Balade pour les Équipages de la librairie éponyme, 61, rue de Bagnolet:
41, rue de Bagnolet / 2, rue Ligner. PLU : Immeuble de rapport en pierre de taille et brique construit par l'architecte Achille Champy en 1912 à l'angle de deux rues. Porte piétonne ornée d'une clef saillante. Étage noble desservi par un balcon soutenu par des consoles. Achille Champy a également construit dans le 11e et a été architecte conseil pour l'Office Public des Habitations à Bon Marché de Colombes dans les années 1930.
41, rue de Bagnolet / 2, rue Ligner. PLU : Immeuble de rapport en pierre de taille et brique construit par l'architecte Achille Champy en 1912 à l'angle de deux rues. Porte piétonne ornée d'une clef saillante. Étage noble desservi par un balcon soutenu par des consoles. Achille Champy a également construit dans le 11e et a été architecte conseil pour l'Office Public des Habitations à Bon Marché de Colombes dans les années 1930.
24, rue de Bagnolet / 2, rue
Monte-Cristo PLU : immeuble de rapport, 1909; bon exemple d'immeuble destiné à
la clientèle des employés des arrondissements populaires à mi-chemin entre la
construction sociale et le modèle de l'immeuble bourgeois en pierre de taille
de la Belle-Époque.
Villa
Riberolle : 1 à 23 ; 6bis ; 22-24, PLU ; atelier r-de-c,
habitation à l’étage, très remanié.
Ouverte en 1903 ; important atelier de
moteurs électriques de General Electric.
15, rue de Bagnolet / 2quater
cité Aubry, PLU : Maison d'angle caractéristique de l'ancien village de
Bagnolet et composée d'un étage sur rez-de-chaussée. Deux lucarnes.
La rue de Bagnolet, entre le boulevard de
Charonne et la rue de la Réunion, était comprise dans la rue de
Fontarabie. Au lieudit
Fontarabie, on trouvait comme à toutes les barrières des guinguettes. Ici
les plus notables avaient pour enseigne Les
Désirs des Français, La Chasse
Royale, ou les Noces de Cana, du
nom de son propriétaire, Jean-Gabriel Cana à la fin des années 1780 ; cette
dernière existait toujours sous cette enseigne, devenue énigmatique, 70 ans
plus tard. Y donner à manger gras, y laisser pratiquer le jeu était interdit
durant le carême, et vendre du vin à l'heure des offices, toute l'année. Les
vérifications étaient nombreuses et l'infraction punie de contravention comme
on peut le voir en cliquant ici.
Au 44 rue Planchat, Université populaire Zola ; rattachée à la Société des Universités populaires qui a son siège à l’Hôtel des Sociétés Savantes, 28 rue Serpente.
49, 49bis, rue Planchat, PLU :
Deux maisons du XIXe siècle, témoignant
de l'habitat du quartier. Elles présentent une façade composée d'un étage sur
rez-de-chaussée et séparées par une cour.
Église St-Jean Bosco. Cette église en béton armé fut édifiée de
1933 à 1937. Elle fait partie des paroisses créées par le cardinal Verdier dans
le cadre des Chantiers du Cardinal
qui voulaient implanter des églises dans les banlieues ouvrières de Paris.
L'architecte Rotter s'inspira de
Perret et de son église du Raincy. Cette église, typique du style "art
déco", a la grande chance d'avoir conservé son décor d'origine dans sa
presque totalité, ce qui en fait un témoin important sur le plan artistique.
Dans la crypte, des vitraux évoquaient la vie du Père Planchat, son apostolat
dans le quartier, et sa mort comme otage de la Commune. Ils ont été déposés.
95bis, rue de Buzenval, PLU :
Maison en meulière et brique. Façade composée de deux travées et présentant un
décor rustique utilisant des briques de couleurs et soulignant notamment
l'entourage des fenêtres. Porte d'entrée en plein cintre. Le sens aigu du
pittoresque dont témoigne cette réalisation se lit encore dans l'appoint de la
céramique (frises polychromes, beau linteau au-dessus de la croisée supérieure)
et jusqu'aux joints de ciment injectés d'éclats de silex.
Rue des Vignoles : À la
veille de la Révolution, la vigne,
que coupe ici ou là un rideau de peupliers, que ponctue quelque noyer
solitaire, occupe encore près de quatre-vingts pour cent du sol de Charonne Les
particularités de l’exploitation de la vigne à Paris – pleine propriété, avec
une stricte égalité dans l’héritage (mêmes conditions d’exposition et de pente)
– aboutiront à des lanières de plus en plus étroites encore visibles dans le
parcellaire, au sud de la place de la Réunion, par exemple.
32, rue des Vignoles, PLU, imm.
19e à usage actuel d’entrepôt. Décor très simple caractéristique de
l’architecture des anciens faubourgs.
Au 33 rue des Vignoles, l'Union régionale de la CNT |
Dans les années 1880, la Foire aux pains d’épices occupe le
boulevard de Charonne, la place de la Nation et les rues qui l’étoilent dont le
cours de Vincennes, la rue Philippe-Auguste, le boulevard Voltaire jusqu’à la
mairie du 11e et le boulevard Diderot jusqu’à la rue de Reuilly. Née en 1719 à
l’intérieur de l’abbaye de Saint-Antoine, la Foire est passée sur la voie
publique en 1806, à compter du jour de Pâques, pour occuper pratiquement tout
le faubourg. Elle s’appellera plus tard Foire
du Trône avant de sauter finalement le périph’ et d’atterrir, en 1965, sur
la pelouse de Reuilly.
64, bd de Charonne, PLU :
Immeuble de rapport d'aspect vers 1850 présentant une façade sur rue composée
de cinq travées et élevée de cinq étages carrés sur rez-de-chaussée. La
composition de la façade, encore nettement tributaire des modèles
Louis-Philippe, se distingue par son triplet central à hauteur de l'étage noble
orné de pilastres et desservi par un balcon portant une grille de fonte finement
ouvragée. Porte cochère surmontée d'un médaillon.
À l’été 1830, Martin Nadaud arrive de Villemomble
avec son père par l’actuelle rue d’Avron. « Nous rentrâmes dans Paris par
la barrière de Montreuil. C’était le 31 juillet ; ai-je besoin d’ajouter
que mon émotion fut grande en voyant barricades sur barricades jusqu’à la
Bastille ? Mais il nous fut impossible d’aller plus loin. Quel tableau
pour un enfant [il a 14 ans et demi] qui sortait de son village ! (...) la
population entière, combattants et non-combattants, était dehors, criant à
pleins poumons : « Vive la Charte ! À bas les
Bourbons !... »
Mais rue d’Avron, au Petit-Charonne, il n’y avait rien eu à
voir : la rue, alors de Montreuil, n’est à cette date constituée que de
cabarets, dont le plus tapageur, à la barrière, est celui des
Quatre-Drapeaux ; elle ne commencera d’être habitée qu’après 1830.
15, rue d’Avron / 1-3, rue
Planchat, PLU : Maison de faubourg à l'angle de deux rues composée d'un étage
sur rez-de-chaussée. Combles éclairés par des lucarnes.
30, rue d’Avron /49, rue de
Buzenval, PLU : Magasin et immeuble de rapport construit par l'architecte Louis-Charles Boileau en 1902 pour un
négociant de nouveautés établi rue d'Avron. Les magasins occupaient une partie
du sous-sol, le rez-de-chaussée et les deux premiers étages, reliés par un
escalier et un ascenseur intérieur. Le troisième étage, marqué par un
encorbellement, était occupé par l'appartement du négociant, les étages
supérieurs étaient divisés en deux logements, et le septième en chambres
séparées. Le métal et le verre dominent dans la partie réservée au magasin,
mais les piles sont en brique de Vaugirard. Les parements extérieurs et les
tableaux sont en brique blanche de Bourgogne, avec des joints creux passés au
fer.
60, rue de Buzenval, PLU : Hôtel
d'inspiration néo-Renaissance (traitement des lucarnes notamment) construit en
1902 par l'architecte Adolphe Vautrin.
Le rez-de-chaussée est orné de refends. Balcons soutenus par des consoles ornés
de garde-corps galbés en fonte au premier étage. La fenêtre à droite de la
façade est cantonnée par deux pilastres et surmontée d'une frise.
Rue de Buzenval / 25-27, rue des
Haies, PLU : Bâtiment des bains-douches
municipaux, construit en 1924-1927 par les architectes-voyers Georges Planche et Henri Gaudruche. Bâtiment à structure béton et parement de brique. Décors
de céramique polychrome sur le porche et la frise de couronnement. Il s'agit du
premier équipement de bains-douches municipal autonome et il devait servir de
prototype.
Le concours fut ouvert le 15
septembre 1924. Le projet retenu fut celui de deux architectes voyers au dépend
de celui d'un entrepreneur de banlieue. Il prévoyait une séparation immédiate
hommes-femmes qui occupent deux étages différents. Les locaux techniques sont au
sous-sol, tandis que le logement du directeur occupe l'aile en retour sur la
rue des Haies, avec entrée indépendante. Le programme exigeait aussi que ne
fussent employés en façade "que des matériaux ne nécessitant pas d'autre
ravalement qu'un nettoyage ou une brossage".
La brique convenait à merveille,
employée avec quelques éléments de céramique bleue. Le bâtiment fut mis en
service en 1927, premier d'une série de douze établissements semblables, réalisés
au cours des années trente.
En diagonale, de l'autre côté du carrefour, le rail du palan de la Cie parisienne de distribution d'électricité, de 1909, dépasse pour peu de temps encore du porche d'angle, le bâtiment étant promis à démolition.
En diagonale, de l'autre côté du carrefour, le rail du palan de la Cie parisienne de distribution d'électricité, de 1909, dépasse pour peu de temps encore du porche d'angle, le bâtiment étant promis à démolition.
Le 6 janvier 1902 (alors
qu'étaient flambant neufs les n° 49 et 60 de la rue) était découvert, rue des
Haies, un véritable arsenal, nécessaire à régler le différend qui opposait la
bande des Popincourt, commandée par Leca,
à celle des Orteaux, dirigée par Manda
(de son vrai nom Joseph Pleigneur), à propos de Casque d’or. C’est pour en qualifier les membres que le journaliste
Arthur Dupin lança le mot d’apaches.
Rue des Vignoles ; place de
la Réunion ; immeubles faisant l’arrondi dont un récent de l’Opac.
La vie communale est au
Grand-Charonne, relié à son cadet par la rue de la Réunion (réunion du Petit et du Grand Charonne,
sans rapport avec l'île) qui en tire son nom.
Le quartier en 1924 : Les ébénistes y gagnent de 200 à 250 F la semaine pour 48 heures de travail ; une chambre coûte de 20 F à 28 F la semaine, mais à 20 F, elle est vraiment sordide. Le restaurant le moins cher est celui des Coopérateurs, rue d’Avron, où l’on peut manger pour 3,25 F mais les parts y sont vraiment très petites. Pour la distraction, une demi-douzaine de cinémas, un Théâtre-Eden rue d’Avron, un café-concert. Sur 650 quotidiens que vend chaque matin la marchande du boulevard de Charonne, il y a 50 Humanité, et 150 exemplaires de journaux d’extrême gauche si l’on ajoute à l’Huma, l’Oeuvre et le Quotidien. Sur les murs, quelques affiches appellent à un rassemblement à la Bellevilloise « Pour l’évacuation immédiate de la Ruhr et du Maroc », une autre à une réunion des Jeunesses Communistes. Dans l’atelier où Jacques Valdour s’est fait embaucher, les graffitis des WC sont très politiques, il y voit même une citation de Lénine.
Le quartier en 1924 : Les ébénistes y gagnent de 200 à 250 F la semaine pour 48 heures de travail ; une chambre coûte de 20 F à 28 F la semaine, mais à 20 F, elle est vraiment sordide. Le restaurant le moins cher est celui des Coopérateurs, rue d’Avron, où l’on peut manger pour 3,25 F mais les parts y sont vraiment très petites. Pour la distraction, une demi-douzaine de cinémas, un Théâtre-Eden rue d’Avron, un café-concert. Sur 650 quotidiens que vend chaque matin la marchande du boulevard de Charonne, il y a 50 Humanité, et 150 exemplaires de journaux d’extrême gauche si l’on ajoute à l’Huma, l’Oeuvre et le Quotidien. Sur les murs, quelques affiches appellent à un rassemblement à la Bellevilloise « Pour l’évacuation immédiate de la Ruhr et du Maroc », une autre à une réunion des Jeunesses Communistes. Dans l’atelier où Jacques Valdour s’est fait embaucher, les graffitis des WC sont très politiques, il y voit même une citation de Lénine.
La communauté italienne est forte dans le quartier, et ses
hôtels meublés nombreux rue des Orteaux, rue de Buzenval, et surtout rue des
Haies ; ses restaurants se trouvent surtout rue de Montreuil et bd de
Charonne. Les Algériens, en 1924, se regroupent le midi dans le square de la
place de la réunion.
17, rue des Orteaux : le moignon
d'immeuble qui sert de contrefort à son voisin, inclus dans les secteurs de l’opération d’aménagement, confiée à la SIEMP,
ayant pour mission d’éradiquer l’habitat insalubre, est en passe d'être
remplacé par un bâtiment de 20 logements.
120, rue de la
Réunion, le « Jardin naturel »
est un musée de l’état sauvage ; on y est au confluent du château des Bragelongne (du 16ème
siècle, qui disparaîtra sous le 2nd Empire), et de Montlouis. Le château s’étendait alors jusqu’à l’actuelle rue
Ligner. Henri IV y était venu, Richelieu en était familier. Le bâtiment
s’étirait à l’emplacement de l’actuelle rue des Pyrénées, le parc se
prolongeait au nord jusqu’au clos Montlouis ; c’est à la jonction des
deux, là où s’élève à présent le mur des Fédérés, que Louis XIV a vu Paris
s’ouvrir à Condé et tirer sur les troupes royales.
Le côté sauvage
du jardin appelle le récit de Jean-Jacques
Rousseau :
« Le jeudi
24 octobre 1776, je suivis après dîner les boulevards jusqu’à la rue du
Chemin-Vert par laquelle je gagnai les hauteurs de Ménilmontant, et de là
prenant les sentiers à travers les vignes et les prairies, je traversai jusqu’à
Charonne le riant paysage qui sépare ces deux villages, puis je fis un détour
pour revenir par les mêmes prairies en prenant un autre chemin »,
raconte-t-il dans ses Rêveries du promeneur solitaire. Il
n’a pas eu besoin de contourner le Père Lachaise, qui n’existe pas encore, et
même, les Jésuites ayant alors été expulsés depuis une douzaine d'années, le
statut de Montlouis est incertain, qu’il a pu traverser.
« Depuis
quelques jours on avait achevé la vendange ; les promeneurs de la ville
s’étaient déjà retirés ; les paysans aussi quittaient les champs jusqu’aux
travaux d’hiver. La campagne encore verte et riante, mais défeuillée en partie
et déjà presque déserte, offrait partout l’image de la solitude et des
approches de l’hiver. (…)
« Je m’amusais à les parcourir avec ce
plaisir et cet intérêt que m’ont toujours donnés les sites agréables, et
m’arrêtant quelquefois à fixer des plantes dans la verdure. J’en aperçus deux
que je voyais assez rarement autour de Paris et que je trouvai très abondantes
dans ce canton-là. L’une est le Picris hieracioïdes de la famille des
Composées, et l’autre le Buplevrum falcatum de celle des Ombellifères. Cette
découverte me réjouit et m’amusa très longtemps et finit par celle d’une plante
encore plus rare, surtout dans un pays élevé, savoir le Cerastium aquaticum
que, malgré l’accident qui m’arriva le même jour [le jeudi 24 octobre I776],
j’ai retrouvé dans un livre que j’avais sur moi et placé dans mon herbier ».
Charonne ne compte alors pas même
six cents âmes.
8 à 2, rue de Lesseps / 81bis,
rue de Bagnolet, PLU : Séquence cohérente de villas sur jardin édifiées par
l'architecte Camille Nivoit en 1889.
La maison de l'architecte correspond au pavillon du n°4. Traitement et décor
pittoresque utilisant la brique.
Aux environs du n°80 (alors n°20),
était le jardin où les frères Jacquin,
pépiniéristes du quai de la Mégisserie, faisaient pousser arbres, arbrisseaux,
arbustes et plantes vivaces, dahlias qu'ils vendaient par nom et par couleur.
L'un des frères fut maire de Charonne de 1844 à 1848.
Au 85, rue de Bagnolet, la "villa Godin", l'une de ces
impasses (fermées) qui vont buter sur le Père-Lachaise et en ont la
tranquillité champêtre. « Vous enterrez vos meubles ! C'est bien
ça ? Je me suis demandé aussi pourquoi ce trou. Remarquez, mieux vaut
faire ça que la décharge publique. Et puis, si on en a besoin un jour, au moins
on sait où c'est. C'est pas toujours facile-facile de se séparer de certain
meuble avec qui on a vécu, on s'attache ! C'est le Père-Lachaise qui vous
a donné cette idée ? » (Alain Sevestre,
Double
Suicide villa Godin, p. 47, éditions de Minuit)
163, rue des Pyrénées, PLU :
Maison faubourienne sur rue, prolongée par un bâtiment bordé d'une terrasse.
Construction de trois niveaux en plâtre en pierre, implantée en profondeur le
long du square Henri Karcher.
102bis, rue de Bagnolet.
Construite vers 1860 (désaffectée en 1934), la gare de marchandises de la
Petite-Ceinture allait attirer de nombreuses industries, plutôt à l’est des
voies : parfumeries, savonneries, l’une des plus importantes fabriques de
bougies stéariques de la capitale, rue Aumaire (aujourd’hui partie haute de la
rue Vitruve; le plus gros contribuable de Charonne en 1859 est M. Baudoin, fabricant de bougies au n°21
de la rue Aumaire) ; l’usine de Houy-Navarre
qui, à la Croix-Saint-Simon, confectionne papiers
et toiles abrasifs, et celles qui font des ressorts pour crinolines, des
tissus de caoutchouc, des couleurs, des boutons.
Charonne comptait quinze mille
habitants à l’annexion. En 1866, la Petite-Ceinture ouverte au trafic
voyageurs, c’est-à-dire ici aux déplacements de la main-d’œuvre, faisait
circuler cinquante-six trains chaque jour, dans les deux sens, avec un premier
départ à 4 heures 50 du matin.
Dès le Second Empire, les
démolitions opérées au centre de Paris font refluer ici la population
ouvrière ; la vente de terrains devient la principale activité de
Charonne ; c’est alors que son château disparaît.
Au-dessus d’un tronçon de voie
morte, la gare de Charonne est redevenue, à partir de 1995, un lieu vivant à
l’enseigne de la Flèche d’or,
ferroviaire sans doute, mais dans laquelle on peut voir une double allusion par
la flèche aux Apaches et par l’or à une blonde fameuse qu’interpréta Simone
Signoret.
Au 109, Benjamin Trigano et Philippe Starck ont fait d'une partie
de l'immense parking à étages, plus tagué qu'un marin en bordée, le Mama Shelter, un hôtel branchouille
avec de l'Apple partout, des sex toys à la réception, des scooters électriques
à louer pour sillonner le Charonne popu.
108, rue de Bagnolet (et 22, rue
Pierre Bonnard), charcuterie (auj. agence immobilière), décor intérieur 2e moitié 19e siècle : décor de marbre et fixés
sous verre protégés MH depuis le 23 mai 1984.
L'église en 1858, dessin de Ransonnette; Gallica |
L’église Saint-Germain-de-Charonne, avec de puissants contreforts
autour d’une base du 13ème siècle, et un cimetière attenant, est celle d’un
village et, aujourd’hui, le seul exemple de ce type restant à Paris.
Photo d'Atget, 1900; Gallica |
Les ouvriers de Charonne ont payé
un lourd tribut à la Semaine sanglante, et le mur surplombant le presbytère, au
petit cimetière
Saint-Germain-de-Charonne, est un autre mur des Fédérés, au pied duquel de
nombreux restes, retrouvés près de trente ans plus tard de l’autre côté du
chemin, ont été enterrés.
Derrière l’église Saint-Germain,
le couvercle du réservoir semble le conservatoire du m2 étalon de
gazon.
Des bâtiments 18ème siècle
notables ont disparu savoir, au n°2, rue Saint-Blaise, l’hôtel construit par Jacques-François Blondel (1705-1774), et
au 5, rue Saint-Blaise la maison des frères Le Camus de Mézières. Nicolas, architecte et théoricien de
l'architecture (De la distribution des maisons de plaisance et de la décoration en
général, 1737), né et mort à Paris (1721-1789) eut ici avec ses frères,
Antoine et Louis-Florent, un petit théâtre particulier. En 1763, Le Camus de
Mézières était chargé de construire une nouvelle halle aux blés sur
l'emplacement de l'ancien hôtel de Soissons : la rotonde circulaire que nous
connaissons, entourant une cour centrale à ciel ouvert, intégrant la colonne
astronomique de Catherine de Médicis, seul vestige de l'hôtel construit pour
elle au XVIe siècle. La rotonde sera couverte pour la 1ère fois en 1783
par les architectes Jacques-Guillaume Legrand et Jacques Molinos.
Le 5, rue St-Blaise par Atget; Gallica |
134-36, rue de Bagnolet, PLU :
Deux maisons jumelles "de vignerons" d'un étage sur
rez-de-chaussée et soubassement, construite sur un terrain en forte pente. Le
rez-de-chaussée est exhaussé par un soubassement qui permet de rattraper la
pente. L'accès à chaque maison se fait par un escalier à double volée en fer à
cheval menant à la porte piétonne et produisant un effet pittoresque. Entre les
volées des escaliers, un soupirail permet un accès direct à la cave.
137, rue de Bagnolet, PLU :
Maison d'un étage sur rez-de-chaussée et de deux travées, témoin du village de
Bagnolet au XIXe siècle. La porte
d'entrée est encadrée de deux pilastres. A l'étage, la façade est ornée d'une
niche centrale et de quatre pilastres. Corniche à denticule à la retombée du
toit. Lucarne.
L'Ermitage par Atget; Gallica |
Le pavillon de l’Ermitage, seul bâtiment 18ème de Charonne, était une
dépendance de l'ancien château de Bagnolet, que limite ici la rue de Bagnolet
entre la rue des
Prairies et le boulevard Davout (situé sur la commune de Bagnolet,
il avait son entrée dans l'axe de la rue des Orteaux, de l'autre côté du bd
Davout). La Seigneurie de Bagnolet était devenue, en 1719, la
propriété de la Duchesse d’Orléans, arrière
arrière grand-mère du futur Philipe-Égalité, qui procéda, en 1769 (il n'était
encore que duc de Chartres), à la vente complète du domaine de Bagnolet. La
Duchesse d’Orléans avait fait construire l’Ermitage en 1734. Habité en 1792 par
la comédienne Grandmaison, il sera
le siège de la conspiration du baron de
Batz, son amant, qui se proposait d’enlever Louis XVI pendant sa
marche vers l’échafaud. La Grandmaison en paiera l’échec de sa vie, et la
Révolution aura cette conséquence inattendue pour Charonne que les arbres de
son orangerie, joints à ceux des serres des couvents et des petites maisons,
que les émigrés vendent à l’encan, vont y donner naissance à une culture de l’oranger, sinon pour les
fruits, essentiellement pour les fleurs et les feuilles, plus rentables.
[En allant au bout de la rue de
Bagnolet, on trouvait une vaste carrière
à plâtre, qui terminait ici l’arc de gypse parti de Montmartre, et qui avait
été, à la fin de son exploitation, reconvertie dans le champignon et la barbe-de-capucin, cette salade d’hiver
blanche, de la famille de la chicorée sauvage. Une autre partie de la carrière
désaffectée, sur-remblayée (outre son comblement, elle avait été montée en
colline, sans étayage suffisant) et donc trop fragile pour supporter autre
chose que des pavillons, a pu de ce fait être lotie par une Société coopérative
d’habitations à bon marché, La Campagne
à Paris, dont soixante pour cent des souscripteurs, en 1907, exerçaient un
métier manuel. La moitié de sa centaine de maisons individuelles a été achevée
à l’été 1914, l’autre en 1928. À côté du quartier des Apaches, la Campagne à
Paris, autour des rues Irénée-Blanc, Jules-Siegfried et Paul-Strauss, semble
une réserve, isolée en haut de ses escaliers.]
La rue des Balkans a été nivelée
par "l'atelier national"
de Charonne pendant la révolution de 1848.
49bis-53, rue Vitruve / 3, place
des Grès, PLU : Ensemble d'habitation sur cour du XIXe siècle témoignant de l'ancienne urbanisation
du quartier.
55, rue Vitruve, PLU : Maison sur
cour témoignant de l'ancien habitat du quartier. Façade sobre élevée d'un étage
carré sur rez-de-chaussée.
Rue Aumaire (aujourd’hui partie
haute de la rue Vitruve). En 1817, le chimiste Michel Eugène Chevreul découvrit que le suif animal (utilisé pour
la fabrication de bougies) était composé de deux acides gras (l'acide stéarique
et l'acide oléique) et de glycérine. En éliminant la glycérine, Chevreul
inventa la stéarine, permettant cette bougie moins malodorante qui fit la
fortune de Baudoin (évoqué plus haut) à Charonne. Nommé, en 1824, directeur des
teintures des manufactures royales, aux Gobelins, Chevreul, en s’intéressant
aux couleurs, passa de la chimie à l’optique :
son essai de 1839, De la loi du contraste simultané des couleurs, allait
influencer l’Impressionnisme et le pointillisme.
Un bâtiment
moderne, de 1991, au coin Albert Marquet / Vitruve évoque les poêles dits
Salamandre.
On recroise la rue des Orteaux. La
rue des Orteaux était encore, en 1830, l’Ancienne
Avenue de Madame, (la duchesse d’Orléans était "Madame" car
l'épouse de "Monsieur", frère du roi, et père de celui qui serait le
Régent), qui entre deux rangées d’ormes avait mené à son château de Bagnolet,
dont nous reste le pavillon de l’Ermitage.
Dans la rue des Orteaux, en 1912,
les Fratelli Crosio fabriquaient ces
accordéons faisant tourner la tête de Simone
Signoret qui, à l’envers de la valse, revient se river au regard de Serge Reggiani. Les Italiens étaient
nombreux dans le quartier, vivant le plus souvent en hôtels meublés, dans cette
rue, celle de Buzenval, celle des Haies. (En 1912, les frères Crosio étaient
donc rue des Orteaux avec, en 1916, leur magasin-atelier 29 rue de Reuilly; en
1948, ils passaient rue René Boulanger, avant la rue Faidherbe.)
1 à 3 rue Vitruve / 38b-40 rue
des Orteaux, PLU : École en brique de l'entre-deux-guerres.
A l'arrière des parcelles en lamelles qui, à gauche de la rue des Vignoles, rappellent les vignes disparues, on avait, 80, rue des Haies, l'entreprise G. Renault & Bon Dufour, fabricants de jouets, (soldats de plomb, châteaux forts ou bergeries miniatures), de la Belle Epoque aux années 1960. Rue89 lui a succédé en 2007 dans ce qui est devenu une pépinière d'entreprises.
La manufacture d'inox Létang-Rémy était voisine, qui se délocalisa en Seine-Maritime et licencia 130 ouvriers en 1978-79, avant d'être rachetée 20 ans plus tard par Guy Degrenne.
A l'arrière des parcelles en lamelles qui, à gauche de la rue des Vignoles, rappellent les vignes disparues, on avait, 80, rue des Haies, l'entreprise G. Renault & Bon Dufour, fabricants de jouets, (soldats de plomb, châteaux forts ou bergeries miniatures), de la Belle Epoque aux années 1960. Rue89 lui a succédé en 2007 dans ce qui est devenu une pépinière d'entreprises.
La manufacture d'inox Létang-Rémy était voisine, qui se délocalisa en Seine-Maritime et licencia 130 ouvriers en 1978-79, avant d'être rachetée 20 ans plus tard par Guy Degrenne.