data-original-width="291" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-VJiw_kDeT0Y/YFeCgESO5oI/AAAAAAAACek/TV3REo3qhZUpZXnHnafwe7uIz3r7XgGDQCNcBGAsYHQ/s320/Papainsigne%2B.jpg" /></a></span></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Georges, 15 ans. A la boutonnière, l'insigne des S.A.P.<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span><br /></span></span><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span> </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Il n’a pas fait demi-tour. Durant cette longue patience, le
jeune Georges ne voit le ciel qu’en levant le nez et dans les mots des plus
âgés qui s’entrainent sur les vrais avions du club, un Potez 60 et un
Caudron 230. Leur chef pilote, <b>André Deschamps</b>, à moins de 30 ans est
déjà une figure : instructeur, il est aussi mécanicien et il a sauté en
parachute. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Week-end après week-end, la S.A.P. parvient au mieux à s’assurer
une douzaine de lancer quand l’aéro-club privé s’en réserve vingt. La durée
moyenne d’un vol est aux alentours de 36 secondes. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Les 29 et 30 mai 1937, le terrain du polygone accueille
la grande kermesse de l’aéronautique populaire, sous le double patronage des
ministères de l’Air et de l’Éducation nationale. Le samedi, l’arrivée de la
Coupe aérienne, qui réunit les quinze meilleurs pilotes de tourisme de France,
est jugée pour la première fois au Mans. Le soir, un grand bal y est donné par
les figures emblématiques du Front populaire : <b>Ray Ventura</b> et ses
collégiens jazzent les chansons qui sont sur toutes les lèvres : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=r1dtdHwODBM"><i>Tout va très bien, madame la marquise</i></a>, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=72eKtID66zo"><i>Ça vaut mieux que d’attraper la
scarlatine</i></a>, et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=SoK7tlGNtUQ"><i>Les chemises de l’archiduchesse</i></a> qu’ils viennent d’enregistrer
au début du mois. <b>Florelle</b>, chante<i> <a href="https://www.youtube.com/watch?v=kU-OiodPA9c">À la belle étoile</a></i>, la chanson de
<b>Prévert</b> et <b>Kosma</b> qu’elle interprétait dans le <i>Crime de M. Lange</i>, de <b>Renoir</b>,
l’année précédente. Quelques pilotes de la Coupe proposent des baptêmes de
l’air en vols de nuit.</span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><span style="color: black;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-jcJrKsn8HJw/YFeBH97-GZI/AAAAAAAACeU/iz-2l7UvC8wi3L9KXAEqCFoPJ-4tuLigQCNcBGAsYHQ/s500/Florelle.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="295" data-original-width="500" height="236" src="https://1.bp.blogspot.com/-jcJrKsn8HJw/YFeBH97-GZI/AAAAAAAACeU/iz-2l7UvC8wi3L9KXAEqCFoPJ-4tuLigQCNcBGAsYHQ/w400-h236/Florelle.png" width="400" /></a></span></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Florelle en blanchiseuse, Valentine, dans le Crime de M. Lange<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span><br /></span></span><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Le dimanche matin est réservé au concours inter-régional
de modèles réduits. Georges défile l’après-midi avec les S.A.P. et les sections
scolaire de l’Aéro-Club de la Sarthe, qui sont présentées aux autorités
ministérielles et locales. Il n’est pas de ceux retenus pour l’exhibition de
planeur. Enfin, tout le monde a le nez en l’air pour les vols de virtuosité du
fameux groupe de haute école de Dijon.</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span> </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><span style="color: black;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-JD0asmz7N7Q/YFeBjpELDQI/AAAAAAAACec/ttvwlhXTwwYz2QVfRISiX0nFCxuIvgYDACNcBGAsYHQ/s500/Sulky.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="232" data-original-width="500" height="185" src="https://1.bp.blogspot.com/-JD0asmz7N7Q/YFeBjpELDQI/AAAAAAAACec/ttvwlhXTwwYz2QVfRISiX0nFCxuIvgYDACNcBGAsYHQ/w400-h185/Sulky.png" width="400" /></a></span></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Un Sulky sur http://vvmn.free.fr<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span><br />L'Aéro-Club acquiert un second planeur, un Sulky, dont l’avant
caréné ressemble à une grosse baignoire fermée d’où sortent la tête et les
épaules du pilote. Un membre du club, <b>Roger Davaze</b>, y réussit un vol de 1'
47". La S.A.P., pour sa part, se voit dotée par l’État d’un Caudron <i>Luciole</i>,
un avion biplan et biplace, mais ça c’est pour l’étape supérieure, quand
Georges aura 18 ans.</span></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Il y a à la S.A.P., en vol à voile, un garçon d’un an de
plus que lui, qu’il côtoie depuis avant la kermesse, en fait depuis le début de
l’année, quand il est arrivé à la sous-section. En novembre, <b>André Derouet</b> a
obtenu son brevet A avec un vol de 37". Le dimanche 20 février 1938, en
fin de matinée, il s’apprête à se poser avec l’Avia 11-A. L’appareil frôle le
toit des hangars, accroche la cime d’un arbre et se fracasse au sol. Le jeune
homme meurt dans les bras de son père qui était venu en spectateur. Une
impasse, dans la plaine de l’ex-terrain d’aviation, porte désormais son nom.</span></span></p><p><span style="font-size: large;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Pour Georges, le vol à voile s’arrête là, ou l’année
suivante quand la guerre met un terme à la S.A.P. avant qu’il n’ait atteint l’âge de
passer à l’avion : il n’aura ses 18 ans que le 25 décembre 1939.</span></span></p><p><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></span></p><p><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Sur la chaîne YouTube <a href="https://www.youtube.com/channel/UCMIS0oYA8rW9hYe-D5Wf3vA"><i>Faire de l'Histoire... populaire</i></a> de <b>Gérard Noiriel</b> / Daja : </span></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dwGU-Hn6rcW2j7E6QGbxGXsFN9OWp6mdVUoODUMqiGHHQRtCg57SutVNuJYug4seoj4_ANCwkQP99x3T0gRGg' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe></span></span></span></span></div><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span> </span></span>
<p></p><p><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-81767708500884681042021-03-16T20:15:00.008+01:002024-02-26T13:57:13.464+01:00CHEZ L’AMÉRICAIN, ON SE BAIGNAIT AU MILIEU DES LOUPS<span style="font-size: medium;">Dans le
prolongement du Quai des Métallos, (les lignes en sanguine sont des citations
du livre) :</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: small;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-nVXmSheoHHw/YFD9CuG-cGI/AAAAAAAACcA/YmzRHFWKu4IbBBqlOaZP0splkOocIE0VACNcBGAsYHQ/s500/Couv500.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="279" height="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-nVXmSheoHHw/YFD9CuG-cGI/AAAAAAAACcA/YmzRHFWKu4IbBBqlOaZP0splkOocIE0VACNcBGAsYHQ/w112-h200/Couv500.jpg" width="112" /></a></span></div><span style="font-size: small;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;"></span><br /><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"></span></span><br /><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">C’était la
toute première fois, à 40 ans, que mes parents prenaient des vacances et
nous emmenaient à la mer. Ils avaient loué à La Palme. En y arrivant, le 1<sup>er</sup>
août 1961, on se rendit compte que pour aller à la plage, il faudrait la
voiture : on dépendait du bon vouloir de mon père…</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">« Un jour où il n’a pas envie de conduire, il veut
bien faire un tour à pied avec moi dans la garrigue, j’emporte ma carabine. (On
a restreint ma mère sur le linge ou les ustensiles de cuisine, mais Maman, la
Diana, ça prend pas de place !) Au bout du village, le long du chemin,
derrière un muret de pierre sèche, il y a un petit étang entre deux tours en
ruines. Je tire un plomb dans l’eau comme j’aurais fait un ricochet. Un grand
costaud sort de la tour la plus grosse, en short, torse nu : « Eh, c’est dans
un vivier que tu tires. J’élève du loup là-dedans. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">— On savait pas, excusez-nous... » </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Son ton n’était pas méchant. Il ajoute : « On ne
tire pas dans le vide, et au bord d’un chemin ! C’est dangereux et ça ne
t’apprendra pas à viser. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">— On cherchait justement sur quoi tirer, explique Papa.
On pouvait pas deviner que c’était habité, ça fait plutôt sauvage... </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">— Je sais, pour l’instant les poissons sont mieux
installés que moi, mais ça va venir. » </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">En fait, l’ermite est un extraverti. Il a vite fait de
nous montrer les trésors qu’il a rapportés d’Amérique : trois fenêtres
à bascule en acajou qui semblent provenir d’un paquebot (l’une seulement est
en place, les autres sont accotées au mur), un ouvre-boîte électrique
marrant comme un jouet (il nous fait une démonstration sur le fond d’une
conserve vide : un aimant attire le disque découpé. À moi !), et
puis surtout deux fusils. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span lang="EN-US" style="color: #c00000; mso-ansi-language: EN-US;">Désiré a une
Winchester de cow-boy ! </span><span style="color: #c00000;">Une vingt-deux
long rifle, avec cette poignée pour l’armer dans laquelle on enfile les trois
derniers doigts : « Un levier de sous-garde, ça s’appelle. » </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">On peut la charger de quinze balles longues ou vingt-et-une
balles courtes. Il nous fait voir une boîte de chaque. Il a aussi un fusil de
chasse à répétition dont le magasin à cinq cartouches coulisse sous le canon :
« On dit répétition à pompe... » </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Mais moi, un fusil de chasse, bof. Pareil pour ses fusils
harpons. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">« Le lièvre, je le tire plutôt avec la Winchester :
la balle unique, c’est plus fair-play que la grenaille qui t’enveloppe l'animal
dans un nuage de plombs. » </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Il me laissera bientôt essayer sa vingt-deux long rifle
parce que je reviendrai, avec Papa et sans lui, et avec toute la famille. Quand
on vient tous – il est vraiment accueillant Désiré, vu qu’on est huit –, on
se baigne au milieu des loups, on déterre des racines de réglisse qu’on
mâchouille, on mange son poisson au fenouil sur le grill, on se balance dans
le hamac qu’il a suspendu entre un arbre et le mur dans lequel sont prises deux
meules de l’ancien moulin. </span></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-hA1CJgXmgrs/YFEQivBxiHI/AAAAAAAACdY/H3YrKN-4deggXZE7u_rF_SI57pejd30uQCNcBGAsYHQ/s500/lespiedsdansles%2Bloups.jpeg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="496" data-original-width="500" src="https://1.bp.blogspot.com/-hA1CJgXmgrs/YFEQivBxiHI/AAAAAAAACdY/H3YrKN-4deggXZE7u_rF_SI57pejd30uQCNcBGAsYHQ/s320/lespiedsdansles%2Bloups.jpeg" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Les pieds dans la gueule des loups<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;"><br /></span></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Son projet, à Désiré, quand il en aura les moyens,
c’est d’ouvrir le mur de sa chambre, au premier, d’y fixer un plongeoir et de
pouvoir piquer une tête dans l’étang au réveil. Mais comment en
trouverait-il les moyens ? La chasse en saison, son vivier, la cueillette, un
peu de pêche professionnelle, du côté de Sigean, il vit de presque rien. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Il s’est engagé dans l’armée américaine au
débarquement. À la fin de la guerre, le GI <b>Désiré Pec</b>h a suivi son
régiment aux États-Unis. Là-bas, il a été scaphandrier, dans des ports.
C’était bien payé, il envoyait régulièrement de l’argent au pays (à de la
famille ? à des connaissances ?) pour qu’on y prépare son retour.
Quand il est rentré, on lui a remis l’acte de propriété de ce bout de
garrigue avec étang et moulins en ruines, c’est tout. Le reste s’était
évaporé. Il habite cette tour tronquée de pierre nue, percée de sa seule
belle fenêtre d’acajou et d’une porte que je ne me rappelle pas car elle
était toujours ouverte. En bas, il y a un établi, auquel est fixé
l’ouvre-boîte électrique, et l’échelle qui monte à sa chambre. Là-haut, un
lit de fer, à peu près rien d’autre. À La Palme, ils l’ont surnommé, bien
sûr, “l’Américain“. Il a une Winchester comme John Wayne. » </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span> </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-PQwfwFhOQV8/YFEQC3MuCMI/AAAAAAAACdQ/m_zKUU9hZNkDDPbeoiGIA8Lt900AkoKpgCNcBGAsYHQ/s500/pendu2.jpeg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="444" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-PQwfwFhOQV8/YFEQC3MuCMI/AAAAAAAACdQ/m_zKUU9hZNkDDPbeoiGIA8Lt900AkoKpgCNcBGAsYHQ/s320/pendu2.jpeg" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Les meules alors encastrées dans la clôture<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br />A partir de
l’année suivante, nos vacances se passeront à Valras-Plage. Ici, c’est écrit
dessus qu’il y a la mer et qu’on n’a pas besoin de Papa pour nous y emmener.
Moi, la plage, je m’en fiche autant que lui qui ne sait pas nager, mais pour
Maman et mes cinq frères et sœurs, si on prend des vacances à la mer, c’est
pour en profiter. Revers de la médaille, Désiré se retrouve à une bonne heure
de voiture ; heureusement, cette route-là ce n’est pas une corvée pour
Papa, ni pour aucun de nous. On retournera chez Désiré tous les aoûts jusqu’à
ce que je rentre à la fac et ne suive plus la famille dans le Midi. Il s’associera
dans une affaire de parc à moules, dans l’étang de Sigean, on croisera parfois
un neveu qui lui donne un coup de main, sinon on le trouvera toujours seul, ses
travaux n’avançant pas, dans une situation plutôt précaire.<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-T5ko5QN6O-w/YFEPdAFGuLI/AAAAAAAACdI/fuIv2ZutaUswR-UrhFlX1GhHtrLgAEw9gCNcBGAsYHQ/s500/meules2.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="421" data-original-width="500" src="https://1.bp.blogspot.com/-T5ko5QN6O-w/YFEPdAFGuLI/AAAAAAAACdI/fuIv2ZutaUswR-UrhFlX1GhHtrLgAEw9gCNcBGAsYHQ/s320/meules2.png" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Les meules aujourd'hui, accotées au moulin<br /></td></tr></tbody></table><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Il va sans dire
que dans ces années-là, l’actuelle rue du Lavoir n’était pas goudronnée, qu’il
n’y avait pas la moindre construction autour, que le moulin de Désiré n’était qu’une
tour ébréchée sans le toit pointu qu’on lui voit aujourd’hui. Il y avait aussi un
second moulin, très ruiné et envahi de ronces, à l’autre bout de l’étang.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Pour moi enfant
puis adolescent, Désiré était un trappeur de cinéma et pas un troubadour. Il
avait le fusil à portée de main, il ne jouait pas d’un flûtiau folklorique. De
sa voix au bel accent mais au débit mesuré, il parlait d’Amérique et non des
vieilles légendes de l’Aude. J’ignorais l’existence de l'Elh de la Pounso,
pourtant distant de seulement quelques dizaines de mètres, au bord duquel il ne
nous a pas emmenés, et que je ne l’ai jamais entendu nommer.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">J’ai été très
étonné de découvrir qu’il avait traduit juste avant sa mort cet <span>« <i>Elh-de-la-Pounso. Légendo de l'Age Mejan</i>.
Estamparié dal Languedoc : Narbouno », publié par le Dr <b>Charles
Pélissier</b> en 1935, et qu’il en avait illustré la couverture – je ne l’avais
jamais non plus vu dessiner. </span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-G58S0sNGNNI/YFEO7SWqy6I/AAAAAAAACdA/xf8BAvVPmNw1DyPveu19cTYXsRppAmAgACNcBGAsYHQ/s500/Pounso.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="335" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-G58S0sNGNNI/YFEO7SWqy6I/AAAAAAAACdA/xf8BAvVPmNw1DyPveu19cTYXsRppAmAgACNcBGAsYHQ/w268-h400/Pounso.png" width="268" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Je ne donnerai pas à lire ici les mots de Désiré,
cette voix tardive troublerait mes souvenirs, je me tiendrai au résumé de la
légende par l’<b>abbé Montagné</b> dans son article de la revue<i> Folklore </i>de décembre
1941 :</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">« Près du
village de La Palme se trouve un puits très profond en forme d'entonnoir,
mesurant 7 mètres de diamètre et actuellement tout clôturé. La légende raconte
qu'autrefois était bâtie sur ce terrain une tour dans laquelle s'était
enfermé le seigneur « Pouns d'Auriac ». — Et de là, aidé <span>de satellites cruels et voleurs qu'il avait pris à
sa charge, il faisait arrêter les gens pour les détrousser ; il s'était même
emparé des biens de l'abbaye des Bénédictins, dépendante de la maison mère
de Lagrasse. Pour échapper à la justice du grand roi Saint Louis, qui l'avait
déjà menacé, il fit un pacte avec le démon qui moyennant le don de son
âme, lui assura l'impunité pendant 20 ans. A cette date le diable vint le
prendre, et engloutit la tour avec son Seigneur. Depuis, continue la légende,
la race et même le nom du seigneur d'Auriac sont complètement oubliés. Mais
ce qui ne l'est pas, c'est que l'Elh-de-la-Pounso cache dans son abîme d'eau
bourbeuse la Tour maudite où le seigneur de Gabanel, saisi tout vivant par la
griffe du démon, souffre pour l'éternité le châtiment de ses vices et de
ses crimes. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Et voilà pourquoi même aujourd'hui, écrit le
Docteur Pélissier, nul ne s'approche, sans frémissement, de la sinistre
source. Tout paysan de la Palme sait que les tourbillons qui montent du fond,
sont les hoquets pantelants de l'horrible gentilhomme, et que les algues
gigantesques qui se dressent droites et immobiles au ras de l'eau sont ses
griffes pointues à l'affût de quelque pauvre victime. Nul n'a oublié surtout
la clause du pacte infernal qui laisse au damné, enseveli corps et âme dans
la tour, le pouvoir de retourner sur terre une fois par an, le jour et la nuit
de la Toussaint, à la recherche d'âmes à perdre afin de racheter la sienne.
Aussi, s'il est dit de ne point rôder la nuit de la Toussaint pour ne pas
rencontrer la procession des Morts, nul à la Palme, n'oserait par cette nuit,
s'aventurer aux alentours de l'Elh-de-la-Pounso, persuadé de se butter au
damné du seigneur d'Auriac, car les gens du village savent bien que le pacte
fait avec le démon dure jusqu'à la fin des siècles. »</span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span> </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Ce qui ne dura pas, c’est le mariage de mes parents
— trente ans, tout de même. C’est justement l’heure, quand on s’est marié à 19,
où le démon de Midi frappe banalement les hommes. </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span>Envers le Midi géographique, Maman ne se montra pas
rancunière — elle devait à Marseille ses plus belles années et, à peine
était-on depuis deux ou trois jours à La Palme ou à Valras-Plage qu’elle « retrouvait »
un caricatural accent pagnolesque qui n’avait rien de commun avec la
Narbonnaise — ce qui fait que… </span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span> </span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;">
<span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;">« <i>Maman passe à
La Palme, chez Désiré, dire son dernier été serait bien poétique, son
dernier août de congés payés – elle a dû, après le divorce et trente ans
au cul de six gosses, retrouver du boulot. Des douleurs qu’elle croit
rhumatismales – et nous aussi – gâchent ces moments que « l’Américain »
souhaiterait plus amoureux. Ce sont malheureusement les métastases du cancer
féminin qui l’a frappée à peine le divorce prononcé. Elle en meurt le 20
septembre 1979. Dix ans plus tard, à sa mort à lui, Désiré Pech lègue à
la commune de La Palme étang, moulin et buissons de réglisse qui forment
maintenant un parc public à son nom. J’aime penser que là est le vrai tombeau
de Maman, méridionale de cœur.</i> »<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-21ySANgqFeI/YFEOmWKqAHI/AAAAAAAACc4/ftXls9wlVi4u8Y6yQoHCsTXcqJKT9lwmwCNcBGAsYHQ/s500/affichette.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="376" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-21ySANgqFeI/YFEOmWKqAHI/AAAAAAAACc4/ftXls9wlVi4u8Y6yQoHCsTXcqJKT9lwmwCNcBGAsYHQ/w482-h640/affichette.png" width="482" /></a></div></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div><div style="text-align: justify;"><br /><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Sur la chaîne YouTube <a href="https://www.youtube.com/channel/UCMIS0oYA8rW9hYe-D5Wf3vA"><i>Faire de l'Histoire... populaire</i></a> de <b>Gérard Noiriel</b> / Daja : <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dzm-BMMDmqwk0XzPeoFxUI_RapE5iwanZQpejdisDRCK72uLmlLNYa1PZ5hZsonB61JkYfdHeNtR0BZlrQYsQ' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe></div><br /></span></span></span></span><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></span></span></div>
<p><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:swiss;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073732485 9 0 511 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-70785272823926544932021-03-12T18:59:00.016+01:002022-06-24T10:40:00.212+02:00LUMIÈRE NOIRE SUR DIJON : L'ORCHESTRE RAYMOND JACKSON<p>
</p>
<p> En prolongement du <i>Quai des Métallos </i>; les lignes en sanguine sont des citations du livre :</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Z2IqLJZm_18/YEufc5MrP7I/AAAAAAAACaA/13jAK62ziHwJgdb-3FzB11YShtpWGZd3gCNcBGAsYHQ/s500/Couv500.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="279" height="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-Z2IqLJZm_18/YEufc5MrP7I/AAAAAAAACaA/13jAK62ziHwJgdb-3FzB11YShtpWGZd3gCNcBGAsYHQ/w112-h200/Couv500.jpg" width="112" /></a></div><br /><br />
<p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Mes parents ont
connu l’orchestre de <b>Raymond Jackson</b>, dont le frère cadet, Gaby, était le
batteur, à La Petite Auberge du Mans, en 1943. La zone dite libre envahie à son
tour, Lucienne et Georges avaient regagné la Sarthe mais ils avaient laissé leur
fille à ses grands-parents paternels et s’étaient pris une chambre meublée
assez loin de Pontlieue, en haut de la rue Nationale. L’hôtel – bar –
restaurant La Petite Auberge était juste à côté, ils y passaient plusieurs soirs
par semaine. Gaby avait leur âge, Raymond un peu plus, ils avaient sympathisé.
A la Libération, mes parents étaient partis à Marseille ; ils s’étaient
perdus de vue.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">
</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Cinq ou six ans
plus tard, on – j’étais né dans l’intervalle – avait débarqué à Mulhouse et,
rentrant du boulot, mon père aperçoit <span style="color: #c00000;">« collé
aux vitres du café du coin : “Tous les jours... Raymond Jackson vous présente
son orchestre...“ “Tous les mercredis, soirées “Amora”, ses jeux inédits
présentés par <b>Gaby Jackson</b>...“ “Tous les vendredis, les Espoirs des
Tréteaux, concours de chant, harmonica, accordéon, présentés par Gaby
Jackson...“ <span><img alt="page128image50801920" height="1" src="file:////Users/alainrustenholz/Library/Group%20Containers/UBF8T346G9.Office/TemporaryItems/msohtmlclip/clip_image001.png" width="15" /></span></span></span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #c00000;">Quand Papa arrive à la maison et demande, de la porte :
— T’as vu c’que j’ai vu ? </span></span></p><span style="font-size: large;"> <span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman", serif;">Manman répond en riant : — Ils ont pris des
chambres à l’étage du dessous ! »</span></span>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style> <br /></span></p><span style="font-size: large;"></span><span style="font-size: large;"></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-r-lw8QUuuy0/YEungOqwrEI/AAAAAAAACbA/XA3D5g2HqYAwotWMYTK82CrtytCe9FZvQCNcBGAsYHQ/s500/Gaby.JPG" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="383" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-r-lw8QUuuy0/YEungOqwrEI/AAAAAAAACbA/XA3D5g2HqYAwotWMYTK82CrtytCe9FZvQCNcBGAsYHQ/s320/Gaby.JPG" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">GABY</td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br />Les frangins repasseront, au
gré de leurs tournées, par ce Café de la République. Deux, trois ans plus tard,
on sera devenus grands comme des micros, ma sœur cadette et moi, à condition d’être debout
sur une chaise du café, et on y chantera <i>Mon âne</i>, celui du mal de tête,
dans leurs radio-crochets. En 1954, un HLM nous a enfin été attribué dans une banlieue
de Mulhouse, et Gaby passe nous y faire des photos. Dès que je saurai écrire,
ce sera à lui : il m’enverra des collages sur des cartes postales, des
portraits en papier découpé, les programmes de leurs galas, parfois <span style="color: #c00000; font-family: "AGaramondPro",serif;">« un petit billet
pour des bonbons »</span><span style="font-family: "AGaramondPro",serif;"> </span>…
</span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Ils sont bien plus que des
parrains laïques, leurs dédicaces, sur les photos, c’est : « À mon
copain Alain » (Raymond), ou « À mon grand ami Alain en souvenir de
ton copain Gaby ». J’ai 8 ans et j’ai des copains qui ont l’âge de mes
parents ! L’été prochain — celui de 1956 – Gaby me prendra même en
vacances.</span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-cWugMy0V7C4/YEuvlk86ueI/AAAAAAAACbo/hVJMbg3LaYIAlUrAivHtp5JjHqEcAPZmACNcBGAsYHQ/s500/Raymond.JPG" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="385" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-cWugMy0V7C4/YEuvlk86ueI/AAAAAAAACbo/hVJMbg3LaYIAlUrAivHtp5JjHqEcAPZmACNcBGAsYHQ/s320/Raymond.JPG" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">RAYMOND</td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><p></p><span style="color: #c00000; font-size: large;"> « Je
ne sais plus qui m’accompagne ni dans quelles conditions – pour ce qui est du
train, en tout cas, la troisième classe n’existe plus depuis début juin –, me
voilà en route pour Dijon. L’orchestre n’est pas en congés, ils jouent tous
les soirs au Grand Café et, bien que dijonnais, je crois, ils vivent ici comme
en tournée, à l’hôtel<span style="font-size: x-small;"><a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[1]</span></span></span></span></a></span>.
Gaby et Madeleine, sa compagne – ils ne sont pas mariés, m’a précisé Manman,
Raymond et Rita non plus, c’est des artistes –, occupent une chambre au premier
étage, rue du Château, presque en face du Grand Café. On y ajoute un lit
pour moi.</span><span style="font-size: large;">
</span><p style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="color: #c00000; font-size: large;">Pendant
un mois ou deux, je mène moi aussi la vie d’artiste. Des journées, je ne me
rappelle rien : on dort probablement tard de s’être couché de même la
veille. Mais il devait bien y avoir l’après-midi à tuer ? Madeleine partait
sans doute dès l’ouverture des cinémas si elle avait dégotté à Dijon,
comme souvent dans leurs villes de tournées, un boulot d’ouvreuse en sus de
celui du vestiaire dans une boîte de nuit. Gaby avait probablement des
commerçants à démarcher pour obtenir les lots en nature ou en espèces de
ses jeux bihebdomadaires (“100 000 francs de prix“ pour les “Espoirs des
Tréteaux“, lisait-on sur les prospectus). Et moi pendant ce temps-là ? </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="color: #c00000; font-size: large;">Ma
vie commence le soir. Je suis assis à une table, la plus proche de
l’orchestre, devant une grenadine ou un Pschitt ! (C’est ce que boit Bobet
maintenant : “Pour toi cher ange, Pschitt ! orange, Pour moi Louison, Pschitt !
citron.“) Gaby est derrière la grosse caisse marquée à ses initiales, GJ,
les deux toms perchés dessus ; entre les jambes, la caisse claire, sur
laquelle la main gauche tourne le balai dont l’autre main vient régulièrement
couper le cercle. Il a encore deux gros toms posés sur pieds du côté droit,
et trois cymbales aux toits de pagode en plus de la charleston qui claque comme
un bec. </span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-3l3MA0OO7LM/YEuoHU5jjPI/AAAAAAAACbQ/ju_-t4POMTY8THLCHuQQqwnyOI1fBY5nACNcBGAsYHQ/s497/orchestre.JPG" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="296" data-original-width="497" height="382" src="https://1.bp.blogspot.com/-3l3MA0OO7LM/YEuoHU5jjPI/AAAAAAAACbQ/ju_-t4POMTY8THLCHuQQqwnyOI1fBY5nACNcBGAsYHQ/w640-h382/orchestre.JPG" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">L'orchestre, ici au Casino de Chamonix, hiver 1956<br /></td></tr></tbody></table><span style="color: #c00000; font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="mso-pagination: widow-orphan lines-together; text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="color: #c00000; font-size: large;">Deux ou trois fois dans la soirée revient la séquence
sud-américaine : les musiciens mettent des ponchos, des sombreros, rayés
de jaune, de rouge, de vert spéciaux et la « lumière noire » est envoyée.
Sur l’estrade, les couleurs de leurs costumes brasillent ; sur la piste,
le blanc des cols de chemises, des corsages et même des dents fluoresce sous
les rayons ultra-violets. Les gens sont réduits à leurs squelettes, comme
dans une radioscopie. C’est généralement à ce moment-là <span style="mso-no-proof: yes;"><img alt="page194image50566208" height="15" src="file:////Users/alainrustenholz/Library/Group%20Containers/UBF8T346G9.Office/TemporaryItems/msohtmlclip/clip_image002.png" width="1" /></span>que Gaby me
fait monter sur scène, il me donne des <i>claves</i>, un <i>guiro</i>, une
cloche, un de ces instruments magiques, simple comme deux bouts de bois, avec
pourtant un son si plein, si mat... Je suis devenu musicien. </span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Z2ZuouLAQ9c/YEupiwc5f6I/AAAAAAAACbY/QdIpMFg6EosL8OrMeetGSVfGnoY191cWQCNcBGAsYHQ/s500/GrandCafe%25CC%2581.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="287" data-original-width="500" height="368" src="https://1.bp.blogspot.com/-Z2ZuouLAQ9c/YEupiwc5f6I/AAAAAAAACbY/QdIpMFg6EosL8OrMeetGSVfGnoY191cWQCNcBGAsYHQ/w640-h368/GrandCafe%25CC%2581.png" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Gaby avait commencé chasseur à l'hôtel, était revenu musicien au Café, j'y ai été enfant de la balle<br /></td></tr></tbody></table><span style="color: #c00000; font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="color: #c00000; font-size: large;">Les
jours d’attractions, il y a, en plus, des jeux, des rires, un porcelet vivant
(l’un des lots) qui glisse comiquement sur le carrelage entre les jambes des consommateurs...
</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="color: #c00000; font-size: large;">Alors
qu’on finit déjà à pas d’heure, Gaby m’emmène, après la fermeture, dans un
cabaret<span style="font-size: x-small;"><a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="color: #c00000; font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[2]</span></span></span></span></a></span>
dont il veut entendre les musiciens. Il y a aussi du strip-tease, rigole-t-il
en chemin, mais c’est pas grave, j’ai qu’à regarder ailleurs, c’est pas pour
ça qu’on y va. Je revois un escalier tendu de rouge descendant dans un
sous-sol et, à mi-course, Gaby, en habitué, souriant avec la patronne à mon
propos. Je n’ai pas été tenté de me retourner vers la personne qui se
dénudait, à 8 ans et demi mon érotisme, tout abstrait, se bornait à
imaginer <b>Grace Kelly</b> nageant en bikini. »</span> </p><span style="font-size: large;">
</span><p style="text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large; mso-spacerun: yes;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Deux ans plus tard, on
déménagea de nouveau, brusquement, direction Saint-Etienne. Je m’inquiétai, Gaby
n’avait pas d’adresse fixe, on ne pouvait jamais lui écrire les premiers,
seulement lui répondre. Et si, durant la seule année où le courrier nous suivrait
à notre nouvelle adresse, il ne donnait pas de nouvelles ? Leur vie de
vagabonds n’en faisait pas des correspondants très réguliers. </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Le contrat de réexpédition
arriva à son terme. C’était fini. Gaby ne saurait rien de mon entrée en sixième ;
j’ignorerai la façon dont ils prendraient la vague yé-yé. J’avais été un enfant
de la balle, un adulte avant l’âge au milieu de mes copains musiciens, c’était
le passé.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Plus tard, bien plus tard, j’ai
recherché mon “parrain“ baladin. Des échos de l’orchestre, on en trouvait
facilement dans les collections de vieux journaux.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">En 1945, <i>l'orchestre</i>
<i>Raymond Jackson</i> faisait danser à Dijon, dans les styles musette, jazz,
et typique, aussi bien les bals de l’UD CGT, à la Bourse du Travail — dont
celui du cinquantenaire de la Confédération — que le Grand gala des services
sociaux de la police, à la Chambre de Commerce. Il partageait l’affiche avec <b><i>Tony
Fallone</i></b>, accordéoniste virtuose, le fantaisiste <b><i>Cirasse</i></b>,
ex-partenaire de Joséphine Baker, ou la chanteuse <i>Annie Tiss</i>,
25 ans, dont c’étaient les débuts. (Marcelle Trillet, de son vrai nom,
avait traversé l’occupation, à Dijon, sous le pseudonyme d’Annie Tissot ; elle
y avait fait « subrepticement de la résistance ». « Je servais
de boîte aux lettres...», racontera-t-elle plus tard. Elle se lançait sous son
nom de guerre abrégé. Une douzaine d’années plus tard, à Paris, sous un nouveau
pseudo, <b><i>Anny Gould</i></b>, inspiré d’un jazzman “symphonique“ américain, elle
sera la « reine des juke-box » grâce à une adaptation de l’<i>Only
You</i> des <b><i>Platters</i></b>.)</span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-kwroh5ET8V0/YEuhiP2mJ8I/AAAAAAAACaI/Zm5EQZ53adoBfpgJw88k6TiGw6dgk55zQCNcBGAsYHQ/s362/anny-gould.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="358" data-original-width="362" height="395" src="https://1.bp.blogspot.com/-kwroh5ET8V0/YEuhiP2mJ8I/AAAAAAAACaI/Zm5EQZ53adoBfpgJw88k6TiGw6dgk55zQCNcBGAsYHQ/w400-h395/anny-gould.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le gars de Rochechouart est une chanson de Boris Vian<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">En 1950,
l’orchestre de Raymond et Gaby joue pour les malades de la Trouhaude, le sanatorium
départemental. Il se produit au Grand Café, où il accompagne concours de Home
Trainer et concours de chant organisé par les Amis de Radio Luxembourg, que diffuse
le poste périphérique. L’année suivante, c’est au Triomphe et Night-Club
d’<b>Henri Foveau</b>, lors du bal de l’association des étudiants en Droit qu’est
révélée « une innovation : “Lumière noire“ », projetée sur mambo
et cha-cha. Cette même année 1951, Tony Fallone, déjà patron à Dijon d’une
académie d’accordéon et d’un magasin de musique — qui ont toujours pignon sur la
rue d’Auxonne soixante-dix ans plus tard – confie à <i>la Bourgogne
républicaine</i> ce qu’il répètera <a href="https://www.fallonemusic.com/blog/news/tony-fallone-accordeon-mon-ami-cd">à Jean Michel Fremont</a> : « Moi,
j'ai appris la musique à 20 ans à peu près [soit vers 1944]. Je jouais toujours
de routine avant, sans partitions. Puis, j'ai appris la musique dans
l'orchestre de Raymond Jackson, parce que j'ai vu que c'était nécessaire et
formidable... Et j'apprends encore, monsieur ! »</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-3jsSGyBWCFk/YEuiAvX6KmI/AAAAAAAACaQ/FOXHMNec5IgTIgEdYnOkxj6KaO84N-rygCNcBGAsYHQ/s500/Bourbonne.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="329" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-3jsSGyBWCFk/YEuiAvX6KmI/AAAAAAAACaQ/FOXHMNec5IgTIgEdYnOkxj6KaO84N-rygCNcBGAsYHQ/s320/Bourbonne.png" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Fin des années 1940<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">La période qui
suit est celle de notre copinage : c’est en direct, par leurs courriers,
que je sais qu’ils sont pour trois mois et demi d’affilée au Casino de
Chamonix, qu’ils ont pris leurs quartiers à la Taverne des 3 Dauphins de
Grenoble, au pied du Grand Hôtel Moderne, ou qu’ils se sont engagés à titre
individuel dans l’orchestre du cirque Rancy dont le chapiteau est planté à
Lille. </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Mais c’est à
nouveau dans la presse, rétroactivement, que je découvrirai qu’en avril 1958,
alors que la perspective de notre prochain déménagement me faisait craindre de n’avoir
plus jamais de leurs nouvelles, l’orchestre accompagnait, au Caveau du Miroir,
un Championnat de Bourgogne de Rock and Roll doté de 30 000 Francs en
espèces, qu’animaient les jeux de Gaby.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Des nouvelles
de l’orchestre, donc, la presse de l’époque m’en a donné tant et plus. Mais des
nouvelles des copains, où les trouver ? Aucune trace de Gaby ni de Raymond
sous l’état-civil Jackson. Je supposais depuis longtemps que c’était un nom de
scène : ils avaient dû américaniser un patronyme phonétiquement proche.
Jacson, Jacqueson (avec un ou deux s), ou même Jaxon, ne sont pas rares en Côte
d’Or, mais impossible de dénicher dans toutes ces familles que je passais en
revue, la fratrie d’un Raymond et d’un Gaby. Évidemment, s’ils avaient aussi
changé leurs prénoms, c’était foutu. Mais abandonner son vrai prénom pour
Raymond ou Gabriel, on ne voit vraiment pas pour quoi ils auraient fait ça. </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Finalement, un
jour, je tombai sur cet avis de décès, publié dans <i>Le Bien Public</i> du
03/03/2014.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-MtnpK55FDg4/YEuiXXTmykI/AAAAAAAACaY/qNDyN90_Rh01QhYp6P-b4sPaTpmxUCyXwCNcBGAsYHQ/s500/faire-part.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="348" data-original-width="500" height="279" src="https://1.bp.blogspot.com/-MtnpK55FDg4/YEuiXXTmykI/AAAAAAAACaY/qNDyN90_Rh01QhYp6P-b4sPaTpmxUCyXwCNcBGAsYHQ/w400-h279/faire-part.png" width="400" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Voilà un
musicien, pensai-je avec émotion, qui revendique comme titre de gloire d’avoir
joué aux côtés de mes copains. Quelqu’un que j’aurais pu interroger… Y a-t-il d’autres
vétérans comme lui ? Les rares programmes en ma possession semblent plutôt
montrer un renouvellement complet de l’orchestre d’une saison sur l’autre…</span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-nKqjXrCgGfw/YEum4qKK3tI/AAAAAAAACa4/UYDpeScP7KoSIBvAvdc8DPxFJS97BbDrgCNcBGAsYHQ/s500/TaverneDauphins.JPG" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="377" data-original-width="500" height="482" src="https://1.bp.blogspot.com/-nKqjXrCgGfw/YEum4qKK3tI/AAAAAAAACa4/UYDpeScP7KoSIBvAvdc8DPxFJS97BbDrgCNcBGAsYHQ/w640-h482/TaverneDauphins.JPG" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Taverne des Dauphins, Grenoble, deux saisons successives au milieu des années 50<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Ce n’est que le
lendemain que vint l’Euréka : et si ce Gabriel était mon Gaby ?! Dans
ce cas, j’aurais plutôt vu « <b>Gabriel Jacob</b>, dit Gaby Jackson, membre
permanent et animateur des galas de l’orchestre Raymond Jackson ». La
formule choisie n’en fait qu’un des musiciens de la formation ; mais ce n'est pas lui qui l'a rédigée. En tout cas, le prénom est le même, sans compter que
Jackson et Jacob, ce n’est pas si loin. Ne reste plus qu’à trouver un <b>Raymond
Jacob</b> qui soit son frère aîné.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Bingo ! Et
miracle d’internet : en une grosse journée, j’avais sorti la généalogie
quasi complète. Famille de métallos, comme la mienne. Le grand-père, <b>Auguste
Jacob</b>, brigadier poseur aux tramways départementaux — clin d’œil à distance du poseur
de rails qui fait la couverture de mon <i>Paris Ouvrier</i>. Le père, <b>Camille Jacob</b>,
tourneur sur métaux, entre autres chez Vernet (auj. Vernet Behringer), chez
Terrot, chez Wormser. Famille nombreuse, aussi : Raymond et Gaby ont trois
sœurs, dont une cadette à laquelle on a redonné le prénom d’une sœur décédée en
bas-âge un an plus tôt — comme on m’a fait remplacer feu mon frère aîné.
Famille libre penseuse et socialiste, enfin, ce que la mienne était de façon
moins nette. Si à son conseil de révision, Auguste, le grand-père, est encore enregistré
comme catholique, à son décès, le 11 août 1940, ses obsèques sont civiles. On pourra
rétorquer que c’est son fils qui en a décidé. Camille, en effet, au moment où
il adhère à la Coalition républicaine qui se crée sous l’égide de Barbusse,
Cachin et Jouhaux, le 4 avril 1918, est déjà « secrétaire du
groupe socialiste dijonnais », et c’est au milieu de ses camarades de la
CGT et de la SFIO qu’ont lieu les obsèques, civiles bien sûr, de la petite
Odette huit mois plus tard. </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-wJm7_EfiA4Q/YEuluubLiVI/AAAAAAAACaw/wCCQ6PtSDUkND4F8sayrXSJ3t36she5MgCNcBGAsYHQ/s500/Librepense%25CC%2581e.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="261" data-original-width="500" height="334" src="https://1.bp.blogspot.com/-wJm7_EfiA4Q/YEuluubLiVI/AAAAAAAACaw/wCCQ6PtSDUkND4F8sayrXSJ3t36she5MgCNcBGAsYHQ/w640-h334/Librepense%25CC%2581e.png" width="640" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br />Et l’on pourra deviner, à lire l’épilogue de mes <i>Métallos</i>,
l’effet que ça m’a fait de trouver une <a href="https://maitron.fr/spip.php?article96359">notice</a> le concernant dans le
Maitron. </span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Les Jacob de la
lignée de mes copains habitent à Dijon le faubourg : les grands parents rue
de Gray après avoir été rue de Mulhouse, les parents au Clos Morin puis rue
Louis Blanc. Au recensement de 1936, Odette, la cadette, est inscrite comme “vendeuse
aux Magasins modernes“, où j’ai trouvé sa sœur Anita caissière lors d’un
recensement précédent. Raymond, 21 ans, qui a fini son apprentissage chez
Terrot, est dit “tourneur en chômage“, et Gaby, 14 ans, “chasseur à
l’hôtel de la Poste“, celui qui surmonte le Grand Café de la rue du Château.</span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Sur le
faire-part de décès d’Auguste Jacob, du 11 août 1940, Raymond est maintenant
« aux armées à Lyon », Gaby « à Ajaccio », c’est-à-dire
chez sa sœur Odette, mariée en Corse l’année précédente. Je saurai par mes
parents qu’en 1943, ils les écoutent jouer à la Petite Auberge. Quand, comment
et où le tourneur et le chasseur d’hôtel ont-ils appris la musique, et pas
celle que l’on joue d’instinct, d’imitation, celle qui s’écrit et qu’ils
pourront apprendre à lire à Tony Fallone, le prodige autodidacte ? </span>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Je n’ai rien trouvé à ce sujet que ce tout petit
</span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-JEUhGBJR-p0/YKE57SjNwdI/AAAAAAAACnI/c1DGtzf7-LgmJaY4nU0S38ASUr94jU_WgCNcBGAsYHQ/s900/chorale.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="729" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-JEUhGBJR-p0/YKE57SjNwdI/AAAAAAAACnI/c1DGtzf7-LgmJaY4nU0S38ASUr94jU_WgCNcBGAsYHQ/s320/chorale.png" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br />indice : le <i>Libre penseur de France</i> du 15 février 1929 annonçant
la création d’une chorale de la Libre Pensée dijonnaise « sous la
direction du citoyen Camille Jacob, dont la patience égale le dévouement ».
Camille Jacob connaissait donc la musique ; ses fils l’auraient-il apprise
de lui ? J’accueillerai avec un grand plaisir et beaucoup de gratitude,
tout autre renseignement déposé dans ma boîte aux lettres électronique :
alain.rustenholz[@]orange.fr</span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;"> </span></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Dernière découverte :
à la charnière 1960-61, à cinq mois d’intervalle, Raymond puis Gaby se sont
mariés, mettant un terme à des années d’union libre et, puisqu’ils se
“rangeaient“, peut-être du même coup à leur nomadisme. Les mots de Gaby, dans
ses lettres, avaient souvent été : « après, je ne sais pas où le vent
nous poussera… » Étaient-ils en train de se poser ?</span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-RZaKw3y1jeU/YEuq3oTlLxI/AAAAAAAACbg/P2-UxNQungIuL1JcjE56fP9rivH-i-jugCNcBGAsYHQ/s500/Fakir.JPG" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="382" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-RZaKw3y1jeU/YEuq3oTlLxI/AAAAAAAACbg/P2-UxNQungIuL1JcjE56fP9rivH-i-jugCNcBGAsYHQ/w305-h400/Fakir.JPG" width="305" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Gaby en fakir. Je n'aurai jamais ses réponses...<br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><br /></span><p></p><span style="font-size: large;">
</span><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"><span style="font-size: large;">Raymond épousait
une Charlotte, pas Rita — ça ne veut rien dire, j’avais peut-être connu une
<b>Charlotte</b> qui préférait qu’on l’appelle Rita. </span>
<span style="font-size: large;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Le cocasse, c’est qu’elle a pour nom de jeune fille
<b>Jacqueson</b>, ce nom dont j’ai longtemps supposé que c'était le véritable nom
des frères Jackson. Gaby, lui, marie une <b>Madeleine Tissier</b>, à coup sûr “sa“
Madeleine, peu de chances qu’il soit allé en chercher une autre de même prénom.
D’elle, j’ai une photo en course, elle était licenciée d’un club cycliste
amateur.</span></span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style></p><span style="font-size: large;">
<span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Vl_2xaGKico/YE33E2F3x9I/AAAAAAAACbw/ZQUvvwvSkb08qMlB601T1ti1pUK5hlrcQCNcBGAsYHQ/s500/Madeleine.jpeg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="444" data-original-width="500" src="https://1.bp.blogspot.com/-Vl_2xaGKico/YE33E2F3x9I/AAAAAAAACbw/ZQUvvwvSkb08qMlB601T1ti1pUK5hlrcQCNcBGAsYHQ/s320/Madeleine.jpeg" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Au Grand Prix de Vincey-Charmes, 14/7/1954?<br /></td></tr></tbody></table><br />Ils se marient, Raymond à 45 ans, Gaby à 38. </span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Pour leurs épouses le temps des maternités est
passé, c’est le début de quoi ?</span>
<style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style> Là non
plus, je n’ai pas l’ombre d’un renseignement sur toutes les années qui vont
jusqu’à l’ombre définitive, en 2002 pour Raymond, en 2014 pour Gaby…</span></span>
<div style="mso-element: footnote-list;"><br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[1]</span></span></span></span></a> <span style="font-size: small;">J’apprendrai par un papier de <b>Roger Loustaud</b> que ce n’était pas une
chambre d’hôtel mais l’appartement que Mme Mourlet, la patronne — que je voyais
non pas derrière sa grosse caisse, ça c’était Gaby, mais derrière sa caisse
enregistreuse presque plus grosse — tenait à la disposition des orchestres de
passage.</span></p>
</div>
<div id="ftn2" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[2]</span></span></span></span></a> <span style="font-size: small;">Probablement le Caveau du Miroir</span></p>
</div>
</div>
<p><style>@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}@font-face
{font-family:AGaramondPro;
panose-1:2 11 6 4 2 2 2 2 2 4;
mso-font-alt:Cambria;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-pitch:auto;
mso-font-signature:0 0 0 0 0 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}p.MsoFootnoteText, li.MsoFootnoteText, div.MsoFootnoteText
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-link:"Note de bas de page Car";
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:10.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}span.MsoFootnoteReference
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
vertical-align:super;}a:link, span.MsoHyperlink
{mso-style-priority:99;
color:#0563C1;
mso-themecolor:hyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed
{mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
color:#954F72;
mso-themecolor:followedhyperlink;
text-decoration:underline;
text-underline:single;}p
{mso-style-priority:99;
margin:0cm;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";}span.NotedebasdepageCar
{mso-style-name:"Note de bas de page Car";
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-unhide:no;
mso-style-locked:yes;
mso-style-link:"Note de bas de page";
mso-ansi-font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:10.0pt;
font-family:"Times New Roman",serif;
mso-ascii-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";
mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-fareast-language:FR;}.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-fareast-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-fareast-language:EN-US;}div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style> <span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Sur la chaîne YouTube <a href="https://www.youtube.com/channel/UCMIS0oYA8rW9hYe-D5Wf3vA"><i>Faire de l'Histoire... populaire</i></a> de <b>Gérard Noiriel</b> / Daja : </span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dylA5TwbPmyUFCI4jfGb30ainx6LX_rsctL0h7vhOCVKP_atJ6OsftvnFq9r0QN6RS_r8o2M6w1sZHI7QsrJA' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe></span></span></div><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /><br /></span></span><p></p>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-16365522783862254652020-01-13T14:56:00.001+01:002020-01-13T22:23:55.118+01:00L'URBEX, C'EST LA LUTTE DES CLASSES PAR D'AUTRES MOYENS<br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Entretien </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">avec Olivier Gras</span></span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
le 30 janvier 2019</span>, paru dans le premier numéro de la <i>Revue Rond</i>, </span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">daté 1<sup>er</sup>
semestre 2019. Ce blog n'a malheureusement pas réussi à reprendre la mise en pages, beaucoup plus élégante, du fanzine. </span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHIMweWZtp0k1HgvUn855UW2EivT_n-Xi9j6s7jX8zP0_FLLoBvywtKbiYvQT1tO0sFNtzrepgu6aUz046-G_6StX3jruFsZVLnwzr8eBPLM6WMAcaCmWqX4aJGlIAB5VvldcDAzb3nu4/s1600/titre.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="92" data-original-width="597" height="97" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHIMweWZtp0k1HgvUn855UW2EivT_n-Xi9j6s7jX8zP0_FLLoBvywtKbiYvQT1tO0sFNtzrepgu6aUz046-G_6StX3jruFsZVLnwzr8eBPLM6WMAcaCmWqX4aJGlIAB5VvldcDAzb3nu4/s640/titre.png" width="640" /></a></b></div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">O.G.</span></b><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span></b><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">: L’urbex, c’est quoi pour
vous ?</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 1.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">A.R.</span></b><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">: Quand on est militant, il me semble que
l’on doit partir de l’espace public. À partir de lui, on a affaire à des
problématiques qui sont celles, je suppose, d’un certain nombre de pratiquants
de l’urbex. La première manif, par exemple, c’est l’excitation de bloquer la
rue, c’est-à-dire cette joie d’occuper un espace qui d’habitude vous roule
dessus, vous exclut, fait du bruit, pue.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 1.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">On peut aussi écrire sur les murs avec ce
qu’on a. À l’époque, c’était au feutre. On porte aussi des banderoles qui
peuvent être dessinées. Par exemple, lors des grandes manifs du PC, on
promenait des espèces de tableaux des pères fondateurs. On en voit encore dans
certaines manifs aujourd’hui, notamment les manifs turques ou kurdes, avec les
portraits de Mao, Marx, Engels et Lénine.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 1.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Quand on est militant, on fait aussi des
collages, on a par conséquent le même rapport au mur qu’un tagueur, donc un
rapport à l’interdit, même si on essaie tout de même d’être vu. Se pose aussi
la question des anciennes inscriptions, on les recouvre ou pas ? On recouvre
celles des fachos ou de la droite, pas celles des organisations amies ? Pour
les fresques, c’est la même chose.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Il y a ce rapport qui est commun entre ces pratiques de l’espace et
l’urbex, la différence étant qu’on essaie d’être vu, alors que dans l’urbex,
moins. Il existe des fresques qui sont hors de la vue du public, dont on ne
sait pas si le lieu où elles sont fonctionne comme un atelier ou si elles sont
faites à titre individuel. Il est a priori bizarre de peindre dans des lieux où
personne ne va, à part quelques happy few.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Il existe le témoignage de
la photo, beaucoup de photos circulent sur le Net. On a même l’impression
qu’elles en constituent le thème majeur.</span></b><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 20.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=4765847927591590004" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"></a><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Dans ce cas-là, on est tranquille pour faire
sa fresque, on a le temps, le loisir. Et on peut montrer en même temps que l’on
est allé dans un lieu interdit, secret. Souvent dans l’urbex, on ne fait que
passer. Le squat, en revanche, recherche la durée même si l’expulsion est
toujours au bout. La grève avec occupation s’empare de l’espace privé du
patron, en même temps que, souvent, elle l’ouvre sur l’espace public, en y
faisant entrer par des opérations « portes ouvertes », ou en laissant
la colère déborder dans la rue. Il y a des similitudes entre la pratique
militante et l’urbex, toutefois, il y a des choses dans l’urbex qui relèvent du
loisir. J’ai croisé récemment un cataphile qui visitait des salles sous Cochin.
Il faisait ça comme il aurait fait de la spéléo ou n’importe quel sport.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">On parle même de « sport
urbain».</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 20.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Oui, comme ces gens qui grimpent partout,
s’accrochent, etc., cela nécessite une musculature développée, de la souplesse.
Le pochoir, c’est eux, c’est le pochoir humain, la totalité de leur corps est
sur le mur.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-qUMQNkyQx9o/XhxetyjBU3I/AAAAAAAACSo/i7Hx1PYqUAwUVRMDQNKfL3GH_dof07HtACEwYBhgL/s1600/Debord.png" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="206" data-original-width="530" height="155" src="https://1.bp.blogspot.com/-qUMQNkyQx9o/XhxetyjBU3I/AAAAAAAACSo/i7Hx1PYqUAwUVRMDQNKfL3GH_dof07HtACEwYBhgL/s400/Debord.png" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">(C) Les lèvres nues n°9, réédité par Allia, 1995.</td></tr>
</tbody></table>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Il me semble que la définition de la dérive situationniste, c’était
d’avoir un rapport à la ville qui ne soit pas lié aux pratiques habituelles du
travail, des loisirs. Cette dérive échappe à toutes les routines, à toutes les
habitudes, tous les utilitarismes. Dans ce cas-là, toutes les cataphilies ou je
ne sais quoi -philie (puisque chaque pratique porte un nom spécifique</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">: ceux qui vont sur les toits ne portent pas
le même nom que ceux qui explorent les boyaux souterrains) en font partie.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 1.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">J’ai
l’impression que nombre de praticiens de l’urbex sont plus méthodiques,
travaillant sur des cartes afin de repérer des lieux qui puissent être
intéressants.</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Si on essaie de faire une généalogie de l’urbex, traditionnellement
on peut commencer par le flâneur décrit par Baudelaire, puis on va passer par
les surréalistes, les situationnistes. Tout est lié au capitalisme et aux
transformations du capitalisme et de la société industrielle. Les flâneries
parisiennes de Baudelaire naissent de la société industrielle. Il ne s’agit pas
seulement d’un rapport à l’espace, mais à la densité urbaine.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Ce qui apparaît avec le capitalisme au milieu de XIXe siècle, c’est
la masse, la foule. Celle que rencontre Baudelaire, ce n’est pas simplement la
foule des grands boulevards, mais celle des concentrations ouvrières. Avec
Haussmann, les ouvriers sont relégués aux périphéries de Paris, à Belleville
notamment. Chaque matin, au chant du coq, les masses ouvrières descendent de
Belleville par la rue du Faubourg-du-Temple puis la rue du Temple et regagnent
les ateliers du cœur de Paris. Les concentrations ouvrières sont typiquement
une création du capitalisme. C’est dans cette foule-là que Baudelaire s’enfonce
et il a des pages qui rapprochent cela du cinéma, qui n’est pas encore créé.
D’ailleurs, un des premiers films montre les sorties d’usine avec un écoulement
ouvrier. C’est donc chez Baudelaire plus qu’un rapport à l’espace, mais un
rapport à la vie et en particulier à la vie ouvrière.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Si on passe aux situationnistes, ils relient l’invention de la dérive
à la grève de 1953, grève très occultée dans l’histoire du mouvement ouvrier.
Cette grève a touché les flux, les transports. C’est l’époque où les gens
commençaient à partir en vacances, et ils n’ont pas pu le faire car tous les
transports étaient bloqués. A priori, c’est cette interruption de la vie
normale qui donne l’occasion aux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">situs</i>
de voir la vie autrement et de commencer les dérives. Lefebvre<sup>1</sup>,
lui, ne donne pas le même déclencheur, il lie ça à une révolution technologique</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">: le talkie-walkie. De petits groupes partent
équipés de talkies-walkies dans différents quartiers d’Amsterdam. Ils produisent
une polyphonie sonore et créent ainsi une nouvelle unité de la ville morcelée.
Que cela vienne d’une grève ou d’une mini-révolution technologique</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">: tout cela a à voir avec le capitalisme et
la lutte des classes.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-size: xx-small;"><sup><span style="font-family: "times new roman";">1</span></sup></span><sup><span style="font-family: "times new roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"></span></sup><span style="font-family: "times new roman"; mso-fareast-font-family: Garamond;">Henri
Lefebvre,</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; mso-fareast-font-family: Garamond;">La
Production de l’espace</span></i><span style="font-family: "times new roman"; mso-fareast-font-family: Garamond;">, Paris, Anthropos, 2000.</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">
</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-fareast-font-family: Garamond;">Signalons
également la réédition de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Proclamation
de la Commune</i>, Paris, La Fabrique, 2018</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 4.8pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Et l’urbex vint avec la désindustrialisation
et les friches, de plus en plus nombreuses. Là encore, c’est très différent
selon les régions, certaines ne sont plus que friches, comme la Ruhr, la
Lorraine, enfin le nord et l’est de la France. Et des grandes métropoles comme
Paris où on a l’impression que la friche n’est que temporaire car
l’attractivité de la ville est suffisamment forte pour que le réemploi soit
vite à l’ordre du jour</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">: le marché à
lui tout seul va reprendre les friches et les réutiliser. On a l’impression du
coup que l’urbex est une pratique temporaire entre deux réemplois.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Mieux, on a parfois l’impression que l’urbex est organisé par les
pouvoirs publics ou par les promoteurs. Les grands chantiers immobiliers de
reprise des friches confient à des associations l’utilisation des lieux, comme
par exemple Les Grands Voisins, dans l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul. Il
y a des structures spécialisées qui organisent des visites, des vernissages...</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 20.95pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 20.95pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">On a
parlé de détournement de l’usage normal » de l’espace, peut-on dire qu’il
s’agit de réappropriation de l’espace dans lequel on vit ?</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 13.25pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 20.95pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Il y a des pratiques diverses. Quand on
regarde ce qui est mis sur les murs, comme par exemple le lettrage, on n’est
pas loin du graffiti qui existe depuis deux mille ans, il y en avait déjà sur
les murs de Pompéi. Marquer son nom sur un monument, c’est donc se l’approprier
symboliquement ou se survivre grâce à un monument pérenne, solide, qui va
traverser les époques. Goethe aurait écrit son nom sur un des murs de la
cathédrale de Strasbourg, j’ai cherché et ne l’ai jamais trouvé (rires).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 20.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Le lettrage a la particularité d’être né avec
une police gothique dont je ne sais pas d’où elle sort. Aujourd’hui, dans
l’espace public, il n’y a guère que la police du </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Monde</span></i><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> qui ressemble à ça
(historiquement, à la Libération, les gens du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Monde</i> ont occupé les locaux du </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Temps,</span></i><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> qui avait collaboré car c’était
le journal de la bourgeoisie conservatrice et ont récupéré cette police). Il y
a de grands lettrages qui ont cette police, il est bizarre de constater que
l’expression de la modernité passe par des lettrages comme ceux-là.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><img border="0" data-original-height="387" data-original-width="617" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-hTV7RROBmXQ/XhxfsBh3yXI/AAAAAAAACSw/QFLWfojCyFAku8K1EdStJHLzX5tBe8-jwCEwYBhgL/s640/P.Boy.ported%2527Aubervilliers.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;" width="640" /></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">P.Boy. de Black Lines, rue d'Aubervilliers</td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 18.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Les fresques ont éventuellement une qualité
artistique, devenant d’ailleurs l’œuvre de professionnels, d’artistes que l’on
retrouve dans toutes les capitales d’Europe, qui se connaissent, qui ont des
échanges. Dans les fresques figuratives, il y a aussi des choses politiques. Par
exemple, il y en a eu deux faites par les gilets jaunes rue d’Aubervilliers. Il
y a eu successivement un pastiche de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La
Liberté guidant le peuple, </i>de Delacroix, avec cette petite anecdote</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">: au lieu d’avoir les seins nus comme dans le
tableau du peintre, elle porte un petit haut probablement pour que la photo
soit publiée sur Facebook (car leur politique est de supprimer la nudité de
leurs pages).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 18.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> <table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><img border="0" data-original-height="253" data-original-width="500" height="321" src="https://1.bp.blogspot.com/-1WMATdzHlWY/XhxlLxGRaXI/AAAAAAAACTk/xzhjjsOGyQQQNZvePt4EqlGLBUXlIy3eACEwYBhgL/s640/boxeur2.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;" width="640" /></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Black Lines : hommage à Christophe Dettinger, rue d'Aubervilliers. © HOUPLINE RENARD/SIPA</td></tr>
</tbody></table>
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 18.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Puis une sur Christophe Dettinger, le boxeur
de flic. Quand on va à Rome, dans le quartier de Garbatella, existe une
cité-jardin ouvrière du début du XXe siècle avec des squats plus ou moins
acceptés par la municipalité (ils organisent du soutien scolaire, l’accueil des
migrants, la vente de produites façon AMAP), tous les murs alentours sont
pleins de fresques, notamment des portraits de Gramsci, de militants assassinés
par la police en 1975, de footballeurs de l’AS Roma, club populaire de Rome, au
détriment de la Lazio, considérée comme le club bourgeois.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 20.95pt; tab-stops: 432.35pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Peut-on envisager l’urbex comme une archive non officielle, comme le
fait Sophie Devirieux ? Elle cite notamment l’exemple de Cioran
Fahey, qui ne prend que des photos d’anciens sites nazis à Berlin, lieux tombés
dans l’oubli.</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 20.95pt; tab-stops: 432.35pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<sup><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"></span></sup><sup><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"></span></sup><span style="font-family: "times new roman"; mso-fareast-font-family: Garamond;">Sophie Devirieux, « Lieux berlinois à
l’abandon. L’urbex comme pratique performative de la mémoire », <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Revue d’Allemagne et des pays</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de langue allemande</i>. Revue en ligne
consulté de 12 octobre 2018,<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>https://journals.openedition.org/allemagne/416.</span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 20.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Je ne connais pas ces travaux. Mais il y a
peu de temps est sorti un livre de Nicolas Offenstadt où il raconte ses visites
de friches industrielles, et administratives, de lieux publics de la RDA. Il
semblerait qu’il y en ait partout.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Les occupants sont partis en laissant les archives administratives,
les dossiers personnels des employés, des ouvriers ou des patients quand il
s’agissait d’établissements hospitaliers ou psychiatriques. En marchant, il a
vu des chemises avec des documents contenant des vies entières qu’il a
recueillis.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">J’ai vu sur Internet que Google avait créé une petite structure pour
permettre une mise en ligne de photographies d’urbex. Les bâtiments ont du coup
été parcourus par des gens et l’on n’a pas véritablement trouvé de dossiers
mais au moins une ou deux chemises que l’on apercevait, avec des noms, il y
avait des éprouvettes, du matériel. Ce qui m’étonne toujours dans les friches,
c’est que les gens ne nettoient pas derrière eux</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">: ils mettent la clé sous la porte et ils se cassent. Et évidemment
lorsqu’il s’agit d’industrie et d’industriels, on ne les oblige à rien et surtout
pas à nettoyer ou à dépolluer les sols contaminés.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 1.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">L’ex-sanatorium en région parisienne que l’on
voit beaucoup en surfant fait partie des premières friches, il me semble. La
MGEN possédait beaucoup de sanatoriums quand la tuberculose frappait encore et
donc frappait aussi le corps enseignant. Une bonne partie d’entre eux ont été reconvertis
en hôpitaux psychiatriques quand la maladie professionnelle des enseignants a
cessé d’être la tuberculose pour devenir la dépression et les troubles
associés. Ils en ont reconverti pas mal. À Besançon, par exemple, il y avait un
sanatorium sur une colline, de même dans les environs de Grenoble où on peut
apercevoir un sanatorium colossal.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-xJavcYH2mv4/XhxgvhU0T_I/AAAAAAAACS8/drfEK4B7EBYCwyvIFYmAduA9SvySFPPIACEwYBhgL/s1600/Sana.png" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="207" data-original-width="705" height="187" src="https://1.bp.blogspot.com/-xJavcYH2mv4/XhxgvhU0T_I/AAAAAAAACS8/drfEK4B7EBYCwyvIFYmAduA9SvySFPPIACEwYBhgL/s640/Sana.png" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 11.0pt;">Panorama des montagnes depuis le sanatorium
du Touvet. © Nicolas Budan</span>.</td></tr>
</tbody></table>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 18.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Dans la
région, je connais plus Le Rabot, l’ancienne fac de géographie à flanc de
montagne au-dessus de la ville. Selon vous, la gentrification urbaine peut-elle
créer un nouveau rapport à l’espace ?</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-right: 18.0pt; text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Comment est-ce qu’on peut s’opposer encore politiquement en matière
d’espace et d’appropriation de l’espace, et de ville au capitalisme sous sa
forme financière, libérale, etc.?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">J’étais fasciné en lisant Beauvoir</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">: elle raconte qu’ils sont au café, Le Bec de gaz, avec Sartre et
Aron. Ce dernier revient de Berlin où il a passé un an, leur parle de la
phénoménologie qu’il a découverte. Il annonce à Sartre que l’on peut décrire le
cocktail à l’abricot (spécialité du Bec de gaz) de façon philosophique. C’est
l’épiphanie de Sartre qui souhaitait pouvoir parler philosophiquement du monde
dans sa matérialité la plus concrète. Ce faisant, ce n’est pas seulement de la
philosophie qu’il faisait. En étant souvent dans le quartier de Montparnasse,
ils créaient de la valeur. Ils créaient le Montparnasse et le quartier Latin,
qui étaient qualifiés de quartiers existentialistes par la presse et qui allaient
attirer le monde entier. Même mes parents, qui étaient ouvriers, me parlaient
des zazous et des existentialistes, des rats de cave,</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 11.0pt;"> </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">sans pour
autant les fréquenter. Ceux qui créaient de la valeur urbaine, c’étaient les
peintres, les artistes et les intellectuels. Cela signifiait une augmentation
du prix du foncier, des consommations dans les cafés, les touristes, etc.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Aujourd’hui, on a l’impression que votre vie quotidienne, la mienne,
celle des bobos, des précaires créent de la valeur. Il suffit de vivre, et ses
habitudes, ses modes de vie, la façon de monter une crèche autogérée ou pas, de
pratiquer l’urbex ou pas, de taguer ou pas, de faire des fresques ou pas, de
consommer, tout ça crée de la valeur pour les promoteurs et participe de
l’attractivité de la ville. Dans la société post-industrielle, le mot d’ordre
est la mobilité, la fluidité. Les flux ont remplacé les territoires,
l’implantation de l’industrie même tertiaire ne se fait plus sur un territoire
en fonction de ressources minérales, matérielles, de voies de circulation et de
main-d’œuvre qualifiée. L’industrie moderne, surtout celle des startups, a
besoin de réseaux, d’informations, d’urbanité, de jeunes. Le mode de vie crée
de la valeur pour le capitalisme financier et aboutit à l’exclusion des plus
pauvres et à leur bannissement de plus en plus loin des centres.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Comme si le capital symbolique à la Bourdieu était
susceptible de créer de la valeur. Mais, du coup, est-ce que l’urbex n’est pas
une représentation un peu romantique de la ville, un peu bohème (ce qui va être
récupéré par la suite), bref, un imaginaire urbain qui est hors consommation,
hors travail…</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Montreuil, par exemple,
est un micro-climat où l’on peut ouvrir des squats et mener une vie
pratiquement non monétaire. Une camionnette fait les fins de marché à Rungis.
Bref, une micro-société réussit à échapper au rapport monétaire. C’est une
autre forme d’urbex, qui pratique l’intrusion et qui est un peu plus durable.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Les gilets jaunes à
l’ère des flux occupent cet espace particulier que sont les ronds-points, ils
interrompent les flux. Ils sont sortis de la grève et de l’occupation d’usine,
de l’occupation des lieux spécialisés pour aller couper, bloquer et interrompre
les flux. Ce sont autant de résistances.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">La France périphérique, où l’uniformisation est de mise,
semble fonctionner comme ce que Benjamin Delmotte a nommé « une structure de
l’éjection» où, en paraphrasant Althusser, un lieu fonctionne sans
sujet, mieux à son détriment, celui-ci étant presque en trop. Est-ce que l’urbex
peut être considéré comme un réinvestissement de l’espace, où le sujet fait,
pour ainsi dire, corps avec l’espace ?</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-size: xx-small;"><sup><span style="font-family: "times new roman";"></span></sup></span><span style="font-family: "times new roman";">Benjamin Delmotte, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Architecture au subjonctif. Une phénoménologie de</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’espace et de son aménagement</i>,
Bruxelles, La Lettre volée, 2018. Le concept<i style="mso-bidi-font-style: normal;">
</i>majeur développé dans cet essai malgré son heuristique est mâtiné d’un
heideggerisme autant maîtrisé que de mauvais aloi...</span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Ces gilets jaunes,
justement, vivent dans des endroits où il y a la zone industrielle, la zone
commerciale, la grande surface et éventuellement le cinéma multisalle. Dans ces
espaces, ils ont recréé des lieux de vie en aménageant des cabanes, des barnums
où il y a de la bouffe, de la boisson, des braseros avec la possibilité de
discuter. Ils ont fait des actions en direction de la grande distribution en essayant
de bloquer les grandes surfaces. C’était une façon de faire une grève de la TVA
(la plus injuste des taxes car complètement non progressive). Ils ont essayé de
faire diminuer la consommation, ce qui faisait diminuer la perception de la TVA
par l’État. Là, il y a une tentative de se réapproprier l’espace, de le vivre
autrement.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">C’est justement ces
lieux, qui ont été ceux de la maison individuelle, qui ont signifié l’expulsion
des centres villes depuis Giscard (une préfiguration de Macron à moins que
Macron en soit une resucée), où il était question de maison pour tout le monde,
de droit à la propriété. Chalandon a été l’auteur de lois pour aider à l’accès
à la propriété, ce qui a donné des maisons construites en série que l’on a appelées
les « chalandonnettes». Ces maisons sont l’isolement de chacun sur son bout de
terrain, l’absence de toute vie collective, la bagnole et tout ce qui va avec. <table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-th_KWSCB_TU/XhxhMbAwe0I/AAAAAAAACTE/B6Z-6IAcTIURSQ3b4LN22DRD9x-1074uACEwYBhgL/s1600/Chalandon.png" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="319" data-original-width="500" height="204" src="https://1.bp.blogspot.com/-th_KWSCB_TU/XhxhMbAwe0I/AAAAAAAACTE/B6Z-6IAcTIURSQ3b4LN22DRD9x-1074uACEwYBhgL/s320/Chalandon.png" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Quartier de "chalandonnettes", in Site ET Cité.</td></tr>
</tbody></table>
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Là, sur les
ronds-points, il y a eu des regroupements, une nouvelle sociabilité qui s’est
créée et qui dure encore, c’est absolument inouï. J’ai eu 20 ans en 68 et 70
ans pour les gilets jaunes, je n’ai jamais vu ça : un mouvement traversant ce
qu’on appelle la trêve des confiseurs, les fêtes de fin d’année, tenant deux
mois comme ça. Alors qu’ils subissent un carnage, une boucherie de la part de
la police. Il faut avoir du courage aujourd’hui pour sortir manifester. Autre
anecdote concernant ce dont vous me parliez précédemment à propos des stations
de métro fantômes. Vous connaissez Arsenal ?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Je n’y suis jamais allé car je ne sais pas ce qui pourrait
m’y attendre.</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Des gens l’explorent ?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Oui, on trouve quelques photos et vidéos sur le Net.</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Parce que dans les
années 1950, un film y a été tourné avec Bourvil. Il s’appelle <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Grosse Caisse</i>. C’est l’histoire d’un
poinçonneur de la RATP qui écrit des polars. Il voit passer tous les soirs la
rame financière. A l’époque, il y avait, après la fermeture des stations, une
rame, la financière, qui en faisait le tour pour ramasser les caisses. Il
invente donc un polar autour de la rame financière, l’envoie à quelques
éditeurs. Personne ne le publie. Par hasard, il rencontre un truand, lui donne
son livre refusé partout. Le truand, Paul Meurisse, décide, lui, de mettre ça
en œuvre. Leur repaire, c’est la station Arsenal, où les quais étaient, à
l’époque, utilisés publicitairement, on y exposait des bagnoles : des Simca.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Le bâtiment du musée des
Arts et Traditions populaires, qui doit ouvrir sous les auspices de Vuitton en
2020, a été vide pendant longtemps. Vous savez s’il y a eu des trucs dedans ?
Je crois que ça a été une galerie éphémère, avec des expositions sur
rendez-vous. Ça a été un des lieux de l’urbex ?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Je n’en ai pas vu. Mais dans l’autre bois, celui de
Vincennes, il existe un jardin, aujourd’hui Jardin tropical, où une annexe du
CNRS étudie les plantes exotiques. Il fut le jardin utilisé pour l’Exposition
coloniale des années 1930. Il est resté en l’état et tombe en décrépitude.</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Près de Cergy-Pontoise,
je suis passé devant des figures géantes. C’était le premier parc d’attractions
français, Mirapolis, qui a été fait bien avant le Parc Astérix ou Disneyland.
Une grande structure avec des statues géantes de Gargantua, mais le parc a fait
faillite et il est aussi resté en l’état. Il me semble qu’il a été utilisé par
le GIGN ou par des flics quelconques comme champ de tir. Je me suis demandé
s’il avait été exploré malgré le danger des balles perdues (rires).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Puisqu’on parle de danger, il me semble que l’on peut le
rapprocher du sexuel, d’une sexualité élargie au sens de Freud, qu’est-ce que
vous en pensez ?</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Mon éditeur chez
Parigramme m’a dit une fois que ses meilleures ventes, et de loin, ce sont les
livres du genre Paris secret, inconnu. Sur le mode secret, inconnu, mystérieux,
jamais vu et trou de serrure, tu peux en faire un par an, ce sera toujours la
meilleure vente. Il y a évidemment une pulsion, une curiosité sexuelle à la
base qui est très forte et qui pousse tout un chacun vers le boyau, ce qui se
passe de l’autre côté de la porte, comment papa et maman font l’amour. <table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-bWcvbVu1zDQ/XhxzptEB0JI/AAAAAAAACUA/FmQhCs5NcWkhLP8ciKeSWUM817_SgUlhACNcBGAsYHQ/s1600/Spermat.png" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="258" data-original-width="356" height="288" src="https://1.bp.blogspot.com/-bWcvbVu1zDQ/XhxzptEB0JI/AAAAAAAACUA/FmQhCs5NcWkhLP8ciKeSWUM817_SgUlhACNcBGAsYHQ/s400/Spermat.png" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Photo prise à Paris par Olivier Gras.</td></tr>
</tbody></table>
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">L’exploration rentre
dans ce cadre. Il y a à la fois le danger dans les catacombes, dans les salles
souterraines, sur la petite ceinture dont les tunnels sont parfois très longs
et où il fait tout noir... D’ailleurs, il est curieux de constater comme la
petite ceinture s’est transformée. Toute la partie sud représente presque
l’équivalent de la coulée verte. C’est ouvert à tous, on y trouve des
sculptures sur bois et un grand nombre de fresques. L’excitation du danger, des
éboulis possibles, sans compter les lieux plus privés, les friches
industrielles, les chantiers, il y a les maîtres-chiens, des vigiles en tout
genre.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Et la peur de se faire prendre qui décuple ce sentiment-là…</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Oui, de se faire piquer,
qu’ils lâchent les chiens.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Ça vous est presque arrivé. Les photos que vous m’avez
envoyées de vous sur les toits de la Philharmonie de Paris…</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">C’était drôle car depuis
que je savais que ce monument était en construction, j’avais lu qu’il y aurait
la possibilité d’aller sur les toits du bâtiment. Je trouvais ça épatant de
pouvoir aller sur les toits et je me demandais si ce serait vraiment possible
avec l’hystérie sécuritaire qui règne partout et qui fait que bientôt les ponts
de Paris auront des parapets de deux mètres pour éviter qu’on y jette des
choses. Je pense aussi à la passerelle qui va de la Cité U à Montrouge, qui
maintenant ressemble à un tunnel : elle est fermée sur les côtés et sur le
dessus avec des barreaux qui doivent être suffisamment proches les uns des
autres pour ne rien laisser passer.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Donc, un dimanche, je
passe avec une amie, une barrière poussée laissait un passage, sans pancarte.
On voit un chemin menant sur le toit, on arrive sur le plat du toit où doit
déboucher un ascenseur, là on se retrouve en face d’une caméra. Des vigiles
déboulent (mais sans chien heureusement) et nous demandent ce que l’on fait là.
Ce lieu est interdit, comme tous les chantiers. Je rétorque qu’il n’y avait
aucun panneau et que si je m’étais foulé la cheville, j’aurais pu les attaquer,
qu’ils n’avaient pas fait en sorte que ce lieu soit matériellement
infranchissable. Je finis par dire qu’ils n’ont pas fait leur travail et que
leur responsabilité peut être engagée… Le vigile en chef, très énervé, a fini
par nous raccompagner.<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-2j4OoG7Yqao/Xhxz9QOLHpI/AAAAAAAACUI/oh47RZ12VrI5tECvd_Oyzgl7XLpW92MiwCNcBGAsYHQ/s1600/Philar.png" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="265" data-original-width="350" height="302" src="https://1.bp.blogspot.com/-2j4OoG7Yqao/Xhxz9QOLHpI/AAAAAAAACUI/oh47RZ12VrI5tECvd_Oyzgl7XLpW92MiwCNcBGAsYHQ/s400/Philar.png" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Photo Béatrice Orès</td></tr>
</tbody></table>
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Je pensais dans mes
comparaisons entre classe ouvrière et pratiquant de l’urbex : sur les
chantiers, il y a toujours eu de la fauche, on y entre pour voler du matériel,
des outils, et pas seulement pour le plaisir. Dans les usines aussi, le rapport
ouvrier à l’usine est de cet ordre-là. Je dis ça car enfant j’habitais avec mes
parents au-dessus de l’usine. Quand on changeait de ville avec mes frères et
sœurs, il y avait généralement au-dessus de l’usine un appartement prévu pour
un cadre qui n’a jamais été assez con pour habiter là. Donc, par deux fois, on
a habité au-dessus de l’usine. À l’âge de 10 ans, j’ai accompagné mon père le
samedi bien des fois. Au centre de l’usine, il y avait le magasin avec des
parois à claire-voie, il les escaladait et prenait du matériel pour souder à
l’arc. Ça faisait des éclairs terribles, et j’avais peur que le patron arrive
pendant que mon père bricolait. Pas mal de gens pratiquent ce qu’on appelle la
perruque, ils bricolent des pièces pour eux (bois, métaux) avec le matériel de
l’usine. Ces pratiques peuvent s’apparenter à l’urbex. J’ai eu cette habitude
d’enfance de pénétrer dans les usines.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Si l’urbex est lié pour
partie à la friche industrielle, les lieux où il y a eu le plus de friches
industrielles, ce n’est finalement pas à Paris, mais en banlieue, je me demande
si les « racisés », les jeunes de banlieue, descendants d’immigrés la
pratiquent ? Bref, quelle est la sociologie des urbexeurs ? Est-ce que ça reste
un truc de Blanc un peu bobo ? Car, finalement, là où il y a le plus de
friches, ça les concerne directement, et je me demande s’ils les parcourent, et
si ces problématiques les travaillent ?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Je ne peux répondre que pour la ville que je connais :
Saint-Denis. Je vais souvent dans des lieux abandonnés, ou près du canal
reliant la Villette, où il y a beaucoup de fresques. J’ai plutôt l’impression
que les pratiquants de l’urbex sont des petits-bourgeois, majoritairement
blancs. Je n’ai pas l’impression que ces lieux-là intéressent les « jeunes de
banlieue ». Je crois qu’ils sont plus intéressés par le centre des villes et
les moyens d’y parvenir. Si on se pose la question sociologique des pratiquants
de l’urbex aujourd’hui, en tant que « sport urbain », il me semble qu’il s’agit
majoritairement de petits-bourgeois.</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Les friches ont aussi
été des lieux de raves, ça doit être moins le cas. Montreuil a aussi été un
haut lieu de la fête nocturne. Les frigos qu’on aperçoit de la fenêtre sont
d’anciens frigos de la SNCF qui ont été squattés et reconvertis en lieux
artistiques plus ou moins officiels, avec des baux légaux. C’est un vestige.
Dans Paris intra-muros, les emprises ferroviaires, après qu’on a tout arraché
ou recouvert d’une dalle, sont le dernier foncier disponible. Dans ce quartier,
celui de la bibliothèque François-Mitterrand, mais aussi celui des Batignolles
où siège la justice en son nouveau palais, on a enlevé beaucoup de rails et
surtout toutes les traverses !</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Ces transformations, dont vous parlez dans votre livre Des
banlieues rouges au Grand Paris, sont-elles générales ?</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Il y a tellement de
ressemblances maintenant entre les différentes capitales européennes, c’est une
tendance à l’uniformisation entre les villes et les pays du monde occidental.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Après les photos que vous m’avez montrées de vous sur les
toits de la Philharmonie, j’ai modifié mes conceptions. Jusque-là, je pensais
que l’urbex se pratiquait dans des lieux oubliés, des friches, mais vous
montrez qu’il est tout à fait possible d’investir des bâtiments qui ne sont,
pour ainsi dire, pas encore advenus, donc de mêler passé et futur dans une même
pratique.</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Je suis content d’avoir
été quelque chose comme un précurseur. Ce qui était drôle, c’était que le temps
était très menaçant, j’avais un parapluie que j’avais mis dans un trou de boulonnage
en pensant aux paroles de Lautréamont sur la rencontre improbable entre une
machine à coudre et un parapluie sur une table de dissection. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Depuis l’ouverture, je
n’ai jamais vu personne sur le toit. Donc je ne sais si le toit est praticable.
Toutes les maquettes montraient des petits bonhommes sur les toits de la
Philharmonie, mais je ne sais s’il est réellement ouvert au public ou s’il l’a
été une fois lors de l’inauguration pour les huiles de la municipalité ou pour
des soirées de privatisation pour de grandes sociétés…</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Moi, je l’aurai fait
comme Tintin a marché sur la Lune!</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><img border="0" data-original-height="258" data-original-width="195" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-WHhA-Ex_dhw/Xhx06sAxoPI/AAAAAAAACUU/ozXSiAt1BocqtI1BjWcN067TvT-l2eYSgCNcBGAsYHQ/s640/images_067.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;" width="483" /></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Prora en 1936 : 4,5 kilomètres de nazisme balnéaire.</td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Après m’avoir accueilli chaleureusement, Alain Rustenholz
m’a parlé quasi immédiatement de Prora, un énorme complexe construit par les
nazis. Cela aurait dû être une station balnéaire pour travailleurs méritants,
puis la RDA l’a utilisé comme caserne, prison. Dorénavant, il est
transformé en villégiatures de luxe, et seule une infime partie reste ouverte au public comme lieu de mémoire. </span></i></div>
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Après cet accueil et notre
discussion, nous continuons à bavarder encore un peu de ville, d’urbanisme et
d’urbex. Pousser une porte, prendre une coursive, vivre en curieux de l’espace
qui nous entoure, tout cela revient dans la discussion et semble être le moteur
de ceux qui conjuguent urbex et politique. C’est d’ailleurs en le quittant que
le titre de cette interview est prononcé comme une évidence.</span></i>
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:Arial;
panose-1:2 11 6 4 2 2 2 2 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536859905 -1073711037 9 0 511 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Calibri;
panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-520092929 1073786111 9 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Garamond;
panose-1:2 2 4 4 3 3 1 1 8 3;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:10.0pt;
font-family:Calibri;
mso-fareast-font-family:Calibri;
mso-bidi-font-family:Arial;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}</style>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-89179662263733783922018-12-07T13:58:00.002+01:002018-12-07T13:58:56.045+01:00LES QUARTIERS, ZONE DE TOUS LES DROITS (POUR LA POLICE)<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe width="320" height="266" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/TnOwLMdYBDs/0.jpg" src="https://www.youtube.com/embed/TnOwLMdYBDs?feature=player_embedded" frameborder="0" allowfullscreen></iframe></div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 14.0pt;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">La barre chocolatée arme de guerre ?
On s’en veut de faire de l’esprit avec cette image insupportable de la rafle de
Mantes : gamins à genoux, mains sur la tête, au milieu des kapos ;
c’est juste pour ne pas s’étouffer avec les haut-le-cœur qu’elle provoque.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Où a-t-on déjà vu ça ? Quel camp ?
Quelle dictature ? Quel coup d’État sanglant ? Pas la peine de chercher
loin : la guerre d’Algérie ! On veut croire que même ceux qui
ergotent sur la pertinence des notions de « racisme d’État », de
« racisés », se rendront à l’évidence. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Car comment s’expliquer le déchaînement
de violence qui frappe le mouvement lycéen sinon que, si ordre a dû être donné
de le tuer dans l’œuf, par n’importe quel moyen, avant la contagion possible, s’y
ajoute que, le mouvement touchant principalement des établissements des
périphéries de grandes villes, la police, en retrouvant les territoires
coloniaux qu’elle a l’habitude de quadriller, y donne libre cours <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>à ses penchants pour la pacification
« comme là-bas », un temps modernisée en kärcherisation. Si on l’a
vue d’une certaine mansuétude devant des ronds-points essentiellement blancs,
bardés de tricolore et de Marseillaise, en banlieue elle a, comme là-bas, les
pleins pouvoirs.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Et concernant samedi prochain ?
Quand l’Élysée répand le bruit que des groupes viendront « pour
tuer », ce n’est pas d’abord, comme on a pu le lire, aux potentiels
manifestants qu’il s’adresse, afin qu’ils restent chez eux, c’est à sa police.
Si des hordes d’assassins montent à Paris, ils tueront qui ? La police,
pardi, qui d’autre sera sur leur chemin !</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">L’Élysée annonce ainsi à sa police
qu’elle est d’ores et déjà en état de légitime défense, donc qu’elle pourra
tirer en toute quiétude et impunité. Réponse est ainsi donnée au syndicat des
commissaires qui demandait dès le début de la semaine, avant même qu’il fût
question de tueurs arrivant par milliers, l’assurance qu’ils seraient couverts :
</span><i><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">« Policiers, gendarmes et secouristes attendent les
moyens de se défendre, une confiance absolue des politiques et de la justice en
cas de légitime défense »</span></i><span style="font-family: "Times New Roman";">.
</span></div>
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "MS 明朝"; mso-fareast-language: FR; mso-fareast-theme-font: minor-fareast;">C’est chose faite, carte blanche leur est donnée,
même les « secouristes » pourront tirer ! Avec une telle
permission, le pire est quasi sûr.</span>
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
mso-font-charset:78;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
mso-font-charset:78;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
-->
</style>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-48744544038769828652018-05-02T20:09:00.002+02:002018-05-06T21:24:51.864+02:00DE BIÈVRE EN GRAFFS, LA VOILÀ LA BOMBE ACRYLIQUE<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">A
Gentilly, le grand, comme le petit annexé par Paris en 1860, les murs n’ont pas
rien à se mettre. Voici quelques aperçus de leurs garde-robes, shootées pour la
dernière fois en novembre 2017 lors de repérage pour l'association Enlarge Your Paris. Comment seront-ils (re)vêtus quand vous les
croiserez ?</span>
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
</span><br />
<br />
<span style="font-family: "times new roman";">Le paysage
typique de la Bièvre, c’était ces séchoirs perchés sur des tanneries, ci-dessous en
1890, au-delà de l’autre extrémité de notre parcours, du côté de Croulebarbe,
tandis qu’on démarre aujourd’hui de Gentilly et, plus précisément, de la </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Maison de la Photographie Robert</span><span style="font-family: "times new roman";"> Doisneau. La commune a dédié en 1996 sa </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">plus ancienne demeure, antérieure à 1750, (1 rue de
la Division-Leclerc),</span><span style="font-family: "times new roman";"> au
natif du</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> 39 rue Raspail, <b>Robert Doisneau</b>
qui, au lendemain de la guerre, photographiait du bas de la pente si raide
qu’on l’appelait le « cratère », derrière les HBM du 162 de la rue
désormais Gabriel Péri, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">les Vingt ans de
Josette</i>, joyeuse farandole de garçons et de filles, ou encore <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le Cyclo-cross</i>, qui se courait sur cette
même pente.</span><br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-w67CtRjrLNs/Wuc02zMmtsI/AAAAAAAACI0/0k5OrQJjo64AxEb-QOID7ONYAECZtXfNgCLcBGAs/s1600/1.Bie%25CC%2580vre.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="386" height="320" src="https://2.bp.blogspot.com/-w67CtRjrLNs/Wuc02zMmtsI/AAAAAAAACI0/0k5OrQJjo64AxEb-QOID7ONYAECZtXfNgCLcBGAs/s320/1.Bie%25CC%2580vre.jpeg" width="246" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">aquarelle de Vincent Blatter</td></tr>
</tbody></table>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">Les premiers
graffs, du genre photographique, ou réaliste-socialiste, comme on ne disait
déjà plus à l’époque, ont été posés là en 2006, entre la Maison de la
Photographie R.D. et l’av. Jean-Jaurès, par l’assoce <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Ligne 2 Mire</b>, soit <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">CREYone</b>,
né en 1973 à Champigny-sur-Marne, l’un de ses fondateurs en 1998, rejoint deux
ans plus tard par <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Max</b>, né en 1976 lui
aussi à Champigny, après qu’ils eurent collaboré au <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Groupe 132</b>.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-uAabIdSW-BY/Wuc1T1lqiOI/AAAAAAAACI8/l-uNWGWg2C0LW68V9aaX5CIJpZGb3AKYACLcBGAs/s1600/2.Bie%25CC%2580vreL2M.png" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="279" data-original-width="500" height="355" src="https://3.bp.blogspot.com/-uAabIdSW-BY/Wuc1T1lqiOI/AAAAAAAACI8/l-uNWGWg2C0LW68V9aaX5CIJpZGb3AKYACLcBGAs/s640/2.Bie%25CC%2580vreL2M.png" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Les trompe-l’œil de Ligne 2 Mire...</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-MNHAPRYJ9N0/Wuc1gELXATI/AAAAAAAACJA/NK3nFoeQNhMyFfX6p1fHRSS9zGYRSnHngCLcBGAs/s1600/3.Ligne2mire.jpeg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="374" data-original-width="500" height="298" src="https://3.bp.blogspot.com/-MNHAPRYJ9N0/Wuc1gELXATI/AAAAAAAACJA/NK3nFoeQNhMyFfX6p1fHRSS9zGYRSnHngCLcBGAs/s400/3.Ligne2mire.jpeg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">...sous les dalles, au 1er plan, la Bièvre</td></tr>
</tbody></table>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">On emprunte
ensuite le Jardin de la Paix, d’<b>Alexandre Chemetoff</b> (1990), matérialisation à
sec du lit de la rivière, par l’allée René Cassin. On passe ensuite derrière
l’église Saint-Saturnin, bâtie sur les vestiges d'une abbaye du 7e siècle, due
à Saint-Eloi, celui qui disait « Oh, mon roi… », sur le domaine que
lui avait donné le bon roi Dagobert (celui qui avait mis sa culotte pour la
rime). L'église actuelle, du 13e siècle, a été remaniée au 16ème après
l'effondrement de la nef, et le portail néo-gothique ajouté à sa façade ouest au 19ème.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-indent: 1.0cm;">
<span style="font-family: "times new roman";">Sur
l’emplacement du parking adjacent, la famille Foucher villégiaturait, au
printemps de 1822, dans un ancien château du XIII<sup>e</sup> siècle remanié en
presbytère, séparé de l’église par le cours de la Bièvre. <b>Victor Hugo</b>, le
fiancé d’<b>Adèle Foucher</b>, s’était vu attribuer une chambre dans une tourelle,
dernier vestige de la demeure seigneuriale, percée d’une fenêtre sur chacune de
ses quatre faces. Un « vrai nid d’oiseau ou de poète » : des
peupliers hauts et touffus, un jardin que venaient arroser et sarcler des
« fous de Bicêtre » descendus de l’hospice du plateau, un moulin
à blé au bout d’un bief, les tonneaux des blanchisseuses le long de la rivière
et le linge séchant sur les prés… </span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Il avait été un moment question de
classer monument historique ce que l’on désignait comme le « château de
Victor Hugo », qui fut finalement vendu à MM. <b>Dagousset</b>, vinaigriers, qui
firent de ses trois étages un immeuble de rapport loué à des familles ouvrières,
tandis qu’ils adaptaient</span><span style="font-family: "times new roman";"> le
moulin à blé à la mouture de la moutarde</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">. En 1926,
ils avaient à dessein si peu entretenu le « château de Victor Hugo »
que son premier étage s’écroulait, leur permettant d’abattre l’ensemble et de
construire à la place leur nouvelle et moderne usine, 19 à 23 rue Frileuse
devenue Charles Frérot. Ici naquit la marque qui aurait pour figure le Père
Pikarome : « Sa moutarde vaut son vinaigre… et son vinaigre est
rudement bon. » L’entreprise passa dans le giron du groupe Amora-Maille vers
1960, avant la société marocaine Unimer en 1992. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-indent: 1.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-indent: 1.0cm;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Il y eut un
temps où, quand les jeunes de banlieue (communiste) affrontaient la police, c’était
à l’appel des sirènes municipales : le maire de Gentilly, <b>Charles Frérot</b>,
les mobilisait par ce moyen pour qu’ils filent soutenir, dans le XIII<sup>e </sup>arrondissement,
les grévistes de la Snecma que la police était en train de chasser de leur
usine. </span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">A sa mort, en 1962, le nom de
Charles Frérot est donné à cette rue Frileuse où Victor Hugo courtisait Adèle.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Il n’y a que quelque pas d’ici à
l’ancien Gaîté Palace, cinéma de quartier de 1932 à 1972, devenu aujourd’hui
centre d’art et de création sous le nom de <a href="https://www.youtube.com/user/LeGenerateurOfficial" target="_blank">Générateur</a>.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Passé le périph, on pénètre la
première peau de l’oignon parisien. En 1840, sous la monarchie de Juillet, la
limite de Paris est encore au « mur des Fermiers généraux », un mur
de l’argent au sens propre puisque c’est celui de la perception des taxes sur
la circulation des marchandises, dont nous ont été conservées les portes
monumentales de la place Denfert-Rochereau, de celle de la Nation, ou la
rotonde de Stalingrad. La destruction de ce mur (</span><span style="font-family: "times new roman";">6 m de haut et 50 cm d’épaisseur)</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> et des routes qui le longent à l’intérieur comme à
l’extérieur fournira l’espace (70 m en largeur, 7 rangs d’arbres) qui permettra
en 1906 aux lignes 2 et 6 du métro d’être aériennes. Gentilly, puisque c’est le
sujet qui nous occupe, commence ou bien, – ça dépend du point de vue -, s’étend
jusqu’à l’actuel boulevard Blanqui. </span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Dans ces années 1840, on </span><span style="font-family: "times new roman";">débat de la défense de Paris. L’armée, le
gouvernement veulent des forts avancés ; l’opposition républicaine ne veut
pas laisser le sort de la capitale aux mains des seuls militaires : elle
réclame un rempart à l’ancienne, permettant au peuple en armes de monter aux
créneaux, et ne protégeant que de l’ennemi extérieur, tandis que l’on sait bien
que l’artillerie d’un fort peut se retourner contre la ville qu’elle est censée
défendre. En guise de compromis on aura les deux : le trait continu d’une
enceinte bastionnée, assez au large, ces « fortifications » ou
« fortifs », encore dans les mémoires aujourd’hui, et le pointillé
d’une quinzaine de forts sur les trois quarts du pourtour de Paris, depuis
Saint-Denis jusqu’à Issy-les-Moulineaux, tandis que la Seine fournira une ligne
de défense naturelle à l’ouest, seulement renforcée par le fort du
Mont-Valérien.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">Devant les
fortifications, il faut que la vue soit dégagée, pour le guet et pour le tir,
on déclare donc inconstructible une zone de 250 m, mais on ferme les yeux sur
d’insignifiantes cabanes, cahutes et potagers dont la prolifération, domaine
des chiffonniers, aboutira à la <a href="http://www.mheu.org/fr/chiffonniers/zone.htm" target="_blank">Zône</a> majuscule, que le documentaire de <b>Georges
Lacombe</b> montre dans l’état qui est encore le sien en 1928.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-gYlFSFIgue0/WudBPCLUkwI/AAAAAAAACJc/zqdUfTBS3cMHpgiUAs5cPhJNcd_38Pd7gCLcBGAs/s1600/Capture%2Bd%25E2%2580%2599e%25CC%2581cran%2B2018-04-30%2Ba%25CC%2580%2B18.03.40.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="398" data-original-width="500" height="254" src="https://2.bp.blogspot.com/-gYlFSFIgue0/WudBPCLUkwI/AAAAAAAACJc/zqdUfTBS3cMHpgiUAs5cPhJNcd_38Pd7gCLcBGAs/s320/Capture%2Bd%25E2%2580%2599e%25CC%2581cran%2B2018-04-30%2Ba%25CC%2580%2B18.03.40.png" width="320" /></a></div>
<br />
<span style="font-family: "times new roman";">Mais
n’anticipons pas. Pendant pas loin de vingt ans encore, Gentilly s’étend
toujours jusqu’au bd Blanqui, si l’on peut dire, simplement coupée en deux par
ce gros mur, ses escarpes et contrescarpes et sa Zone. L’annexion s’est faite
par étapes et notre trajet remonte le temps : en avril 1930, Paris
s’empare de la Zone (mais il avait pris la </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">rue de la Poterne des Peupliers dès 1926) </span><br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">1-5 rue de la Poterne des
Peupliers, 34 logements sociaux, toiture entièrement végétalisée, architecte
Laurent Niget, 2012.</span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">2-6, en face, et entre des rues dédiées aux
Caffiéri et à Pierre Gouthière, élégants sculpteurs-ciseleurs et bronziers
« du roi », dont on ne comprend pas très bien ce qu’ils font là, des
logements de l’AP-HP et, derrière, un centre Paris Anim’.</span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
</span><br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">Passés la Zône
et le bd Kellerman, c’est-à-dire les anciennes fortifs, on entre dans une seconde
peau, celle d’entre les deux ex enceintes, ici le Petit Gentilly, qui fut
annexé comme tout cet anneau-là en 1860.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-dN7JJjwutTw/Wuc120pEvdI/AAAAAAAACJQ/9_3ybFj-CakpdkQ17_7oPR6ixRVbQIAQQCEwYBhgL/s1600/4.planBie%25CC%2580vre.png" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="500" height="240" src="https://3.bp.blogspot.com/-dN7JJjwutTw/Wuc120pEvdI/AAAAAAAACJQ/9_3ybFj-CakpdkQ17_7oPR6ixRVbQIAQQCEwYBhgL/s400/4.planBie%25CC%2580vre.png" width="400" /></a></div>
<br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">On abandonne la Bièvre qui, sous nos pieds, monte le
long du côté droit de la rue des Peupliers, en deux bras parallèles, qui vont
tourner à gauche au niveau de la place aujourd’hui de l’abbé Hénocque, pour
longer sur leurs flancs nord, la rue de la Colonie puis la rue de la Fontaine à
Mulard. Dans ce coude se trouvaient le Moulin-des-Prés, moulin à eau sur la
Bièvre, à l’intersection des tracés anciens de la rue du Moulin-des-Prés et de celle
de la Fontaine-à-Mulard, et le Moulin (à vent) de la Pointe de Gentilly à
l’endroit où la rue du Moulin de la Pointe rejoignait l’avenue d’Italie.<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-yLdt25bABfk/WudGR1e6htI/AAAAAAAACJw/R9YaX-Tm18EJsMVFAl3Wh6YySzapvbrOQCLcBGAs/s1600/Bie%25CC%2580vrecanalise%25CC%2581e.png" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="329" data-original-width="500" height="262" src="https://1.bp.blogspot.com/-yLdt25bABfk/WudGR1e6htI/AAAAAAAACJw/R9YaX-Tm18EJsMVFAl3Wh6YySzapvbrOQCLcBGAs/s400/Bie%25CC%2580vrecanalise%25CC%2581e.png" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La Bièvre canalisée après 1912 à son entrée dans Paris. Au fond, la Petite ceinture.</td></tr>
</tbody></table>
</span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style></span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
</span><br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">Franchi par en-dessous
le boulevard Kellerman, on prend à droite ; sur le mur d’échiffre :
hommage à <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Desty Corleone</b>, rappeur, taggé
au 1<sup>er</sup> anniversaire de sa mort, le 2 novembre 2014, par <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">V13 crew.</b> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-tRzfbrnZcdc/WunJ0VDnwII/AAAAAAAACKE/gUKS_3yHWCgjO-ndFs3kfq6bOowcHfr3gCLcBGAs/s1600/Desty%252B.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="334" data-original-width="500" height="425" src="https://3.bp.blogspot.com/-tRzfbrnZcdc/WunJ0VDnwII/AAAAAAAACKE/gUKS_3yHWCgjO-ndFs3kfq6bOowcHfr3gCLcBGAs/s640/Desty%252B.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">On rentre sur la
promenade de ce qui fut la petite ceinture durant soixante ans de bons et
loyaux services voyageurs et marchandises, d’avant la guerre de 1870 aux années
1930. Ici, un tronçon d’1km a été loué par la RATP de 1994 à 1998 pour tester le
système de conduite automatique intégrale qui serait utilisé sur la
ligne 14. Avec un bout de plus, il a été ouvert en promenade en janvier
2016 dans le flambant neuf éco-quartier de la gare de Rungis. </span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">Que sera, quand
vous y serez, la fresque au fond du tunnel ferroviaire, à droite ? </span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">De la promenade,
on surplombe les fresques du mur d’échiffre qui fait pendant au précédent :
(l’hindouisant là depuis 2014), les deux drapeaux palestinien et israélien
noués ensemble sur la guérite en saillie, qui étaient là depuis l’été 2014, ont
été remplacés en février 2016 par <span style="mso-bidi-font-weight: bold;">une peinture
en rapport avec les attentats du Vendredi 13 novembre 2015.</span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-JZKciqDuPDk/WunJmWemVbI/AAAAAAAACKI/1-9NhBZtDwsmHeIHUtgGTyzEsr3QE5bjgCEwYBhgL/s1600/Vendredi13B.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="334" data-original-width="500" height="425" src="https://4.bp.blogspot.com/-JZKciqDuPDk/WunJmWemVbI/AAAAAAAACKI/1-9NhBZtDwsmHeIHUtgGTyzEsr3QE5bjgCEwYBhgL/s640/Vendredi13B.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">Au coin de la
récente rue Madeleine Brès, on est entre deux mondes : à gauche la caserne
abritant des gardes républicains et leurs familles, 4 000 personnes au
total, dont la musique de la Garde, construite en 1975 sur d’anciens bâtiments
industriels de la Snecma. L’école maternelle, à ses pieds est le bureau de vote
du 13ème donnant le plus fort pourcentage au FN. A droite, « la
Brillat », une cité populaire des années 1920, longtemps jugée dangereuse,
et « dé-densifiée » à la fin des années 1990 par la destruction des deux
bâtiments centraux et sa séparation par une grille mitoyenne. Entre les deux
mondes, les voies de la gare de Rungis et un mur fermant les emprises de la
SNCF, qui allait tomber en 2014 pour laisser naître l’éco-quartier. </span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">A sa destruction, on y voyait encore des graffs
datés du printemps 1999, que l’on peut retrouver dans cette <a href="http://chroniquedupieton.blogs.com/chronique_du_pieton/2015/03/index.html" target="_blank">chronique d’un piéton</a>. Il avait été, plus tôt encore, l’un des premiers murs peints du
quartier où s’étaient exprimés les élèves de l’école Küss</span><span style="font-family: "times new roman";">. </span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Depuis
1933, les élèves de cette belle école de style paquebot (<b>Roger-Henri Expert</b>) y
vivent, une génération après l'autre, au milieu de fresques.<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgU_GB99y4Y2ordNuhYKeToBB-W7WDCWWLzNEcFEsgmUlYnLlGAvxZoW27mdtypVidrMX7pJzrMHpwh-I5G_0QFGRWJpSIIsu78NlzA3RqLB3FRmUgmM-oXu_bV7YiU-SNzuTxRWs9JPM/s1600/Ku%25CC%2588ss.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="328" data-original-width="500" height="261" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgU_GB99y4Y2ordNuhYKeToBB-W7WDCWWLzNEcFEsgmUlYnLlGAvxZoW27mdtypVidrMX7pJzrMHpwh-I5G_0QFGRWJpSIIsu78NlzA3RqLB3FRmUgmM-oXu_bV7YiU-SNzuTxRWs9JPM/s400/Ku%25CC%2588ss.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le préau de la Maternelle, par l'association La Fresque, 1933</td></tr>
</tbody></table>
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">« La
Brillat » traversée, on a, rue de la Fontaine-à-Mulard, d’un côté l’<a href="http://arbp.fr/index.php/arbp/nos-valeurs-notre-histoire" target="_blank">ARBP</a>,
si importante depuis 1997 pour le quartier, de l’autre, dans l’espace Bièvre,
l’association Courant d’art frais. Les 8, 9 et 10 avril 2016, </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">l’association Rungis-Brillat-Peupliers (ARBP), - pas
des bobos de la Butte, donc -, </span><span style="font-family: "times new roman";">posait
à une trentaine d'habitants, répartis sur l'ensemble du quartier, la question
de l'endroit le plus agréable du quartier, du plus marquant au niveau
symbolique ou esthétique, le tout corrélé aux déplacements à pied ou à vélo
depuis le domicile. « Ce sont les nouveaux parcs et aménagements paysagers
ainsi que les fresques urbaines qui marquent les habitants. Très peu citent les
bâtiments ou espaces institutionnels comme lieux agréables ou lieux
symboliques.</span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Cet engouement pour les espaces verts est sans
doute d'autant plus plébiscité qu’ils faisaient défaut il y a quelques années. »<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-jW67X08Wjq8/WunqjjU4f-I/AAAAAAAACK0/FvWJhZhtlM849Cz6FaV0PG061NviC5cEACEwYBhgL/s1600/de%25CC%2581placements.png" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="338" data-original-width="500" height="432" src="https://3.bp.blogspot.com/-jW67X08Wjq8/WunqjjU4f-I/AAAAAAAACK0/FvWJhZhtlM849Cz6FaV0PG061NviC5cEACEwYBhgL/s640/de%25CC%2581placements.png" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Des étoiles pour les "fresques le long des voies" et la "fresque de la rue Bobillot</td></tr>
</tbody></table>
</span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
</span></div>
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-FDvY2jkOOOo/WunraZhaSCI/AAAAAAAACLA/Sri2CFIpBYA3lHRvwfZR3Kqyq5BTiM3FwCEwYBhgL/s1600/Capture%2Bd%25E2%2580%2599e%25CC%2581cran%2B2018-05-02%2Ba%25CC%2580%2B18.20.08.png" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="130" data-original-width="500" height="166" src="https://4.bp.blogspot.com/-FDvY2jkOOOo/WunraZhaSCI/AAAAAAAACLA/Sri2CFIpBYA3lHRvwfZR3Kqyq5BTiM3FwCEwYBhgL/s640/Capture%2Bd%25E2%2580%2599e%25CC%2581cran%2B2018-05-02%2Ba%25CC%2580%2B18.20.08.png" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Les marionnettes géantes de Courant d'art frais (bandeau de la page twitter de l'assoce) au parc Charles Trénet </td></tr>
</tbody></table>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">On descend la
rue de la Fontaine à Mulard, comme le font souterrainement les deux
bras parallèles de la Bièvre, jusqu’à la place de Rungis d'où ils remontent vers
le nord en longeant l’ouest de la Butte-aux-Cailles, l’un par la rue
Brillat-Savarin (ex rue du Pot-au-Lait), l’autre par la rue Boussaingault. A l’emplacement de la pimpante cité des fleurs, s'étendait un étang, et ces prés
submersibles de la Bièvre, que l’on pouvait inonder au moyen de vannes, pour patiner l'hiver sur l'un, prélever sur les autres les blocs dont la Société des Glacières réunies, située rue de l’Amiral
Mouchez, avait l'exclusivité du recueil et de la commercialisation.</span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Aujourd'hui, la place de Rungis est à 40 m d'altitude et la
place de la Commune de Paris 23 mètres plus haut seulement, mais le niveau des prés submersibles était à vingt mètres sous nos pieds. Ce territoire a été remblayé d'autant
vers 1877, après la construction de la rue de Tolbiac que l'on voit sur les photos d'époque le franchir haut sur un
talus. La Butte-aux-Cailles, dominant de 43 m la Bièvre, portait alors bien son nom.</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-xP87G1c849M/WuojriroLJI/AAAAAAAACLk/oS3PnrF9ptwSnig-3gcWu8xa4fKW3-OlwCLcBGAs/s1600/Bie%25CC%2580vreTolbiac.png" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="204" data-original-width="500" height="130" src="https://4.bp.blogspot.com/-xP87G1c849M/WuojriroLJI/AAAAAAAACLk/oS3PnrF9ptwSnig-3gcWu8xa4fKW3-OlwCLcBGAs/s320/Bie%25CC%2580vreTolbiac.png" width="320" /></a></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">Un médaillon, au
sol, nous rappelle le bras mort de la Bièvre. Le studio d'animation de <b>Paul
Grimault</b> était dans la cour du n°92 de cette rue Bobillot à compter de 1951.
<b>Jacques Demy</b> y vint l’année suivante, au sortir de son service militaire, se faire
engager comme stagiaire sur des films de pub. Il y reviendra trente-cinq ans
plus tard co-réaliser avec son ancien patron <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Table tournante</i>, un pot-pourri des courts métrages de Grimault, avec
au générique <b>Jean Aurenche</b> et <b>Jacques Prévert</b>, <b>Anouk Aimée</b>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L'Épouvantail</i> (1942), <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Voleur de Paratonnerres</i> (1944), <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Petit Soldat</i> (1947)…</span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-5PG36BTm4sg/Wuoi6CZwQ4I/AAAAAAAACLg/QIRgnenVdWoWOoxnsijWHPBG-SVa4ucaQCEwYBhgL/s1600/e%25CC%2581boueur.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="334" data-original-width="500" height="133" src="https://2.bp.blogspot.com/-5PG36BTm4sg/Wuoi6CZwQ4I/AAAAAAAACLg/QIRgnenVdWoWOoxnsijWHPBG-SVa4ucaQCEwYBhgL/s200/e%25CC%2581boueur.jpg" width="200" /></a></div>
<br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">On passe devant le magasin peint Au coin de la rue
de la Colonie, cette épicerie fut la première du quartier à mettre à
disposition sont rideau de fer dans les années 1990. Plus haut, sur le mur
arrière de la cour de l’école de la rue de la Providence, la fresque signalée
par les sondés de l’ARBP : c’est d’abord, en août 2013,</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-g-2jHgvIJoc/WuokI6ppIhI/AAAAAAAACL4/wFmh_oZsZSY1sy3epK_mry9GkFcrU4PUwCEwYBhgL/s1600/Seth%2526BabsBobillot.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="346" data-original-width="500" height="221" src="https://2.bp.blogspot.com/-g-2jHgvIJoc/WuokI6ppIhI/AAAAAAAACL4/wFmh_oZsZSY1sy3epK_mry9GkFcrU4PUwCEwYBhgL/s320/Seth%2526BabsBobillot.png" width="320" /></a></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Seth,</b> de son vrai nom <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Julien Malland</b>, né en 1972, diplômé de
l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD), </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">désormais autant en galeries qu’exposé aux
intempéries</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">, </span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-ORcmy1glRTQ/WuokI7UuItI/AAAAAAAACL8/VhbRHxDaFyIe0XVHwC9do1LoQzoe1InvwCEwYBhgL/s1600/Seth%2526BabsBobSuite.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="310" data-original-width="500" height="198" src="https://3.bp.blogspot.com/-ORcmy1glRTQ/WuokI7UuItI/AAAAAAAACL8/VhbRHxDaFyIe0XVHwC9do1LoQzoe1InvwCEwYBhgL/s320/Seth%2526BabsBobSuite.png" width="320" /></a></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
et <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Babs</b> pour les mots graffés, un enfant
de la banlieue, qui peint tout ce qui bouge et tout ce qui ne bouge pas, du
train au mur. Le 17 mars 2015, ils sont recouverts ici par une fille,</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-AJmHjrVfIJo/Wuok47NJ2NI/AAAAAAAACME/OtkM274AkcMxhnaeP9Wk3OCIAUgobv61gCEwYBhgL/s1600/KachinVanitasBobillot.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="334" data-original-width="500" height="213" src="https://1.bp.blogspot.com/-AJmHjrVfIJo/Wuok47NJ2NI/AAAAAAAACME/OtkM274AkcMxhnaeP9Wk3OCIAUgobv61gCEwYBhgL/s320/KachinVanitasBobillot.jpg" width="320" /></a></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">KASHINK</b>, née en 1981, dotée d’une
fausse moustache qui la fait ressembler à <b>Frida Kahlo</b>. </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">On prend
la rue de la Providence (on est maintenant à 50 m d’altitude) et l’on passe
devant la belle école à la fresque postérieure. Traversée la rue de Tolbiac
devant La Lanterne, </span></span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">squat ouvert
début mars 2017 par le groupe des chattes sauvages, de ce collectif Stendhal
dont le lieu emblématique, le Clos sauvage, à Aubervilliers, va bientôt fermer
ses portes, le 19 juin 2018.</span><style><!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-EYyV5OwAAhI/WurjYThRcsI/AAAAAAAACMQ/nz6Apq0K9ZI5NvJ73bb1dzpqMusNj6yKgCLcBGAs/s1600/MartinBernard.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="334" data-original-width="500" height="212" src="https://3.bp.blogspot.com/-EYyV5OwAAhI/WurjYThRcsI/AAAAAAAACMQ/nz6Apq0K9ZI5NvJ73bb1dzpqMusNj6yKgCLcBGAs/s320/MartinBernard.jpg" width="320" /></a></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">On suit <b>Martin Bernard</b>, du nom du dirigeant, aux côtés de
<b>Blanqui</b> et <b>Barbès</b>, de cette Société des Saisons qui tenta, avec l’aide des
immigrés allemands de la Ligue des Justes dont Friedrich Engels, délégué du
faubourg Saint-Antoine, ferait la Ligue des Communistes huit ans plus tard, le
dernier coup d’État contre Louis Philippe avant la révolution de 1848. </span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
</span><br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">Avec la rue
Buot, on arrive à la Butte. Pas d’intercession miraculeuse de Sainte-Anne, à
laquelle elle s’adosse, dans la préservation de ses maisons basses : la
butte est une coquille quelque peu creuse, de son sous-sol on a beaucoup
extrait la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">roche</i>, plus épaisse de
cinq centimètres que le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">cliquart</i> de
la voisine Montrouge, au grain plus gros, aux coquillages moins nombreux ;
rien ici qui pût supporter des étages nombreux.</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-Jn5UIOwuPQU/Wu71KwOgMyI/AAAAAAAACN8/Ld8pJcx27YYgL18yGAbzGHQTlVXHV89BACLcBGAs/s1600/Buot.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="324" data-original-width="500" height="258" src="https://3.bp.blogspot.com/-Jn5UIOwuPQU/Wu71KwOgMyI/AAAAAAAACN8/Ld8pJcx27YYgL18yGAbzGHQTlVXHV89BACLcBGAs/s400/Buot.jpg" width="400" /></a></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">A l’angle
de la rue Buot, on arrive à un premier flyer mural, si on peut dire, du festival annuel <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Les Lézarts de la
Bièvre</b>, celui de 2016, sous la bombe de <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Poes </b>et<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"> JoBer</b>, nés en
1983 l’un et l’autre, et aux graffitis à la Défense, passés du train
aux galeries (d’art, pas aux tunnels) en partageant aussi<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"> </b>une résidence d’artiste au Jardin Rouge de Marrakech en 2014. Dès
la fin du premier gros immeuble récent de la rue, on croise un oiseau de <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Mateus Bailon</b>, puis au retour d’un
second immeuble, en retrait sur l'alignement comme le précédent, du</span><span class="contentbox"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span></span><span style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Jace</span></span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> en 2014, du <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Bebar</b>,
franco-espagnol né en 1993, en 2017. Sur la porte de garage du n° 4 est depuis
2008 une espèce de Klimt d’<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Artiste
ouvrier</b> [de son vrai nom <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Pierre-Benoît
Dumont</b>, né vers 1975 et qui a pris son nom de graffeur en 2000.]</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";"><a href="https://2.bp.blogspot.com/---_mLHK1YVM/Wu79cy4GmjI/AAAAAAAACOo/fnzRdkZgdYAAyimJiqmVqSgsG27vG-ySgCLcBGAs/s1600/DSC_2645.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="380" data-original-width="500" height="303" src="https://2.bp.blogspot.com/---_mLHK1YVM/Wu79cy4GmjI/AAAAAAAACOo/fnzRdkZgdYAAyimJiqmVqSgsG27vG-ySgCLcBGAs/s400/DSC_2645.jpg" width="400" /></a></span></div>
<br />
<span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span>
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
span.contentbox
{mso-style-name:contentbox;
mso-style-unhide:no;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
</span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Sur cette butte, au dix-neuvième siècle, des
chiffonniers, hotte d’osier sur le dos, crochet à la main, fouillaient non plus
le sous-sol mais sa surface. Les débris et déchets, ils les écoulaient chez des
fabricants de carton et papier, des entreprises qui en tiraient du sel ammoniac
ou, dans le meilleur des cas, chez les revendeuses du marché du Temple. En
1847, avec <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Chiffonnier de Paris</i></b>, qu’incarne puissamment <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Frédérick Lemaître</b> au théâtre de la
Porte-Saint-Martin, <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Félix Pyat</b>,
futur quarante-huitard, membre de l’Internationale et communard, fait du pauvre
farfouilleur le symbole même du prolétaire. <b>Louis Blanc</b> accueille la pièce d’un
« Enfin, nous avons le drame socialiste !», tandis qu’un article
l’inscrit dans la lignée des pièces de sape : « Tartuffe contre
l’autel, Figaro contre le trône et le Chiffonnier contre le coffre ». Elle
précède <i style="mso-bidi-font-style: normal;">les Misérables</i> comme <i style="mso-bidi-font-style: normal;">les Mystères de Paris</i>. Viennent quarante
années d’interdiction, trente ans de prison et d’exil pour son auteur, qui
reprendra sa pièce en roman en 1892. Et la butte est encore, au début du 20e
siècle, un « fief de la misère ».</span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style></span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><br /></span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Au pan
coupé rue de l’Espérance / rue de la Butte aux Cailles, les gosses de Seth de
2013, </span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-EfTAohPqDcs/WusUxKGEYpI/AAAAAAAACMg/0EMeHs5saD8nK5mQIvrgcYgEwAFFZ5X0QCLcBGAs/s1600/SethPCEsp.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="250" data-original-width="400" height="200" src="https://2.bp.blogspot.com/-EfTAohPqDcs/WusUxKGEYpI/AAAAAAAACMg/0EMeHs5saD8nK5mQIvrgcYgEwAFFZ5X0QCLcBGAs/s320/SethPCEsp.png" width="320" /></a></div>
assis dans l’eau, ont été plongés dans le béton l’année suivante par <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Jace</b>.<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"> </b>Né au Havre en 1973, il a grandi sur l’île de La Réunion. A 19
ans, il a créé le personnage du Gouzou, qu’il a mis ensuite à toutes les sauces
graphiques possibles. Ici, il a épongé l’eau par des gratte-ciels et tendu
entre les bras des enfants le fil d’un gouzou funambule.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-58A5_YIJJLc/WusU7Ervp2I/AAAAAAAACMk/8qXr6Sv5kdMfeM9BkbHBBNwlPq7ma_mEQCLcBGAs/s1600/SethJacePCEsp.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="374" data-original-width="500" height="239" src="https://3.bp.blogspot.com/-58A5_YIJJLc/WusU7Ervp2I/AAAAAAAACMk/8qXr6Sv5kdMfeM9BkbHBBNwlPq7ma_mEQCLcBGAs/s320/SethJacePCEsp.png" width="320" /></a></div>
En 2017, on a vu sur
ce mur Mohammed Ali boxant un samouraï, collage de <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Combo</b>, parisien né en 1987 qui, depuis 2014, diffuse aussi le
symbole CoeXisT créé par l’artiste polonais <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Piotr Mlodozeniec</b> en 2001 pour le musée d’art socio-politique
contemporain de Jérusalem.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-5Bh-0B4HFA4/WusVEidDCXI/AAAAAAAACMs/1vilq55OM0wyFEjipDq_vGQ-6CDUem4owCLcBGAs/s1600/ComboPCEsp.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="375" height="320" src="https://4.bp.blogspot.com/-5Bh-0B4HFA4/WusVEidDCXI/AAAAAAAACMs/1vilq55OM0wyFEjipDq_vGQ-6CDUem4owCLcBGAs/s320/ComboPCEsp.png" width="240" /></a></div>
En novembre 2017, Seth s’était réapproprié le mur
avec une variation sur son thème initial.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-df1A4uvLK6Y/WusVNQWLUQI/AAAAAAAACMw/lzhzVw85iEIu4D9vlfT0rGFAy8bo-n1jwCLcBGAs/s1600/Sethnov17.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="668" data-original-width="1000" height="213" src="https://3.bp.blogspot.com/-df1A4uvLK6Y/WusVNQWLUQI/AAAAAAAACMw/lzhzVw85iEIu4D9vlfT0rGFAy8bo-n1jwCLcBGAs/s320/Sethnov17.jpg" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Rue de
l’Espérance, l’espèce d’atlante supportant tout le poids de l’espoir que l’on
voit encore (en amorce, à gauche), sur la photo de 2013, œuvre de <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Jef Aérosol</b>, de son vrai nom <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Jean-François Perroy,</b> né en 1957 à
Nantes, pochoiriste dès 1982 sur les murs de Tours, a été remplacé par <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Rachid Omick Bulbien</b>, « Lézarts de
la Bièvre » 2017, c’est à dire baliseur artistique des itinéraires menant
aux portes ouvertes annuelles des ateliers des 5<sup>e</sup> et 1 3<sup>e</sup>
arrondissements. Il s’était décollé des murs de Lyon en 1997, était passé par
Athènes, on le retrouvait sur la Butte.</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-UfAuCOFoTFg/Wusd6_OU-RI/AAAAAAAACNE/aV2CgFgqcTg_rGURoaNN2CvcoDugzvcDACLcBGAs/s1600/Espe%25CC%2581rance.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="295" data-original-width="500" height="376" src="https://3.bp.blogspot.com/-UfAuCOFoTFg/Wusd6_OU-RI/AAAAAAAACNE/aV2CgFgqcTg_rGURoaNN2CvcoDugzvcDACLcBGAs/s640/Espe%25CC%2581rance.jpg" width="640" /></a></span></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
</span>
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style> </span><br />
<div style="text-align: right;">
</div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
</span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
</div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Il y avait sur la butte
un gigantesque Moulin Noir, qui datait de Henri IV, d’où l’on jouissait
d’un des plus jolis panoramas des environs de Paris ; il fut démoli fin
1866. Moins de cinq ans plus tard, le légendaire 101<sup>e</sup> dirigé par
<b>Jean-Baptiste Sérizier</b>, ouvrier corroyeur, “Tous enfants du 13e et du quartier Mouffetard
[la rue Mouffetard allait jusqu’à la place d’Italie], indisciplinés,
indisciplinables, farouches, rauques, habits et drapeaux déchirés, n’écoutant
qu’un ordre, celui de marcher en avant”, comme les décrira <b>Lissagaray</b>, affronte
Versailles. La 3e armée, celle de la rive gauche, est sous la direction du
Polonais <b>Jaroslaw Wroblewski</b> ; son chef d’état-major est <b>Émile Moreau</b>. Une
balle lui traverse les testicules sur la Butte-aux-Cailles, malgré quoi il réussit
à gagner la Suisse. Il s’y vantera d’avoir fait fusiller les dominicains
d’Arcueil, ce pour quoi Sérizier a été jugé coupable et exécuté. On dénombrera
au moins 400 communards morts derrière les barricades.</span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span><style><!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
mso-font-charset:78;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
</span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">A
l’entrée de la rue des 5 Diamants, <b>Zabou</b>, </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">née en
1991, à Londres en 2011, dans les rues de partout dès l'année suivante</span> et bien implantée sur le mur initial
depuis 2015, a vu recouvrir son jet de peinture de 2016</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-FzKcNATEA1Q/WusubU0C5TI/AAAAAAAACNg/rXOmzdMAPAIwFQaYv3iwY1Vct3RqsrMvwCLcBGAs/s1600/Zabou5diams.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="375" data-original-width="500" height="240" src="https://4.bp.blogspot.com/-FzKcNATEA1Q/WusubU0C5TI/AAAAAAAACNg/rXOmzdMAPAIwFQaYv3iwY1Vct3RqsrMvwCLcBGAs/s320/Zabou5diams.png" width="320" /></a></div>
par le brésilien
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Mateus Bailon</b>, pour l’oiseau de feu,
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Lalasaïdko</b>, pour le bubble gum, et Bebar, « espagnol » de Vitry,
pour le reste :<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-5T3qAg-ssvI/WusukFfwFZI/AAAAAAAACNk/OiGHGVxMmtc334IAFDdO0_D8EAgKpOe2ACLcBGAs/s1600/BailonBebarLala5diams.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="375" data-original-width="500" height="240" src="https://2.bp.blogspot.com/-5T3qAg-ssvI/WusukFfwFZI/AAAAAAAACNk/OiGHGVxMmtc334IAFDdO0_D8EAgKpOe2ACLcBGAs/s320/BailonBebarLala5diams.png" width="320" /></a></div>
D'un geste rageur, elle a effacé tout ça l’année suivante :<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-IIVeBvivSlU/Wusutz9EfOI/AAAAAAAACNo/i2CGZ7OSt1sl8MlMH_Tu92NGXd0OvokAwCLcBGAs/s1600/Zabou5diams11-17.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="668" data-original-width="1000" height="213" src="https://4.bp.blogspot.com/-IIVeBvivSlU/Wusutz9EfOI/AAAAAAAACNo/i2CGZ7OSt1sl8MlMH_Tu92NGXd0OvokAwCLcBGAs/s320/Zabou5diams11-17.jpg" width="320" />
</a></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">Rue des 5
Diamants, on verra, si on n’en a pas croisé avant, du <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Miss.Tic</b>, qu’on ne présente plus, elle qui fait du pochoir sur les
murs de Paris depuis 1985, et qui inaugura les Lézarts en 2001; du <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Speedy Graphito</b> [<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Olivier Rizzo</b>, né en 1961, diplômé de l’École Estienne en 1983, pocheur
puis peintre sous ce pseudo aussitôt], le gosse au doigt dans le nez de Zabou,
etc.</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Au bout de la rue, on prend Jonas, à droite,
puis la rue Jean-Marie Jégo. Dans le renfoncement, des collages de Noar-<b>Noarnito</b>,
né en 1973, arts appliqués à l’École Olivier-de-Serres, installé à La Rochelle. On arrive au square et à la place Paul Verlaine.</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-9ZfCsLeoA2w/Wu77NXpVlWI/AAAAAAAACOc/a31p731SslIqy_0FAeYZ_3nUcV3_MpGNwCLcBGAs/s1600/DSC_2602.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="852" data-original-width="666" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-9ZfCsLeoA2w/Wu77NXpVlWI/AAAAAAAACOc/a31p731SslIqy_0FAeYZ_3nUcV3_MpGNwCLcBGAs/s320/DSC_2602.jpg" width="250" /></a></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
</span>
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style> <br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">Le <b>marquis
d’Arlandes</b> et <b>Pilâtre de Rozier</b>, eux, arrivent au-dessus de la Butte le 24 novembre
1783, ils passent « l’étang qui fait aller les machines de la manufacture
de toiles peintes de MM. <b>Brenier</b> et Cie », et se posent entre le moulin
des Merveilles et le Moulin-Vieux. Pilâtre a ôté sa redingote avant la
descente, elle est restée dans la nacelle dont ils s’extraient. Le marquis fait
le récit de l’atterrissage : « le peuple accourt, se saisit de la
redingote de M. Pilâtre et se la partage. La garde survient : avec son
aide, en dix minutes, notre machine fut en sûreté et une heure après elle était
chez M. Réveillon où M. Mongolfier l’avait fait construire. » C’est dire
si le quartier était pauvre, et s’il était irrespectueux !</span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Les Brenier cités avaient ouvert une seconde
manufacture à Saint-Denis l’année précédente, on a plus de renseignements sur cette
dernière que sur celle survolée par la montgolfière : en 1805, J.P.
Brenier père y emploiera 140 ouvriers qui imprimeront 5 000 pièces ;
sa présence est attestée encore en 1810. Louis Henri Brenier fils s’installera
à son compte en 1804 avec une trentaine d’ouvriers ; on perd sa trace après
1808.</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg09A2fVOfI_SR6owhvnVAHa-d27VLkbT-LHbNpMqenP5TumsV0blgHkrJNTOwDl0p8Urgh2S5gKOHH3W1KPURczp7TevGt0mGmONoq3WFMwx_34_A8EowLXil9lYHpvHrFMtni2KZLFWw/s1600/letweetmuniVandrezanne.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="469" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg09A2fVOfI_SR6owhvnVAHa-d27VLkbT-LHbNpMqenP5TumsV0blgHkrJNTOwDl0p8Urgh2S5gKOHH3W1KPURczp7TevGt0mGmONoq3WFMwx_34_A8EowLXil9lYHpvHrFMtni2KZLFWw/s200/letweetmuniVandrezanne.png" width="187" /></a><a href="https://1.bp.blogspot.com/-iaXIbKzMEg4/Wu727eqYuXI/AAAAAAAACOU/lK2GVXxi2X01tmSbiYWMot-weBtY7dV_gCEwYBhgL/s1600/Vandrezannefini.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="246" data-original-width="273" src="https://1.bp.blogspot.com/-iaXIbKzMEg4/Wu727eqYuXI/AAAAAAAACOU/lK2GVXxi2X01tmSbiYWMot-weBtY7dV_gCEwYBhgL/s1600/Vandrezannefini.png" /></a></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Rue Vandrezanne,
on retrouve Kashink sur le mur de l’école maternelle. Un tweet municipal annonça le début des travaux.</span>
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style> </span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "times new roman";">Par le passage
Vandrezzane et la rue du Moulin des Prés, qui jusqu’en 1926 passait encore en
tunnel sous la rue de Tolbiac, on regagne la </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">place Paul Verlaine</span><span style="font-family: "times new roman";">.</span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Les travaux du puits artésien avaient commencé ici
à la fin de 1866. Après vingt ans d’interruption (de 1872 à 1892) puis encore
plus de dix de travaux, parvenus à 582,40 m de profondeur, l’eau jaillit le
19 novembre 1903 et l’inauguration suivit le 7 avril 1904, à 14h. Il y avait
là le préfet de police Lépine, l’ingénieur en chef du métro Bienvenüe, que du
beau monde. Dès 1912, le puits alimentait 50 cabines de douches à raison de 72m<sup>3</sup>/h
d’une eau à 28°, quelque peu sulfureuse. Le nombre de douches doubla bientôt
avant qu’elles ne soient englobées dans la piscine de Louis Bonnier, inaugurée
le 5 mai 1924. Mais jamais le puis ne fut utilisée pour la peinture à l’eau,
bien plus facile et bien moins belle que…</span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
</span>
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style> Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-74119206301427094052018-04-08T22:58:00.002+02:002020-02-05T16:03:13.198+01:00LES SEJOURS DE MARX ET D'ENGELS A PARISA l'occasion d'un sujet que tourne la télévision centrale chinoise CCTV, je republie cet article quelque peu augmenté.<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-p5pV-pYHH-U/Ws5xdqE9nmI/AAAAAAAACIk/gSlvcdon9OEkMZL2qLEFOYitlabWhb-HQCLcBGAs/s1600/PlanME.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="357" src="https://3.bp.blogspot.com/-p5pV-pYHH-U/Ws5xdqE9nmI/AAAAAAAACIk/gSlvcdon9OEkMZL2qLEFOYitlabWhb-HQCLcBGAs/s1600/PlanME.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Hormis la militance d'Engels au fbg St-Antoine, presque tout se passe dans ce périmètre très restreint</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Quand,
après la censure de la <b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Gazette rhénane</i></b>,
<b>Arnold Ruge</b> et <b>Karl Marx</b> cherchent un endroit d’où lancer une nouvelle
publication, le premier écrit au second, en substance : concernant les conditions
de liberté de la presse, Bruxelles serait un meilleur choix, mais à Paris il y
a 85 000 Allemands ! [Ruge voit grand : dans ce Paris d'un million d'habitants, on estime les étrangers à 136 000 dont environ 50 000 Allemands.] C’est pour cette bonne raison que Paris sera
choisi par l’aîné (il a seize ans de plus que Marx), parce que, à part ça, les
progressistes français pressentis lui ont tous refusé leur participation aux
futures <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Annales</i>.</span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Ruge a commencé tôt sa prospection, guidé par <b>Moses Hess</b>, parce que son français est assez loin du parler, comme d'ailleurs celui de Marx qui ne l'a étudié qu'au lycée. Il s'est rendu au moins deux fois aux réunions de <b>Flora Tristan</b>, au 89 rue du Bac, dès le mois d'août 1843. Celle qui sera la grand-mère du peintre Paul Gauguin, a déjà publié ses </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><b>Promenades dans Londres</b>, </span></i><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">étude qui n'a rien de touristique et fait une large place au chartisme, et son <b><i>Union ouvrière</i></b>, appel à l'unité du prolétariat international, qu'elle a envoy</span></span></span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">é
à toutes les sociétés de compagnonnage, sans compter qu'un prospectus qui le résume a été distribué à 3 000 exemplaires dans les grands ateliers de Paris.</span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Ruge écrira : </span></span></span></span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
<span style="font-family: "cambria"; font-size: 12.0pt;">« Nous
avons trouvé une grande dame habillée de noir, brune d’aspect, qui a mené la
conversation avec brio et a parlé de politique et des questions de société
(c'est-à-dire de la réforme des classes inférieures) avec une raison admirable. »</span> Il a été tellement impressionné qu'il l'a vue grande alors qu'elle est menue. German Mäurer, qui l'accompagne, s'est exclamé : </span></span></span></span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
<span style="font-family: "cambria"; font-size: 12.0pt;">« Quelle
femme ! Elle prendra le drapeau et ira de l’avant ! Maintenant
seulement je comprends les Français ! »</span><style><!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
</span></span></span></span></div>
<br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
</span></span></span></span>
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Idéologiquement,
à Paris, ce qui compte chez les ouvriers, c’est, pour les Français le
communisme enseigné par <b>Cabet</b> ou <b>Dézamy</b> et, pour les tailleurs, cordonniers,
menuisiers du bâtiment ou ébénistes allemands, celui qu’incarne <b>Weitling</b>. Le
Marx qui arrive à Paris en octobre 1843, - on l’indique ici d’emblée, il n’est
pas qu’idées, il a 25 ans, il est marié du 19 juin, sa femme est enceinte de
trois mois -, n’a d’affinités avec aucun de ces communismes-là. Comme il l’a écrit
à Ruge en avril, en évoquant leur projet commun : « Chacun de nous
devra bientôt s’avouer à lui-même qu’il n’a aucune idée exacte de ce que demain
devra être. Au demeurant c’est là précisément le mérite de la nouvelle
orientation : à savoir que nous n’anticipons pas sur le monde de demain par la
pensée dogmatique, mais qu’au contraire nous ne voulons trouver le monde
nouveau qu’au terme de la critique de l’ancien. (…) C’est pourquoi je ne suis
pas d’avis que nous arborions un emblème dogmatique. Au contraire, nous devons
nous efforcer d’aider les dogmatiques à voir clair dans leurs propres thèses.
C’est ainsi en particulier que le communisme est une abstraction dogmatique. Et
je n’entends pas par là je ne sais quel communisme imaginaire ou simplement
possible, mais le communisme réellement existant tel que Cabet, Dézamy,
Weitling, etc., l’enseignent. »</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Les
Allemands de Paris se sont organisés en une Ligue des Bannis dès 1834, à
laquelle a succédé en 1836 la Ligue des Justes. </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">« Le garçon tailleur Weitling », fils naturel
d’une cuisinière de Magdebourg et d’un officier français, a travaillé à Paris en
1835 et en 1837 et s’y est familiarisé en autodidacte avec les idées de
Saint-Simon et de Fourrier. Il a adhéré à la Ligue des Justes, s’est retrouvé
assez vite à son comité central et s’est vu demander en 1839 la rédaction de
son manifeste : « <b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’humanité telle
qu’elle est et telle qu’elle devrait être</i></b> ». </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Après l’échec de l’insurrection, en mai
1839, de la Société des Saisons (<b>Barbès</b>, <b>Blanqui</b>, <b>Martin Bernard</b>), avec
laquelle la Ligue des Justes était en contact, Weitling s’est réfugié en Suisse
romande ; la direction de la Ligue a été transférée à Londres ; à
Paris, ce qui reste d’adhérents de la société secrète s’est regroupé autour d’un
médecin, de deux ans plus jeune que Marx, <b>Hermann Ewerbeck</b>, et d’un professeur
et écrivain de sept ans plus âgé, <b>German Mäurer</b>. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<u><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Octobre
1843 : arrivée de Marx à Paris</span></u></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Les
Marx, jeunes mariés donc (il a 25 ans, <b>Jenny</b> 29), arrivent à Paris </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">à l'automne 1843. Ils descendent d'abord, le 11 octobre, dans le meublé du 26 rue
St-Thomas-du-Louvre où habitent Georg et Emma Herwegh, tandis que dans
le voisinage immédiat sont Arnold Ruge, Moses Hess et Julien Fröbel. Ils
passent de là, trois ou quatre jours plus tard, à l'hôtel Vaneau du 11
de la rue éponyme [démoli], où ils séjourneront jusqu'à la fin du mois.
Ils se déplacent ensuite d'une vingtaine de numéros pour gagner le 31 (où
habite</span></span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">le peintre Louis-Henri de Rudder</span>, illustrateur de l'édition de 1844 du <i>Notre Dame de Paris de Victor Hugo</i>) ;
</span></span> ils y restent environ trois mois. Enfin, après un bref nouveau séjour à l'hôtel Vaneau, ils s'installent au <b>38 rue Vaneau</b> [l'immeuble est celui que connut Marx], dans un <span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">3 pièces du 2<sup>e</sup> étage</span>,</span>
où ils resteront jusqu'à leur expulsion de France. Peut-être ont-ils
auparavant partagé "deux semaines de communisme" au 23 [l'immeuble
actuel est postérieur] de cette rue Vaneau où loge German Mäurer avec
femme et enfants, en compagnie du couple Ruge et de celui que forment le
poète <b>Herwegh</b> et sa femme. Mais l'appartement n'a peut-être été
qu'une adresse postale pour Marx comme pour Ruge ; toujours est-il que
les Herwegh vont déménager pour le 4 rue Barbet de Jouy, tandis que Ruge
s'installe au 38 avec les Marx, à l'étage du dessous. Ruge a quarante ans, Marx et lui ne sont pas de la même génération.</div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-UcaWPNfVMmw/Wc5ksJYv4mI/AAAAAAAACFg/tGXslSgUmIouxpTX8vfbQ7bxwWu8UkDKwCLcBGAs/s1600/jenny1835.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="262" data-original-width="220" height="320" src="https://4.bp.blogspot.com/-UcaWPNfVMmw/Wc5ksJYv4mI/AAAAAAAACFg/tGXslSgUmIouxpTX8vfbQ7bxwWu8UkDKwCLcBGAs/s320/jenny1835.jpg" width="268" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><b>Jenny von Westphalen</b>, épouse Marx, vers 1835</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
</span>
<br />
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">A la fin de l'année, Ruge, qui a dû retourner un temps en Allemagne, écrit à Marx : </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">: « <i>Je
pense que vous avez écrit à Proudhon</i> (...) <i>Autrement nous devrons nous passer des Français, en
fin de compte. Ou nous devrions alerter les femmes, la Sand et la
Tristan. Elles sont plus radicales que Louis Blanc et Lamartine.</i> »</span>
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
</span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">En tous
cas, dans le n° du 25 février 1844 de <b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">la
Revue indépendante</i></b>, que <b>George Sand</b> dirige avec <b>Pierre Leroux</b> et <b>Louis Viardot</b>,
un entretien du rédacteur-en-chef, Pascal Duprat, avec Arnold Ruge permet une
longue présentation des futures Annales, sous ce titre : <i>L’École de Hegel
à Paris</i>.</span> </span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style> </span>Le
bureau (un appartement de 2 - 3 pièces, qui peut recevoir des hôtes de passage) de ces “<b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Annales franco-allemandes</i></b>”, que les directeurs-éditeurs Arnold Ruge et Karl Marx sont venus créer
à Paris, est à quelques numéros du 38, au <b>22 </b>[l'immeuble actuel est postérieur]<b> de cette même rue Vaneau</b>.<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"> La
rue Vaneau, qui porte le nom d'un étudiant tué lors de l'assaut de la
caserne de Babylone en juillet 1830, est alors moitié plus courte
qu'aujourd'hui, se limitant au tronçon compris entre les rues de Varenne
et de Babylone. Elle est pavée, déserte à la nuit, dépourvue de becs de gaz et donc "dangereuse" selon
Ruge, témoin de sa fenêtre d'une rixe au couteau.</span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Marx, comme de coutume, s'est enfoui sous une montagne de livres, dont</span></span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><b>Socialisme et communisme dans la France
actuelle</b>, </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">avec lequel</span><span style="mso-bidi-font-style: normal;"> <b>Lorenz von Stein</b> a conclu un séjour de deux ans à Paris, </span></span></span></span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><span style="mso-bidi-font-style: normal;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><b>De la misère des classes laborieuses en Angleterre
et en France</b>, </span></i><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">d'<b>Eugène Buret</b>, les écrits de Flora Tristan, ce qui n'empêche pas un contact plus concret avec les ouvriers de l'émigration allemande par l'intermédiaire de leurs dirigeants. Toujours est-il que</span></span><style>,<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style></span></span></span></span> dans le numéro double des Annales, qui paraît le 29
février 1844, et plus exactement à la page 15 de <span style="font-family: "times new roman";">l'</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Introduction à sa <b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel</i></b></span>, le mot prolétariat apparaît pour la première fois sous la plume de Marx, avant onze occurrences supplémentaires en une seule page! </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"> </span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Les Annales, auxquelles auront collaboré <b>Henri Heine</b> et le poète Herwegh, n'auront pas d'autre numéro, mais qu'importe, à Paris, Marx vient de claquer la porte de l’École de Hegel : </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">"La
philosophie ne peut être réalisée sans la suppression du
prolétariat, et le prolétariat ne peut être supprimé sans la
réalisation de la philosophie.</span> Quand toutes les conditions intérieures
auront été remplies, le <i>jour de la résurrection allemande</i>
sera annoncé par le <i>chant éclatant du coq gaulois."</i><br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Le 23 mars 1844, se
tient un banquet démocratique international auquel participent Marx avec Ruge
et Bernays ; <b>Louis Blanc</b>, <b>Félix Pyat</b>, <b>Victor Schölcher</b>, <b>Pierre Leroux</b> ;
et encore <b>Bakounine</b>, de passage à Paris et qui, séduit par la capitale, viendra
s’y fixer en juillet (rue de Bourgogne, chez le musicien Adolf Reichel). </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">On date d’avril 44
les premiers contacts de Marx avec les réunions de la Ligue des Justes.</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
La société secrète, qui compte 2/3 de tailleurs pour 1/3 de menuisiers, a pour lieux de rencontres le Café Scherger, <b>20 rue des
Bons-Enfants</b> et le café Gaissier, <b>46 rue de l’Arbre-Sec</b>, plutôt fréquentés par les tailleurs, qui habitent le centre de Paris et ont eu leur comité de grève en 1833 comme en 1840 à mi-chemin des deux, rue Grenelle Saint-Honoré (auj. reu J.J. Rousseau); enfin le café Schiever, <b>petite rue Saint-Pierre-Amelot</b>,<b> </b>plus près du faubourg Saint-Antoine. Là, des journaux démocratiques sont lus à haute
voix, pour tout le monde, par ceux qui savent lire.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Jenny, comme sa mère, mais qu’ils appelleront plutôt par le
diminutif de “<b>Jennychen</b>”, la première fille des Marx, naît au 38
rue Vaneau, le
1er mai 1844, pratiquement pour le 26ème anniversaire de son père né le 5
mai 1818. En se rendant, à pied, au Vorwärts, Marx passe chaque jour
devant le plus beau bâtiment de la rue Vaneau, </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">le</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> n<sup>o</sup> 14, tout récent, construit en 1835 dans le style néo-renaissance, ou troubadour, alors à la mode. </span></span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Dans une
lettre à Feuerbach du 15 mai 1844, Ruge décrit ainsi le nouveau papa : « Il
lit beaucoup, travaille avec une intensité peu commune (…) mais n’apporte
jamais rien à sa fin, laisse tout à mi-chemin pour s’enfouir chaque fois dans
une mer de livres », il continue « jusqu’à se sentir mal, sans aller au lit
pour trois ou quatre nuits d’affilée ».</span>
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Un théâtre est le fleuron
du passage Choiseul, construit autour de 1825 entre Palais-Royal et Grands
Boulevards, l’ancien et le nouveau centre de la vie parisienne. « Quand la
pluie, en hiver, s’épanche en cataracte, / Le passage Choiseul sert d’abri,
dans l’entracte : / C’est notre vestibule, ou notre corridor, / Ouvert
toute la nuit, brillant de gaz et d’or, / Tiède et vitré », écrira, trente
ans plus tard, le poète et librettiste d’Offenbach, Joseph Méry. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">C’est donc assez
naturellement, outre le fait que l'Association d'entraide allemande soit dans le même bâtiment), que les frères <b>Börnstein</b> et le compositeur <b>Meyerbeer</b> ont installé
à l’angle des <b>32 (aujourd’hui 14), rue des Moulins</b> et <b>49, rue Neuve-des-Petits-Champs
(aujourd’hui des Petits-Champs) [le bâtiment est resté celui que connurent les protagonistes]</b>, au début de 1844, leur <b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vorwärts</i></b>, bi-hebdomadaire, c’est son long sous-titre, de
« nouvelles de Paris concernant les arts, les sciences, le théâtre, la
musique et la vie sociale ». A compter du numéro du 3 juillet 1844, son
nouveau directeur, </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><b>Karl Ludwig Bernays</b>,</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> abrège tout ça en « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">revue allemande de Paris</i> ». </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Bernays
(qui habitait <b>20, rue Saint-Claude</b>) était un joyeux drille qui, sur un papier
orné d’une fausse couronne vaguement grand-ducale, inondait les journalistes
prussiens d’actualités fantaisistes concernant la prospérité nouvelle de la
pêche hauturière qu’encourageait son Altesse, dans un prétendu port de mer qui
était en réalité un village de haute montagne, ou encore sur la remise, toujours
par son Altesse elle-même, de la plus importante des décorations à tel général
mort en réalité depuis deux bons siècles. Le filigrane pseudo-noble suffisait à
ce que la presse répercutât ces informations rocambolesques sans prendre la
peine d’une vérification.</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">
C’est Bernays qui va, dans le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vorwärts</i>,
faire une large place à </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">l’opposition radicale des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Annales franco-allemandes</i> de Marx et
Ruge</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">. Plusieurs fois par
semaine, dans un appartement du premier étage saturé de fumée, les réunions de
rédaction regroupent, une douzaine de personnes dans des discussions
passionnées qui s’éloignent de plus en plus des questions artistiques.
Bakounine loge sur place, dans une chambre meublée d’un lit de camp, d’une
malle et d’un gobelet en étain, où les débats se prolongent.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">« Outre Bernays et moi-même, qui
étions les rédacteurs, raconte Heinrich Börnstein dans ses mémoires, écrivaient
pour le journal Arnold Ruge, Karl Marx, Heinrich Heine, Georg Herwegh,
Bakounine, <b>Georg Weerth</b>, <b>G. Weber</b>, Friedrich Engels, le Dr Hermann Ewerbeck [qui demeure 8, rue de Fleurus], et
<b>Heinrich Bürgers</b> ». Et il en oublie quelques-uns, dont German Mäurer, soit
une douzaine de personnes, pour ne rien dire des discussions qui sont menées
par ailleurs avec <b>Proudhon</b>, Louis Blanc, le typographe Pierre Leroux (avec
lequel George Sand avait créé <i>la Revue indépendante</i> trois ans plus tôt),
ou <b>Victor Considérant</b>, le disciple de <b>Fourier</b>. </span><br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-pe196udqhv0/WdD54vRG-QI/AAAAAAAACHA/uYVaNn5zj6oVhfC-CwKKH3aNZfroZwQegCLcBGAs/s1600/Jeumarx.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="333" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-pe196udqhv0/WdD54vRG-QI/AAAAAAAACHA/uYVaNn5zj6oVhfC-CwKKH3aNZfroZwQegCLcBGAs/s400/Jeumarx.png" width="266" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Marx étudiant, vers 1840, déjà surnommé Le Maure</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">L’ambassade
de Prusse allume aussitôt un contrefeu avec la parution du “Pilote germanique”,
<b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Der deutsche Steuermann</i></b>, au <b>87 puis
51 rue Saint-Antoine</b>. </span><br />
<br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Le Vorwärts du 10 juillet donne en Une le poème de Heine écrit en réaction à la révolte des ouvriers tisserands de Silésie :</span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<i><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Dans leurs yeux sombres, pas une larme, / Assis à
leurs métiers, ils montrent les dents : / "Vieille Allemagne,
nous tissons ton linceul, / Nous y tissons la triple malédiction ! / Nous
tissons ! Nous tissons !</span></i> </span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
mso-font-charset:78;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
</span></div>
<i><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Maudit soit le Dieu aveugle et sourd / vers qui nous
avons prié avec une foi filiale, / Nous avons en vain espéré, attendu, / Il
nous a raillés, bernés, bafoués. / Nous tissons ! Nous tissons !</span></i><style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
mso-font-charset:78;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style> <br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<i><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Maudit soit le Roi, le Roi des Riches, / Que notre
misère n'a pu fléchir, / Qui nous a soutiré le dernier sou, / Et nous fait
abattre comme des chiens ! / Nous tissons ! Nous tissons !</span></i><br />
<i><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Maudite soit la prétendue patrie, / Où seuls
prospèrent le mensonge et l'infamie / Où règnent putréfaction et odeur de mort.
- / Vieille Allemagne, nous tissons ton linceul, / Nous y tissons la
triple malédiction ! / Nous tissons ! Nous tissons ! </span></i>
[On donne ici la traduction littérale de René Merle sur son blog où l'on trouvera aussi l'original :<a href="http://merlerene.canalblog.com/archives/2014/08/26/31952079.html" target="_blank">http://merlerene.canalblog.com/archives/2014/08/26/31952079.html</a><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">]</span><style>]<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
mso-font-charset:78;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Le 1er article signé de Marx dans ce nouveau <i>Vorwärts</i>, est du 7 août, pour se démarquer de l'article de Ruge sur la révolte des tisserands qui accompagnait le poème de Heine ;
c'est l'expression d'une rupture qui sera définitive entre les deux co-fondateurs des Annales. Le 10 août, Marx vante dans le Vorwärts les <b><i>Garanties de l’harmonie et de la
liberté</i></b>, publié par « le garçon tailleur Weitling » en 1842 :
« Pour ce qui est de la culture des ouvriers allemands ou généralement de
leur capacité à se cultiver, je rappellerai l’œuvre géniale de Weitling, qui
dépasse souvent Proudhon lui-même au point de vue théorique ». « Où
trouve-t-on dans la bourgeoisie, y compris chez ses théoriciens et ses scribes,
un ouvrage comparable à celui de Weitling ? Si l’on compare la pâle médiocrité
de la littérature politique allemande avec cette œuvre immense et brillante qui
marque les débuts littéraires de l’ouvrier allemand, si l’on compare ces bottes
de géant d’un prolétariat encore dans l’enfance avec les minuscules souliers
éculés de la bourgeoisie, on peut légitimement prédire à ce fils oublié de l’Allemagne
une stature d’athlète. » « Il faut reconnaître que le prolétariat allemand
est le <i>théoricien</i> du prolétariat européen, écrira-t-il ailleurs, de même
que le prolétariat anglais en est <i>l’économiste</i> et le prolétariat
français le <i>politique</i>. » </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Début juillet, Marx a entamé le premier cahier de ce que l'on appellera ses “<b>Manuscrits de 1844</b>”. Le 11 août 1844, </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">il écrit à
<b>Feuerbach</b>,</span> lui joint deux articles du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vorwärts</i>, lui raconte que </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">« les
artisans allemands d’ici, c’est-à-dire ceux d’entre eux qui sont communistes –
quelques centaines – ont eu cet été des conférences bihebdomadaires sur votre <b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Essence du Christianisme</i></b>, présentées par
leurs dirigeants secrets, et se sont montrés étonnamment réceptifs »</span>,
et </span>que le livre est également en traduction à Paris. Il se réjouit de ce que
“l’irréligiosité a pénétré dans le prolétariat français”. “Il aurait fallu,
ajoute-t-il, que vous ayez pu assister à une des réunions des ouvriers français
pour pouvoir croire à la fraîcheur primesautière, à la noblesse qui émane de
ces hommes harassés de travail. Le prolétariat anglais fait également des
progrès énormes mais il lui manque toujours le caractère cultivé des Français.”</div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><u>Août
1844 : arrivée d’Engels à Paris</u></span><br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-ZQbhHYySdp0/Wc5lFz_u_eI/AAAAAAAACFk/mTULCMk97pU-tM0Tb4mLRvB_3kxcsLQsQCLcBGAs/s1600/Friedrich-Engels-001-0052d.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="276" data-original-width="460" height="240" src="https://4.bp.blogspot.com/-ZQbhHYySdp0/Wc5lFz_u_eI/AAAAAAAACFk/mTULCMk97pU-tM0Tb4mLRvB_3kxcsLQsQCLcBGAs/s400/Friedrich-Engels-001-0052d.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Ce portrait d'Engels est parfois daté des années 1840, parfois de 20 ans plus tard</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">En
ce même mois d’août 1844, <b>Engels</b> passe par Paris sur son trajet retour de
Manchester à Barmen (aujourd’hui Wuppertal), c’est-à-dire de la manufacture
cotonnière anglaise dont son père est actionnaire à celle de la Ruhr dont il
est propriétaire. Marx a déjà croisé le lascar sur son trajet aller, en novembre
1842, à la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Gazette rhénane</i> de Cologne,
sans conserver de lui un souvenir inoubliable. Il le retrouve en cette fin
d’août, </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">lesté d’une connaissance aussi précise que concrète de </span><i><span style="font-family: "cambria"; font-style: normal;">la situation de la classe
laborieuse</span></i><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"> anglaise,</span> dans un café de la rue St-Honoré, peut-être dans celui où Diderot et Rousseau avaient été présentés l'un à l'autre un siècle plus tôt, </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">le café de la Régence</span>, situé alors <b>au débouché de la rue Saint-Thomas-du-Louvre sur la rue St-Honoré</b></span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">. Durant près de deux ans, Engels a connu les ouvriers d’en
haut – il était le fondé de pouvoir de son père à la filature Ermen &
Engels -, et d’en bas : il a rencontré et aimé, dès 1843, <b>Mary Burns</b>,
une
fille d’immigrés irlandais venus de Tipperary, un père teinturier, une
mère
morte à ses 12 ans, qui a été ouvrière, domestique ou prostituée, on ne
sait, et
qui lui a fait connaître « la Petite Irlande » de Manchester, ce
quartier de taudis dont, seul, il avait peu de chances de sortir vivant
ou, en
tout cas, autrement qu’à poil, et qui l'a introduit par ailleurs dans le
mouvement chartiste. Jenny est alors chez sa mère, à Trèves, avec
Jennychen, qui
n’a pas 4 mois ; Marx est donc « célibataire », Engels s'installe chez
lui, 38 rue Vaneau, du 23 ou 24 août au 1er ou 2 septembre. Les deux
jeunes
gens – Engels a environ 2 ans et demi de moins que Marx -, vont passer
pratiquement dix jours à débattre dans une atmosphère de joyeuse
exaltation, au café Lahaye du 1, quai Voltaire et au café situé au
rez-de-chaussée de l'hôtel du 17-19, dont Engels évoquera la bande qu'ils y
fréquentaient tous les soirs, et qui comprenait ces jeunes presque du même âge: Bakounine, (né en 1814) Ewerbeck (né en 1816) et un ami médecin français, le docteur Guerrier, Bernays (né en 1815) et des "loustics" ("Bengels", au sens d'apprentis?) pas autrement identifiés. « Je
n’ai jamais été d’aussi bonne humeur ni avec des sentiments aussi
humains que
pendant les dix jours passés près de toi », écrira ensuite Friedrich à
Karl. Ils tombent d’accord sur ce que « ce n’est généralement pas l’État
qui conditionne et règle la société civile, mais la société civile qui
conditionne
et règle l'État, qu'il faut donc expliquer la politique et l'histoire
par les
conditions économiques et leur évolution, et non inversement. » </span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Ils
dressent le canevas de ce qui deviendra <b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">la
Sainte Famille</i></b> </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">et Engels écrit aussitôt les chapitres qui lui
échoient, dont celui dans lequel il prend la défense de Flora Tristan. Marx
sera beaucoup plus lent, amplifiant considérablement ce qui ne devait être d’abord
qu’une courte brochure. C’est que, comme s’en désole Ruge dans une lettre à <b>Max</b></span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"><b> Duncker</b>, cette fois, le 29 août 1844 :</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">« Il
veut toujours écrire sur les choses qu’il a à peine fini de lire, mais après,
il recommence à lire et prend des notes. Néanmoins je pense que, maintenant ou
plus tard, il réussira à porter à son terme une œuvre très longue et
difficile, dans laquelle il reversera tout le matériel qu’il a accumulé ».</span>
<style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
mso-font-charset:78;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"Cambria Math";
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1107305727 0 0 415 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style> </span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-ZC3TYAH3niE/WdD8WrIU41I/AAAAAAAACHc/BHBXC09PIycxlChz0OP28NR-ouzzar05wCLcBGAs/s1600/e%25CC%2581chec.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="389" data-original-width="500" height="496" src="https://3.bp.blogspot.com/-ZC3TYAH3niE/WdD8WrIU41I/AAAAAAAACHc/BHBXC09PIycxlChz0OP28NR-ouzzar05wCLcBGAs/s640/e%25CC%2581chec.png" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La rencontre dans le film de Raoul Peck</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
</span>
<br />
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<u><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">11
janvier 1845 : expulsion de Marx vers la Belgique</span></u></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">En
janvier 1845, un arrêté d’expulsion, demandé par le comte <b>Von Arnim</b> à <b>Guizot</b>,
vise au premier chef Börnstein, Bernays, Marx et Mäurer, plus cinq autres
personnes dont, pour le couvrir, <b>von Bornstedt</b>, le premier rédac-chef du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vorwärts</i> avant Bernays, qui est un agent
du gouvernement prussien. Seuls Marx et von Bornstedt seront finalement expulsés,
Ruge déniant toute relation avec les gens du Vorwärts, Börstein, quant à lui,
semblant avoir promis sa collaboration à la police. Marx quitte Paris pour
Bruxelles le 2 février ; Jenny et Jennychen quelques jours plus tard. A
Bruxelles, Jenny verra arriver une servante de sa mère, que celle-ci lui
envoie, la jeune <b>Hélène<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Demuth</b><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(<b>Lenchen</b>), 25 ans, qui restera toute sa vie
auprès du couple Marx. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Engels
écrit à Marx, en ce mois de janvier qui voit son expulsion : « Ce qui
est particulièrement affreux, c’est d’être non seulement un bourgeois, mais un
fabricant : un bourgeois qui intervient activement contre le prolétariat. Quelques
jours passés à la fabrique de mon paternel ont suffi pour me remettre devant
les yeux cette horreur (...) faire de la propagande communiste en grand et en
même temps du commerce et de l’industrie, ça ne va pas. J’en ai assez ; à
Pâques, je m’en vais. A cela s’ajoute cette existence débilitante au sein d’une
famille strictement prusso-chrétienne. » </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Dans
une autre lettre, du 17 mars 1845, il commente sa vie quotidienne en famille à
Barmen où son père lui fait « une figure de carême à vous rendre fou ». « Si ce
n’était pas à cause de ma mère qui a un beau fond humain (...) et que j’aime
vraiment, il ne me viendrait pas un seul instant à l’idée de faire la plus
minime concession à ce despote fanatique qu’est mon vieux. » </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Effectivement,
en avril, Engels rejoint Marx à Bruxelles. En juillet-août,</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">les
deux compères partent pour
l’Angleterre (Manchester et Londres), où ils rencontrent les
représentants de
la « Ligue des Justes » (en pleine crise) et la gauche du mouvement
chartiste. Marx y découvre aussi cette Mary Burns, - il la dira
« agréable
et pleine d’esprit » -, avec laquelle Engels a vécu sa double vie
anglaise,
tenant son rang dans le milieu de l’associé de son père d’un côté et, de
l’autre, louant sous de faux noms et de fausses professions, tantôt
comptable,
tantôt voyageur de commerce, des appartements où passer du temps avec
elle. C’est au retour de ce voyage que Marx et Engels décident de
rédiger <b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Idéologie allemande</i></b>. Engels
revient à Bruxelles avec Mary qui y restera, sans doute pas de façon continue, jusqu’en
1848. Mais alors que les deux couples s’aperçoivent à un meeting ouvrier, Marx
fait signe à Engels, d’un geste sans équivoque et d’un sourire désolé, qu’il
n’est pas question qu’il leur présente sa compagne ; pour sa Jenny, le concubinage
est rédhibitoire.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Au
début de 1846, Marx et Engels fondent à Bruxelles un Comité de correspondance
communiste, embryon de coordination des personnes sinon des groupes. Les
Anglais acceptent, comme les Allemands de la diaspora en France, mais ni Cabet
ni Proudhon ni aucun autre Français n’y participeront. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">30
mars 1846 </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">: rupture </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">avec
Weitling au cours d’une séance du Comité de correspondance communiste à
Bruxelles. Récit de <b>Pavel Annenkov</b> : Le tailleur et agitateur Weitling
était un beau jeune homme blond [Il a 10 ans de plus que Marx]. Avec sa
redingote de coupe élégante, sa barbiche coquette, il ressemblait plutôt à un
commis-voyageur qu'à l'ouvrier bourru et aigri que je m'attendais à voir. Après
nous être présentés l'un à l'autre, avec une nuance de politesse raffinée chez
Weitling, nous prîmes place à une petite table verte au bout de laquelle vint
s'asseoir Marx, un crayon à la main, sa tête léonine penchée sur une feuille de
papier, tandis qu'Engels, son inséparable compagnon et associé à la propagande,
grand, droit, d'une gravité et d'un flegme tout britanniques, ouvrait la séance
en prononçant une allocution. (…) Engels avait à peine terminé que Marx,
relevant la tête, demanda à brûle-pourpoint : « Dites-nous, Weitling, vous dont
la propagande a fait tant de bruit en Allemagne, quels sont les principes par
lesquels vous justifiez votre activité et les bases que vous envisagez de lui
donner à l'avenir ? » Je me rappelle très bien la forme brutale de la
question (…) Weitling aurait sans doute parlé longtemps encore si Marx, les
sourcils froncés ne l'avait interrompu et n'avait commencé à élever des
objections. Son discours sarcastique se ramenait à ceci, qu'exciter la
population sans donner pour base à son action des principes solides et
réfléchis, c'est tout simplement la tromper. Faire naître les espoirs
fantaisistes dont il venait d'être question, poursuivit Marx, conduisait à la
perte et non au salut de ceux qui souffrent. En Allemagne surtout, s'adresser à
l'ouvrier sans idées rigoureusement scientifiques et sans doctrine positive,
c'est jouer à la propagande, jeu aussi futile que malhonnête, qui suppose,
d'une part, un prophète inspiré, et de l'autre, des ânes l'écoutant bouche bée. »</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Le
05 mai 1846, Marx écrit à Proudhon pour dénoncer <b>Karl Grün</b> (saint-simonien puis
fouriériste, devenu le porte-parole de l’humanisme feuerbachien auprès de
Proudhon dont il s’est proposé de traduire l’œuvre en allemand) comme un
personnage « dangereux », en même temps qu’il lui demande de participer aux
échanges du Comité de correspondance. Proudhon se déclare revenu de l’idée de
révolution : « nous n’avons pas besoin de cela pour réussir. » Il se propose de
« faire entrer dans la société, par une combinaison économique, les richesses
qui sont sorties par une autre combinaison économique » Au passage, Proudhon
prend la défense de Karl Grün. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><u>15
août 1846, retour de Friedrich Engels à Paris</u></span><br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-MXv8j-PtFwc/Wc57mkyIsJI/AAAAAAAACGE/GxotmWgD5iEe-oFNdGfMoKcwV5n0zVeVwCLcBGAs/s1600/Engels.png" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="498" data-original-width="497" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-MXv8j-PtFwc/Wc57mkyIsJI/AAAAAAAACGE/GxotmWgD5iEe-oFNdGfMoKcwV5n0zVeVwCLcBGAs/s320/Engels.png" width="319" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Engels, <span class="st">Stefan Konarske, en 2017</span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-7-3nlPx7s1I/Wc57vZkbUPI/AAAAAAAACGI/wd1uYDNZWaoonc-kCJTeEsLZQgjBIuOCwCLcBGAs/s1600/F.Engels.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="311" data-original-width="209" src="https://3.bp.blogspot.com/-7-3nlPx7s1I/Wc57vZkbUPI/AAAAAAAACGI/wd1uYDNZWaoonc-kCJTeEsLZQgjBIuOCwCLcBGAs/s1600/F.Engels.png" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Engels, Andreï Mironov, en 1966</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">A
la suite de la réponse de Proudhon, Engels est envoyé « en mission » à Paris,
le 15 août 1846, pour contrecarrer l’influence de Karl Grün (et donc de
l’humanisme feuerbachien) dans les milieux de l’immigration allemande. Il
s’applique dès le début à s’assurer du soutien d’Ewerbeck (par ailleurs en
rivalité avec Grün pour la traduction allemande des œuvres de Proudhon) qu’il
parvient à tourner contre Grün. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Engels
est venu habiter au <b>11 de la rue de l’Arbre-Sec</b> ; deux peintres habitent là : l'un du midi, </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Jean-Marius
Fouque, né à Arles</span></span>, l'autre flamand, <span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Alexis Bafcop,
né à Cassel dans l'arrondissement de Dunkerque</span>. Si ce dernier a 42 ans, l'autre est presque l'exact contemporain d'Engels (il y a une incertitude sur sa naissance : </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">le 2 juillet
1819 ou 1822 ; Engels est du 28 novembre 1820)</span>. Il y a donc des
chances qu'ils se soient fréquentés et que Jean-Marius ait introduit
Friedrich dans ces bals - on sait que les peintres y trouvent leurs
modèles - qui lui serviront plus tard à déjouer la surveillance
policière.</span><span style="font-family: "times new roman";"> </span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Engels s’est rapproché, comme il l'écrit, des
“ours du faubourg”, “des chefs des ouvriers menuisiers”. Un
mois plus tard, le 16 septembre 1846, il envoie son premier compte-rendu à Marx : « J’ai
été plusieurs fois en contact avec les ouvriers d’ici, c’est-à-dire avec les
dirigeants des menuisiers du Faubourg Saint-Antoine. Ces gens-là ont une
organisation particulière. A part leur histoire d’association - devenue très
confuse à cause d’une importante dissension avec les tailleurs adeptes de
Weitling – ces gars, c’est-à-dire environ 12 à 20 d’entre eux – se réunissent
chaque semaine pour – jusqu’à présent – discuter. (...) Ewerbeck a été obligé
de leur faire des conférences sur l’histoire allemande depuis les origines et
sur une économie politique des plus confuse – en somme des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Annales franco-allemandes</i> à la sauce humanitaire. (…) Ce qu’ils
opposent au communisme des tailleurs, n’est rien d’autre que des phrases
creuses et humanitaires à la Grün et du Proudhon arrangé par Grün, qui leur ont
été inculquées à grand-peine par Monsieur Grün soi-même, en partie par un vieux
maître menuisier très suffisant et valet de Grün, le père <b>Eisermann</b> et aussi
par l’ami Ewerbeck. (...) Mais il faut avoir de la patience avec ces types - :
d’abord il faut se débarrasser de Grün qui a vraiment exercé directement et
indirectement une influence épouvantablement amollissante et ensuite, quand on
leur aura sorti ces grandes phrases de la tête, j’espère arriver à quelque
chose avec eux, car ils ont une grande soif de savoir en matière d’économie.
Comme j’ai dans la poche Ewerbeck qui, en dépit d’une confusion bien connue
-qui en ce moment atteint son paroxysme – possède la meilleure volonté du monde
et que (l’ébéniste <b>Adolph</b>) Junge est également tout à fait de mon côté, nous
arriverons bientôt à quelque chose. (...) Mais tant qu’on n’aura pas insufflé à
nouveau de l’énergie à ces gens en anéantissant l’influence personnelle de Grün
en extirpant ses phrases creuses il n’y aura rien à faire, compte tenu de
grands obstacles matériels (en particulier ils sont pris chaque soir ou
presque). » </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Lettre
du 23 octobre : mission accomplie, après cinq jours, ou soirs, de
discussion ! « Les différents points litigieux que j’avais à régler
avec les camarades sont désormais résolus : le principal partisan et disciple
de Grün, le père Eisermann, a été flanqué à la porte, les autres ont perdu
toute influence sur la masse et j’ai fait passer à l’unanimité une résolution
qui les condamne. (...) On a discuté pendant trois jours le projet
d’association de Proudhon. Au début, j’avais contre moi presque toute la bande,
et à la fin il ne restait plus qu’Eisermann et les trois autres partisans de
Grün. Il s’agissait avant tout de démontrer la nécessité de la révolution
violente et de réfuter le socialisme de Grün, qui a retrouvé une nouvelle
vitalité dans la panacée proudhonienne, en montrant qu’il est anti-prolétarien,
petit-bourgeois et qu’il s’inspire des utopies des Straubinger [les compagnons
du tour d’Allemagne]. A la fin, à force d’entendre éternellement répéter par
mes adversaires les mêmes arguments, je devins furieux et j’attaquai de front
les Straubinger, ce qui provoqua l’indignation des partisans de Grün, mais me
permit d’arracher au noble Eisermann une attaque directe contre le communisme.
Et là-dessus, je lui rivai son clou de si belle manière qu’il n’y revint plus.
(...) Je déclarai alors qu’avant d’accepter de poursuivre la discussion, on devait
voter pour savoir si nous nous réunissions, oui ou non, en tant que
communistes. Dans le premier cas, il faudrait veiller à ce que des attaques
contre le communisme (comme celle d’Eisermann) ne se reproduisent pas. Dans le
second cas, s’ils n’étaient que des individus quelconques discutant de sujets
quelconques, je ne voulais plus en entendre parler et je ne reviendrais plus.
Ce qui provoqua une frayeur intense chez les partisans de Grün qui se
récrièrent qu’ils s’étaient réunis pour « le bien de l’humanité », pour
s’informer, qu’ils étaient des hommes de progrès et non sectaires, ennemis de
tout système exclusif, etc. ; il n’était vraiment pas possible de traiter d’
« individus quelconques » des braves gens comme eux. Du reste, il leur
fallait d’abord savoir ce que c’est réellement que le communisme. (…) Je donnai
donc des intentions des communistes, la définition suivante : 1. Faire
prévaloir les intérêts des prolétaires contre ceux des bourgeois. 2. Atteindre
ce but en supprimant la propriété privée et en la remplaçant par la communauté
des biens. 3. Pour réaliser ces objectifs, ne pas admettre d’autres moyens que
la révolution violente et démocratique. Nous avons discuté là-dessus pendant
deux soirées. Le deuxième soir, le meilleur des trois partisans de Grün, se
rendant compte de l’état d’esprit de la majorité, passa complètement de mon
côté. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Les
deux autres ne cessaient de se contredire entre eux, sans s’en rendre compte.
Plusieurs types qui n’avaient encore jamais pris la parole, l’ouvrirent tout
d’un coup et se déclarèrent résolument pour moi. (...) Bref, lorsqu’on passa au
vote, la réunion se déclara communiste au sens de la définition donnée plus
haut, par treize voix contre les deux voix des deux partisans restés fidèles à
Grün – encore l’un d’eux a-t-il déclaré par la suite qu’il avait le plus grand
désir de se convertir. Ainsi avons-nous finalement réussi à faire tabula rasa
une bonne fois et nous pouvons commencer à faire, dans la mesure du possible,
quelque chose de ces gars. » </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-V9F8gSKK9nE/WdD6k_D83PI/AAAAAAAACHI/GXWBjPWEjocNwaYlI9DsHZXKaPUrfaL9gCLcBGAs/s1600/rencontre.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="286" data-original-width="500" height="228" src="https://2.bp.blogspot.com/-V9F8gSKK9nE/WdD6k_D83PI/AAAAAAAACHI/GXWBjPWEjocNwaYlI9DsHZXKaPUrfaL9gCLcBGAs/s400/rencontre.png" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Engels et Marx dans le film de Raoul Peck (capture d'écran)</td></tr>
</tbody></table>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">En
ce même mois d’octobre 1846, point culminant d’émeutes de subsistance “comme on
n’en a pas connu depuis 1789” selon <b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">la
Réforme</i></b>, de nombreux ouvriers allemands sont arrêtés, qui seront finalement
expulsés. Certains ont dû être trop bavards et Engels, qui a déménagé au <b>23,
rue de Lille</b>, fait état en novembre, dans ses lettres à Marx, d’une
surveillance policière. A cette adresse, on trouve aussi bien</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">le libraire
éditeur</span> Victor Durand que </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">la
comtesse de Beaufort ou le</span></span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">peintre
Gabriel Lefébure</span></span></span>, à peine plus vieux qu'Engels. Si l'on en croit le compte-rendu que le saint-simonnien Peter Hawke donnera au<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<i><span style="font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Représentant du peuple, Journal des travailleurs</span></i>, </span>à l'occasion du premier Salon d'après la révolution de Février 1848, Lefébure ferait partie, comme<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">"Delacroix, Millet, Jeanron, Coignard,
Courbet ou Johannot</span>" de ces peintres non bourgeois qu'attendaient les travailleurs.
</span> <span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"> </span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Dès la fin de l’année, sans cesse pris en filature, Engels quitte
cet appartement et adopte comme adresse postale celle d’<b>A. F. Körner</b>,
artiste-peintre, <b>29 rue Neuve-Bréda (aujourd’hui rue Clauzel</b>, dans le 9e).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Pour
égarer les mouchards, il court les bals, </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">passant
du <span style="mso-bidi-font-weight: bold;">bal Valentino</span> (<b>251, rue
St-Honoré</b>), à celui du <span style="mso-bidi-font-weight: bold;">Prado</span> (<b>1,
bd du Palais</b>), sans oublier le Montesquieu (au 6, de la rue du même nom), et
les bras d</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">es grisettes comme si ce devait être ses dernières nuits à
Paris. </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">« Si je
disposais de 5 000 Fr de rentes, écrit-il à Marx, je ne ferais que travailler
et m’amuser avec les femmes, jusqu’à ce que je sois lessivé. <span style="mso-bidi-font-weight: bold;">Si les Françaises n’existaient pas, la vie ne
vaudrait même pas la peine d’être vécue</span>. <i>Mais tant qu’il y a des
grisettes, va ! Cela n’empêche pas</i> (en français dans le texte) que
l’on ait envie de temps à autre de parler d’un sujet sérieux. » </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Il
réussit d’ailleurs à maintenir des contacts avec Cabet, Louis Blanc, <b>Ferdinand
Flocon</b>. Durant le second semestre de 1847,</span> <span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Engels apportera d'ailleurs des contributions à <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Réforme</i> de Flocon et Ledru-Rollin, [le journal, (2 000 abonnés), est 3 rue Jean-Jacques Rousseau, à l'hôtel de Bullion, qui sera détruit dans le percement de la rue du Louvre]</span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">.</span>
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Ailleurs, évoquant Moses Hess, Engels écrit
« passage Vivienne, je l’ai planté là bouche bée pour embarquer avec le
peintre Körner deux filles que celui-ci avait levées. » Ailleurs
encore : « Ici à Paris, j’ai adopté un ton très cynique, c’est le
métier qui veut cette esbroufe et ça réussit souvent auprès des dames. »</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<span class="st"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">On sait que le 20 mars 1847,
Engels déjeune avec ce Georg Weerth qu'il qualifiera plus tard</span></span><span style="font-family: "cambria"; font-size: 12.0pt;"> de "premier et plus grand poète du
prolétariat allemand". Celui-ci écrira à sa mère le 18 avril :<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>"déjeuné avec mon ami Engels rue de Rivoli.
Nous avons grandement apprécié le Chablis de 1846 et le monde nous a semblé
être un endroit aimable".</span>
</span></div>
En ce même mois de
mars 1847, la police intervient à l’encontre d’une réunion de 150 à 200
personnes, ouvriers allemands avec leurs femmes et leurs enfants, qui se
rassemblent à la <b>barrière des Amandiers-Popincourt (auj. place Auguste
Métivier)</b>, le dimanche depuis quatre ans. Il s’agit d’une de ces réunions
publiques de barrières, destinées aux sympathisants de la Ligue des justes, sur
les dangers desquelles, du fait des mouchards et des policiers, Engels a fait
un rapport l’automne précédent. L’ébéniste Adolph Junge y est arrêté ; il
sera expulsé ensuite vers la Belgique où il arrivera en avril 47.<br />
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Le
mois suivant, Engels réussit, non sans mal, à se faire élire délégué de la
section parisienne de la Ligue des Justes pour représenter celle-ci à son
congrès de réorganisation, le 1er juin 1847, à Londres. Les dirigeants
londoniens avaient dépêché dès janvier l’horloger <b>Joseph Moll</b> à Bruxelles puis
à Paris pour demander à Marx et Engels d’adhérer formellement à la Ligue. Ceux-ci
avaient posé comme condition que la Ligue cesse d’être une société
conspiratrice pour agir ouvertement dans la société, et adopte une ligne de
pensée conforme aux acquis du matérialisme historique. Le congrès de
réorganisation devait avoir ce but. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">[Dans
son ouvrage de Souvenirs, le typographe <b>Stephan Born</b> écrit : « Je me rendis compte qu’il
allait être très difficile de faire nommer Engels, en dépit de tous ses
espoirs. Sa candidature rencontrait une forte opposition. Je ne parvins à
assurer son élection qu’en demandant - au mépris des règles - que lèvent la
main ceux qui étaient contre et non pas pour, le candidat. Aujourd’hui j’ai
honte quand je repense à cette ruse abjecte. « Bien joué », me dit Engels en
rentrant de la réunion ».]</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">La
Ligue des Justes se rebaptise à ce congrès en Ligue des Communistes. "Le
but de la Ligue, c'est le renversement de la bourgeoisie, le règne du
prolétariat, la suppression de la vieille société bourgeoise fondée sur les
antagonismes de classes et la fondation d'une nouvelle société sans classes et
sans propriété privée."</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Misère de la philosophie</span></i><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">, la réponse que Marx a faite directement en
français à la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Philosophie de la misère</i>
de Proudhon, est publiée par Albert Franck, un médecin prussien qui a racheté
en 1844 la librairie internationale du 69 rue Richelieu. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Constitutionnel</i> en fait la publicité dans ses numéros des 24 et
30 juillet 1847.</span> </span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><style>
<!--
/* Font Definitions */
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:"MS 明朝";
panose-1:0 0 0 0 0 0 0 0 0 0;
mso-font-charset:128;
mso-generic-font-family:roman;
mso-font-format:other;
mso-font-pitch:fixed;
mso-font-signature:1 134676480 16 0 131072 0;}
@font-face
{font-family:Cambria;
panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4;
mso-font-charset:0;
mso-generic-font-family:auto;
mso-font-pitch:variable;
mso-font-signature:-536870145 1073743103 0 0 415 0;}
/* Style Definitions */
p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal
{mso-style-unhide:no;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent:"";
margin:0cm;
margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:12.0pt;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
.MsoChpDefault
{mso-style-type:export-only;
mso-default-props:yes;
font-family:Cambria;
mso-ascii-font-family:Cambria;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Cambria;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}
@page WordSection1
{size:612.0pt 792.0pt;
margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt;
mso-header-margin:36.0pt;
mso-footer-margin:36.0pt;
mso-paper-source:0;}
div.WordSection1
{page:WordSection1;}
</style>
</span></div>
De
juillet 1847 à la mi-octobre, Engels réside à Bruxelles. En août 1847, Marx a
créé à Bruxelles une section de la Ligue et en a été désigné président ;
Adolph Junge participe au bureau. <br />
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Engels
est de retour à Paris à la fin du mois d’octobre 1847. Stephan Born qui,
lui, fréquente exclusivement la Comédie française, ne comprend pas
qu'Engels soit assidu aux "pires bouffonneries" du théâtre du Palais
Royal. La vedette de la salle est alors le comédien Levassor.</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<span style="font-family: "cambria"; font-size: 12.0pt;">Alexandre
Herzen écrira de lui, dans ses <i>Lettres de France et d’Italie 1847-52</i></span> </span>: <span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<span style="font-family: "cambria"; font-size: 12.0pt;">« Dans
le même Palais Royal où au théâtre français Rachel émeut le cœur, Levassor au
théâtre du Palais Royal secoue votre poitrine par un rire sans fin, un rire
jusqu’aux larmes, jusqu’à l’hystérie ? Levassor est la plus complète
expression de la gaieté française, du sans souci, de l’insolence naïve, de
l’esprit caustique, de la plaisanterie, de la gaminerie. Quelle rapidité
impossible à atteindre, quelle richesse de moyens ! Levassor appartient
autant, est tout aussi indispensable à Paris que Schelling ou Hegel à
Berlin. »</span>
</span> <span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"> </span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Le 14 novembre se réunit
le district de Paris de la Ligue. Engels y est élu comme délégué au congrès de
Londres qui doit entériner les changements esquissés en juin. Engels à Marx : «
Hier soir on a procédé à l’élection des délégués. Après une réunion
particulièrement confuse, je fus élu avec les 2/3 des voix. Cette fois je
n’avais pas du tout intrigué n’en ayant d’ailleurs guère l’occasion. » </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">A
la fin de novembre 1847, Marx et Engels [ce dernier arrive à Londres le
29 nov., comme il l'écrit dans l'article (non signé) de la <i>Réforme</i> daté du 5 déc.] participent au 2<sup>e</sup> congrès de
la Ligue des Communistes et sont chargés d’en rédiger le nouveau programme : ce
sera le <b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Manifeste</i></b>. </span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">[De Bruxelles, de Paris ou de Londres, Engels écrit dans les numéros de la <i>Réforme</i> des 6 août <i>Sur la situation de l'Allemagne</i>, 27 août <i>Sur l'opinion publique en Allemagne</i>, 1er novembre <i>Sur le programme agraire du chartisme</i>, 5 décembre (voir ci-dessus), et 9 déc. <i>Sur la crise économique de 1847 en Angleterre</i>.]</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/--AusfU-iVgU/Wc5nxMZRR5I/AAAAAAAACFw/20v2Lk-AiZ09KoukPUE6y9NGEoNpg7GkACLcBGAs/s1600/K%2526F.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="313" data-original-width="500" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/--AusfU-iVgU/Wc5nxMZRR5I/AAAAAAAACFw/20v2Lk-AiZ09KoukPUE6y9NGEoNpg7GkACLcBGAs/s640/K%2526F.png" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Andreï Mironov (Engels) et Igor Kvacha (Marx) dans le film de <b>Grigori Rochal</b>, <i>Une année comme une vie (God kak zhizn)</i>, 1966. Sur la table, une pile du <i>Manifeste</i>. L'année dense comme une vie est 1848.</td></tr>
</tbody></table>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Après
dix jours de Congrès, de retour à <u>Paris, Engels s’en voit expulsé le 29 janvier
48</u>. Il n’est même pas sûr que cela soit lié à son activité politique. Si l’on
en croit Stephan Born, son ami le peintre Ritter l’ayant informé qu’un aristocrate
avait congédié sa maîtresse sans assurer à celle-ci les dédommagements
nécessaires, Engels avait menacé de rendre la chose publique et le comte avait
saisi la police. C'est possible. Le 6 février, le <i>Constitutionnel</i>
écrit : "Un jeune Allemand réfugié à Paris, M. Engels, auteur d'un
ouvrage sur le paupérisme de l'Angleterre, a reçu de la police, on ne
sait pourquoi, l'ordre de quitter Paris dans les 24 heures et la France
dans trois jours, sous peine d'être remis par les gendarmes français à
la police prussienne." Le même quotidien ajoute deux jours plus tard,
citant "un journal" : "M. Engels, qui ne séjournait à Paris que depuis
peu de temps a été enlevé de son domicile nuitamment, et, à ce qu'on
assure, sans aucun motif plausible. En même temps, plusieurs ouvriers
allemands, accusés à tort ou à raison de communisme, ont été arrêtés et
déposés à la Conciergerie." Ce à quoi le <i>Moniteur parisien</i>,
journal officieux de la monarchie, répond le 14 : "Plusieurs journaux
ont parlé, ces jours derniers, d'arrestations mystérieuses (...) et
citent parmi les victimes de ces prétendus actes arbitraires, M. Engels,
fils d'un riche manufacturier allemand, et un artiste peintre de
Cologne. Les détails donnés à cette occasion par les journaux sont
entièrement controuvés. Deux seuls étrangers, M. Engels, Allemand, et un
de ses compatriotes, ont été récemment expulsés de France, mais les
causes qui ont motivé cette mesure de la part de l'autorité <i>sont complètement étrangères à la politique</i>."</span><br />
<br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<u><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">5
mars 1848, retour de Marx à Paris</span></u></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">A
peine le gouvernement provisoire de la révolution de 1848 a-t-il été constitué,
le 24 février, que, le 1<sup>er</sup> mars, Ferdinand Flocon lève la mesure
d’expulsion prise trois ans plus tôt et invite le “brave et vaillant” citoyen Karl
Marx à retrouver Paris. Telle est du moins la présentation avantageuse que
l’historiographie marxiste donne de l’événement. En fait,
« l’invitation » est datée du 10 mars et Grandjonc montre bien que Marx,
expulsé de Belgique au début du mois et arrivant à Paris le 5 au petit matin avec
pour tout papier son arrêté d’expulsion belge ainsi que celui, français, daté
de février 1845, va voir le tout frais membre du nouvel exécutif pour
régularisation. Sur papier à en-tête du Gouvernement provisoire, Flocon invite alors
tout agent de la force publique à porter aide et assistance au citoyen Marx. La
première pensée de la Révolution n’a donc pas été de rappeler Marx à Paris,
c’est un détail.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Marx,
Jenny et leurs maintenant trois enfants : Jennychen, <b>Laura</b> et le petit
<b>Edgar</b> âgé à peine d’un an, sont descendus, le 5 mars, à l’hôtel Manchester, rue
Grammont, non loin de la Bastille, avant de s’installer au <b>10 rue
Neuve-de-Ménilmontant (aujourd’hui rue Commines)</b>. Ils ont dans leurs bagages un
millier d’exemplaires du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Manifeste du
parti communiste</i>, rédigé entre décembre et janvier, en allemand, et qui n’a
été imprimé, à Londres, que dans la deuxième quinzaine de février. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Dès
le lendemain, Marx participe à une importante assemblée de « démocrates
allemands » dans une salle Valentino (où Engels avait si souvent dansé) comble, sous
la présidence du poète Georg Herwegh. On y débat d’une Adresse au Gouvernement
provisoire mais on y entend surtout, de la part d’Herwegh et de Heinrich
Börnstein, l’un des fondateurs du défunt <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vorwärts</i>,
on s’en souvient, des discours radicaux appelant à une intervention armée en
Allemagne. <b>Karl Schapper</b> lui-même se laisse emporter par l’ambiance et apporte
son soutien à ceux qui réclament qu’on aille porter la liberté en Allemagne les
armes à la main.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Herwegh
et Adalbert von Bornstedt, cet agent prussien, on s’en souvient aussi, que le
gouvernement français avait expulsé, pour le couvrir, en même temps que Marx,
mettent sur pied une Deutsche Demokratische Gesellschaft (Société démocratique
allemande) qui placarde dans Paris une affiche appelant à soutenir
financièrement une « légion allemande » : « DES ARMES ! » « Les
démocrates allemands de Paris se sont formés en légion pour aller proclamer ensemble
la RÉPUBLIQUE ALLEMANDE. Il leur faut des armes, des munitions, de l'argent,
des objets d'habillement. Prêtez-leur votre assistance ; vos dons seront reçus
avec gratitude. Ils serviront à délivrer l'Allemagne et en même temps la
Pologne. » </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">« Importer, écrira Engels, au beau
milieu de l'effervescence allemande du moment une invasion qui devait y
introduire de vive force, et en partant de l'étranger, la révolution, c'était
donner un croc-en-jambe à la révolution en Allemagne même, consolider les
gouvernements, et - Lamartine en était le sûr garant - livrer sans défense les
légionnaires aux troupes allemandes. »</span><br />
<br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Marx fréquente le Club central de la Société des Droits de l'Homme qui se réunit tous les soirs à 8 heures au Conservatoire des Arts et Métiers. On a trace de ses interventions le 4 mars, le 6, où il s'élève contre le projet de Légion germanique; et à nouveau pour les 14 et 16 mars. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Dès<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>la première réunion du comité central de la Ligue des
Communistes, </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">le 8 mars 1848, Marx</span> propose de mettre dans les pattes de la Société<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>démocratique allemande un Club des
travailleurs allemands. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Réforme</i> en
annonce la création le 10</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">,
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">tandis que Marx et Engels préviennent par exemple
le citoyen Cabet, pour qu’il en fasse état dans son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Populaire</i>, que “la soi-disant Société démocratique allemande de
Paris est essentiellement anticommuniste, en tant qu’elle déclare ne pas
reconnaître l’antagonisme et la lutte entre la classe prolétaire et la classe
bourgeoise”.</span>
Le 11, Marx est élu président du nouveau C.C.
de la Ligue des Communistes, qui compte trois membres de l’ancienne Ligue des
Justes (Schapper, J. Moll et H. Bauer) et trois membres de l’ancien Comité de
correspondance bruxellois : Marx, Engels, <b>Wolff</b> ; en présence des
anglais </span><b><span style="mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Ernest Charles Jones</span></b><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"> et
<b>George Julian Harney</b> venus à Paris pour l’occasion.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Le
13 mars, le prince Metternich est renversé et doit s’enfuir de Vienne.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Le
18 mars, alors que les combats commencent à Berlin et que Frédéric Guillaume IV
va devoir accepter un ministère libéral et une convocation de la Diète pour le
22 mai, 6 000 Allemands se réunissent sur les Champs-Élysées. Herwegh en retire
2 000 hommes et quatre bataillons pour sa Légion démocratique allemande.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Engels
a rejoint Paris le 21 mars 1848 ; avec Marx, le projet de lancer un
nouveau journal en Allemagne, de reprendre la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Gazette rhénane</i>, est aussitôt échafaudé.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Vers<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>le<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>27<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>mars,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Marx<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>et<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Engels<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>font adopter<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>par<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>le<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comité central de la Ligue un texte<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>programmatique de<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Revendications<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>du Parti<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>communiste<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>en<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Allemagne ».<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Le<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>texte, sous<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>forme<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>de<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>tract,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>en<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>même temps que le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Manifeste</i>,
sera emporté<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>par<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>ceux<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>qui rentrent<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>en<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Allemagne avec le Club des Travailleurs
allemands. Outre l’exigence d’une Allemagne constituée en « République une et
indivisible » et celle de<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« l’armement
général<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>du<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>peuple »,<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>l’essentiel<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>des<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>revendications porte sur le suffrage
universel (masculin), la nationalisation des domaines princiers et féodaux, des
banques<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>privées,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>des<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>moyens<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>de<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>transport, l’instauration<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>de<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>«
forts<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>impôts<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>progressifs », la séparation de l’Église et
de l’État et « l’instruction<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>générale<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>et<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>gratuite<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>du<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>peuple ».</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Les
24 et 30 mars, trois détachements de la Légion démocratique allemande, de 500
hommes chacun, drapeaux rouge, noir et or déployés mais sans armes, partent en
ordre, sous les acclamations de nombreux Polonais, Belges, Italiens, et aussi
Français. Herwegh, Börnstein et Bornstedt doivent suivre le dernier bataillon. Le
gouvernement français, - c’est l’allusion à <b>Lamartine</b> dans le texte d’Engels
cité plus haut -, a fourni quelque soutien, au moins financier, à leur légion.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Le
30 mars, le préfet de police <b>Caussidière</b> délivre à Marx un passeport d’un an,
mais en Allemagne, les choses se précipitent et <u>Marx-Engels quittent Paris le 6
avril 1848</u>, pour, après un détour par Mayence qui leur est imposé par
l’interdiction de traverser la Belgique, arriver le 10 à Cologne,</span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> « la partie la plus avancée de
l’Allemagne », selon les mots d’Engels.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">A Cologne, Marx et Engels vont
retrouver la ligne politique qu’ils ont combattue en la personne de Weitling
puis de Grün, incarnée cette fois par <b>Andreas Gottschalk</b>, le « médecin des
pauvres », membre de la Ligue des communistes depuis 1847, président de l’Union
ouvrière de Cologne et naturellement influent dans la presse de celle-ci, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Zeitung des Arbeitervereins</i>. Mais la
révolution de 1848 en Allemagne n’est pas notre sujet. On trouvera dans les
fascicules 17 et 18,</span><span style="font-family: "times"; font-size: 24.0pt;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Révolution et contre-révolution en Allemagne (1) </span></i><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">et<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> (2)</i>, de
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Marx, à mesure</i> (<a href="http://www.acjj.be/publications/marx-a-mesure/">http://www.acjj.be/publications/marx-a-mesure/</a>),
textes, notes et chronologie.</span><br />
<br />
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">
</span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Aux
heures sombres de juin 1848, Friedrich Engels, reporter de la <b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Neue Rheinische Zeitung</i></b>, décrit, sur une
barricade de la <b>rue de Cléry</b>, sept ouvriers et deux grisettes rejouant le
tableau célèbre de Delacroix. « Un des sept monte sur la barricade, le drapeau
à la main. Les autres commencent le feu. La garde nationale riposte, le
porte-drapeau tombe. Alors, une des grisettes, une grande et belle jeune fille,
vêtue avec goût, les bras nus, saisit le drapeau, franchit la barricade et
marche sur la garde nationale. Le feu continue et les bourgeois de la garde
nationale abattent la jeune fille comme elle arrivait près de leurs
baïonnettes. Aussitôt, l’autre grisette bondit en avant, saisit le
drapeau… »</span> <span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><br /></span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Finalement,
le 16 mai 49, le gouvernement prussien interdit de fait la <b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nouvelle Gazette Rhénane</i></b> en donnant à Marx l’ordre de quitter le
territoire dans les 24 heures, et en lançant un mandat d’arrestation contre
Engels le lendemain.</span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-BQRzAfveyW4/WdD7Ogvkp7I/AAAAAAAACHQ/kIvp7Jr9eyMgWH3xc4JN4Gq3UqR-SNciACLcBGAs/s1600/marx_engels_nrz.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1047" data-original-width="1492" height="224" src="https://1.bp.blogspot.com/-BQRzAfveyW4/WdD7Ogvkp7I/AAAAAAAACHQ/kIvp7Jr9eyMgWH3xc4JN4Gq3UqR-SNciACLcBGAs/s320/marx_engels_nrz.jpg" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">A la Nouvelle Gazette Rhénane, E. Capiro, 1895</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<u><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">3
juin 1849 : second retour de Marx à Paris</span></u></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">«
Peu après [le 1<sup>er</sup> juin 49], explique Engels, nous quittâmes Bingen
et Marx se rendit à Paris porteur d’un mandat du Comité central démocratique
[du Palatinat] ; un événement décisif était imminent et Marx devait représenter
le parti révolutionnaire allemand auprès des social-démocrates français ».</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Marx
arrive ainsi à Paris le 7 juin, dans un hôtel du <b>45 rue de Lille</b>, sous le faux nom de Ramboz [Le propriétaire de l'établissement avait, dans </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">La Presse</span></i><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> du 14 mai 1848, publié cette annonce : « Joli hôtel garni près de l’Assemblée, avis
à MM les représentants »</span> du peuple. Après la révolution, neuf
cents députés allaient en effet arriver à Paris et le journal invitait
les hôteliers à profiter de l'aubaine. Sous l'enseigne d'Hôtel des
Ambassadeurs et sous la Troisième République, la maison sera l'adresse
de très nombreux sénateurs
jusqu'à la première guerre mondiale.].
“Paris est morne. À quoi s’ajoute le choléra, qui sévit dans toute sa
virulence. Malgré cela, jamais une éruption colossale du volcan révolutionnaire
ne fut plus proche à Paris qu’à présent. J’ai des contacts avec tout le parti
révolutionnaire…”</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Cette
éruption, doit-elle éclater avec la manifestation organisée pour protester
contre l’expédition militaire française qui a rétabli le pouvoir temporel du
Pape contre la République romaine ? Le 13 juin 1849, vers midi, un cortège
relativement modeste d’environ 6 000 personnes, dont 600 gardes nationaux
ayant à leur tête <b>Etienne Arago</b>, chef de bataillon de la 3<sup>e</sup> légion,
se forme au Château-d’Eau, sur le boulevard du Temple, et marche en direction
de l’Assemblée nationale « afin de lui rappeler le respect dû à la
constitution », aux cris de : « Vive la
Constitution ! ».</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Une
heure plus tard, le général Changarnier, commandant de l’armée de Paris et des
gardes nationaux de la Seine, à la tête de dragons, gendarmes mobiles et
chasseurs à pied, arrivant par la rue de la Paix, disperse les manifestants qui
se répandent dans les rues voisines.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";"><b>Ledru-Rollin</b>
et une trentaine de députés, réunis au <b>6 rue du Hasard (aujourd’hui rue
Thérèse</b>, partie comprise entre les rues Sainte-Anne et Richelieu), sous les
fenêtres desquels retentissent les « Aux Armes ! » que crient
les manifestants pourchassés, décident de gagner l’état-major de l’artillerie
de la garde nationale, au Palais-Royal, pour s’assurer le concours de Guinard,
colonel de l’artillerie de la garde nationale, et de ses 400 hommes. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Ils
avancent, écrira Marx plus tard, « au cri de “Vive la Constitution !”
poussé avec mauvaise conscience, de façon mécanique, glaciale, par les membres
du cortège eux-mêmes, et renvoyé ironiquement par l’écho du peuple massé sur
les trottoirs, au lieu de s’enfler tel le tonnerre ». Les députés ceints
de leur écharpe vont vers le Conservatoire national des arts et métiers. Vers
14 h 30, Ledru-Rollin parvient à se faire ouvrir les portes de l’établissement
et une proclamation constituant un gouvernement provisoire y est signée.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">On
ressort des Arts-et-Métiers pour aller “au-devant de l’armée pour l’encourager
à se joindre à nous”, se souviendra <b>Martin Nadaud</b>. Trois pauvres barricades
sont improvisées rue Saint-Martin pour gêner la cavalerie, et la troupe arrête
les députés sans que la foule réagisse plus que ça. Ils sont conduits au poste
de la garde nationale, dont Martin Nadeau s’échappe, avec deux autres
camarades, en enjambant la fenêtre qui donne sur la rue Saint-Martin. Il va se
réfugier, à la barrière de l’Étoile, chez madame Cabet. Ledru-Rollin parviendra
à gagner Londres pour un exil de plus de vingt ans. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">« L’éruption
colossale » prévue aura été la dernière journée révolutionnaire de la
Deuxième République quand Jenny rejoint Marx à Paris avec les trois enfants et
Lenchen, le 7 juillet ; </span><span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">ils s'entasseront
à six dans deux chambres minuscules.</span>
Jenny est enceinte pour la quatrième fois et la
grossesse ne se passe pas bien. Marx est arrivé sans le sou, il l’est toujours.
Dès le 13 juillet, il lance des appels au secours, explique que les
derniers bijoux de sa femme sont déjà au mont-de-piété, qu’il pourrait
peut-être tirer, dans un délai raisonnable, 3 000 ou 4 000 francs d’une
deuxième édition de sa brochure contre Proudhon, (<b><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Misère de la philosophie</i></b>), qui “commence à prendre ici”, mais qu’il
faudrait pour cela racheter d’abord les exemplaires de la première encore disponible
à Bruxelles et à Paris. Il écrit aussi à Ferdinand Lassalle, qui lancera une
collecte publique, sans aucune discrétion, à la grande colère de Marx :
« Je préfère la plus grande gêne à la mendicité publique. » Et rien n’est
réglé quand, le 19 juillet, Marx reçoit du préfet de police une assignation à
résidence dans le Morbihan. Sa réclamation auprès du ministre de l’Intérieur
est refusée le 16 août. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman";">Le
13 août, l’armée hongroise a capitulé. Après la reddition de Venise, le 22 août
49, il n’existe plus dans l’empire d’Autriche un seul gouvernement
insurrectionnel.</span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Le 23
août 1849, un officier de police se présente rue de Lille pour signifier aux
Marx qu’ils doivent s’exécuter dans les vingt-quatre heures. Marx écrit alors à
Engels que son exil dans “les marais Pontins de Bretagne”, qu’il considère
comme une tentative de meurtre camouflée, lui fait juger préférable de quitter
la France, et qu’il a pour perspective de fonder un journal allemand à Londres,
où il lui donne rendez-vous. <u>Marx quitte Paris le 24 août</u>, Jenny et les
enfants ont reçu l’autorisation d’y rester jusqu’au 15 septembre.</span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-fqAVQEvee3M/Wc-hb20BCHI/AAAAAAAACGY/rwz1Xl-rhlsgIs55T4t97Y-S-ytFh_mOQCLcBGAs/s1600/Karl_and_jenny_marx_1865.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="494" data-original-width="360" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-fqAVQEvee3M/Wc-hb20BCHI/AAAAAAAACGY/rwz1Xl-rhlsgIs55T4t97Y-S-ytFh_mOQCLcBGAs/s400/Karl_and_jenny_marx_1865.jpg" width="291" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">On a des photos des Marx à compter de 1865</td></tr>
</tbody></table>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;"> </span>
</div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<u><span style="font-family: "times new roman";">Les derniers séjours parisiens</span></u></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman";">Si la vie des Marx est désormais
anglaise, ses deux filles aînées ayant convolé avec des Français, on reverra
Marx à Paris, et dans sa banlieue. Laura, née le 26 septembre 1845 à Bruxelles,
épousera la première, à l’âge de 23 ans et après deux années de fiançailles, un
Français, <b>Paul Lafargue</b>, le 2 avril 1868. Jenny en épousera un autre, <b>Charles
Longuet</b>, ciseleur sur bronze ; « Le dernier proudhonien et le dernier
bakouniniste, que le diable les emporte ! », comme pestera papa Marx
dans une lettre à Engels. Le dernier bakouniniste, c’est évidemment Paul
Lafargue, Longuet, lui, ayant eu le bon goût de voter l’exclusion de Bakounine
de la 1<sup>ère</sup> Internationale (le 7 septembre 1872) entre ses
fiançailles, en mars, et son mariage, le 2 octobre... ce qui en fait le dernier
proudhonien.</span><br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-D4GVhgrPbIA/WdAVDrll6CI/AAAAAAAACGs/Fr4cSW1Gf4cdHeYgkymsfVwDlqkjsa3xQCLcBGAs/s1600/Jenny_laura1869.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="494" data-original-width="358" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-D4GVhgrPbIA/WdAVDrll6CI/AAAAAAAACGs/Fr4cSW1Gf4cdHeYgkymsfVwDlqkjsa3xQCLcBGAs/s320/Jenny_laura1869.jpg" width="231" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Jennychen, future Mme Longuet, et Laura déjà Mme Lafargue en 1869</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman";">Les Lafargue sont partis en voyage de
noces en France le jour même de leur mariage, puis s’y sont installés le 15
octobre, <b>25 rue des Saints Pères</b>. Ils ont déménagé au <b>47 rue du Cherche-Midi</b>
juste avant la naissance de leur premier enfant, Charles-Etienne, le 1<sup>er</sup>
janvier 1869. Marx vient leur rendre visite du 6 au 12 juillet, en descendant
dans un <b>hôtel de la rue Saint-Placide</b> sous la fausse identité de M. Williams.
Il est préoccupé par la santé fragile de Laura, tente de persuader son gendre
d’achever ses études de médecine, et est venu discuter aussi d’une traduction
française du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Capital</i>. Pour ce qui est
de celle du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Manifeste</i> par Laura,
revue par Paul, elle vient d’être ramenée à Londres par Jenny quand celle-ci, à
la suite de Jennychen et d’<b>Eleanor</b> est venue voir le bébé, à Paris.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman";">Puis vient la Commune, et l’exil qui
ramène les filles Marx auprès de leurs parents. Les Longuet regagnent la France
après l’amnistie de 1880. A l’été de l’année suivante, Marx et Jenny, déjà
malade, accompagnés de Lenchen, visitent les Longuet et découvrent le petit
Marcel, né trois mois plus tôt au <b>11 bd Thiers (auj. Karl Marx)</b> à Argenteuil,
alors que ses aînés avaient déjà 4, 2 et 1 an quand leurs parents ont quitté
l’Angleterre. Mais Marx rentre précipitamment à Londres à l’annonce de la
dépression nerveuse d’Eleanor.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman";">Après la mort de Jenny, au début de
décembre, Marx, qui en est tombé malade, passe à nouveau par Argenteuil, en
février 1882, sur le chemin de Marseille où il doit embarquer pour l’Algérie et
son soleil guérisseur. À son retour, le 7 juin, sans barbe et sans crinière de
prophète, sacrifiées à la chaleur algéroise,</span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-Wd4FXf9McBc/WdAUtDkgg6I/AAAAAAAACGo/cPRULVQgRxoPqANt7UdIRKxuAM9ze22CACLcBGAs/s1600/Marx1882.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="593" data-original-width="444" height="320" src="https://2.bp.blogspot.com/-Wd4FXf9McBc/WdAUtDkgg6I/AAAAAAAACGo/cPRULVQgRxoPqANt7UdIRKxuAM9ze22CACLcBGAs/s320/Marx1882.jpg" width="239" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Dernière photo (1882) avant le rasage pour ses filles qui l'aiment en père Noël</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: "times new roman";">
il se voit conseiller les eaux
d’Enghien où il suivra une cure en juillet. Les Lafargue s’installent au 66 bd
de Port Royal au début d’août et Marx séjourne à leur nouveau domicile avant de
rentrer à Londres fin septembre. C’est donc retour de chez ses gendres qu’il les
qualifie, dans une lettre à Engels du 11 novembre, de dernier des bakouninistes
et de dernier des proudhoniens.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman";">Le 12 janvier 1883 lui parvient la
nouvelle de la mort de Jennychen et il envoie Eleanor à Argenteuil aider à garder
les enfants de sa sœur. "Le Maure", comme on l’appelle depuis sa jeunesse, meurt
le 14 mars. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-align: justify; text-autospace: none; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Le 1er mai 1890, Engels est au rassemblement de la
place de la Concorde où l’on revendique la réduction du temps de travail. “Que
Marx n’est-il à côté de moi, pour voir cela de ses propres yeux” écrit Engels,
qui rappelle que cette revendication de la journée légale de travail à 8 heures
avait été “proclamée dès 1866 par le congrès de l’Internationale à Genève”.</span><br />
<br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Si
l'on compte, sur les bâtiments qu'habita Marx une plaque commémorative
à Bruxelles et 4 à Londres, il n'y en a aucune à Paris.</span>Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4765847927591590004.post-53355140767622153642017-10-17T10:56:00.000+02:002017-10-18T12:42:10.237+02:0017 OCTOBRE 1961: ENTRE PARIS ET SA BANLIEUE, DES PONTS SANGLANTS<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 10.0pt;">Deux
extraits de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">De la banlieue rouge au Grand
Paris</i>, La Fabrique, 2015.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Pont de Clichy :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Quand <b>Mohamed Ghafir</b> arrive
à Clichy, en 1955, les usines occupent le quart du territoire communal et emploient
vingt mille ouvriers, dont de nombreux immigrés ; les premiers HLM
s’élèvent entre le pont de Clichy et les ateliers de la S.I.T. devenus ceux de
Kléber-Colombes. Un an plus tard, il est le chef du secteur FLN ; il gardera
son surnom de « Moh’ Clichy » quand il prendra en charge tout le nord
parisien. C’est le temps de la lutte contre les messalistes. Moh’ Clichy est
arrêté en janvier 1958 par la DST et condamné à trois ans de prison. Il en sort
le 6 février 1961. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">La circulaire de <b>Maurice Papon</b>
instituant le couvre-feu est du 5 octobre. Mohamed Ghafir met en œuvre les
instructions du Comité fédéral du FLN : boycotter le couvre-feu, faire en
sorte que tous les Algériens sortent en famille tous les soirs, sans arme
d’aucune sorte et habillés correctement. Ils ne seront pas prêts avant le 17.
Ceux de la banlieue nord-est reçoivent la consigne de défiler ce soir-là sur
les Grands Boulevards, pendant que la banlieue ouest fera de même sur les
Champs-Élysées et la banlieue sud sur les boulevards Saint-Michel et
Saint-Germain. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Ce soir-là, le policier <b>Paul
Rousseau</b>, syndicaliste du SGP, stationne en réserve sur le pont de Clichy.
« Une compagnie de CRS arrive de Clichy. Ils sortent plein d’Algériens des
fourgons. Les matraques volent, on entend des coups de pistolet. Tout à coup,
on les voit qui jettent des gars dans la Seine. La rambarde était pleine de
sang. Ça durait, ça durait. En fait, ils se débarrassaient des morts. Dans
notre car, certains étaient surexcités et criaient : “Allez, on y va, qu’est-ce
qu’on attend pour descendre? Qu’on bouffe du bougnoule.“ Le lendemain, les
autorités de la police ont donné des cartouches à tous ceux qui avaient tiré au
cas où ils auraient à justifier l’utilisation de leur arme devant l’IGS. De
toute façon, ils ne risquaient pas grand-chose. Nos gradés nous avaient demandé
“d’agir en notre âme et conscience“. »</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Cinquante ans plus tard, le 17
octobre 2011, Mohamed Ghafir se voit remettre la médaille de citoyen d’honneur
de la ville de Clichy des mains du maire, <b>Gilles Catoire</b>. « C’est
la première fois qu’une distinction de cette nature est offerte à un citoyen
algérien par une autorité française, et pour des faits de résistance contre la
répression et les massacres du pouvoir colonial de l’époque. » Le même
jour, Paul Rousseau reçoit lui aussi la médaille d’or de la ville de Clichy.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-VB2zHH4mqPE/WecvI6K1JkI/AAAAAAAACHw/fedmyeAS77UfmSKxMKKyzJP9aiPvdG3FgCLcBGAs/s1600/17.10.61.png" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="336" data-original-width="500" height="428" src="https://1.bp.blogspot.com/-VB2zHH4mqPE/WecvI6K1JkI/AAAAAAAACHw/fedmyeAS77UfmSKxMKKyzJP9aiPvdG3FgCLcBGAs/s640/17.10.61.png" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Près du pont des Arts, cette <a href="https://www.cairn.info/revue-geneses-2002-4-page-140.htm#re69no69">inscription</a>, quelques jours plus tard</td></tr>
</tbody></table>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Pont de Neuilly :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "times new roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Le 3 octobre, dans la nuit, une
charge d’un kilo et demi de plastic explose sur le perron de la mairie de
Puteaux, que l’OAS menaçait depuis quelque temps de faire sauter. Deux semaines
plus tard, le 17 octobre, le FLN appelle à protester contre le couvre-feu
imposé par le préfet de police Maurice Papon, dès huit heures du soir, aux
« Français musulmans d’Algérie » de Paris et de sa banlieue. La
consigne est formelle : on manifestera en famille, sans armes et sans
drapeaux, dans le calme et la dignité. On se rassemble, depuis Nanterre,
Puteaux et Courbevoie, au rond-point de la Défense, et l’immense colonne, qui
comprend des femmes, des enfants, des bébés tenus dans les bras que leurs mères
protègent de la pluie fine et persistante, descend vers le pont de Neuilly. L’objectif,
pour la banlieue ouest, est de parcourir en cortège les trottoirs des
Champs-Élysées, depuis l’Etoile jusqu’à la Concorde.</span></div>
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">L’Express</span></i><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">France-Soir</i>,
le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Parisien libéré</i> décrivent ainsi la
suite : le cortège est bloqué par les barrages des agents et des harkis de
la Force de police auxiliaire. Soudain, l’un de ceux-ci tire une rafale de
mitraillette, qui tue un garçon de quinze ans (le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Parisien</i>, lui, parle de deux morts). La foule recule, résiste comme
elle peut mais elle est repoussée vers la Défense. La bataille dure jusqu’après
22 heures. La chaussée est alors jonchée de débris de toutes sortes,
bicyclettes brisées, voitures d'enfants renversées, palissades arrachées,
barrières tordues ; il y a plus d’une centaine de chaussures éparses, dont
beaucoup de souliers de femmes, et de grandes traînées de sang. Les
photographes qui prenaient ces scènes de violence voient leurs pellicules
saisies par la police. Plus tard dans la soirée, un groupe de plusieurs
centaines d’Algériens rentrant à Nanterre est attaqué. Des corps ont été jetés
dans la Seine depuis le pont de Neuilly.</span>
Alain Rustenholzhttp://www.blogger.com/profile/15142035939353009378noreply@blogger.com