De la banlieue rouge au Grand Paris


A l’occasion de la sortie de De la banlieue rouge au Grand Paris, ce texte qui n’en est pas un extrait mais donne une idée de son contenu :

St-Denis: la cheminée de l'ex Pharmacie de France devant l'anneau du Stade de France
Paris grossit et, régulièrement, doit desserrer sa ceinture d’un cran : on bâtit une enceinte neuve quand trop de constructions sauvages ont débordé la précédente. Dans tous les cas, la banlieue, cet espace de 3 lieues (soit une douzaine de kilomètres) autour de Paris, reste taillable et corvéable à merci. Les cahiers de doléances de 1789, d’Aubervilliers comme d’Issy-les-Moulineaux, protestent contre le droit de pâture : Louis XIV « ayant par une de ses ordonnances permis aux marchands bouchers de Paris de faire rafraîchir leurs moutons dans les plaines et campagnes de la banlieue de Paris, il en est résulté le plus grand inconvénient pour lesdits habitants, en ce que lesdits bouchers abusent de ce droit par le nombre prodigieux des moutons qu'ils font paître et les élèves [animaux nés et élevés chez un éleveur] qu'ils multiplient, ce qui est très préjudiciable, parce que ces animaux dévastent leurs terres et leurs prairies ; lesdits habitants demandent que les bouchers de Paris ne puissent avoir de troupeaux au-dessus de cinquante moutons, et que le nombre desdits bouchers ne puisse être de plus de deux par chaque village de la banlieue. » Idem dans les cahiers de Pantin, de Vanves.
Les cahiers d’Aubervilliers, - elle fait partie des paroisses de banlieue tenues d’enlever, à leurs frais, les boues de Paris pour les étendre sur leurs terres -, demandent la suppression des taxes qui frappent les voitures de ce transport et qui sont de 8 sous par cheval. Ceux de Bagnolet demandent la suppression de la taxe pour l’enlèvement des boues de Paris. Pantin veut pouvoir prendre gratuitement les boues de Montfaucon.
En 1790, la population de Clichy-la-Garenne met à sac les « remises royales », ces taillis qui doivent être conservés en l’état afin que le gibier puisse s’y abriter. A Aubervilliers, on proteste pareillement contre le gibier remisé sur les terres pour le plaisir du roi. Saint-Ouen demande la suppression de toutes les capitaineries royales, notamment de celle de la garenne des Tuileries. Pantin présente semblables réclamations.
Et quand trouve-t-on l’occasion de dormir dans la banlieue maraîchère de Paris ? On en part à 1 heure, à 2 heures du matin, d’Aubervilliers, de Pantin, du Pré-Saint-Gervais en direction des marchés de la capitale, et « les voleurs ont toutes facilités à piller les maisons, désertées la nuit par la plupart des habitants qui vont vendre leurs légumes ».

Dans les années 1840, des considérations stratégiques poussent à la construction de deux lignes de défense, assez au large de Paris qui, depuis la Révolution, a pour limites le mur des Fermiers généraux (actuelles lignes 2 et 6 du métro). La première enceinte stratégique, continue, traverse en leur milieu les communes de la première couronne ; la seconde, en pointillés (des forts détachés), passe derrière ces mêmes communes. Cette fois, les enceintes sont préalables à la croissance, anticipent son mouvement plutôt que d’en prendre acte, offrant deux horizons tout tracés à l’extension de Paris.
Le Second Empire saisit l’occasion et annexe, en 1860, les moitiés de communes coincées depuis vingt ans entre le mur d’octroi des Fermiers généraux et les premières fortifications. L’étape suivante semblait devoir être l’annexion des moitiés restantes, entre les fortifs et les forts. Si cela ne vint pas, c’est que Paris[1] fait déjà ce qu’il veut non seulement de ses 28 communes limitrophes, mais aussi de la cinquantaine d’autres du département de la Seine. Alors que ces 78 communes, la « Seine-banlieue », représentent 30% de la population du département, Paris dispose de 91% des sièges au conseil général dans les débuts de la Troisième République, et encore de près de 80% de ceux-ci après la réforme de 1893.
En 1911, Paris compte 2 888 932 habitants ; la Seine-banlieue, 1 265 932. Le conseil général de la Seine est composé des 80 conseillers municipaux de Paris (chacun des 80 quartiers y constituant aussi un canton) et de 22 élus suburbains pour les 22 cantons découpés dans les quelque 80 communes de la Seine-banlieue. Un conseiller municipal/général parisien représente ainsi un peu plus de 36 000 habitants, un conseiller général de la Seine-banlieue 57 500 !


L’anneau de trois à six kilomètres de large entre fortifs et forts est pour Paris ses escaliers de
Montreuil: remploi de l'ancien château d'eau de Pernod
service, ses communs ; il y met ses usines, à commencer par les plus polluantes.
Nicolas Chaudun, dans le passionnant essai qu’il consacre au baron Haussmann, publie cette note secrète que le préfet de la Seine adresse, en 1857, à Napoléon III :
« Il n'est nul besoin que Paris, capitale de la France, métropole du monde civilisé, but préféré de tous les voyageurs de loisir, renferme des manufactures et des ateliers. Que Paris ne puisse être seulement une ville de luxe, je l'accorde. Ce doit être un foyer de l'activité intellectuelle et artistique, le centre du mouvement financier et commercial du pays en même temps que le siège de son gouvernement ; cela suffit à sa grandeur et à sa prospérité. Dans cet ordre d'idées, il faut donc non seulement poursuivre mais encore hâter l'accomplissement des grands travaux de voirie conçus par Sa Majesté, faire tomber les hautes cheminées, bouleverser les fourmilières où s'agite la misère envieuse, et au lieu de s'épuiser à résoudre le problème qui paraît de plus en plus insoluble de la vie parisienne bon marché, accepter dans une juste mesure la cherté des loyers et des vivres qui est inévitable dans tout grand centre de la population, comme un auxiliaire utile pour défendre Paris contre l'invasion croissante des ouvriers de la province".
Paris place en banlieue ses usines à gaz et ses centrales électriques, ses bassins de décantation et de traitement des eaux, ses incinérateurs d’ordures ménagères. La création du TIRU (Traitement Industriel des Résidus Urbains), à l’initiative de la ville de Paris, est de 1922. Le TIRU est le régisseur des quatre usines d’Ivry, d’Issy, de Saint-Ouen (c’est celle qu’on voit filmée dans La Zone de Georges Lacombe) et de Romainville, qui produisent de l’électricité. Dès le 18 décembre 1935, une délibération du conseil général de la Seine demande d’« envisager le déplacement du TIRU vers des zones où l’incinération ne soit pas dangereuse pour la santé publique » ; en vain. En 1946, à la nationalisation, le TIRU deviendra filiale d’EDF.
Paris y met enfin, en banlieue, quelques-uns de ses grands hôpitaux et ses cimetières « parisiens », tout ça sur des terrains que la capitale possède en pleine propriété, à raison chaque fois de dizaines d’hectares. Rien qu’au chapitre des cimetières, le maire de Clichy, en 1909 (le cimetière des Batignolles, qui sera annexé plus tard par la capitale en même temps que la Zone, appartient alors à son territoire), fait remarquer que Paris tire des profits de la vente des concessions funéraires tandis qu’à Clichy incombe l’entretien des chaussées empruntées pour les visites aux sépultures, et sans que la capitale ne verse à la commune la moindre redevance ou contribution.
Escaliers de service et chambres de bonnes : avant 1914, 200 000 banlieusards viennent travailler à Paris tous les jours. Sous ce titre : « Le régime des transports du plus grand Paris », l’association des usagers des transports en commun demande dès 1926 « le service ouvrier tous les jours, sur toutes les lignes ». La décision du conseil général de réaliser 15 prolongements de lignes de métro jusqu’à l’anneau entre fortifs et forts est de 1928 : 7 prolongements seront réalisés avant la Deuxième Guerre mondiale, 3 pendant celle-ci, tandis que le dernier, Mairie de Saint-Ouen – Carrefour Pleyel, ne sera effectif qu’en 1952.
 
Aubervilliers: des logements neufs (au fond) aux toits d'ateliers en dents de scie
A la Belle Époque, - belle pour les autres -, les députés socialistes de la Seine, Marcel Sembat, Albert Thomas, Édouard Vaillant demandent: « Est-il une classe plus opprimée, plus accablée, plus déshéritée que la vôtre, travailleurs de banlieue ? »
Avant les municipales de mai 1912, le Parti socialiste réclame donc (l’Humanité du 23 avril) : « La réorganisation administrative du département de la Seine ; la création d’une assemblée départementale autonome, issue d’un scrutin équitable, où tous, qu’ils soient de Paris ou de la banlieue, auront mêmes droits ; l’équivalence des charges fiscales, dans tout le département ; la reprise par le département de tous les grands services publics, eau, gaz, force motrice, transports ; l’unification des services d’assistance, d’enseignement, d’hygiène, d’habitation. »
Aux municipales de mai, le Parti socialiste gagne Le Pré-St-Gervais, Alfortville, le Kremlin-Bicêtre, St-Denis, St-Ouen, Puteaux, Levallois en partie. Au 1er tour des cantonales du 2 juin, il obtient Puteaux, Pantin, St-Denis; il est en tête du ballotage à St-Ouen, Ivry et Charenton. L’Humanité du 3 juin, sous la signature de Louis Dubreuilh et le titre Banlieue socialiste, écrit : « Le centre de Paris est peut-être perdu pour nous ; mais autour de ce centre, comme une double couronne socialiste et prolétarienne, nous avons les arrondissements de la périphérie et par delà, de l’autre côté des fortifications la ceinture des communes suburbaines, dont la population ira sans cesse croissant en nombre et en influence politique. Si nous voulons que Paris et que la Seine jouissent d’une administration conforme aux intérêts de la classe ouvrière, c’est donc l’heure, plus que jamais, de réclamer par la désaffectation des fortifications la constitution d’une grande commune parisienne s’étendant jusqu’aux limites du département. » (c’est moi qui souligne)

Les fortifications ont 140 mètres de largeur et sont flanquées d’une zone inconstructible, destinée à dégager le tir, large de 250 mètres. Dès les premières hypothèses de déclassement, en 1898, cette zone non aedificandi s’est couverte de masures et bicoques en tous genres, est devenue LA Zone. En avril 1919, le déclassement de l’enceinte est administrativement réglé, la démolition des fortifs peut commencer.
Le 29 décembre1920, alors que bat son plein le congrès de Tours qui va décider de la création du parti communiste, M. Henri Sellier, membre du Conseil général de la Seine, fait inscrire à l'ordre du jour de cette assemblée une question à M. Autrand, préfet de la Seine, sur les pourparlers engagés avec l'État pour le déclassement de la deuxième ligne de défense de Paris. Les forts détachés sont, comme les fortifs, entourés chacun d’une zone dégagée de 250 mètres. « Il se présente là, écrit le Figaro, une occasion unique dans l'histoire de Paris de réserver mille hectares en espaces libres, répartis sur dix-huit points de la banlieue, et situés sur des hauteurs boisées et aérées ». Les forts n’ont pas été libérés, ils restent, pour beaucoup, occupés par l’armée.

Aux élections municipales de 1919, les socialistes ont conquis vingt-quatre municipalités de banlieue ; elles adhèrent pour l’essentiel à l’Internationale communiste, mais une dizaine d’entre elles passent dans l’entre-deux de « l’Union socialiste communiste » dès 1923. C’est le cas d’André Morizet à Boulogne-sur-Seine, de Justin Oudin à Issy-les-Moulineaux, d’Eugène Boistard au Pré-Saint-Gervais, de Charles Auray à Pantin, d’Alexandre Bachelet, adjoint au maire de Saint-Ouen.
Au lendemain des élections législatives de mai 1924 et de la victoire du cartel des gauches, Paul Vaillant-Couturier voit, dans L'Humanité, « Paris encerclé par le prolétariat révolutionnaire ». En 1945, la banlieue rouge communiste sera forte de cinquante communes.

L’office départemental des habitations à bon marché (HBM) de la Seine, créé en 1915, a construit à l’emplacement des fortifs 20 000 logements. En avril 1930, Paris s’est « contenté », dans l’anneau entre fortifs et forts, d’annexer la Zone sous prétexte d’en faire des espaces verts. La Zone est encore peuplée de 14 000 personnes quand elle commence, en novembre 1942, à être démantelée pour de bon. Après les espaces verts, il n’est plus question maintenant que d’y tracer un « boulevard » périphérique, mais au sens ancien de boulevard, c’est à dire planté d’arbres. Finalement, c’est le périph’ que l’on connaît qui se construit de 1958 à 1973, séparant Paris de la Seine-banlieue plus étanchement que ne faisaient les fortifs. Dans l’intervalle, en 1964, cette Seine-banlieue a été démembrée entre les nouveaux départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, tandis que le département de la Seine a été rétréci, au rebours d’une tendance séculaire, jusqu’à se confondre avec Paris.
 
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La banlieue change : la décentralisation, les délocalisations, font disparaître les emplois industriels. Un nouveau mur double la cloison anti-bruit du périph’ : celui d’immeubles de bureaux comptant, en sous-sol, autant de places de parking qu’il y a d’employés au-dessus ; les nouveaux emplois tertiaires ne correspondent plus aux habitants du voisinage. Dans de vieux ateliers en déshérence, s’installent les gentrifieurs, ces drôles de gens dont la vie crée de la valeur pour le propriétaire, le promoteur. C’est leur coolitude qui fait grimper les loyers et plus seulement, comme auparavant, la qualité des dessertes, le métro, les infrastructures et équipements publics. La centrifugeuse à chasser le populaire tourne à plein.
On a du mal à se rappeler que la banlieue ouest a été, comme celle du nord-est, industrielle. Et plus naturellement que l’autre : les industries chimiques et métallurgiques étant grosses consommatrices d’eau, utilisant le fleuve comme déversoir de leurs rejets, il était logique qu’elles s’installent, sur la Seine, en aval de la capitale. Que reste-t-il, à Boulogne, à Suresnes et Puteaux, à Levallois, de Renault, de Simca et de Citroën ?
Et le nord-est à son tour se transforme : 15 des 24 communes De la banlieue rouge au Grand Paris, sont pourvues de berges, de la Seine, de la Marne, des canaux de Saint-Denis et de l’Ourcq, et les anciens quais de déchargement, encombrés de matériaux hétéroclites, sont susceptibles d’offrir des « bords de l’eau » à des résidences de standing. Il n’est que de voir Pantin, où de petits bateaux de louage, dans le prolongement du parc de la Villette, suivent le fil de l’eau des anciens Grands Moulins abritant la BNP-Paribas à l’agence de publicité bientôt installée dans les Magasins Généraux en passant par le siège neuf de Chanel.
On est encore loin, heureusement, de ce que les deux moitiés se ressemblent ; pour ne prendre que cet infime détail, mais il est symbolique, Levallois a une rue Thierry le Luron, Montreuil un collège Cesaria Evora.

Au début du 21ème siècle, la presse est partie à la pêche d’un vingt-et-unième arrondissement, une misère comparée à Haussmann qui avait gobé d’un coup de quoi en faire huit, et une ambition sacrément réduite par rapport au « gouvernement d’agglomération » réclamé dès 1912. Elle comme Zurban voient dans le rôle du 21ème arrondissement, Montreuil. Le Nouvel Observateur énumère six critères décisifs d’élection. Joinville, par la bouche d’un premier adjoint, pose sa candidature dans le Courrier des maires et des élus locaux : « nous ne verrions aucun inconvénient à devenir un arrondissement parisien. Paris est une réalité omniprésente pour Joinville. C’est historique. La capitale est propriétaire de nombreux terrains et il faut négocier avec elle pour de nombreux projets. Les deux villes ont en commun une partie du bois de Vincennes, le RER A… Le parc des sports de la ville se trouve sur un terrain appartenant à Paris, et cette dernière retraite son eau potable à Joinville. »
Puis on a sauté à l’autre extrême avec une « Métropole du Grand Paris » qui regroupera, au 1er janvier 2016, la capitale et les trois départements adjacents. Par rapport à la Seine d’avant 1964, c’est un tiers de Hauts-de-Seine, une moitié de Seine-Saint-Denis et une moitié de Val-de-Marne en plus. Du ressort de la « Métropole du Grand Paris », l’urbanisme et la solidarité financière, le développement économique, social et culturel, la politique de la ville et l'environnement.
Les intercommunalités situées à l’extérieur de cette limite pourront s’adjoindre à la Métropole sur la base du volontariat, à condition d’être limitrophes et de regrouper au moins deux cent mille habitants. Les intercommunalités de la première couronne auront disparu au 31 décembre 2015 ; elles seront ravalées au rang de « territoires », et seulement à condition de réunir trois cent mille habitants, sortes d’exécutifs des stratégies métropolitaines, privés d’autonomie financière. Une mission de préfiguration, coprésidée par le préfet de la région Ile-de-France et par le président du syndicat d’élus « Paris Métropole », doit d’ici-là résoudre toutes les questions pendantes.
 
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Quel que soit leur point d’insertion dans un ensemble qui les dépasse, les villes de banlieue sont doubles, partageant des traits communs et riches d’histoires particulières. Jules Romains écrivait en novembre 1928, - c’était donc une prémonition, non un constat -, « Pour dire les choses en gros, sans nuances, il n’y a que Paris qui ait une banlieue. Et sans doute ne l’aura-t-il eue à ce point de singularité et de perfection pathétique qu’à peine l’espace d’un siècle : du début du Second Empire, jusque dans les années 1940 ou 1950 ». A nouveau, en 2003, la loi Borloo entendit faire disparaître, en cinq ans !, jusqu’au mot de banlieue, en transformant radicalement sa réalité par la démolition/reconstruction des logements sociaux.

Des deux horizons perdus d’un Grand Paris qui ne s’est pas fait, la ligne des Forts et la limite départementale de la Seine-banlieue, le dernier était trop vaste si l’on voulait pouvoir raconter non « la banlieue » indifférenciée mais autant de personnalités particulières que de villes en une série de monographies. Au critère de l’étendue, s’en rajoutait un autre : le Grand Paris des « hautes cheminées », - dont est emblématique la Plaine-Saint-Denis, qui fut jusqu’à la décentralisation et au choc pétrolier, à lire ce que produit la communauté d’agglomération Plaine Commune, « l’une des grandes zones industrielles d’Europe, l’égale de la Ruhr ou de Manchester » -, était d’abord une réalité humaine, sociale, politique, ouvrière, plus que géographique. Le vote « Front populaire » aux élections législatives d’avril-mai 1936 a été l’expression de cette réalité : des vingt-neuf communes jouxtant Paris, sous la ligne des forts, seuls Neuilly d’un côté et la circonscription regroupant Vincennes, Saint-Mandé et Fontenay-sous-Bois de l’autre, y ont élu un député de droite. Enfin, Saint-Cloud a toujours fait partie de la Seine-et-Oise. Le vote « Front populaire » et l’appartenance à la Seine-banlieue écartaient donc ces cinq communes de De la banlieue rouge au Grand Paris.


[1] Plus exactement, l’État à travers Paris : la capitale n’a pas de maire, est dirigée par le préfet de la Seine et le préfet de police ; toutes les délibérations du Conseil général sont soumises à l’approbation préfectorale.