L’occasion de ce parcours est une balade
organisée pour le CE de « Ponts Formation Édition », l’activité de
formation continue de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées après
l’installation de la Maison des Ponts au 15, rue de la Fontaine-au-Roi, Paris
11e.
[En 1860, on trouvait au 15, Fontaine au Roi, Jeanson Frères, fabricants de moulures
en bois pour le bâtiment, dorure chimique pour tenture et encadrements, avec,
en 1870, l'indication
qu'ils ont aussi un "magasin à Bondy, 34" et, en 1880, une
"usine à Billancourt, chemin de hallage". En 1890, Jeanson Frères est
remplacé par un plumassier: M. Pichon. En 1900, on trouve à cette adresse la
manufacture de "Simon et Cie,
habillement et confection pour hommes et enfants, en gros et détail", qui aura
bientôt ses magasins 7 et 9, rue Croix-des-Petits-Champs, et 15 et 17, rue
Auber. Dans les années 1950, la S.A. Simon et Cie est toujours au n°15, où elle
a été rejointe, depuis 1930 par Simon
Hermanos, agents pour l'exportation.]
- La rue a connu les noms de rue
de la Fontaine
nationale en 1792 ; rue de la Fontaine au Tyran pendant la révolution de 1848
- à l’angle de la rue
Pierre-Levée, une barricade opposa
le 23 juin 1848 une résistance farouche
- L’octroi à roulettes était installé à l’angle de la rue de la Folie-Méricourt en
1724. A l’Est de cette barrière, dans
le triangle que forment la rue du Faubourg-du-Temple et celle de la Fontaine-au-Roi avec
la rue Saint-Maur, (l’une des rares tangentes de la capitale, qui joint
l’abbaye de Saint-Denis à celle de Saint-Maur-des-Fossés), est né un village de
guinguettes au milieu des « courtils », ces jardins du dimanche
éloignés du logis citadin : la Courtille.
Parmi ces guinguettes, celle de
Ramponneau (à l’angle de la rue de l’Orillon et de la rue Saint-Maur), qui en
1786, à la construction du mur des Fermiers généraux, sera si glorieux qu’une
barrière sera ouverte à son nom au bout de la rue de l’Orillon, sur le bd de
Belleville, au départ de la rue auj. Ramponeau. Les guinguettes passaient à
cette date un cran plus à l’Est, sur la pente montant vers le village de
Belleville.
« Il n’y a plus que les ouvriers qui
connaissent les fêtes et dimanches, explique Louis-Sébastien Mercier. La Courtille, les
Porcherons, la Nouvelle-France
se remplissent ces jours-là de buveurs. Le peuple y va chercher des boissons à
meilleur marché que dans la ville. Plusieurs désordres en résultent ; mais le
peuple s’égaie, ou plutôt s’étourdit sur son sort. »
- « grisette 1830 » de Joseph Jean Emmanuel Cormier, dit
Joé Descomps (1869-1950) plutôt spécialisé dans les petits bronzes décoratifs,
spécialement des nus féminins. Placée là en 1911 seulement, mais pas de façon
totalement arbitraire puisque les Vendanges
de Bourgogne, en face, ont été l’un des creusets de la Révolution de 1830,
lors d’un banquet qui regroupa le général Lafayette,
commandant, sous la Restauration, des gardes nationales en 1789, Godefroy Cavaignac, fils d’un
Conventionnel, (ne pas le confondre avec son frère Eugène Cavaignac, le sabreur de juin 1848), en gros des républicains partisans du suffrage universel, et
d’autres, comme Odilon Barrot, prônant une monarchie constitutionnelle.
On va vite déchanter et, la Garde
Nationale ayant été dissoute le 31 décembre 1831 par Louis Philippe, et
Lafayette renvoyé, « La Société des Amis du Peuple » brave la
décision royale en organisant aussitôt un banquet en leur honneur à ces mêmes
Vendanges de Bourgogne. Durant le dîner, Évariste
Galois, qui vient tout juste d’avoir 20 ans, y lève son verre à la santé de
Louis-Philippe alors qu'il a gardé son couteau dans l'autre main. D’autres, qui
y ont vu un symbole, l’imitent le couteau brandi ostensiblement ; aussitôt, c’est
la débandade générale, par les portes et par les fenêtres du jardin, de peur
des suites policières.
Le lendemain, Évariste Galois est
arrêté chez sa mère, au prétexte d'incitation à l'assassinat du roi. Il est
emprisonné à Sainte-Pélagie, d’où il écrit à son ami Chevalier :
« ..Je suis sous les verrous ! ! !?..Tu as entendu
parler des Vendanges de Bourgogne. C'est moi qui ai fait ce geste?? mais ne me
fais pas la morale, car les brumes de l'alcool m'avaient ôté la raison. »
- Angle du bd Jules Ferry, qui ne prend ce nom qu’en 1906. Entre le lotissement des marais du Temple,
dont la rue du Grand Prieuré formait la limite, et la rue de la Folie-Méricourt,
il n’y avait pas de constructions quand… la suite est dans Balzac, César Birotteau : « Du Tillet,
instruit des intentions du gouvernement concernant un canal qui devait joindre
Saint-Denis à la haute Seine, en passant par le faubourg du Temple, acheta les
terrains de Birotteau pour la somme de soixante-dix mille francs. (…) Au commencement de l’année 1822, le canal
Saint-Martin fut décidé. Les terrains situés dans le faubourg du Temple
arrivèrent à des prix fous. Le projet coupa précisément en deux la propriété de
du Tillet, autrefois celle de César Birotteau. La compagnie à qui fut concédé
le canal accéda à un prix exorbitant si le banquier pouvait livrer son terrain
dans un temps donné. » Le quai
Charles X en 1824, devient quai de Jemmapes (victoire de 1792 sur les
Autrichiens) en 1830.
Le canal a fait du faubourg du
Temple le faubourg industriel du 19e siècle. Mais le même canal, qui
les a pour ainsi dire fait naître, fournit aux ouvriers insurgés « une ligne
de défense formidable » : en juin 1848, « il fallut du canon
pour emporter les barricades élevées sur les deux rives à l’entrée du faubourg
du Temple » ; les troupes de Lamoricière n’y parvinrent qu’au bout de
cinq jours, se rappelle La Bédollière. Dès 1859, le 2nd Empire
fait donc couvrir le canal, de la rue Rampon à la Bastille, de sorte que la
cavalerie ne puisse plus y être stoppée.
- La descente de la Courtille. « Sous l’austère Restauration, la
mode vint, on ne sait comment, d’aller achever les orgies du mardi gras à la Courtille : la nuit
s’y passait à boire, et au matin du mercredi des Cendres, c’était, pour les
bourgeois vertueux, un divertissement incomparable que d’assister à “la
descente de la Courtille”. »
Paris Atlas.
« La nuit du mardi gras
donc, une fois minuit passé, les danseurs de l’Opéra, des Variétés, etc.,
montaient s’encanailler avec les débardeurs et les mamelucks de la barrière de
Belleville, on buvait, on sautait, on faisait tapage tous ensemble, c’était
l’égalité dans l’orgie ; puis, dès six heures du matin, fiacres, cabriolets,
chars-à-bancs, tous les véhicules enfin étaient envahis par cette foule en
délire, et toujours hurlant, toujours vociférant, elle commençait un défilé
qui, jusqu’au boulevard, avait lieu au petit pas, mais à dix heures du matin
tout devait être rentré dans l’ordre. » Comme le carrosse de Cendrillon, la Courtille des plaisirs,
à dix heures tapantes, redevient le Paris du travail.
Cette mode se maintiendra une
vingtaine d’années, jusqu’en 1838. Lettre de Victor Hugo à Juliette Drouet datée « Mardi gras - 20 février
1849 » mais évoquant celui de 1838 : « Je n'oublierai jamais
cette matinée où je sortis de chez toi, le cœur ébloui. Le jour naissait, il
pleuvait à verse, les Masques déguenillés et souillés de boue descendaient de la Courtille avec de grands
cris et inondaient le Boulevard du Temple. Ils étaient ivres et moi aussi; eux
de vin, moi d'amour. »
Dès 1815, Ramponneau, situé un
peu plus haut, on l’a dit, a été remplacé par beaucoup plus chic : Les Vendanges de Bourgogne, au coin du
canal (son adresse est 144, quai de Jemmapes sous Louis Philippe). De ses balcons, c’est au champagne qu’on asperge la descente de la Courtille plutôt qu’à la
farine et aux œufs. Les bals Chicard, qui s’y tiennent sous la monarchie de
Juillet, du nom de leur promoteur, négociant en cuir du faubourg Saint-Antoine,
sont à dix francs la carte, sur invitation. Néanmoins, les costumes chicards de
carnaval continuent d’imiter ceux du peuple, avec comme types Balochard, « l’ouvrier tapageur et
spirituel », Pétrin, le
boulanger, etc. Milord l’Arsouille,
patronyme hybride, symbole du riche encanaillé, qui conduira les descentes de la Courtille jusqu’à la
dernière et sa ruine.
- 37, Fbg du Temple, en 1876,
Boléro Star, puis Bijou Concert, Bijou Théâtre, etc. En 1924, le théâtre et son architecture "fin de siècle"
sont détruits et débute la construction du Grand Cinéma du Palais des Glaces. Sa façade, recouverte de miroirs, lui vaut
son nouveau nom. En 1960, la salle est transformée en salle de music-hall et de
concerts. De grands noms s'y produisent dont Nina Simone, Marcel Dadi, Touré
Kunda ; 1977 est l'année punk avec, au festival du
Palais des Glaces, les Clash, les
Damned, Jam, Generation X…
- 50, rue du Fbg du Temple, cour
industrielle
- 52, cour industrielle dans bâtiment
social de 1935, constructeur de chauffage depuis 1955.
- 68, fbg du Temple/16 Goncourt, PLU : immeuble de rapport
1884, balcon filant au 5e, porte piétonne richement décorée sur la
rue des Goncourt. La rue des Goncourt est percée en 1883 seulement sur l’emplacement
de la caserne de la Courtille (gardes françaises) de 1780 ; les immeubles Alix Gaillard,
au n°5, comme les portes décorées des n° 8, 6, 4 sont postérieurs.
- rue Darboy : villa du clos de
Malevart : nommée fin 1999 : La rue du Faubourg du Temple, à
proximité, a été tracée sur un très ancien chemin ouvert au travers d'un lieu-dit champêtre appelé au 12ème
siècle, "clos de Malevart".
- rue Deguerry, ouverte en 1865, comme
la symétrique (l’une et l’autre baptisées en 1875 d’ecclésiastiques tués par la Commune), en même temps
que l’église ; au 6, bow-windows métalliques peints en vert.
église Saint-Joseph À l’annexion, le
11e arrondissement dans son ensemble ne comptait en tout et pour tout que deux
églises. Napoléon III y a fait ajouter par Ballu l’église Saint-Joseph,
« fort belle – nous dirions presque trop belle, en raison de la ferveur de
la population pour laquelle elle a été faite, car cette ferveur est des plus
tièdes », commente le Paris-Atlas
de 1900. La ferveur iconoclaste, à l’inverse, est intense, qui a poussé, le 20
août 1899, de jeunes anarchistes à mettre l’église à sac.
angle 160 St-Maur/1-5 Orillon :
localisation du Cabaret des Marronniers.
Sont vues souvent au Cabaret des Marronniers, deux des quatre ou cinq
maîtresses que compte le Régent rien que
parmi les dames de qualité : la marquise de Prie, par exemple, qui a
« beaucoup d’agrément dans le visage, dans l’esprit et dans toutes les
manières, selon Mathieu Marais, parle italien à merveille et chante de
même », ou la comtesse de Parabère – « elle est grande, la taille
bien prise, le visage brun, car elle ne se farde pas ; elle a de beaux
yeux, une bouche charmante et peu d’esprit ; en un mot, c’est un bon
morceau de chair fraîche », assure la princesse Palatine.
A l’automne ?
de 1733 : En compagnie d’Émilie
de Breteuil, marquise du Châtelet
par son mariage, de la duchesse de Saint-Pierre, qui vient de dépasser la
cinquantaine, et de son jeune amant, le comte de Forcalquier, (qui a eu quelque
temps plus tôt les cheveux coupés par un boulet de canon, au siège du fort de
Kehl, finalement tombé aux mains des Français le 28 octobre 1733), Voltaire est attablé devant une
fricassée de poulet, aux chandelles, dans ce cabaret des Marronniers couru pour
ses jeux de bagues, ses escarpolettes et la diseuse de bonne aventure qu’on
était presque assuré d’y trouver.
La mémoire de ce rendez-vous des amants restera
vivace jusqu’à la veille de la Révolution : les marronniers du Mariage
de Figaro y feraient allusion. Ils constituent le mot de passe du piège
tendu au comte Almaviva :
« La
comtesse :
— Je mets tout
sur mon compte. [Suzanne s’assied, la comtesse dicte.] Chanson nouvelle, sur
l’air : ... Qu’il fera beau, ce soir, sous les grands marronniers... Qu’il fera
beau, ce soir...
Suzanne écrit :
—“Sous les
grands marronniers...” Après ?
La comtesse
— Crains-tu
qu’il ne t’entende pas ? »
Le 5ème acte de
La Folle Journée,
son sous-titre, s’y déroule tout entier, et s’y dénoue : « Le théâtre
représente une salle de marronniers, dans un parc ; deux pavillons,
kiosques ou temples de jardin, sont à droite et à gauche ; le fond est une
clairière ornée, un siège de gazon sur le devant ».
Puis le Tambour-Royal
(enseigne qui est un clin d’œil à la caserne de gardes française qu’on a
évoquée rue Goncourt) de Jean Ramponneau s’est établi à cet emplacement ;
une énorme salle de 900 à 1 000 places. Le patron bâtit sa gloire sur le prix
de sa pinte et, en 1758, sur le fait
d’avoir gagné un procès contre un entrepreneur de spectacles, l’église ayant
fait valoir, en dépit d’un contrat dûment signé, qu’on ne pouvait forcer un
homme à se damner en montant sur les planches. Voltaire ne pouvait pas ne pas s’emparer d’une affaire dans
laquelle l’église condamne si fort le théâtre qu’elle en absout le parjure,
sans compter qu’elle n’a aucun reproche à faire au cabaret ; il va donc
écrire un Plaidoyer de Ramponeau dans lequel le bonhomme fait l’éloge de
sa profession :
" Si nous sommes nécessaires à la puissance temporelle, nous le sommes encore plus à la spirituelle, qui est si au-dessus de l’autre. C’est chez nous que le peuple célèbre les fêtes; c’est pour nous qu’on abandonne souvent, trois jours de suite, dans les campagnes, les travaux nécessaires, mais profanes, de la charrue, pour venir chez nous sanctifier les jours de salut et de miséricorde; c’est là qu’on perd heureusement cette raison frivole, orgueilleuse, inquiète, curieuse, si contraire à la simplicité du chrétien, comme maître Beaumont lui-même est forcé d’en convenir; c’est là qu’en ruinant sa santé on fournit aux médecins de nouvelles découvertes; c’est là que tant de filles, qui peut-être auraient langui dans la stérilité, acquièrent une fécondité heureuse qui produit tant l’enfants bien élevés, utiles à l’Église et au royaume, et qu’on voit peupler les grands chemins pour remplir le vide de nos villes dépeuplées. (...)
" Si nous sommes nécessaires à la puissance temporelle, nous le sommes encore plus à la spirituelle, qui est si au-dessus de l’autre. C’est chez nous que le peuple célèbre les fêtes; c’est pour nous qu’on abandonne souvent, trois jours de suite, dans les campagnes, les travaux nécessaires, mais profanes, de la charrue, pour venir chez nous sanctifier les jours de salut et de miséricorde; c’est là qu’on perd heureusement cette raison frivole, orgueilleuse, inquiète, curieuse, si contraire à la simplicité du chrétien, comme maître Beaumont lui-même est forcé d’en convenir; c’est là qu’en ruinant sa santé on fournit aux médecins de nouvelles découvertes; c’est là que tant de filles, qui peut-être auraient langui dans la stérilité, acquièrent une fécondité heureuse qui produit tant l’enfants bien élevés, utiles à l’Église et au royaume, et qu’on voit peupler les grands chemins pour remplir le vide de nos villes dépeuplées. (...)
L’Encyclopédie, à l’article Cabaret, prétend que les lois de la
police ne sont pas toujours rigoureusement observées dans nos maisons. Je
demande justice à la cour de cette calomnie: je me joins à maître Palissot,
maître Lefranc de Pompignan, et maître Fréron, contre ce livre abominable. Je savais
déjà par leurs émissaires, mes camarades ou mes pratiques, combien ce livre et
leurs semblables sont pernicieux.
Une foule de citoyens de tout ordre et de tout âge les lit, au lieu
d’aller au cabaret: les auteurs et les lecteurs passent dans leurs cabinets une
vie retirée, qui est la source de tant d’attroupements scandaleux. On étudie la
géométrie, la morale, la métaphysique, et l’histoire: de là ces billets de
confession qui ont troublé la France, ces convulsions qui l’ont également
déshonorée, ces cris contre des contributions nécessaires au soutien de la
patrie (...) Ces détestables
livres enseignent visiblement à couper la bourse et la gorge sur le grand
chemin: ce qui certes n’arrive pas à la Courtille, où nous abreuvons les
gorges, et vidons les bourses loyalement."
En 1772, Jean Ramponneau cède la main
à son fils pour reprendre la Grande Pinte, guinguette située juste en face de
l’ex-château des Porcherons, à l’emplacement de l’actuelle place
d’Estienne-d’Orves. Père et fils sont les papes de Paris, à lire Jean Joseph
Vadé, le « Corneille des Halles », dans La Pipe
cassée : « Voir Paris, sans voir la Courtille, / Où le
peuple joyeux fourmille, / Sans fréquenter les Porcherons (…) / C’est voir Rome
sans voir le pape ».
on prend à gauche la rue
Saint-Maur
- 166-170, rue St-Maur,
le bâtiment sur cour est la manufacture de H. Mourceau : tissus, étoffes et tapisseries
d’ameublement, de 1858-59; les 2 immeubles
de rapport aux n° 166 (où le directeur de la manufacture a son
appartement) et n° 170 s'y ajoutent en 1862-63.
on remonte la rue du Fbg du
Temple
- cour des Bretons, Cour de Bretagne
(1829). Cour des Bretons (1877) : lotissement du 19ème
siècle associant artisanat et logements, ateliers en r-d-c et 1er
étage ; rénovée en 2001, vendue en logements.
- 105 rue du Fbg du Temple, Galerie marchande à un seul accès,
construite de 1923 à 1924 par l'architecte Ferdinand Bauguil pour le compte de
Théo Cremnitz, promoteur de cet ensemble de "magasins d'exposition".
Appelé "Palais du Commerce",
l'édifice abritait une cinquantaine de magasins et ateliers, tous à l'abandon
aujourd'hui. Constitué de deux niveaux de galeries ouvertes sur des coursives,
la galerie est en béton armé. Les sols pavés de verre et une verrière en fond
de galerie éclairent l'ensemble. Le sous-sol abrite un bal-musette, "La Java",
qui a vu débuter, entre autres, Edith Piaf et Maurice Chevalier. Inscrit MH en
1994:
Le Palais du Commerce |
105, rue du Fbg du Temple |
- 94 rue du Fbg du Temple, Cet humble et pittoresque concert de quartier existait déjà en 1850. Après des années d'une vie agitée, l'ancien 'Concert du commerce', sous ce nom en 1910 dans Hillairet (En février 1902, Maurice Chevalier, engagé sur la recommandation de Boucot, en supplément de programme, y chantait pour cinq francs par semaine !), a rouvert ses portes au public le 16 novembre 1988 sous le nom de Théâtre du Tambour Royal, évocation du cabaret de Ramponneau. Ne subsistaient de l'ancienne salle, après plus de 60 ans d'abandon, que des fragments de fresques, quelques éléments de scènes, de régie et de sièges (trois d'entre eux ont encore leur place dans la salle).
on tourne à dr. dans passage
Piver
on prend à g. la rue de
l’Orillon, puis à g. la rue Louis Bonnet et la rue de la Présentation pour rejoindre
la rue du Fbg du Temple
- rue de l’Orillon : Pour
Alphonse Daudet, le gavroche typique du faubourg, c’est un « petit du quartier », «né, comme moi [c'est le gamin qui parle], rue de l’Orillon, dans
un atelier de menuisier, et depuis huit ans jusqu’à quinze qu’on m’a mis en
apprentissage, avoir roulé le faubourg dans une voiture à bras pleine de
copeaux »
- Comme au Tambour royal, clientèle
du Cabaret de la Courtille de Gilles
Desnoyers, 129, rue du Fbg du Temple,
était mêlée : nobles et courtisans aimaient, en carnaval comme aux jours
moins gras, fréquenter les guinguettes populaires, Mme de Genlis, préceptrice
des enfants du futur Philippe-Egalité, y avait dansé, dit-on, avec un valet de
chambre.
Cour de la Grâce
de Dieu : d'une longueur de 133 m et d'une largeur minimum de 3,50 m. M. Meyer, propriétaire
de cette voie privée et directeur du théâtre de la Gaîté la dénomma ainsi en
1870, en souvenir de l'énorme succès de la pièce dramatique de Dennery et de
Gustave Lemoine « La Grâce
de Dieu » jouée en son théâtre. Ce vaste ensemble offre une belle homogénéité
architecturale dans ses bâtiments bas et ses pavillons. En 1850, il était alors plus qu'insolite de regrouper en un seul et
même lieu un aussi grand nombre de logements populaires (précurseurs de nos
HLM) et de ce fait, il fut considéré comme « le plus grand immeuble de la
capitale » ; réhabilités par l’office public d’HLM dans les années 1970. Dans
une liste de victimes du coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre
1851, on trouve un « GANTILLON, dessinateur, cour de la Grâce-de-Dieu »
on remonte la rue du Fbg du
Temple jusqu’à la place du Gal Ingold, l’ex Barrière de Belleville du Mur des Fermiers Généraux.
- A la construction du mur des
Fermiers Généraux, les cabarets sont passés de l’autre côté. Sous la
Restauration et dans les débuts de la monarchie de Juillet, entre les cabarets
du Bœuf-Rouge, du Coq-Hardi, du Sauvage, de la Carotte filandreuse, de l’Épée-de-Bois, la circulation est interdite aux voitures.
« Un beau dimanche du printemps ou de l’été, tout est confondu dans la
rue, depuis la barrière jusque auprès de l’entrée du bourg. Ouvriers,
bourgeois, militaires, hommes décorés, femmes en bonnet, femmes en chapeau,
marchands de fruits, de petits pains, tout circule, tout monte ou descend
confusément, sans se presser, sans se heurter ; et chacun cherche, sans
être troublé, l’enseigne de la guinguette où l’on vend du bon petit vin à dix
ou douze sous le litre, ou quinze sous la bouteille ; du bon veau, de
l’excellente gibelotte de lapin, de l’oie, soit en double soit rôtie,
etc. », assure en 1826 la Vie publique et privée des Français.
« Le dimanche, l’ouvrier vrai, écrit Denis Poulot, va se promener avec sa
femme et ses enfants dans les promenades publiques, visite les musées, les
expositions, l’été plus spécialement, va à la campagne dans les environs de
Paris, à dix heures il est rentré. »
Passons à l’ouvrier, le second dans l’ordre décroissant de sa
nomenclature : « Quand il fait beau le dimanche, à une heure, tout le
monde en route, à Saint-Ouen (pour la friture), Joinville, Romainville (Les
tramways électriques empruntèrent ces lignes dominicales : dès 1896,
République-Romainville, tramway à impériale) ou Bondy, on dîne au Lapin Vengeur, [l’enseigne représente
un lapin tuant d’un coup de pistolet un cuisinier] on rentre chargé de lilas ou
de muguet, même de simples fleurs des champs ; à onze heures, tout le
monde dort. »
- La dernière barricade de la
Commune fut-elle celle de la rue Oberkampf ? Celle
de la rue Rébeval dans le 19e ? Celle de la rue Ramponneau, au coin de la
rue de Tourtille, à en croire un dessin de Robida [né en 1848, il habite
Belleville de 1869 à 1882, avant de filer sur Argenteuil] qui le légende comme
« la dernière barricade de la
Commune » ? Lissagaray
a peut-être été le dernier défenseur de celle-ci [Lissagaray sera ensuite en
exil à Londres, l’amour des 18 ans d’Eleanor, dite Tussy, la cadette des sœurs Marx ;
il en a 34].
- rue Louis Bonnet, enfant
d’Aurillac, ouverte en 1927 : l’Auvergnat
de Paris était mort en 1913, une
foule immense suivant ses obsèques.
puis la rue de la Présentation :
la lisière sud de « La Goulette » de
Paris pour les juifs tunisiens, et depuis le début des années 1980, le bord
inférieur du Chinatown de Belleville.
On
trouvait encore dans les années 1990 quelques vestiges de pavés en bois dans
une entrée d'immeuble rue de la Présentation.
Le
personnage de L’Homme qui tuait des voitures, d'Éric le Braz, habite à l’angle Bonnet/Présentation
puis rue du Moulin Joly
- galerie Artegalore, 14, rue
du Moulin-Joly, ses vernissages attirent de nombreux VIP collectionneurs.
On a pu y croiser Arielle Dombasle, Marc Lavoine, Andrée Putman ou encore
Philippe Starck.
- à dr., rue Jean-Pierre Timbaud (ex rue d’Angoulême ; la « Ville
Neuve d’Angoulême » est nommée ainsi à la suite du premier projet de
lotissement et d’urbanisation de cette zone marécageuse, au XVIIIe siècle, qui
appartenait alors au duc d’Angoulême, frère du futur Louis XVI et futur roi
Charles X). Le cercle internationaliste ‘Les Sans Patrie’, fondé en 1880, a tenu ses réunions
hebdomadaires du samedi, salle Thomas, dans cette rue. Les Causeries populaires
de Libertad y ont eu une annexe en
1903, à l’angle avec la rue Morand (auj, mosquée Omar).
- 98 rue Jean-Pierre Timbaud: une pile de 5 bâtiments d'habitation successifs, en brique de Bourgogne, de 1887, et 4 intervalles où bosselle quatre fois, pour y prendre sa lumière, l'atelier qui occupait tout le sous-sol.
Le bâtiment 2 sur 5 |
La dernière des 4 bosses |
- 94 rue Jean-Pierre Timbaud. Ex
manufacture d'instruments de musique de 1881 à 1936 : la lyre du portail
(1882) est le seul élément explicite qui en rappelle l'histoire.
« Couesnon & Cie » fabriquait dans la grande halle métallique des
cuivres réputés dans le monde entier des fanfares et du jazz. Le Hall de
l'hôtel industriel est son magasin, vitrine internationale de ses instruments
qui sont testés dans la salle de l'Harmonie ; un Cercle Lamartine, société
justement « lyrique » a été hébergée dans ces lieux par un négociant
en vin à l'origine de la salle de l'Harmonie. Au début de la 3e République, six
cents ouvriers fabriquent des instruments à vent dans « la manufacture la
plus importante du monde ». Elle devient propriété de la CGT métaux en 1936 par l'achat
de l'usine par l'Union Fraternelle des
Métallurgistes, association dépendant de la CGT.
A cette époque, c’est Rol-Tanguy,
métallo de Talbot Paris puis de Renault, militant de la première cellule
d’entreprise créée dans l’usine au début 1924, qui est le secrétaire du
syndicat des métallos de la région parisienne. A partir des années 1930,
c’était toujours le syndicat des métaux qui était le premier du cortège
syndical au Mur des Fédérés, et à la tête des métallos, on voyait Jean-Pierre Timbaud, ouvrier dans une
fonderie d’art, trapu, « image d’Epinal avec ses couleurs chantantes et
crues », comme le décrit Philippe Robrieux. C’est dans le Grenelle des usines
Citroën qu’il avait mené la campagne électorale du Parti communiste, en 1932,
contre Marceau Pivert. C'est sous ce fer forgé des métallos que furent
accueillis les volontaires des Brigades
internationales à leur retour en 1938, que s'enseigna la pratique pionnière
en France de l'accouchement sans douleur, que ce tissèrent des réseaux de
résistance. A la Libération,
de solides barricades s’élèvent là comme avenue Parmentier, faubourg du Temple.
Le 24 août, les Allemands essayent de les forcer en direction de la République ; ils
sont repoussés à l’aide de grenades incendiaires et d’un canon de 77 pris à
l’ennemi. La rue pourra alors honorer Jean-Pierre Timbaud, à ce moment-là
fusillé depuis déjà trois ans, dès l’été 1941, à Chateaubriand. C'est dans la Maison des métallos que fut rendu le dernier
hommage à Dulcie September, amie de
Nelson Mandela, assassinée à Paris. La Maison a été rachetée par la ville de Paris, et
confiée à la mairie du 11e pour devenir un lieu polyvalent. L’Union des métallurgistes y a conservé
un espace pour installer son Institut
d’Histoire Sociale.
En face, angle rue Morand, la mosquée Omar ; pendant la grande prière
du vendredi, les fidèles débordent largement sur la chaussée de la rue Morand
Passage de la fonderie, l'aller |
Passage de la Fonderie, le retour |
- 70, rue J-P Timbaud : Cour des Fabriques, début 2nd
Empire
- 10, Cité d’Angoulême, ancienne manufacture
des frères Dutertre, 1853,
peintres-décorateurs sur porcelaine, dont la façade monumentale était autrefois
visible de la rue J-P Timbaud. Auj. atelier de Jean Nouvel
La Cour des Fabriques |
(Alternative en prenant par la rue des Trois-Bornes:
- 19 rue des 3 Bornes (et 11 cité Holzbacher, qui reliait 3 Bornes au 28 Fontaine au Roi à compter de 1845, supprimée en 1876 ; les frères Holzbacher faisaient des portefeuilles, des albums, médaille de bronze à l’expo de 1834), on a le libraire Gosset, qui publie par exemple le discours du citoyen Agricol Perdiguier sur la fixation des heures de travail prononcé à l’Assemblée nat le 8 sept. 1848. Lieu de naissance d’Alfred Sisley, plaque.
- 9 rue des Trois Bornes, déjà
attestée au 17e s. mais chemin de terre : Guithon SA,
découpage, emboutissage, repoussage de métaux en feuille pour orfèvrerie, arts
de la table, luminaires, etc.)
on tourne à dr. dans la rue
Pierre-Levée
4 Pierre-Levée, ISMH, manufacture de Loebnitz, bâtiment peut-être
de 1868, ou de 1880-84, par Paul Sédille, l’architecte du Printemps, sur lequel
ont été posées les fresque réalisées pour le pavillon des Beaux-arts de l’Expo
universelle de 1878.
12, Pierre-Levée, PLU boutiques au r-d-c, ateliers et logements en
étage, 1907
15, ateliers métallurgiques Kurz
16, atelier sur cour
20, Pierre Levée, frise de fleurs en céramique sur ancienne
manufacture de porcelaine ; escalier en coin dans la cour (ci-contre)
- 23 rue Pierre-Levée : les Plombiers-couvreurs de la Seine,
- 17, Fontaine au Roi : 28 mai 1871, dernière barricade
présumée de la Commune (voir plus haut ; plaque). Le 28 mai, à 13h, y tenaient
encore Jean-Baptiste Clément, Théophile Ferré, délégué à la Sûreté générale et son
frère Hippolyte, Varlin, un
garibaldien... « Au moment où vont partir leurs derniers coups, une jeune
fille venant de la barricade de la rue Saint-Maur arrive, leur offrant ses
services. Ils voulaient l’éloigner de cet endroit de mort, elle resta malgré
eux. A l’ambulancière de la dernière barricade et de la dernière heure,
Jean-Baptiste Clément dédia longtemps après la chanson des Cerises »,
écrira Louise Michel. C’est donc,
sinon la dernière, en tout cas la barricade
du Temps des cerises.