- siège du Mouvement Populaire
des Familles, 25 rue du Moulinet. Ce mouvement, très important dans les
années d’après la Libération, va passer de l’Action catholique au mouvement
ouvrier en se déconfessionnalisant. Une scission regroupera une partie de ses
militants dans un Mouvement de libération du peuple, qui comptera encore
4 000 membres à la fondation du PSU, dont il sera partie prenante. Pendant
les grèves de février-mars 1950, très proche des dominicains de la mission
Saint-Paul, le MLP se retrouvera dans un Comité de soutien aux familles des
grévistes, aux côtés du PC, de la CGT et de la CFTC. Il y a eu, de part et
d'autre, 2 coopératives de production : au 11, celle des
Puisatiers-Cimentiers, au 38, celle des ouvriers piqueurs de grès de Paris et
du dpt de la Seine, créée en 1886. Aujourd’hui local parisien des Alternatifs.
- mission ouvrière Saint-Paul,
48 av d’Italie. La mission ouvrière dominicaine loue ici, à partir de
septembre 1946, une petite maison composée, au rez-de-chaussée, d’une cuisine,
d’une salle à manger et de deux pièces qui font, pour celle donnant sur la rue,
salle de réunion, et pour celle de la cour, chapelle. Dans la chapelle, le
jésuite Henri Perrin, proche des ajistes comme l’on dit des assidus des
Auberges de Jeunesse, vient chaque semaine célébrer une « messe des
campeurs », suivie par ses amis avec beaucoup de ferveur. Dans la salle de
réunion, des syndicalistes de la CFTC, de la CGT et de FO se réunissent toutes
les cinq à six semaines. A l’étage, quelques chambres, où loge le père Joseph
Robert, qui suit une formation d’ajusteur puis travaillera d’abord dans une
fonderie du 11e ensuite, vers 1950, à la Snecma. La revue Economie
et Humanisme y ayant installé une antenne, le père Lebret réside également
ici quelques jours par mois. C’est à la mission ouvrière Saint-Paul que, suite
à l’Appel de Stockholm du 19 mars 1950, s’élabore le manifeste « Des
chrétiens contre la bombe atomique », dans lequel quarante-six
personnalités déclarent approuver ledit Appel.
Expulsés par leur propriétaire,
les dominicains essaimeront vers Vitry et Chaville.
- dominicains d’Arcueil, 38 av
d’Italie, Le 17 mai 1871, un incendie éclate dans le château où siège
l’état-major du 101e bataillon, proche de l’école des dominicains
Albert-le-Grand d’Arcueil. Une douzaine de moines et leur prieur, le père
Chaptier, accusés d’avoir mis le feu, sont arrêtés le 19, par ordre de
Wroblewski. Conduits le jour même au fort de Bicêtre, ils sont enfermés dans
les casemates, d’où ils ne sortent que le jeudi 25 mai, avec les fédérés qui
évacuent le fort pour rentrer dans le 13e arrondissement. Conduits
tout d’abord à la mairie, ils sont transférés à la prison du secteur, 38 avenue
d’Italie, où ils seront fusillés par la foule, à quatre heures. La justice des
Versaillais en rendra responsable Serizier, chef du 101e bataillon,
ouvrier corroyeur, qui protestera toujours de son innocence : « je ne
suis frappé que comme l’homme du peuple assez intelligent et assez courageux
pour lutter contre tout ce qui opprime le travailleur. » Maxime Vuillaume,
dans ses Cahiers Rouges, fait porter les soupçons sur Émile Moreau, chef
d’état-major de Wroblewski, qui ayant réussi à gagner la Suisse malgré une
balle qui lui avait traversé les testicules sur la Butte-aux-Cailles, s’y
vantait d’avoir fait fusiller les dominicains d’Arcueil ; et davantage
encore sur « la foule » ayant agi sans ordres.
- usine à gaz de la Compagnie
parisienne d’Eclairage, près de la barrière de Fontainebleau. La compagnie,
l’une des six d’avant la fusion de 1855, a son usine à gaz d’Ivry à
l’emplacement actuel de la cité scolaire Monet, du square de Choisy, et de la
fondation George Eastman ; elle emploie 510 à 670 ouvriers selon les saisons.
Institut dentaire et de stomatologie réalisé en 1937 par
l'architecte Edouard Creval et le sculpteur Charles Sarrabezolles pour la
fondation George Eastman. Cet édifice de briques rouges témoigne de l'influence
du style hollandais sur l'architecture parisienne des années trente. La façade
sur rue est structurée par une alternance de lignes de baies à l'entourage de
cuivre vert-de-gris et de bandeaux de briques. La façade sur le jardin public,
composée d'un pavillon central et de deux ailes en retour est monumentalisée
par un large perron et les baies à double hauteur du hall traversant. Apposés
sur cette façade, deux médaillons de large dimension rappellent la vocation
philanthropique de l'établissement. L'Institut George Eastman fait partie
intégrante de l'ordonnance du parc de Choisy -aménagé parallèlement par
l'architecte Roger Lardat- et témoigne du soin accordé dans
l'entre-deux-guerres aux constructions à vocation philanthropique et des
innovations qui émergent de ces programmes.
- Alcazar, 190 av de Choisy. On lit dans un journal de 1882: "La
jeunesse anarchiste a tenu un
meeting, salle de l'Alcazar, 190, avenue de Choisy. L'ordre du jour portait :
les troubles de Montceau-les-Mines. Le citoyen Émile Gauthier, correcteur au
journal la France, s'est livré à une
charge à fond contre le capital, et la citoyenne Louise Michel a fait appel à
la révolte armée, qui doit nous débarrasser de ces "bandits" du
gouvernement actuel. "Que le tocsin sonne et que le canon gronde et nous
triompherons," a terminé l'orateur.
Au cours d’un bref séjour de
vacances à Paris, alors qu’il réside à Londres, Lénine y donne une conférence,
le 22 juin 1902, au cours de laquelle Rappoport le voit pour la première fois,
et l’entend parler avec stupeur « d’insurrection armée » comme moyen
indispensable pour régler les problèmes russes.
Trotski, à la fin de l’automne
1902, à l’invitation du groupe parisien de l’Iskra, y parle « Du Matérialisme
historique et de la façon dont il est compris par les socialistes
révolutionnaires ». Lénine y sera de nouveau le 13 juin 1912, pour un bilan de
la grève des 500 ouvriers des mines d’or de la Léna, en avril, qui ont été
massacrés par la troupe et comptent parmi eux 107 morts et 80 blessés.
L’Alcazar deviendra le cinéma
Moderne dans les années 1930.
- Les Equitables de Paris, 211
bd de la Gare (auj. bd Vincent-Auriol). Dès les années 1870, le quartier
possédait ici l’une des premières coopératives, qui n’étaient alors que
cinquante et une pour la production et pas plus de sept pour la consommation,
la première de celles-ci n’étant apparue qu’en 1864.
- café-restaurant
chrétien-ouvrier, 151 bd de la Gare. Le prêtre-ouvrier Henri Perrin a
racheté ce bal musette qu’il transforme en café restaurant. Pendant les grèves
de février-mars, des soirées-débat y confrontent des responsables politiques et
des ministres chrétiens du MRP, « avec le maximum à la fois de brutalité
et de fraternité ». Le 15 mai 1950, s’y tient une réunion autour de la
paix au Vietnam, après que les chrétiens du 13e eurent déjà
participé à un rassemblement consacré au même thème en février, à Issy-les-Moulineaux.
Le 19 septembre, quarante-six chrétiens y adoptent une résolution, qu’ils
soumettent à des non-chrétiens, avec lesquels ils s’accordent le 28 sur un
appel à la population du 13e : « Mourir ensemble ?
Non, vivre ensemble ! » Il en sortira un rassemblement parisien de
400 personnes, avec Claude Bourdet puis, en novembre, un second qui réunira
Yves Farge, l’abbé Pierre, Charles Tillon, Pierre Cot...
- le Bouillon Louis, 142 bd de
la Gare. C’est là que se réunissent les Amis de l’URSS dans les années
1930.
La mise en pains dans l'Illustration de 1905 |
- raffinerie Say, 123 bd de la
Gare, ouverte en 1832 par Louis Say, elle compte 80 ouvriers en 1850, qui
seront 200 dix ans plus tard et 500 en 1864, date à laquelle l’entreprise
absorbe la raffinerie Régis Bonnet. En 1872, 965 ouvriers travaillent à la
raffinerie Constant Say, quasi exclusivement des hommes : la raffinerie se
bornait à raffiner le sucre, qu'elle détaillait en pains. Elle occupait tout
l'espace entre les rues Dunois et Jeanne d'Arc :
Mais à partir de 1877,
l'entreprise entra dans un cycle de transformations techniques et de grands
travaux intérieurs, avec notamment la mise en place, en 1881, d'une
« fabrication de sucre en tablettes destinées au sciage en morceaux
réguliers rangés en caisse et au coupage en cubes », comme la décrit le
Journal des fabricants de sucre. En 1890, la production est de 20 000 pains
de sucre par jour. C'est de l'installation de cette casserie, engendrée par le
nouveau mode de consommation du sucre - le morceau - que date le travail des
femmes chez Say, devenu bientôt massif: en juin 1908, l'inspection du travail,
à la suite d’une explosion dans la bluterie qui venait de tuer trois ouvrières
et d'en blesser 52, comptait 2 084 personnes employées dans
l'établissement dont 1 131 jeunes filles et femmes, soit 54,3 % du
personnel.
Le sciage dans l'Illustration de 1905 |
Avec l'achèvement des bâtiments
de la casserie, en 1895, l'usine elle-même était devenue ce « monstre qui
écrase toutes les petites maisons du boulevard de la Gare », comme l’écrit
Christiane Peyre, une militante chrétienne, qui raconta dans Une société
anonyme son « établissement » de quelques mois chez Say, en 1950.
Jeanne, qui y fut ouvrière de 1904 à 1936, interviewée par Alain Faure quarante
ans plus tard, rapporte que son père disait : ‘Une usine comme ça, elle sera
jamais morte’. Elle ferma pourtant ses portes en juillet 1968. Travaillaient
dans la casserie avec les femmes, les « rouleurs » chargés du service
des chariots - traditionnellement, des Algériens avec le dos tout brûlé, dit
Jeanne - ainsi que les hommes chargés de la chaîne roulante qui évacuait les
cartons pesés et ficelés. En 1914, une enquête officielle parlait déjà de
nombreux Kabyles employés dans les raffineries parisiennes : pas moins, d'après
elle, de 25 % du personnel de l'usine Say. En 1926, des 25 à 30 000
Arméniens de la région parisienne, qui habitent rue Mouffetard, porte d’Italie,
porte de Choisy, au Kremlin-Bicêtre, à Alfortville, beaucoup travaillent chez
Say, chez Panhard. L’usine, l’une des plus grosses usines de la capitale, est
occupée par les FTP de Fabien le 21 août 1944, comme la chocolaterie Elesca.
Ferme en 1968.
- domicile d’Odette Jacquier,
144 rue Nationale. C’est ici qu’on se réunit autour du père jésuite
Puységur, puis de Jo Lorgeril, qui lui succède en septembre 1949. Celui-ci,
prêtre-ouvrier travaillant chez Chauvin, à Ivry, puis chez Panhard, est très
actif auprès des mal logés, et participera à plusieurs opérations de squattage.
Pendant les dix jours de lock-out d’avril 1950 à la Snecma, trois
prêtres-ouvriers du 13e, le dominicain Joseph Robert et les jésuites
Henri Perrin et Jo Lorgeril, avaient signé un tract qui, au-delà de la
solidarité immédiate, allait vers l’analyse politique, mettant en cause le
patronat et le gouvernement.
- Cité Jeanne d’Arc, de la rue Jeanne d’Arc à la rue Nationale,
1 500 logements, 4 000 âmes en 1882, particulièrement insalubre. Une nouvelle
cité, centrée sur l'actuelle rue du Dr Victor Hutinel, est construite en 1908
par la ville de Paris en
grande partie pour accueillir le personnel de Say. La JOC va y créer garderie,
dispensaire, à partir de 1928, (déjà auparavant, la Nouvelle Etoile des petits
enfants de France y avait eu pour infirmière Denise future Servan-Schreiber et
mère de JJSS, JLSS et de Christiane Collange), et Melle Elizabeth Panhard
(décédée en 1952) va créer rue Xaintrailles un centre d’évangélisation.
Le 1er mai 1931, les
« charges de flics à la cité Jeanne d’Arc » ont déjà été suffisamment
spectaculaires pour figurer en bonne place dans le film consacré aux
manifestations du 1er Mai qui est projeté en ouverture du 6e
Congrès de la CGTU, le 8 novembre. Mais le 1er mai 1934, après la
dispersion du rassemblement central organisé par la Confédération unitaire dans
la clairière de Reuilly, des interpellations ont lieu, qui vont faire se
dresser des barricades dans les HBM d’Alfortville, et cité Jeanne d’Arc.
Monjauvis, le député de la circonscription figure parmi les arrêtés. Quand le
cortège revient de Vincennes, la cité s’énerve ; aux interventions de la
police, répondent, jetés du haut des bâtiments, des débris des étages supérieurs
insalubres, alors en démolition, et du mobilier abandonné par les expulsés et
les évacués. La police fait le siège de la cité toute la nuit, tirant « en
l’air » à l’en croire, « dans les fenêtres » selon le PC, et
quelques coups de feu de riposte lui reviennent. Au petit matin, elle arrête
« au hasard », douze ouvriers, une ouvrière, un mutilé de guerre à
100% et deux jeunes gens de 17 ans, qui tous seront « soumis à la
question », inculpés de tentative de meurtre et, de ce fait, « passibles
de la peine de mort ».
La démolition de la cité Jeanne d'Arc en 1939 |
- domicile de Christine Wery,
118 rue Nationale. Elle appartient à l’Union des Chrétiens Progressistes
(UCP) et sa pharmacie est déjà un lieu de rassemblement. Dans son logement,
au-dessus, les jésuites rattachés à la paroisse Notre-Dame de la Gare, viennent
dire la messe.
- habitation économique de
la Société philanthropique de Paris (35 logements), 45 rue Jeanne d’Arc.
Le 18 juin 1888, la première pierre en est posée par Georges Picot, un an et
demi avant qu’avec Jules Siegfried, Emile Muller, les Dr du Mesnil, Marjolin et
Rochard, il crée la Société Française des Habitations à Bon Marché. On trouve
aussi, rue Jeanne d’Arc, un immeuble de 71 logements, construit fin 1899 pour
un Groupe des Maisons ouvrières (qui deviendra Fondation Mme Lebaudy), par l’architecte
Robersat, auquel on doit, dans l'arrondissement, des maisons de la rue Henri
Pape. L’habitat social municipal, ce sera à partir de 1912.
- Eglise Notre-Dame de la Gare.
Parmi les immigrés de province, pas mal d’Orléanais, ville terminus du chemin
de fer. Dupanloup, évêque d’Orléans, lancera en faveur de la pucelle, une campagne
relayée par le curé et le maire, d’où les noms donnés aux rues avoisinantes.
Pendant la Commune, le curé Parguel (enterré dans son église en 1947,
centenaire de la paroisse) n’est pas inquiété. A la Semaine Sanglante, des
Communards s’y réfugient, qu’il défend : « N’entrez pas, tirez sur
moi plutôt ».
- à gauche, à l'emplacement de l’Ecole
Rouge était l'école de filles municipale des religieuses de St-Vincent de Paul,
laïcisée ensuite tandis que les religieuses se déplaceraient rue Charcot.
- 10 et 12, rue Dunois (angle rue
Charcot), 2 immeubles de La Sablière, filiale de la Soc. immobilière des
chemins de fer, bailleur social de la SNCF, 5 209 logements à Paris,
essent. dans les 18e, 17e, 12e, 13e
(778), 10e et 15e arr. Tandis que l’Association
fraternelle des employés et des ouvriers de la Cie du chem. de fer
métropolitain, créée en 1865 par les ouvriers des ateliers d’Ivry de la Cie
d’Orléans, seront à l’origine des 26 maisons dans le quartier des peupliers. En
1885, la soc. comptait déjà 40 000 cotisants. Elle s’appelle auj. mutuelle
d’Ivry.
- 123, rue du Chevaleret, HBM de
la Société des habitations économiques du quartier de la Gare, association de
la Société philanthropique avec les Cies de chemin de fer d’Orléans et PLM,
fondée en 1890. Cet habitat se développe après loi Siegfried du 30/11/1894. La
société HBM Gare est administrée par le comte de Montalivet, [54 rue Pigalle],
pair de France et membre de l'Institut, [Ils sont ministres de l’Intérieur de
père en fils, Jean-Pierre sous Napoléon 1er , son fils Camille sous la
monarchie de Juillet], et le magistrat Georges Picot, secrétaire perpétuel de
l'Académie des Sciences morales et politiques, rapporteur pour les Habitations
ouvrières (56 pp.) du groupe d'économie sociale lors de l'Exposition
universelle internationale de 1889, à Paris. Par ailleurs auteur de La Lutte contre le Socialisme
révolutionnaire, A. Colin, 1895. En face, HLM de La Sablière.
- 119, rue du Chevaleret. Des
religieuses polonaises, chassées de Vilno par les Russes, s’y installent en
1846. Les Filles de la Charité, y créent une école (qui existera jusqu’en
1960), un orphelinat, etc pour leurs compatriotes arrivés nombreux après les insurrections
de 1831 et de 1863. « Les Polonais, règle générale, sont tous du faubourg
Saint-Marceau » affirme l’Education sentimentale. Le poète Cyprian
Norwid, né en 1821, arrivé à Paris en 1849, hormis deux ans aux USA et Londres,
y restera jusqu’à sa mort, vivant reclus ici les six dernières années de sa
vie. Pendant la Commune, il « risque trois fois sa tête » en
s’opposant à la profanation des églises et à la destruction de la colonne
Vendôme. Un jardin lui a maintenant été dédié sur la dalle recouvrant les voies
SNCF et située sur la couture urbaine entre ancien et nouveau 13e.
[Le Polonais Boleslas Wroblewski,
commandant de la 3e armée, celle de la rive gauche, a dans ses rangs
le légendaire 101e, « Tous enfants du 13e et du
quartier Mouffetard, indisciplinés, indisciplinables, farouches, rauques,
habits et drapeaux déchirés, n’écoutant qu’un ordre, celui de marcher en
avant », tels les décrira Lissagaray.]
- 112, rue du Chevaleret. Les
Filles de la Charité s’y installent en 1857. A la demande de la Cie d’Orléans,
elles créent un réfectoire pour les cheminots, puis un dispensaire pour les
soins aux malades, un centre scolaire réservé à leurs enfants ; toutes
institutions laïques après 1902.
- 20 rue Domremy, Ecole des Frères de St-Jean Baptiste de la Salle, qui ont quitté l’école Blanche de la place
Jeanne d'Arc, fondée par eux en 1864 mais municipale, et laïcisée en 1879, pour
ce terrain qui leur a été donné en 1886 par Say.
- cinéma des Bosquets, 60 rue
de Domrémy. Le 1er mai 1929, alors que plus de 500 arrestations
préventives ont été opérées par la police, que les dépôts de tramway sont
gardés par la police comme les bureaux de poste, et que seuls le bâtiment et
les taxis chômeront à peu près totalement, les deux meetings principaux qui se
tiennent à Paris, à 10h30 du matin, sont ceux du cinéma des Bosquets et de la
Bellevilloise. Ce jour-là, on ne vend pas l’Huma mais Premier Mai,
les « gardes rouges » ont des églantines au revers de leur veston.
- petit immeuble des jésuites,
64 rue Regnault. Dans ce lieu acheté par la Compagnie de Jésus, arrivent à
l’automne Georges Puységur, qui travaillera chez Say puis à l’entreprise de
matériel téléphonique S.A.T., et Henri Perrin, qui se fera embaucher à la
tôlerie automobile Genève (l’entreprise comptait déjà 200 ouvriers dans les
années 1930).
Atelier de montage des moteurs en février 1917 photo : Gabriel Boussuge. Source : ECPAD |
- usines Panhard et Levassor,
4 à 16 av. d’Ivry. Les ateliers Perin-Panhard se sont installés avenue
d’Ivry en 1873. Jusqu’en 1890, au n°19, ils fabriquaient des machines à
travailler le bois. Entre 1890 et 1895, ont lieu ici les premiers essais de
construction automobile. L’entreprise, qui employait 180 à 200 ouvriers va en
compter 1 280 en 1901 et 1 850 en 1906. Devenue Panhard-Levassor, la
société obtient en 1912 l’autorisation d’établir un dépôt d’hydrocarbures de 31 000
litres. En décembre 1916, c’est chez Panhard et Levassor qu’a lieu, en pleine
guerre, la première grève des usines à munitions, et ce haut fait est
abondamment rappelé, à la gloire de l’arrondissement, lors des barricades de la
cité Jeanne d’Arc, en mai 1934.
En 1944, lors des combats de la
Libération, des camions Panhard sont renversés, de gros arbres couchés sur la
chaussée, des câbles tendus et entrecroisés, des fossés antichars creusés. Les
barricades du 13e sont les plus solides de Paris. Fabien a fait appel
au syndicat des terrassiers, les « gars du bâtiment » fidèles à Le
Gall. Quatre ans plus tard, l’Étincelle ouvrière, l’organe de liaison
hebdomadaire des ouvriers du RPF, dénonce dans son numéro du 14 janvier 1948,
les « grèves Molotov » chez Panhard. En février 1949, le futur député
du 13e, Bernard Jourd’hui, secrétaire du syndicat des métaux de
l’arrondissement, ajusteur chez Panhard-Levassor, est licencié de l’entreprise.
Ce sportif ouvrier, ancien boxeur amateur, va entrer dans une coopérative
ouvrière d’instruments de précision. Il succède pour le Parti communiste à
l’imposante figure d’André Marty, dont l’exclusion a été ratifiée par sa
section du 13e le 30 décembre 1952. La même année, la fondatrice de
l’une des communautés de chrétiennes laïques d’Ivry, Monique Maunoury, s’était
fait embaucher chez Panhard, comme balayeuse. Elle travaillera ensuite,
toujours dans le 13e arrondissement, au nettoyage des wagons.
Le 24 août 1944, à 20h41, guidée par un
Arménien d’Antony (qui peut-être, comme nombre des siens travaillait chez
Panhard, ou chez Say), la 9e compagnie de la 2e DB, ou plutôt « la
Nueve », composée à 80% d’Espagnols, arrive porte d'Italie et traverse
l’arrondissement...
- PC du colonel Fabien, rue
Gandon. Pendant les combats de la libération de Paris, ce PC mobile, après
avoir été avenue de Choisy, puis avenue d’Italie, arrive rue Gandon. Après la
Libération, Fabien s’est engagé dans l’armée De Lattre, où il est rejoint par
le bataillon « Jeunesse » du 13e arrondissement, dans
lequel se trouve Alphonse Boudard. A Montmédy, le 1er novembre 1944,
Boudard décrit ainsi Fabien qui les passe en revue pour la première fois :
« Question gabarit, il paye pas de mine sous son casque de l’armée 39. Il
a la vareuse fermée jusqu’au col, le style déjà Mao. A part ses galons sur la
manche, il s’efforce, on dirait, de passer inaperçu... de se fondre dans la
masse de ses soldats. Il a tout de même un false de cheval, un Saumur... mais
on voit bien que ce n’est pas son genre. Il sort de l’usine, lui, de la métallurgie,
il sent le casse croûte de dix heures sur le chantier. La tubardise le guette,
il a piqué une pneumonie en Espagne, pendant la guerre, on dit qu’il ne s’en
est jamais bien remis. »
- paroisse Saint-Hippolyte, 27
av. de Choisy. En 1945, la Mission de France y envoie l’abbé Lorenzo,
ancien curé d’Ivry ; huit ans plus tard, la paroisse aura un vicaire
ouvrier, Bernard Striffling, qui travaille chez Panhard. Malgré les
interdictions de 1954 puis 1959, les décès des prêtres-ouvriers Henri Perrin, en
octobre 1954, et Jo Lorgeril en novembre 1956, le 13e arrondissement
continuera à compter des vicaires au travail, et une équipe de recherche sur
les secteurs à évangéliser tournée vers le monde ouvrier.
Il y aura ici un Comité de
résistance spirituelle à la guerre d’Algérie autour d’Elia Perroy, - par
laquelle se fera la jonction, au début de 1958, avec le groupe du 11e
de la Voie Communiste, foyer de « porteurs de valises » -,
Madeleine Collas, Robert Barrat.
- chocolaterie Elesca, 75 à 87
av de Choisy. La chocolaterie Meunier, située rue Keller, était passée
avenue de Choisy après l’annexion. Lombart successeurs, chocolatier depuis
1760, « breveté par sa majesté Louis XVI », était venu l’y remplacer
tandis que Meunier partait à Saint-Gratien. La chocolaterie employait 800
ouvriers à la fin du dix-neuvième siècle. Plus tard, sa marque Elesca sera
illustrée publicitairement par Sacha Guitry :
« L.S.K.C.S.K.I. ». L’usine est occupée par la Résistance le 21 août
1944, comme le magasin central des hôpitaux, les centrales électriques et les
centraux téléphoniques ; au soir, 61 quartiers sur 80 étaient totalement
libérés de l’occupant.
- barricade de la rue
Baudricourt. « Le massacre, dans ce 13e qui avait été l’une
des citadelles de la révolte, et sur lequel planait encore le souvenir de Bréa
en juin, fut épouvantable (...) l’abbé Lesmayoux, revenu, le soir même de la
défaite, à la barricade de la rue Baudricourt, y rencontra un monceau de morts.
‘- Nous relevons là, écrit-il, plus de cent cadavres, parmi lesquels nous ne
trouvons qu’un seul soldat régulier.’ Les quatre-vingt-dix-neuf autres étaient
les fédérés massacrés. Derrière cette seule barricade... » conclut
Vuillaume.
- retrouvons la Nueve: Rue
Baudricourt, elle passait devant l’Union des Travailleurs, coopérative de
consommation, au n° 66...
- l’Union des Travailleurs, 66
rue Baudricourt, fondée en 1893, 1050 sociétaires autour de 1900. (Auj.
librairie et éditions You-Feng)
... et, en débouchant dans la rue
Nationale, devant une épicerie de l’Union des coopératives, au n° 111:
- épicerie 111, rue Nationale
ouverte en 1919, en même temps qu’un restaurant 153, rue du Chevaleret,
par l’Union des coopératives (située
dans ce qui est auj., rue Charlot, l'annexe de la Bourse du Travail).
En traversant le bd de la Gare, la
Nueve apercevait l’usine Say, dont le quart des ouvriers étaient Kabyles,
occupée par les FTP de Fabien trois jours plus tôt. Place Pinel, elle longeait
l’arrière des ateliers des Automobiles Delahaye – Delage, situés au 23-25 rue
Jenner, qu’elle retrouvait au 43, rue Esquirol. Puis, par le bd de l’Hôpital,
elle se dirigeait vers l’hôtel de Ville qu'elle atteindra à 21h22. Là, un
reporter de la radio clandestine demandait au premier libérateur qu’il
aperçut : « Quelle émotion de retrouver le sol national ? »,
et s’entendait répondre : « Señor, soy español », ce qui veut
dire : les prolétaires n’ont pas de patrie !
La Nueve entra en la calle Rivoli, en el centro de París, donde los franceses acogieron a los españoles como héroes. GETTY |