- N°17, 15, Quai Malaquais :
hôtel de Chimay. Construit par Mansart dans la première moitié du
XVIIe siècle, l'hôtel a été fortement remanié en 1740-1756. Le corps de
bâtiment central, flanqué de deux ailes en retour, donne du côté du quai sur
une cour d'honneur, de l'autre côté sur un jardin, qui le sépare du Palais des
études. Après 1884, il a été presque entièrement évidé pour installer les
ateliers de l'École des Beaux-arts.
Seuls les salons du rez-de-chaussée sur le jardin conservent des éléments de
décoration datant probablement du Premier Empire.
- N°13, C'est autour de la salle
Melpomène qu'Auguste Perret a
construit, après 1945, trois nouveaux étages d'ateliers (non visibles du quai).
Il aménage également un couloir de circulation doté d'un éclairage zénithal qui
le relie par l'intérieur à l'hôtel de Chimay. La partie ouvrant sur la cour de
Chimay est aménagée dans le style des années 1940 : mur plaqués de marbre ocre,
vasques lumineuses, pavage en damier noir et blanc. Une copie en plâtre du Voltaire assis et vêtu à l'antique de
Houdon (1778), dont l'original se trouve dans le foyer de la
Comédie-Française, y est installée, ainsi que la copie en marbre du Faune
Barberini réalisée par Eugène-Louis Lequesne (1815-1887), Prix de Rome en 1844,
à l'occasion de son Envoi de Rome de 1846 (l'original est conservé à la
Glyptothèque de Munich).
- n°11-13 L'édifice situé entre
le quai Malaquais et la Cour du mûrier a été construit par Duban entre 1858 et
1862, pour accueillir les expositions des concours scolaires.
Au rez-de-chaussée, la salle Melpomène est une grande nef à éclairage zénithal, qui s'ouvre, du côté du quai, sur un vaste vestibule rectangulaire. La salle Foch est située au-dessus de ce vestibule, auquel elle est reliée par un double escalier. Dans ce bâtiment au décor classique, Duban a utilisé une structure en fer, comme pour la cour vitrée du Palais des études.
Au rez-de-chaussée, la salle Melpomène est une grande nef à éclairage zénithal, qui s'ouvre, du côté du quai, sur un vaste vestibule rectangulaire. La salle Foch est située au-dessus de ce vestibule, auquel elle est reliée par un double escalier. Dans ce bâtiment au décor classique, Duban a utilisé une structure en fer, comme pour la cour vitrée du Palais des études.
- N°9 (le seul à ne pas appartenir aux B-A) Hôtel du 17e s., loué en 1714 par le prince de Transylvanie. Après l’éteignoir de la fin de règne, les tables flambent sous la Régence, on retrouve dans l’hôtel du n°9 le chevalier des Grieux : « Le principal théâtre de mes exploits devait être l’hôtel de Transylvanie, où il y avait une table de pharaon dans une salle et divers autres jeux de cartes et de dés dans la galerie. Cette académie se tenait au profit de M. le prince de R... [Rákóczy], qui demeurait alors à Clagny, et la plupart de ses officiers étaient de notre société. Le dirai-je à ma honte ? Je profitai en peu de temps des leçons de mon maître. J’acquis surtout beaucoup d’habileté à faire une volte-face, à filer la carte, et m’aidant fort bien d’une longue paire de manchettes, j’escamotais assez légèrement pour tromper les yeux des plus habiles, et ruiner sans affectation quantité d’honnêtes joueurs ». Abbé Prévost, Manon Lescaut.
Devant l’école des Beaux-Arts, le
quai Malaquais est le quartier général des bouquinistes ; c’est là que le
Colline des Scènes de la vie de bohème vient, quand il est en fonds,
remplir la « poche aux langues étrangères » de son fameux
pardessus-bureau vert.
Rue Bonaparte. Là passait le canal d’adduction, bras mort recreusé
de la Seine, des fossés de l’abbaye quand celle-ci ajouta à ses fortifications
des douves.
À la Révolution, l’ex-couvent des Petits-Augustins, fondé par
la reine Margot en 1613, devient le
dépositaire des œuvres sculptées enlevées aux édifices cléricaux. Dans ce musée des Monuments français, dont Alexandre Lenoir a été nommé
conservateur le 4 janvier 1791 (le quai des Théatins prendra le nom de Voltaire
exactement 4 mois plus tard), s’accumulent pans de murs et statues et, sous un
assemblage composite de débris provenant du monastère de Saint-Marcel, près de
Chalon-sur-Saône, où Abélard était
mort, du couvent du Paraclet, voisin de Nogent-sur-Seine, où son corps et celui
d’Héloïse avaient été réunis, et
enfin de l’abbaye de Saint-Denis, le mythique tombeau des deux amants. La Restauration disperse
le musée et fait construire, sur son emplacement, une École royale des Beaux-Arts, qui n’en garde que la façade du château d’Anet et, au milieu
de la cour, une arcade du château de Gaillon (face à l’entrée, entre la cour
d’honneur et la cour en hémicycle ; démantelée en 1977.
L'église du couvent des
Petits-Augustins est la partie la plus ancienne de l'École des beaux-arts. La
chapelle hexagonale, à droite au fond de la grande nef unique, dite "
chapelle des louanges " a été construite pour Marguerite de Navarre (1553-1615), l’ex-épouse d'Henri IV. Après la
dispersion de la plus grande partie des collections et l'attribution des locaux
à l'École des beaux-arts, l’église devient un dépôt lapidaire puis un Musée des
copies de la Renaissance italienne et française : moulages, envois de Rome de
peinture y sont rassemblés, dont la grande copie du Jugement dernier de Michel-Ange
faite à Rome en 1833 par Xavier Sigalon (1788-1837).
Le portail de la chapelle est
celui du château d'Anet (Eure-et-Loir), commencé en 1548 par Philibert de
l'Orme, architecte du roi Henri II, pour servir d'habitation à Diane de Poitiers, sa favorite durant
vingt ans, la « plus que reine » comme on la nomme et pas parce
qu’elle est plus âgée que le roi de quatre lustres. Haut de 22 mètres, il se compose
de trois ordres superposés, toscan, ionique et corinthien.
Les deux fragments de pilier,
placés aux côtés du portail d'Anet, proviennent de l'ancien hôtel de la Trémoïlle, construit à la
fin du XVe ou au commencement du XVIe siècle dans la rue des Bourdonnais
(presque en face, de l’autre côté du Pont Neuf), comme, de l’autre côté de la
cour, en face, l'arcade en pierre de la première travée de la façade Sud (à la
différence du portail d’Anet, ce n’est pas là le réemploi d’un reste du musée
des Monuments français mais un exemple placé par Duban dans un souci de pédagogie
architecturale).
A la suite du portail d'Anet
s'étend un bâtiment orné de médaillons sur lave émaillée (comme ceux du côté
opposé) œuvres des frères Balze (1868-1869) : ils représentent, en commençant
par la droite, le sculpteur David d'Angers, le peintre Gros (Ant.-Jean), le
sculpteur Cartellier (Pierre), le peintre Prudhon (P.-Paul).
Derrière ce bâtiment à
médaillons, l'ancien cloître du couvent, où Alexandre Lenoir avait planté un
mûrier de Chine, qui a donné son nom à cette cour ombragée. Duban reconstruit
le cloître dès 1836 en le transformant en atrium antique bordé d'arcades et
orné d'une fontaine. Sous le Second Empire, il complète le décor par des
peintures dans le goût pompéien et les moulages des frises du Parthénon qui
courent à mi-hauteur sur trois côtés.
Au fond de la cour Bonaparte, le Palais des Etudes est achevé en 1839
mais Duban eut plusieurs occasions de compléter son ornementation intérieure,
notamment en réalisant le décor des galeries hautes et la couverture de la cour
centrale, dont la restauration vient de s’achever et restitue toute
l’importance de ces aménagements dans l’histoire de la polychromie monumentale
du XIXe siècle.
À l'origine, la cour centrale du
Palais était à ciel ouvert. En 1863, Duban la couvre d'une charpente métallique
et d'une couverture vitrée ce qui permettra à son successeur Georges Coquart
d'installer plus largement la collection de moulages d'antiques. Le Musée des
antiques est inauguré en 1874.
Dans l’axe de la colonne (l’ange
de bronze au sommet est une œuvre de Duban), l'Amphithéâtre d'honneur ou Hémicycle (autrefois consacré aux cours
et aux distributions de prix) doit sa célébrité au chef-d'œuvre de Paul Delaroche (1797-1856) La
Renommée distribuant des couronnes. Cette peinture, à la cire, a été
terminée en 1841. Elle est signée et
datée dans sa partie gauche. Endommagée par un incendie en 1855, elle a été
restaurée en 1988.
La composition de Delaroche comprend 74 figures, toutes de grandeur nature : au centre, Ictinous, Apelle et Phidias, transformés en juges ; devant eux, 4 figures de femmes symbolisant les 4 grandes périodes de l'art (grec, romain, gothique, Renaissance) ; au milieu la Renommée distribuant des couronnes ; enfin à gauche et à droite, 67 ou 69 artistes, assis ou debout, paraissent converser entre eux (40 peintres et graveurs, 15 sculpteurs, 14 architectes).
La composition de Delaroche comprend 74 figures, toutes de grandeur nature : au centre, Ictinous, Apelle et Phidias, transformés en juges ; devant eux, 4 figures de femmes symbolisant les 4 grandes périodes de l'art (grec, romain, gothique, Renaissance) ; au milieu la Renommée distribuant des couronnes ; enfin à gauche et à droite, 67 ou 69 artistes, assis ou debout, paraissent converser entre eux (40 peintres et graveurs, 15 sculpteurs, 14 architectes).
Marix (de son vrai nom Joséphine
Bloch, 1822-1891), le modèle de la Renommée, posait dès 15 ans, en 1837, pour
Ary Scheffer, dans ce qui est aujourd’hui le musée de la vie romantique pour
deux tableaux inspirés par le Wilhelm Meister de Goethe ; elle en a 19 quand
elle pose pour Paul Delaroche, (atelier : 58 rue Saint-Lazare). Elle sera
la maîtresse du peintre Boissard de Boisdenier quand se réunira dans
l’appartement de celui-ci, à l’hôtel dit aujourd’hui de Lauzun, vers 1844, le club des Haschischins que fréquentent Balzac, Delacroix et un médecin aliéniste de Bicêtre venu étudier la
production de rêves sans sommeil, le Dr Moreau, Théophile Gautier, naturellement Baudelaire, qui habite au-dessus en 1845, Apollonie Sabatier. Le sculpteur Geoffroy de Chaume a pris des
moulages du corps de Marix dans son atelier situé à 2 numéros de l’hôtel de
Lauzun. Gautier la retrouvera en 1858, à Schleswig, devenue baronne d’Ahlefeld
- Bâtiment des loges. Situé à gauche du Palais des Études, ce
bâtiment à deux étages, rythmé par des pilastres corinthiens, destiné à
accueillir les “logistes” des concours, a été édifié par François Debret entre
1820 et 1829, en même temps que l'aile gauche du palais qui lui fait face.
Chaque année, au début du printemps – et jusqu’en mai 1968 –, les abords du
bâtiment vont connaître l’attente fébrile des familles, des amis et des
candidats aux prix de Rome, après
qu’ils auront planché plus de trois mois au total dans des cellules ouvertes
sur une galerie de surveillance. À la clé, cinq ans de séjour à Rome aux frais
du gouvernement, et l’exemption du service militaire.
- N°13 rue des Beaux-Arts :
Restauration, 1824, hôtel de voyageurs d’une vingtaine de chambres, réaménagé
en 1968, puis rénové par l’archi d’intérieur José Garcia ; PLU.
Oscar Wilde y « meurt au-dessus de ses moyens »,
comme il le dit, ce 25 octobre, plus d’un mois avant, l'échéance fatale, en reprenant une énième
coupe de champagne bien qu’il doive déjà 190 Livres à son
propriétaire. Il s’accuse ce soir-là de l’échec de l’Exposition universelle,
qui fermera ses portes le 12 novembre : les Anglais n’y sont pas venus, le
sachant à Paris, et les Français le tiennent évidemment pour responsable de la
désaffection de ses compatriotes. Quand il meurt pour de bon, le vendredi 30
novembre 1900, toutes les nourritures et boissons dont il s’est gavé s’écoulent
par tous les orifices de son corps ; il faut brûler la literie. Quelques
écrivains : Raymond de la Tailhade, Tardieu, Charles Sibleigh, Jehan
Rictus, Robert d'Humieres, George Sinclair, viennent lui rendre hommage dans la
chambre 13 qu’il occupe depuis plus de 2 ans sous le faux nom de Sebastian
Melmoth. Le lundi, c’est de l’hôtel alors d’Alsace qu’on se rend à l’église
Saint-Germain-des-Prés pour le service funèbre ; sur le cercueil, une
couronne de perles du patron, Jean Dupoirier : « A mon
locataire », et une autre signée « Le service de l’hôtel ». Paul
Fort est dans les 56 présents qui l’accompagnent au cimetière de Bagneux, pour
une inhumation provisoire.
Paris vu par Sebastian Melmoth dans une lettre envoyée de l’hôtel d’Alsace
à l’été 1898 : « Paris est une épouvantable fournaise. Je marche dans des
rues de cuivre et il n'y a plus personne ici. Même les classes criminelles sont
parties au bord de la mer, et les gendarmes bâillent et regrettent leur
oisiveté forcée. Indiquer une mauvaise direction aux touristes anglais qui
demandent leur chemin est la seule chose qui les console. » Borges sera
un habitué du même hôtel.
- N°8 rue des Beaux-Arts Pour le
cinquantième anniversaire de la naissance de Baudelaire (né le 9 avril
1821, rue d’Hautefeuille), Fantin-Latour
a pour projet de réunir autour d’un portrait du poète, sur le modèle de son Hommage à Delacroix, « les douze
apôtres » du siècle poétique. Il espère voir dans son atelier du 8, rue
des Beaux-Arts : Victor Hugo, Théophile Gautier, Leconte de Lisle,
Théodore de Banville, etc. Comme ils tardent un peu à venir, il passe aux
disciples, en commençant par Verlaine
et Rimbaud.
Les Goncourt viennent voir l’avancement des travaux le 18 mars
1872 : « Il y a sur le chevalet une immense toile représentant une
apothéose parnassienne de Verlaine, de d’Hervilly, etc., apothéose où il se
trouve un grand vide, parce que, nous dit-il naïvement, tel ou tel n’ont pas
voulu être représentés à côté de confrères qu’ils traitent de maquereaux, de
voleurs »… C’est effectivement ainsi que Mérat parle de Rimbaud, et il ne
figurera sur la toile (Un coin de table, musée d’Orsay,
voir mon Paris des Avant-Gardes p.124-125) que sous les traits d’un pot de fleurs, à droite, au
premier plan. Verlaine, lui, pose ici à longueur de journées. C’est en tout cas
ce qu’il raconte chez lui, à sa femme, pour justifier absences et retards, tout
le temps qu’il passe en réalité avec Rimbaud.
- N°31, rue de Seine : 1ère
moitié du 18e, George Sand en 1831 ; Académie Raymond Duncan de 1929 à 1966. Le frère
d’Isadora est visible sur un portrait de famille à la Douanier Rousseau
qui s’intitule Le Groupe existentialiste
devant Saint-Germain-des-Prés, où on le reconnaît en toge antique, aux
côtés de Boubal, le patron du Café de Flore, Genet sous une calotte de bagnard,
Sartre donnant la main à Juliette Gréco, Jacques Prévert en chapeau vert pré,
Boris Vian et sa trompinette…
Quand l’Abbaye a doté ses
fortifications de douves qu’alimentent un bras mort recreusé de la Seine (rue
Bonaparte), des conflits concernant le droit de pêche se sont ajoutés à ceux
qui l’opposent depuis toujours à l’Université. En compensation des empiètements
de sa nouvelle enceinte, l’abbaye offre à l’Université le terrain compris entre
les actuelles rues Jacob et Visconti et, côté ouest, le canal d’adduction des
fossés : ce sera désormais le Petit-Pré-aux-Clercs,
qui s’ajoute à l’autre. On va en faire le tour par Visconti, Bonaparte, Jacob.
L’Université, en mal d’argent,
lotira le Petit-Pré-aux-Clercs à partir des années 1545 : la « petite
Seine » sera comblée, une rue des Marais-Saint-Germain (auj. Visconti) ouverte
perpendiculairement, qui constituera le premier foyer de peuplement hors des
murs des protestants. Dans la
Petite Genève,
comme on appelle presque aussitôt l’endroit, chez Mme Bertrand, officie à ce
moment le pasteur La
Cerisaie.
- Au n° 4 de la rue des
Marais-Saint-Germain, le premier baptême réformé est célébré à l’Auberge du
Vicomte en 1555. Le synode national constitutif des Églises réformées en France
s’y assemble du 25 au 29 mai 1559.
- Au n°16, a vécu Adrienne Lecouvreur, de 1718 à sa mort,
le 15 mars 1730, peut-être empoisonnée par une rivale dans le cœur si
hospitalier de Maurice de Saxe : la duchesse de Bouillon.
« À Paris, on les respecte
quand elles sont belles, et on les jette à la voirie quand elles sont
mortes », dira Candide des comédiennes, près de trente ans après. Quand
Voltaire eut fermé les yeux d’Adrienne, l’abbé Languet de Gergy, curé de
Saint-Sulpice, lui refusa la sépulture ecclésiastique ; on dut placer le
corps dans un fiacre et, clandestinement, aller l’ensevelir au débouché de la
rue de Bourgogne (auj. Aristide-Briand), au-dessus de ce port de la Grenouillère où s’arrêtaient
les trains de bois destinés à l’approvisionnement de Paris, dans un chantier
qu’on savait, hélas, souvent battu par les grandes eaux de la Seine. (maison postérieure
à 1656 ; les garde-corps en fonte sont du 19e s.)
- N°17 : Balzac est en 1827 « homme de lettres
de plomb » dans ce grand local du 17, rue des Marais-Saint-Germain, au-dessus
duquel se trouve le petit appartement où il reçoit Mme de Berny. Delacroix aura son atelier à l’étage
quelques années plus tard ; en 1838, il y fait monter un piano afin de
peindre Chopin et George Sand ensemble. Malgré tant
d’efforts, la toile sera coupée en deux après sa mort, et chaque portrait vivra
une existence séparée. Delacroix y fait aussi une aquarelle du
« bois » visible de sa fenêtre, car, si la rue est étroite ici, les
maisons ont leurs aises à l’arrière. Ce bois est celui du Temple de l’Amitié du
20 rue Jacob (voir mes Traversées de Paris p.492).
- Du 16 au 24 rue Visconti, et
17-19 rue Bonaparte, 7 maisons d’après 1656 sur un ancien hôtel du 16ème
s ; les n° 18 et 20 sont de 1682 mais au n° 20 vantaux Régence et appuis
de fenêtre Régence ; le n° 22, maison de 1678. Racine a vécu au n° 24, construit en 1667, de 1692 à sa mort,
en 1699, il n’y a guère écrit que ses Cantiques
spirituels.
- « cellule de la rue
Visconti » : Marguerite Duras a adhéré au Parti communiste à
l’automne de 1944, est devenue secrétaire de la cellule 722, dite de la rue
Visconti où Dionys Mascolo, son
compagnon, et Robert Antelme, son
ex-mari, auteur d’un extraordinaire récit sur la vie concentrationnaire, L’Espèce humaine, ont pour camarades
Eugène Mannoni, alors journaliste à Ce
Soir, le sociologue Edgar Morin,
le romancier Claude Roy, le jeune Jorge Semprun et, tout de même, un
ajusteur. En 1950, « la rue Saint-Benoît », c’est-à-dire Marguerite Duras
et ses hommes, en est exclue à la suite d’un procès stalinien à
Saint-Germain-des-Prés que décrira Gérard Streiff.
- Christo barra la rue Visconti,
le 27 juin 1962, d’un Rideau de fer composé de barils de pétrole.
- N°20 rue Jacob : bâtiment
Louis XV, appuis d’époque ; au fond, petit temple 1er Empire, ISMH depuis 1947. De part et d'autre de la porte, deux niches
abritent l'une un buste d'Adrienne Lecouvreur, l'autre du Maréchal de Saxe
ajoutés postérieurement. Le 7 novembre 1908, Natalie Clifford Barney s’y installait pour y attendre le retour de
sa compagne Renée Vivien, qui mourut quelques semaines plus tard sans avoir
jamais connu le 20, rue Jacob. Dès octobre 1909, elle y reçoit lors de ses
« Vendredis », que Hemingway, Proust et Joyce fréquentèrent, et naturellement Rémy de Gourmont qui lui voua ensuite un long amour platonique et
lui donna le surnom de l'Amazone. On
y lisait des textes (Paul Valéry y a
donné lecture du Cimetière marin).
Colette, qui habita de 1893 à 1901 au 3e étage du
n°28 : « La plupart des maisons qui bordèrent la rue Jacob, entre la rue
Bonaparte et la rue de Seine, datent du XVIIIe siècle. Le seul danger que j'aie
couru rue Jacob était l'attrait de l'ombre, les brèves échappées d'air libre,
quelques rafales de grêle printanières se ruant par la fenêtre ouverte, l'odeur
vague des lilas invisibles venue du jardin voisin. Ce jardin, je n'en pouvais
entrevoir, en me penchant très fort sur l'appui de la fenêtre, que la pointe
d'un arbre. J'ignorais que ce repaire de feuilles agitées marquait la demeure
préférée de Remy de Gourmont et le jardin de son "amazone". Beaucoup
plus tard, je franchis la palissade du jardin, je visitai le petit temple
qu'éleva "à l'amitié" Adrienne Lecouvreur. Garé du soleil, ce jardin
ne veut, encore aujourd'hui, nourrir qu'un lierre de tombeau, des arbres âgés
et grêles et ces plantes aqueuses qui croissent en couronne à l'intérieur des
puits. »
Ernest Hemingway l'évoque ainsi :
« Miss Barney (...) tenait salon chez elle, à dates fixes. Elle avait aussi un
petit temple grec dans son jardin. Bien des américaines et des françaises
suffisamment fortunées avaient leurs salons, et j'ai réalisé très vite que
c'étaient des endroits à éviter soigneusement, mais Miss Barney, je crois,
était la seule qui avait un petit temple grec dans son jardin »
- N°27, néoclassique non daté,
PLU. En 1945, Paul Flamand achète au nez et à la barbe de Robert Laffont - qui
louchait dessus - l'hôtel de la
Grille, où résidaient écrivains et artistes. Rien de bien
extraordinaire dans cet immeuble exigu, en dehors d'un dessin laissé par
Ingres, à même le mur, et que l'on peut toujours admirer dans le bureau du
patron. Quand ils s'installent là, en 1945, Flamand et Bardet publient les
premiers textes de Roland Barthes, puis L'Histoire
du surréalisme, de Maurice Nadeau, et la collection Esprit,
d'Emmanuel Mounier. Jean Cayrol entre comme auteur et y devient éditeur. Le
vrai succès arrive de façon inattendue en 1951, avec la sortie du roman de Guareschi Le Petit Monde de Don Camillo, refusé partout ailleurs. Le Seuil, qui publie toute la série,
est obligé de monter un service commercial et une distribution. Et doit déjà
s'agrandir en louant des locaux, d'abord au 19 de la rue Jacob, puis au 30. «Ce
conifère, je l'ai toujours connu, simplement il était beaucoup plus petit
lorsque je venais ici étant gamin», expliquait Pascal Flamand, le directeur
général et fils de Paul Flamand, l'un des cofondateurs.
Sollers monte la revue Tel
Quel, en 1960 ; «Ses deux bureaux du rez-de-chaussée
étaient un véritable coffre-fort, où il complotait avec sa bande sous les
dazibaos accrochés aux murs.
- n°5 : Restauration ;
PLU ; fait angle avec le 2, rue de Fürstenberg, regarder pilier de la Porte de Fürstenberg de l’abbaye, de
1698, qui distribuait écuries et communs ;
- N°18 rue de l’Echaudé, et 9 Cardinale, et 2 rue de l’abbaye : 17e ;
pilier sud de la porte de Bourbon (du
nom du cardinal Charles de Bourbon),
donnant directement sur la cour d’honneur de l’ancienne abbaye, créée en 1600
pour donner accès au nouveau palais abbatial. Pilier nord au n°20.
On passe la porte et à dr, rue
Cardinale, ouverte en 1699 par Cardinal
de Fürstenberg, comme le Passage de la Petite Boucherie à g.
Place Fürstenberg. L’évêque de
Strasbourg est à la tête de l’abbaye en 1690 ; il fait tracer une avant
cour, ou « cour des écuries » devant la cour d’honneur, et dans l’axe
de la façade, à laquelle il fait ajouter un fronton triangulaire, et l’allée,
et son entrée sur la rue Jacob.
- N°6-8, anciens communs,
Delacroix y arrive fin 1857, alors qu’il travaille à Saint-Sulpice, entre une
cour et le jardin de l’ancienne infirmerie de l’abbaye. Il y sera jusqu’en 1863.
Rue de l’Abbaye. À compter de
1507, Guillaume Briçonnet, abbé de
Saint-Germain-des-Prés, attire auprès de lui le savant théologien et humaniste
Jacques Lefèvre d’Étaples, et les
disciples de celui-ci : Guillaume Budé,
le fondateur du Collège de France, Gérard Roussel, l’aumônier de Marguerite d’Angoulême,
sœur de François Ier ; Jean du
Bellay, futur évêque de Paris, et Guillaume Farel, futur ami proche de
Calvin. L’abbaye est le berceau de la Réforme.
Mais en 1586, le cardinal de
Bourbon qui construit le nouveau palais abbatial, est l’un des chefs de la Ligue : Bernard Palissy est arrêté par la Ligue, en 1589, rue Visconti
et enfermé à la Bastille,
où il mourra sans avoir abjuré. Le siège mis autour de Paris par Henri IV, les protestants se sont
emparés de l’abbaye. Du haut d’un clocher de Saint-Germain-des-Prés –
lequel ? l’église en comptait trois, dont deux flanquaient le nouveau
chœur –, le roi fixe le Louvre, son but, et englobe du regard la capitale qu’il
veut reconquérir.
L’abbaye de
Saint-Germain-des-Prés, transformée en raffinerie de salpêtre en 1790, a été victime d’une
grave explosion trois ans plus tard. Le percement de la rue de l’Abbaye, en 1800, a détruit le reste.
- N°3, palais abbatial de 1586,
construit par Cal Charles de Bourbon
- N°8, à travers la vitrine
droite de Donghia, on voit des fragment des premières assises du mur sud de la
nef de la chapelle de la vierge.
- N°11-13, maison début 19e,
élevée à l’emplacement de la salle du chapitre et du cloître ; elle
conserve 6 travées de l’aile sud du gd cloître construit en 1736. PLU
- N°12, Empire ou Restauration, à
l’emplacement cloître et réfectoire. PLU
- N°14-16 Restauration ; le
mur mitoyen englobe la grande baie occidentale du réfectoire (visible à travers
la porte du n°16) ; ce mur est ISMH depuis 1953. PLU
- Eglise 11e-12e
s. La Restauration a déposé les 2 clochers latéraux, bien ébranlés, dans le but
de les reconstruire, ce qui ne fut jamais fait.
- Sartre habitait en vigie sur la place Saint-Germain-des-Prés,
l’immeuble d’angle du 42, rue Bonaparte, au quatrième étage. Ici se discutèrent
les
Temps modernes : « Une époque, comme un homme, c’est d’abord un avenir
». À la fin de la guerre d’Algérie, en 1962, les attentats de l’OAS font
déménager Sartre. Départ, le roman de jeunesse de Simone de Beauvoir (commencé à
l’été 1926), manuscrit acquis en 2008 par la BNF dans une vente publique, était
probablement conservé dans l’armoire où Sartre entassait ses manuscrits et fut vendu
comme beaucoup d’autres par un voisin indélicat après le plasticage de 1962.
- Dans la salle de la Société d’encouragement à
l’industrie nationale, 44, rue de Rennes (auj. place Saint-Germain-des-Prés),
où le parement extérieur de la tour Saint-Benoît de l’enceinte abbatiale fait
saillie dans une salle, a eu lieu, le 22 mars 1895, la première projection privée du cinématographe : la sortie des
ouvriers des usines Lumière.
La rue de Rennes commençait ici
en 1883, avec ce n° 44 qui anticipait son démarrage à la Seine. L’éventration du
quartier finalement stoppée avant ce terme, la numérotation allait rester en
l’état jusqu’à ce que, ce tronçon initial ayant été reconverti en place
Saint-Germain-des-Prés, la rue de Rennes ait désormais son début au
n° 48 !
- Rue G. Apollinaire, le cinéma
date de 1959.