LES QUARTIERS, ZONE DE TOUS LES DROITS (POUR LA POLICE)





La barre chocolatée arme de guerre ? On s’en veut de faire de l’esprit avec cette image insupportable de la rafle de Mantes : gamins à genoux, mains sur la tête, au milieu des kapos ; c’est juste pour ne pas s’étouffer avec les haut-le-cœur qu’elle provoque.
Où a-t-on déjà vu ça ? Quel camp ? Quelle dictature ? Quel coup d’État sanglant ? Pas la peine de chercher loin : la guerre d’Algérie ! On veut croire que même ceux qui ergotent sur la pertinence des notions de « racisme d’État », de « racisés », se rendront à l’évidence.
Car comment s’expliquer le déchaînement de violence qui frappe le mouvement lycéen sinon que, si ordre a dû être donné de le tuer dans l’œuf, par n’importe quel moyen, avant la contagion possible, s’y ajoute que, le mouvement touchant principalement des établissements des périphéries de grandes villes, la police, en retrouvant les territoires coloniaux qu’elle a l’habitude de quadriller, y donne libre cours  à ses penchants pour la pacification « comme là-bas », un temps modernisée en kärcherisation. Si on l’a vue d’une certaine mansuétude devant des ronds-points essentiellement blancs, bardés de tricolore et de Marseillaise, en banlieue elle a, comme là-bas, les pleins pouvoirs.

Et concernant samedi prochain ? Quand l’Élysée répand le bruit que des groupes viendront « pour tuer », ce n’est pas d’abord, comme on a pu le lire, aux potentiels manifestants qu’il s’adresse, afin qu’ils restent chez eux, c’est à sa police. Si des hordes d’assassins montent à Paris, ils tueront qui ? La police, pardi, qui d’autre sera sur leur chemin !
L’Élysée annonce ainsi à sa police qu’elle est d’ores et déjà en état de légitime défense, donc qu’elle pourra tirer en toute quiétude et impunité. Réponse est ainsi donnée au syndicat des commissaires qui demandait dès le début de la semaine, avant même qu’il fût question de tueurs arrivant par milliers, l’assurance qu’ils seraient couverts : « Policiers, gendarmes et secouristes attendent les moyens de se défendre, une confiance absolue des politiques et de la justice en cas de légitime défense ».
C’est chose faite, carte blanche leur est donnée, même les « secouristes » pourront tirer ! Avec une telle permission, le pire est quasi sûr.