Rue Amelot, Gévelot fait les cartouches du boulevard du crime

L'occasion de ce parcours a été une balade pour la librairie Les guetteurs de vent, 108, avenue Parmentier, Paris 11e. Le trajet recoupe en partie celui de la balade de Libertad à Ko-Ko-Ri-Ko.



Au coin de la rue du Faubourg-du-Temple et du bd du Temple qui y arrivait, la place n’existant pas, commençait (où finissait) le « boulevard du crime » dont les spectacles débutaient à 6 heures et comptaient 12 à 15 actes. Le Théâtre Historique d’Alexandre Dumas s’y ouvre le 20 février 1847, juste à ce coin-ci, avec la Reine Margot, pour laquelle les spectateurs auront fait deux jours et deux nuits de queue. Mais son spectacle le plus emblématique reste le Chevalier de Maison-Rouge. Mélingue tient le rôle titre de cette adaptation de l’Histoire des Girondins de Lamartine, qui avait déjà été un gros succès de librairie, et qui fournira son hymne à la révolution de 1848 :
Mourir pour la Patrie, (bis)
C’est le sort le plus beau, le plus digne d’envie ! (bis)
Le Théâtre Historique n’existe déjà plus à l’annexion de 1860, mais il y a encore là, entre le bd du Temple et la rue des Fossés du Temple (qui deviendra Amelot en 1871), le Théâtre lyrique, le Cirque Impérial (ex Olympique) et les Folies Dramatiques, qui seront tous trois détruits par l’agrandissement de la place et la construction des Magasins réunis ; la Gaité, les Funambules, les Délassements comiques, emportés eux par le percement du bd du Prince Eugène (qui deviendra bd Voltaire).
La cour du centenaire de Voltaire
- cirque Myers, place de la République. PLU : immeuble des Magasins Réunis, construit en 1866 par l'architecte Gabriel Davioud, réalisé en symétrie de la caserne Vérines ; aujourd'hui hôtel Crowne Plaza ; dans l'immense cour carrée, le cirque Myers.
Le 21 janvier 1878, une brochette de progressistes prépare le centenaire de Voltaire au Tivoli Vauxhall (12,14,16 rue de la Douane (auj. Léon Jouhaux), place du Château-d’Eau). Parmi eux, le député quarante-huitard Schoelcher, qui a fait voter l’abolition de l’esclavage, l’industriel Scheurer-Kestner qui jouera un rôle important dans la défense de Dreyfus, l’industriel Émile Meunier, qui a été des 50 (contre 392) à voter l’amnistie des Communards en 1876, et propriétaire du Bien Publicl’Assommoir parut en feuilleton. Il renommera d’ailleurs son journal en Voltaire.
Quand arrive la cérémonie prévue du centenaire, le 30 mai 1878, toute manifestation extérieure a été interdite. C’est donc au cirque Myers que les présidents des Conseils municipal et général, une vingtaine de conseillers et de députés, et 5 à 6 000 personnes se réunissent autour de la statue de Voltaire posée sur un char qui restera immobile, et lancent des appels en faveur des détenus politiques.

Face à la "grisette 1830", Frédérick Lemaître
Entre les actuels avenue de la République et boulevard Voltaire, toujours sur le Boulevard du Crime, aux Folies-Dramatiques, inaugurées en 1831, triomphe Frédérick Lemaître, « le comédien du peuple, l’ami du peuple, adopté et créé par le peuple ». Face aux « comédiens ordinaires du roi des Français », écrit Jules Janin en 1835, c’est le « comédien des faubourgs, comédien de toutes les passions aux joues rubicondes, aux bras nerveux, aux reins solides, qui vont le voir, l’admirer et l’applaudir ! » La Vie et la Résurrection de Robert Macaire, poursuit Janin, est son Mariage de Figaro : « Figaro, Macaire, deux hommes qui ont existé, deux hommes révoltés contre la société chacun à sa manière, l’un avec son esprit, l’autre avec son poignard ; deux escrocs tous les deux, l’un dans le salon, l’autre sur le grand chemin ; deux hommes d’esprit et qui font rire tous les deux ». Chez Marx, Louis Philippe deviendra "Robert Macaire sur le trône".
Aux environs du n° 52 bd du Temple : les Funambules sont le croissant de lune où s’assied Pierrot, alias Gaspard Debureau, et pour la première d’une pantomime de Champfleury, Pierrot, valet de la mort, « il y avait épars dans les loges, aux galeries, dans l’orchestre, selon L’Écho du 27 septembre 1846, Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Théodore de Banville, Henri Murger, Baudelaire-Dufays, Privat d’Anglemont, Pierre Dupont... ».

Sur le mur pignon du n°50, le trompe-l'oeil évoque le rideau de scène du Boulevard du Crime.
Le rideau s'ouvre Boulevard du Crime
On avait applaudi sur le boulevard, dès 1760, les « grands sauteurs et danseurs de corde » de la future Gaîté, et « les petits enfants » des ballets-pantomimes de l’Ambigu-Comique, troupes que la du Barry fera venir, l’une et l’autre, devant le roi pour le distraire de son humeur maussade ; les écuyers du Cirque-Olympique y caracolaient dès 1817, les prestidigitateurs des Délassements-Comiques, familièrement abrégé en Délass’Com’ aussi. Ces "théâtres" étaient entremêlés de cafés. Théâtres entre guillemets car les troupes de comédiens, "à privilège du roi", avaient sous la monarchie le monopole du texte parlé, on applaudissait donc sur le boulevard essentiellement des exercices acrobatiques.
A la Révolution, la liberté des théâtres (l'abolition de ces privilèges-là avec les autres) a permis à quelques-unes de ces salles de se consacrer à l’art dramatique, avec bientôt le répertoire très spécifique du fantastique anglo-saxon: Le Moine, de Lewis, est adapté par Pixérécourt dès l’année suivant sa parution en Angleterre et connaît quatre-vingts représentations à la Gaîté, en 1797, (alors que le roman attendra 1840 pour être traduit). Les Pénitents noirs, d’Ann Radcliffe, qui eux bénéficieront d’une traduction plus rapide, y sont aussitôt joués. C’est boulevard du Temple qu'au début du 19ème  siècle la première génération romantique se met à l’école du fantastique anglo-saxon.
L'Ambigu Comique, devenu lui aussi un vrai théâtre, avait été détruit par un incendie en 1827 et reconstruit à la pointe entre le bd Saint-Martin et la rue de Bondy (auj. René Boulanger).
La parade, devant les salles, appelait les spectateurs à entrer ; elle avait ses célébrités dont Bobêche, veste rouge, perruque de filasse, bicorne gris au-dessus duquel un papillon vibre au bout d’une tige de fil de fer. C’est sur le chemin de Charles Nodier, qui habite 63 boulevard Beaumarchais en 1824, et en est si fasciné que ses perpétuels retards au ministère de l’Instruction publique lui valent une remontrance. Il avoue ses interminables stations devant les tréteaux. « Monsieur, lui répond le ministre, vous voulez m’en imposer, je ne vous y ai jamais vu. »

- 42, bd du Temple, PLU : immeuble Louis-Philippe très caractéristique : balcon filant et garde-corps en fonte comme les vantaux de la porte ; surélévation ultérieure.
Flaubert, de 1856 à 1869, y a son domicile, au 3e étage, au-dessus de l’appartement de sa mère : « une antichambre, 2 pièces à feu ayant chacune une fenêtre sur le boulevard ; une salle à manger, une autre pièce à feu, une cuisine sur la cour, WC à côté de la cuisine, sortie de service » Il en est au chapitre 8 de la troisième partie de Mme Bovary.
Dès le lendemain de la parution de leur Charles Demailly, - on est au début de 1860 – voilà les frères Goncourt « boulevard du Temple, dans le cabinet de travail de Flaubert, dont la fenêtre donne sur le boulevard et dont le milieu de cheminée est une idole indienne dorée. Sur sa table, des pages de son roman qui ne sont presque que ratures. De grands, de chauds et de sincères compliments sur notre livre, qui nous font du bien au cœur ; une amitié dont nous sommes fiers... »
Flaubert reçoit le dimanche, sur son grand divan de cuir surmonté d’un moulage de la Psyché de Naples, la pittoresque actrice Suzanne Lagier, et Sari, son amant, directeur du théâtre des Délass’Com’. George Sand aussi.
En face, le Jardin turc, si compassé - Jouy, dans les années 1810 : « Ici, tout était calme, sang-froid, gravité; c’était l’assemblée des oisifs du Marais : les uns, assis en cercle, discutaient un exemple de longévité, sur la foi de la gazette de Presbourg, et le plus grand nombre, regardant jouer au billard, attendait l’occasion de donner son avis sur un carambolage équivoque ». Un guide de 1830 assure encore que « les dames du Marais y viennent pour se distraire du silence et de l’ennui qui règnent dans leur quartier désert » -, a été repris par Bonvalet sous la monarchie de Juillet.
Flaubert, dans une lettre aux Goncourt du 20 mai 1868, leur explique pourquoi ils ne l’ont pas vu au bal des Tuileries, c’est-à-dire de l’Empereur :
« Rentré chez moi, dimanche, à onze heures et demie, je me couche, en me promettant de dormir profondément, et je souffle ma bougie. Trois minutes après, éclats de trombone et battements de tambour ! C’était une noce chez Bonvalet. Les fenêtres dudit gargotier étant complètement ouvertes (vu la chaleur de la nuit), je n’ai pas perdu un quadrille ni un cri ! L’orchestre (comme j’ai l’honneur de vous le répéter) était enjolivé par deux tambours !

      À six heures du matin, re-maçons. À sept heures, je déménage pour aller loger au Grand-Hôtel.
      Là, trois quarts d’heure de promenade avant de trouver une chambre.
      À peine y étais-je (dans la chambre) qu’on se met à clouer une caisse dans l’appartement contigu. Re-promenade dans le même hôtel pour y découvrir un gîte. Bref, à neuf heures, j’en sors et vais à l’hôtel du Helder, où je trouve un abject cabinet, noir comme un tombeau. Mais le calme du sépulcre n’y régnait pas : cris de MM. les voyageurs, roulement des voitures dans la rue, trimbalage de seaux en fer-blanc dans la cour.
      De 1 heure à 3 heures, je fais mes paquets et quitte le boulevard du Temple.
      De 4 à 6 heures, avoir tâché de dormir chez Du Camp, rue du Rocher. Mais j’avais compté sans d’autres maçons qui édifient un mur contre son jardin.

      À 6 heures je me transporte dans un bain, rue Saint-Lazare. Là, jeux d’enfants dans la cour et piano.

      À 8 heures, je reviens rue du Helder, où mon domestique avait étalé sur mon lit tout ce qu’il me fallait pour aller, le soir, au bal des Tuileries. Mais je n’avais pas dîné et, pensant que la faim peut-être m’affaiblissait les nerfs, je vais au Café de l’Opéra.
      À peine y étais-je entré qu’un monsieur dégueule à côté de moi.
      À 9 h, je retourne à l’Hôtel du Helder. L’idée de m’habiller m’épuise comme une saignée aux quatre membres. Je renâcle et je me décide à regagner les champs au plus vite. Mon serviteur fait ma cantine.

      Ce n’est pas tout. Dernier épisode : ma cantine déroule de l’impériale du fiacre par terre et me tombe sur l’épaule. J’en porte encore les marques. Voilà.

      À vous. »

Le 19 juillet 1869, le portier du 42 boulevard du Temple réveillera Flaubert, à l’aube, pour lui remettre une dépêche lui annonçant la mort de Bouilhet, à quarante-sept ans.

Auparavant, le 2 décembre 1851, une poignée de réfractaires au coup d’État, Charamaule, Baudin, Edgar Quinet..., s’était réunie 70, rue Blanche. Victor Hugo en était parti, pour accompagner le colonel Forestier qui se faisait fort de rallier la 6e légion de la garde nationale dont il avait été destitué par le prince président. Les renseignements glanés en chemin ne sont pas encourageants ; Forestier préfère maintenant s’arranger à l’amiable que de se faire réinvestir du commandement par Hugo devant la troupe. On se retrouvera chez Bonvalet, 29 bd du Temple, où rendez-vous a déjà été fixé avec Michel de Bourges et d’autres représentants. Quelques heures se passent en aller et venues, en vaines tentatives. « Tout à coup, quelqu’un me poussa le bras, raconte Hugo. C’était Léopold Duras, du National. - N’allez pas plus loin, me dit-il tout bas. Le restaurant Bonvalet est investi. »
Vingt ans plus tard, à l’orée de la Commune, le restaurateur Bonvalet, élu de Paris, s’efforcera avec le poseur de papiers peints Héligon, membre de l’Internationale, et Tolain, élus eux aussi, de trouver un terrain d’entente entre l’Assemblée, qui siège maintenant à Versailles, et le Comité Central de la Garde Nationale. Les pourparlers ont lieu, bien sûr, au restaurant. Versailles refuse, rappelle ses élus et le métallo Assi, président du Comité Central se retrouve maître de Paris le 18 mars 1871.

On croise la rue J-P Timbaud. Les rues d’Angoulême (fils du comte d’Artois, donc neveu de Louis XVI, dernier grand prieur du Temple (auj J.-P. Timbaud), de la Tour (auj. Rampon), de Crussol, que l’on croisera plus loin et qui porte le nom du chevalier de Crussol (1743-1815), bailli du Temple, forment avec les rues perpendiculaires de Malte et du Grand-Prieuré le maillage du lotissement de la « Ville-Neuve d’Angoulême » que ledit Alexandre Charles Emmanuel de Crussol a fait ouvrir dans les marais (c'est-à-dire les terres de maraîchage) du Temple, dans les années 1780, pour en améliorer les revenus de l'institution. La rue Amelot porta le nom de Fossés du Temple depuis le bd aujourd’hui Voltaire jusqu'à la rue auj. Oberkampf jusqu’en 1871.

- 18, bd du Temple, PLU : Immeuble Louis-Philippe présentant une façade composée de dix travées et de quatre étages carrés sur rez-de-chaussée et entresol. Grande porte cochère en plein cintre à imposte ajourée d'une grille en fonte englobant le niveau d'entresol. Vantaux en bois conservés. Au-dessus de la porte, balcon soutenu par des consoles desservant trois travées au premier étage. Balcon filant devant les lucarnes. Corniche à modillons.

- cirque d’hiver, 110 rue Amelot. Le 27 avril 1902, une assemblée générale des sociétaires de la Bellevilloise y entend « les politiques » du Cercle des coopérateurs, Louis Héliès, ouvrier mécanicien, Prost, facteur des Postes et Joseph Lauche, mécanicien, socialiste dissident, député du 11e, dénoncer les « pots-de-viniers » qui sont en train de couler la coopérative. Les gérants indélicats sont reconduits de force à la porte et quelque peu bousculés sur le terre-plein devant le cirque.
Le 1er mai 1931, interdit comme ses prédécesseurs, le PC et la CGT ont appelé les grévistes à se rassembler ici. Un millier d’interpellations, à ses abords, les en empêcheront.
L’année suivante s’y tient le Congrès national ouvrier et paysan contre la guerre, appelé par Henri Barbusse et Romain Rolland, en prélude au congrès international d’Amsterdam, les 2 et 3 juillet 1932 avec Gaston Bergery, Jacques Doriot mais aucun délégué de la Ligue communiste, qui s’en fait sortir manu militari. On ne fait pas la paix avec tout le monde.

- 2 à 26 bd des Filles du Calvaire / 1 rue Saint-Sébastien / 93-117 rue Amelot / 2 rue Oberkampf, PLU : Opération exemplaire de la mise en place du style architectural des grands lotissements de la seconde moitié du XIXe siècle, initiée sous la Monarchie de Juillet et achevée sous le Second Empire, destinée à une clientèle issue de la petite bourgeoisie. Au n°10 la porte possède une remarquable grille en fonte. Au fond de la cour se dresse un petit bâtiment d'un étage sur rez-de-chaussée, orné de pilastres ioniques et de palmettes.

- 21, rue Oberkampf / 1, rue de Malte, PLU : Maison d'angle d'origine du XVIIIe siècle transformée élevée d'un étage carré sur rez-de-chaussée. Pan coupé à l'angle. Toiture à la Mansart. Lucarnes.

- en face, 18, rue Oberkampf, PLU : Immeuble d'habitation d'aspect fin XVIIIe-début XIXe non altéré.

- domicile de Gérard Lorne, 22 rue Oberkampf. Dans l’appartement de ce militant de la Voie communiste, qui a failli être le lieu d’une réunion inter-willayas à l’été 1959, la police saisit le 30 septembre quarante-quatre millions d’anciens francs appartenant au F.L.N.

- Baille – Lemaire, fabrique de jumelles, 26 rue Oberkampf. Baille y est installé dès 1847, associé à son gendre, Lemaire, en 1871. Dès 1869, un système de primes a été inauguré pour les ouvriers présents dans l’entreprise depuis plus de 6 mois, et qui n’ont pas perdu plus de 3 heures dans la semaine. Elle est égale à 5% du gain de la semaine, à quoi s’ajoutent 5% versés à la caisse de retraite. A compter de 1885, une participation aux bénéfices est instaurée qui, après 1892, se fera selon ces modalités: 1/3 des bénéfices vont au capital, 1/3 à l’amortissement, 1/3 aux employés et ouvriers qui comptent plus de 5 ans d’ancienneté. Ce tiers des bénéfices, réparti au prorata des salaires, est versé pour les 2/3 en espèces et pour 1/3 à la caisse de retraites. L’entreprise compte un pensionnat des apprentis, une caisse de secours, une harmonie des ateliers, une union d’épargne.
[Une centaine de maisons connues pratiquent la participation en France autour de 1900. Une société pour l’étude pratique de la participation du personnel dans les bénéfices a été fondée en 1879, par Charles Robert, directeur de l’Union (incendie), Alban Chaix, de l’imprimerie qui porte son nom, Alfred de Courcy, administrateur de la Compagnie d’Assurances Générales, et Edouard Goffinon, chef d’une entreprise d’hydraulique et d’électricité ; cette société organisera deux congrès internationaux sur le sujet, en 1889 et en 1900 ; elle publie un bulletin. Le groupe d'économie sociale, lors de l'Exposition universelle internationale de 1889, y consacrera une section. La participation a commencé chez Leclaire, peintre en bâtiment, 11 rue Saint-Georges, en 1842 (l’homme est né en 1801). Dalou, celui du triomphe de la République, a fait une statue à Jean Leclaire et à ses ouvriers, square des épinettes, dans le 17e : on y voit Leclaire « élever » (ce qui se traduit par l’aider à monter une marche) un ouvrier qui tient – ou plutôt tenait – un seau dans lequel trempaient deux pinceaux mais qui a disparu à la refonte après la guerre ; il a toujours balai-brosse et éponge à ses pieds.]

- A droite, au rez-de-chaussée de l'immeuble qui occupe le triangle 30-32-34 rue Oberkampf / bd Richard-Lenoir / bd Voltaire, s'élevait dès la fin du Second Empire le magasin de nouveautés Aux Travailleurs. De longues marquises en métal et verre s'étiraient, côté bd Voltaire, de part et d'autre du porche actuellement numéroté 45-47 qui était lui coiffé d'un demi-dôme correspondant à l'arc de l'entresol toujours visible.

- 112, bd Richard Lenoir, PLU : Immeuble d'angle élevé en 1889 par l'architecte Emile Pouget présentant une remarquable composition néo-Louis XVI des façades caractéristique de l'architecture commerciale de la seconde moitié du XIXe siècle.

- Au nord du chemin de Ménilmontant, qui est l’actuelle rue Oberkampf, existe déjà la folie de Moricaut ou Moricourt, on ne sait trop, dont le nom se fixera en Méricourt ; au sud, c’est Popincourt. Autour du manoir de Jean de Popincourt, président du parlement de Paris de 1403 à 1413, s’est constitué sous Charles VI le hameau éponyme. Popincourt ne fait guère parler de lui au siècle suivant que dans la mesure où les huguenots s’y réunissent, ce qui ne leur est possible qu’en dehors de Paris. Il semble établi qu’en décembre 1560 un nommé Lestang prêche la Réforme à Popincourt devant six mille personnes en dépit d’une pluie battante et, le 26 février de l’année suivante, devant vingt-cinq mille, tous chiffres sans commune mesure avec la population du hameau.
Deux jours après les exactions dont les protestants ont été victimes au bas de la rue Mouffetard, épisode connu comme « le vacarme de Saint-Médard » du 27 décembre 1561 ; le 29, donc, le connétable de Montmorency les réitère à Popincourt en venant avec sa troupe y mettre à sac le second des deux temples autorisés dans les faubourgs. Restauré après qu’un édit a réaffirmé la légitimité de l’exercice du culte réformé à l’extérieur de la ville, il est pourtant la cible d’une nouvelle expédition punitive de Montmorency, qui fait cette fois un si grand bûcher des débris du saccage que le feu s’en communique au temple qu’il réduit en cendres.
Popincourt est ce que le voit Paris-Atlas le boulevard franchi : « Nous voici définitivement entrés dans le Paris du travail, la ruche ouvrière des laborieuses abeilles (pourquoi faut-il qu’il s’y mêle tant de nuisibles guêpes !) »
Le 6 janvier 1902 était découvert, rue des Haies, un véritable arsenal, nécessaire à régler le différend qui opposait la bande des Popincourt, commandée par Leca, à celle des Orteaux, dirigée par Manda (de son vrai nom Joseph Pleigneur), à propos de Casque d’or. C’est pour en qualifier les membres que le journaliste Arthur Dupin lança le mot d’apaches.

14, rue Ternaux
- 14, rue Ternaux /1-9, rue du Marché Popincourt. PLU : Ensemble de la fondation Rothschild, 1904, Nénot (prix de Rome, qui vient d'achever les dix ans de construction de la nouvelle Sorbonne) comme architecte-conseil, Rey et Provensal, chargés des dessins et études ; 74 logements, du studio au 3 pièces ; peu de services communs. Son architecte, Augustin Rey, fut le promoteur du concept de « cour ouverte ». A l’intérieur, les murs des cages d'escalier sont recouverts, jusqu'à mi-hauteur, de carreaux de céramique blanche émaillée carreaux-métro, de Gentil et Bourdet.

- Av de la République, elle remplace en 1892 la rue de la Roquette comme montée au Père-Lachaise.

90, avenue Parmentier
- 90, av Parmentier, PLU : Immeuble de logement construit en 1909 par l'architecte Xavier Schoellkopf. L'immeuble exploite pleinement sa situation en angle sur un carrefour et offre une interprétation assagie du style Art Nouveau.

- 77, av Parmentier, PLU : Immeuble édifié par l'architecte Mourzelas qui remporta le concours des façades en 1908. Laloux, membre du jury, en loua le caractère harmonieux et "la sobriété des moyens employés pour le traitement de la partie comprise entre le soubassement et l'entablement". Deux bow-windows, très légèrement cintrés, dotées de vitres également courbes, forment une avancée symétrique à droite et à gauche de la façade et sont couronnés par des frontons majestueux ornés de coquilles. Une importante décoration sculptée agrémente la façade : mascarons et cartouches au rez-de-chaussée et au premier étage, guirlandes de roses sur les consoles, les couronnements des fenêtres et à l'intérieur du vestibule. Cette recherche ornementale est caractéristique des constructions bourgeoises du début du XXe siècle.

- 62, 64, av Parmentier, PLU : Au 64 avenue Parmentier, immeuble de rapport à usage mixte de la fin du XIXe siècle. Sur l'avenue, les deux premiers niveaux, découpés par de larges baies d'atelier au premier étage, sont traités en briques polychromes et surmontés d'un étage et d'un comble réservé à l'habitation. Porte cochère. Au n° 62bis-62, deux maisons d'habitation présentant des façades altérées par des transformations et composées de deux étages carrés sur rez-de-chaussée de la seconde moitié du XIXe siècle.

On prend la rue Pasteur, à dr.

On jette un coup d’œil, à g., au :
- 6 rue de la Folie-Méricourt, PLU : Ensemble cohérent de maisons de faubourg élevées de deux étages carrés sur rez-de-chaussée. Léger avant-corps de trois travées à gauche de la façade sur rue. Garde-corps caractéristiques de la première moitié du XIXe siècle. Porte cochère ouvrant sur une cour très profonde.

- Sous Louis XIII, alors que le hameau devient faubourg, rattaché à celui de Saint-Antoine, s’établissent à Popincourt les annonciades du Saint-Esprit, autour de leur chapelle qui deviendra l’église Saint-Ambroise (le couvent des annonciades y périclite et doit vendre en 1781.) Le percement du boulevard du Prince-Eugène (aujourd’hui Voltaire), a emporté au passage l’église Saint-Ambroise, reconstruite plus en arrière par Théodore Ballu, également l’architecte de Saint-Joseph dans le 11ème.

- Le Livre commode des adresses de Paris pour 1692, d’Abraham du Pradel, « philosophe et mathématicien », recommande les « baignoires et étuves vaporeuses de nouvelle invention qui se tiennent en jardin médicinal de Pincourt [ainsi que l’on désigne le plus communément Popincourt], entre la porte Saint-Louis et la porte Saint-Antoine ». Il s’émerveille de la pension pour les malades, « au milieu de cette grande et belle rue, [à l’actuel n° 20 de la rue de la Folie-Méricourt] à l’opposite du cours planté sur le rempart, dont elle n’est séparée que par de vastes marais bien cultivés, ce qui forme le plus bel aspect du monde. Outre la face et les deux ailes du principal corps de logis, il y a encore au bout d’un grand jardin au-dessus d’une haute terrasse en parterre, un pavillon de Belvédère, d’où l’on découvre de tous côtés des vignobles, des plaines, des collines, des jardins et des maisons de plaisance ». Il vante enfin la bibliothèque « qui est ouverte seulement les dimanches après vêpres, en faveur des médecins, des chirurgiens et des apothicaires artistes, qui confèrent en même temps sur les nouvelles découvertes qui se font dans les sciences naturelles et dans les arts qui en dépendent ».
Il se trouve qu’Abraham du Pradel est le pseudonyme de Nicolas de Blégny, propriétaire de la pension, de la bibliothèque et du jardin médicinal, qui ne saurait être mieux servi que par lui-même.
Au n° 22, la voie privée a été rebaptisée villa Nicolas de Blégny en 1997.
Au 18ème siècle, le duc de Fronsac, fils du maréchal de Richelieu, a fait sa « petite maison » dans l’ancienne propriété de Blégny, dotée naturellement d’un théâtre, qu’on a connu comme la « Comédie bourgeoise de Popincourt ».

On prend la rue Saint-Sébastien, à g.

- 56, rue Saint-Sébastien, PLU : Grande maison à loyer fin XVIIIe caractéristique du premier lotissement de la "Ville-Neuve d'Angoulème" par le marquis de Crussol. Gardes-corps en fer forgé.

On prend le bd Richard-Lenoir, à g.
- coin rue Moufle (ouverte en 1834 ; elle doit son nom à M. Moufle, propriétaire, et maire de cet ex 8ème  arrondissement auquel correspond grosso modo le 11ème d'après 1860). Bouteille sur le toit. Doisneau la photographia, en 1961 ; on voyait encore distinctement la marque de l’apéritif Picon sur l’étiquette. Elle est désormais complètement nue.

- de l'autre côté, 57, bd Richard-Lenoir, hôtel particulier néo-classique fin 18e - début 19e s. Siège de 1862 à 1881 du Consistoire Central Israélite de France. Les façades et les toitures, ainsi que celles des deux pavillons d'entrée, l'escalier intérieur circulaire avec sa verrière, sont inscrits aux Monuments historiques (IMH).

On tourne dans la rue Gaby Sylvia, à dr.
- au bout, la Comédie Bastille. En 1985, Andréas Voutzinas entouré d'une cinquantaine d'amis transforme un atelier de menuiserie, situé au fond de la cour du 51, boulevard Richard-Lenoir, en théâtre, baptisé de ce fait Théâtre des cinquante, un atelier de création et studio d'entraînement pour les jeunes acteurs, qui connaîtra une forte activité à la fin des années 80 et au début des années 90. Peu à peu, le quartier se métamorphose, la rue Nicolas Appert et le passage Gaby Sylvia sont créés, le numéro 51 du boulevard Richard Lenoir disparaît.
En 1997, Andréas Voutzinas laisse la place ; en avril 2001, le Théâtre des cinquante devient « Comédie Bastille ». Le projet d’Yves Lemonnier et Didier Constant, dirigeants du théâtre, est de favoriser l'expression théâtrale de jeunes troupes en leur donnant accès à une salle de 190 places, dotée d'un plateau de dimension respectable et de programmer un théâtre de divertissement destiné au public parisien. Les travaux nécessaires ont été réalisés en été 2003 grâce au concours financier de la Mairie de Paris et de la Région Ile de France, ce qui a permis de participer à la rentrée théâtrale la même année avec Ciel ! Mon Feydeau ! et L'opposé du contraire.

On voit, à côté, l'arrière de l'Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) dont l'entrée est au 48 Saint-Sabin. Par les passages Nicolas Appert et Ste-Anne-Popincourt, on rejoint la rue Saint-Sabin. On jette un coup d’œil, à g., au :

- 39, rue Saint-Sabin, PLU : Immeuble de belle facture, œuvre d'un architecte (Depoix) et d'un sculpteur (Chennevière), édifié en 1909. La façade présente une belle recherche décorative. Des fenêtres à encadrements sculptés couronnées d'un fronton triangulaire. Au second étage, la façade est encadrée par deux sculptures de femmes. Des balcons en fer forgé bien ornés reposent sur des doubles-consoles au premier étage et sur deux pilastres au second.
- à côté, J. Grantil, fabrique de papiers-peints, dissoute en 2009 (était alors à Chalons-en-Champagne) ; on pouvait voir récemment un de ses catalogues, de 1925, en vente sur Internet.

On retourne sur nos pas, et on passe devant l'entrée de l'ENSCI occupant les anciens ateliers du décorateur Jansen qui, de 1922 à 1979, a employé ici jusqu'à 500 artisans d'ar. Puis:

- cour du Coq, Cette voie privée pavée, qui débouche au niveau du 60 rue Saint-Sabin, est formée de maisons de deux étages, avec ateliers artisanaux au rez-de-chaussée. Les ateliers ont en partie été transformés en lofts, ou ateliers d'artistes. La voie est fermée par une grille portant le nom de la voie et ornée d'un coq.

- 62, rue Saint-Sabin : Les portes du bâtiment qui abrite aujourd'hui la crèche collective sont celles d'un ancien relais de poste avec un portail pour l'entrée et un pour la sortie des chevaux. L'ancienne verrière n'a pu être conservée pour des raisons de sécurité.

- A l'intersection de la rue Saint-Sabin et de la rue Amelot, la charcuterie Le suprême du Marais a été décorée dans les années 1880-1890 en style Belle Époque par l’atelier Thivet*, fondé en 1854, l’un des deux principaux décorateurs de magasins avec l'atelier Benoist, fondé en 1859. La devanture, les décors extérieurs et intérieurs ornés de fixés sous verre blanc et or, ont fait l'objet d'une inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté en date du 23 mai 1984.
* voir, du même, la boulangerie du 34, rue Yves Toudic, 10ème, ou la pâtisserie Stohrer, 51, rue Montorgueil dans le 2ème, ou encore la boulangerie du 23, rue des Francs-Bourgeois, 4ème.

On prend la rue Amelot :

- La Colonie Scolaire, Kinder-kolonye (36, Rue Amelot). Fondée en 1926 par David Rappoport*, et Juda Jacoubovitch**, la Colonie Scolaire a pour mission la création d'écoles complémentaires pour les familles des Juifs immigrés. En 1930, elle crée un service médical qui dispense des consultations gratuites et devient, en 1933, le dispensaire La mère et l'enfant. Au cours de cette même période, elle loue puis achète un immeuble à Berck-Plage qui héberge, pendant les vacances scolaires, les enfants des familles en difficulté. Durant l'Occupation, la Colonie Scolaire se met totalement au service du judaïsme en distribuant des repas gratuits, en organisant des passages clandestins en zone sud. Elle aide également les internés des camps français. A la Libération, la Colonie Scolaire reprend son activité "normale" et s'occupe tout particulièrement des enfants des déportés.
* Né en Ukraine en 1883 - Issu d'une famille pieuse, il entreprend des études rabbiniques tout en s'intéressant également à la littérature, aux arts plastiques, aux sciences sociales. Très jeune, son esprit critique le pousse à avoir des activités militantes et politiques. Son adhésion au Poale sion de gauche lui donne l'occasion de faire l'apprentissage du travail clandestin. Il voyage à travers l'Europe, puis s'installe à Paris. Il crée, avec son épouse, une petite agence de photos. Dès l'accession d'Hitler au pouvoir, il se consacre à l'accueil des réfugiés fuyant le nazisme. Il dirige le Comité Amelot, est arrêté par la Gestapo en juin 1943. Déporté à Auschwitz, il y meurt en juillet 1944.
**auteur de « Rue Amelot », traduit du yiddish par sa fille, disponible sur internet : http://lamaisondesevres.org/ame/ame1.html#Anchor-Avant-23522

Le portail de Gévelot à Issy-les-Moulineaux
- Gévelot, 52 et 50 ? rue Amelot. Dans une ancienne filature (celle de Blanquet Frères, laine peignée ?), sur trois étages, l’armurier Joseph Marin Gévelot, à qui succèdera son fils Jules Félix, a ouvert des ateliers où environ 400 ouvrières sont occupées à la fabrication exclusive des enveloppes de cartouches de guerre, en 1871. C’est l’une des 3 usines de l’armurier, avec celle de la rue Notre-Dame-des-Victoires et celle d’Issy-les-Moulineaux, près du pont de Billancourt.  Turgan : « La douille de la cartouche de guerre n’est pas simplement en papier collé autour d’un mandrin comme celle des cartouches de chasse, elle est doublée par une lame de laiton assez mince pour pouvoir être appelée clinquant. (Une lame servant à la confection de 11 cartouches, pèse 18 grammes, avec une tolérance d’1 gr en plus ; à 20 gr, elle est rejetée.) L’ouvrière commence par poser sur une plaque d’ardoise le morceau de papier gris bleu qui doit entourer le laiton, elle le couvre de colle et applique par-dessus sa lame de clinquant qu’elle a commencé à cintrer en repassant plusieurs fois le mandrin par-dessus ; puis elle enroule le tout autour du mandrin aussi serré que possible ; le clinquant est alors maintenu dans son enroulement par le tube de papier collé qu’il enveloppe. Avant de retirer du mandrin le tube ainsi formé, l’ouvrière l’enfonce dans un calibre représentant exactement le tonnerre (la culasse) du fusil ; si le tube ne peut pénétrer, c’est que l’enroulement a été mal fait ou les matières défectueuses, elle le rejette ou le recommence.
Bien que très serrée autour du mandrin, la lame de clinquant ne l’est pas assez pour être absolument immobilisée : comme son bord inférieur est libre elle peut faire ressort au moment de la détonation, et, s’appliquant sur la paroi intérieure du tonnerre par un mouvement d’expansion prévu, s’opposer à la sortie latérale des gaz produits par la combustion de la charge ; la colle qui maintient ces tubes, laiton et papier, est séchée l’été au soleil, l’hiver dans des séchoirs maintenus à 40 degrés. Une bonne ouvrière arrive à faire, par jour, jusqu’à 10 000 tubes et à gagner ainsi jusqu’à 4 fr. 50. » Le directeur, vient (en 1871) d’inventeu une machine qui fait environ 40 000 tubes par jour, soit le travail de 4 ouvrières.
Il faut ensuite couper les tubes, qui ont la longueur de plusieurs douilles, puis enfoncer la douille dans le culot. Toutes ces opérations sont faites par des ouvrières, Turgan ne cite pas d’autres catégories. L’enveloppe de la cartouche est alors terminée et on l’envoie aux Moulineaux pour y être remplie. Pour cette usine-là, il est question d’hommes, de femmes et d’enfants.

Par la rue du Chemin-Vert, on rattrape, à dr., la rue Saint-Sabin:

- l'entrée de la station Breguet-Sabin, de 1906 et par Hector Guimard est IMH.

- 24 rue Saint-Sabin  / 2 rue Bréguet, PLU : Immeuble d'angle en L avec une perspective ouverte sur le boulevard Richard Lenoir. Daté 1871, E. Gutelle architecte. L'entrée principale se trouve sur le pan coupé, elle est constituée d'un arc en plein cintre mouluré avec des écoinçons percés en oeil de boeuf pan coupé est couronné par un fronton triangulaire à denticules. Façade rythmée par des ouvertures enserrées par des pilastres à chapiteaux. Un soubassement filant en meulière grossière, et un toit mansardé avec lucarnes.

Puis rue Bréguet et rue Boulle jusqu’au :

- 5 rue Froment (coin avec rue Boulle), bâtiment dont 5 ancres indiquent la date de construction : « AD 1891 », œuvre de l’architecte P. L. Alinot, auquel on doit une dizaine d’immeubles parisiens.

affiche de 1901; Gallica
- ateliers de Charles Blanc, industriel en matériel d'électricité, d'hydrothérapie et de robinetterie, rue Froment, à l'arrière de l'immeuble du 42/42 bis boulevard Richard-Lenoir, réalisé en 1906 suivant les plans de l'architecte Louis Fagot. Le décorateur et statuaire est le sculpteur Anciaux. Charles Blanc possédait aussi, de l’autre côté du bd, au coin du passage Ste-Anne Popincourt, des ateliers depuis 1892.
Le chapeau de Charles Blanc

- 68 rue du Chemin-Vert (ancien 28 de la rue des Amandiers). « Maison où mourut Parmentier en 1813. (Inscription.) Emplacement de la folie Genlis détruite par l'avenue Parmentier. La maison avait été construite à la fin du 17ème siècle ; le marquis de Genlis, en avait fait une  maison de jeu, avant de la revendre à sa femme qui était la belle-mère de la célèbre comtesse qui fut gouvernante des enfants du duc de Chartres, le futur Philippe-Egalité, et qui, dit-on, prenait des bains de lait semés de roses. » On l’avait vue danser, au Cabaret de la Courtille de Gilles Desnoyers (actuelle Cour de la Grâce de Dieu, rue du Fbg du Temple), avec un valet de chambre ! Miss Williams, qui visite en 1790 la marquise de Genlis dans sa Folie du 28, rue des Amandiers-Popincourt, lui voit cet intéressant bijou : « Cette dame porte à son cou un médaillon fait d’une pierre polie de la Bastille. Au milieu du médaillon est écrit en diamants : Liberté, entre le signe du zodiaque et la lune tels qu’ils étaient le 14 juillet 1789, tandis que des lauriers y couronnent la cocarde nationale, formée de pierres précieuses aux trois couleurs de la nation ».
« A la fin de l'Empire, la folie appartenait au fondeur Carbonneau et c'est là que furent fondus en 1822 et 27, quand Louis XVIII décida de rétablir, là où elles avaient existé, les statues royales parisiennes supprimées à la Révolution, la statue équestre par Bosio du Louis XIV de la place des Victoires, et ses bas-reliefs. L'ouverture de l’avenue Parmentier, entre la place Voltaire et la rue du Chemin-Vert, bouleversa le tout en 1864. L'impasse de la Folie-Genlis disparut. Les n° 16 à 22 de l'avenue Parmentier s'élèvent sur l'ancien jardin. On a abattu en 1903 le n°16, qui était le dernier pavillon de Carbonneau. On raconte qu'un passage souterrain faisait communiquer la folie avec le couvent des Dames Hospitalières de la Roquette », affirme Rochegude en 1910, reprenant Charles Lefeuve qui écrivait en 1856 : « La chronique scandaleuse prétend que les princes d'Orléans, à peine entrés dans leur adolescence, prirent leurs jours de congé dans la petite maison des amandiers, et que leur hôtesse, obligeante jusqu'au bout, leur livrait la clef d'un passage qui les menait secrètement près des nonnes et des nonnains d'à côté. Le fait est que dans le jardin de M. Sarrasin, fabricant de marmonne, il existe encore de nos jours une grotte, ancienne glacière du château, avec un souterrain, qui prend le mieux du monde la direction de l'ancienne résidence des sœurs. Au-dessus de cette ouverture, se retrouvent un rocher et les vestiges d'un kiosque, fort joli autrefois, et vers lequel se dirigèrent, dit-on, bien des nymphes légères, en costume encore plus léger. »

- 14, av Parmentier, PLU : Sous-station électrique "Voltaire" construite en 1908 sur les plans de l'architecte-ingénieur Paul Friesé. Elle appartient à une série de neuf "sous-stations" créées par la compagnie parisienne de distribution d'électricité. Son programme est identique à celui de la sous-station Temple, rue Louvel-Tessier. Elle est édifiée sur un terrain presque rectangulaire de 600 m² présentant un linéaire de 19 m sur l'avenue. La façade du hall des machines est composée de pans de verre divisés par quatre profilés en acier riveté, en trois hautes baies à arc en plein cintre. La baie centrale comporte un grand portail à deux battants. L'ensemble est encadré par deux tourelles identiques en briques silico-calcaire, correspondant l'une à l'escalier et l'autre au monte-charge. La façade manifeste ainsi l'affectation fonctionnelle de l'édifice et la puissance des machines qu'il héberge. Bien conservée, elle est tout à fait représentative d'un ensemble de sous-stations des années 1900, construites sur le modèle conçu par Friesé pour tenir compte du développement très rapide des besoins en électricité.

- Mairie du 11e arrondissement, réalisée de 1862 à 1865 par l'architecte-voyer Etienne-
François Gancel. Parmi les premiers bâtiments du Second Empire, le Baron Haussmann voulait en faire un exemple de l'architecture municipale. Gancel lui donna des caractéristiques, reprises par la suite dans les autres mairies : baies en plein cintre, cadran d'horloge et campanile. La façade comporte un soubassement à refends, percé de trois grandes arcades auxquelles correspondent les trois grandes fenêtres cintrées du premier étage. Ces fenêtres encadrées de colonnes engagées d'ordre corinthien, sont couronnées d'un fronton triangulaire et de sculptures d'enfants exécutées par Henry-Charles Maniglier. Au-dessus de la corniche à modillons, deux statues d'enfants gainées, également réalisées par Maniglier, entourent le blason de Paris, surmonté d'une horloge. La salle des fêtes présente un décor peint en 1907 par Victor Prouvé intitulé Séjour de paix et de joie dans le style de l'Ecole de Nancy.

De Libertad à Ko-Ko-Ri-Ko, et au-delà


L'occasion de ce parcours est une balade destinée aux "nouveaux du 11e", avec pour terme la librairie Imagigraphe, 84 rue Oberkampf.

On part de la statue d'un forgeron qui, sans sa masse, évoque le penseur de Rodin. On est dans l’ex rue d’Angoulême, du nom du grand prieur du Temple, on y reviendra. Le cercle internationaliste ‘Les Sans Patrie’, fondé en 1880, a tenu ses réunions hebdomadaires du samedi, salle Thomas, dans cette rue. Les Causeries populaires de Libertad y ont eu une annexe en 1903, à l’angle de la rue Morand, aujourd’hui mosquée Omar dont les fidèles, lors de la grande prière du vendredi, débordent largement sur la chaussée adjacente.

On remonte vers le n° 98 de la rue désormais Jean-Pierre Timbaud, de 1887 : 5 bâtiments d’habitation en belle brique de Bourgogne, 4 cours où percent comme des taupinières les verrières d’un atelier qui occupait tout le sous-sol de la parcelle et, pour son premier tronçon, réaménagé en appartement.

- 94 rue Jean-Pierre Timbaud. Ex manufacture d'instruments de musique de 1881 à 1936 : la lyre du portail (1882) est le seul élément explicite qui en rappelle l'histoire. « Couesnon & Cie » fabriquait dans la grande halle métallique des cuivres très réputés dans l’univers de la fanfare et du jazz. Le Hall de l'hôtel industriel (en haut du perron, sur la cour) était son magasin, vitrine internationale de ses instruments qui étaient testés dans la salle de l'Harmonie. Au début de la 3e République, six cents ouvriers y fabriquaient des instruments à vent dans « la manufacture la plus importante du monde ». L'usine, achetée par l'Union Fraternelle des Métallurgistes, devint propriété de la CGT métaux en 1936. A cette époque, c’est Rol-Tanguy, métallo de Talbot Paris puis de Renault, militant de la première cellule d’entreprise créée dans l’usine au début 1924, qui est le secrétaire du syndicat des métallos de la région parisienne. A partir des années 1930, c’est toujours le syndicat des métaux qui est le premier du cortège syndical au Mur des Fédérés, et à la tête des métallos, on trouve Jean-Pierre Timbaud, ouvrier dans une fonderie d’art, trapu, « image d’Epinal avec ses couleurs chantantes et crues », comme le décrit Philippe Robrieux. C’est dans le Grenelle des usines Citroën qu’il a mené la campagne électorale du Parti communiste, en 1932, contre Marceau Pivert. C'est sous ce fer forgé des métallos que sont accueillis les volontaires des Brigades internationales à leur retour en 1938, que se tissent des réseaux de résistance. A la Libération, de solides barricades s’élèvent là comme avenue Parmentier, faubourg du Temple. Le 24 août, les Allemands essayent de les forcer en direction de la République ; ils sont repoussés à l’aide de grenades incendiaires et d’un canon de 77 pris à l’ennemi. La rue pourra alors honorer Jean-Pierre Timbaud, fusillé depuis déjà trois ans, depuis l’été 1941, à Chateaubriand. C'est dans la Maison des métallos que fut rendu le dernier hommage à Dulcie September, amie de Nelson Mandela, assassinée à Paris. La Maison a été rachetée par la ville de Paris, et confiée à la mairie du 11e pour devenir un lieu polyvalent. L’Union des métallurgistes y a conservé un espace pour installer son Institut d’Histoire Sociale.

- passage de la Fonderie (fin 2nd Empire), rénové en 1990, plus aucune activité industrielle n’y existe : les seringues et pulvérisateurs Julien pas plus que la grande imprimerie. Au fond, là où le passage rejoint en angle la rue Saint-Maur, au n°119 de celle-ci, on trouvait en 1906 la coopérative de production des tailleurs de glace. A cette date, l’arrondissement en comptait 17, sur un total parisien de 51 adhérentes à la Chambre consultative du 98 bd Sébastopol, c’est-à-dire un tiers.

- 70, rue J-P Timbaud : Cour des Fabriques, début 2nd Empire. Plus d’activité industrielle.

- 64 : 2nde moitié du 19e siècle, surélevé en 1943 ; longtemps consacré à la confection, le r-d-c en est occupé par l’Alimentation générale, restau musical et dansant.

- 10, Cité d’Angoulême, ancienne manufacture des frères Dutertre, 1853, peintres-décorateurs sur porcelaine, dont la façade monumentale était autrefois visible de la rue principale. Auj. atelier de Jean Nouvel

- Cavaignac attaque sur cette pointe, le 23 juin 1848, des barricades qui, avec celles de la rue des Trois Bornes, sont défendues par les Montagnards de Belleville, ravitaillés par la rue des Trois-Couronnes, et qui mettront deux généraux et 300 soldats hors de combat. Les bronziers Abel Davaud, 19 ans, qui jouera plus tard dans le mouvement coopératif un rôle de premier plan, ou Henri Tolain, se sont battus sur ces barricades comme, dans celles du quartier Popincourt, les bronziers des Filles-du-Calvaire, des ouvriers en articles de Paris, des ciseleurs, des mouleurs, des cambreurs, des cordonniers, des chapeliers, des tailleurs.
En 1833/34 déjà, lors du Procès « des 27 » ou « de la SDH et des élèves de l’école Polytechnique » (Raspail est dans les accusés) de nombreux inculpés sont des habitants de la rue des Trois Bornes et de celle des Trois Couronnes.

On poursuit jusqu’au bd Richard Lenoir. A gauche, le domicile de Jules Maigret : le n° 132, est donné pour la 1ère fois dans Maigret et son mort, 1948 : le commissaire l'y fait figurer dans une petite annonce d’appel à témoins. Il n’en bougera plus : « ce n'étaient pas tellement les déménagements qui l'effrayaient, mais le fait de changer d'horizon. L'idée […] de ne plus faire le même chemin, chaque matin, le plus souvent à pied… » N’en bougera plus... sauf l'incertitude concernant l’étage : 3ème ou 4ème selon les romans. A droite :
- 140, bd Richard Lenoir / 16, rue Rampon / 83, rue de la Folie-Méricourt, PLU : Immeuble construit probablement en 1826 en même temps que l'ouverture du canal et attesté en 1841. Il a abrité, à partir de 1867, l'ancienne maison de grossiste Bouly (décors, revêtements de salles de bains et cuisines, articles sanitaires, carrelages etc.) dont la publicité sous la forme d'un panneau de céramique aux couleurs vives est apparente au niveau de l'entresol, sur la partie droite. Le bâtiment est constitué d'un grand corps de logis, double en profondeur et comportant huit niveaux : caves voûtées, rez-de-chaussée et étage en entresol, quatre étages carrés et un cinquième étage sous combles. La façade principale est traitée en arcades pleines jusqu'au premier étage, englobant les fenêtres de l'étage en entresol. La porte principale sous l'arche centrale est flanquée de deux niches rectangulaires ornées de statuettes dans le goût antique. Solidement bâties en pierre et moellon, les trois façades conservent encore les garde-corps d'époque aux dessins différenciés par étage.

- C’est de cette rue Rampon jusqu’à la Bastille que le Second Empire fait couvrir le canal Saint-Martin pour que sa cavalerie puisse y charger à l’aise, dès 1859.

On revient jusqu’à la rue J-P Timbaud par la rue de la Folie-Méricourt :
Sous Louis XIII, au nord du chemin de Ménilmontant (actuelle rue Oberkampf, elle prit le nom du manufacturier en 1864), existe déjà la folie de Moricaut ou Moricourt, on ne sait trop, dont le nom se fixera en Méricourt.
- n° 86, rue de la Folie-Méricourt, bâtiment en U, entretoisé par une ferme de fer.

On prend la rue de la Pierre Levée à gauche :
- 4 rue Pierre-Levée, ISMH, manufacture de Loebnitz, bâtiment peut-être de 1868, ou de 1880-84, par Paul Sédille, l’architecte du Printemps, sur lequel ont été posées les fresques réalisées pour le pavillon des Beaux-arts de l’Expo universelle de 1878.

- 12, rue Pierre-Levée, PLU : boutiques au r-d-c, ateliers et logements en étage, de 1907.

- 15, rue Pierre Levée : ateliers métallurgiques Kurz.

- 16, rue Pierre Levée : atelier sur cour.

- 20, Pierre Levée : frise de fleurs en céramique sur ancienne manufacture de porcelaine ; escalier en coin dans la cour.

- n° 23 rue Pierre-Levée : adresse d’une coopérative de production en 1906 : les Plombiers-couvreurs de la Seine.

- à l’angle de la rue Pierre-Levée et de cette rue (ouverte en 1750) qui avait été celle de la Fontaine nationale en 1792, et de la Fontaine au Tyran à la révolution de Février 1848, une barricade opposa le 23 juin 1848 une résistance farouche ;

- 17, Fontaine au Roi : dernière barricade présumée de la Commune (plaque). Le 28  mai, à 13h, y tenaient encore Jean-Baptiste Clément, Théophile Ferré, délégué à la Sûreté générale et son frère Hippolyte, Varlin, un garibaldien... « Au moment où vont partir leurs derniers coups, une jeune fille venant de la barricade de la rue Saint-Maur arrive, leur offrant ses services. Ils voulaient l’éloigner de cet endroit de mort, elle resta malgré eux. A l’ambulancière de la dernière barricade et de la dernière heure, Jean-Baptiste Clément dédia longtemps après la chanson des Cerises », écrira Louise Michel. C’est donc, sinon la dernière, en tout cas la barricade du Temps des cerises.

- L’octroi n’avait pas disparu avec les fortifications des grands boulevards, en 1660, l’octroi à roulettes, fait de barrières et de guérites mobiles, l’avait remplacé et sa ceinture souple s’ouvrait d’un cran à mesure que Paris grossissait. En 1724, il était installé à l’angle de la rue de la Folie-Méricourt (attestée en chemin depuis le 17e siècle). A l’Est de cette barrière, dans le triangle que délimitent la rue du Faubourg-du-Temple et celle de la Fontaine-au-Roi avec la rue Saint-Maur, (l’une des rares tangentes de la capitale, joignant l’abbaye de Saint-Denis à celle de Saint-Maur-des-Fossés), est né un village de guinguettes au milieu des « courtils », ces jardins du dimanche éloignés du logis citadin : la Courtille.
Parmi ces guinguettes, le Tambour Royal de Ramponneau (à l’angle de la rue de l’Orillon, alors chemin de terre, et de la rue Saint-Maur), qui en 1786, à la reconstruction d’une enceinte en dur, purement fiscale cette fois, le « mur des Fermiers généraux », sera devenu si glorieux qu’une barrière sera ouverte à son nom sur le boulevard de Belleville, au départ de la rue aujourd’hui Ramponeau. Les guinguettes, avec l’arrivée de l’octroi, étaient passées plus en amont sur la pente de Belleville.

On arrive sur la rue du fbg du Temple où, à l’angle du quai de Jemmapes, s’élevait dès 1815, Les Vendanges de Bourgogne. De ses balcons, c’est au champagne qu’on asperge la descente de la Courtille plutôt qu’à la farine et aux œufs.
La descente de la Courtille. « Sous l’austère Restauration, la mode vint, on ne sait comment, d’aller achever les orgies du mardi gras à la Courtille : la nuit s’y passait à boire, et au matin du mercredi des Cendres, c’était, pour les bourgeois vertueux, un divertissement incomparable que d’assister à “la descente de la Courtille”. » Paris Atlas.
« La nuit du mardi gras donc, une fois minuit passé, les danseurs de l’Opéra, des Variétés, etc., montaient s’encanailler avec les débardeurs et les mamelucks de la barrière de Belleville, on buvait, on sautait, on faisait tapage tous ensemble, c’était l’égalité dans l’orgie ; puis, dès six heures du matin, fiacres, cabriolets, chars-à-bancs, tous les véhicules enfin étaient envahis par cette foule en délire, et toujours hurlant, toujours vociférant, elle commençait un défilé qui, jusqu’au boulevard, avait lieu au petit pas, mais à dix heures du matin tout devait être rentré dans l’ordre. » Comme le carrosse de Cendrillon, la Courtille des plaisirs, à dix heures tapantes, redevient le Paris du travail.
Cette mode se maintiendra jusqu’en 1848. Une lettre de Victor Hugo à Juliette Drouet est datée « Mardi gras - 20 février 1849 » mais évoque celui de 1838 : « Je n'oublierai jamais cette matinée où je sortis de chez toi, le cœur ébloui. Le jour naissait, il pleuvait à verse, les Masques déguenillés et souillés de boue descendaient de la Courtille avec de grands cris et inondaient le Boulevard du Temple. Ils étaient ivres et moi aussi; eux de vin, moi d'amour. »
Les bals Chicard, qui se tiennent aux Vendanges de Bourgogne sous la monarchie de Juillet, du nom de leur promoteur, négociant en cuir du faubourg Saint-Antoine, sont à dix francs la carte, sur invitation. Néanmoins, les costumes chicards de carnaval continuent d’imiter ceux du peuple, avec comme types Balochard, « l’ouvrier tapageur et spirituel », Pétrin, le boulanger, etc. Milord l’Arsouille, patronyme hybride, symbole du riche encanaillé, qui conduira les descentes de la Courtille jusqu’à la dernière et sa ruine.
A compter de 1891, c’est le Funi qui dévale la Courtille, de l’église de Belleville à la République. Ce qui n’empêche pas que la transhumance ouvrière se fasse essentiellement à pied : le Paris-Atlas de 1900 peut encore écrire : « Au débouché de la rue du Temple rien de plus pittoresque à voir, entre 6 et 7 h du soir, que le spectacle de la marée humaine qui monte du cœur de Paris pour rentrer au faubourg ».

On aperçoit, à droite :
- 37, Fbg du Temple, dès 1876, le Boléro Star, devenu Bijou Concert, puis Bijou Théâtre, etc. En 1924, le théâtre et son architecture "fin de siècle" sont détruits pour faire place au Grand Cinéma du Palais des Glaces, sa façade, recouverte de miroirs, lui valant son nouveau nom. En 1960, la salle est transformée en salle de music-hall et de concerts. De grands noms s'y produisent dont Nina Simone, Marcel Dadi, Touré Kunda ; 1977 est l'année punk avec, au festival du Palais des Glaces, les Clash, les Damned, Jam, Generation X…

on descend jusqu’à la grisette :
- Entre le lotissement des marais du Temple, dont la rue du Grand Prieuré formait la limite Est, et la rue de la Folie-Méricourt, il n’y avait pas de constructions quand… la suite est dans Balzac, César Birotteau : « Du Tillet, instruit des intentions du gouvernement concernant un canal qui devait joindre Saint-Denis à la haute Seine, en passant par le faubourg du Temple, acheta les terrains de Birotteau pour la somme de soixante-dix mille francs. (…) Au commencement de l’année 1822, le canal Saint-Martin fut décidé. Les terrains situés dans le faubourg du Temple arrivèrent à des prix fous. Le projet coupa précisément en deux la propriété de du Tillet, autrefois celle de César Birotteau. La compagnie à qui fut concédé le canal accéda à un prix exorbitant si le banquier pouvait livrer son terrain dans un temps donné. »
Le canal est inauguré le 4/11/1825, jour de la fête de Charles X, dont le quai prend le nom ; il est livré au commerce un an plus tard, et devient quai de Jemmapes (victoire de 1792 sur les Autrichiens) en 1830.
Le canal a fait du faubourg du Temple le faubourg industriel du 19e siècle. La première pierre de l’Entrepôt (qui occupait tout l’espace compris entre la rue des Douanes (auj. Léon Jouhaux), la rue de Marseille et la rue aujourd’hui Yves Toudic) était posée le 29 juillet 1833. Mais le même canal, qui les a pour ainsi dire fait naître, fournit aussi aux ouvriers insurgés « une ligne de défense formidable » : en juin 1848, « il fallut du canon pour emporter les barricades élevées sur les deux rives à l’entrée du faubourg du Temple » ; les troupes de Lamoricière n’y parvinrent qu’au bout de cinq jours, le 26 juin, se rappelle La Bédollière. Napoléon III en tirera les conséquences : caserne du prince Eugène et couverture du canal.

- « grisette 1830 » de Joseph Jean Emmanuel Cormier, dit Joé Descomps (1869-1950), plutôt spécialisé dans les petits bronzes décoratifs, spécialement des nus féminins. Placée là en 1911 seulement, mais pas de façon totalement arbitraire puisque les Vendanges de Bourgogne, en face, ont été l’un des creusets de la Révolution de 1830, lors d’un banquet qui regroupa sous la Restauration le général Lafayette, commandant des gardes nationales en 1789, Godefroy Cavaignac, fils d’un Conventionnel (ne pas le confondre avec son frère Eugène Cavaignac, le sabreur de juin 1848), en gros des républicains partisans du suffrage universel, et d’autres, comme Odilon Barrot, prônant une monarchie constitutionnelle.
On va vite déchanter et, la Garde Nationale ayant été dissoute le 31 décembre 1831 par Louis Philippe, et Lafayette renvoyé, « La Société des Amis du Peuple » brave la décision royale en organisant aussitôt un banquet en leur honneur à ces mêmes Vendanges de Bourgogne. Durant le dîner, Évariste Galois, qui vient tout juste d’avoir 20 ans y lève son verre à la santé de Louis-Philippe alors qu'il a gardé son couteau dans l'autre main. D’autres, qui y ont vu un symbole, l’imitent en brandissant le couteau ; aussitôt, c’est la débandade générale, par les portes et par les fenêtres du jardin, de peur des suites policières.
Le lendemain, Évariste Galois est arrêté chez sa mère, au prétexte d'incitation à l'assassinat du roi. Il est emprisonné à Sainte-Pélagie, d’où il écrit à son ami Chevalier :
« ..Je suis sous les verrous ! ! !?..Tu as entendu parler des Vendanges de Bourgogne. C'est moi qui ai fait ce geste?? mais ne me fais pas la morale, car les brumes de l'alcool m'avaient ôté la raison. »

- 18-20 rue du Fbg du Temple, PLU : Ensemble composé d'un bâtiment principal en retrait de six étages sur rue et d'une série d'ateliers de part et d'autre d'une verrière. Il est construit vers 1909 par Henri-Paul Nenot, architecte de la nouvelle Sorbonne, pour le compte de la compagnie d'assurances "La Nationale" pour y abriter une société de "démonstration de la mécanique moderne". La façade du bâtiment principal est composée de neuf travées enserrées aux trois premiers étages par des piliers en pierre et couvert par un arc surbaissé en brique. Les grandes baies vitrées reposent sur des allèges décorées d'un panneau de céramique vernissée. Le retrait du quatrième étage forme un balcon. Logements au-dessus des ateliers et entrepôts. Le passage conduisant aux ateliers est ouvert dans l'axe médian. Deux atlantes sculptés signalent son entrée. Les ateliers sont disposés régulièrement sur deux niveaux de part et d'autre d'une cour profonde couverte par une verrière en bâtière. Le pont roulant de l’entreprise de machines-outils des Grands Travaux parisiens. De 1950 à 1980, activité textile : Cacharel y a eu son show room et son siège social. Philippe Starck y a installé ses bureaux en 2001.

Au bout de la rue du Fbg du Temple, le Second Empire a donc installé, pour verrouiller ces nouveaux faubourgs dangereux qui remplacent celui de Saint-Antoine, que tenaient la Bastille et l’arcade Saint-Jean, la vaste caserne du Prince-Eugène, en 1854-59, pour 3 200 hommes, et le boulevard où pourront rouler les canons du Prince-Eugène (auj. Voltaire), à partir de 1857, inauguré en 1862.

A l’autre coin, commençait le « boulevard du crime » (le bd du Temple, qui partait d’ici, la place n’ayant pas les dimensions actuelles), où les spectacles commençaient à 6 heures et comptaient 12 à 15 actes. Le Théâtre Historique d’Alexandre Dumas s’y ouvre le 20 février 1847, au coin de la rue du Faubourg-du-Temple, avec la Reine Margot, pour laquelle les spectateurs auront fait deux jours et deux nuits de queue. Mais son spectacle le plus emblématique reste le Chevalier de Maison-Rouge. Mélingue tient le rôle titre de cette adaptation de l’Histoire des Girondins de Lamartine, qui avait déjà été un gros succès de librairie, et qui fournira son hymne à la révolution de 1848 :
Mourir pour la Patrie, (bis)
C’est le sort le plus beau, le plus digne d’envie ! (bis)


- place de la République. Le 10 février 1935, PC et PS y commémorent en commun, nombreux, les victimes de 1934, les morts du 9 février. Les fleurs déposées sur le socle de la statue sont ensuite transportées à la Grange-aux-Belles pour y être exposées puis finalement emportées le lendemain au Père Lachaise. Il y faudra 14 taxis en 1935, et 26 en 1936.
Le 14 juillet 1936, plusieurs centaines de milliers d’ouvriers parisiens célèbrent leur victoire. Outre les 905 drapeaux que dénombre la police, dont 61,5% de drapeaux rouges, les portraits de dirigeants sont nombreux à être brandis. Les peintres du PC font défiler des reproductions géantes de toiles réalistes du passé : « Le musée, nous le portions dans la rue, et c’est nous qui, en reproduisant à des proportions colossales la Rue Transnonain ou le Tres de Mayo [sur 10 m de long], avons rendu au peuple la connaissance de ses images les plus hautes. » On a reproduit non seulement les œuvres des peintres mais encore les portraits de leurs auteurs, ceux  d’écrivains et de poètes, ceux de figures révolutionnaires : Fouquet, Callot, Courbet, Ronsard, Diderot, Hugo, Barbusse, Anatole France, Marat, Jaurès. « Je portais Jacques Callot, peint en camaïeu par Gruber et lui un Daumier de ma main », racontera plus tard Boris Taslitzky.
Dans ce défilé sont aussi présents les ouvriers algériens de l’Etoile Nord-Africaine, dont le drapeau vert et blanc frappé d’un croissant rouge est apparu pour la première fois au grand jour exactement un an plus tôt, dans le défilé du 14 juillet 1935. Le Parti du Peuple Algérien naîtra l’année suivante, en mars 1937, à Nanterre.
Le 4 septembre 1936, ce ne sont plus les masses du Front Populaire mais seulement « l’avant-garde », « les ouvriers des grandes usines », comme l’explique Thorez au comité central, qui ont défilé devant une gerbe déposée au pied de la statue de la République pour glorifier les héroïques défenseurs des libertés espagnoles, en criant « des fusils, des canons pour l’Espagne ».

- cirque Myers, place de la République, PLU : immeuble des Magasins Réunis, construit en 1866 par l'architecte Gabriel Davioud réalisé en symétrie de la caserne Vérines, aujourd'hui hôtel Holyday Inn ; dans l'immense cour carrée, le cirque Myers.
Le 21 janvier 1878, une brochette de progressistes prépare le centenaire de Voltaire au Tivoli Vauxhall (12,14,16 rue de la Douane (auj. Léon Jouhaux), place du Château-d’Eau). Parmi eux, le député quarante-huitard Schoelcher, qui a fait voter l’abolition de l’esclavage, l’industriel Scheurer-Kestner qui jouera un rôle important dans la défense de Dreyfus, l’industriel Émile Meunier, qui a été des 50 (contre 392) à voter l’amnistie des Communards en 1876, et propriétaire du Bien Publicl’Assommoir parut en feuilleton. Il renommera d’ailleurs son journal en Voltaire.
Quand arrive la cérémonie prévue du centenaire, le 30 mai 1878, toute manifestation extérieure a été interdite. C’est donc au cirque Myers que les présidents des Conseils municipal et général, une vingtaine de conseillers et de députés, et 5 à 6 000 personnes se réunissent autour de la statue de Voltaire posée sur un char qui restera immobile, et lancent des appels en faveur des détenus politiques.

Entre les actuels avenue de la République et boulevard Voltaire, toujours sur le Boulevard du Crime, aux Folies-Dramatiques triomphe Frédérick Lemaître, « le comédien du peuple, l’ami du peuple, adopté et créé par le peuple ». Face aux « comédiens ordinaires du roi des Français », écrit Jules Janin en 1835, c’est le « comédien des faubourgs, comédien de toutes les passions aux joues rubicondes, aux bras nerveux, aux reins solides, qui vont le voir, l’admirer et l’applaudir ! » La Vie et la Résurrection de Robert Macaire, poursuit Janin, est son Mariage de Figaro : « Figaro, Macaire, deux hommes qui ont existé, deux hommes révoltés contre la société chacun à sa manière, l’un avec son esprit, l’autre avec son poignard ; deux escrocs tous les deux, l’un dans le salon, l’autre sur le grand chemin ; deux hommes d’esprit et qui font rire tous les deux ». Chez Marx, Louis Philippe deviendra « Robert Macaire sur le trône »

Aux environs du n° 52 bd du Temple : les Funambules sont le croissant de lune où s’assied Pierrot, alias Gaspard Debureau, et pour la première d’une pantomime de Champfleury, Pierrot, valet de la mort, « il y avait épars dans les loges, aux galeries, dans l’orchestre, selon L’Écho du 27 septembre 1846, Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Théodore de Banville, Henri Murger, Baudelaire-Dufays, Privat d’Anglemont, Pierre Dupont... ».

- 42, bd du Temple, PLU : immeuble Louis-Philippe très caractéristique : balcon filant et garde-corps en fonte comme les vantaux de la porte ; surélévation ultérieure.
Flaubert, de 1856 à 1869, y a son domicile, au 3e étage, au-dessus de l’appartement de sa mère : « une antichambre, 2 pièces à feu ayant chacune une fenêtre sur le boulevard ; une salle à manger, une autre pièce à feu, une cuisine sur la cour, WC à côté de la cuisine, sortie de service » Il en est au chapitre 8 de la troisième partie de Mme Bovary.
Dès le lendemain de la parution de leur Charles Demailly, - on est au début de 1860 – voilà les frères Goncourt « boulevard du Temple, dans le cabinet de travail de Flaubert, dont la fenêtre donne sur le boulevard et dont le milieu de cheminée est une idole indienne dorée. Sur sa table, des pages de son roman qui ne sont presque que ratures. De grands, de chauds et de sincères compliments sur notre livre, qui nous font du bien au cœur ; une amitié dont nous sommes fiers... »
Flaubert reçoit le dimanche, sur son grand divan de cuir surmonté d’un moulage de la Psyché de Naples, la pittoresque actrice Suzanne Lagier, et Sari, son amant, directeur du théâtre des Délass’Com’. George Sand aussi.
En face, le Jardin turc, si compassé - Jouy, dans les années 1810 : « Ici, tout était calme, sang-froid, gravité; c’était l’assemblée des oisifs du Marais : les uns, assis en cercle, discutaient un exemple de longévité, sur la foi de la gazette de Presbourg, et le plus grand nombre, regardant jouer au billard, attendait l’occasion de donner son avis sur un carambolage équivoque ». Un guide de 1830 assure encore que « les dames du Marais y viennent pour se distraire du silence et de l’ennui qui règnent dans leur quartier désert » -, a été repris par Bonvalet sous la monarchie de Juillet.
Flaubert, dans une lettre aux Goncourt du 20 mai 1868, leur explique pourquoi ils ne l’ont pas vu au bal des Tuileries, c’est-à-dire de l’Empereur :
« Rentré chez moi, dimanche, à onze heures et demie, je me couche, en me promettant de dormir profondément, et je souffle ma bougie. Trois minutes après, éclats de trombone et battements de tambour ! C’était une noce chez Bonvalet. Les fenêtres dudit gargotier étant complètement ouvertes (vu la chaleur de la nuit), je n’ai pas perdu un quadrille ni un cri ! L’orchestre (comme j’ai l’honneur de vous le répéter) était enjolivé par deux tambours !

      À six heures du matin, re-maçons. À sept heures, je déménage pour aller loger au Grand-Hôtel.
      Là, trois quarts d’heure de promenade avant de trouver une chambre.
      À peine y étais-je (dans la chambre) qu’on se met à clouer une caisse dans l’appartement contigu. Re-promenade dans le même hôtel pour y découvrir un gîte. Bref, à neuf heures, j’en sors et vais à l’hôtel du Helder, où je trouve un abject cabinet, noir comme un tombeau. Mais le calme du sépulcre n’y régnait pas : cris de MM. les voyageurs, roulement des voitures dans la rue, trimbalage de seaux en fer-blanc dans la cour.
      De 1 heure à 3 heures, je fais mes paquets et quitte le boulevard du Temple.
      De 4 à 6 heures, avoir tâché de dormir chez Du Camp, rue du Rocher. Mais j’avais compté sans d’autres maçons qui édifient un mur contre son jardin.

      À 6 heures je me transporte dans un bain, rue Saint-Lazare. Là, jeux d’enfants dans la cour et piano.

      À 8 heures, je reviens rue du Helder, où mon domestique avait étalé sur mon lit tout ce qu’il me fallait pour aller, le soir, au bal des Tuileries. Mais je n’avais pas dîné et, pensant que la faim peut-être m’affaiblissait les nerfs, je vais au Café de l’Opéra.
      À peine y étais-je entré qu’un monsieur dégueule à côté de moi.
      À 9 h, je retourne à l’Hôtel du Helder. L’idée de m’habiller m’épuise comme une saignée aux quatre membres. Je renâcle et je me décide à regagner les champs au plus vite. Mon serviteur fait ma cantine.

      Ce n’est pas tout. Dernier épisode : ma cantine déroule de l’impériale du fiacre par terre et me tombe sur l’épaule. J’en porte encore les marques. Voilà.

      À vous. »

Le 19 juillet 1869, le portier du 42 boulevard du Temple réveillera Flaubert, à l’aube, pour lui remettre une dépêche lui annonçant la mort de Bouilhet, à quarante-sept ans.

Auparavant, le 2 décembre 1851, une poignée de réfractaires au coup d’État, Charamaule, Baudin, Edgar Quinet..., s’était réunie 70, rue Blanche. Victor Hugo en était parti, pour accompagner le colonel Forestier qui se faisait fort de rallier la 6e légion de la garde nationale dont il avait été destitué par le prince président. Les renseignements glanés en chemin ne sont pas encourageants ; Forestier préfère maintenant s’arranger à l’amiable que de se faire réinvestir du commandement par Hugo devant la troupe. On se retrouvera chez Bonvalet, 29 bd du Temple, où rendez-vous a déjà été fixé avec Michel de Bourges et d’autres représentants. Quelques heures se passent en aller et venues, en vaines tentatives. « Tout à coup, quelqu’un me poussa le bras, raconte Hugo. C’était Léopold Duras, du National. - N’allez pas plus loin, me dit-il tout bas. Le restaurant Bonvalet est investi. »
Vingt ans plus tard, à l’orée de la Commune, le restaurateur Bonvalet, élu de Paris, s’efforcera avec le poseur de papiers peints Héligon, membre de l’Internationale, et Tolain, élus eux aussi, de trouver un terrain d’entente entre l’Assemblée, qui siège maintenant à Versailles, et le Comité Central de la Garde Nationale. Les pourparlers ont lieu, bien sûr, au restaurant. Versailles refuse, rappelle ses élus et le métallo Assi, président du Comité Central se retrouve maître de Paris le 18 mars 1871.

Vers le n°36 du bd du Temple, s’élevait de 1787 à 1847 le cabinet des Figures de Cire.  Au premier frémissement de la Révolution de 1789, c’est au milieu des théâtres que le peuple s’assemble, pour prendre à l’établissement des figures de cire de l’Allemand Curtius les bustes de Necker, le ministre disgracié, et du duc d’Orléans, qu’il va porter en triomphe jusqu’aux Tuileries.
On applaudit sur le boulevard, à partir de 1760, les « grands sauteurs et danseurs de corde » de la future Gaîté, et « les petits enfants » de l’Ambigu-Comique, troupes que la du Barry fera venir, l’une et l’autre, devant le roi pour le distraire de son humeur maussade ; les écuyers du Cirque-Olympique, les prestidigitateurs des Délassements-Comiques, familièrement abrégé en Délass’Com’. Ces théâtres sont entremêlés de cafés.
A la Révolution, la liberté des théâtres a permis à quelques-unes de ces salles de se consacrer à l’art dramatique, avec bientôt un répertoire très spécifique. Le Moine, de Lewis, est adapté par Pixérécourt dès l’année suivant sa parution en Angleterre et connaît quatre-vingts représentations à la Gaîté, en 1797, alors que le roman attendra 1840 pour être traduit. Les Pénitents noirs, d’Ann Radcliffe, qui eux bénéficieront d’une traduction plus rapide, y ont été aussitôt joués. C’est boulevard du Temple que la première génération romantique se met à l’école du fantastique anglo-saxon.
La parade, devant les salles, appelle les spectateurs à entrer ; elle a ses célébrités dont Bobêche, veste rouge, perruque de filasse, bicorne gris au-dessus duquel un papillon vibre au bout d’une tige de fil de fer. C’est sur le chemin de Charles Nodier, qui habite 63 boulevard Beaumarchais en 1824, et en est si fasciné que ses perpétuels retards au ministère de l’Instruction publique lui valent une remontrance. Il avoue ses interminables stations devant les tréteaux. « Monsieur, lui répond le ministre, vous voulez m’en imposer, je ne vous y ai jamais vu. »

- 18, bd du Temple, PLU : Immeuble Louis-Philippe présentant une façade composée de dix travées et de quatre étages carrés sur rez-de-chaussée et entresol. Grande porte cochère en plein cintre à imposte ajourée d'une grille en fonte englobant le niveau d'entresol. Vantaux en bois conservés. Au-dessus de la porte, balcon soutenu par des consoles desservant trois travées au premier étage. Balcon filant devant les lucarnes. Corniche à modillons.

- Les rues d’Angoulême (fils du comte d’Artois, donc neveu de Louis XVI, dernier grand prieur du Temple (auj J.-P. Timbaud), de la Tour (auj. Rampon, où l’on est passé précédemment), de Crussol, que l’on va croiser ensuite et qui porte le nom du chevalier de Crussol (1743-1815), bailli du Temple, forment avec les rues perpendiculaires de Malte et du Grand-Prieuré le maillage du lotissement de la « Ville-Neuve d’Angoulême » que ledit Alexandre Charles Emmanuel de Crussol a fait ouvrir dans les marais du Temple, dans les années 1780, pour en améliorer les revenus. La rue Amelot portait le nom de Fossés du Temple.

- cirque d’hiver, 110 rue Amelot, dû à Hittorf, en 1852, comme le cirque d’été mais 10 ans après le premier. Le 27 avril 1902, une assemblée générale des sociétaires de la Bellevilloise y entend « les politiques » du Cercle des coopérateurs, Louis Héliès (1872-1932), ouvrier mécanicien, député PS de 1924 à 1932, directeur du Magasin de gros des coopératives, Prost, facteur des Postes et Joseph Lauche, mécanicien, socialiste dissident, député du 11e, dénoncer les « pots-de-viniers » qui sont en train de couler la coopérative. Les gérants indélicats sont reconduits de force à la porte et quelque peu bousculés sur le terre-plein devant le cirque.
Le 1er mai 1931, manifestation interdite comme les précédentes, le PC et la CGT ont appelé les grévistes à se rassembler ici. Un millier d’interpellations, à ses abords, les en empêcheront.
L’année suivante s’y tient le Congrès national ouvrier et paysan contre la guerre, appelé par Henri Barbusse et Romain Rolland, en prélude au congrès international d’Amsterdam, les 2 et 3 juillet 1932 avec comme invités Gaston Bergery et Jacques Doriot mais aucun délégué de la Ligue communiste, qui s’en fait sortir manu militari. On ne fait pas la paix avec tout le monde.

- 21, rue Oberkampf / 1, rue de Malte, PLU : Maison d'angle d'origine du XVIIIe siècle transformée élevée d'un étage carré sur rez-de-chaussée. Pan coupé à l'angle. Toiture à la Mansart. Lucarnes.

- en face, 18, rue Oberkampf, PLU : Immeuble d'habitation d'aspect fin XVIIIe-début XIXe non altéré. Cheminée d’usine dans la cour.

- domicile de Gérard Lorne, 22 rue Oberkampf. Dans l’appartement de ce militant de la Voie communiste, qui a failli être le lieu d’une réunion inter-willayas à l’été 1959, la police saisit le 30 septembre quarante-quatre millions d’anciens francs appartenant au F.L.N.

- Baille-Lemaire, fabrique de jumelles, 26 rue Oberkampf. Baille, qui a créé sa fabrique dès 1847, s’est associé à son gendre, Lemaire, en 1871. Dès 1869, un système de primes a été inauguré pour les ouvriers présents dans l’entreprise depuis plus de 6 mois, et qui n’ont pas perdu plus de 3 heures dans la semaine. Elle est égale à 5% du gain de la semaine, à quoi s’ajoutent 5% versés à la caisse de retraite. A compter de 1885, une participation aux bénéfices est instaurée qui, après 1892, se fera selon ces modalités: 1/3 des bénéfices vont au capital, 1/3 à l’amortissement, 1/3 aux employés et ouvriers qui comptent plus de 5 ans d’ancienneté. Ce tiers des bénéfices, réparti au prorata des salaires, est versé pour les 2/3 en espèces et pour 1/3 à la caisse de retraites. L’entreprise compte un pensionnat des apprentis, une caisse de secours, une harmonie des ateliers, une union d’épargne.
[Une centaine de maisons connues pratiquent la participation en France autour de 1900. Une société pour l’étude pratique de la participation du personnel dans les bénéfices a été fondée en 1879, par Charles Robert, directeur de l’Union (incendie), Alban Chaix, de l’imprimerie qui porte son nom, Alfred de Courcy, administrateur de la Compagnie d’Assurances Générales, et Edouard Goffinon, chef d’une entreprise d’hydraulique et d’électricité ; cette société organisera deux congrès internationaux sur le sujet, en 1889 et en 1900 ; elle publie un bulletin. Le groupe d'économie sociale, lors de l'Exposition universelle internationale de 1889, y consacrera une section. La participation a commencé chez Leclaire, peintre en bâtiment, 11 rue Saint-Georges, en 1842 (l’homme est né en 1801)]

- Le Bataclan, construit en 1864 par l’architecte Charles Duval (également celui du Grand-Café Parisien qui succéda au Vauxhall que rappelle la Cité du Vauxhall donnant dans le bd de Magenta), tire son nom d’une « chinoiserie musicale » d’Offenbach et Halévy dont les personnages s’appellent Fé-Ni-Han pour le souverain, et Ko-Ko-Ri-Ko pour un chinois dont on apprend qu’il est un Parisien né rue Mouffetard enlevé par des chinois ; énorme succès en 1856, d’où une architecture de simili pagode. En 1892, Paulus y tiendra la vedette; puis spectacle de Buffalo Bill ; on y verra Maurice Chevalier en 1910. La forme en pagode durera jusqu’en 1950.

- 48, rue Saint-Sébastien, PLU : Maison datant du milieu du XVIIIe siècle donnant à l'arrière sur un jardin. Façade composée de huit travées et de deux étages carrés sur rez-de-chaussée. Toiture comprenant quatre lucarnes en bâtière. Escalier du XVIIIe siècle à garde-corps à barreaux carrés et vide central. Elle figure sur le plan de la censive de l'Archevêché.

- 56, rue Saint-Sébastien, PLU : Grande maison à loyer fin XVIIIe caractéristique du premier lotissement de la "Ville-Neuve d'Angoulème" par le marquis de Crussol.

- Au sud du chemin de Ménilmontant qui est l’actuelle rue Oberkampf, la rue s’appelait Popincourt parce qu’autour du manoir de Jean de Popincourt, président du parlement de Paris de 1403 à 1413, s’était constitué sous Charles VI, le hameau éponyme. Popincourt ne fait guère parler de lui au siècle suivant que dans la mesure où les huguenots s’y réunissent, ce qui ne leur est possible qu’en dehors de Paris. Il semble établi qu’en décembre 1560 un nommé Lestang prêche la Réforme à Popincourt devant six mille personnes en dépit d’une pluie battante et, le 26 février de l’année suivante, devant vingt-cinq mille, tous chiffres sans commune mesure avec la population du hameau.
Deux jours après « le vacarme de Saint-Médard », ainsi que l’on nomme les exactions dont les protestants ont été victimes le 27 décembre 1561 au bas de la rue Mouffetard, le connétable de Montmorency les réitère à Popincourt en venant avec sa troupe y mettre à sac le second des deux temples autorisés dans les faubourgs. Restauré après qu’un édit a réaffirmé la légitimité de l’exercice du culte réformé à l’extérieur de la ville, il est pourtant la cible d’une nouvelle expédition punitive de Montmorency, qui fait cette fois un si grand bûcher des débris du saccage que le feu s’en communique au temple qu’il réduit en cendres.
Sous Louis XIII, alors que le hameau est devenu faubourg, rattaché à celui de Saint-Antoine, s’établissent à Popincourt les annonciades du Saint-Esprit, autour de leur chapelle qui deviendra l’église Saint-Ambroise (le couvent, lui, périclite et les annonciades le vendent en 1781) et, à l’ouest de la folie de Régnault où se sont installés les jésuites, les hospitalières de la Charité-Notre-Dame que l’on dira bientôt de la Roquette.
Popincourt est ce que le voit Paris-Atlas le boulevard franchi : « Nous voici définitivement entrés dans le Paris du travail, la ruche ouvrière des laborieuses abeilles (pourquoi faut-il qu’il s’y mêle tant de nuisibles guêpes !) »
Le 6 janvier 1902 sera découvert, rue des Haies, un véritable arsenal, nécessaire à régler le différend qui opposait la bande des Popincourt, commandée par Leca, à celle des Orteaux, dirigée par Manda (de son vrai nom Joseph Pleigneur), à propos de Casque d’or. C’est pour en qualifier les membres que le journaliste Arthur Dupin lança le mot d’apaches.

- Le Livre commode des adresses de Paris pour 1692, d’Abraham du Pradel, « philosophe et mathématicien », recommande les « baignoires et étuves vaporeuses de nouvelle invention qui se tiennent en jardin médicinal de Pincourt [ainsi que l’on désigne le plus communément Popincourt], entre la porte Saint-Louis et la porte Saint-Antoine ». Il s’émerveille de la pension pour les malades, « au milieu de cette grande et belle rue, [à l’actuel n° 20 de la rue de la Folie-Méricourt] à l’opposite du cours planté sur le rempart, dont elle n’est séparée que par de vastes marais bien cultivés, ce qui forme le plus bel aspect du monde. Outre la face et les deux ailes du principal corps de logis, il y a encore au bout d’un grand jardin au-dessus d’une haute terrasse en parterre, un pavillon de Belvédère, d’où l’on découvre de tous côtés des vignobles, des plaines, des collines, des jardins et des maisons de plaisance ». Il vante enfin la bibliothèque « qui est ouverte seulement les dimanches après vêpres, en faveur des médecins, des chirurgiens et des apothicaires artistes, qui confèrent en même temps sur les nouvelles découvertes qui se font dans les sciences naturelles et dans les arts qui en dépendent ».
Il se trouve qu’Abraham du Pradel est le pseudonyme de Nicolas de Blégny, propriétaire de la pension, de la bibliothèque et du jardin médicinal, qui ne saurait être mieux servi que par lui-même.
Au n° 22, la voie privée a été rebaptisée villa Nicolas de Blégny en 1997.
Au 18ème siècle, le duc de Fronsac, fils du maréchal de Richelieu, a fait sa « petite maison » dans l’ancienne propriété de Blégny, dotée naturellement d’un théâtre, qu’on a connu comme la « Comédie bourgeoise de Popincourt ».

- 38, Folie-Méricourt, on aperçoit un jardin au-delà de la grille, qui nous évoque un peu le Popincourt de Nicolas de Blégny.

- 112, bd Richard Lenoir, PLU : Immeuble d'angle élevé en 1889 par l'architecte Emile Pouget présentant une remarquable composition néo-Louis XVI des façades caractéristique de l'architecture commerciale de la seconde moitié du XIXe siècle.

- 14, rue Ternaux /1-9, rue du Marché Popincourt. PLU : Ensemble de la fondation Rothschild, 1904, Nénot, architecte-conseil, Rey et Provensal, chargés des dessins et études ; 74 logements, du studio au 3 pièces ; peu de services communs. Son architecte Augustin Rey promoteur du concept de « cour ouverte » élève, entre les rues Bargue et Mathurin-Régnier, dans le 15e, un ensemble qui est l’une des premières applications parisiennes des redans séparés par des squares. A l’intérieur, les murs des cages d'escalier sont recouverts, jusqu'à mi-hauteur, de carreaux de céramique blanche émaillée carreaux-métro, de Gentil et Bourdet.

- l’avenue de la République, ouverte en 1892, remplace alors la rue de la Roquette comme voie de la montée au Père-Lachaise.

- 90, av Parmentier, PLU : Immeuble de logement construit en 1909 par l'architecte Xavier Schoellkopf. L'immeuble exploite pleinement sa situation en angle sur un carrefour et offre une interprétation assagie du style Art Nouveau.

- Piat et ses fils, 85 et 87 rue Saint-Maur (immeuble neuf aujourd’hui), métallurgie (usines à Soissons et Roubaix également). Depuis 1881, 10% des bénéfices sont attribués à la participation, réservée aux ouvriers présents depuis plus de 5 ans ; la répartition est proportionnelle aux salaires, versée pour moitié en espèces et pour moitié à la Caisse nationale des retraites, au nom du titulaire, à capital réservé.
Une société de secours mutuels, fondée en 1850, donne droit, outre les soins médicaux et pharmaceutiques, à une retraite annuelle de 200 Frs, complétée à 360 Frs par la maison. Une caisse de prévoyance vient en aide aux sociétaires qui ont épuisé leurs 9 mois de secours accordés par la société de secours mutuels. L’établissement parisien compte une harmonie et une bibliothèque.
Pour ce qui est de la participation, trois entreprises du 11ème la pratiquent en 1906, sur une cinquantaine de sociétés parisiennes recensées par la société citée plus haut, dont un gros tiers sont des compagnies d’assurances.

- Au 83, le bâtiment où se trouve le garage Jemmapes ne manque pas d’allure.
Le 81, était l’adresse, en 1906, de la coopérative de production des facteurs en instruments de musique.

- 79, av de la République, PLU : Ecole Supérieure de Commerce de Paris construite en 1898 par les architectes Joanny Bernard et Emile Robert. Elle présente sur rue une façade en pierre de taille composée d'un arrière-corps central d'un niveau sur rez-de-chaussée et de deux ailes massives en retour. Elle présente surtout, au haut de son aile droite, dans l'axe de la rue Servan, en guise de Liberté, Egalité, Fraternité, trop banales, cette magnifique devise : "Colonies", "Exportation" ! La dimension des baies permet un éclairage optimal des salles de cours. Architecture caractéristique de la monumentalité et du rationalisme affichés par les équipements d'enseignement sous la Troisième République.

- 52, rue Servan, PLU : Immeuble d'activité vers 1900 présentant une façade traitée dans le goût pittoresque en meulière, rythmée par de grandes baies d'atelier, et composée d'un étage sur rez-de-chaussée. Toiture en bâtière.
- 44, rue Servan, PLU : Immeuble de rapport du début du XXe siècle présentant un décor troubadour. Façade de quatre travées et cinq étages carrés sur rez-de-chaussée animée par deux bow-windows. Porte surmontée d'un décor sculpté néo-médiéval.
- 42, rue Servan, PLU : Pavillon et magasin construit en 1885 par l'architecte Etienne-François Billot, disciple de Train aux Beaux-Arts. Façade présentant un jeu de brique décoratif. A gauche de la façade, porte cochère ornée d'une clef saillante. Au milieu de la façade, porte en pierre encadrée par deux pilastres cannelés soutenant un fronton en arc de cercle.

- Hôpital des métallurgistes, polyclinique des bleuets, 9 rue des Bleuets. Ouverte en novembre 1938 par la CGT métaux ; 1 maternité ouverte en 1947; 1 antenne chirurgicale, 1 cabinet dentaire. En 1952, le docteur Lamaze y ramène d’URSS « l’accouchement sans douleur », qu’il a découvert à plus de 60 ans, et la clinique restera en pointe dans ce domaine. En 1956, on obtient le remboursement par la Sécurité Sociale de 6 séances de préparation à l’accouchement. (Le nouveau site des Bluets, au 4/6 rue Lasson dans le 12ème, reste un établissement de Santé Privé et d’Intérêt collectif du secteur non-lucratif, géré par l’Association Loi de 1901 Ambroise Croizat.)

- arrière de Sup de Co municipale, 1898 ; sur Jean-Aicard, bâtiment moderne et transition ; arrière sur impasse Gaudelet, en brique d’allure industrielle.

- l’Union ouvrière du 11e, 19-21 rue Moret (la rue est ouverte en 1853). Créée en 1871, cette coopérative de consommation, la plus importante de l’arrondissement après la fin de la Moissonneuse, compte 1 200 sociétaires dans les années 1900.

- Bariquand, 127 rue Oberkampf. Sont aussi au 97 Oberkampf quand, en 1901, ils font construire 13 impasse Gaudelet. C’est la plus importante firme de machines-outils française. Elle est déjà Bariquand et Mare quand les frères Wilbur et Orville Wright (qui ont effectué leur 1er vol en 1903, et qui sont conseillés par l’ingénieur Chanute, un Français naturalisé américain, qui mourra à Chicago) y font leur première visite le 6 novembre 1907. Le moteur qui en sortit est au musée de l’air. Au Cnam, on conserve le mètre étalon que l’entreprise manufactura en 1931. En Corée, au Japon, on dit une « parikkang » (nom de marque devenu nom commun, et avec l’accent) pour une machine à coudre, Bariquand y ayant longtemps dominé le marché. L’entreprise faisait aussi des tondeuses mécaniques à cheveux.

- 5 cité Griset et 123 rue Oberkampf, la Fonderie de cuivre d’Antoine-Alexandre Griset. De ses 1 870 m2 de fonderie et de laminoirs, installés là dès 1825, il ne reste que Griset Métaux gravé au linteau du porche, et le nom du manufacturier donné à la cité.
Au fond de ladite cité Griset, on jouxte l’impasse de la Baleine, où est inaugurée le 2 mai 1937, comme annexe de la maison des métallos, l’école de rééducation et de formation professionnelle pour les chômeurs (70 étaux, 20 machines). Ils continuent à toucher leur indemnité de chômage mais sont dispensés de pointage. En 1,5 ans, 400 élèves sont rééduqué et placés. Cette expérience contribuera à la création de l’AFPA, l’Association pour la Formation Professionnelle des Adultes.

- 96 et 98, Oberkampf (coin Cité de l’Industrie), PLU ; caractéristiques de l’ancien faubourg du 19ème siècle : au 98, porte cochère englobant les 2 premiers niveaux et desservant à l’arrière une ancienne cour d’activité.

- en face, n° 109, Café Charbon, PLU : ancien commerce de "Vins Charbons Liqueurs", typique des bistrots auvergnats qui fleurissaient dans l'arrondissement à cette époque.
-101-103 de l’autre côté de la rue Saint-Maur, PLU, Maisons caractéristiques de l'ancien faubourg au XIXe siècle. Au n°101, façade sur rue composée de trois travées et de quatre étages carrés sur rez-de-chaussée, surmontée d'un fronton triangulaire. Au n°103, façade sur rue composée de deux étages carrés sur rez-de-chaussée. Plusieurs lucarnes en bâtière.
Une coopérative de production, celle des Coiffeurs de France, était 102, rue Saint-Maur (à l’angle de la rue Oberkampf) en 1906.

A propos du Café Charbon, les Auvergnats de Paris, d’abord peigneurs de chanvre, ont été suivis par les mariniers qui descendaient l'Allier et le canal de Briare pour vendre sur les quais de la Seine le charbon de Brassac, qu'ils avaient transporté dans leurs bateaux « jetables » débités en planches à l’arrivée. Bougnat est l’abréviation de charbonnier.