Rue Amelot, Gévelot fait les cartouches du boulevard du crime

L'occasion de ce parcours a été une balade pour la librairie Les guetteurs de vent, 108, avenue Parmentier, Paris 11e. Le trajet recoupe en partie celui de la balade de Libertad à Ko-Ko-Ri-Ko.



Au coin de la rue du Faubourg-du-Temple et du bd du Temple qui y arrivait, la place n’existant pas, commençait (où finissait) le « boulevard du crime » dont les spectacles débutaient à 6 heures et comptaient 12 à 15 actes. Le Théâtre Historique d’Alexandre Dumas s’y ouvre le 20 février 1847, juste à ce coin-ci, avec la Reine Margot, pour laquelle les spectateurs auront fait deux jours et deux nuits de queue. Mais son spectacle le plus emblématique reste le Chevalier de Maison-Rouge. Mélingue tient le rôle titre de cette adaptation de l’Histoire des Girondins de Lamartine, qui avait déjà été un gros succès de librairie, et qui fournira son hymne à la révolution de 1848 :
Mourir pour la Patrie, (bis)
C’est le sort le plus beau, le plus digne d’envie ! (bis)
Le Théâtre Historique n’existe déjà plus à l’annexion de 1860, mais il y a encore là, entre le bd du Temple et la rue des Fossés du Temple (qui deviendra Amelot en 1871), le Théâtre lyrique, le Cirque Impérial (ex Olympique) et les Folies Dramatiques, qui seront tous trois détruits par l’agrandissement de la place et la construction des Magasins réunis ; la Gaité, les Funambules, les Délassements comiques, emportés eux par le percement du bd du Prince Eugène (qui deviendra bd Voltaire).
La cour du centenaire de Voltaire
- cirque Myers, place de la République. PLU : immeuble des Magasins Réunis, construit en 1866 par l'architecte Gabriel Davioud, réalisé en symétrie de la caserne Vérines ; aujourd'hui hôtel Crowne Plaza ; dans l'immense cour carrée, le cirque Myers.
Le 21 janvier 1878, une brochette de progressistes prépare le centenaire de Voltaire au Tivoli Vauxhall (12,14,16 rue de la Douane (auj. Léon Jouhaux), place du Château-d’Eau). Parmi eux, le député quarante-huitard Schoelcher, qui a fait voter l’abolition de l’esclavage, l’industriel Scheurer-Kestner qui jouera un rôle important dans la défense de Dreyfus, l’industriel Émile Meunier, qui a été des 50 (contre 392) à voter l’amnistie des Communards en 1876, et propriétaire du Bien Publicl’Assommoir parut en feuilleton. Il renommera d’ailleurs son journal en Voltaire.
Quand arrive la cérémonie prévue du centenaire, le 30 mai 1878, toute manifestation extérieure a été interdite. C’est donc au cirque Myers que les présidents des Conseils municipal et général, une vingtaine de conseillers et de députés, et 5 à 6 000 personnes se réunissent autour de la statue de Voltaire posée sur un char qui restera immobile, et lancent des appels en faveur des détenus politiques.

Face à la "grisette 1830", Frédérick Lemaître
Entre les actuels avenue de la République et boulevard Voltaire, toujours sur le Boulevard du Crime, aux Folies-Dramatiques, inaugurées en 1831, triomphe Frédérick Lemaître, « le comédien du peuple, l’ami du peuple, adopté et créé par le peuple ». Face aux « comédiens ordinaires du roi des Français », écrit Jules Janin en 1835, c’est le « comédien des faubourgs, comédien de toutes les passions aux joues rubicondes, aux bras nerveux, aux reins solides, qui vont le voir, l’admirer et l’applaudir ! » La Vie et la Résurrection de Robert Macaire, poursuit Janin, est son Mariage de Figaro : « Figaro, Macaire, deux hommes qui ont existé, deux hommes révoltés contre la société chacun à sa manière, l’un avec son esprit, l’autre avec son poignard ; deux escrocs tous les deux, l’un dans le salon, l’autre sur le grand chemin ; deux hommes d’esprit et qui font rire tous les deux ». Chez Marx, Louis Philippe deviendra "Robert Macaire sur le trône".
Aux environs du n° 52 bd du Temple : les Funambules sont le croissant de lune où s’assied Pierrot, alias Gaspard Debureau, et pour la première d’une pantomime de Champfleury, Pierrot, valet de la mort, « il y avait épars dans les loges, aux galeries, dans l’orchestre, selon L’Écho du 27 septembre 1846, Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Théodore de Banville, Henri Murger, Baudelaire-Dufays, Privat d’Anglemont, Pierre Dupont... ».

Sur le mur pignon du n°50, le trompe-l'oeil évoque le rideau de scène du Boulevard du Crime.
Le rideau s'ouvre Boulevard du Crime
On avait applaudi sur le boulevard, dès 1760, les « grands sauteurs et danseurs de corde » de la future Gaîté, et « les petits enfants » des ballets-pantomimes de l’Ambigu-Comique, troupes que la du Barry fera venir, l’une et l’autre, devant le roi pour le distraire de son humeur maussade ; les écuyers du Cirque-Olympique y caracolaient dès 1817, les prestidigitateurs des Délassements-Comiques, familièrement abrégé en Délass’Com’ aussi. Ces "théâtres" étaient entremêlés de cafés. Théâtres entre guillemets car les troupes de comédiens, "à privilège du roi", avaient sous la monarchie le monopole du texte parlé, on applaudissait donc sur le boulevard essentiellement des exercices acrobatiques.
A la Révolution, la liberté des théâtres (l'abolition de ces privilèges-là avec les autres) a permis à quelques-unes de ces salles de se consacrer à l’art dramatique, avec bientôt le répertoire très spécifique du fantastique anglo-saxon: Le Moine, de Lewis, est adapté par Pixérécourt dès l’année suivant sa parution en Angleterre et connaît quatre-vingts représentations à la Gaîté, en 1797, (alors que le roman attendra 1840 pour être traduit). Les Pénitents noirs, d’Ann Radcliffe, qui eux bénéficieront d’une traduction plus rapide, y sont aussitôt joués. C’est boulevard du Temple qu'au début du 19ème  siècle la première génération romantique se met à l’école du fantastique anglo-saxon.
L'Ambigu Comique, devenu lui aussi un vrai théâtre, avait été détruit par un incendie en 1827 et reconstruit à la pointe entre le bd Saint-Martin et la rue de Bondy (auj. René Boulanger).
La parade, devant les salles, appelait les spectateurs à entrer ; elle avait ses célébrités dont Bobêche, veste rouge, perruque de filasse, bicorne gris au-dessus duquel un papillon vibre au bout d’une tige de fil de fer. C’est sur le chemin de Charles Nodier, qui habite 63 boulevard Beaumarchais en 1824, et en est si fasciné que ses perpétuels retards au ministère de l’Instruction publique lui valent une remontrance. Il avoue ses interminables stations devant les tréteaux. « Monsieur, lui répond le ministre, vous voulez m’en imposer, je ne vous y ai jamais vu. »

- 42, bd du Temple, PLU : immeuble Louis-Philippe très caractéristique : balcon filant et garde-corps en fonte comme les vantaux de la porte ; surélévation ultérieure.
Flaubert, de 1856 à 1869, y a son domicile, au 3e étage, au-dessus de l’appartement de sa mère : « une antichambre, 2 pièces à feu ayant chacune une fenêtre sur le boulevard ; une salle à manger, une autre pièce à feu, une cuisine sur la cour, WC à côté de la cuisine, sortie de service » Il en est au chapitre 8 de la troisième partie de Mme Bovary.
Dès le lendemain de la parution de leur Charles Demailly, - on est au début de 1860 – voilà les frères Goncourt « boulevard du Temple, dans le cabinet de travail de Flaubert, dont la fenêtre donne sur le boulevard et dont le milieu de cheminée est une idole indienne dorée. Sur sa table, des pages de son roman qui ne sont presque que ratures. De grands, de chauds et de sincères compliments sur notre livre, qui nous font du bien au cœur ; une amitié dont nous sommes fiers... »
Flaubert reçoit le dimanche, sur son grand divan de cuir surmonté d’un moulage de la Psyché de Naples, la pittoresque actrice Suzanne Lagier, et Sari, son amant, directeur du théâtre des Délass’Com’. George Sand aussi.
En face, le Jardin turc, si compassé - Jouy, dans les années 1810 : « Ici, tout était calme, sang-froid, gravité; c’était l’assemblée des oisifs du Marais : les uns, assis en cercle, discutaient un exemple de longévité, sur la foi de la gazette de Presbourg, et le plus grand nombre, regardant jouer au billard, attendait l’occasion de donner son avis sur un carambolage équivoque ». Un guide de 1830 assure encore que « les dames du Marais y viennent pour se distraire du silence et de l’ennui qui règnent dans leur quartier désert » -, a été repris par Bonvalet sous la monarchie de Juillet.
Flaubert, dans une lettre aux Goncourt du 20 mai 1868, leur explique pourquoi ils ne l’ont pas vu au bal des Tuileries, c’est-à-dire de l’Empereur :
« Rentré chez moi, dimanche, à onze heures et demie, je me couche, en me promettant de dormir profondément, et je souffle ma bougie. Trois minutes après, éclats de trombone et battements de tambour ! C’était une noce chez Bonvalet. Les fenêtres dudit gargotier étant complètement ouvertes (vu la chaleur de la nuit), je n’ai pas perdu un quadrille ni un cri ! L’orchestre (comme j’ai l’honneur de vous le répéter) était enjolivé par deux tambours !

      À six heures du matin, re-maçons. À sept heures, je déménage pour aller loger au Grand-Hôtel.
      Là, trois quarts d’heure de promenade avant de trouver une chambre.
      À peine y étais-je (dans la chambre) qu’on se met à clouer une caisse dans l’appartement contigu. Re-promenade dans le même hôtel pour y découvrir un gîte. Bref, à neuf heures, j’en sors et vais à l’hôtel du Helder, où je trouve un abject cabinet, noir comme un tombeau. Mais le calme du sépulcre n’y régnait pas : cris de MM. les voyageurs, roulement des voitures dans la rue, trimbalage de seaux en fer-blanc dans la cour.
      De 1 heure à 3 heures, je fais mes paquets et quitte le boulevard du Temple.
      De 4 à 6 heures, avoir tâché de dormir chez Du Camp, rue du Rocher. Mais j’avais compté sans d’autres maçons qui édifient un mur contre son jardin.

      À 6 heures je me transporte dans un bain, rue Saint-Lazare. Là, jeux d’enfants dans la cour et piano.

      À 8 heures, je reviens rue du Helder, où mon domestique avait étalé sur mon lit tout ce qu’il me fallait pour aller, le soir, au bal des Tuileries. Mais je n’avais pas dîné et, pensant que la faim peut-être m’affaiblissait les nerfs, je vais au Café de l’Opéra.
      À peine y étais-je entré qu’un monsieur dégueule à côté de moi.
      À 9 h, je retourne à l’Hôtel du Helder. L’idée de m’habiller m’épuise comme une saignée aux quatre membres. Je renâcle et je me décide à regagner les champs au plus vite. Mon serviteur fait ma cantine.

      Ce n’est pas tout. Dernier épisode : ma cantine déroule de l’impériale du fiacre par terre et me tombe sur l’épaule. J’en porte encore les marques. Voilà.

      À vous. »

Le 19 juillet 1869, le portier du 42 boulevard du Temple réveillera Flaubert, à l’aube, pour lui remettre une dépêche lui annonçant la mort de Bouilhet, à quarante-sept ans.

Auparavant, le 2 décembre 1851, une poignée de réfractaires au coup d’État, Charamaule, Baudin, Edgar Quinet..., s’était réunie 70, rue Blanche. Victor Hugo en était parti, pour accompagner le colonel Forestier qui se faisait fort de rallier la 6e légion de la garde nationale dont il avait été destitué par le prince président. Les renseignements glanés en chemin ne sont pas encourageants ; Forestier préfère maintenant s’arranger à l’amiable que de se faire réinvestir du commandement par Hugo devant la troupe. On se retrouvera chez Bonvalet, 29 bd du Temple, où rendez-vous a déjà été fixé avec Michel de Bourges et d’autres représentants. Quelques heures se passent en aller et venues, en vaines tentatives. « Tout à coup, quelqu’un me poussa le bras, raconte Hugo. C’était Léopold Duras, du National. - N’allez pas plus loin, me dit-il tout bas. Le restaurant Bonvalet est investi. »
Vingt ans plus tard, à l’orée de la Commune, le restaurateur Bonvalet, élu de Paris, s’efforcera avec le poseur de papiers peints Héligon, membre de l’Internationale, et Tolain, élus eux aussi, de trouver un terrain d’entente entre l’Assemblée, qui siège maintenant à Versailles, et le Comité Central de la Garde Nationale. Les pourparlers ont lieu, bien sûr, au restaurant. Versailles refuse, rappelle ses élus et le métallo Assi, président du Comité Central se retrouve maître de Paris le 18 mars 1871.

On croise la rue J-P Timbaud. Les rues d’Angoulême (fils du comte d’Artois, donc neveu de Louis XVI, dernier grand prieur du Temple (auj J.-P. Timbaud), de la Tour (auj. Rampon), de Crussol, que l’on croisera plus loin et qui porte le nom du chevalier de Crussol (1743-1815), bailli du Temple, forment avec les rues perpendiculaires de Malte et du Grand-Prieuré le maillage du lotissement de la « Ville-Neuve d’Angoulême » que ledit Alexandre Charles Emmanuel de Crussol a fait ouvrir dans les marais (c'est-à-dire les terres de maraîchage) du Temple, dans les années 1780, pour en améliorer les revenus de l'institution. La rue Amelot porta le nom de Fossés du Temple depuis le bd aujourd’hui Voltaire jusqu'à la rue auj. Oberkampf jusqu’en 1871.

- 18, bd du Temple, PLU : Immeuble Louis-Philippe présentant une façade composée de dix travées et de quatre étages carrés sur rez-de-chaussée et entresol. Grande porte cochère en plein cintre à imposte ajourée d'une grille en fonte englobant le niveau d'entresol. Vantaux en bois conservés. Au-dessus de la porte, balcon soutenu par des consoles desservant trois travées au premier étage. Balcon filant devant les lucarnes. Corniche à modillons.

- cirque d’hiver, 110 rue Amelot. Le 27 avril 1902, une assemblée générale des sociétaires de la Bellevilloise y entend « les politiques » du Cercle des coopérateurs, Louis Héliès, ouvrier mécanicien, Prost, facteur des Postes et Joseph Lauche, mécanicien, socialiste dissident, député du 11e, dénoncer les « pots-de-viniers » qui sont en train de couler la coopérative. Les gérants indélicats sont reconduits de force à la porte et quelque peu bousculés sur le terre-plein devant le cirque.
Le 1er mai 1931, interdit comme ses prédécesseurs, le PC et la CGT ont appelé les grévistes à se rassembler ici. Un millier d’interpellations, à ses abords, les en empêcheront.
L’année suivante s’y tient le Congrès national ouvrier et paysan contre la guerre, appelé par Henri Barbusse et Romain Rolland, en prélude au congrès international d’Amsterdam, les 2 et 3 juillet 1932 avec Gaston Bergery, Jacques Doriot mais aucun délégué de la Ligue communiste, qui s’en fait sortir manu militari. On ne fait pas la paix avec tout le monde.

- 2 à 26 bd des Filles du Calvaire / 1 rue Saint-Sébastien / 93-117 rue Amelot / 2 rue Oberkampf, PLU : Opération exemplaire de la mise en place du style architectural des grands lotissements de la seconde moitié du XIXe siècle, initiée sous la Monarchie de Juillet et achevée sous le Second Empire, destinée à une clientèle issue de la petite bourgeoisie. Au n°10 la porte possède une remarquable grille en fonte. Au fond de la cour se dresse un petit bâtiment d'un étage sur rez-de-chaussée, orné de pilastres ioniques et de palmettes.

- 21, rue Oberkampf / 1, rue de Malte, PLU : Maison d'angle d'origine du XVIIIe siècle transformée élevée d'un étage carré sur rez-de-chaussée. Pan coupé à l'angle. Toiture à la Mansart. Lucarnes.

- en face, 18, rue Oberkampf, PLU : Immeuble d'habitation d'aspect fin XVIIIe-début XIXe non altéré.

- domicile de Gérard Lorne, 22 rue Oberkampf. Dans l’appartement de ce militant de la Voie communiste, qui a failli être le lieu d’une réunion inter-willayas à l’été 1959, la police saisit le 30 septembre quarante-quatre millions d’anciens francs appartenant au F.L.N.

- Baille – Lemaire, fabrique de jumelles, 26 rue Oberkampf. Baille y est installé dès 1847, associé à son gendre, Lemaire, en 1871. Dès 1869, un système de primes a été inauguré pour les ouvriers présents dans l’entreprise depuis plus de 6 mois, et qui n’ont pas perdu plus de 3 heures dans la semaine. Elle est égale à 5% du gain de la semaine, à quoi s’ajoutent 5% versés à la caisse de retraite. A compter de 1885, une participation aux bénéfices est instaurée qui, après 1892, se fera selon ces modalités: 1/3 des bénéfices vont au capital, 1/3 à l’amortissement, 1/3 aux employés et ouvriers qui comptent plus de 5 ans d’ancienneté. Ce tiers des bénéfices, réparti au prorata des salaires, est versé pour les 2/3 en espèces et pour 1/3 à la caisse de retraites. L’entreprise compte un pensionnat des apprentis, une caisse de secours, une harmonie des ateliers, une union d’épargne.
[Une centaine de maisons connues pratiquent la participation en France autour de 1900. Une société pour l’étude pratique de la participation du personnel dans les bénéfices a été fondée en 1879, par Charles Robert, directeur de l’Union (incendie), Alban Chaix, de l’imprimerie qui porte son nom, Alfred de Courcy, administrateur de la Compagnie d’Assurances Générales, et Edouard Goffinon, chef d’une entreprise d’hydraulique et d’électricité ; cette société organisera deux congrès internationaux sur le sujet, en 1889 et en 1900 ; elle publie un bulletin. Le groupe d'économie sociale, lors de l'Exposition universelle internationale de 1889, y consacrera une section. La participation a commencé chez Leclaire, peintre en bâtiment, 11 rue Saint-Georges, en 1842 (l’homme est né en 1801). Dalou, celui du triomphe de la République, a fait une statue à Jean Leclaire et à ses ouvriers, square des épinettes, dans le 17e : on y voit Leclaire « élever » (ce qui se traduit par l’aider à monter une marche) un ouvrier qui tient – ou plutôt tenait – un seau dans lequel trempaient deux pinceaux mais qui a disparu à la refonte après la guerre ; il a toujours balai-brosse et éponge à ses pieds.]

- A droite, au rez-de-chaussée de l'immeuble qui occupe le triangle 30-32-34 rue Oberkampf / bd Richard-Lenoir / bd Voltaire, s'élevait dès la fin du Second Empire le magasin de nouveautés Aux Travailleurs. De longues marquises en métal et verre s'étiraient, côté bd Voltaire, de part et d'autre du porche actuellement numéroté 45-47 qui était lui coiffé d'un demi-dôme correspondant à l'arc de l'entresol toujours visible.

- 112, bd Richard Lenoir, PLU : Immeuble d'angle élevé en 1889 par l'architecte Emile Pouget présentant une remarquable composition néo-Louis XVI des façades caractéristique de l'architecture commerciale de la seconde moitié du XIXe siècle.

- Au nord du chemin de Ménilmontant, qui est l’actuelle rue Oberkampf, existe déjà la folie de Moricaut ou Moricourt, on ne sait trop, dont le nom se fixera en Méricourt ; au sud, c’est Popincourt. Autour du manoir de Jean de Popincourt, président du parlement de Paris de 1403 à 1413, s’est constitué sous Charles VI le hameau éponyme. Popincourt ne fait guère parler de lui au siècle suivant que dans la mesure où les huguenots s’y réunissent, ce qui ne leur est possible qu’en dehors de Paris. Il semble établi qu’en décembre 1560 un nommé Lestang prêche la Réforme à Popincourt devant six mille personnes en dépit d’une pluie battante et, le 26 février de l’année suivante, devant vingt-cinq mille, tous chiffres sans commune mesure avec la population du hameau.
Deux jours après les exactions dont les protestants ont été victimes au bas de la rue Mouffetard, épisode connu comme « le vacarme de Saint-Médard » du 27 décembre 1561 ; le 29, donc, le connétable de Montmorency les réitère à Popincourt en venant avec sa troupe y mettre à sac le second des deux temples autorisés dans les faubourgs. Restauré après qu’un édit a réaffirmé la légitimité de l’exercice du culte réformé à l’extérieur de la ville, il est pourtant la cible d’une nouvelle expédition punitive de Montmorency, qui fait cette fois un si grand bûcher des débris du saccage que le feu s’en communique au temple qu’il réduit en cendres.
Popincourt est ce que le voit Paris-Atlas le boulevard franchi : « Nous voici définitivement entrés dans le Paris du travail, la ruche ouvrière des laborieuses abeilles (pourquoi faut-il qu’il s’y mêle tant de nuisibles guêpes !) »
Le 6 janvier 1902 était découvert, rue des Haies, un véritable arsenal, nécessaire à régler le différend qui opposait la bande des Popincourt, commandée par Leca, à celle des Orteaux, dirigée par Manda (de son vrai nom Joseph Pleigneur), à propos de Casque d’or. C’est pour en qualifier les membres que le journaliste Arthur Dupin lança le mot d’apaches.

14, rue Ternaux
- 14, rue Ternaux /1-9, rue du Marché Popincourt. PLU : Ensemble de la fondation Rothschild, 1904, Nénot (prix de Rome, qui vient d'achever les dix ans de construction de la nouvelle Sorbonne) comme architecte-conseil, Rey et Provensal, chargés des dessins et études ; 74 logements, du studio au 3 pièces ; peu de services communs. Son architecte, Augustin Rey, fut le promoteur du concept de « cour ouverte ». A l’intérieur, les murs des cages d'escalier sont recouverts, jusqu'à mi-hauteur, de carreaux de céramique blanche émaillée carreaux-métro, de Gentil et Bourdet.

- Av de la République, elle remplace en 1892 la rue de la Roquette comme montée au Père-Lachaise.

90, avenue Parmentier
- 90, av Parmentier, PLU : Immeuble de logement construit en 1909 par l'architecte Xavier Schoellkopf. L'immeuble exploite pleinement sa situation en angle sur un carrefour et offre une interprétation assagie du style Art Nouveau.

- 77, av Parmentier, PLU : Immeuble édifié par l'architecte Mourzelas qui remporta le concours des façades en 1908. Laloux, membre du jury, en loua le caractère harmonieux et "la sobriété des moyens employés pour le traitement de la partie comprise entre le soubassement et l'entablement". Deux bow-windows, très légèrement cintrés, dotées de vitres également courbes, forment une avancée symétrique à droite et à gauche de la façade et sont couronnés par des frontons majestueux ornés de coquilles. Une importante décoration sculptée agrémente la façade : mascarons et cartouches au rez-de-chaussée et au premier étage, guirlandes de roses sur les consoles, les couronnements des fenêtres et à l'intérieur du vestibule. Cette recherche ornementale est caractéristique des constructions bourgeoises du début du XXe siècle.

- 62, 64, av Parmentier, PLU : Au 64 avenue Parmentier, immeuble de rapport à usage mixte de la fin du XIXe siècle. Sur l'avenue, les deux premiers niveaux, découpés par de larges baies d'atelier au premier étage, sont traités en briques polychromes et surmontés d'un étage et d'un comble réservé à l'habitation. Porte cochère. Au n° 62bis-62, deux maisons d'habitation présentant des façades altérées par des transformations et composées de deux étages carrés sur rez-de-chaussée de la seconde moitié du XIXe siècle.

On prend la rue Pasteur, à dr.

On jette un coup d’œil, à g., au :
- 6 rue de la Folie-Méricourt, PLU : Ensemble cohérent de maisons de faubourg élevées de deux étages carrés sur rez-de-chaussée. Léger avant-corps de trois travées à gauche de la façade sur rue. Garde-corps caractéristiques de la première moitié du XIXe siècle. Porte cochère ouvrant sur une cour très profonde.

- Sous Louis XIII, alors que le hameau devient faubourg, rattaché à celui de Saint-Antoine, s’établissent à Popincourt les annonciades du Saint-Esprit, autour de leur chapelle qui deviendra l’église Saint-Ambroise (le couvent des annonciades y périclite et doit vendre en 1781.) Le percement du boulevard du Prince-Eugène (aujourd’hui Voltaire), a emporté au passage l’église Saint-Ambroise, reconstruite plus en arrière par Théodore Ballu, également l’architecte de Saint-Joseph dans le 11ème.

- Le Livre commode des adresses de Paris pour 1692, d’Abraham du Pradel, « philosophe et mathématicien », recommande les « baignoires et étuves vaporeuses de nouvelle invention qui se tiennent en jardin médicinal de Pincourt [ainsi que l’on désigne le plus communément Popincourt], entre la porte Saint-Louis et la porte Saint-Antoine ». Il s’émerveille de la pension pour les malades, « au milieu de cette grande et belle rue, [à l’actuel n° 20 de la rue de la Folie-Méricourt] à l’opposite du cours planté sur le rempart, dont elle n’est séparée que par de vastes marais bien cultivés, ce qui forme le plus bel aspect du monde. Outre la face et les deux ailes du principal corps de logis, il y a encore au bout d’un grand jardin au-dessus d’une haute terrasse en parterre, un pavillon de Belvédère, d’où l’on découvre de tous côtés des vignobles, des plaines, des collines, des jardins et des maisons de plaisance ». Il vante enfin la bibliothèque « qui est ouverte seulement les dimanches après vêpres, en faveur des médecins, des chirurgiens et des apothicaires artistes, qui confèrent en même temps sur les nouvelles découvertes qui se font dans les sciences naturelles et dans les arts qui en dépendent ».
Il se trouve qu’Abraham du Pradel est le pseudonyme de Nicolas de Blégny, propriétaire de la pension, de la bibliothèque et du jardin médicinal, qui ne saurait être mieux servi que par lui-même.
Au n° 22, la voie privée a été rebaptisée villa Nicolas de Blégny en 1997.
Au 18ème siècle, le duc de Fronsac, fils du maréchal de Richelieu, a fait sa « petite maison » dans l’ancienne propriété de Blégny, dotée naturellement d’un théâtre, qu’on a connu comme la « Comédie bourgeoise de Popincourt ».

On prend la rue Saint-Sébastien, à g.

- 56, rue Saint-Sébastien, PLU : Grande maison à loyer fin XVIIIe caractéristique du premier lotissement de la "Ville-Neuve d'Angoulème" par le marquis de Crussol. Gardes-corps en fer forgé.

On prend le bd Richard-Lenoir, à g.
- coin rue Moufle (ouverte en 1834 ; elle doit son nom à M. Moufle, propriétaire, et maire de cet ex 8ème  arrondissement auquel correspond grosso modo le 11ème d'après 1860). Bouteille sur le toit. Doisneau la photographia, en 1961 ; on voyait encore distinctement la marque de l’apéritif Picon sur l’étiquette. Elle est désormais complètement nue.

- de l'autre côté, 57, bd Richard-Lenoir, hôtel particulier néo-classique fin 18e - début 19e s. Siège de 1862 à 1881 du Consistoire Central Israélite de France. Les façades et les toitures, ainsi que celles des deux pavillons d'entrée, l'escalier intérieur circulaire avec sa verrière, sont inscrits aux Monuments historiques (IMH).

On tourne dans la rue Gaby Sylvia, à dr.
- au bout, la Comédie Bastille. En 1985, Andréas Voutzinas entouré d'une cinquantaine d'amis transforme un atelier de menuiserie, situé au fond de la cour du 51, boulevard Richard-Lenoir, en théâtre, baptisé de ce fait Théâtre des cinquante, un atelier de création et studio d'entraînement pour les jeunes acteurs, qui connaîtra une forte activité à la fin des années 80 et au début des années 90. Peu à peu, le quartier se métamorphose, la rue Nicolas Appert et le passage Gaby Sylvia sont créés, le numéro 51 du boulevard Richard Lenoir disparaît.
En 1997, Andréas Voutzinas laisse la place ; en avril 2001, le Théâtre des cinquante devient « Comédie Bastille ». Le projet d’Yves Lemonnier et Didier Constant, dirigeants du théâtre, est de favoriser l'expression théâtrale de jeunes troupes en leur donnant accès à une salle de 190 places, dotée d'un plateau de dimension respectable et de programmer un théâtre de divertissement destiné au public parisien. Les travaux nécessaires ont été réalisés en été 2003 grâce au concours financier de la Mairie de Paris et de la Région Ile de France, ce qui a permis de participer à la rentrée théâtrale la même année avec Ciel ! Mon Feydeau ! et L'opposé du contraire.

On voit, à côté, l'arrière de l'Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) dont l'entrée est au 48 Saint-Sabin. Par les passages Nicolas Appert et Ste-Anne-Popincourt, on rejoint la rue Saint-Sabin. On jette un coup d’œil, à g., au :

- 39, rue Saint-Sabin, PLU : Immeuble de belle facture, œuvre d'un architecte (Depoix) et d'un sculpteur (Chennevière), édifié en 1909. La façade présente une belle recherche décorative. Des fenêtres à encadrements sculptés couronnées d'un fronton triangulaire. Au second étage, la façade est encadrée par deux sculptures de femmes. Des balcons en fer forgé bien ornés reposent sur des doubles-consoles au premier étage et sur deux pilastres au second.
- à côté, J. Grantil, fabrique de papiers-peints, dissoute en 2009 (était alors à Chalons-en-Champagne) ; on pouvait voir récemment un de ses catalogues, de 1925, en vente sur Internet.

On retourne sur nos pas, et on passe devant l'entrée de l'ENSCI occupant les anciens ateliers du décorateur Jansen qui, de 1922 à 1979, a employé ici jusqu'à 500 artisans d'ar. Puis:

- cour du Coq, Cette voie privée pavée, qui débouche au niveau du 60 rue Saint-Sabin, est formée de maisons de deux étages, avec ateliers artisanaux au rez-de-chaussée. Les ateliers ont en partie été transformés en lofts, ou ateliers d'artistes. La voie est fermée par une grille portant le nom de la voie et ornée d'un coq.

- 62, rue Saint-Sabin : Les portes du bâtiment qui abrite aujourd'hui la crèche collective sont celles d'un ancien relais de poste avec un portail pour l'entrée et un pour la sortie des chevaux. L'ancienne verrière n'a pu être conservée pour des raisons de sécurité.

- A l'intersection de la rue Saint-Sabin et de la rue Amelot, la charcuterie Le suprême du Marais a été décorée dans les années 1880-1890 en style Belle Époque par l’atelier Thivet*, fondé en 1854, l’un des deux principaux décorateurs de magasins avec l'atelier Benoist, fondé en 1859. La devanture, les décors extérieurs et intérieurs ornés de fixés sous verre blanc et or, ont fait l'objet d'une inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté en date du 23 mai 1984.
* voir, du même, la boulangerie du 34, rue Yves Toudic, 10ème, ou la pâtisserie Stohrer, 51, rue Montorgueil dans le 2ème, ou encore la boulangerie du 23, rue des Francs-Bourgeois, 4ème.

On prend la rue Amelot :

- La Colonie Scolaire, Kinder-kolonye (36, Rue Amelot). Fondée en 1926 par David Rappoport*, et Juda Jacoubovitch**, la Colonie Scolaire a pour mission la création d'écoles complémentaires pour les familles des Juifs immigrés. En 1930, elle crée un service médical qui dispense des consultations gratuites et devient, en 1933, le dispensaire La mère et l'enfant. Au cours de cette même période, elle loue puis achète un immeuble à Berck-Plage qui héberge, pendant les vacances scolaires, les enfants des familles en difficulté. Durant l'Occupation, la Colonie Scolaire se met totalement au service du judaïsme en distribuant des repas gratuits, en organisant des passages clandestins en zone sud. Elle aide également les internés des camps français. A la Libération, la Colonie Scolaire reprend son activité "normale" et s'occupe tout particulièrement des enfants des déportés.
* Né en Ukraine en 1883 - Issu d'une famille pieuse, il entreprend des études rabbiniques tout en s'intéressant également à la littérature, aux arts plastiques, aux sciences sociales. Très jeune, son esprit critique le pousse à avoir des activités militantes et politiques. Son adhésion au Poale sion de gauche lui donne l'occasion de faire l'apprentissage du travail clandestin. Il voyage à travers l'Europe, puis s'installe à Paris. Il crée, avec son épouse, une petite agence de photos. Dès l'accession d'Hitler au pouvoir, il se consacre à l'accueil des réfugiés fuyant le nazisme. Il dirige le Comité Amelot, est arrêté par la Gestapo en juin 1943. Déporté à Auschwitz, il y meurt en juillet 1944.
**auteur de « Rue Amelot », traduit du yiddish par sa fille, disponible sur internet : http://lamaisondesevres.org/ame/ame1.html#Anchor-Avant-23522

Le portail de Gévelot à Issy-les-Moulineaux
- Gévelot, 52 et 50 ? rue Amelot. Dans une ancienne filature (celle de Blanquet Frères, laine peignée ?), sur trois étages, l’armurier Joseph Marin Gévelot, à qui succèdera son fils Jules Félix, a ouvert des ateliers où environ 400 ouvrières sont occupées à la fabrication exclusive des enveloppes de cartouches de guerre, en 1871. C’est l’une des 3 usines de l’armurier, avec celle de la rue Notre-Dame-des-Victoires et celle d’Issy-les-Moulineaux, près du pont de Billancourt.  Turgan : « La douille de la cartouche de guerre n’est pas simplement en papier collé autour d’un mandrin comme celle des cartouches de chasse, elle est doublée par une lame de laiton assez mince pour pouvoir être appelée clinquant. (Une lame servant à la confection de 11 cartouches, pèse 18 grammes, avec une tolérance d’1 gr en plus ; à 20 gr, elle est rejetée.) L’ouvrière commence par poser sur une plaque d’ardoise le morceau de papier gris bleu qui doit entourer le laiton, elle le couvre de colle et applique par-dessus sa lame de clinquant qu’elle a commencé à cintrer en repassant plusieurs fois le mandrin par-dessus ; puis elle enroule le tout autour du mandrin aussi serré que possible ; le clinquant est alors maintenu dans son enroulement par le tube de papier collé qu’il enveloppe. Avant de retirer du mandrin le tube ainsi formé, l’ouvrière l’enfonce dans un calibre représentant exactement le tonnerre (la culasse) du fusil ; si le tube ne peut pénétrer, c’est que l’enroulement a été mal fait ou les matières défectueuses, elle le rejette ou le recommence.
Bien que très serrée autour du mandrin, la lame de clinquant ne l’est pas assez pour être absolument immobilisée : comme son bord inférieur est libre elle peut faire ressort au moment de la détonation, et, s’appliquant sur la paroi intérieure du tonnerre par un mouvement d’expansion prévu, s’opposer à la sortie latérale des gaz produits par la combustion de la charge ; la colle qui maintient ces tubes, laiton et papier, est séchée l’été au soleil, l’hiver dans des séchoirs maintenus à 40 degrés. Une bonne ouvrière arrive à faire, par jour, jusqu’à 10 000 tubes et à gagner ainsi jusqu’à 4 fr. 50. » Le directeur, vient (en 1871) d’inventeu une machine qui fait environ 40 000 tubes par jour, soit le travail de 4 ouvrières.
Il faut ensuite couper les tubes, qui ont la longueur de plusieurs douilles, puis enfoncer la douille dans le culot. Toutes ces opérations sont faites par des ouvrières, Turgan ne cite pas d’autres catégories. L’enveloppe de la cartouche est alors terminée et on l’envoie aux Moulineaux pour y être remplie. Pour cette usine-là, il est question d’hommes, de femmes et d’enfants.

Par la rue du Chemin-Vert, on rattrape, à dr., la rue Saint-Sabin:

- l'entrée de la station Breguet-Sabin, de 1906 et par Hector Guimard est IMH.

- 24 rue Saint-Sabin  / 2 rue Bréguet, PLU : Immeuble d'angle en L avec une perspective ouverte sur le boulevard Richard Lenoir. Daté 1871, E. Gutelle architecte. L'entrée principale se trouve sur le pan coupé, elle est constituée d'un arc en plein cintre mouluré avec des écoinçons percés en oeil de boeuf pan coupé est couronné par un fronton triangulaire à denticules. Façade rythmée par des ouvertures enserrées par des pilastres à chapiteaux. Un soubassement filant en meulière grossière, et un toit mansardé avec lucarnes.

Puis rue Bréguet et rue Boulle jusqu’au :

- 5 rue Froment (coin avec rue Boulle), bâtiment dont 5 ancres indiquent la date de construction : « AD 1891 », œuvre de l’architecte P. L. Alinot, auquel on doit une dizaine d’immeubles parisiens.

affiche de 1901; Gallica
- ateliers de Charles Blanc, industriel en matériel d'électricité, d'hydrothérapie et de robinetterie, rue Froment, à l'arrière de l'immeuble du 42/42 bis boulevard Richard-Lenoir, réalisé en 1906 suivant les plans de l'architecte Louis Fagot. Le décorateur et statuaire est le sculpteur Anciaux. Charles Blanc possédait aussi, de l’autre côté du bd, au coin du passage Ste-Anne Popincourt, des ateliers depuis 1892.
Le chapeau de Charles Blanc

- 68 rue du Chemin-Vert (ancien 28 de la rue des Amandiers). « Maison où mourut Parmentier en 1813. (Inscription.) Emplacement de la folie Genlis détruite par l'avenue Parmentier. La maison avait été construite à la fin du 17ème siècle ; le marquis de Genlis, en avait fait une  maison de jeu, avant de la revendre à sa femme qui était la belle-mère de la célèbre comtesse qui fut gouvernante des enfants du duc de Chartres, le futur Philippe-Egalité, et qui, dit-on, prenait des bains de lait semés de roses. » On l’avait vue danser, au Cabaret de la Courtille de Gilles Desnoyers (actuelle Cour de la Grâce de Dieu, rue du Fbg du Temple), avec un valet de chambre ! Miss Williams, qui visite en 1790 la marquise de Genlis dans sa Folie du 28, rue des Amandiers-Popincourt, lui voit cet intéressant bijou : « Cette dame porte à son cou un médaillon fait d’une pierre polie de la Bastille. Au milieu du médaillon est écrit en diamants : Liberté, entre le signe du zodiaque et la lune tels qu’ils étaient le 14 juillet 1789, tandis que des lauriers y couronnent la cocarde nationale, formée de pierres précieuses aux trois couleurs de la nation ».
« A la fin de l'Empire, la folie appartenait au fondeur Carbonneau et c'est là que furent fondus en 1822 et 27, quand Louis XVIII décida de rétablir, là où elles avaient existé, les statues royales parisiennes supprimées à la Révolution, la statue équestre par Bosio du Louis XIV de la place des Victoires, et ses bas-reliefs. L'ouverture de l’avenue Parmentier, entre la place Voltaire et la rue du Chemin-Vert, bouleversa le tout en 1864. L'impasse de la Folie-Genlis disparut. Les n° 16 à 22 de l'avenue Parmentier s'élèvent sur l'ancien jardin. On a abattu en 1903 le n°16, qui était le dernier pavillon de Carbonneau. On raconte qu'un passage souterrain faisait communiquer la folie avec le couvent des Dames Hospitalières de la Roquette », affirme Rochegude en 1910, reprenant Charles Lefeuve qui écrivait en 1856 : « La chronique scandaleuse prétend que les princes d'Orléans, à peine entrés dans leur adolescence, prirent leurs jours de congé dans la petite maison des amandiers, et que leur hôtesse, obligeante jusqu'au bout, leur livrait la clef d'un passage qui les menait secrètement près des nonnes et des nonnains d'à côté. Le fait est que dans le jardin de M. Sarrasin, fabricant de marmonne, il existe encore de nos jours une grotte, ancienne glacière du château, avec un souterrain, qui prend le mieux du monde la direction de l'ancienne résidence des sœurs. Au-dessus de cette ouverture, se retrouvent un rocher et les vestiges d'un kiosque, fort joli autrefois, et vers lequel se dirigèrent, dit-on, bien des nymphes légères, en costume encore plus léger. »

- 14, av Parmentier, PLU : Sous-station électrique "Voltaire" construite en 1908 sur les plans de l'architecte-ingénieur Paul Friesé. Elle appartient à une série de neuf "sous-stations" créées par la compagnie parisienne de distribution d'électricité. Son programme est identique à celui de la sous-station Temple, rue Louvel-Tessier. Elle est édifiée sur un terrain presque rectangulaire de 600 m² présentant un linéaire de 19 m sur l'avenue. La façade du hall des machines est composée de pans de verre divisés par quatre profilés en acier riveté, en trois hautes baies à arc en plein cintre. La baie centrale comporte un grand portail à deux battants. L'ensemble est encadré par deux tourelles identiques en briques silico-calcaire, correspondant l'une à l'escalier et l'autre au monte-charge. La façade manifeste ainsi l'affectation fonctionnelle de l'édifice et la puissance des machines qu'il héberge. Bien conservée, elle est tout à fait représentative d'un ensemble de sous-stations des années 1900, construites sur le modèle conçu par Friesé pour tenir compte du développement très rapide des besoins en électricité.

- Mairie du 11e arrondissement, réalisée de 1862 à 1865 par l'architecte-voyer Etienne-
François Gancel. Parmi les premiers bâtiments du Second Empire, le Baron Haussmann voulait en faire un exemple de l'architecture municipale. Gancel lui donna des caractéristiques, reprises par la suite dans les autres mairies : baies en plein cintre, cadran d'horloge et campanile. La façade comporte un soubassement à refends, percé de trois grandes arcades auxquelles correspondent les trois grandes fenêtres cintrées du premier étage. Ces fenêtres encadrées de colonnes engagées d'ordre corinthien, sont couronnées d'un fronton triangulaire et de sculptures d'enfants exécutées par Henry-Charles Maniglier. Au-dessus de la corniche à modillons, deux statues d'enfants gainées, également réalisées par Maniglier, entourent le blason de Paris, surmonté d'une horloge. La salle des fêtes présente un décor peint en 1907 par Victor Prouvé intitulé Séjour de paix et de joie dans le style de l'Ecole de Nancy.