En 1899. Atget. Gallica |
En 1926. Agence Meurisse. Gallica |
- les Temps nouveaux, 4 rue Broca (auj. Edouard Quenu). La
revue anarchiste s’est installée là au début de 1902. Pierre Monatte y succède, à la rubrique syndicale, à Paul Delesalle, avant de céder sa place
au docteur Marc Pierrot. Hebdomadaire de grand format, paraissant le samedi,
puis bi-mensuel, ses quatre pages passeront à huit en 1904, et il gardera
inchangé son supplément littéraire, aussi volumineux que lui jusqu’à cette
date, auquel collabore Lucien Descaves, académicien Goncourt, et richement illustré
de dessins, portraits, lithos de camarades artistes anarchistes comme Signac, Pissarro ou Luce. Il compte environ 1 100 abonnés et
4 000 acheteurs au numéro. Des cartes postales, qui reprennent les
illustrations d’artistes du supplément, soixante-douze brochures éditées à
plusieurs milliers d'exemplaires, complètent son activité éditoriale. Le
responsable de ces brochures, justement, Charles Benoît, manquera à la
déclaration de guerre, en 14, d’être jeté dans la Seine, par-dessus le pont
d’Austerlitz, par une foule qui voit dans tout pacifiste un probable espion
allemand. Autant dire que les Temps
nouveaux n’arriveront plus à paraître après le 8 août 1914.
- on évoque le banquet réformiste du 12e, rue Pascal. Le
banquet réformiste des typographes, l’une des nombreuses sociétés ouvrières que
compte le 12e arrondissement d'alors, est prévu pour le dimanche 19
janvier 1848, à midi, "rue Pascal, établissement des Cordeliers" dit
la demande au préfet de police, à 3 francs par tête, les invités étant soit électeurs,
soit membres de la Garde Nationale. La réforme que l’on demande alors, avec
l’opposition dynastique, dont Odilon Barrot est la figure la plus connue, comme
avec l’opposition républicaine des journaux Le National (3 000 abonnés) et La Réforme (2 000 abonnés), où se côtoient Ledru-Rollin, Marc Caussidière, et Bakounine durant son séjour parisien,
est celle d’un élargissement du système censitaire de 240 000 à environ
500 000 personnes. Après le refus notifié par un commissaire de police qui
parle, lui, d'un "local situé rue Pascal, aux Cordelières" [disons
donc quelque part en face de l'hôpital Lourcine qui deviendra Broca], et pour
apaiser les craintes de l’opposition dynastique, il est décidé de repousser le
banquet sur la colline de Chaillot, un mardi midi, à 6 francs par tête !
Malgré quoi on allait passer, ce 22 février-là, de la réforme à la révolution.
- Le Révolté, La
Révolte, 140 rue Mouffetard.
Le titre, qu’Elisée Reclus a confié
à Jean Grave, arrivé ici de Suisse à
la fin de 1883, y change de nom : « une vieille maison un peu basse
du vieux Paris, percée de fenêtres irrégulières, dont quelques-unes ont un
étranglement de meurtrières. Et c’est tout au sommet, dans cette mansarde qui
fait une petite maison, qu’est posé ce nid d’anarchistes, en plein vent et en
plein ciel, comme un nid d’hirondelles... », écrira L’Illustration
du 2/3/1889, citée par Jean Maitron. Jean Grave, bientôt connu comme
« pape de la rue Mouffetard », porte sinon la soutane, du moins la
longue blouse noire des typos qu’il n’a jamais quittée.
Aux élections de 1885, Elisée
Reclus accepte de figurer sur la liste de Lissagaray,
et dans le même temps il écrit à Jean Grave une lettre que publie la Révolte
du 11 octobre, et que le groupe de propagande anarchiste de Paris colle en
affiche électorale, qui conseille : « Ne votez pas ! Au lieu de
confier vos intérêts à d’autres, défendez-les vous-mêmes, au lieu de prendre
des avocats pour proposer un mode d’action future, agissez. » Jean Grave
en prison à Sainte-Pélagie, c’est Paul Reclus qui administre la Révolte
à sa place, et qui y défend le vol, partage expéditif sans doute mais partage
tout de même. Le titre compte 767 abonnés pour la France entière en 1894. Il
devient Temps Nouveaux (un nom trouvé par Kropotkine), avec le numéro du 4 mai 1895, aucun journal n’ayant vu
le jour depuis quatorze mois en conséquence des lois hyper-scélarates. Pierre
Monatte, à 19 ans, en visite à Paris à l’occasion de l’exposition universelle
de 1900, y passe et y rencontre Jean Grave, Emile Pouget, Paul Delesalle. Il y retournera pour y écrire dès
qu’il s’établira dans la capitale, deux ans plus tard.
- restaurant, 117 rue Monge, épicerie, 1 rue Laplace,
deux établissements de l’Union des
coopératives, en 1919.
- le Paria d’Hô Chi
Minh, 3 rue du Marché des
Patriarches. C’est la seconde adresse de cette « Tribune des
populations des colonies », qui deviendra « Tribune du prolétariat
colonial » au début de 1924, mensuelle, bi-mensuelle, enfin à parution
irrégulière quand le futur Hô Chi Minh la dirigera de Moscou. Nguyên Ai Quôc le
rédigera presque seul, à l’exception de quelques articles du leader syrien Rachid Rida, de Marcel Cachin et d’Hadj Ali
Abdel Kader, le fondateur du Parti communiste algérien, durant ses 38
numéros, entre 1922 et 1926.
- domicile de Pierre Monatte, 22, rue Daubenton. Après la rue Cuvier
dont il a été déménagé « à la cloche de bois », Monatte habite ici
des premiers jours de 1908, en même temps qu’il devient correcteur à
l’imprimerie de la CGT, jusqu’au début d’août, quand il en a prudemment
découché, si bien que la police passe en vain l’arrêter après la tuerie de
Villeneuve-Saint-Georges, avant de filer en Suisse, moustache rasé et vêtu de
la redingote de son avocat. Son domicile est aussi le siège de L’Action directe, qui réunit Griffuelhes, Merrheim, Pouget, Delesalle, Dunois et quelques autres, de son
premier numéro, qui paraît le 15 janvier 1908, jusqu’à ce même mois d’août,
après quoi l’hebdomadaire poursuivra sa courte carrière 122 quai de Jemmapes
jusqu’à son trente-deuxième et dernier numéro daté du 3 octobre.
- Institut pour l’étude du
fascisme (Institut zum Studium des Faschismus ou INFA), 25 rue Buffon; contrôlé par le Komintern, financé
par les syndicats français, des intellectuels et universitaires, Arthur Koestler en est le pilier en
1934 et y mange le midi une énorme bolée de soupe aux pois qui est la
bienvenue. Manès Sperber et le critique d'art yougoslave Oto Bihalji-Mérin en
sont avec lui les figures les plus connues.
- La Prolétarienne du 5e,
76 rue Mouffetard (auj.
Bibliothèque Mouffetard-Contrescarpe) Coopérative fondée vers 1900. Cet
immeuble avec salle de réunion est aussi le siège de l’Université populaire l’Union. Les militants de la revue le Mouvement socialiste – des
coopérateurs comme Xavier Guillemin
et Alfred Hamelin, le philosophe Marcel Mauss, l’ingénieur agronome
Philippe Landrieu, et Georges Sorel
– y enseignent, comme ils le font à La Semaille, l’Université populaire du 20e.
A la Prolétarienne se tient aussi l’Ecole
socialiste, fondée en 1901 autour de la Société nouvelle de librairie et
d’édition de la rue Cujas. La 5e section du PS s’y réunit
régulièrement en 1910. Lucien Herr, Léon Bloy, Jean Jaurès, Trotski, Lénine y
donneront des conférences avec parfois Montéhus en première partie. Deviendra la Maison pour tous en 1922; pour cette
période, cliquez ici.
- rue Mouffetard, ou rue du
Faubourg Saint-Marceau. En 1837, Nadaud a des travaux « rue
Mouffetard, quartier qui était alors un des plus pauvres et des plus sales de
notre capitale, surtout dans les gargotes où nous devions prendre nos
repas. » Le 7 septembre 1840, sommet d’un vaste mouvement de grève qui
touche de nombreuses professions – « Jamais auparavant, on n’avait vu un
mouvement d’une telle ampleur dans la classe ouvrière » écrit Le
National - les serruriers,
mécaniciens et 1 200 ouvriers des filatures se réunissent rue Mouffetard.
Le quartier est toujours le cœur de la pauvreté parisienne en décembre
1846 : pour un peu moins de 90 000 habitants, on y recense
14 605 indigents. C’est là que résident les émigrés Polonais après l’échec
de leur révolution de 1830-31 : « Les Polonais, règle générale, sont
tous du faubourg Saint-Marceau » affirme l’Education sentimentale.
Le 23 Juin 1848, on comptera plus de soixante barricades rue Mouffetard, qui
remonte alors jusqu’à la place d’Italie, où les carriers de Gentilly et
d’Arcueil sont venus prêter main forte aux chiffonniers.
Quand il veut montrer par
l’exemple comment on déménage en force plus encore qu’à la cloche de bois,
c’est une lettre d’un « peinard du faubourg [Saint-]Marceau » que
publie, en 1890, le Père Peinard, qui
dé-sanctifie Marceau au passage : une douzaine de chevaliers de la cloche,
alertés dans un bistrot où on sait les dégotter, rue Mouffetard, sont allés
neutraliser Vautour ou son concierge « vers le boulevard Masséna, aux
fortifs où perche la turne du copain. »
- le futur général Boulanger à
l'oeuvre pendant la Semaine Sanglante : alors colonel, commandant le 114e de
ligne, « à la tête de sa colonne, rue Mouffetard, il fut blessé grièvement
par une balle de pistolet que lui tira, quasi à bout portant, un gamin de 10 à
12 ans qui était perché à cheval sur la botte d'une enseigne de cordonnier
(l'enfant fut aussitôt abattu par la troupe) » selon le rapport du général
Alfred Bocher. Une autre version nous en est rapportée dans les Mémoires
d'un communard de Jean Allemane,
qui situe l'incident rue du Pot de Fer Saint-Marcel : « atteint par
une balle à l'épaule, le colonel Boulanger donne le signal de la
retraite… » dans Thomas André, « Les enfants perdus de la Commune », Cultures &
Conflits, 18, été 1995.
- caserne Mouffetard. Un
officier lui demandant le chemin de la caserne Mouffetard, Nadaud l’y
accompagne et voit « les soldats qui, des croisées de leur caserne,
tendaient leurs fusils à la foule qui poussait des cris étourdissants de
"vive la ligne !" » (voir plus bas)
- 5ème section du
PC, 11 rue Gracieuse. Elle compte des ouvriers du bâtiment, des ouvriers du
meuble du Faubourg Saint-Antoine, qui tous habitent rue Mouffetard, et le
quincaillier Hadj Ali Abdel Kader, rédacteur au Paria sous les
pseudonymes d'Ali Baba ou Hadj Bicot ["Hadj
Ali fut ainsi un pionnier de la technique des opprimés renvoyant à la face des
oppresseurs leur propre langage" souligne Ian Birchall], 1er
candidat communiste pour les peuples des colonies aux législatives de mai 1924,
qui fondera deux ans plus tard l’Etoile
nord-africaine - pour « défendre les intérêts matériels, moraux et
sociaux des Musulmans nord-africains » -, dont Messali Hadj prendra la direction en 1928.
La prison en août 1898. Atget. Gallica |
- prison de Sainte-Pélagie, au coin de la rue Lacépède et de la rue de la
Clef. Prison politique, de 1831 à 1895, elle verra passer tous les
républicains, dont un certain nombre s’échappent le 12 juillet 1834 grâce à un
souterrain « préparé par un long et pénible travail de deux mois »
donnant rue Lacépède. Laurent Luquet, « le fondateur du parti républicain
parmi les ouvriers de la Creuse », l’ami de Martin Nadaud, y a été enfermé pour 3 mois après sa participation à
l’insurrection des 13 et 14 avril 1834 qui faisait suite à l’écrasement des
canuts lyonnais. Proudhon, que cite
La Batut, écrit le 28 septembre
1849 : « Je sors une fois par semaine, ainsi que la plupart des
détenus politiques qui se trouvent dans les prisons de Paris ». Le jour du
coup d’Etat, le 2 décembre 1851, il est précisément de sortie mais comme il a
donné sa parole qu’il regagnerait sa cellule, il répond à Victor Hugo qu’il
n’est pas disponible pour défendre la République. Tous les représentants
arrêtés au coup d’Etat y seront logés dans l’aile gauche, jusqu’à ce que l’Officiel
leur apprenne qu’ils sont exilés à perpétuité. Dans la première période, c’est
Nadaud qui aide Proudhon à allumer son poêle. Le règlement deviendra vite plus
sévère sous le Second Empire.
Masses, n°4, avril 1933. Voir site de la Bataille socialiste |
- mensuel Spartacus, 23 rue Mouffetard. Ici, Daniel Guérin réunit en 1933 les
antifascistes allemands, ceux du SAP en particulier. René Lefeuvre, alors membre de la
Gauche Révolutionnaire (dont le journal éponyme, qu’il dirige avec Marceau
Pivert et Michel Collinet, siège ici), lance la collection en 1935. Les Cahiers Spartacus, publieront en
octobre 1936, Seize fusillés : où va la Révolution russe ?,
analyse des premiers procès de Moscou, ceux de Kamenev et Zinoviev, par Victor
Serge, expulsé d’URSS, déchu de la nationalité soviétique. Un autre texte de
Serge, Puissance et limites du marxisme paraîtra, au printemps 1939, et
dans Masses, la revue de
Lefeuvre, et dans Juin 36,
l’organe de la fédération socialiste de la Seine. En août 1939, la police
saisit la totalité de l’édition du cahier Spartacus que Juan Andrade consacre à
l’assassinat d’Andreu Nin ; quelques jours plus tard, c’est la déclaration
de guerre.
- salle d’Arras, ou salle des
Ecoles, 3 rue d’Arras. Dans cet immeuble construit avant la guerre de 70
pour l’association l’Epargne mobilière par l’Association des Maçons, d'Antoine Cohadon et Martin Nadaud, ce
dernier donnera de nombreuses conférences consacrées au bâtiment, aux caisses
de retraite, aux sociétés de secours mutuel, aux écoles d’apprentissage et,
surtout, à « la nécessité absolue » de les lier aux écoles primaires.
Un club Blanqui y siègera durant
la Commune. « La section française de l’Internationale dissoute ; les
révolutionnaires fusillés, envoyés au bagne ou condamnés à l’exil ; les
clubs dispersés, les réunions interdites ; la terreur confinant au plus
profond des logis les rares hommes échappés au massacre », comme l’écrit
Fernand Pelloutier, le 1er Congrès national ouvrier d’après la
Commune, ne se tiendra là qu’en 1876, du 2 au 20 octobre. Les courants
mutuellistes, coopératistes et réformistes, en gros proudhoniens, à l’écart de
toute préoccupation politique, y sont encore majoritaires ; le patron
progressiste Emile Menier en invite
les délégués dans ses usines de Noisiel. Le renversement de tendance au profit
du courant socialiste conduit par Jules Guesde, ne se fera qu’en 1879, au
congrès de Marseille, où sera lancé un appel à la formation d’un Parti des
Travailleurs Socialistes de France.
Joséphine Butler. Elliott & Fry-Wikipedia |
Au début de 1877, un meeting
contre la police des mœurs, organisé par Yves Guyot, avec la féministe anglaise
Joséphine Butler, y réunit plus de
2 000 personnes.
- l’Evolution sociale, 34 rue de Pontoise. Cette boulangerie
coopérative a une succursale 16 rue Linné, dans le même arrondissement, et une
autre 56 rue Mirabeau, à Evry. Elle fournit une vingtaine de coopératives de
consommation entre 1909 et 1911.
Rue de Pontoise depuis la rue St-Victor: le chantier de Nadaud est à g. Charles Marville, 1869. BAVP/Roger-Viollet |
- rue de Pontoise. Nadaud
y travaille en 1844, pendant la grande grève des charpentiers. Il refuse de
collaborer avec les soldats envoyés pour remplacer les grévistes, dont
quelques-uns sont arrêtés et condamnés. « Du second étage de notre
bâtiment, nous apercevions dans une grande cour [celle du collège dirigé par
l’abbé Dupanloup, sur l’emplacement duquel est la Mutualité] les rejetons de
notre vieille noblesse et de notre nouvelle aristocratie cléricale, élevés pour
nous dominer et pour combattre nos droits et nos libertés. » Alors que la
place Maubert, à deux pas, est le lieu de la pire misère.
- Palais de la Mutualité, 24
rue Saint-Victor. Construit en 1931, propriété de la FMP (Fédération des
Mutuelles de Paris) qui, en 2009, l'a loué pour 30 ans à GL Events qui est en
train de la transformer en "palais des congrès fonctionnel". Du coup,
le centre médical mutualiste Saint-Victor (220 000 consultations par an dans 20
spécialités), mitoyen, a un avenir plus qu'incertain.
Le 26 mai 1933 s’y est constitué
un Front commun contre le fascisme sous l’égide de Gaston Bergery : Georges Monnet (SFIO), Bernard Lecache (Lica), Paul
Langevin, Jean-Richard Bloch, Charles Vildrac. Benoît Frachon et Doriot y sont observateurs pour le PC.
Puis la « Mutu » verra
miroiter tous les aspects de la vie communiste. La solidarité, d’abord :
en août 1934, alors que Hitler vient de se faire proclamer Reichsführer, un
grand meeting de la section française du Comité mondial des femmes contre la
guerre et le fascisme, rend publique la liste des victimes féminines, que publient
les éditions du Secours rouge international dans Les Femmes sous la terreur fasciste, les femmes sur le front de
solidarité et de combat. Le 16 octobre de la même année, le Comité
national des Jeunes contre la guerre et le fascisme y offre un vin d’adieu
monstre aux conscrits de Paris.
Le sport, ensuite : le 31
juillet 1935, 2 000 personnes s’y pressent, après avoir payé 1 franc
l’entrée, pour entendre « 25 travailleurs ordinaires », envoyés
quinze jours en URSS par la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT),
raconter le sport soviétique, après la projection d’un film qui a enthousiasmé
la salle en lui montrant une parade de 120 000 gymnastes, hommes et
femmes.
Conseil national du PS. 1933. Agence Mondial. Gallica |
La culture, bien sûr : le 12
juin 1936, La Maison de la Culture y donne un gala au profit de la caisse de
secours du syndicat des contributions directes, auquel participent le groupe
Octobre avec Le Tableau des
Merveilles, Regards, et la Chorale Populaire de Paris. Le 1er
juillet 1936, Octobre y présente « le meilleur spectacle de variétés de la
saison (actualités, chœurs parlés, tours de chant, acrobatie, jazz, musette,
etc.) », suivi à nouveau du Tableau des Merveilles, adapté de
Cervantès par Jacques Prévert.
Réductions pour les membres de la Maison de la Culture et de l’Université Ouvrière.
C’est l’apothéose du Front populaire culturel avant le départ en tandem vers le
camping. Le 21 septembre 1937, y a lieu la première du Temps des cerises de Jean-Paul
Dreyfus-Le Chanois. En 1952, le gala annuel du Mouvement de la Paix met sur
la même scène Pierre Dac, Francis Blanche, et Yves Montand.
Le culte aussi : le 28 avril
1947 est célébré à la Mutualité le 47e anniversaire de Maurice Thorez, qui fait occuper la
« une » de l’Huma, par le « fils du peuple, guide ferme et
clairvoyant de la Nation française », en une litanie qui enfle depuis
maintenant dix ans et le congrès d’Arles.
La politique n’avait jamais été
oubliée : le 6 mai 1936, Thorez avait donné à la Mutu la conférence de
presse qui annonçait le soutien sans participation du parti au gouvernement de
Front populaire. Le 30 octobre 1936, dans une réunion d’information des
militants de la région parisien, il y dénonçait la politique de non
intervention en Espagne du gouvernement Blum. Les réunions d’information et les
compte-rendus des travaux du Comité central y devenaient incessantes : le
PC était partout à l’étroit, qui venait d’encarter cette seule année 1936,
200 000 nouveaux adhérents sur la France.
Il en gagnera encore 500 000
de plus en 1945, et le 30 mars de cette année-là, c’est à la Mutualité que le
Congrès des Jeunesses Communistes changera son nom, selon la décision du parti,
en Union des Jeunesses républicaines de France (U.J.R.F.).
Le 1er avril 1951,
environ 1 500 Nord-Africains sont interpellés alors qu’ils se dirigent
vers la Mutualité où leur meeting a été interdit. Plus de 550 sont conduits au
poste, chiffre que la presse minore à 150. Le 18 décembre 1959, le Comité de
défense du directeur politique de La
Voie communiste, Gérard Spitzner,
présidé par le vieux militant socialiste Elie
Bloncourt, réclame à la Mutualité, au minimum, pour l’inculpé, le régime
politique, qui sera refusé par la juridiction militaire. Le 27 octobre 1960,
une salle archicomble écoute un unique discours du président de l’U.N.E.F. au
nom de tous les appelant à ce bref meeting que sont outre l’U.N.E.F., la
C.F.T.C., F.O. et la F.E.N., auxquels s’est rallié le syndicat C.G.T. des
charpentiers malgré les consignes de la Confédération. A la sortie de la salle,
à 19 heures, des milliers de policiers massés aux alentours matraquent tout ce
qui bouge. L’Humanité du lendemain verra dans ce meeting unitaire la
« seule manifestation séparée », et dans les cortèges organisés
ailleurs en France par les seuls PC et CGT, « des actions unies ».
- Ecole pratique des hautes
études, 47 rue des Ecoles. Lénine
y donne, en 1902, trois conférences consacrées à la question agraire, à
l’invitation de professeurs chassés des universités russes. Trotski est dans l’assistance.
- rédaction de Pages libres,
8 rue de la Sorbonne. La formation de Merrheim doit beaucoup aux études
publiées par Francis Delaisi,
professeur d’histoire devenu spécialiste des questions économiques dans Pages Libres [sous ce titre du 5 janvier 1901
au 2 octobre 1909, administrée par Charles
Guieysse puis par Maurice Khan],
si bien qu’on dira que c’est Delaisi qui lui écrit les articles qu’il consacre
à l’industrie métallurgique. Beaucoup de leurs échanges se déroulent chez
Delaisi, 11 rue de Navarre, qui écrit par ailleurs pour la Guerre Sociale et la
Vie Ouvrière. C’est Delaisi qui proposera à Merrheim les fonds que
Joseph Caillaux est tout prêt à verser à la
Bataille Syndicaliste, au tout début de 1913, dans le but d’affaiblir l’Humanité, ce qui amènera leur
rupture.
- une chambre rue
Saint-Jacques, postalement au 6 rue Soufflot. A la fin de 1846, c’est le
nouveau domicile de Nadaud, où la femme qu’il a épousée au pays creusois sept
ans plus tôt, en février 1839, va enfin venir le rejoindre. C’est là que Bouyer
vient chaque soir, et que discute le petit groupe qui s’occupe de mettre sur
pieds une société des maçons. Elle aura pour gérants ledit Bouyer, et Cohadon,
deux compagnons de remplissage du chantier de Nadaud, et deviendra la plus
importante de toutes les associations ouvrières, avec 83 associés plus une
centaine d’auxiliaires qu’elle n’intéresse pas aux bénéfices, et « il n’y
eut pas dans Paris d’entrepreneurs qui occupassent un nombre plus considérable
d’ouvriers, ni qui eussent surtout un matériel supérieur au leur ». Forte
d’autant d’atouts, la société soumissionna l’importante gare d’Orléans (auj.
d’Austerlitz), et des hôtels pour les ministres de Louis Napoléon, Rouher et
Fould, et pour Jérôme Bonaparte, notamment sur la place de l’Europe. Elle avait
su, affirme Nadaud, « supprimer la maîtrise et par conséquent
l’exploitation de l’homme par l’homme ». Mais celui-ci revint à Paris,
après l’amnistie de 1860, et qu’il s’attendit à y retrouver sa place, les
gérants lui répondirent : « Votre présence parmi nous, mon cher
Nadaud, pourrait faire croire à notre clientèle que nous songeons à revenir à
1848 ; mais telle n’est pas notre intention. » L’exilé s’en retourna
donc à Londres, tandis qu’à la chute de l’empire, les gérants Bouyer et
Bagnard, et le caissier Frisert « vendirent chevaux et voiture, en un mot
tout le matériel de l’association, et ils se mirent à travailler à leur
compte. » Cohadon seul refusa de s’associer à cette trahison.
- rue Saint-Jacques. On y
compte 68 barricades, le 23 Juin 1848, entre la Seine et le Panthéon. Jusqu’en
1860, le 12e arrondissement correspond à l’actuel 5e et
aux quartiers Croulebarbe et Salpêtrière de l’actuel 13e, que
délimitent le sud du 5e et les boulevards Auguste Blanqui et Vincent
Auriol de part et d’autre de la place (ex-barrière) d’Italie. Ce 12e,
qu’on appelle aussi le faubourg Saint-Marcel, est particulièrement turbulent au
XIXe siècle, et seul le faubourg Saint-Antoine peut rivaliser avec
lui en ferveur républicaine. La Charbonnerie française est née là, Michelet y a rêvé le Peuple. Sous la monarchie de Juillet, les terrassiers
allemands étaient très nombreux sur cette rive gauche de la Seine, employés
pour beaucoup dans la construction des voies ferrées. Le quartier était
laborieux, au beau milieu de l’été, « on entendait toutes sortes de bruits
paisibles, des battements d’ailes dans des cages, le ronflement d’un tour, le
marteau d’un savetier », nous rappelle l’Education sentimentale.
– chantier de la mairie du 12e
(auj. du 5e), place du Panthéon. Nadaud qui y travaille depuis
mai 1847, voit du haut de son échafaudage, en février de l’année suivante, les
troupes de ligne envahir la place d’un côté, tandis que la garde nationale
arrive de l’autre. Vers 14h, le colonel de la garde est informé de l’abdication
du roi. Un officier lui demandant le chemin de la caserne Mouffetard, Nadaud
l’y accompagne et voit « les soldats qui, des croisées de leur caserne,
tendaient leurs fusils à la foule qui poussait des cris étourdissants de
« vive la ligne ! » » ; avec trois ou quatre cents
autres, Nadaud va prendre l’ancienne mairie, alors 262, rue Saint-Jacques, en
face de la rue des Ursulines.
Ensuite, c’est place du Panthéon
qu’aura lieu chaque soir la paye des ouvriers des ateliers nationaux. Nadaud
verra « dans ce milieu désordonné d’hommes affamés » progresser les idées
bonapartistes : ils « eussent écharpé celui qui aurait fait entendre
autour d’eux un autre cri que celui de « vive Napoléon ! », et
trois de ses ouvriers allemands, les frères Larr, - dont l’un sera condamné à
mort pour avoir pris part au meurtre du général Bréa -, alors qu’il va les
chercher chez le marchand de vin où ils se sont attardés après le repas de 10 h,
portent des toasts « à la santé du petit Louis ».
C’est toujours sur le chantier de
la mairie que Nadaud, qui n’est même pas allé faire campagne dans sa
circonscription, apprend qu’il est élu : « Un matin, au moment où
j’étais occupé à prêter la main à mes camarades pour jeter le grand plafond de
la salle des mariages de la mairie, Antoine, mon garçon, nous arriva tenant à
la main une lettre que ma femme venait de lui remettre au pied de l’échelle,
pour me la monter. Il riait de toutes ses forces. L’enveloppe portait :
« Citoyen Nadaud, représentant du peuple. » Bouyer la lui arracha des
mains et en donna lecture pendant que je continuais à breteler ma part de
plafond. La joie manifestée par tous les ouvriers maçons, tailleurs de pierre,
charpentiers et menuisiers fut très grande. Cinq minutes après, nous étions
tous chez le marchand de vin. Inutile de le dire, on but un bon coup. Les jours
suivants, on venait de toute part me complimenter, tant cela paraissait étrange
alors de voir arriver à la chambre des députés un simple ouvrier maçon. »
Que dire alors de le voir arriver à la tête de l’Etat. « Pour qu’on se
moque du peuple, ils veulent nommer à la présidence Nadaud, un maçon, je vous
demande un peu ! » s’insurgera Dussardier dans l’Education
sentimentale.
- Panthéon. Le 23 novembre
1927, c’est le transfert des cendres de Jaurès au Panthéon. Plus de
100 000 personnes suivent le catafalque, « les ouvriers de banlieue,
la masse des quartiers denses de l’Est et du Nord de la ville ; ils
tenaient la chaussée d’un bord à l’autre bord, le fleuve finalement s’était mis
à couler. » Et Nizan, sur la
rive, va se jeter à l’eau : « Il n’y a pas de question... On sait
avec qui il faut être. » Quelques milliers de membres de la Jeunesse
communiste marchent au pas, chantant la Jeune Garde, encadrés de deux
groupes de combat. On dénonce le Cartel des gauches, on réclame la mise en
jugement des responsables de la guerre par un tribunal révolutionnaire.
Le 17 novembre 1948, c'est le
cortège des funérailles nationales de Paul
Langevin et de Jean Perrin qui
arrive au Panthéon en un long cortège depuis le Palais de la Découverte.
- barricade de la rue de la
Vieille-Estrapade (auj. de l’Estrapade) Le 24 juin, derrière le Panthéon,
le général Damesme qui a repris la mairie du 12e, se fait tuer en
enlevant la barricade de la rue de la Vieille-Estrapade (auj. de l’Estrapade).
- ancienne mairie du 12e,
alors 262, rue Saint-Jacques,
en face de la rue des Ursulines. Avec trois ou quatre cents autres, Nadaud va
prendre l’ancienne mairie, peut-être depuis la caserne Mouffetard.
Meeting de commerçants, 1933. Agence Mondial. Gallica |
- bal Bullier, 33 av. de l’Observatoire (auj. av.
Georges Bernanos).
Sous le Second Empire, Henriette
danse au bal Bullier. Pendant la Commune, Maxime
Vuillaume, l’un des trois rédacteurs du Père Duchêne, s’entend
héler rue du Croissant par « la charmante et vaillante citoyenne
Henriette, cantinière à l’une des compagnies du 248e », et qui
arrive de Vanves, où ça chauffe. C’est l’occasion pour lui de ce
commentaire : « Curieux type que cette Henriette – nous ne lui
connaissions pas d’autre nom – qui s’était jetée, comme bien des femmes, et de
jeunes et jolies femmes, à corps perdu dans le combat, hardies comme des
hommes, et même davantage, braves comme des lionnes, courant à travers les
balles et les éclats d’obus avec la même désinvolture que lorsqu’elles
trottaient à travers les bosquets du père Bullier, allant verser l’eau de vie
aux blessés sans peur de la mitraille, avec un sourire d’une ineffable
gentillesse, ou un dernier baiser d’ami pour ceux qui allaient mourir. »
Le père Bullier, ancien garçon du bal de la Grande Chaumière, s’était
mis à son compte au carrefour de l’Observatoire en 1847. Ses bosquets étaient
pour beaucoup d’entre eux des lilas, ce qui n’était pas rare dans ce coin de
Paris, aux maisons rustiques dispersées au milieu de la verdure des couvents.
Ses bosquets, ses jardins, Bullier les illumine, et il baptise son bal la
Closerie des Lilas. Dans les années qui précèdent la Commune, on y danse les
lundis, jeudis et dimanches, et seul les hommes y acquittent un droit d’entrée
de 1 F.
Sous la troisième république, le
café d’en face lui chipe son nom et l’on n’appelle plus le bal que du nom de
son patron, Bullier. La salle de danse, surélevée, est précédée d’un escalier
majestueux et, quand arrive le modern style, d’un portique on ne peut plus
nouille. Jane Avril y a débuté, à 18
ans, en 1886. Sonia Delaunay peint
en 1913 Le Bal Bullier, et Un tango au bal Bullier, cette
danse venant d’arriver d’Argentine ; Les ouvriers parisiens y dansent
toujours jusqu’à ce qu’il soit l’heure de la der des ders. L’armée
réquisitionne alors la vaste salle pour y faire tailler les uniformes qui
habilleront les prolos en poilus. « Le célèbre bal Bullier est
fermé », note Trotski dans un carnet de l’été 1916 ; au Quartier
Latin, on ne rencontre plus d’étudiants. « En revanche, on y trouve de
nombreuses étudiantes, y compris des Russes, de celles qui, comme le dit un
journal français, possèdent l’art secret de vivre avec 26 francs par
mois. »
Les rescapés de la Grande Guerre
y reviennent danser, mêlés aux étudiants des Beaux-Arts, à Kiki de Montparnasse. l’Union des artistes russes y donne souvent
ses bals comme, en 1924, le « bal banal » au profit de sa caisse de
secours ; le bal annuel de l’Aide Amicale Aux Artistes s’y tient
également. Ils y reviennent aussi tenter de conjurer le retour des
tranchées : meetings et réunions s’y succèdent désormais, particulièrement
après la faillite de la Bellevilloise et la perte de sa grande salle où avait
eu lieu encore le 7e congrès du parti. Alors que l’on vient
d’enterrer Zéphyrin Camélinat, c’est à Bullier où dansait Henriette la jolie
cantinière de la Commune que, le 27 juillet 1932, le service d’ordre du Parti
communiste, encouragé de la tribune par les dirigeants nationaux, agresse pour
la première fois physiquement des militants trotskistes venus mettre en cause
la politique allemande de l’Internationale et son refus de rechercher, pour
lutter contre le nazisme, le front unique avec les sociaux-démocrates.
Le 31 octobre 1932, Ernst Thaelmann, le leader du P.C.
allemand, venu clandestinement, y est à la tribune à côté de Maurice Thorez.
Au début de février 1933, c’est salle
Bullier que le groupe de la FTOF Octobre, dont Jacques Prévert est le
librettiste, donne des « actualités ». Celles-ci commencent par une
revue de presse : les évènements de Chine, la crise économique aux
Etats-Unis et la mutinerie à bord du navire néerlandais Sept Provinces. Les
marins de ce navire, las de leurs conditions de vie, sont partis avec le bateau
pendant que leurs officiers dansaient à terre. On a envoyé à leur poursuite un
hydravion qui les a bombardés, tuant 22 marins.
Puis vient le cœur du
sujet : la bourgeoisie cherche un homme, un homme de main. Elle le déniche
au fond d’un vieux bidon de peinture, l’appelle pour l’en faire sortir :
„- Hitler !... Hitler !... Hitler !...“ Et à chaque
appel, c’est la tête de Prévert qui apparaît, mèche sur le front, tunique
brune, air hébété.
Le 21 avril 1933, dans la même
salle Bullier, c’est l’une des fêtes de section des Comités de défense de l’Humanité.
Marcel Jean, un peintre récemment
arrivé aux surréalistes et plus récemment encore à Octobre, traverse l’estrade,
une lampe de poche à la main. Sous le faisceau, il déplie une feuille de
papier : « A la porte des maisons closes, / c’est une petite lueur
qui luit. / C’est la lanterne du Bordel capitaliste. / Avec le nom du tôlier
qui brille dans la nuit. / Citroën... Citroën... »
Aperçoit-on la tour Eiffel à
travers les lilas de Bullier ? Et les milliers d’ampoules qui y déploient
le nom du patron, au-dessus de son usine de Javel où s’installe, cette
année-là, une chaîne de montage d’un seul tenant, à l’américaine ?
« le voilà qui se promène...
qui prend l’air. / Il prend l’air des ouvriers / il leur prend l’air, le temps,
la vie... »
Et le texte, - c’est encore du
Prévert -, se termine par l’évocation de la riposte, de la grève. Pendant les
dernières phrases, dans l’obscurité, tous les membres du groupe Octobre sont
venus se regrouper autour de l’orateur. La lumière se rallume et du chœur fuse
un « Vive la grève ! » que la salle reprend à l’unisson.
Le 8 novembre de cette même année
1933, seizième anniversaire de la révolution d’octobre, le Parti communiste
remplit Bullier « pour défendre l’Union soviétique et sauver Dimitrov et ses compagnons »
arrêtés par les nazis comme incendiaires du Reichstag ; 3 200
participants, selon la police, et le droit d’entrée est toujours de 1 F, comme
au bal sous le second empire. A la tribune, André Gide, Jacques Duclos,
Paul Vaillant-Couturier, Jacques Doriot, mais surtout la vieille
mère du leader du Komintern. « Mon fils, Dimitrov, a donné trente-cinq ans
de son existence au prolétariat... je vous appelle à lutter pour le
libérer... » On finit de traduire ses paroles du bulgare et Duclos se
fait, lui, l’interprète de l’auditoire : « Je suis sûr de traduire
votre pensée et votre volonté à tous, ouvriers de Paris, fils de la Commune.
Vous lutterez avec la dernière énergie pour arracher les accusés de Berlin aux
griffes du fascisme. »
« - Oui ! » répond
la salle en un seul cri. Et elle dira pareillement oui, pas même un an plus
tard, au Front populaire, expression née à Bullier, Thorez y parlant pour la
première fois le 9 octobre 1934 de « large Front populaire contre le
fascisme ». Auparavant, le 19 février, un orateur trotskiste aura pu
parler pour la 1ère fois, pendant 10 minutes, à un grand meeting
communiste.
Le 16 septembre 1934, le 65e
anniversaire de Marcel Cachin y est
fêté en grande pompe. On retrouve Cachin avec Léon Blum, des radicaux, Gaston Guiraud de la CGT, et Arrachart de la CGTU, le 18 janvier
1935, pour la première réunion commune des principales organisations de gauche,
sous la présidence de Victor Basch.
Le 17 mai 1935, Thorez y explique aux militants des cinq fédérations de la
région parisienne en quoi « Staline a raison » d’avoir signé le
traité avec Laval. Le 10 juin 1935, s’y déroule un meeting « pour soutenir
les travailleurs sarrois contre Hitler, contre le fascisme et la guerre, pour
une puissante unité d’action », qui réunit Gabriel Péri et Marcel
Gitton pour le PC, Léo Lagrange
et Zyromski pour le PS.